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  • il y a 5 jours
Dans son édito du 03/11/2025, Paul Sugy revient sur la bonne semaine politique du RN, avec pour la première fois, un texte porté par le parti approuvé par l’Assemblée nationale.

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Transcription
00:00Ce qui s'était passé, Romain, jusqu'à présent, c'est que, sauf de rares exceptions,
00:03lorsque le RN défendait une idée qui était partagée par une majorité de députés,
00:06le Parlement s'arrangeait pour que les voix du RN qui étaient nécessaires à l'adoption du texte
00:10servent seulement de voix d'appoint, sans que la parenté du texte puisse lui être véritablement attribuée.
00:15C'était ce qui s'était passé, bien sûr, pour le vote de la censure de Michel Barnier.
00:18Généralement, quand le RN présente une motion de censure, elle est rejetée.
00:21Mais là, cette fois-ci, le RN avait voté le texte de la motion de censure de la gauche,
00:24qui d'ailleurs était écrite de telle manière à ce qu'elle présente des idées
00:27qui n'était pas celle du RN, mais peu importe.
00:30C'est-à-dire, si le vote, la semaine dernière, de cette résolution qui dénonce l'accord franco-algérien de 1968,
00:35est symbolique.
00:35Pour la première fois, un texte qui a été écrit et porté par le RN,
00:39était voté donc à la majorité des voix à l'Assemblée nationale,
00:42le consensus sur certains textes ne se fait plus seulement avec l'appoint des voix du RN,
00:46mais carrément sur ses propositions et à son initiative.
00:49Vous nous dites que ce n'est pas la seule victoire politique du RN au cours des derniers jours ?
00:53Non, pas seulement, parce qu'au cours, effectivement, des discussions et des votes,
00:55des amendements, notamment sur le budget, le RN a participé à plusieurs votes
00:58qui actent provisoirement l'intégration de son programme et de ses idées.
01:02Par exemple, un amendement sur la taxation des multinationales
01:05au prorata de leur activité en France.
01:06C'était une mesure qui était portée par les Insoumis et qui a été votée avec l'appui du RN.
01:10Mais Jean-Philippe Tanguy, par exemple, a expliqué au Figaro en fin de semaine dernière
01:13que cette mesure était voulue par les souverainistes depuis de longues années.
01:16D'autre part, cette fois, c'est sur la base d'un texte du Modem.
01:19Vous savez, c'est le fameux impôt sur la fortune financière,
01:21qui est la version le péniste de la taxe Zuckmann.
01:23L'idée, c'est de dire qu'on garde l'idée d'un impôt planché sur le patrimoine,
01:27sur le très haut patrimoine, mais on ne compte pas dans son assiette
01:30la fortune professionnelle, c'est-à-dire les entreprises détenues
01:32par les détenteurs de haut patrimoine.
01:34Et donc, sur les deux sujets, le RN s'est à la fois séparé
01:38de ses soutiens à droite et au sein d'une partie du camp présidentiel
01:40qui avait voté avec lui sur l'Algérie, mais s'est rallié au centre-gauche,
01:43voire à la gauche tout court.
01:45Il s'assure du même coup aussi cette position, au fond, assez inclassable
01:48à l'Assemblée nationale, qui certes parfois le prive d'une voix
01:50des classes moyennes supérieures, mais qui l'installe comme le grand champion
01:53de ce que Jérôme Saint-Marie appelle le bloc populaire.
01:56Le Rassemblement national conforte sa place centrale dans la vie politique ?
02:00Oui, on a vu que la séquence de vote la semaine dernière
02:02sur l'accord franco-algérien, au fond, révèle un paradoxe vertigineux
02:05qui s'est installé en France depuis les dernières élections législatives
02:08à l'été 2024.
02:09Vous avez tout à la fois en France, une majorité qui est hostile
02:13à ce que le RN accède au pouvoir, c'est la majorité qui a plutôt avalisé
02:16par son vote le barrage républicain, et en même temps, une majorité pourtant
02:20favorable aux idées du Rassemblement national, sur des sujets aussi
02:23fondamentaux dans l'histoire de ce parti que l'immigration algérienne.
02:26Donc au sein de ce bloc d'opinion chez les Français qui sont d'accord
02:29au fond avec les fondamentaux du RN, qui sont préoccupés à juste titre
02:31par le destin national, par la permanence de leur identité
02:34ou la décence de leurs conditions de vie, il y aura une position ambivalente
02:37par rapport au RN.
02:38Ceux qui votent déjà pour Marine Le Pen ou Jordan Bardella
02:40ou qui comptent voter pour eux, leur reconnaissent le mérite d'avoir installé
02:42ces sujets dans l'opinion et dans les médias.
02:45Et d'autres, à droite, leur reprochent au contraire de stériliser
02:49une forme de part importante du corps électoral par la radicalité
02:53ou le fait que pour beaucoup de Français, il est impensable que le RN arrive au pouvoir.
02:56Au fond, tout cela rend la vie politique très compliquée, on l'a vu,
02:59très incertaine aussi pour la suite.
03:00La seule chose qui est certaine, Romain, et ça on peut le dire sans grande crainte
03:03de se tromper, c'est qu'avec ou sans le RN demain au pouvoir,
03:05la politique s'écrira avec ses idées.
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