Pourquoi certains jeunes se sentent exclus de la République ? | LE CRAYON - Vidéo Dailymotion

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Nous avons reçu Richard Malka, avocat, scénariste et essayiste.  Dans cet extrait, il réagit au témoignage de Latifa Ibn Ziaten, mère d’Imad Ibn Ziaten, le premier militaire assassiné à Toulouse par le terroriste Mohammed Merah.

Transcript

00:00Mon fils sors-moi, il est mort en souffrance.

00:02Je me suis mis à genoux et j'ai dit à Imad,

00:05« Ta vie, il s'arrêtait là, mon fils, mais pas la mienne.

00:07Je vais aller chercher cet assassin, je te promets. »

00:09Je ne sais pas où il s'est devenu cette force.

00:10Je me suis trouvée dans ce quartier du Zizar

00:12et je suis tombée sur un groupe de jeunes.

00:14Et j'ai dit, je vais m'adresser à eux de demander où il habite Mohamed Marra.

00:18Et quand je me suis adressée à eux,

00:19il y en a un qui a levé la tête comme ça, il se met à rigoler.

00:22Il m'a dit, « Vous ne savez pas, madame, Mohamed Marra, c'est un martyr.

00:25C'est un héros de l'islam, il avait la France à genoux. »

00:28Et je l'ai regardée et j'ai dit, « Mon Dieu, ils me l'ont tué deux fois, ces jeunes.

00:33Savez-vous que je suis… »

00:34« Non, madame, je suis la mère de Mohamed. »

00:36Et vous me dites, « C'est un héros, c'est un martyr, l'assassin. »

00:40Et ces jeunes, ils m'ont cerclé, je croyais qu'il leur est arrivé.

00:43J'ai dit, « Vous me laissez juste prier et je peux mourir sans problème. »

00:46« Je n'ai pas peur de mourir. »

00:47Ces jeunes, il a retiré la casquette et il y en a qui cachaient son cigarette,

00:52ils étaient mal à l'aise.

00:53Il m'a dit, « On est désolés, madame, vraiment désolés. »

00:57« Mais regardez où on habite. »

00:58« Tournez-vous. Regardez ce quartier. »

01:00« On est enfermés. »

01:01« La République, elle nous a abandonnés. »

01:02« Les familles ne peuvent plus rien faire pour nous. »

01:04« La société, elle a peur de nous. »

01:06« Alors nous, on est déjà morts, madame. »

01:07C'est riche comme extrait, comme propos.

01:10Un grand malaise, un grand malaise français.

01:14De quoi elle parle, cette mère qui a perdu son fils dans des conditions atroces,

01:19tuées par Mohamed Merah ?

01:20Elle parle d'un trouble identitaire colossal d'une partie de la population

01:27qui ne se sent pas française,

01:30donc qui se réfugie dans l'islam sans vraiment connaître cette religion,

01:36mais en en faisant une identité, ce qui est le pire.

01:38Alors là, faire d'une religion sa seule identité, c'est ne plus accepter.

01:42Et une religion qu'on ne connaît pas vraiment, c'est ne plus accepter aucune critique,

01:46pour le coup, de cette religion.

01:49Donc c'est un enfermement qui provoque du rejet.

01:51Le rejet, ça provoque encore plus d'enfermements.

01:54Et là, le cercle vicieux se met en place et on n'arrive plus à en sortir.

01:58Et ça ne concerne pas que quelques personnes.

02:00Le problème est plus vaste que ça.

02:03Donc l'intégration se fait, heureusement, mais en laissant de côté quand même beaucoup, beaucoup de personnes.

02:09Et il faut entendre ces jeunes, il faut entendre ce trouble.

02:11Il ne faut pas penser qu'il y a un seul responsable.

02:13Ce n'est pas la société qui est responsable.

02:15C'est tout le monde.

02:16C'est eux, c'est leurs parents, c'est leur communauté, c'est leur religion.

02:20En tout cas, telle qu'ils la pensent.

02:23C'est aussi la République française.

02:25Nous tous, nos institutions.

02:28Il faut repenser ça.

02:30Mais le problème, c'est que pour le repenser, il faudrait mettre les idéologies de côté.

02:34Il faudrait être très pragmatique.

02:36Il faudrait accepter de parler du discours victimaire qui imbibe ces personnes-là.

02:42Et qui va les rendre malheureux pour toute leur vie.

02:45Parce que quand on se pense victime, ce n'est pas une position très agréable dans la vie.

02:49Et puis, c'est toujours la faute de l'autre.

02:51C'est comme ça qu'on crée des Mohamed Merah.

02:53C'est l'idéologie victimaire.

02:55On ne se remet jamais en cause.

02:56Mais il faut aussi pouvoir parler du racisme.

03:02Mais il faut aussi pouvoir parler de l'immigration.

03:04Mais il faut aussi pouvoir parler de religion.

03:07Alors, dès que vous commencez de parler de tous ces sujets-là,

03:10il y a une mécanique idéologique politique qui se met en place.

03:14Les tabous dans tous les sens, de tous les côtés.

03:16Des noms d'oiseaux qui volent.

03:17Des instrumentalisations politiques.

03:20Des calculs électoraux.

03:22Et en fait, on n'arrive jamais à regarder les choses lucidement.

03:27Et à essayer de les régler.

03:28Le crayon.

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