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  • il y a 22 heures
Laurent Nuñez, ministre de l'Intérieur, est notre invité, au lendemain des révélations de nos confrères de Libération et Mediapart sur les violences policières à Sainte-Soline en mars 2023. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-jeudi-06-novembre-2025-3047525

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00:00Et à 7h49 sur France Inter, Benjamin Duhamel, vous recevez le ministre de l'Intérieur.
00:07Bonjour Laurent Nunez.
00:07Bonjour.
00:08Merci d'être avec nous ce matin sur France Inter, au lendemain du drame à Oléron où un individu en voiture a volontairement renversé 5 personnes.
00:14Le suspect qui au moment de son interpellation a crié à la Ouagbar, mais pour l'instant le parquet national antiterroriste ne s'est pas saisi.
00:20On va en parler, mais d'abord est-ce que vous pouvez nous donner ce matin des nouvelles des deux blessés graves ?
00:25Une jeune femme de 22 ans, un cycliste de 69 ans, ils étaient encore hier soir en urgence absolue.
00:30Est-ce qu'ils sont hors de danger ce matin ?
00:32Ils sont toujours en urgence absolue, mais des informations qui m'ont été communiquées ce matin, notamment par les enquêteurs,
00:40le pronostic vital n'est plus engagé, mais ça reste des blessures extrêmement graves, notamment pour cette jeune femme qui a de multiples traumatismes.
00:48Et on a évidemment une pensée pour les cinq victimes, et en particulier pour les deux victimes les plus touchées ce matin,
00:53en espérant vraiment qu'elle connaisse un propre établissement.
00:57Mais le pronostic vital n'est plus engagé, mais j'insiste sur des blessures très graves.
01:00Bien sûr, mais c'est une information importante que vous nous donnez ce matin.
01:03Il y a beaucoup de questions autour du profil de l'individu interpellé, connu pour des faits de droit commun, mais pas pour radicalisation.
01:09Et pourtant, Laurent Nunez, l'utilisation d'une voiture comme arme de destination, comme le recommandait Daesh,
01:13au moins une bonbonne de gaz retrouvée dans sa voiture, il crie à la Ouagbar au moment de l'interpellation.
01:18Certes, le parquet national antiterroriste ne s'est pas encore saisi, mais quand on regarde tous ces éléments,
01:23qu'est-ce qui vous empêche de parler d'attentats islamistes quand on voit ce faisceau d'éléments ?
01:28D'abord, c'est un périple meurtrier très grave.
01:31Personne ne minimise ces faits.
01:33Moi, le premier, comme ministre de l'Intérieur, c'est un périple meurtrier.
01:35Je salue évidemment le dévouement et la détermination des gendarmes qui ont mis un terme.
01:40Une cinquantaine de gendarmes mobilisées immédiatement, 50 sapeurs-pompiers pour venir en aide aux victimes.
01:45Ensuite, moi, rien ne m'empêche, c'est la justice.
01:48On a toujours un acte terroriste, c'est toujours le parquet national antiterroriste qui se saisit ou pas,
01:53à partir d'un certain nombre d'éléments qui existent dans ces personnes de nid qu'il a créé, effectivement, à la Ouagbar.
01:58Il y a des références religieuses chez lui, assez claires, assez explicites.
02:01Donc, il y a une hypothèse probable que ce soit un attentat terroriste.
02:03Je n'irai absolument pas jusque-là.
02:05C'est le parquet national terroriste qui va, au travers d'une expertise psychiatrique qui a d'ailleurs eu lieu hier,
02:11de perquisition d'une étude de la téléphonie, qui va déterminer si ces éléments ont été déclencheurs dans l'action violente qu'on a créé.
02:18Mais vous nous confirmez, c'est ce que disent un certain nombre de médias ce matin,
02:22qu'il y aurait une présomption d'auto-radicalisation de cet individu qui aurait découvert la religion musulmane il y a un mois.
02:30Oui, ça c'est des éléments que vous nous confirmez ce matin.
02:32Oui, tout ça je vous le confirme.
02:32Maintenant, il reste après à savoir si ça a été déterminant ou pas dans le passage à l'acte et quelle a été la motivation de l'individu.
02:38Après, ça ne minimise en rien, en rien contrairement à ce que je peux entendre ici ou là, la gravité de cet acte.
02:43Oui, parce qu'on vous a accusé de dire hier, c'est seulement un cri de ne pas dire qu'il avait dit à la Ouagbar.
02:47Oui, non, ça ne minimise en rien la gravité de l'acte.
02:49Et surtout, vous savez, il y a toute une logique intellectuelle qui consiste à dire qu'ils ne veulent pas nommer parce qu'ils ne font rien.
02:55C'est complètement faux.
02:56Ça fait dix ans qu'on lutte contre l'islam radical, y compris évidemment violent, mais y compris que l'islam politique tout simplement.
03:03Et on a un dispositif comme il n'y en avait jamais eu par le passé et on est vraiment dans l'action sur ces sujets.
03:08Juste avant de parler, Laurent Nunes, de ces vidéos des manifestations de Sainte-Soligne il y a deux ans, une question encore.
03:12Dans une semaine, on commémorera les dix ans des attentats du 13 novembre.
03:15Est-ce que la menace est particulièrement forte en ce jour symbolique ?
03:18Est-ce que vous allez prendre des mesures pour augmenter la sécurité ?
03:22Oui, bien sûr, il y aura une vigilance renforcée partout sur le territoire national et particulièrement à Paris où vont se dérouler les commémorations.
03:27On sait que les dates anniversaires sont toujours des moments où la menace est un peu plus élevée.
03:33Évidemment que frapper notre pays à ces moments-là aurait un caractère retentissant.
03:37Le ministre de l'Intérieur est inquiet de ce qui pourrait devenir ?
03:40Le ministre de l'Intérieur, il n'est jamais inquiet.
03:41Moi, je suis déterminé, concentré sur mon job et évidemment qu'on aura un dispositif renforcé pour le 13 novembre, pour les dix ans des attentats du 13 novembre 2015.
03:49Laurent Nunes, je voudrais qu'on parle des révélations de nos confrères de Libération et Mediapart,
03:53des vidéos des manifestations à Sainte-Soligne en mars 2023 qui mettent en cause les gendarmes.
03:58Voilà ce qu'on y entend, notamment des manifestants qualifiés de « pulapis », un gendarme hilar, ouvrez les guillemets.
04:03« Je ne compte plus les mecs qu'on a éborgnés, faut qu'on les tue », entendus également,
04:08et des tirs tendus assumés et annoncés de grenades lacrymogènes, des tirs tendus qui sont interdits.
04:14Comme premier flic de France, Laurent Nunes, elles vous ont fait honte, ces images ?
04:18D'abord, je vais rappeler le contexte, Benjamin Duemel. Je rappelle toujours moi le contexte.
04:22On était dans une manifestation interdite où il y a eu énormément de violences graves contre les forces de l'ordre.
04:26Et je crois que personne, Laurent Nunes, ne minimise le contexte et effectivement que certains manifestants aient eu envie d'en découdre avec les forces de l'ordre.
04:32Personne ne minimise, mais parfois on oublie d'en parler.
04:34Personne n'oublie, là, il s'agit des gendarmes et de ces mots et de ces vidéos. Est-ce qu'elles vous ont fait honte, ces images ?
04:39Ensuite, ce sont des vidéos qui sont sous main de justice.
04:41C'est dans le cadre d'une enquête judiciaire que ces vidéos se sont retrouvées dans la presse.
04:46Évidemment que les propos qui sont tenus ne sont pas acceptables.
04:49Il y a deux choses dans les vidéos.
04:50Il y a des propos qui sont tenus et puis il y a des gestes qui, manifestement, ne sont pas réglementaires.
04:55Est-ce que ça vous fait honte ?
04:56Comme premier flic de France, vous êtes à la tête à la fois des gendarmes et des policiers.
05:01Est-ce qu'en voyant cette vidéo, est-ce que vous avez eu honte ?
05:03Non, j'ai tout de suite pensé qu'il fallait demander au directeur général de la Gendarmerie nationale,
05:08qui en convenait, de demander une enquête administrative.
05:10Évidemment que je ne suis pas du tout content des propos que j'ai pu entendre.
05:14Mais pas du tout content, c'est-à-dire qu'il n'y a pas une forme d'euphémisation
05:17pense à ceux qui regardent ce matin et qui entendent ce qui assure notre sécurité au quotidien.
05:22Et l'idée n'est pas de mettre en cause généralement ni la police ni la gendarmerie.
05:25C'est des propos qui sont extrêmement choquants.
05:28C'est des propos que je condamne et pour lesquels j'ai demandé une enquête administrative.
05:31Voilà, donc je ne veux jamais, je ne laisserai jamais critiquer les forces de sécurité intérieure.
05:35Et vous savez très bien que ce genre de faits qui sont graves, j'en conviens,
05:38pour lesquels il y aura une enquête administrative, donnent toujours lieu,
05:41permettent toujours à certains de critiquer d'une manière générale l'institution policière ou la gendarmerie.
05:46Laurent Nunez, vous avez effectivement diligenté une enquête administrative.
05:48Ces vidéos, elles datent de mars 2023, de plus de deux ans.
05:52Que se serait-il passé si Mediapart et Libération n'avaient pas obtenu ces vidéos ?
05:57Écoutez, moi, ces vidéos, elles ont été obtenues de manière illicite.
06:02Ce n'est pas le mot, mais ce sont des pièces de procédure judiciaire.
06:05Voilà, elles sont portées à notre connaissance maintenant.
06:07Et on réagit immédiatement.
06:08Il faut attendre que des médias sortent des vidéos pour qu'il y ait cette enquête administrative.
06:13Il y avait une saisine de l'IGGN, l'Inspection Générale de la Gendarmerie Nationale.
06:16Ça a donné quoi ?
06:17Mais attendez, attendez, ne confondez pas tout.
06:20Ne confondez pas tout.
06:21Il y a une procédure judiciaire qui a été ouverte parce qu'il y a un manifestant qui a été blessé.
06:24Il y a une enquête judiciaire qui est en cours.
06:26Et ces vidéos, elles sont portées à notre connaissance maintenant.
06:28Et c'est normal qu'elles soient...
06:30Juste pour préciser pour ceux qui nous écoutent, ce sont des caméras piétons.
06:32C'est-à-dire, c'est filmé par les gendarmes eux-mêmes.
06:37Est-il normal qu'il faille attendre deux ans et demi et la publication par des médias
06:42pour que le ministre de l'Intérieur se saisisse de ces vidéos et diligente une enquête administrative ?
06:46Le ministre de l'Intérieur, il s'en saisit quand il en a connaissance.
06:47Après, je ne vais pas faire un cours de droit sur la réglementation sur les caméras.
06:50Donc, personne n'avait vu ces vidéos, ces insultes et ces tirs tendus ?
06:53Évidemment non.
06:54Les caméras piétons des policiers, elles sont remisées au service.
06:59Elles ne sont pas regardées, sauf quand il y a des enquêtes judiciaires.
07:02Et c'était le cas au cas d'Espèce.
07:04Ou sauf quand il y a des actions de formation.
07:05Ce sont les seules exceptions qui sont autorisées pour regarder ces caméras.
07:08Ce sont quand même des caméras qui captent l'image des gens.
07:10On est quand même dans un état de droit.
07:12Il y a des protections quant à l'utilisation de ces images.
07:14Laurent Nunez, à l'époque, votre prédécesseur Gérald Darmanin avait répondu aux accusations sur le maintien de l'ordre à Sainte-Soligne.
07:19Il avait parlé d'usage de la force proportionné.
07:22Il était dans le déni ?
07:23Il n'était pas dans le déni, il avait parfaitement raison.
07:25Vous vous souvenez quand même ?
07:25Ah, c'était proportionné l'usage de la force à Sainte-Soligne ?
07:26Je ne parle pas de ces actions-là.
07:27Je parle de l'action de la gendarmerie qui a été menée face à des actions extrêmement violentes,
07:31y compris contre des véhicules, contre des personnes, contre nos militaires de la gendarmerie.
07:36La riposte avait été proportionnée.
07:37Il y a des actes qui sont révélés par ces vidéos qui ne le sont manifestement pas.
07:44Laurent Nunez, pardonnez-moi, ici, personne ne minimise que ce que faisaient les manifestants
07:48qui, pour certains, arrivaient avec des boules de pétant que voulaient s'en prendre directement aux gendarmes.
07:52Simplement, est-ce qu'il ne s'agit que de brebis galeuses ?
07:55Quand on voit ces vidéos, on voit qu'à plusieurs reprises, il y a cette façon d'assumer,
07:59notamment ce qu'on appelle des tirs tendus de grenades, c'est-à-dire le fait de frapper directement.
08:03Est-ce qu'il n'y a pas un sujet sur les donneurs d'ordre ?
08:05Ce n'est pas seulement quelques exceptions qui ont décidé de s'en prendre aux manifestants ?
08:09Un, l'enquête le dira.
08:10Deux, je vous redis ce qu'avait dit Gérald Darmanin.
08:12Il y avait eu un niveau de violence qui avait atteint un niveau inégalé ce jour-là.
08:18Il y a eu une riposte qui a été très majoritairement proportionnée.
08:21Très majoritairement proportionnée, même après avoir vu ces vidéos.
08:23Mais bien sûr, nous avons connaissance au travers de ces vidéos de propos et de gestes qui posent problème.
08:28Il y a une enquête administrative, nous verrons.
08:30Mais attention, ce jour-là, les manifestants étaient extrêmement violents.
08:34Il y a eu une réponse qui a été donnée qui est dans la majorité des cas proportionnés.
08:38Il y a ces vidéos qui viennent de sortir.
08:40Ce sont des violences policières, Laurent Nunez, ou pas ?
08:42Si elles sont avérées, en tout cas, ce sont des gestes qui ne sont pas réglementaires.
08:46Et donc, il y a une enquête administrative et il y aura des sanctions qui seront prises évidemment.
08:48Est-ce que ce sont des violences policières, ce que vous avez vu sur ces vidéos ?
08:51Ce sont des gestes de violence qui ne pourraient ne pas être proportionnels.
08:55L'enquête le dira.
08:56Il y a des tirs tendus, ça n'est pas permis.
08:58Mais je ne reprends jamais à mon compte ce terme de violence policière.
09:01Parce que vous savez que dans d'autres lieux, il est utilisé pour qualifier l'action de la police comme étant, d'une manière générale, génératrice de violences policières systémiques.
09:11J'ouvre les guillemets.
09:11Et l'idée ici n'est pas de parler de systématisme, mais simplement de ces vidéos qui ont choqué ou vont choquer beaucoup de français.
09:17Je ne voudrais jamais reprendre ce terme de violence policière.
09:19Si, au cas d'espèce, et ça semble de ce que j'en ai vu, j'ai regardé évidemment cette vidéo confirmée,
09:24il y a effectivement un usage de la force qui est pour partie disproportionné.
09:28Il y a une enquête qui l'établira et il y aura des sanctions évidemment.
09:30Et on est déterminé avec le directeur général de la gendarmerie nationale.
09:34Merci beaucoup Laurent Nunez, ministre de l'Intérieur, d'être venu au micro de France Inter.
09:37Et merci Benjamin Duhamel, il est 7h58.
Commentaires
1
  • Meta Ducil y a 18 heures
    Évidemment que cette violence est systémique au sein de la Police. Vous pouvez toujours nier, la vidéo de 19 min publiée par Mediapart rend compte d'un esprit malsain généralisé, avec 9 escadrons qui ordonnent des tirés tendus et des CRS en liesse, en fête.
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