ZOHRAN MAMDANI ÉLU À NEW YORK : Comment la gauche française s'empare du symbole Mamdani ?

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00:00Soyez les bienvenus dans votre magazine d'abord, cet immense soulagement en France

00:09à l'annonce de la libération conditionnelle de Cécile Collère et Jacques Paris.

00:13Ces deux Français, vous le savez, détenus pendant plus de trois ans en Iran,

00:15accusés par la République islamique d'espionnage pour le compte d'un État étranger.

00:19La date de leur retour à Paris n'est pas encore connue,

00:22mais en attendant, ils sont accueillis à la résidence de l'ambassadeur de France à Téhéran.

00:25Je vous propose d'écouter la première réaction de la mère de Cécile Collère.

00:30C'est une grande joie, mais pour moi, ça reste virtuel tant que Cécile ne sera pas dans les bras

00:36et qu'elle ne pourra pas continuer à vivre sa vie avec Jacques.

00:43Voilà pour cette réaction, ce témoignage.

00:46On en vient maintenant à ces images révélées par nos confrères de Mediapart et Libération.

00:50C'était en mars 2023, ce jour-là, alors qu'une manifestation interdite

00:54se tenait sur le chantier de Megabassine à Sainte-Solines, commune dans l'ouest de la France,

00:58déployée.

00:59Les quelques 2000 gendarmes ont multiplié les tirs tendus de grenades explosifs et de lacrymogènes,

01:05une pratique strictement interdite.

01:07Des dizaines de personnes ont été blessées, plusieurs étaient dans un État grave.

01:10Voyez ce reportage.

01:11Une manifestation interdite qui dégénère entre protestataires et gendarmes.

01:18En plein champ, des affrontements violents qui se transforment en batailles rangées.

01:23Des vidéos révélées par nos confrères de Libération et de Mediapart mettent aujourd'hui

01:28en cause les forces de l'ordre avec des propos très crus.

01:31Plus grave, on voit des gendarmes se réjouir des blessures qu'ils viennent de provoquer.

01:43Ces vidéos ont été tournées par les caméras embarquées que certains gendarmes portaient sur eux ce jour-là.

01:57Voilà comment doivent être tirées les grenades lacrymogènes pour être moins dangereuses,

02:02en cloche.

02:04Mais sur ces nouvelles images, les consignes sont claires.

02:07Des tirs tendus.

02:08Des tirs qui visent directement les manifestants au risque de blesser gravement.

02:16Cet homme qui souhaite garder l'anonymat était sur place parmi les protestataires.

02:20Moi j'étais au cœur des gens par là-bas.

02:24Gravement blessé au pied, il est opéré et frôle l'amputation.

02:28Je pense que les images parlent d'elles-mêmes.

02:33Juste à écouter ce qu'il dit.

02:34Voilà, c'est des gens qui sont censés protéger la population.

02:39Pour son avocate, ces violences mettent en cause la hiérarchie.

02:43Ce que cette vidéo permet de montrer, à mon sens, c'est vraiment que c'était une situation généralisée

02:47et qu'il y a eu de nombreux tirs illégaux et qu'il y a eu plein d'instructions aussi pour ces tirs illégaux.

02:53A l'époque, Gérald Darmanin était ministre de l'Intérieur.

02:56Il rappelle que les gendarmes ont fait face à des manifestants très agressifs.

03:02Moi je veux redire ici, de mes fonctions passées, le soutien que j'ai face aux gendarmes qui ont, de manière générale,

03:09et peut-être pas dans les cas particuliers que vous citez, je n'ai pas vu et je n'ai pas entendu,

03:13les vidéos et les sons que vous évoquez, mais je le ferai, bien évidemment.

03:17Son successeur a ouvert une enquête administrative pour faire la lumière sur les agissements des forces de l'ordre à Sainte-Sauline.

03:28La plateforme chinoise de vente en ligne chine dans le viseur du gouvernement français

03:31après le scandale des poupées à caractère sexuel.

03:34Ce sont des armes qui ont été trouvées en vente libre sur le site.

03:37Si pour l'heure la plateforme échappe à une suspension, le site reste sous surveillance rapprochée, disent les autorités françaises.

03:44Chapitre politique maintenant, cette élection ouverte sur notre antenne,

03:51l'élection de Zohran Mamdani à la mairie de New York, vue depuis la France.

03:56Cette victoire a galvanisé la gauche française et européenne,

04:00et c'est aussi ce que vous avez, vous, observé pour Politis.

04:04Lucas Arafian, bonjour.

04:05Bonjour.

04:05Journaliste pour ce média Politis.

04:07Merci d'être avec nous cette semaine.

04:09En quoi Zohran Mamdani incarne un modèle pour la gauche en France ?

04:15Qu'est-ce que vous avez constaté ?

04:16Déjà, c'est important pour la gauche française parce que c'est une victoire,

04:19et elle a peu d'occasion de se réjouir en ce moment.

04:22C'est une victoire importante parce que c'est une victoire à New York,

04:25c'est le symbole du capitalisme, cette ville.

04:27C'est une victoire dans l'Amérique de Donald Trump,

04:29donc l'Amérique de l'extrême droite, de la haine.

04:31Et c'est peut-être un modèle d'inspiration parce que sa campagne,

04:34elle était quand même très importante, elle se basait sur les sujets très quotidiens,

04:40le gel des loyers, les factures d'énergie, l'ouverture des épiceries publiques.

04:45Alors, ce n'était rien de révolutionnaire, mais il voulait parler du quotidien, du concret.

04:50Et puis dans la forme, oui, bien sûr, on a beaucoup parlé de la communication

04:52sur les réseaux sociaux de Zohran Mamdani,

04:54mais ce qui était intéressant et ce qu'on a noté chez nous,

04:58c'est que c'était une campagne joyeuse,

05:00et il a réussi, d'une certaine façon, à transformer la colère,

05:06les injustices du quotidien des New Yorkais en espoir.

05:09Et c'est peut-être ce qui manque aujourd'hui à la gauche française,

05:12d'inventer un nouvel imaginaire plutôt heureux.

05:14Donc c'est une illusion, tenter de s'accaparer,

05:17ce modèle que représente Zohran Mamdani, modèle et symbole,

05:22parce que vous avez parlé d'illusion aussi sur la lune de votre site

05:25qu'on a projeté il y a quelques instants.

05:26Oui, on peut parler d'illusion, on peut parler même de récupération,

05:29c'est vrai qu'il y a une tentative assez questionnable

05:31de toutes les chapelles de la gauche française

05:33de récupérer, de s'accaparer un peu cette victoire de Zohran Mamdani.

05:37Les Insoumis ont dit que, en fait, cette victoire,

05:39c'était la victoire d'une ligne de rupture face au libéralisme

05:44et donc une façon d'alimenter le procès qu'ils font avec les socialistes

05:47qui négocient avec le gouvernement.

05:49Les socialistes disent, mais non, regardez,

05:51ceux qui défendent le gel des loyers, c'est les maires socialistes,

05:54c'est les départements, c'est les présidents de départements socialistes

05:57et les unitaires, François Ruffin, Clémentine Autain, Raquel Garrido,

06:00ont dit, regardez, c'est la victoire de la primaire,

06:03et eux défendent la primaire.

06:05Donc c'était assez questionnable.

06:06On a eu tendance à observer que les gauches voulaient plutôt

06:09utiliser la victoire de Zohran Mamdani

06:12pour valider leur propre stratégie,

06:15pour valider leurs propres idées.

06:17Et c'est vrai que c'est faux.

06:19Déjà, New York reste New York.

06:21C'est une ville complètement,

06:23enfin, plutôt démocrate, très démocrate.

06:26Et donc, bien sûr qu'il y a des leçons à retenir

06:28sur la victoire de Zohran Mamdani,

06:29mais est-ce qu'en faire un exemple à suivre,

06:32pour battre l'extrême droite en France

06:34à la prochaine présidentielle,

06:36alors que dans chaque sondage,

06:37l'extrême droite est très très haut,

06:39ça reste questionnable.

06:40Et pourtant, Mathilde Panot pour la France Insoumise y croit.

06:43On va l'écouter, je vous fais réagir.

06:44Cela nous réjouit aussi pour la leçon qu'elle montre.

06:50Elle montre que lorsqu'il y a une mobilisation citoyenne

06:52massive dans les urnes,

06:53avec Zohran Mamdani qui a obtenu un million de voix

06:56et qui a doublé la participation dans les urnes,

06:58notamment avec des personnes

06:59qui n'avaient jamais été votées auparavant,

07:02eh bien c'est par la mobilisation citoyenne

07:04et par un programme de rupture

07:05que nous pouvons battre l'extrême droite.

07:07Et je crois que c'est une leçon qui est très précieuse

07:09et qui donne beaucoup d'espoir.

07:11Beaucoup d'espoir, mais de là à penser

07:13qu'on peut transposer ce qui s'est passé à New York

07:15à échelle nationale, présidentielle,

07:17puisque c'est 2027 là qui est visée.

07:19Oui, je suis assez d'accord,

07:21mais ce que dit Mathilde Panot est aussi vrai.

07:23C'est vrai que New York a beaucoup voté.

07:27C'était une élection où les New Yorkais se sont mobilisés,

07:30la plus grande mobilisation depuis 50 ans.

07:32Et c'est vrai que Zohran Mamdani

07:33a parlé aux classes moyennes précaires,

07:35aux classes populaires, aux abstentionnistes, aux jeunes.

07:38C'est aussi la stratégie politique des Insoumis,

07:41mais c'est vrai que c'est une réalité.

07:43Néanmoins, il y a quelque chose d'assez gênant

07:45ou questionnable dans l'attitude des gauches françaises

07:48de se revendiquer de Zohran Mamdani.

07:50Je pense que la fascination de la gauche française

07:52sur Zohran Mamdani révèle plutôt l'incapacité

07:54de la gauche française de faire émerger

07:56des profils similaires à Zohran Mamdani,

08:00des profils qui se revendiquent d'une identité communautaire,

08:03qui sont issus de la diversité, de l'immigration.

08:07Les quartiers populaires restent quand même un impensé pour la gauche

08:10et on le voit dans la sociologie de la classe politique,

08:14de façon générale, mais aussi à gauche.

08:16C'est vrai que les profils du type Zohran Mamdani

08:18sont très rares, voire même inexistants.

08:21Et dans cette critique que vous faites,

08:22vous mettez au même niveau le Parti Socialiste

08:23comme la France Insoumise ?

08:24Je mets même au même niveau toute la classe politique.

08:27Et à quel moment alors elle s'empare des quartiers ?

08:28Parce que parler de la ville,

08:30ce n'est pas savoir comment on vit dans ces quartiers-là.

08:33C'est en substance aussi le reproche

08:34qui est fait à travers cet article-là ?

08:37Oui, c'est vrai qu'on a la question des quartiers populaires

08:41qui vient systématiquement pendant des périodes électorales.

08:45Et ce qui est intéressant,

08:47c'est que ça devient un sujet électoral,

08:49mais dans les faits, très concrètement,

08:51quand j'enquête dans les villes

08:52et quand je vais voir des collectifs de quartiers populaires

08:54qui essaient de s'organiser à Saint-Denis,

08:56à Argenteuil, à Villeurbanne, à Aubervilliers,

08:59en fait, c'est très compliqué.

09:01Les partis politiques se renferment.

09:03Ils restent dans leur logique partisane

09:05et ils ont du mal à s'ouvrir.

09:07Pour eux, les quartiers populaires,

09:09les collectifs citoyens,

09:10ça reste quand même, c'est difficile à approcher.

09:12Ça ne rentre pas dans leur logique.

09:13Est-ce que ça reste un faire-valoir ?

09:15Ça reste en tout cas un élément de marketing électoral, ça se trouve.

09:18Et pourquoi est-ce qu'ils n'y arrivent pas ?

09:19Est-ce qu'ils ne veulent pas ?

09:21Est-ce que ce sont des profils qui n'intéressent pas,

09:23qui ne comptent pas, pour être sûr de bien comprendre ?

09:26Je ne sais pas vraiment leur motivation.

09:28En tout cas, quand on échange avec...

09:30C'est ce qu'on a fait à Politis.

09:32Quand on échange avec les collectifs des quartiers populaires,

09:35ils regrettent que, systématiquement,

09:37on en vienne à la question des postes

09:39et non pas des causes.

09:41Et c'est vrai que c'est ce qui revient systématiquement.

09:43Ils restent dans des schémas électoraux,

09:45alors que les quartiers populaires voudraient bien être entendus

09:48et que leurs idées intègrent certains programmes.

09:52Et soit reprise.

09:53La gauche, il en est toujours question.

09:55Et je voudrais d'ailleurs vous interroger sur ce qu'elle fait ou pas,

09:58sur un sujet essentiel.

09:59Lucas, pas du tout nouveau,

10:01mais remis en lumière cette semaine par Amnesty International.

10:03L'ONG a dénoncé des lenteurs et des erreurs

10:06commises par l'administration française

10:07lorsqu'il est question pour des travailleurs étrangers

10:09de renouveler leurs titres de séjour.

10:11C'est un véritable parcours du combattant

10:13qu'on redécouvre,

10:14auquel des femmes et des hommes doivent s'atteler.

10:15Et ils se heurtent souvent à des délais trop longs,

10:18des titres de séjour très courts.

10:20Bref, l'État fabrique de l'irrégularité,

10:22dit Amnesty International.

10:25Rien d'inédit.

10:26Et pourtant, on n'a pas beaucoup entendu la gauche

10:27sur ces questions-là, non ?

10:28La gauche que vous avez l'habitude de suivre.

10:30Je parle sous votre contrôle.

10:31Non, c'est vrai que la gauche s'est très peu mobilisée

10:35suite à ce rapport.

10:36Mais néanmoins, ce rapport ne devance pas

10:39les prises de position de la gauche.

10:40Parce que c'est vrai que quand on voit,

10:41quand on suit les débats parlementaires,

10:43la gauche, finalement, elle est assez alignée

10:45avec le constat que fait ce rapport.

10:49On le voit, je prends l'exemple de la semaine dernière.

10:51La semaine dernière, il y a eu la niche

10:52du Rassemblement National,

10:53c'est-à-dire la journée d'initiative parlementaire.

10:55Le Rassemblement National voulait défendre

10:57le retour du délit de séjour irrégulier.

10:59Et on a vu les orateurs socialistes,

11:02écolos, insoumis, communistes,

11:06défendre la même chose,

11:07déjà raconter le même constat que dans ce rapport,

11:09l'illisibilité, le labyrinthe administratif,

11:12la difficulté de ces étrangers

11:14de renouveler leurs titres de séjour.

11:16Ils ont dit la même chose,

11:18ils ont dit, dans des termes différents,

11:20mais le même discours,

11:21le fait qu'il faut réparer l'État

11:23plutôt que criminaliser les étrangers,

11:25le fait qu'il faut renouveler presque automatiquement

11:28les titres de séjour,

11:29surtout quand il s'agit des premiers titres de séjour,

11:31le fait qu'il faut faciliter l'accès au travail,

11:33ça c'était surtout le Parti Socialiste

11:35qui l'a défendu,

11:36qu'il faut, au fond, faciliter les demandes.

11:39Mais c'est vrai que ce discours-là,

11:41il est très peu entendu

11:42et très difficilement audible

11:44dans le débat public.

11:46On est tout autre chose avant de refermer ce magazine.

11:48Je ne sais pas si vous êtes fan d'Aurel San, Lucas ?

11:50Oui, oui.

11:51En tout cas, c'est l'occasion de découvrir

11:53le cinquième album du rappeur,

11:55un opus disponible sur les plateformes depuis vendredi.

11:58L'artiste originaire de Caen

11:59est d'ailleurs l'invité de Juliette Fivet

12:00dans l'émission Légendes urbaines

12:02diffusée ce week-end sur France24

12:03et france24.com.

12:04Vous pourrez donc rattraper vous aussi cette émission.

12:07Merci de nous avoir accompagnés cette semaine.

12:09ainsi s'achève ce magazine.

12:10Merci à vous.

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