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  • il y a 2 jours
Avec Jean-Marie Delbos auteur de "Mon enfance à Betharam" aux éditions leduc. Le témoigne choc de la première victime après 60 ans de silence et Arnaud Gallais co-fondateur de Mouv’enfants, association de lutte contre les violence faites aux enfants.




Retrouvez La culture dans tous ses états tous les jeudis avec Céline Alonzo et André Bercoff à partir de 13h.

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• 📚 La culture dans tous ses états


##LA_CULTURE_DANS_TOUS_SES_ETATS-2025-11-06##

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News
Transcription
00:00TerreDeFrance.fr, le premier site d'articles français et patriotes présente
00:05La culture dans tous ses états, André Bercoff, Céline Alonso.
00:12Et aujourd'hui André Bercoff sur Sud Radio, et bien c'est du plus grand scandale de pédocriminalité
00:17dans l'enseignement catholique français dont nous allons parler,
00:20à savoir l'affaire Bétaram, André, Jean-Marie Delbos,
00:24reconnue officiellement comme la première victime de cette institution,
00:27publie aujourd'hui un récit bouleversant dans lequel il raconte l'enfer,
00:33qu'il a vécu enfant, et il raconte surtout, André,
00:36ses 60 ans de combat pour obtenir justice et réparation.
00:40Alors un livre qu'il faut lire, un livre bouleversant,
00:43Mon enfance à Bétaram, aux éditions Le Duc.
00:46Effectivement, vous savez, on parle, on a vu, on a vu, vous rappelez,
00:49le sound of freedom, le bruit de la liberté,
00:53ce film remarquable sur ce qui se passe,
00:56ces ignominies qui se passent en Amérique du Sud,
00:59mais pas seulement, mais pas seulement.
01:01Et puis il y a eu Pierre Barronerias, et puis il y a eu Carl Zéro,
01:04et puis beaucoup d'autres, beaucoup d'autres,
01:07et beaucoup d'autres courageux qui se battent contre cette ignominie planétaire
01:12qui est l'exploitation des enfants,
01:14qui est l'exploitation des enfants qui se passe encore,
01:16parce qu'on dit oui, oui, c'est fini, rien n'est fini,
01:19rien n'est fini en Europe centrale, en Amérique du Sud et ailleurs,
01:23et on tient des gens, justement, grâce à ces ignominies.
01:27Et c'est pour ça que c'était très, très, très important de parler
01:30et que, vraiment, Jean-Marie Delbault s'est eu le courage d'écrire,
01:35de décrire cette histoire, de décrire cette histoire.
01:39On va en parler longuement avec lui, Céline,
01:41et je crois qu'on peut rappeler simplement qu'en 2021,
01:46une commission d'enquête sur la pédocriminalité dans l'Église
01:49révélait que 330 000 mineurs avaient été victimes de voyances sexuelles depuis 1950,
01:55de la part d'au moins 2 900 prêtres, Céline, c'est bien ça ?
01:59Et oui, ce qui signifie 13 enfants agressés par jour pendant 70 ans,
02:04c'est révoltant, André.
02:05Et ce qui est d'autant plus révoltant, c'est qu'aujourd'hui,
02:09Bétaram est toujours ouvert et fonctionne.
02:12Deux pétitions ont été lancées pour réclamer sa fermeture,
02:15l'une par Jean-Marie Delbault,
02:17l'autre par Arnaud Gallet, qui est cofondateur de Mouv'enfant,
02:21la protection des enfants, c'est le combat de leur vie.
02:24On en parle dans un instant sur Sud Radio, ils seront nos invités.
02:29Alors restez avec nous, écoutez absolument ce témoignage de Jean-Marie Delbault.
02:33La culture dans tous ses états, André Bercoff, Céline Alonso.
02:40Et aujourd'hui André, nous avons le plaisir de recevoir Jean-Marie Delbault,
02:43l'un des derniers survivants de l'Apostolica, pardon, de Bétarane.
02:48Bonjour à vous, Jean-Marie.
02:51Alixabmoune.
02:53En Béarnet, dans le texte.
02:55En Béarnet, que vous sachiez que je viens d'une région qui est la mienne, le Béarn.
03:01Eh oui, vous publiez alors un livre bouleversant, Jean-Marie,
03:05intitulé « Enfance à Bétarame » aux éditions Le Duc,
03:09un livre dans lequel vous racontez votre combat contre cette institution catholique
03:13qui a brisé votre vie.
03:15Vous y avez été scolarisé de 1956 à 1962.
03:19« Pourquoi, à l'âge de 10 ans, votre grand-mère qui vous élevait,
03:24vous étiez orphelin de père et de mère,
03:27a-t-elle décidé de vous scolariser dans cet établissement ? »
03:31Tout simplement, on était des miséreux.
03:36Donc, les miséreux dans les villages, vous pouvez imaginer ce que ça peut être.
03:40Donc, le curé de l'époque vient rencontrer ma grand-mère et lui dit
03:45« Voilà, je pourrais faire que Jean-Marie fasse des études. »
03:52Et ma grand-mère, la pauvre, qui pensait le meilleur pour nous,
03:56elle dit « Oui, mais je n'ai pas les moyens de payer.
04:00On ne pourra jamais payer une scolarité aux gamins. »
04:03Et il lui dit « Mais non, c'est gratuit, c'est Bétarame qui vous offre la scolarité. »
04:10Oui, mais comment on va faire ?
04:11Parce que, comme je me répète, on vivait en autarcie.
04:16On était des gens sans bien, sans rien.
04:19On avait juste une maison.
04:21Et vous allez savoir, vous avez pu lire dans le livre
04:23comment ils ont agi après avec elle.
04:26Et donc, elle a cru bien faire de m'envoyer à Bétarame.
04:30Oui, vous dites que c'était un don du ciel pour elle.
04:33Voilà, pour elle, c'était un don du ciel.
04:35Elle disait « Je n'ai pas pu offrir à ma fille, donc à ma mère,
04:40le fait de pouvoir étudier.
04:43Et si mes petits-enfants peuvent étudier,
04:46ça sera à l'époque où on croyait au bon Dieu. »
04:49Enfin, ils croyaient au bon Dieu.
04:50Mais on croyait à l'instruction, on croyait à l'improbation.
04:53Elle dit « Au moins mes enfants connaîtront ce que je n'ai pas connu. »
04:55Exactement.
04:56Alors qu'elle était, je le dis très bien,
05:00elle écrivait très bien, sans faute.
05:03Elle avait été à l'école jusqu'à 11 ans.
05:06Ça poserait quelques questions sur l'éducation actuelle.
05:10« N'entrons pas là-dedans, on en a pour 5 heures. »
05:13Donc je ne vais pas...
05:15C'est simplement pour lui rendre hommage du fait qu'elle écrivait très bien,
05:19elle savait très bien s'exprimer.
05:20Et elle avait une volonté extraordinaire qui nous a bien servi,
05:26qu'elle m'a donnée, bien sûr, puisqu'on en est là.
05:29Puisqu'on peut raconter cette histoire 60 ans après ou plus.
05:33Et donc, pour dire que quand le curé lui a dit
05:37« On pourra faire que Jean-Marie ait une instruction un peu plus poussée. »
05:43« Et il ira à Bétaram. »
05:44Donc, elle a dit « Banco ».
05:48– Oui, Banco, il faut le dire, vous le racontez dans votre livre,
05:50à l'époque, les curés avaient vraiment...
05:52Leur discours était vraiment bien rodé.
05:54– Ah, c'était rodé, c'était...
05:56Mais qui aurait ?
05:57Parce que vous allez voir, après, dans le livre, on en a parlé.
06:00Mais les curés avaient tous les pouvoirs.
06:02Vous savez, dans un village comme on était,
06:04c'était des villages, malgré tout, à l'époque, isolés.
06:07– Oui, bien sûr.
06:08– Il ne faut pas non plus dire que c'était Paris.
06:11On était loin des grandes villes.
06:13– Vous parlez de quelles années, là, Jean-Marie Zemmour ?
06:16– 56.
06:16– 56, c'est ça.
06:17– Donc, ma mère est morte en 56,
06:20et tout à l'heure, je racontais son décès,
06:24qui me bouleverse chaque fois que j'en parle.
06:27– Et donc, vous êtes allé à Bétaram ?
06:30– J'ai été à Bétaram.
06:31Donc, je suis arrivé à Bétaram, comme d'autres gamins.
06:35On s'est retrouvés là.
06:37Il y avait beaucoup de Basques.
06:38C'est pour ça qu'il y a beaucoup de curés basques.
06:40Parce que les Basques étaient aussi pas très...
06:43Ils étaient comme nous.
06:45Mais je n'ai pas à leur fête tous les jours.
06:46Ils étaient habillés comme nous, pour le moment.
06:49– Il faut se rappeler que la faim existait, à cette époque.
06:52– Mais oui !
06:52– Qu'il y avait des gens qui avaient faim.
06:53Non, parce que les gens, aujourd'hui, pensent pas.
06:55C'est pas possible.
06:55En France, on n'a pas faim.
06:56Ça n'existe pas.
06:57– Mais bien sûr.
06:58Mais quand je vous entends,
06:59oui, on a passé faim.
07:02On mangeait ce qu'on avait à la maison.
07:04Donc, les oeufs, la volaille.
07:07La volaille, pas tout le temps.
07:08Les poules, on n'allait pas tuer les poules.
07:10Les poules, ils fabriquaient les oeufs.
07:11Les poules, il fallait qu'elles soient comme moi,
07:14en pleine de vie, pour pouvoir les mettre dans le pot.
07:18Henri IV avait raison de mettre une poule.
07:20– Pour le pot, chaque dimanche.
07:21– Et à Bétaram, vous le racontez,
07:24les repas étaient vraiment miséreux.
07:26– Alors, les repas à Bétaram, ce qu'il faut…
07:27– Ce qu'il faut expliquer, c'est que,
07:30vous le dites dans votre livre textuellement,
07:32« Dès mon arrivée, j'ai entrevu le malheur ».
07:36– Pourquoi ?
07:36– Quel souvenir, oui, vous gardez de votre arrivée ?
07:38– Ah, mais j'ai le souvenir comme si c'était aujourd'hui.
07:41On arrive, quatrième étage.
07:43– On arrive dans un couloir qui servait de dortoir,
07:49ouvert aux 80.
07:50Je l'explique, quand on se levait le matin,
07:54ils ouvraient d'un côté et de l'autre,
07:55pour que l'air circule.
07:57Et donc, vous imaginez, on est des gamins de 10 ans,
08:00vous imaginez des gamins de 10 ans,
08:03et on était un peu comme des…
08:05On se regardait entre nous, on ne parlait pas,
08:09on avait la larme au bord de l'œil,
08:10mais on ne pleurait pas parce qu'on avait cette force de caractère à l'époque,
08:15d'éviter de pleurer.
08:16Et donc, on se retrouve tous là,
08:20puis arrivent les grands,
08:21les gens de Terminat,
08:23et qui faisaient des fanfarons par rapport à nous.
08:26Bon, vous pouvez imaginer.
08:26– Oui, vous aviez 10 ans.
08:28Et alors, c'était comment, la vie quotidienne ?
08:30– Alors, la vie quotidienne, elle était très simple.
08:33La vie quotidienne, elle était liée par le fait que,
08:38quand vous êtes pauvre, vous n'allez pas manger du beurre.
08:43Donc, comme on avait une peine dure,
08:45on arrivait à se payer,
08:47alors moi, j'ai encore le souvenir,
08:49soit de la planta,
08:51la fameuse margarine qui commençait à exister,
08:54soit de l'astra.
08:55Et nous, on avait, bien sûr,
08:57vous imaginez bien,
08:58on n'avait droit qu'à l'astra.
09:00L'astra était la margarine de base,
09:02et qu'à betterment, on ne servait.
09:04Et donc, comme je dis dans le livre,
09:09pour les repas qui étaient quand même des repas,
09:12il ne faut pas se leurrer,
09:13ce n'était pas dans la grande cuisine,
09:14c'était fait par des religieuses.
09:17Et les repas, pendant les repas,
09:20nous, nous étions en silence,
09:22c'est-à-dire qu'on n'avait pas le droit de parler.
09:24– Ah bon, pas le droit de parler ?
09:25– Pas le droit de parler,
09:26d'ailleurs, dans la cour,
09:27il ne fallait pas faire de bruit,
09:28parce qu'il y avait des vieux curés qui étaient là.
09:30– Et oui, la discipline était vraiment très, très stricte.
09:33– Dans le soir, vous n'aviez même pas le droit
09:36de parler à votre voisin de lit,
09:38vous racontez ça, c'est terrible.
09:39– Absolument pas, absolument pas.
09:40Et qui plus est, mais on ne peut pas l'imaginer maintenant,
09:43avec la vie qu'ont les enfants,
09:44comme j'ai moi, des arrières à petits-enfants.
09:47Des arrières à petits-enfants,
09:48ils jouent à la parole qu'ils ont,
09:50nous, on ne l'avait pas.
09:51– Oui, il n'y avait pas d'advertissement,
09:53aucune sortie, rien.
09:55– Il n'y avait rien, à minima.
09:56Jouer à la pelote,
09:57pour ceux qui étaient basse,
09:59qui jouaient à la main nue,
10:00pour les autres, on jouait comme on pouvait,
10:02et le foot, dans la cour, pavé.
10:07Et sans faire le bruit,
10:08il ne fallait pas que les curés qui étaient dans les étages
10:10entendent le déranger.
10:12– Et vous racontez effectivement
10:14que les goûters vous ont laissé
10:17un très mauvais souvenir.
10:18Ils évoquaient les fils de prisonniers
10:20dans les camps pendant la guerre,
10:22tous affamés, écrivez-vous.
10:24Il n'y avait aucune considération pour l'humain.
10:26– Et la considération n'existait pas.
10:27– Ah, c'est ça.
10:28– Et les gens, en quatrième,
10:30à l'âge de la quatrième,
10:32qui étaient donc les gens
10:34à qui on donnait des responsabilités,
10:36ils se mettaient donc d'eau à nous,
10:38on était sur deux rangs,
10:40et ils distribuaient le pain.
10:41Alors, le pain,
10:43bon, je rassure tout le monde,
10:44ce n'était pas du pain frais
10:45qui venait de la boulangerie,
10:47le pain chaud que vous pouvez connaître maintenant.
10:50C'était ce qu'on appelait en Bernay les thioïnes.
10:53Les thioïnes, c'était des grands pains
10:54que l'on coupait en quatre.
10:57Et j'ai coutume de dire,
10:59et c'est la réalité,
11:00on nous donnait du pain dur
11:03parce qu'on peut faire plus de repas.
11:07Si vous avez du pain frais,
11:09vous allez en manger plus.
11:10Si vous avez du pain dur,
11:13vous en mangez moins.
11:14– Et quatre mois après votre arrivée,
11:16vous racontez que votre vie
11:18a vraiment basculé dans l'horreur absolue
11:20avec l'arrivée d'un nouveau surveillant du dortoir,
11:23à savoir le père Lamas.
11:26D'emblée, il instaure un climat de terreur.
11:29Et là, il abuse de vous.
11:31Comment ça s'est passé exactement ?
11:33– Ça s'est passé tout simplement.
11:35On ne connaissait rien à la sexualité,
11:40vous imaginez bien.
11:41– Il y a dix ans.
11:42– Dix ans, des gamins comme orphelins,
11:45des gens qui arrivaient du Pays Basque
11:47profonds.
11:49J'ai amené le gars qui a écrit le livre avec moi
11:51voir d'où venaient les jeunes.
11:53Mais ils me disent, c'est pas possible,
11:54ils venaient de là.
11:55Mais je lui dis, oui.
11:56Parce que quand vous faites du tourisme,
11:59vous allez sur la côte,
12:00vous allez dans les lieux touristiques.
12:02Mais toutes ces fermes isolées
12:03dans la montagne basque,
12:05les gamins, ils venaient de là.
12:07Parce que les curés, qu'est-ce qu'ils faisaient ?
12:09Ils allaient dans les familles,
12:10comme il a fait le mien,
12:11et ils disaient, donnez-moi votre...
12:13– Venez chez nous,
12:13et puis ce sera gratuit, etc.
12:15– Qu'est-ce qui s'est passé ?
12:18Comment ça s'est passé ?
12:19Comment vous avez eu cette espèce de choc
12:21avec, il faut le dire,
12:22cette horreur qui se passait ?
12:24– Alors, tout simplement,
12:26on a vu arriver ce surveillant
12:28dans le dortoir.
12:30Alors, pour vous situer,
12:31le dortoir,
12:31il faut connaître un peu Bétarame.
12:33C'est un grand bâtiment
12:35au quatrième étage,
12:38au froid, bien sûr,
12:40les toilettes en bas,
12:41où on n'avait pas accès,
12:43les toilettes,
12:43on avait accès le soir,
12:45à 21h quand on montait,
12:47et le matin, à 7h30.
12:49– Et pas dans la nuit ?
12:50– Ah ben non.
12:51– Pas question d'aller aux toilettes dans la nuit ?
12:52– Il fallait pas y penser.
12:53Il fallait pas y penser.
12:55Il y avait par contre,
12:56pour les curés,
12:57ils avaient leur petit coin privé,
12:58oui, bien sûr.
12:59Ils avaient douche, tout,
13:00chaude, tout.
13:01Mais nous, on avait des bacs en pierre
13:02et on se lavait comme les chats.
13:04– À l'eau froide ?
13:04– À l'eau froide, évidemment.
13:06– Et alors, qu'est-ce qui s'est passé le soir ?
13:08– Alors là,
13:09les premiers soirs où on s'est trouvé là,
13:12dans la nuit,
13:15j'ai senti quelqu'un qui venait sur moi,
13:18qui me découvrait,
13:19qui me...
13:20On avait des pyjamas,
13:22parce qu'on était très prud'
13:23à tout point de fait.
13:25Et je me retrouve,
13:27donc pyjamas baissés,
13:28slip baissés,
13:29et l'instinct
13:33d'avoir une bouche sur le sexe.
13:36Mais vous imaginez,
13:37je ne pouvais pas imaginer
13:39ce que c'était.
13:40Maintenant, on en parle facilement.
13:42Mais à l'époque,
13:43qu'un curé vienne,
13:44sous temps ouverte,
13:46je précise,
13:47sous temps ouverte,
13:48et qui s'empare de notre anatomie,
13:52vous ne pouvez pas l'imaginer.
13:54Vous ne pouvez pas...
13:54– Et il a répété ses horreurs
13:56pendant cinq ans ?
13:57– Pendant toute la période
13:58où on est resté...
14:00– Et sur d'autres enfants,
14:01parce que vous n'avez pas
14:02les seuls enfants.
14:02– Deux mois,
14:03ils partaient sur d'autres,
14:04oui.
14:04C'est pour ça qu'on s'est retrouvés
14:06à plusieurs,
14:06à vouloir déposer,
14:07à voir,
14:09à vouloir rencontrer
14:10une autre histoire.
14:12– Et tout ça sans un mot,
14:14sans un mot.
14:14– Ah, sans un mot.
14:15– Si, il y avait le mot magique.
14:18Rendormez-vous, c'est rien.
14:19– Oui, ce n'est rien,
14:20rendormez-vous.
14:21Il vous répétait ça
14:21tous les soirs
14:22pour vous endormir.
14:23– Tous les soirs.
14:24– Quand on me dit,
14:25mais oh, mais quand, quand ?
14:26Mais quand ?
14:27Tous les soirs.
14:28– Et cependant,
14:29– Et il passait de lit en lit.
14:32– De lit en lit,
14:32bon, suivant les...
14:34Alors, bon,
14:35on a coutume de me dire,
14:36il prenait que les gamins mignons.
14:39Ça, c'est pour la plus belle.
14:40– Oui, ça, c'est, oui.
14:41– Et comment ça se passait
14:42à l'époque entre victimes ?
14:44Est-ce que vous parliez
14:45ensemble de ces agressions sexuelles ?
14:48– Alors, en fait,
14:49de suite, on n'en a pas parlé.
14:52Mais on...
14:53Parce qu'on était très...
14:56Très soucieux de ne pas parler
14:58des choses qui concernaient
14:59les curés, vous imaginez bien.
15:01– Il y avait une forme de honte ?
15:03– Non, pas de honte,
15:04mais comment aller raconter
15:06ces trucs-là ?
15:07Comment désigner ces trucs-là ?
15:10Parce qu'on ne connaissait rien.
15:11– Et pardon,
15:11il n'y avait que lui
15:12qui faisait ça,
15:13il n'y en avait d'autres.
15:14– Oui, non, il n'y avait que lui.
15:15Moi, je n'ai connu que lui.
15:16– D'accord.
15:17– Et ce qui est terrible,
15:17effectivement,
15:18c'est que votre grand-mère,
15:19vous avait vraiment élevé
15:21dans la foi
15:21et dans le respect
15:23de ces hommes
15:24qu'il fallait vénérer,
15:25vous disait-elle.
15:26– Exactement.
15:27– Comment vous étiez
15:28l'enfant victime
15:29quand chaque matin,
15:30vous voyez ce prêtre
15:31qui avait abusé de vous
15:33la veille
15:33faire la messe ?
15:35– Non, mais vous imaginez ?
15:36Il disait la messe,
15:37et puis alors,
15:38il était tellement autoritaire
15:40qu'on en avait peur.
15:41il était une autorité,
15:43il était grand,
15:44bien habillé,
15:45enfin, c'était le...
15:46Et il n'avait droit
15:47qu'à des...
15:48Les autres allaient
15:50dans des chapelles,
15:51vous savez,
15:51un peu dans les...
15:53Si vous connaissez
15:53Béteram,
15:54un peu dans les coins perdus,
15:56lui, il avait droit
15:57à la chapelle
15:57de l'établissement.
16:00Donc, on peut se poser
16:01des questions.
16:01– C'était un notable,
16:02quelque part.
16:03– C'était un notable,
16:03voilà, oui,
16:04on peut le désigner.
16:05Voilà, je vous avais dit
16:06le vrai mot.
16:07Pour eux,
16:07c'était le notable
16:08de service.
16:09Mais le pire
16:10dans tout ça,
16:11c'est qu'on a eu,
16:13on avait récupéré
16:14un nouveau directeur.
16:16Le nouveau directeur
16:17était ce fameux Couture
16:18qui était un tout petit bonhomme,
16:21mais habillé avec une barrette,
16:23et il avait sur la tête
16:23toujours une barrette.
16:25Parce que ça donne...
16:26Ça donne...
16:28– Un air d'autorité.
16:29– Voilà, voilà, tout à fait.
16:30– Et cet homme n'a pas été tendre
16:32avec vous,
16:33parce qu'effectivement...
16:33– Absolument pas, non ?
16:34– Oui, après 50 calvaires,
16:37vous dénoncez votre agresseur,
16:42il ne vous a jamais cru.
16:43– Mais c'est-à-dire que
16:45la seule chose qui existait
16:47à Bétaran pour nous,
16:48puisqu'on n'avait pas de rapport
16:49quasiment avec nos familles,
16:51c'était qu'on avait droit
16:52à ce qu'ils appelaient
16:54un...
16:54– Directeur de conscience.
16:57– Directeur de conscience.
16:58– Vous voyez,
16:59vous connaissez le mot.
17:00Donc le directeur de conscience
17:02était l'homme à qui...
17:04Enfin, le curé à qui
17:05on allait raconter
17:06nos misères à l'enfant.
17:08Bon, alors après,
17:09j'entends beaucoup de choses,
17:10mais en fait,
17:11on choisissait.
17:12Donc on choisissait.
17:13Moi, j'avais choisi
17:14le père d'Escomps,
17:15dont je parle qu'il doit être saint,
17:17il doit être au paradis,
17:19parce que...
17:20Quand je lui ai dit,
17:21je lui ai dit...
17:22Bon, oui.
17:22Alors, il était avec nous,
17:24il était exceptionnel, ce gars.
17:26Il nous faisait appris la géologie,
17:28il nous a appris...
17:29C'est un scientifique, hein.
17:30Et puis après,
17:31vous verrez,
17:33dans le débrouillé de sa vie,
17:36il a été...
17:38– Donc lui,
17:38c'était votre directeur de conscience.
17:39– Directeur de conscience.
17:40– Et est-ce que...
17:41À quel moment
17:41vous avez éprouvé le besoin
17:43de lui dire...
17:44– C'est-à-dire qu'au bout de...
17:44Voilà, au bout de...
17:45Au bout de tant d'années,
17:47on en a parlé entre nous,
17:49difficilement,
17:50mais on en a parlé.
17:50– Bien sûr.
17:51– Et qu'est-ce qu'il te fait ?
17:52T'as vu ce qu'il te fait,
17:53la masse ?
17:54Ouais, mais quand même,
17:55qu'est-ce qu'on peut faire ?
17:56Alors, qu'est-ce qu'on peut faire ?
17:57On n'avait pas grand...
17:58On ne pouvait pas avoir
17:59grand-chose pour se défendre.
18:01Donc, on va en parler
18:03au directeur de conscience.
18:04Bon, on y va tous.
18:06Dans les 8 ou 10 qu'on y était,
18:08je ne me souviens plus
18:10exactement du chiffre,
18:11mais enfin,
18:12de cet ordre-là.
18:13Et donc,
18:14je vais voir
18:15mon directeur de conscience
18:17et je lui dis,
18:17voilà,
18:18père Descombes,
18:19voilà ce qui se passe.
18:21La masse, la nuit,
18:22voilà ce qu'il nous fait.
18:24Il me dit,
18:24mais Jean-Marie,
18:25mais...
18:26Parce que celui-là,
18:26il ne nous appelait pas nos prénoms.
18:28Il avait cette humanité
18:30que je dis,
18:31il était très peu
18:31à avoir de l'humanité.
18:33Les autres,
18:33ils avaient...
18:34Et alors,
18:34qu'est-ce qu'il dit
18:34quand vous lui dites ça ?
18:35Et alors,
18:36il reste un peu interrogatif.
18:39Vous imaginez,
18:40un de ses collègues
18:41qui pratique
18:42ce genre de choses,
18:44puis c'était un gars
18:45qui était tellement simple,
18:47tellement à l'écoute
18:49de nous,
18:50que...
18:51vous imaginez...
18:54Et la suite a été terrible
18:55parce qu'ils vous ont fait taire
18:57et ils vous ont envoyé
18:58de force en psychiatrie.
18:59C'est terrible.
19:00Bien avant,
19:01il a fallu passer
19:02chez le directeur
19:04pour avoir...
19:05pour nous dire
19:06ce qu'il pensait de nous.
19:08Donc,
19:08les premiers qui sont passés,
19:10c'était ceux
19:11qui voulaient témoigner.
19:13Ils ont été vite...
19:13Ils ont été vite
19:15mis d'aplomb.
19:16Ils ne pouvaient pas...
19:19Ils ne pouvaient pas témoigner.
19:21On leur dit
19:21si vous témoignez,
19:22dors.
19:23Parce que c'était violent.
19:25Il ne faut pas
19:25mettre un mètre de l'art
19:26en disant...
19:27Non, non,
19:28c'était violent.
19:30Et...
19:31Donc,
19:31arrive mon tour.
19:32Je vois passer
19:33les sept ou huit
19:33bonhommes ou dix.
19:35Et...
19:36Je dis,
19:37bon,
19:37à mon tour.
19:37Le dernier qui passe,
19:38il me dit,
19:39mais...
19:39Il t'attend.
19:41Bon.
19:41J'arrive
19:42et je raconte
19:44que j'ai toujours
19:45eu un air narquois.
19:48Moi,
19:48personne ne m'est timide.
19:50Donc,
19:50j'ai gardé ça
19:51de ma grand-mère.
19:52Personne ne m'est timide.
19:54Et donc,
19:55j'arrive
19:57devant Couture
19:58et...
19:59Lui,
20:00par contre,
20:00il vous voyait,
20:01c'était...
20:02Et il me dit,
20:04ce que vous avez raconté,
20:05vous allez l'oublier.
20:07Et il ne s'est jamais
20:08rien passé.
20:09Oh !
20:10Ah ouais.
20:11Il voit mon sourire.
20:11Carrément.
20:12Ça n'existe pas.
20:13Il voit mon sourire
20:14un peu...
20:15je m'en foutiste,
20:16que j'ai gardé
20:17toute ma vie,
20:17pareil.
20:18Comment je vous dis ?
20:20Et...
20:20Et il me dit,
20:22je ne veux plus
20:22entendre parler de vous.
20:24Bon,
20:24il voit toujours
20:25que je ne...
20:26Je ne réagis pas
20:29comme il voulait.
20:30Il était petit,
20:31j'étais petit.
20:32Vous vous rendez compte
20:33d'un stage-là ?
20:34Je ne suis pas grave maintenant.
20:35Plus de 70 ans après,
20:37j'ai toujours gardé
20:38cette taille.
20:39Mais ce n'est pas grave.
20:40Je suis très content
20:41de ma taille.
20:42Et M. Bercoff,
20:43comme moi,
20:44il est d'accord avec moi.
20:45Absolument.
20:46Voilà.
20:48Donc...
20:48Mais alors justement,
20:49il vous dit ça.
20:51Il vous dit,
20:52arrêtez,
20:52ne parlez plus de ça,
20:53c'est fini,
20:54etc.
20:54Et vous,
20:55qu'est-ce que vous avez fait ?
20:56Vous ne m'avez pas...
20:57À l'époque,
20:58on ne parlait pas,
20:59on ne répondait pas.
21:00C'est ça.
21:00Voilà.
21:01Et quand il a vu que...
21:02Et comme je ne répondais pas
21:03et que je gardais
21:04cette aire narquoise...
21:06Non, j'ai compris.
21:07Mais qu'est-ce qu'il a fait ?
21:08Eh bien, il s'est levé
21:09et j'ai eu
21:11la plus belle gifle
21:12qu'on peut rêver
21:13dans sa vie.
21:15Elle vous a carrément giflé.
21:16Pas une petite gifle
21:18pour vous faire plaisir.
21:20Mais j'ai dit,
21:20mais il est brin,
21:21ce colon.
21:23Et il espérait
21:25que j'allais pleurer,
21:26que j'allais m'abaisser.
21:28Et j'ai souri.
21:29Alors ça,
21:29ça l'a mis en transe.
21:31Ça l'a mis en transe.
21:32On va avancer
21:32dans votre histoire
21:33parce que là,
21:34le temps défile rapidement.
21:37Ce que j'aimerais,
21:38un mot.
21:38Vous avez,
21:39pour vous faire taire,
21:40ils vous ont envoyé
21:42en psychiatrie.
21:43Vous êtes resté 15 jours.
21:45Qu'est-ce qui s'est passé ?
21:45Racontez-nous en quelques minutes.
21:47Quatre mots.
21:48Je tombe,
21:49je me blesse à un genou.
21:51Le médecin du quartier
21:53me met des trucs
21:55qui ne s'arrivent à rien.
21:56Pas de radio, rien.
21:58Et je me retrouve
21:59envoyé à l'hôpital.
22:01Oui, mais pas à l'hôpital.
22:03Je me retrouve
22:04qu'on me met sur un chariot,
22:06on m'emmène à l'hôpital
22:07militaire psychiatrique.
22:08J'arrive devant la porte
22:10et je lui dis,
22:11je vais où ?
22:12Je rentre là-dedans.
22:13La porte était fermée.
22:14Et je me retrouve
22:16devant des dizaines
22:17de jeunes qui arrivaient
22:18d'Algérie
22:18et qui étaient détruits,
22:21bien sûr.
22:22Et qui se battaient entre eux,
22:23qui cassaient tout.
22:24Et je me retrouve là.
22:26La bonne sœur
22:27qui était là
22:28me désigne un lit
22:29et elle me dit,
22:29tu ne bouges pas de là.
22:30Enfin, vous ne bougez pas de là.
22:32Et donc,
22:33à côté de moi,
22:34il y avait un gars
22:34qui hurlait de douleur.
22:36Il avait été émasculé
22:37par les combattants algériens.
22:39Vous imaginez,
22:40pour un gamin
22:41de mon âge,
22:41de l'âge plus âgé.
22:42Et ce qui est terrible,
22:44effectivement,
22:44vous raconter tout ça
22:45dans votre livre
22:46qui est bouleversant,
22:47on vous a shooté
22:49au tranquillisant
22:50pour vous faire taire,
22:51Jean-Marie.
22:52C'est terrible.
22:53Alors, heureusement,
22:54grâce à un médecin,
22:55effectivement,
22:55qui était révolté
22:57de vous voir dans cet état,
22:58vous allez sortir
22:59de psychiatrie.
23:0015 jours après.
23:0115 jours après,
23:02vous allez retourner
23:03chez votre grand-mère.
23:04Le problème,
23:05c'est que là,
23:06Bétharam va continuer
23:07les pressions
23:08sur vous
23:09et votre grand-mère
23:10pour vous faire taire toujours.
23:12On continue ce récit
23:13bouleversant
23:13dans un instant
23:14sur Sud Radio.
23:16La culture dans tous ses états,
23:19André Bercoff,
23:20Céline Alonso.
23:21De retour sur Sud Radio
23:23avec Jean-Marie Delbos,
23:24auteur de
23:24« Mon enfance à Bétharam »,
23:26un livre
23:26qui paraît aujourd'hui
23:28aux éditions Le Duc
23:29que vous préfacez,
23:31Arnaud Gallet.
23:31Bonjour à vous
23:32et merci
23:32de nous avoir rejoints
23:34sur Sud Radio.
23:35Alors,
23:35vous êtes cofondateur
23:36de « Move Enfants »,
23:37une association de lutte
23:38contre toute forme
23:39de violence
23:40faite aux enfants
23:41avant de parler
23:42de votre combat.
23:43Revenons à votre histoire,
23:45Jean-Marie.
23:46Vous avez été policier
23:47pendant 30 ans
23:49et ce jusqu'en 1997.
23:51En 30 ans de carrière,
23:53vous n'avez jamais pu
23:55porter plainte
23:55contre votre agresseur.
23:57Pourquoi ?
23:58Ah,
23:58c'est très simple.
24:0130 ans,
24:02ça paraît très long pour vous.
24:03Alors,
24:04pour moi,
24:05c'est encore pire.
24:07Mais dès que vous disiez
24:08« Tu vas prendre ma plainte
24:10parce que... »
24:11Ah oui,
24:11mais non,
24:12contre le curé,
24:12tu rigoles,
24:13ça ne sert à rien.
24:14Ça n'ira pas plus loin.
24:16Donc,
24:16en fait,
24:17chaque fois que je m'adressais
24:18à un collègue
24:20qui était compétent
24:22pour prendre la plainte,
24:23c'était le moment...
24:23Vous étiez déjà policier,
24:25vous parliez à des policiers,
24:26vos collègues.
24:27Je parlais à des propres collègues.
24:28Et vous disiez
24:30« Non,
24:30ça ne marche pas. »
24:31Non,
24:31laisse tomber,
24:31c'est des curés.
24:32Qu'est-ce que tu veux,
24:32aller déposer plainte
24:33contre les curés ?
24:35Donc,
24:35en fait,
24:35parce que j'ai...
24:37Vous imaginez que
24:38la parole que j'ai aujourd'hui,
24:39je l'ai toujours eue.
24:40Je comprends.
24:42Comment vous l'avez vécu,
24:43cette injustice ?
24:44Très mal.
24:46Je ne vais pas vous dire
24:47le terme que j'employais
24:48pour le désigner.
24:51Et qu'est-ce qui vous a amené
24:52à dire un jour
24:52« Ça va,
24:53maintenant,
24:53il faut que j'y aille. »
24:54Eh bien,
24:56en 2010,
24:58en 2007 exactement,
25:01en 2007,
25:01intervient le curé Laclos.
25:07Léon Laclos,
25:08qui se marie,
25:09avec qui je suis très ami,
25:10par ailleurs.
25:12Et donc,
25:12je lui écris pour lui dire,
25:15parce qu'ils lui ont fait
25:16des misères terribles aussi.
25:18Parce qu'il s'est marié.
25:19Voilà,
25:19parce qu'il s'est marié.
25:20Il a fait la plus belle chose
25:21de sa vie.
25:22Et il est marié
25:22avec une sainte femme.
25:24Si maintenant,
25:24il dira,
25:25il va m'engoler,
25:26parce que je sais
25:27ce qu'il va dire.
25:27Et donc,
25:29résultat,
25:31je lui écris,
25:32et cette lettre,
25:32elle a entraîné trois ans.
25:34Et chaque fois
25:35qu'il l'a présentée
25:36à Bétarame,
25:36il s'est fait...
25:37Il s'est fait jeter.
25:39Il s'est fait jeter.
25:40Voilà,
25:40c'est le terme.
25:41Et donc,
25:42il a envoyé cette lettre
25:43au Vatican.
25:44Donc,
25:44le Vatican
25:44a envoyé ma lettre
25:47à l'évêque
25:49de Limoges.
25:52Virénal,
25:53oui.
25:54Et donc,
25:54l'évêque de Limoges
25:55a transmis au procureur
25:56de la République
25:56qui,
25:57le procureur de la République,
25:59m'a fait entendre
26:00par les gendarmes
26:00de mon patelin.
26:02Donc,
26:02l'affaire est partie.
26:04Mais très rapidement,
26:05j'ai reçu
26:06une fin de non recevoir
26:07prescription.
26:09Et entre-temps,
26:10Bétarame avait déplacé
26:12la masse
26:13à Bethléem.
26:15Donc,
26:16vous imaginez ?
26:16Ah oui,
26:17c'est-à-dire que
26:17le père qui avait...
26:18La masse à Bethléem
26:19voulait dire en Palestine.
26:21Oui,
26:21le père qui vous a abusé,
26:23effectivement,
26:24a été exfiltré
26:26en terre sainte.
26:27Vous dites que ça,
26:29c'était une pratique,
26:30l'exfiltration,
26:31c'était une façon
26:32pour eux
26:32de protéger
26:33les prédateurs.
26:34C'est ça ?
26:35C'est terrible.
26:35Ça existait
26:36jusqu'à il n'y a pas
26:37très longtemps.
26:38Sauf que maintenant,
26:39il y a certains évêques
26:40qui ont pris la mesure
26:42de ce qui est arrivé.
26:44Moi,
26:44je suis très ennui.
26:45C'est plus difficile
26:45maintenant
26:46de cacher totalement.
26:47Je suis très ami
26:48avec Monseigneur Mika
26:50qui est le gars,
26:51le premier pour l'instant
26:52à avoir pris des mesures
26:54pour faire cesser
26:57les gens.
26:59C'est hallucinant.
26:59Vous imaginez
27:00le circuit,
27:01plus de 30 ans,
27:02plus de 33 ans,
27:03etc.
27:03donc la masse
27:05exfiltrée.
27:06Et vous,
27:06alors,
27:07quand est-ce que vous
27:07commencez à connaître
27:09une reconnaissance
27:09de tout cela ?
27:1060 ans de combat ?
27:1360 ans de combat.
27:15Pour être indemnisé,
27:16oui.
27:17Mais pas pour indemniser,
27:18déjà pour être reconnu.
27:21Indemnisé et reconnu
27:22officiellement.
27:232010,
27:26donc circuler,
27:26il n'y a rien à voir.
27:282016,
27:282017,
27:30par l'intermédiaire
27:33du curé de mon village
27:34avec qui j'avais sympathisé,
27:35qui s'est marié depuis,
27:37je vous rassure.
27:38Pas grave,
27:38maintenant,
27:39les curés se marient.
27:39Voilà,
27:40c'est très bien.
27:40Et c'est la meilleure chose
27:41qu'ils font.
27:42Et donc,
27:45l'évêque de Bayonne,
27:46avec qui j'ai un long entretien,
27:48vient manger chez moi.
27:50Moi, on vient manger
27:51pour pouvoir discuter.
27:52Donc si vous avez l'occasion,
27:54voilà,
27:54l'invitation est lancée.
27:56Mais n'étant pas l'évêque de Bayonne,
27:58j'accepte l'invitation.
27:59Voilà.
27:59Alors dites-moi,
28:00donc qu'est-ce qui s'est passé
28:01avec l'évêque de Bayonne ?
28:01Il me dit,
28:02écoutez,
28:03je vais demander à Vétarame
28:04qu'il vous envoie
28:05deux émissaires.
28:06Ils m'ont envoyé,
28:07donc,
28:09qui sont venus.
28:11D'accord.
28:12Ces deux gars sont venus.
28:14Je les ai été mal reçus.
28:17Delg et Bachot.
28:19Delg est le secrétaire général
28:20de l'organisation de Vétarame.
28:23Bachot, à l'époque,
28:24était le...
28:25D'accord.
28:26Mais dites-moi ce qui s'est passé.
28:27Eh bien,
28:27quand ils sont venus,
28:29il y en a un,
28:29j'ai cru qu'il fallait appeler
28:30le médecin,
28:30parce qu'il a eu très peur.
28:33Et parce qu'il a été
28:34violenté comme au moins.
28:36Donc vous imaginez,
28:37je lui ai dit,
28:39mais vous aussi,
28:39vous êtes passé à la casserole.
28:41Qu'est-ce que vous allez raconter maintenant ?
28:43Mais vous êtes passé à la casserole
28:44comme les autres.
28:45À l'autre,
28:45au secrétaire général,
28:46je lui ai dit,
28:47vous,
28:47vous êtes trop jeunes,
28:47il était déjà parti.
28:49Donc,
28:50ils ont été nommés par le Vatican
28:52comme commissaires enquêteurs.
28:54Vous imaginez ?
28:54Oui,
28:54une enquête canonique,
28:55effectivement.
28:56C'est une enquête canonique,
28:57mais ça n'a pas abouti,
28:59effectivement.
28:59Il faut qu'on avance dans l'histoire,
29:01là,
29:01effectivement.
29:02On va résumer.
29:03Après 60 ans de combat,
29:04donc vous avez été indemnisé
29:06à hauteur de 35 000 euros
29:07par la commission
29:09reconnaissance et réparation.
29:11Cette reconnaissance tardive,
29:13vous espériez,
29:14effectivement,
29:15à une indemnité plus élevée.
29:16Elle est de 60 000,
29:18il y a un plafond,
29:19malheureusement.
29:19J'avais tablé sur ce prix-là.
29:21C'est une évidence.
29:23Et mon confrère,
29:25elle ne va pas dire le contraire.
29:28La presse,
29:28excusez-moi,
29:29la presse en a parlé
29:31à ce moment-là.
29:32Vous avez eu des...
29:33Oui,
29:34oui,
29:34oui.
29:35Mais la presse
29:36a commencé à en parler en 2017.
29:38J'ai fait l'objet
29:39de trois premières pages.
29:41Oui.
29:42Arnaud Gallet,
29:44vous êtes,
29:45vous aussi,
29:45un survivant de violence
29:46sexuelle dans l'enfance.
29:48Vous avez aussi été abusé
29:50par un prêtre.
29:51Aujourd'hui,
29:51votre combat,
29:52c'est la protection de l'enfance.
29:54Vous préfacez le livre
29:56de Jean-Marie Delbos,
29:58l'histoire de Jean-Marie Delbos.
30:01Elle illustre quoi
30:02de notre époque ?
30:03Elle illustre quelque chose
30:04qui n'est pas fini.
30:05Elle illustre le fait
30:06qu'il y a eu dans ce pays
30:06330 000 victimes
30:08de pédocriminalités
30:08dans l'église
30:09en 70 ans,
30:1013 enfants par jour.
30:11Il y en a eu 108 000
30:12dans des établissements privés
30:13sous contrat,
30:14comme Béteram,
30:15avec ou sans contrat,
30:16d'ailleurs,
30:16au passage.
30:18Et il ne se passe absolument
30:20rien dans le pays.
30:20Vous voyez,
30:21je vous entendais
30:22en termes de reconnaissance,
30:24justement.
30:25Intéressant,
30:25le terme de reconnaissance.
30:26Ce n'est pas la justice
30:27qui a reconnu,
30:27c'est l'église.
30:29Par le biais d'une commission
30:30indépendante,
30:30ce qui devrait nous interroger
30:31théoriquement.
30:32C'est-à-dire que dans un...
30:33Abdication de l'État ?
30:33Attends,
30:34de la justice.
30:35La justice n'a pas reconnu
30:37jusqu'ici rien.
30:38Rien.
30:39La seule qui a reconnu,
30:40c'est l'église.
30:41Moi, je fais partie
30:41des 22 signalements
30:42qui ont été faits
30:42par la commission indépendante
30:43sur les abus sexuels
30:44dans l'église.
30:45J'ai eu un plafond,
30:47comme ils l'ont appelé,
30:48de 60 000 euros.
30:48Mais rien que ça,
30:49si vous voulez,
30:49vous le dites comme ça,
30:50c'est une remise en question
30:51d'un principe de droit fondamental
30:52qui s'appelle
30:53la réparation intégrale.
30:55Je m'explique,
30:55je vais très vite.
30:56Vous traversez la route,
30:58paf,
30:58vous vous faites shooter
30:59par une voiture,
30:59vous avez une jambe en moins.
31:00C'est pas ce que je suis,
31:01t'es d'accord ?
31:01On touche du bois.
31:02Qu'est-ce que fait la justice ?
31:03Elle va vous dire,
31:04ben voilà,
31:05pour la jambe,
31:06vous avez le droit à temps,
31:07vous pouvez plus faire du sport,
31:08vous avez le droit à temps,
31:08plus aller chercher un moment.
31:09Bref,
31:09l'intégralité d'un préjudice
31:10au regard aussi de votre salaire,
31:11etc.
31:12Parce que la justice,
31:13elle est individuelle,
31:14elle dépend de chacun,
31:15elle est singulière.
31:16Elle est la géométrie variable.
31:17Exactement.
31:18Non, mais ce qui est normal,
31:19c'est-à-dire que,
31:19on prend voilà.
31:21C'est pas du tout
31:21ce qui s'est passé avec nous.
31:22Nous, victimes de pédocriminalité
31:23dans l'église,
31:24c'est qu'un crime de masse,
31:25voire un crime contre l'humanité.
31:26Pourquoi crime contre l'humanité ?
31:28Parce que c'est une discrimination,
31:29une discrimination déjà
31:30parce que ce sont des enfants.
31:31C'est un crime contre l'humanité.
31:31Bien sûr, absolument.
31:32Il ne se passe absolument rien
31:34et je me permets de dire
31:35ce que vous disiez tout à l'heure
31:36par rapport aux prêtres
31:36qui se déplacent,
31:37je vous reprends,
31:38je suis entièrement...
31:40Je ne suis pas d'accord avec vous.
31:41Nous-mêmes,
31:41avec Nouveau Enfant,
31:42on se déplace aujourd'hui
31:43pour aller justement
31:44à la rencontre de prêtres.
31:45Il y en a un à Versailles,
31:46c'est pas très loin d'ici,
31:47qui aujourd'hui a été muté,
31:48il vient du sud de la France.
31:50Les victimes ont 21 ans et 30 ans,
31:53donc ça se passe en 2025.
31:58C'est ce qu'on dit.
32:01Et c'est pour ça que c'est scandaleux,
32:03c'est inacceptable.
32:03Je vais vous dire,
32:04ce qui devrait se passer
32:04théoriquement dans ce pays,
32:06c'est que quand vous avez
32:07un crime de masse
32:08de cette envergure-là,
32:10en fait, l'État doit prendre sa part.
32:11C'est ce qu'a fait l'Australie.
32:12L'Australie,
32:12ils ont été confrontés
32:13à des scandales quasiment
32:14d'une même ampleur,
32:16un peu moins d'ailleurs
32:16parce que les chiffres
32:17étaient un peu moindres.
32:17Ils ont mis en place
32:18150 réunions publiques,
32:20l'État était sur le devant
32:21de la scène,
32:21la justice, tout le monde,
32:22tout le système qui a failli
32:23pour plus jamais
32:24que ça se reproduise.
32:25La France,
32:26Béteram,
32:26la pseudo-commission
32:27qui s'est mise en place
32:28actuellement,
32:29qui est animée
32:29par une association,
32:32je peux vous dire
32:33qu'aujourd'hui,
32:34le rectorat, par exemple,
32:34n'y participe pas.
32:35Vous trouvez ça normal, vous ?
32:36Le rectorat, par exemple,
32:37il n'a pas fait de contrôle
32:38sur Béteram,
32:38il devrait rendre des comptes
32:39publiquement,
32:40c'est la moindre des choses.
32:41Non, ce n'est pas le cas.
32:43Je suis désolé,
32:43ça veut dire qu'on n'a pas
32:44compris aujourd'hui
32:45et c'est pour ça
32:46qu'effectivement,
32:46je préface cet ouvrage-là
32:48mais je dis que,
32:49attention,
32:50c'est toujours dans le présent,
32:51c'est le présent perpétuel
32:52des victimes.
32:53Et oui,
32:53et vous dites ceci,
32:54effectivement,
32:54dans la post-phase du livre,
32:55effectivement,
32:56de Jean-Marie Delbose,
32:57vous écrivez ceci
32:58à propos de François Béroux.
33:00S'il avait fait son travail,
33:02s'il avait dit
33:02je m'excuse auprès des victimes,
33:05je reconnais leur peine,
33:06on n'en serait pas là.
33:07Bien sûr,
33:08c'est une évidence absolue
33:09et on a bien vu
33:10que François Béroux,
33:11il a quand même dit,
33:11je me rappellerai toute ma vie,
33:12même d'ailleurs,
33:13quand il est sorti,
33:14même sous le perron
33:18comment je découvre
33:19un continent inconnu ?
33:21Comment il peut découvrir
33:21un continent inconnu ?
33:24Par exemple,
33:24quand il y a eu
33:25autant de victimes,
33:25330 000 victimes
33:26de pédocrinialité dans l'église,
33:28on parle de 11%
33:28de la population française
33:29victime de violences sexuelles
33:30dans son enfance
33:31et on a un Premier ministre
33:32qui dit qu'il découvre
33:33un continent inconnu.
33:33Jean-Marie Delbose,
33:34j'aimerais savoir,
33:35en avril,
33:36Jean-Marie,
33:37je voudrais me le faire réagir
33:38sur François Béroux
33:38parce qu'en avril 2024,
33:40vous lui avez écrit une lettre
33:42pour lui raconter
33:42votre histoire.
33:44Il ne vous a jamais répondu.
33:46Jamais répondu,
33:47et qui plus est pire,
33:50Vanier, le député,
33:52lui a présenté ma lettre
33:53à l'Assemblée nationale.
33:55On voit mon nom.
33:56Sur la lettre,
33:57on voit mon nom.
33:58Ils ont barré mon adresse,
33:59mais ce n'est pas grave.
34:00Ils auraient pu la laisser.
34:02Et Béroux n'a pas eu de réaction.
34:04Mais le pire,
34:06c'est que récemment,
34:08on a été au conseil municipal
34:09de Pau,
34:10il y a trois semaines.
34:12On a été conviés
34:14par des gens de...
34:15mais mon avocat,
34:17Blanco,
34:17Maître Marbeau,
34:19qui s'avère être dans l'opposition
34:21à Béroux.
34:22Et on était trois victimes.
34:23Donc, on était trois
34:25dans le...
34:25Dans le carré...
34:26Trois victimes de Bétharam,
34:27le même moment.
34:27Voilà, on était trois victimes là.
34:30Et donc,
34:33Béroux a pris la parole.
34:34Bon, il voulait à tout prix
34:35monopoliser le...
34:38On peut imaginer.
34:39Et donc, le premier,
34:41c'est Marbeau qui a pris la parole
34:43et qui a dit, voilà,
34:46il a raconté...
34:46Ils se sont attaqués
34:47sur divers sujets.
34:48Mais il a dit,
34:49on a trois victimes de Bétharam.
34:51Et je voudrais,
34:52M. le maire,
34:53que vous en parliez.
34:55Il a éludé la question,
34:57bien évidemment.
34:58Donc, après,
34:59c'est Mme Gisberg,
35:02qui est là,
35:02une dame de l'opposition,
35:04enfin,
35:04qui est commerçante,
35:06qui a été mise en cause
35:07par le nommé Péresse.
35:09Je dis le nom.
35:11Qui nous a insultés,
35:12parce que nous,
35:12il nous a insultés.
35:13Et Beyrou a dit,
35:16c'est qu'il faut l'entendre,
35:18il insulte
35:20les gens de l'opposition
35:21et les victimes de Bétharam
35:23devant Beyrou.
35:26Et Beyrou,
35:27il n'a rien dit.
35:28Bon, moi, je dis,
35:28mais là, il va agir.
35:30Il n'a pas réagi.
35:31Vous savez ce qu'il a dit ?
35:32Non, mais vous rêvez, là.
35:33Qu'est-ce qu'il a dit ?
35:34Mais on le cherche,
35:36mais on le trouve.
35:38Quand on le cherche,
35:39mais on le trouve.
35:39Parce qu'il avait l'air de dire
35:41que c'était de notre faute.
35:43Terrifiant.
35:46Si tu permets,
35:47je voudrais quand même
35:48poser une question.
35:50Si tu permets.
35:52Moi, je voudrais comprendre
35:53quelque chose
35:53par rapport à ce que
35:54vous venez de dire.
35:55Qu'est-ce que ça veut dire
35:5630 000 euros ?
35:58Qu'est-ce que ça veut dire
35:5860 000 euros ?
35:59Pardon, c'est ça
36:00la question importante.
36:01Qu'est-ce que ça veut dire ?
36:02Qu'est-ce que ça veut dire ?
36:04Qui évalue quoi ?
36:06Ça ne veut rien dire,
36:07en fait.
36:07Il a vécu ce qu'il a vécu.
36:09Vous avez vécu ce que vous avez vécu.
36:10Je veux savoir,
36:11je ne dis pas que c'est
36:12pas cher ou pas cher.
36:13Qu'est-ce que ça veut dire ?
36:14En fait, on ne sait pas.
36:15En fait, c'est au doigt mouillé.
36:16Et quand vous avez
36:17même la notification
36:18de la CRR...
36:19Oui, c'est-à-dire
36:19qui les cibles, pardon ?
36:20En fait, c'est un commissaire
36:21qui présente quelque chose
36:22et c'est la CRR.
36:23En fait, ils font une expérience
36:25de justice restaurative
36:26comme si les victimes
36:26n'avaient pas suffisamment
36:27subi une expérience.
36:29Vous voyez ce que je veux dire ?
36:29Donc, c'est terrible.
36:30Et finalement,
36:31l'État français,
36:32je le dis parce que
36:33nous, on a alerté
36:34l'Élysée sur ces questions-là.
36:36On a alerté
36:36la délégation interministère
36:43et donc, ça continue.
36:43Ça veut dire que la seule chose
36:44qu'on fait, finalement,
36:45comme si les victimes
36:46qu'on cherchait uniquement,
36:47c'était une reconnaissance financière.
36:50C'est ça que ça s'est dit.
36:52Et donc, on ne sait pas.
36:54Moi, on m'a dit
36:54que j'étais au plafond
36:55parce que je fais partie
36:56des 22 signalements.
36:57C'est ça, j'adore le plafond.
36:58Ce que vous avez vécu,
36:59on s'en fout.
37:00Ce qu'il a vécu,
37:00on s'en fout.
37:01C'est 30 000, 60 000
37:02de l'avouillé.
37:04En tout cas,
37:05depuis que l'affaire
37:06Betaram a éclaté,
37:07plus de 200 plaintes
37:08ont été enregistrées.
37:10Aujourd'hui,
37:10avez-vous peur
37:11d'un nouveau Betaram ?
37:12On en parle
37:13dans un instant
37:14sur Sud Radio.
37:16La culture
37:17dans tous ses états.
37:18André Bercoff,
37:20Céline Alonso.
37:21On continue notre discussion
37:22sur la pédocriminalité
37:24dans l'église
37:24avec nos invités
37:25Jean-Marie Delbos
37:26et Arnaud Gallet.
37:28Alors, aujourd'hui,
37:29Betaram continue
37:29de fonctionner tranquillement.
37:31Cet établissement
37:32reste encore sous contrat
37:33avec l'éducation nationale
37:34et dispose d'un agrément
37:36jeunesse et sport
37:37lui permettant
37:37d'accueillir
37:38des groupes d'enfants.
37:40On marche sur la tête.
37:41Voilà.
37:42C'est fini.
37:43Mais non, Betaram,
37:43il ne se passe plus rien,
37:44Betaram, je suppose.
37:45Qu'est-ce qu'on en sait ?
37:46On en sait rien.
37:47On n'en sait rien.
37:48Ah non, on n'en sait rien.
37:49Qu'est-ce qui nous permettrait
37:51d'affirmer ?
37:53Enfin, je veux dire,
37:53si c'est la parole
37:54de la congrégation
37:55qui nous dit aujourd'hui
37:56il n'y a plus rien,
37:57est-ce qu'eux sont
37:58suffisamment légitimes
38:00pour qu'on puisse les croire ?
38:02Non, ils ne sont pas légitimes.
38:03Non, mais franchement,
38:04c'est une blague.
38:05Parce qu'il y a une école maternelle,
38:07il y a un collage indissé
38:09et deux lycées même
38:10au sein de Betaram aujourd'hui.
38:12Et je vous fais quand même remarquer
38:13qu'il y a quelques années,
38:14je n'ai plus la date exactement,
38:16il y a eu aussi
38:16une défaite de violence sexuelle
38:17sur un jeune.
38:18Il n'y a pas très longtemps.
38:19Oui, en 2020.
38:20A Betaram.
38:20A Betaram.
38:21Vous voyez, c'est fini ?
38:22Non, ce n'est pas fini.
38:23En fait, on n'en sait rien
38:24et donc il y a toujours un contrat.
38:25Il y a toujours,
38:26et on a bien vu d'ailleurs
38:27que même l'inspection
38:27qui avait été menée,
38:28elle est un peu remise en question,
38:29y compris par les inspecteurs
38:30eux-mêmes, etc.
38:31Enfin bref, on voit bien,
38:32c'est un fiasco total.
38:34Et ce n'est pas fini.
38:34La seule chose aujourd'hui,
38:35c'est que François Bayrou
38:36n'est plus Premier ministre
38:37et donc ça signifie que
38:38ça enterre en fait
38:39comme systématiquement
38:40sur les violences sexuelles.
38:41Donc il va falloir qu'on y retourne,
38:42il va falloir qu'on attend
38:44qu'il y ait un nouveau scandale
38:45parce que ça n'a pas suffi.
38:46Et donc pour que les victimes
38:47prennent encore une fois la parole
38:48parce que ça ne suffit pas
38:49en fait de souffrir
38:50en plus qu'on s'expose publiquement
38:51pour être en capacité
38:52que ça ne se reproduise plus jamais.
38:53Mais ça doit être difficile
38:54de prendre la parole en plus.
38:56Ce n'est pas simple.
38:56Je pense que ce qu'on ne réalise pas,
38:58là on a très souvent la société
38:59qui nous dit
39:00c'est courageux, etc.
39:01Je pense que c'est plus que courageux
39:02c'est politique en réalité.
39:03Et le courage là où il manque aujourd'hui
39:05c'est du côté des politiques.
39:06Je pense que c'est ça l'enjeu.
39:07Et l'urgence,
39:08il y a vraiment urgence
39:09à fermer Bétarame,
39:11Jean-Marie Delbos.
39:12Vous parlez effectivement
39:13de près de cette congrégation
39:15qui sévise aussi
39:16sur d'autres continents,
39:18Afrique, Asie.
39:20Sur d'autres continents,
39:21on en a les preuves.
39:22On a des victimes
39:23dans certains pays africains.
39:26Et donc vous imaginez
39:27dans certains pays africains,
39:29ils faisaient du social.
39:30Donc vous imaginez
39:31ces pauvres gamins
39:32bon, africains.
39:34Et bien voilà,
39:35on en est là.
39:36On en est là.
39:37Et qu'est-ce qui va être fait ?
39:38J'ai lancé une pétition
39:40et Arnaud en a lancé une autre.
39:42Mais cette pétition,
39:44il y a des milliers de gens.
39:45Mais cette pétition,
39:48elle avait pour but
39:49que les gens prennent conscience
39:51que Bétarame,
39:52il faut la fermer.
39:54Parce que Bétarame...
39:55Oui, vous, vous êtes
39:56pour faire Bétarame aussi.
39:57Ah, il faut fermer.
39:58Mais parce que,
39:59comme dit Arnaud,
40:00ils trouvent des subsides
40:02depuis de l'administration
40:04dont l'État
40:06leur donne de l'argent.
40:06Moi, je pense même,
40:09si tu veux, Jean-Marie,
40:09je pense qu'au-delà de ça,
40:10à mon sens,
40:11il y a même quelque chose
40:11qui serait de l'ordre,
40:12du bon sens
40:13et de la dignité
40:14pour les victimes.
40:14C'est-à-dire,
40:15comment un établissement
40:15qui a fait autant de massacres
40:17d'enfants
40:18pendant tant d'années
40:19sous les yeux de tout le monde
40:20parce que la société savait,
40:22comment se fait-il,
40:23en fait,
40:23que symboliquement,
40:24on regarde les chiffres
40:25qu'on connaît aujourd'hui
40:25des violences faites aux enfants.
40:26Je rappelle qu'il y a un enfant
40:27toutes les trois minutes
40:28qui est victime de violences sexuelles,
40:29qu'il y a un enfant
40:30qui meurt tous les cinq jours
40:30sous les coups de ses parents.
40:31C'est ça,
40:32les chiffres,
40:32en fait,
40:32en France.
40:33Peut-être qu'il serait peut-être
40:33temps de fermer ce type de lieu,
40:35Bétarame,
40:36le village d'enfants de Réaumont.
40:37Bref,
40:37on peut en mettre partout
40:37dans tous les départements
40:38et on en fait,
40:39pourquoi pas,
40:40de la prévention.
40:40Un lieu où vous allez
40:41avec les gamins,
40:42j'en sais rien,
40:42comme un lieu...
40:44Surtout,
40:44ce qui est scandaleux,
40:45c'est que votre agresseur
40:46vit toujours à Bétarame.
40:47Alors là,
40:49je peux en parler.
40:50Est-ce qu'il a reconnu son crime ?
40:52Je peux en parler,
40:52j'ai été dans le bâtiment
40:54où il habite.
40:55Oui, c'est ça.
40:56Donc je suis monté
40:56par Superfuge,
40:57bien évidemment.
40:59Quand Arnaud est venu,
41:00j'avais déjà été le voir.
41:01Vous parlez donc
41:02de ce père-là ?
41:03Ce père Lamas,
41:04il existe toujours.
41:05Il est là,
41:05il vit là
41:06et il a reconnu...
41:08Face à l'établissement scolaire.
41:10Il est dans un EHPAD,
41:11ouais.
41:12Il a reconnu,
41:13Maman Biolet,
41:14il a tout reconnu
41:15et bon...
41:17Il a été,
41:17alors,
41:18attendez,
41:18attendez,
41:19il a été sanctionné ?
41:21Quelle sanction il a eue ?
41:23Il a reconnu,
41:24vous dites ?
41:24Ça veut dire quoi,
41:25sanction,
41:25Gérard Monsier ?
41:26Je ne sais pas,
41:26je veux savoir.
41:27Est-ce qu'il y a eu une sanction ?
41:28Mais si on prend...
41:28Quel corps de ce soit ?
41:30Est-ce que ce n'aurait été fonctionné ?
41:32Si on prend le mot sanction
41:33dans ce qu'il dit,
41:36il a fallu attendre 2025
41:38pour qu'il soit mis en garde à vue
41:41et qu'il revienne
41:43et qu'il puisse reprendre
41:44et on lui a interdit
41:47de reprendre ses activités religieuses.
41:49Mais jusqu'à ce moment-là...
41:51Jusqu'à 2025,
41:52c'est-à-dire cette année...
41:52Jusqu'à 2025,
41:53il faisait la messe.
41:55Mais il avait été interdit
41:56pour ton avance à la messe.
41:57Il avait été interdit en 2017.
41:58Il l'asait quand même.
41:59Et il a continué.
42:01Alors,
42:01quand le directeur général
42:03à Seine
42:03est venu de Paris,
42:05de Rome,
42:06me voir,
42:07il me dit,
42:07je vous promets,
42:09ça y est,
42:09il ne fera plus rien.
42:11Oh,
42:11j'avais des promesses terribles.
42:13Mais Internet est magnifique.
42:15Enfin,
42:15Facebook.
42:16Je me branche sur Facebook
42:17deux jours après.
42:19Qu'est-ce que je le vois ?
42:20en grade de tenue
42:21qu'on célébrait
42:23à Bethléem.
42:24Non,
42:24mais à Bethléem,
42:25en plus,
42:25si vous prenez
42:26la vie religieuse,
42:27Bethléem,
42:28quand même,
42:28ça représente
42:29la naissance
42:30de...
42:30C'est terrible.
42:31Aujourd'hui,
42:32Jean-Marie,
42:32les victimes qui vous entendent,
42:34qu'avez-vous envie
42:35de leur dire ?
42:36Et je vais leur dire,
42:38au lieu de vous battre
42:39entre vous,
42:41eh bien,
42:41unissez-vous
42:42pour vous battre.
42:43Ne vous dispersez pas.
42:46Et faites,
42:47moi,
42:47je...
42:48Moi,
42:48en fait,
42:49je n'ai rien à faire là-dedans.
42:50J'ai été indemnisé.
42:51Mais moi,
42:51je suis là
42:52pour que ça ne...
42:53Comme Arnaud.
42:54Arnaud est plus fort que moi,
42:55d'ailleurs.
42:56Mais pour que ça n'arrive plus.
42:58Donc,
42:58les victimes
42:59qui se signalent maintenant...
43:01Alors,
43:01j'entends divers procédés.
43:05Mais les victimes,
43:06il faut qu'ils fassent corps.
43:08Il ne faut pas qu'ils se mettent
43:09les uns contre les autres.
43:12Et donc,
43:12c'est vrai que,
43:14moi,
43:14maintenant,
43:14je continue le combat.
43:17Comme j'ai dit...
43:19Vous avez fait ça avec votre livre.
43:20Vous continuez le combat avec votre livre.
43:22Alors,
43:22Arnaud Gallet,
43:23qu'est-ce qu'il faut faire aujourd'hui ?
43:24Il y a beaucoup de choses,
43:25mais qu'est-ce qu'il faut faire
43:26qui vous paraît...
43:28Je veux dire,
43:28on ne va pas sortir la paix du chapeau.
43:30Il n'y a pas de solution.
43:31Miracle,
43:31on le sait devant ce drame.
43:33Qu'est-ce qui vous paraît
43:33le plus important
43:34pour au moins en diguer un peu,
43:36sinon,
43:37d'y paraître ?
43:38Nous,
43:38on appelle de notre vœu
43:39à mettre en place
43:39ce qu'on appelle
43:39une justice transitionnelle.
43:41Ce n'est pas nous
43:41qui avons inventé ce terme,
43:42c'est l'ONU.
43:43L'ONU a dit
43:44que quand il y avait
43:44un massacre de masse,
43:45il fallait faire
43:45une justice transitionnelle
43:46qui s'appuie
43:47suivant quatre axes.
43:48Un premier axe
43:48qui s'appelle vérité.
43:49C'est-à-dire qu'on fait
43:49la vérité sur ce qui s'est passé,
43:51sur le procès de Zélie,
43:51etc.
43:52Et on le rend public.
43:53Un deuxième axe
43:54qui est également fondamental,
43:56c'est l'axe de justice.
43:56Est-ce qu'on est suffisamment
43:57outillé aujourd'hui
43:58pour juger ?
43:58Est-ce qu'on pose
43:59la question de l'imprescriptibilité,
44:01par exemple ?
44:01La question de la non-dénonciation
44:02de crime ?
44:03Est-ce qu'on allonge les délais ?
44:04Enfin, bref,
44:05différentes questions là-dessus.
44:06Un troisième axe
44:06qui est fondamental,
44:08c'est celui de la réparation.
44:09Réparation individuelle
44:10et réparation collective.
44:12Réparation collective,
44:13c'est important.
44:14Ça rejoint ce qu'on disait
44:15tout à l'heure,
44:15c'est-à-dire qu'on peut
44:15fermer Bétara,
44:16mais en faire autre chose.
44:17On fait une réparation collective.
44:18C'est-à-dire que la société
44:18se souvient.
44:19On ne ferme pas juste
44:20en mettant un rideau,
44:21non, parce qu'on est toujours
44:22dans l'ordre.
44:22On leur fait la cifre
44:23de prévention ou autre.
44:24Et quatrième axe
44:25qui est tout à fait fondamental,
44:27bien évidemment,
44:27c'est la prévention
44:28et c'est la prise en compte
44:29de la parole des victimes
44:30pour éviter que ça se reproduise
44:31de nouveau.
44:32Et là, effectivement,
44:32on est dans quelque chose
44:33où on se dit que...
44:34Et c'est pour ça
44:35que les victimes parlent.
44:36Moi, je me permets
44:37de le dire ici,
44:38j'ai été membre
44:38de la Commission indépendante
44:39sur l'inceste
44:39et les violences sexuelles
44:40faites aux enfants.
44:41On a intitulé notre rapport
44:42« Je parle pour moi
44:44et pour protéger les autres ».
44:46Oui.
44:46Jean-Marie Delbos,
44:47aujourd'hui,
44:48qu'est-ce qui pourrait effacer
44:50toutes ces cicatrices ?
44:52Alors, je vais vous donner
44:53la même réponse
44:54que j'ai donnée
44:55au juge de la Cour
44:57d'appel de l'instruction
44:58à la peau
44:58il y a quelques mois,
45:00si tu m'en mets.
45:01Mais je vais vous dire,
45:05je vous raconterai
45:05que quand on est
45:08fermera la porte du four,
45:09j'ai dit à la Présidente,
45:10vous savez,
45:11Madame la Présidente,
45:12elle m'a posé
45:13la même question que vous.
45:14Oui, et qu'est-ce qu'elle a ?
45:15Ou alors votre réponse ?
45:16Et je lui ai dit,
45:16vous savez,
45:16Madame la Présidente,
45:18quand ils fermeront
45:18la porte du four,
45:20il faut qu'ils veillent
45:21à la fermer rapidement.
45:23Parce que même
45:23à la porte du four,
45:25on m'entendra parler.
45:28Oui, parler.
45:29Merci pour votre témoignage,
45:30Jean-Marie Delbos.
45:32Je rappelle,
45:33mon enfance à Bétaram
45:34qui est sortie hier,
45:36non, pardon,
45:36aujourd'hui,
45:37aux éditions Le Duc,
45:38merci à vous,
45:40Arnaud,
45:40d'être venu sur la radio
45:42et bravo à vous
45:43pour ce combat magnifique
45:44que vous menez
45:45pour les enfants.
45:46Merci.
45:47Adichard Bounda.
45:48Avec terredefrance.fr,
45:50le premier site d'articles
45:52français et patriotes.
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