- il y a 6 semaines
Plus de 3 000 habitants de France, des Ardennes, de la Meuse et des Vosges, sont aujourd’hui privés d'eau potable. Interdiction de boire l'eau du robinet à cause d'une pollution aux PFAS, ces polluants éternels, qui ont contaminé les eaux souterraines.
D'autres polluants contaminent notre eau, classés dans 5 principales catégories par Générations Futures et Data For Good, qui recensent les analyses d’eau du robinet de toute la France sur une carte intéractive, Dans Mon Eau.
On s'est donc posé la question : aujourd’hui, en France, peut-on encore boire l’eau du robinet ?
Quels polluants contaminent notre eau ? Comment se retrouvent-ils dans notre robinet ? Que faire pour se protéger ?
Manon Zakeossian, de l’Eau de Paris, et Anne-Charlotte Beaugrand, agricultrice bio à la ferme de La Tessonnerie, nous livrent des clés de compréhension sur la protection de cette ressource, aujourd'hui menacée.
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D'autres polluants contaminent notre eau, classés dans 5 principales catégories par Générations Futures et Data For Good, qui recensent les analyses d’eau du robinet de toute la France sur une carte intéractive, Dans Mon Eau.
On s'est donc posé la question : aujourd’hui, en France, peut-on encore boire l’eau du robinet ?
Quels polluants contaminent notre eau ? Comment se retrouvent-ils dans notre robinet ? Que faire pour se protéger ?
Manon Zakeossian, de l’Eau de Paris, et Anne-Charlotte Beaugrand, agricultrice bio à la ferme de La Tessonnerie, nous livrent des clés de compréhension sur la protection de cette ressource, aujourd'hui menacée.
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NewsTranscription
00:00Actuellement, on ne peut pas produire de l'eau sans traitement.
00:03Principalement, ce qui va toucher ces ressources-là,
00:05ce sont des contaminations d'origine agricole.
00:09C'est quand même aberrant de ne pas avoir cette clairvoyance
00:12et de niveler tout vers le bas.
00:14On ne peut pas se permettre d'avoir des déconversions en bio actuellement.
00:16Ça montre que les actions qui sont menées ont un impact sur la qualité de l'eau.
00:19On a une action en cours,
00:21notamment sur l'extension d'une plateforme pétrolière dans le secteur.
00:25Plus de 3 000 habitants de France, des Ardennes, de la Meuse et des Vosges,
00:28sont aujourd'hui privés d'eau potable.
00:30Interdiction de boire l'eau du robinet à cause d'une pollution aux PIFAS,
00:34ces polluants éternels qui ont contaminé les eaux souterraines.
00:36Pour alerter sur la situation,
00:38les maires de 3 de ces communes ont fait tester leur sang
00:40et révèlent les résultats des analyses.
00:42Ils sont massivement contaminés par les PIFAS.
00:45Je me suis donc posé la question.
00:47Aujourd'hui, en France, peut-on encore boire l'eau du robinet ?
00:49On vous explique.
00:54D'abord, on peut se demander quels polluants contaminent notre eau.
00:57Il y en a une multitude, classée dans 5 principales catégories,
01:01par Génération Futur et Data for Good,
01:03qui recensent les analyses d'eau du robinet de toute la France,
01:06sur une carte interactive, dans mon nom.
01:08En rouge, les situations pour lesquelles l'eau devrait déconseiller
01:11ou interdite à la consommation,
01:13d'après les recommandations du ministère de la Santé.
01:15Les premières substances chimiques quantifiées sont les pesticides et leurs métabolites,
01:19soit leurs résidus issus de leur dégradation.
01:21Ce sont des herbicides, insecticides ou fongicides contenus dans les produits phytosanitaires
01:26utilisés en agriculture ou même ceux utilisés à domicile.
01:30J'ai croisé ces données avec celles disponibles directement sur le site de l'ARS,
01:33l'agence régionale de santé,
01:35qui met à disposition les analyses d'eau commune par commune.
01:38Le pesticide principal retrouvé dans les dernières analyses de 2023
01:41était le chlorothalonil,
01:43une substance incolore et inodore utilisée pour lutter contre les champignons
01:46qui causent les maladies des plantes,
01:48comme le mildiou, l'oïdium ou les moisissures.
01:50Mais beaucoup d'autres résidus apparaissent sur des listes interminables.
01:53Ensuite, les nitrates.
01:5588% des nitrates seraient dus aux épandages de lisiers
01:58ou d'engrais azotés de synthèse dans les champs.
02:00Ces derniers, une fois absorbés, sont dangereux pour la santé.
02:03Puis, le chlorure de vinyle monomère et les perchlorates.
02:06Le CVM est utilisé dans les fabrications des canalisations des années 80
02:10et les perchlorates sont des celles utilisées dans de nombreuses applications industrielles,
02:14agricoles ou militaires, notamment celles de la Première Guerre mondiale.
02:17Enfin, ce qui alerte particulièrement les autorités et sont au cœur des scandales,
02:22les substances PER et polyfluoralkylées, les fameux PIFAS.
02:26Les PIFAS sont utilisées depuis les années 50 pour leurs propriétés antiadhésives,
02:30imperméabilisantes et résistantes aux fortes chaleurs.
02:33Elles sont présentes dans de nombreux textiles,
02:35emballages alimentaires, lubrifiants, composants électroniques,
02:37mais aussi dans les pesticides, les mousses anti-incendies ou même les fluides réfrigérants.
02:41Le plus connu et le plus retrouvé dans l'eau est le TFA.
02:44Une exposition au PIFAS a été associée à des risques accrus de certains cancers,
02:48comme celui du sein, des reins ou des testicules et d'impact sur les fœtus.
02:51Mais comment ces polluants se retrouvent-ils dans notre eau ?
02:54Nous sommes partis à la rencontre de Manon Zaké-Ossian,
02:56responsable de la protection de la ressource à l'eau de Paris.
03:03Donc ici, nous sommes sur la source de Villeron,
03:06qui contribue à l'alimentation en eau potable de la ville de Paris.
03:09Donc nous sommes dans le sud de Seine-et-Marne.
03:14Cette ressource, elle produit à peu près 17 000 m3 par jour en moyenne.
03:19Sur cette ressource, on a en amont toute une zone d'alimentation du captage,
03:23qui fait 30 000 hectares, donc c'est une surface quand même très importante,
03:26sur laquelle n'importe quelle goutte d'eau qui va tomber sur cette aire d'alimentation
03:30va rejoindre la source à un moment ou à un autre.
03:32Donc ce qui est intéressant en termes de protection de la ressource en eau,
03:35c'est toutes les actions qu'on va pouvoir mener sur ce périmètre de 30 000 hectares.
03:39Là, on a une source qui est une émergence naturelle,
03:44c'est-à-dire qu'avant qu'il y ait l'ouvrage de captage tel que vous le voyez là,
03:47il y avait une sorte de lac dans lequel l'eau sortait naturellement.
03:52L'eau du robinet est produite à partir d'eau prélevée par un captage dans une nappe souterraine,
03:56c'est le cas de 96% des captages en France,
03:59ou dans une ressource superficielle d'eau douce, comme les fleuves, lacs ou barrages.
04:02Ils sont moins nombreux, mais ils représentent tout de même un tiers des volumes d'eau captée.
04:06Certaines zones de captage sont moins protégées que d'autres aux pollutions extérieures.
04:10C'est le cas par exemple de certaines zones situées en dessous des terres agricoles conventionnelles
04:14ou à proximité d'industrie.
04:16Ces substances toxiques se retrouvent dans les ressources en eau par ruissellement, infiltration ou rejet direct.
04:21Si l'environnement de ce captage-là a l'air d'être une zone très naturelle et préservée,
04:26on est vraiment sur la zone très très proche, le périmètre de protection immédiate qui protège le captage.
04:31Et au-delà, sur l'air d'alimentation de captage, on est en zone rurale.
04:34Donc l'activité principale est l'activité agricole.
04:37Et donc naturellement, on a une influence de l'activité humaine sur ces ressources-là.
04:43Et donc, principalement, ce qui va toucher ces ressources-là, ce sont des contaminations d'origine agricole.
04:48Anne-Charlotte, agricultrice à la ferme de la Tessonnerie, à 50 km de la source de ville-mer,
04:53cultive en bio sur une zone de captage.
04:55Bonjour à tous, bienvenue sur la ferme de la Tessonnerie.
04:58Je suis Anne-Charlotte Beaugrand et je suis agricultrice en agriculture bio sur 150 hectares.
05:03En 2018, j'ai repris l'exploitation familiale qu'on a convertie au bio.
05:08Donc on cultive désormais sur 150 hectares en agriculture bio avec un changement de pratique et de technique.
05:16C'est vrai qu'on a une volonté de transmettre notre savoir.
05:19Et donc on ouvre la ferme lors d'événements un peu pédagogiques pour communiquer sur tous les enjeux de l'agriculture et de l'eau.
05:28Pour vous positionner, là c'est l'air d'alimentation de captage et nous on se situe juste ici.
05:34La contamination d'origine agricole se constitue de pesticides, résidus de pesticides et de nitrates contenus dans les engrais.
05:40Toutes ces substances chimiques ne sont pas utilisées par Anne-Charlotte.
05:44En agriculture biologique, on a d'autres leviers pour nous permettre de nous passer des intrants chimiques et de synthèse.
05:51Donc par exemple, ça va être la rotation des cultures.
05:54On va intégrer dans nos rotations des légumineuses.
05:58Les légumineuses, elles ont la particularité de capter l'azote de l'air et de les réintégrer dans le sol.
06:04La rotation des cultures nous permet aussi de casser le cycle des cultures, c'est-à-dire avoir des cultures d'hiver, des cultures d'été.
06:13Ça permet aux adventices, qui sont les plantes qu'on ne veut pas récolter dans le champ, d'être naturellement éliminées.
06:21On a aussi l'implantation des couverts végétaux dans le champ.
06:26La mise en place des couverts végétaux permet aussi d'éviter que le sol soit à nu et donc l'érosion du sol en est limitée.
06:35Elle permet aussi la bonne infiltration de l'eau dans les sols et donc la filtration naturelle des eaux.
06:43La ferme de la Tessonnerie a sollicité l'organisme Terre de Liens, qui œuvre à préserver les terres agricoles biologiques.
06:50Là, si on prend des lentilles, on peut voir les nodosités et c'est ça, les petites boules d'azote que là, on va détruire et qui vont se retrouver dans le sol.
07:00Aujourd'hui, l'agriculture bio est moins bien accompagnée et aidée que l'agriculture conventionnelle.
07:07Malgré tout, qualité de l'eau, préservation de la ressource, biodiversité, santé publique.
07:14Une des meilleures options, malgré tout, on peut se le dire, c'est l'agriculture biologique.
07:19Et c'est seulement 1% de l'enveloppe PAC qui est allouée à l'agriculture bio et il n'y a aussi que 1% qui est allouée à la problématique de l'eau.
07:31Donc si l'enjeu de l'eau est vraiment au cœur des préoccupations gouvernementales, il y a peut-être des choix à faire, notamment dans la loi de finances à venir.
07:43L'eau de Paris oeuvre également à préserver la qualité de l'eau de captage à tout prix.
07:47La majorité des captages qui alimentent Paris en eau potable sur la partie souterraine sont vraiment situés en zone rurale.
07:53Donc on a principalement des contaminations d'origine agricole et donc depuis très longtemps, on travaille avec les exploitants agricoles pour améliorer la qualité de l'eau sur le long terme.
08:02Donc évidemment, on a des usines de traitement derrière, mais l'objectif, c'est vraiment d'avoir une eau de la meilleure qualité possible au moment du captage.
08:10On a un secteur qui est situé entre 100 et 3, qui s'appelle les sources de la vallée de Lavanne, sur lesquels on a travaillé une action que de développement de l'agriculture biologie.
08:17Et sur ce territoire là, on est passé de 1% de la surface agricole en bio en 2010 à en 2024 près de 30% de la surface en bio.
08:27On observe qu'on a des pics de pesticides qui sont moins importants, qui restent pour la majorité dans la norme eau potable et qui sont moins fréquents.
08:40Et donc ça montre que les actions qui sont menées ont un impact sur la qualité de l'eau.
08:44Alors évidemment, il faut que ce soit confirmé sur le long terme et qu'on continue la progression des surfaces, mais c'est un résultat qui est déjà très encourageant.
08:51De façon globale, pour que les actions de protection de la ressource soient plus efficaces pour l'ensemble des captages au niveau national,
08:58ce serait vraiment important qu'il y ait les bons dispositifs d'accompagnement financier.
09:03Par exemple, il y a un certain nombre d'aides à la bio qui ont disparu en termes de maintien, par exemple de l'agriculture biologique.
09:10C'est un système qui est très important pour contribuer à la protection des ressources en eau.
09:15On ne peut pas se permettre d'avoir des déconversions en bio actuellement.
09:17Il faut aussi que le consommateur ait tout à fait conscience qu'en achetant un produit, il ne va pas travailler uniquement sur sa santé.
09:25Il va aussi indirectement, si le produit est local et national, il va travailler aussi sur la protection des ressources en eau qu'il boit,
09:33qu'il va boire chez lui ou qu'il va boire quand il se déplace en France.
09:35Malheureusement, les pollutions qui affectent les zones de captage ne sont pas toutes d'origine agricole.
09:40Par exemple, les pifas s'accumulent dans tous les compartiments de l'environnement, l'air, le sol, l'eau.
09:46Elles se retrouvent donc dans l'eau captée pour produire de l'eau potable.
09:49C'est le cas à Gérarmé, dans les Vosges, où une usine de blanchiment de linge a contaminé les eaux d'une commune par les pifas rejetées par ces eaux usées,
09:56dont les boues ont été épandues dans les champs environnants.
09:58On est extrêmement vigilants à toutes les activités qui peuvent se développer sur ce territoire,
10:02et notamment des activités qui pourraient avoir un impact en termes de rejet, par exemple, sur la protection de la ressource en eau.
10:10Donc, on regarde toutes les enquêtes publiques qui peuvent sortir sur les différentes activités,
10:14et on a une action en cours, notamment sur l'extension d'une plateforme pétrolière dans le secteur.
10:20Pour l'instant, on n'a pas d'impact sur l'eau de l'extension de cette plateforme,
10:24mais on est sur un secteur, sur une aire d'alimentation de captage qui est prioritaire, qui est très préservée.
10:28Et en termes de gestion du risque, on ne peut pas se permettre, dans une politique publique qui est censée limiter l'usage des énergies fossiles,
10:37de développer ce type d'activités-là de façon plus importante et d'augmenter le risque pour une ressource qui est déjà extrêmement vulnérable.
10:44Certaines zones sont plus contaminées en raison de rejets industriels ciblés ou en raison d'épantages de boue contaminés.
10:50Travailler sur la protection de la ressource, c'est vraiment indispensable sur le long terme,
10:54parce qu'on ne va pas pouvoir se permettre, année après année, de ou rajouter des traitements supplémentaires
11:00pour traiter de nouvelles molécules qui vont apparaître, ou avoir des coûts de traitement qui explosent,
11:06parce qu'on est obligé de renouveler les charbons beaucoup plus fréquemment que ce qu'on faisait il y a quelques années,
11:12parce qu'il y a de nouvelles molécules qui sont présentes. Donc il faut vraiment qu'on arrive à travailler sur ces deux tableaux
11:17pour qu'à terme, on puisse traiter le moins possible.
11:20Toutefois, pour certaines substances nouvellement recherchées, les seuils à ne pas dépasser
11:24ne disposent pas de recherches sanitaires assez approfondies pour pouvoir les déterminer.
11:28Par exemple, pour les PFAS, la France applique le seuil européen actuellement remis en question
11:32par la communauté scientifique, car il ne serait pas assez protecteur.
11:35Plusieurs pays, dont les États-Unis, le Danemark, la Suède ou même les Pays-Bas,
11:39appliquent déjà des limites plus restrictives. Aujourd'hui, il n'y a aucune obligation de rechercher
11:44ces 20 PFAS dans l'eau distribuée, ce qui explique l'absence de données disponibles
11:48pour de nombreuses unités de distribution. Mais attention, l'eau du robinet reste la plus saine à boire
11:53et la plus contrôlée. L'eau en bouteille, par exemple, est une fausse solution.
11:57Contrairement à l'eau du robinet, la qualité de l'eau en bouteille est très peu contrôlée,
12:00alors qu'elle peut contenir les mêmes polluants chimiques, et notamment des micros et nanoplastiques,
12:05comme l'ont révélé les scandales des eaux Nestlé. Chaque année, ce sont près de 15 milliards
12:09de bouteilles en plastique qui sont mises sur le marché en France.
12:12Cette pollution plastique impacte la qualité de l'eau. Une étude américaine a révélé la présence
12:16de 240 000 particules de plastique par litre d'eau en bouteille.
12:20Il est important également de rappeler que la qualité de l'eau du robinet reste bonne en France.
12:25Et attention, ce n'est pas par l'eau que l'on est le plus exposé à ces substances,
12:29mais par notre alimentation, constituée majoritairement d'eau. C'est elle notre principale source d'exposition
12:34à de nombreux polluants. Pour certains pifaces, les plus dangereux, l'alimentation apparaît
12:38comme la voie d'exposition principale. Pour les pesticides, l'eau représenterait,
12:42selon les estimations, en moyenne seulement 5% de notre exposition.
12:46Alors, on fait comment pour se protéger ? D'abord, il faut privilégier une alimentation bio
12:50autant que possible pour réduire son exposition aux pesticides.
12:532. Limiter sa consommation de charcuterie et de viande rouge pour réduire son exposition aux nitrates et nitrites.
12:59Enfin, il faut limiter sa consommation de poissons, comme le saumon ou le thon,
13:02pour réduire son exposition aux pifaces les plus dangereux.
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