- il y a 6 semaines
Un déjeuner partagé avec Véronique le Floc'h, présidente de la Coordination Rurale pour parler de la dermatose, cette maladie virale fortement préjudiciable à la santé des bovins, allant potentiellement jusqu'au décès, et qui conduit à des pertes de production importantes du cheptel.
Au menu également la belle histoire du lait « pur Perche », des petits producteurs ont dit non à la collecte industrielle pour monter leur propre usine de transformation.
Valérie Brochard et Jean-Pierre Montanay partagent un repas avec une personnalité : politiques, chefs cuisiniers, artistes.... L'occasion d'aborder un thème d'actualité, autour de reportages et d'un menu élaboré avec des plats typiques de leur région, souvenirs d'enfance ou qu'ils apprécient particulièrement. Comment le contenu de nos assiettes impacte-t-il nos modes de vie ? Tout en parlant gastronomie, c'est l'avenir de notre société et les enjeux de demain qu'ils questionnent.
Au menu également la belle histoire du lait « pur Perche », des petits producteurs ont dit non à la collecte industrielle pour monter leur propre usine de transformation.
Valérie Brochard et Jean-Pierre Montanay partagent un repas avec une personnalité : politiques, chefs cuisiniers, artistes.... L'occasion d'aborder un thème d'actualité, autour de reportages et d'un menu élaboré avec des plats typiques de leur région, souvenirs d'enfance ou qu'ils apprécient particulièrement. Comment le contenu de nos assiettes impacte-t-il nos modes de vie ? Tout en parlant gastronomie, c'est l'avenir de notre société et les enjeux de demain qu'ils questionnent.
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00:00Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Politique à table, l'émission qui cuisine ses invités avec du sel, du poivre,
00:24mais surtout avec beaucoup de passion et de bienveillance pour discuter de notre alimentation, de notre agriculture, de nos paysans et de nos artisans.
00:33Et nous partageons aujourd'hui notre table avec Véronique Lefloc. Bonjour.
00:37Bonjour Véronique Lefloc.
00:38Démat d'Ehor, bonjour à tous.
00:39Ah bah très bien, on retourne.
00:40Ça y est, on commence.
00:42Alors Véronique Lefloc, vous jouez la fille de lait.
00:45Non pas pour fuir vos responsabilités ou vos convictions, mais vous éloignez quelque temps du lait qui coule pourtant dans vos veines.
00:53Vous grandissez entre les vaches laitières de vos parents, des bêtes sublimes qui pèsent au pays de Léon, à la pointe du Finistère.
01:00Et vous ressentez très jeune la certitude que votre vie professionnelle aura un lien avec ce nectar blanc.
01:07Vous devenez ingénieur agronome dans l'Oise, puis décollage pour le Québec, où vous travaillerez pendant trois ans dans l'économie rurale.
01:14Une fois rentré en France, votre mission au sein d'une banque mutualiste vous gardera éloigné des champs et des pis,
01:20mais la pelle du lait vous rattrape.
01:23Et c'est avec votre mari Fred et vos vaches gercièses que vous retrouvez votre Finistère natal, une exploitation laitière dans la ville d'Eliant.
01:32Une vocation et un sacerdoce à la fois qui vous conduiront à vous encarter dans un syndicat agricole, celui de la coordination rurale.
01:41La tête aussi dure que les cornes de vos vaches.
01:43Vous devenez en 2022 présidente de votre syndicat.
01:47Et c'est pour faire honneur à votre chère Bretagne que vous avez choisi aujourd'hui un menu absolument typique.
01:53N'est-ce pas Jean-Pierre ?
01:54Ah oui Valérie, ça sent la Bretagne.
01:55Avec un kick à farce, c'est comme ça que ça se prononce je crois.
01:58Tout à fait, le kick pour la viande et farce pour le phare.
02:01Exactement, et un phare aux pruneaux en dessert.
02:04Dans le dessous des plats, on vous parlera d'une maladie virale qui touche uniquement les bovins, les buffles et les zébus.
02:10C'est la dermatose des vaches et elle peut décimer des troupeaux entiers.
02:14Dans les pieds dans le plat, la belle histoire du lait pur perche.
02:17Des petits producteurs qui ont dit non à la collecte industrielle pour monter leur propre usine de transformation.
02:22Voilà pour le menu. Maintenant, on passe à table tout de suite avec Cuisine des Confidences.
02:31Véronique Lefloc, un mot revient dans les commentaires vous concernant hors normes, littéralement, qui est en dehors des normes, donc qui est extraordinaire.
02:42Et oui Valérie, on a de la chance d'accueillir Véronique Lefloc, hyperactive, championne de France de cyclisme à l'âge de 15 ans, infatigable, vous qui avaliez les marathons comme d'autres des donuts.
02:52Question boulot, encore un parcours hors normes, ingénieur, banquière au Québec, productrice laitière, puis super boss, donc de la coordination rurale.
02:59Alors qu'il dit qu'on vive hors normes, ici implique forcément menu hors normes.
03:05Truc de dingue qui vient nulle part, pourquoi pas du Canada avec Valérie, on salivait d'avance, on imaginait une recette incroyable.
03:12Et ça existe, des médaillons de serre en croûte de noix de pécan, une truite à l'amérindienne, cuite dans une feuille d'écorce de bouleau.
03:21Eh bien non, pchit, le hors normes est devenu la norme, l'extraordinaire, l'ordinaire.
03:26La dinguerie espérée s'est transformée en vulgaire pot-au-feu, certes breton.
03:31Pas étonnant de la part d'une paysanne de l'Ouest, ce pot-au-feu avance masqué, car en breton, il s'appelle Kikafars.
03:38Du coup, c'est vrai, ça rajoute un peu de mystère.
03:40Et j'imagine que vous allez nous dire que ce pot-au-feu-là est hors normes.
03:45Eh bien, ce pot-au-feu, il est hors normes, mais il est surtout simple.
03:49Simple comme je suis, je ne dirais pas extraordinaire, mais au moins simple.
03:53Simple, avec du goût et justement avec une histoire, avec des racines.
03:58Et puis, Kik, c'est la viande, donc c'est complet.
04:00Il y a du bœuf, il y a du porc, tout ce qu'on trouve en Bretagne.
04:03Et puis, il y a tous les légumes qu'on produit en Bretagne.
04:05Il y a du navet, des choux, des carottes.
04:07Et puis, il y a le lipic.
04:09Alors justement, on va y venir.
04:10On va décortiquer toute cette assiette.
04:13Déjà, on remercie le restaurant Le Bourbon qui nous a préparé ce plat typiquement breton.
04:18Et je voulais vous demander justement de le goûter, déjà, pour nous dire s'il est comme vous l'aimez, ce plat.
04:24Est-ce que vous, vous le faites à la maison ?
04:25Alors, oui, ça m'arrive de le faire parce que c'est une demande des enfants.
04:29Et donc, ils apprécient ça.
04:31C'est quelque chose qui est justement hors normes et qu'ils souhaitent partager aussi quand ils ont leurs amis qui viennent.
04:37Et donc, c'est vraiment à goûter, à connaître.
04:39Et on ne vient pas en Bretagne sans goûter un kick-a-fars.
04:43On voudrait savoir qu'est-ce qui fait la spécificité.
04:46Parce que si c'est pour nous dire que c'est un poteau-feu comme les autres, il y a une vraie particularité bretonne.
04:51Expliquez-nous.
04:52Qu'est-ce qu'il faut qu'on mange qui est breton dans ce plat ?
04:54Qu'est-ce qui fait la différence ?
04:57Alors, du coup, le kick-a-fars, c'est d'abord un phare avec une farine de blé noir, le sarrasin.
05:03Et le sarrasin, ce n'est pas une céréale, c'est une polygonacée.
05:07Donc, c'est une des cultures qui était très majoritaire en Bretagne il y a très longtemps, puisqu'elle occupait près de la moitié de la surface.
05:15Et ce blé noir a depuis 2010 une appellation IGP.
05:20Et donc, sa surface est repartie.
05:22Et le blé noir, c'est une culture qui pousse dans les sols.
05:26Pauvre, acide.
05:28Et on en fait des galettes, on en fait du kick-a-fars.
05:30C'est très mellifère, donc on y installe souvent des ruches à côté.
05:34Donc, c'est très tendance.
05:36C'est aussi tendance dans le sens où c'est très riche en protéines, en glucides.
05:41Donc, il n'y a pas de gluten.
05:42Oui, mais on n'a toujours pas compris, il est où dans ce plat ?
05:44Parce que nous, on déco avec Valérie.
05:45Donc, c'est quoi ? C'est ce qu'on a au centre de l'assiette, n'est-ce pas ?
05:48Alors, c'est ce qui est au centre de l'assiette.
05:51Alors là, il est mis en tranche.
05:53On appelle ça le kick-a-fars-calette, dur en breton.
05:56Tout à fait.
05:57C'est ça, Valérie.
05:57Et ça, c'est donc du sarrasin ?
06:00Alors, c'est du sarrasin avec des œufs, avec de la crème, et puis un peu d'eau.
06:06Et donc, on le cuit dans le bouillon, dans notre pote au feu, dans un sac à fars.
06:13Ok, incroyable.
06:14On remet de la farine, des œufs là-dedans, on le serre et il cuit dans le bouillon.
06:17Vous mettez, vous laissez un peu de marge pour que, justement, le jus de la soupe rentre dans le sac.
06:23Et puis, ensuite, quand il est cuit, soit vous le sortez, vous le démoulez et vous le coupez en tranches.
06:31Kick-a-fars-calette, plutôt la côte, la côte nord du Finistère.
06:34Et si vous le mettez en brusunoc, vous le roulez pour l'émietter.
06:38En brusunoc, c'est-à-dire ?
06:39En fait, vous le mettez en semoule.
06:41Ah, d'accord.
06:41Et donc, là, on le serre, beaucoup plus émietté, à la différence près que, quand il en reste, vous le mangez à la fourchette.
06:49Tandis que s'il a été mis en tranches, vous pouvez presque en faire des tartines et mettre du beurre.
06:53Est-ce que ça sèche un peu ?
06:55Non, mais pas de confiture.
06:58Chaque ménagère bretonne a un sac comme ça à la maison.
07:00Alors, je ne suis pas sûre qu'il y en ait beaucoup à en avoir encore.
07:03Moi, j'ai gardé le mien, donc j'ai un grand et un petit, parce que dans ce pote au feu,
07:08on cuit un phare au blé noir, au sarrasin, et un phare blanc.
07:13Dans le phare blanc, on peut mettre des petits raisins.
07:15Donc ici, il y en a aussi.
07:17Oui, au-dessus ?
07:17Il est très riche.
07:19Il y a beaucoup de raisins, même. Il est riche en raisins.
07:21Oui, mais en général, on en met très peu, mais je pense que c'est excellent aussi.
07:28Vous nous parliez du lipig, juste avant qu'on vous pose d'autres questions.
07:32Expliquez-nous, c'est quoi le lipig ?
07:34Alors, le lipig est fait avec du beurre, du beurre que l'on fait fondre,
07:39donc du beurre salé parce qu'on est en Bretagne.
07:40Oui, bien sûr.
07:41Et donc, vous mettez des échalotes.
07:43Et donc, ça fait votre sauce qui vient justement,
07:47que vous mettez sur la viande, sur vos légumes, sur votre phare.
07:51C'est ça qu'on voit, Valérie ?
07:52D'accord, les petites échalotes, ok.
07:54Et donc, avec le phare, soit on peut l'écraser,
07:58on peut mettre du beurre dessus ou on met directement le lipig.
08:02Alors, je vais vous passer justement le beurre pour pouvoir en mettre un petit peu.
08:06Donc, du beurre salé qui vient de Bretagne.
08:10Alors, c'est du beurre de la laiterie où je livre mon lait.
08:12Donc, moi, je fais des gerzièzes, comme vous l'avez dit.
08:16C'est beau vache, donc, ça.
08:17Ce sont en partie mes vaches, pas que mes vaches.
08:21Et donc, les gerzièzes ont la particularité d'avoir un lait très riche,
08:25jusqu'à 6% de matière grasse, sachant pour le consommateur
08:28qu'un lait entier, aujourd'hui en grande surface, c'est 3,5% de matière grasse.
08:33Donc, il est bien au-dessus de la norme.
08:35Donc, en général, on prend un petit bout de beurre
08:37et puis, on le met sur notre phare.
08:41Et donc, soit vous l'étalez un petit peu.
08:44Oui, il est censé fondre aussi un peu avec la chaleur.
08:47Voilà, ou alors, même après, froid.
08:49Et puis, on l'étale et on mangeait ça à toute heure de la journée
08:51parce que c'était longtemps, on ne va pas dire, le plat des paysans,
08:56le plat des misérables.
08:57Mais le blé noir et ce plat riche, très complet,
09:02avaient toutes ses vertus parce que, justement, on y trouvait de tout.
09:06Des vitamines, des protéines, des glucides.
09:09Oui, alors, on y trouve de tout.
09:11Vous venez de le dire.
09:12Et surtout de la viande.
09:13Moi, en travaillant un petit peu sur ce plat, sur cette recette,
09:17j'ai vu qu'il existait aussi des versions véganes de ce plat.
09:21Ça m'amène évidemment à cette question qu'on pose quasiment à tous nos invités maintenant
09:24parce que ça fait partie aussi des débats actuels.
09:30Avec ou sans viande ?
09:31Qu'est-ce que vous, vous pensez de la consommation de viande aujourd'hui en France ?
09:36Eh bien, écoutez, la consommation de viande a beaucoup baissé en France quand même.
09:39Mais c'est une bonne chose ou pas ?
09:42Alors, il faut un juste équilibre.
09:43Il y a des moments dans la période...
09:44Alors, attention, je rectifie.
09:45La consommation de viande rouge a baissé.
09:47Oui, de viande rouge, bien sûr, bien sûr.
09:48Je crois que dans l'ensemble, la viande blanche monte.
09:50Dans l'ensemble, je crois qu'on mange autant de viande.
09:53Tout à fait.
09:53Non, mais globalement, je crois qu'on mange autant de viande qu'avant.
09:56On mange tout à fait.
09:57Et même en viande de bœuf, une année, on sera en légère baisse
10:01et une année suivante, on sera légèrement au-dessus.
10:05Maintenant, baisser sa consommation de viande, c'est pas bon pour tout le monde.
10:09Des jeunes enfants ont besoin aussi pour leur croissance
10:11et on en a besoin pour le faire.
10:14La viande rouge est riche en fer éminique.
10:16On a dû faire dans nos plantes, dans nos végétaux,
10:19mais ce n'est pas du fer éminique qui n'est pas assimilable de la même manière.
10:23Donc, bien sûr qu'on a besoin de tout.
10:26Et ceux qui veulent trouver leur source de compléments de vitamine B12, par exemple,
10:31qu'on trouve dans la viande rouge,
10:32eh bien, son origine, elle est issue de l'estomac de la vache quand même.
10:38Donc, finalement, de loin ou de près, nos animaux sont là
10:42et nous rendent bien service.
10:45À travers la viande, vous, où est-ce que vous vous approvisionnez ?
10:49Est-ce que chaque Français a la possibilité aussi d'avoir cette viande de qualité ?
10:53Si elle n'a pas été médicamentée, enfin, voyez ce que je veux dire.
10:56Alors, pardon, la plupart des agriculteurs ont un congélateur, déjà,
11:01et certains, comme moi, beaucoup, peuvent faire de la vente directe.
11:06Et donc, pour les consommateurs, c'est aussi un lien direct avec le producteur.
11:12Il connaît l'origine, il connaît le mode de production
11:14et, justement, il a cette garantie d'avoir, non pas du fait maison,
11:18mais une origine tracée et un mode de production qui est reconnu de tous.
11:23Les hormones chez nous sont interdites,
11:25l'usage de produits de traitement est très restreint.
11:29Donc, finalement, oui, ça doit être accessible à tous
11:33en trouvant les bons fillons.
11:36Et, en tout cas, il faut sauver nos élevages
11:39parce qu'aujourd'hui, malheureusement, on parle d'agricides
11:43parce que les agriculteurs disparaissent.
11:45Mais on voit aussi notre cheptel et notre décapitalisation
11:47qui est vraiment importante.
11:49On a perdu plus d'un million de vaches sur 7 millions en 10 ans.
11:54Et aujourd'hui, avec des maladies comme la DNC,
11:56on en perd encore plus.
11:58Et si on perd nos vaches, on perd ce potentiel de reproduction.
12:01Donc, les veaux à naître.
12:04Et malheureusement, c'est du pain béni pour le Mercosur
12:08et toute cette viande.
12:09Donc, pour nous, de grâce, sauver nos producteurs,
12:14comprenez-nous, on entretient quand même nos prairies,
12:1713 millions de prairies en France.
12:19On crée de l'emploi.
12:20On en reparlera avec la dermatose.
12:22Moi, j'aimerais bien savoir aussi quel type,
12:24parce que c'est aussi le but de cette première partie,
12:25de parler de quelle est la cuisinière que vous êtes.
12:28Vous avez été sportive, on l'a dit, marathon, vélo.
12:30Est-ce que ça inspire votre propre cuisine ?
12:34Je vois que vous mangez du beurre à grande bouchée.
12:36On a toujours dit que le beurre n'était pas forcément très bon.
12:38C'est une idée reçue ?
12:39Alors, le beurre, il a toutes les vitamines
12:42et tout ce qu'on peut trouver de meilleure dedans.
12:44Il y a du sel, il y a des minéraux.
12:46Ne dites pas ça, que le sel est bon,
12:48parce que dans les hôpitaux, on va vous dire
12:49que le sel est pour les maladies cardiovasculaires.
12:52Il y a un juste équilibre.
12:53Dans tous les cas, moi, ma cuisine, elle est comme moi,
12:55elle est simple aussi.
12:56Donc, je fais beaucoup de pot-au-feu,
12:58je fais du paleron, des bourguignons.
13:01Beaucoup de viande, et très breton.
13:03Très breton, de la viande, et puis des crêpes,
13:05et puis du phare, comme on dégustera en dessert.
13:08Non, je pense que notre cuisine, elle est riche.
13:11Certainement plus riche que ce qu'on peut trouver dans les villes.
13:15Mais on a aussi une activité physique
13:17qui fait qu'un sac vide ne tient pas debout.
13:21Donc, on aime la bonne chair.
13:25Malgré votre agenda, votre planning très chargé,
13:28on l'a compris, vous arrivez encore à cuisiner ?
13:31Alors, j'essaye le week-end de préparer
13:33déjà pour les premiers jours de la semaine
13:34quand je pars quelques jours.
13:36Et sinon, j'ai passé le relais, mes enfants sont là.
13:39Ils aiment aussi la bonne chair.
13:43Et puis, contrairement à moi,
13:44eux suivent les recettes.
13:48Moi, je fais un peu...
13:49Au feeling ?
13:50Au feeling.
13:51Et puis, souvent, le téléphone me rattrape.
13:53Et donc, malheureusement, parfois, ça crame.
13:55Parfois, ça...
13:56Et on devine, ah, t'étais pas là encore, quoi.
13:58Ou t'étais au téléphone.
13:59Mais ça fait le charme de certaines recettes aussi.
14:00Ça peut, écoutez...
14:01Ça caramène un peu.
14:03Le petit goût fumé.
14:04Bon, ben, on n'ira pas chez vous au dîner, alors, c'est ça ?
14:06C'est ce que vous voulez nous dire ?
14:06Non, non, mais quand je reçois, je fais en sorte que ça soit parfait.
14:10Et ne vous inquiétez pas.
14:12Alors, on revient, évidemment, à cette fabuleuse assiette.
14:15Et si on suit bien vos recommandations, Jean-Pierre,
14:18on peut même reproduire ce plat chez nous.
14:20On peut le reproduire, mais ça demande un petit peu d'effort et de minutie et de temps.
14:24Parce que donc, comme l'a dit Madame Lefloc, la traduction française est bien viande et farce,
14:30qui est qu'à farce, reste encore à comprendre le mot farce.
14:32Il s'agit d'une pâte confectionnée, on l'a dit, avec du lait, des œufs, de ce beau beurre bien gras et de la farine.
14:40Si elle est faite de froment, on parle de farce blanc.
14:43Et si elle est faite de sarrasin, on parle de farce noir.
14:45Les deux farces sont donc mis dans ces sacs et cuisent dans la même casserole, le même faitout que la viande.
14:52A l'origine, c'était un plat du pauvre, composé essentiellement de lard, de quelques légumes, carottes, choux.
14:58Avec le temps, ce pot-au-feu, c'est un peu ambourgeoisé.
15:01On a rajouté du jarret de porc, du bœuf et même des saucisses,
15:05comme ce délicieux et pantagruélique assiette offert par le Bourbon.
15:10Tout ça doit mijoter, pour le tout, au moins pendant trois heures.
15:13Les farces, eux, sont ajoutés, je parle sous le contrôle de Véronique, à mi-cuisson,
15:18parce qu'il ne faut pas non plus que ça cuise trop, mais il faut que ça cuise.
15:21Et ensuite, le petit truc en plus de ce qui carfare, c'est par rapport au pot-au-feu classique,
15:26ce sont donc ces farces.
15:27Une fois cuits, ils ressemblent à des pains de pâtes.
15:29On va enlever le sac et puis on les mélange à la viande et aux légumes,
15:33soit en les coupant en tranches, soit en les aplatissant et en faisant une sorte de semoule.
15:37Et c'est ça qui fait vraiment la singularité de ce plat breton.
15:41– Super, merci beaucoup.
15:43Et puis, pour accompagner ce plat typique, vous nous avez évidemment apporté du cidre, bien sûr,
15:48mais pas n'importe quel cidre.
15:50Est-ce qu'on dit, je me trompe, si on dit irmat ?
15:52– Iretmat.
15:53– Ah, je ne le dis pas bien ?
15:55– Iret, c'est la santé.
15:57– Ah, Iretmat.
15:58– Bonne santé.
15:59– Ok, d'accord, expliquez-nous un petit peu d'où il vient, ce cidre.
16:02– Alors, ce cidre, c'est le cidre d'un de mes voisins que j'ai installé quand j'étais banquière.
16:08Donc, il s'appelle le Mélénique.
16:10Le Mélénique, Mélène, parce que c'est le nom de notre pays.
16:13On fait partie du pays Mélène.
16:15Mélène, qui en breton veut dire jaune, et Mélénique, le petit jaune.
16:19Donc, en plus, c'est un clin d'œil parce que nous, à la coordination rurale,
16:22on est les petits jaunes ou on est les jaunes.
16:23Donc, voilà, c'est un cidre demi-sec et qui va très bien avec, justement, des plats typiques de Bretagne.
16:32Donc, voilà, Christian s'est installé sur une dizaine d'hectares il y a 25 ans maintenant.
16:36Et donc, il développe, il produit ce cidre bio.
16:40– Alors, moi, j'avais une petite question.
16:42Justement, vous parliez du Mercosur juste avant.
16:45Le cidre marche très, très bien.
16:47Le cidre ne connaît pas vraiment la crise en France.
16:50Pourquoi ne pas ouvrir cette fabuleuse boisson à un marché de 700 millions de consommateurs
16:56de l'autre côté de l'Atlantique ?
16:59Ça pourrait être une formidable ouverture pour votre voisin, par exemple.
17:02– Tout à fait, tout à fait.
17:04Le problème, c'est que pour faire du cidre, il faut ramasser des pommes.
17:07Et il faut trouver des personnes volontaires pour venir ramasser les pommes.
17:10Donc là, ils y sont encore.
17:13Malheureusement, certaines semaines, comme la semaine dernière, il pleuvait.
17:16Aujourd'hui, c'est la tempête en Bretagne.
17:18Et donc, il faut des gens courageux.
17:22Et ça ne se ramasse pas tout seul.
17:24Donc, ce sont des techniques et du temps.
17:28Et donc, c'est un savoir.
17:30Mais pourquoi pas ?
17:30Je pense que ça part déjà, mais en trop petite quantité, certainement.
17:34– Ah, mais donc, le Mercosur pourrait ouvrir les portes, par exemple,
17:37de cette exportation de nos magnifiques boissons françaises.
17:42– Alors, je pense que ça restera des marchés de niche.
17:44On a tous nos boissons.
17:45Parce que si eux commencent à boire notre cidre et qu'eux, nous, on commence à boire leurs boissons,
17:50finalement, on va aussi détruire notre filière.
17:52On le connaît avec le cognac.
17:54Je pense que des alcools forts comme ça, on aurait peut-être dû les consommer nous-mêmes
17:58plutôt que de boire notre boisson importée.
18:00Donc, il faut un juste équilibre aussi là-dessus.
18:03– Ce que vous êtes en train de nous dire, c'est qu'on pourrait vendre plus de cidre en France
18:06si on ramassait des pommes.
18:07– Eh bien, tout à fait.
18:08Je pense que c'est une boisson qui, aujourd'hui, est presque concurrencée par des bières,
18:15par d'autres boissons, alors que le cidre est très peu alcoolisé.
18:21Et puis, il passe partout, et en tout temps, l'été comme l'hiver.
18:25– J'ai une toute petite question encore sur le cidre, qui ne connaît pas la crise,
18:30sauf peut-être la crise climatique.
18:31Est-ce que ça vous inquiète, vous, le changement climatique,
18:34et notamment pour ce type de verger ?
18:37– Alors, ce type de verger, oui, le problème, ce sont tous les insectes
18:42qui, surtout quand on est en bio, qui font qu'ils peuvent détruire nos productions.
18:48À la différence près que, quand vous le transformez,
18:51quand vous transformez vos pommes en une boisson,
18:53eh bien, peu importe la forme qu'elle a, c'est le jus qui compte.
18:57Donc, là-dessus, c'est moins grave.
18:59Mais on a quand même un changement climatique
19:02qui fait qu'on a un déplacement d'espèces, d'espèces invasives,
19:07et pour lesquelles on n'a pas les moyens de lutte.
19:10Et si on voulait introduire des prédateurs
19:12pour, justement, lutter contre ces insectes,
19:15eh bien, c'est une réadaptation permanente
19:18à laquelle il faudra s'habituer.
19:22– Allez, je vous propose maintenant de poursuivre notre repas
19:24avec un petit assortiment de questions bien relevées.
19:27C'est maintenant avec les quiz.
19:29– Vous qui avez vécu très loin de votre Bretagne, au Québec,
19:36vous avez sans doute goûté ce plat culte, la Poutine,
19:40qui est toujours dans l'actualité, mais pas pour les mêmes raisons aujourd'hui.
19:42Alors, sauriez-vous nous dire si ces affirmations,
19:45Véronique Lefloc, sont vraies ou fausses ?
19:48La Poutine a été inventée dans les années 2000
19:50par un restaurateur russe installé au Québec
19:52pour dénoncer la tombouille politique du chef du Kremlin.
19:55Vrai ou faux ?
19:56– Faux. – Faux.
19:57Plusieurs restaurants du pays revendiquent la paternité de cette recette,
20:01mais le doute subsiste, mais c'est sûrement pas en référence à notre ami Poutine.
20:06B. Le fromage en grains utilisé dans la Poutine
20:09est appelé familièrement fromage en crotte.
20:13Vrai ou faux ?
20:13– Tout à fait.
20:14– Vrai. Et il s'agit de quel fromage ?
20:16– La Poutine ?
20:17– Non, le fromage qui est utilisé dans la Poutine ?
20:19Ça, c'est une question hors quiz, c'est pour vous embêter.
20:21C'est du cheddar caillé.
20:23– Je l'ai su.
20:24– Originaire du Québec.
20:25Le record de la plus grande Poutine,
20:28intronisé au livre Guinness des records,
20:31pèse une tonne.
20:32– C'est possible.
20:34– Faux.
20:35– 3034 kilos, réalisé dans la ville de Warwick en 2019.
20:40– C'est déjà pas mal.
20:41– Trois tonnes.
20:43La sauce brune, versée au dernier moment sur les frites,
20:46est réalisée avec du sirop d'érable.
20:48Vrai ou faux ?
20:49– Je pense qu'elle est plutôt à base de bœuf, la sauce brune.
20:55– Oui, vous avez raison.
20:56Elle se prépare à partir d'un fond brun
20:58que l'on lit avec de la farine grillée et de la fécule.
21:01– Bravo.
21:01– Bravo pour la Poutine.
21:03Vous en avez mangé ?
21:04– Ah, bien sûr, trois ans là-bas.
21:06– Oui, c'est ce que j'allais dire.
21:07Normalement, on ne peut pas y échapper.
21:10Allez, on quitte le Québec.
21:11Retour en France avec une sauce qui accompagne beaucoup de nos plats
21:13et je pense en particulier au plateau de fruits de mer breton.
21:16Je vous parle évidemment de la mayonnaise.
21:18Alors saurez-vous nous dire si les prochaines affirmations sont vraies ou fausses ?
21:22Pour les puristes, il n'y a pas de moutarde dans la mayonnaise.
21:27– Pour les puristes, je dirais oui, mais moi j'en mets.
21:29– Ah, alors c'est vrai.
21:30En effet, normalement, il n'y a pas de...
21:32Voilà, pour les puristes, il n'y a pas de moutarde,
21:33mais vous, vous en mettez par exemple.
21:34C'est une petite pône de jambe d'œuf et puis de la moutarde et ça monte.
21:37– Très bien.
21:38Tous les ingrédients doivent sortir du frigo et être froids.
21:41Est-ce que c'est ce que vous faites quand vous faites votre mayonnaise ?
21:43– Oui.
21:44– Bah non, c'est faux.
21:45Non, au contraire, huile, œufs, moutarde doivent être à température ambiante
21:49pour une meilleure émulsion.
21:51Vous le saurez pour votre prochaine mayonnaise.
21:53– Ah, mais je les ai sortis du frigo pour les mettre à température ambiante.
21:55– Ah oui, d'accord, ok, pas mal, pas mal.
21:57– Pour rattraper une mayonnaise, il suffit de rajouter du bicarbonate
22:01et de fouetter à nouveau.
22:03– Ah non !
22:04– Qu'est-ce que vous faites alors ?
22:05– Vous reprenez un œuf à côté, vous redémarrez à côté et vous remettez dedans.
22:08– Alors, je parle sous le contrôle du vrai cuisinier de l'équipe.
22:10– C'est une des techniques.
22:11On peut aussi rajouter un peu de lait ou du vinaigre et on fouette.
22:15Et effectivement, il faut recréer une émulsion avec un liquide par rapport à la force du bras.
22:19Mais le jaune d'œuf est une bonne solution.
22:21Vous êtes la peau de la mayo.
22:22– Exactement.
22:23Et si on rajoute dans la mayonnaise, si on lui rajoute du ketchup, du cognac, du tabasco,
22:28on obtient une sauce cocktail.
22:30– Tout à fait.
22:30– C'est vrai.
22:31– Bravo.
22:32– Ah non, la règle est la mayo.
22:34Bravo, bravo.
22:35Allez, on poursuit notre aventure culinaire avec la bref de comptoir.
22:42Alors Véronique, le Floc pour préparer cette émission
22:44vous a demandé d'aller chercher dans vos souvenirs
22:46entre les bottes de foin et les bouteilles de lait
22:49à un moment qui mêle cuisine et politique.
22:52Et c'est plutôt d'une fin de repas dont vous allez nous parler, n'est-ce pas ?
22:56– Eh bien écoutez, j'ai choisi de vous parler de Louis Gouazduff.
23:00– Alors qui est-il ?
23:01– Louis Gouazduff, qui est le député maire de la commune où j'ai grandi.
23:05Donc qui a été engagé en politique 42 ans auprès de la commune,
23:0920 ans en tant que député.
23:11qui a aussi été, je crois, deux mandats conseillers généraux à l'époque
23:16et qui a fait beaucoup.
23:18Il est, comme moi, simple, du milieu agricole.
23:23Ses parents étaient aussi d'un certain âge quand il est né
23:26et à un moment, il a voulu rentrer, revenir à la ferme pour s'occuper d'eux
23:31parce que les retraites agricoles à l'époque étaient inexistantes et très faibles.
23:35Et un de ses collègues lui a dit, écoute, si tu veux mieux t'en sortir,
23:40tu n'as qu'à acheter quelques poules et tu auras des œufs à vendre.
23:43Donc il a acheté des poussins, 200 poussins, je crois.
23:46Et au bout de quatre mois, il a vendu les mâles, il a gardé les femelles,
23:50il en a fait des poules, il a fait des œufs.
23:52Et il a créé une entreprise sans que les banques ne le suivent.
23:57Ce sont les constructeurs qui lui ont avancé l'argent.
24:00Il a créé plusieurs dizaines d'emplois sur la commune de Plabénèque
24:03en montant les accouvoirs Gouazduf
24:06qui sont aujourd'hui détenus et entre les mains de ses petits-fils
24:10après que les trois fils de Louis soient passés à la tête de l'entreprise.
24:15Aujourd'hui, ils fournissent quand même 35% des poussins en France.
24:19Et pour moi, c'est un exemple de réussite.
24:22Donc vous l'avez rencontrée, expliquez-nous.
24:24Vous avez discuté avec cette personnalité.
24:27Bien sûr, pour moi, c'est justement le type de politique qui me parle
24:31parce que c'est quelqu'un qui est en contact direct avec ses administrés
24:35qui venait le dimanche faire le tour des bistrots,
24:40parler avec les gens, échanger, boire un verre avec eux.
24:46Et justement, toujours dans ce côté positif
24:49parce que lui savait qu'il avait construit,
24:51donc avec peu, très peu, on peut faire beaucoup.
24:54Donc ce côté qu'il a fait aussi pour la commune,
24:57on avait une commune très sportive.
24:59On a fait beaucoup de structures,
25:02on a été faites pour que le sport soit mis en avant
25:04et que nos jeunes et moins jeunes puissent s'exercer, s'entraîner.
25:08Il nous a mis à chaque fois en avant
25:09quand nous étions justement sur les podiums.
25:13Et donc, on était quand même très nombreux.
25:15Et que ça soit en vélo, que ça soit en foot,
25:18on a pour chacun de ces sports accédé au plus haut niveau.
25:22Bon, c'est une très belle anecdote.
25:24Merci beaucoup.
25:24Je voudrais qu'on passe maintenant à la suite.
25:27On va poursuivre notre déjeuner avec un virus
25:29qui décime les cheptels de bovins.
25:32On vous parle de la dermatose des vaches tout de suite
25:34dans le Dessous des Plats.
25:42Cet été, en France, on comptait plus de 70 foyers
25:45de dermatose bovine répartie dans deux départements alpins
25:49en Savoie et en Haute-Savoie.
25:51Et voilà que la semaine dernière,
25:53des fermes du Jura mais aussi des Pyrénées-Orientales
25:55ont elles aussi été touchées par la dermatose nodulaire contagieuse.
26:00Une maladie qui se répand de vache en vache
26:02mais qui n'est pas transmissible à l'homme
26:04ni par contact ni par la consommation
26:06de produits issus de bêtes infectées.
26:09Aucun danger pour l'humain
26:10mais le virus peut nuire à la santé des bovins
26:12jusqu'à leur décès.
26:14Pour enrayer la propagation du virus,
26:17de solutions, le vaccin ou l'abattage.
26:20Et c'est malheureusement cette dernière option
26:22qu'a été contraint d'appliquer l'éleveur
26:24qui va suivre dans sa ferme de Saint-Féréol.
26:27En Haute-Savoie, il s'est confié
26:28à Katia Gilder et Juliette Prunier.
26:31Regardez.
26:32Tac, vide.
26:36Donc là, il y avait 48 vaches laitières
26:37et 20 veaux qui étaient de l'autre côté dans la nurserie
26:41donc qui ont été dépeuplés le 22 juillet.
26:47Nicolas n'a rien pu faire pour sauver son troupeau.
26:50Quand un cas est détecté dans un élevage,
26:53toutes les vaches sont abattues.
26:54Moi, depuis que je sais marcher, je viens là.
27:00Donc, j'ai 40 ans à la fin de l'année.
27:03C'est 40 ans de ma vie.
27:07Salut.
27:07Ça va ?
27:08Guillaume, le cousin de Nicolas, a eu plus de chance.
27:11Sa ferme est à moins d'un kilomètre.
27:13Ses vaches n'ont pas été touchées par la dermatose.
27:16Mais pour éviter une nouvelle contamination,
27:18l'État impose des restrictions sanitaires drastiques.
27:21J'ai un voisin encore plus proche.
27:22On est à 50 mètres, 100 mètres.
27:25Je n'ai pas le droit de lui vendre une vache.
27:27Alors que nous, aujourd'hui, on est en surnombre,
27:31ainsi dire, et on n'a pas le droit.
27:33Dans son malheur,
27:34Nicolas compte une quinzaine de vaches rescapées,
27:37restées en pâturage dans la montagne.
27:39Mais il ne peut pas les ramener
27:40tant que sa ferme n'a pas été totalement désinfectée.
27:43La traite se fait dehors.
27:45Notre bâtiment n'a pas été lavé en temps et en heure.
27:48Pendant un mois, on nous a dit,
27:49vous ne vous occupez de rien.
27:50L'entreprise va venir laver le bâtiment.
27:52Et au bout d'un mois, on nous a dit,
27:53voilà la liste d'entreprises,
27:54c'est à vous de les contacter,
27:56c'est à vous de lancer tout,
27:58de contacter vos banques,
28:00de demander une garantie financière.
28:02Aujourd'hui, si les choses avaient été faites correctement,
28:04comme elles devaient être faites,
28:05on serait dans nos bâtiments avec nos animaux.
28:07Pas de vaches dans le bâtiment,
28:09cela veut dire pas de revenus.
28:11Et l'indemnisation de l'Etat tarde à venir.
28:14Aujourd'hui, on ne gagne rien.
28:15Là, on dépense beaucoup d'argent,
28:17mais il n'y a pas de rentrée d'argent.
28:20On espère que ça ira vite,
28:22aussi vite que l'effort qu'on nous a demandé.
28:24Nous, en 48 heures, on nous a tout pris.
28:27Il a fallu aller vite.
28:28Et aujourd'hui, je trouve que l'Etat
28:29ne va pas assez vite de ce côté-là.
28:31Là, c'est les deux dernières qui sont nées.
28:33Nicolas attend la levée des restrictions
28:36pour pouvoir repeupler son troupeau.
28:39Le dernier cas de dermatose a été détecté le 6 septembre.
28:421 728 bovins ont été abattus dans le département.
28:47C'est un témoignage poignant
28:48qui nous raconte aussi les lenteurs,
28:50les aberrations du système.
28:52Vendredi 17 octobre,
28:54la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard,
28:56s'est rendue dans le Jura
28:57avec un objectif clair, je la cite,
28:59éradiquer la maladie.
29:01Est-ce que vous êtes tenue au courant, vous,
29:03en tant que présidente de la coordination rurale,
29:05de ce type de prise de décision ?
29:08Quelles sont les remontées de vos adhérents ?
29:11Eh bien, écoutez, bien sûr qu'on est tenue au courant.
29:14On est au plus près,
29:15on suit au plus près cette affaire,
29:17que ce soit le secrétaire général,
29:19Christian Convert, et moi-même.
29:21Lui, plus que moi,
29:22parce qu'il est originaire des Savoies.
29:25C'est quelque chose qu'on a,
29:28contre lequel on s'est battus dès le départ,
29:30parce que...
29:31Vous vous battez contre quoi ?
29:32Contre l'abattage total.
29:34Systématique.
29:35L'abattage systématique.
29:37Parce que quand ces cas sont arrivés,
29:39on a commencé par se documenter.
29:41Se documenter par rapport à la maladie
29:44telle qu'elle se déroulait ailleurs,
29:46que ce soit dans les pays d'Afrique du Nord,
29:47que ce soit en Europe de l'Est.
29:50Et puis, on a surtout aussi étudié les textes européens.
29:53Les textes européens qui parlent bien d'une maladie classée A,
29:56mais qui n'est pas une zoonose,
29:58qui n'est pas transmissible.
30:00Et donc, les textes permettent bien,
30:03ils parlent d'abattage total,
30:04mais ils parlent aussi de la possibilité
30:06d'abattage sélectif,
30:08à condition de la mise en place d'un plan de vaccination.
30:11Ce que nous avons défendu.
30:13Nous avons oublié des achats de vaccins,
30:15c'est ce qu'a revendiqué d'ailleurs Annie Gennevar,
30:17en quantité.
30:18Elle a acheté tous les stocks quasiment européens.
30:21Est-ce que ce n'est pas aussi ça la bonne formule ?
30:24Alors, aujourd'hui, on parle de...
30:25Mais vous, vous vouliez vacciner toutes les vaches,
30:27même si elles ne sont pas contaminées, c'est ça, non ?
30:29Alors, on voulait déjà accélérer la vaccination
30:32dans les zones, les zones élargies.
30:35Bien sûr, il faudrait peut-être aller au-delà
30:37tant que des camions circulent,
30:38parce que quand des camions circulent
30:40avec des animaux vivants,
30:41eh bien, on ne sait pas si l'animal qui est transporté
30:44a été en contact ou pas.
30:46Et s'il traverse la France,
30:47il peut aussi...
30:48– Disséminer le virus sur son trajet.
30:50– Disséminer ou laisser quelque part des insectes.
30:53Donc, pour nous, l'abattage total,
30:55en plus avec une destruction totale de nos animaux,
30:58alors que la viande était consommable,
31:01n'était pas acceptable.
31:03C'est un crève-cœur,
31:04c'est très douloureux pour ces agriculteurs
31:07qui mettront peut-être 10 ans à s'en remettre.
31:09Et aujourd'hui, à l'heure où on parle d'indemnisation,
31:12les textes sont ceux de 2001,
31:14pour les indemnisations.
31:15Bien sûr, on est en train de négocier,
31:18mais à l'heure où on se parle,
31:20on partirait sur 3 mois de pertes indirectes,
31:24alors même qu'il faudrait au moins
31:27prendre les pertes indirectes,
31:29les calculer tous les 3 mois,
31:31et aller jusqu'à minimum 2 à 3 ans,
31:33le temps que l'agriculteur retrouve un régime de croisière,
31:36le temps que son exploitation soit de nouveau fonctionnelle.
31:40Parce que les gens ne s'imaginent pas,
31:43on ne remplace pas 50 vaches par 50 vaches
31:45en prenant une dans chaque cheptel.
31:47Ils ont tous leur immunité,
31:48ils ont tous leur parasitisme.
31:51Donc c'est comme dans une école,
31:53quand vous rassemblez des enfants,
31:55ils tombent tous malades.
31:56Donc si vous avez la chance de trouver 50 animaux
32:00chez quelqu'un qui justement arrête et peut tout vous vendre,
32:03ça peut repartir très vite.
32:05Mais l'agriculteur qui devra prendre des animaux ici et là
32:07n'aura peut-être pas autant de chance.
32:09Et alors qu'est-ce qu'on vous répond,
32:10notamment avec cette valse des gouvernements ?
32:14Est-ce que vous arrivez encore aujourd'hui
32:15à avoir un contact direct avec la ministre de l'Agriculture,
32:19qui est donc restée Annie Gennevar ?
32:20Quand vous décrochez votre téléphone,
32:22qui répond ?
32:23Alors Annie Gennevar en direct,
32:24elle répond,
32:25il n'y a pas de souci là-dessus.
32:27Maintenant,
32:27on était bien à sa réunion organisée le 17 octobre dernier.
32:31Et la solution qui était présentée
32:34avec une suspension des certificats d'export
32:38pendant 15 jours,
32:40donc jusqu'au 5 novembre.
32:42L'idée, c'était de couper tout déplacement.
32:44Couper tout déplacement.
32:45Et bien quelque part,
32:46ça nous convient plus que d'attendre une mesure
32:51qui aurait pu venir par l'Europe
32:54avec justement la suspension qui serait aussi prononcée,
32:58mais sans date de fin.
32:59Donc, ces animaux-là ne sont pas abattus.
33:02Leur valeur n'est pas perdue.
33:03On est dans un contexte où, en Europe,
33:06les Italiens, les Espagnols ont besoin d'animaux.
33:10Donc, oui,
33:11ces quelques dizaines de millions d'euros de valeurs
33:14qui resteront sur pied partiront dans les 15 jours.
33:17Qu'est-ce qu'on fait après le 5 novembre ?
33:18Eh bien écoutez, là, dans les Savoies,
33:21on sait très bien que le repeuplement va pouvoir démarrer
33:25puisque la période de 45 jours après le dernier foyer
33:28est atteinte.
33:30Donc, on espère maintenant que la maladie ne sera plus véhiculée
33:36et qu'on repartira de façon plus saine.
33:39Mais dans tous les cas,
33:40beaucoup sont à la demande de vaccins.
33:43Et ceux qui craignent qu'on perdrait le statut indemne pour l'export
33:48doivent être rassurés quelque part
33:50parce qu'avec d'autres maladies, on l'a déjà connue.
33:53Mais quand vous avez des pays importateurs
33:56qui, eux aussi, sont touchés par la maladie,
33:58finalement, ils aiment autant avoir importé des animaux vaccinés.
34:02La levée des mesures en Savoie et Savoie,
34:03ça veut dire quand même que la méthode Genevard fonctionne un petit peu.
34:06Et j'ai une deuxième question.
34:07Puisque vous parliez de la valeur jusqu'au 4-5 novembre,
34:10moi, j'entends dire que ça pourrait inciter certains à spéculer
34:12que le prix de ces bêtes pourrait baisser,
34:14que des négociants de bestiaux pourraient acheter des bêtes aujourd'hui
34:16pour les revendre après le 5 novembre.
34:18Est-ce que c'est des équilibrations
34:20ou est-ce qu'il y a un petit fond de vrai ?
34:22Moi, je n'y crois pas.
34:25Sincèrement, je n'y crois pas
34:26parce que, justement, on est avec une offre très réduite
34:30par rapport à la demande.
34:32Donc, ceux qui voudraient, justement, profiter
34:35et nous mettre le couteau sous la gorge
34:38pour dire, ben non, moi, je ne mets que ça,
34:40c'est un...
34:41On ne peut pas laisser...
34:42Et on ne peut pas laisser partir nos animaux.
34:44Et la ministre, elle a dit qu'elle serait très vigilante
34:47pour, justement, suivre ceux-là qui essaieraient un peu de gruger.
34:52Je reviens sur les vaccins.
34:53La Corse, elle a été en campagne de vaccination préventive
34:56à cause de sa proximité avec la Sardaigne,
34:59rongée par la dermatologie modulaire contagieuse.
35:02Mais pourquoi ne pas tout simplement vacciner,
35:05c'est ce que proposait Jean-Pierre aussi,
35:06l'intégralité des vaches, des bovins en France ?
35:09Alors, on pourrait tout à fait imaginer
35:11de vacciner toutes nos vaches.
35:13Déjà, il y a le problème de statut indemne qui est perdu,
35:16mais ça, ça se négocie.
35:19Mais on a quand même 17 millions de bovins en France.
35:22Là, on parle de 800 000 doses.
35:25Donc, ça veut dire 20 fois plus.
35:27C'est irréalisable.
35:28Eh bien, écoutez, les vaccins ne sont pas produits en France.
35:30Certains sont produits en Afrique du Sud.
35:32Donc, il faut vraiment avoir la garantie
35:34de cet approvisionnement.
35:36Et vous savez que les vaccins ont des dates de péremption.
35:39Donc, forcément, ils ne sont pas forcément déjà produits.
35:46Donc, il faut les mettre en route.
35:47Et ça, ça va être certainement l'objet de discussions à venir.
35:50Jusqu'où on étend la vaccination ?
35:52Est-ce qu'il faut le faire ?
35:53Et dans tous les cas, je pense que dans beaucoup de régions,
35:57on a la peur au ventre.
35:58Demain, si ça nous arrive, pour chacun d'entre nous,
36:01c'est toute une vie qui s'en va.
36:02C'est 40 ans pour certains.
36:04Pour d'autres, c'est une carrière.
36:07C'est une sélection génétique.
36:08C'est un patrimoine.
36:10C'est notre valeur.
36:11Ça nous est cher.
36:12J'ai une petite question un peu plus technique.
36:14Quid de ces broutards ?
36:15J'ai découvert l'existence des broutards.
36:17C'est vous qu'on engresse, notamment en Espagne et en Italie.
36:20Si on ne peut pas les exporter, qui va les engraisser ?
36:22Est-ce qu'ils vont...
36:23On va les engraisser en France ?
36:24Ou est-ce qu'ils vont mourir sur pied ?
36:26Qu'est-ce qui va se passer ?
36:27Non, non.
36:27Dans tous les cas, je pense qu'ils partiront.
36:29Ça, c'est une certitude.
36:30Nous pourrons aller au-delà des limitations d'exportation ?
36:33Écoutez, l'Espagne a aussi des cas de dermatose.
36:38Donc, elle est demandeur.
36:39Ses ateliers d'engraissement sont d'attente recevoir ces broutards.
36:44Sinon, de toute manière, nous, à la coordination rurale,
36:47on réfléchit aussi à davantage engraisser,
36:51de relancer la filière engraissement.
36:53Parce qu'aujourd'hui, c'est plus facile d'exporter des bovins,
36:57du vif, des vivants, et de les faire engraisser ailleurs.
37:00Du coup, la valeur est réalisée ailleurs.
37:04Le souci, aujourd'hui, pour avoir des agriculteurs qui seraient volontaires pour engraisser,
37:09ça serait plus compliqué.
37:11Ça serait plus compliqué parce que nos broutards,
37:13qui sortent aujourd'hui autour de 2 000, voire plus, 2 000 euros de nos fermes,
37:18ont connu des prix entre 600 et 1 000 il y a peu de temps.
37:22On parlait aussi de ces différents éleveurs.
37:26Justement, vous parliez des cheptels qui peuvent se prêter,
37:31en tout cas se donner, récupérer des vaches à droite, à gauche.
37:34Il y a une formidable solidarité qui s'organise entre éleveurs.
37:37On poste notamment à certains agriculteurs en Isère
37:40qui ont pris en pension des vaches immobilisées dans des alpages.
37:43C'est vrai, pour essayer de sauver quelques bêtes.
37:48Qu'est-ce que vous disent, justement, les agriculteurs ?
37:53Quelles sont les remontées de ceux qui sont encartés chez vous ?
38:00Qu'est-ce qu'ils vous racontent, en fait, du terrain ?
38:02En fait, le terrain, c'est une solidarité.
38:05Même si la maladie n'est pas encore en Ariège, ni dans l'Aveyron,
38:09on a vu ces actions ces derniers jours avec nos collègues, par centaines,
38:14pour dire non à l'abattage total, mesures de précaution, des insectisations.
38:20Donc, déclassement de la maladie, elle n'est pas transmissible.
38:24Donc, on a plein d'idées, il faut qu'on soit entendus
38:26et on ne peut pas, il faut arrêter ce carnage
38:29et anticiper le fait qu'elle pourrait se déplacer.
38:33Dans tous les cas, on est tous attentifs, on est tous solidaires.
38:37On a eu des actions fortes aussi dans le Cantal
38:39parce que des animaux euthanasiés y étaient transportés
38:43et là, on avait des doutes quant aux mesures de précautions prises
38:48pour éviter, justement, le déplacement de la maladie.
38:52On n'a pas eu de réponse du ministère, malheureusement.
38:54Donc, on fait notre part d'effort
38:57et je pense qu'on est conscients, c'est du vivant, c'est ce qu'on vit
39:03et la ministre aurait peut-être dû aussi écouter des syndicats comme le nôtre.
39:08Une petite question parce qu'on a posé des questions à la syndicaliste.
39:11Moi, j'ai envie de poser aussi une question à l'éleveuse.
39:12Vous avez peur pour vos vaches ?
39:13Bien sûr, parce que, justement, ma fille m'a envoyé un exemple
39:18de système pour désinsectiser les camions quand ils rentrent dans la ferme.
39:24On sait très bien que les camions viennent chercher notre lait tous les trois jours.
39:28Ils vont de ferme en ferme.
39:30Les petits veaux que l'on vend à 15 jours, 3 semaines,
39:33eh bien, c'est un camion qui passe les prendre et il va de ferme en ferme.
39:36Donc, tout ça, ça nous interpelle
39:40et je pense qu'avec la ministre,
39:43eh bien, on va continuer toutes ces discussions
39:44pour accompagner chacun des agriculteurs
39:48à s'équiper de ventilateurs
39:50pour, justement, davantage aérer nos bâtiments,
39:53chasser les mouches, désinsectiser,
39:56prendre toutes les mesures de précaution
39:58qui pourraient encore être prises.
40:00Et l'hiver arrive, ça va être mieux pour les mouches.
40:01Normalement, oui.
40:02Oui, normalement, on arrive dans la bonne période.
40:03Allez, direction le perche où Aurélie, éleveuse de vaches laitières,
40:08a décidé de reprendre l'exploitation familiale
40:11comme son père, comme son grand-père,
40:13à un détail près.
40:14Fini le système industriel avec elle et ses vaches laitières.
40:18On met les pieds dans le plat.
40:25Et oui, Valérie, le lait, les yaourts,
40:27le camembert pur perche, comme la région,
40:30la perche trône, file le perche,
40:32trône fièrement dans les supermarchés.
40:34Aux côtés des produits de grandes marques.
40:35A l'origine de cette enseigne,
40:37quelques producteurs fatigués de vendre leur lait
40:39aux géants Lactalis.
40:41Ils ont donc décidé de prendre en main
40:42la chaîne de transformation
40:43en créant leur propre usine.
40:46C'est un reportage d'Hélène Bonduelle
40:47avec Juliette Prunier.
40:51Allez, on y va !
40:54Mon père était lui-même éleveur laitier
40:58et mon grand-père aussi.
41:00C'est une histoire de famille.
41:01Après, j'ai rencontré mon mari
41:03qui, lui, était passionné d'élevage.
41:05Et tous les deux, on a décidé
41:06de s'installer sur la ferme familiale.
41:08Aurélie, elle, a choisi de rompre
41:10avec ce modèle familial.
41:12D'abord, les prairies ont remplacé
41:14les cultures de céréales.
41:16Et puis surtout, le couple a pris
41:17une décision radicale.
41:19Quitter le système industriel,
41:21ne plus vendre son lait
41:23aux géants de l'agroalimentaire Lactalis.
41:25Quand, du jour au lendemain,
41:27vous décidez que c'est fini,
41:29vous ne vous ferez plus collecter
41:30par votre industriel,
41:32j'estime qu'il faut quand même
41:32avoir l'âme guerrière
41:33parce que le lait,
41:35ce n'est pas un robinet qu'on ouvre
41:36ou qu'on ferme.
41:37Nous, les vaches, c'est matin et soir.
41:38Elles ont du lait toute l'année
41:40et le lait, ça ne se conserve pas.
41:44Alors, avec son mari
41:45et deux autres fermes associées,
41:47ils ont créé leur propre marque de lait,
41:49pure perche.
41:51Depuis 7 ans, sa traite
41:52n'a plus la même saveur.
41:54Ça donne un sens à la vie quand même.
41:56En fait, j'ai repris ma liberté
41:58que je n'avais pas avant
41:59parce que là, je sais exactement
42:00ce qu'on va faire de mon lait.
42:02Donc ça, c'est...
42:02Enfin, pour moi, ça n'a pas de prix.
42:05On a un travail
42:06et on connaît la finalité
42:08de notre travail.
42:09Et la finalité se trouve
42:11à une vingtaine de kilomètres seulement,
42:13dont cette laiterie flambe en oeuvre
42:15grâce au lait collecté chaque jour.
42:18C'est le lait des producteurs du coin.
42:21Tout est à proximité,
42:23donc ça fait vraiment...
42:23C'est en cycle court, quoi.
42:25Donc c'est vrai que c'est gratifiant.
42:29Des yaourts, des fromages
42:31et les fameuses briques de lait
42:33pure perche.
42:35Ici, la société transforme déjà
42:3610 000 litres de lait par semaine.
42:39Mais elle espère multiplier par 10 la production.
42:42Si on ne se bat pas aujourd'hui
42:43pour protéger cette filière,
42:47notamment la filière laitière,
42:48demain, on ne pourra plus en parler.
42:49Les produits sont vendus dans les épiceries
42:52et les supermarchés locaux.
42:54Une bonne initiative, forcément.
42:55Tout ce qui est pur local,
42:57c'est très bien.
42:58Moi, je vais aussi dans une épicerie locale
43:01où ils vendent les légumes locaux,
43:02etc. à nos gens.
43:04Bon, voilà, ce sont des choix.
43:06Évidemment.
43:07Personnelles.
43:09L'objectif est maintenant
43:10d'accélérer les partenariats
43:11avec les collectivités locales
43:14pour que le modèle soit totalement viable.
43:17À terme, c'est un modèle
43:18qui va fonctionner.
43:20Je pense que dans chaque région,
43:21ce modèle, il peut être transposable
43:22où des agriculteurs reprennent
43:24leur outil en main
43:24et puis se disent,
43:27bah oui, on fait de bons produits
43:29et on est capable de les vendre.
43:31En fondant leur marque,
43:33Aurélie et ses associés
43:34ont aussi permis
43:35de créer 13 emplois dans la région.
43:39J'imagine que vous identifiez
43:41forcément à Aurélie.
43:42Alors, vous-même,
43:43vous avez tenté,
43:44avec d'autres producteurs de votre coin,
43:46de monter votre propre usine
43:47de transformation ?
43:49Alors, tout à fait.
43:49On a été confrontés
43:50à une grave crise laitière.
43:52C'était en 2009-2010.
43:55Suite à quoi,
43:57une grande réflexion a suivi.
44:01Et donc, nous nous sommes regroupés,
44:03plusieurs agriculteurs,
44:04pour commencer à échanger.
44:06Mais ce qui a été le déclic,
44:08c'est quand notre laiterie
44:10allait être avalée par...
44:13C'était Sodial, non ?
44:14Par Sodial.
44:15Et je n'osais pas dire le nom.
44:17On peut.
44:17Et donc...
44:19C'est un fait, quoi.
44:20Nous ne souhaitions pas
44:21ne pas avoir le droit de choisir.
44:25Et on s'est retrouvés
44:26une centaine d'agriculteurs.
44:27Puis Delos s'est formé.
44:29Un projet a abouti
44:31avec le lait, l'éthique.
44:33Et notre projet, malheureusement,
44:35n'est pas allé jusqu'au bout.
44:36Mais voilà,
44:37il faut beaucoup de courage.
44:39Et puis, on sait qu'on a
44:40beaucoup d'obstacles sur la route
44:42pour parvenir
44:43à du résultat.
44:46Mais tant mieux
44:47si ce nombre,
44:50si ces initiatives
44:51se multiplient.
44:51parce que c'est ce que recherchent
44:53aussi les consommateurs.
44:55Ils veulent s'identifier
44:56à des producteurs,
44:57à un pays,
44:58à des produits.
45:00Et c'est pour ça que,
45:01franchement,
45:01je vous ai parlé tout à l'heure
45:02de l'entreprise Goizduf,
45:04une entreprise locale.
45:07La laiterie à laquelle je livre,
45:09ça reste une petite entreprise.
45:10C'est ce que j'allais dire.
45:10Vous êtes chez SIL maintenant.
45:12Ça n'a rien à voir
45:12avec Lactalis
45:14qui est concerné
45:15dans ce sujet-là.
45:16Alors, ça n'a rien à voir.
45:17On est déjà sur du local.
45:19Donc, c'est des produits
45:21de marque,
45:21Le Gall,
45:23Malo.
45:24Donc,
45:26c'est une origine
45:27de Bretagne
45:28avec des producteurs bretons
45:29et qui ne se comptent pas
45:31en plusieurs milliers.
45:33Donc, c'est la différence.
45:34Ça reste un outil
45:35à l'échelle,
45:37on va dire,
45:37pas familiale.
45:39Mais à l'origine,
45:40c'est une entreprise familiale.
45:41Donc,
45:42toutes ces initiatives,
45:43on le mérite
45:44de remettre en avant
45:46des produits
45:48qui seront
45:48moins transformés.
45:50Oui.
45:51Alors, vous parliez
45:51des consommateurs
45:52tout à l'heure
45:53qui s'y retrouvent,
45:54qui s'identifient.
45:55C'est ce que vous disiez.
45:56Sauf que les consommateurs,
45:57vous ne croyez pas
45:58qu'ils regardent d'abord
45:59leur porte-monnaie
46:00et que malheureusement,
46:02ils vont souvent
46:03et on les comprend aussi
46:04vers le lait le moins cher.
46:07Alors,
46:07il faut savoir
46:08qu'il y a du lait
46:09et du lait.
46:10Alors,
46:10comme j'expliquais tout à l'heure,
46:12un lait entier,
46:14s'il est entier
46:14avec 6% de matière grasse,
46:17évidemment qu'il est plus riche
46:18qu'un lait entier
46:19avec 3,5% de matière grasse.
46:21Donc,
46:22ça,
46:22c'est un tout.
46:23On a,
46:24aujourd'hui,
46:25certainement,
46:26besoin de retourner
46:27vers des produits
46:28moins pasteurisés,
46:30plus thermisés,
46:31garder le goût,
46:32ne plus retirer
46:33tout ce qu'on a pu retirer
46:34de notre matière
46:35qui est si riche,
46:36sortiferme.
46:37J'entends bien,
46:38mais comment vous essayez
46:39de convaincre les consommateurs
46:40que peut-être,
46:41il faut,
46:42pour avoir ce lait
46:42de meilleure qualité,
46:43payer un peu plus cher
46:44dans ces temps compliqués
46:46où,
46:46voilà,
46:46on sait que le pouvoir d'achat
46:47des Français
46:48a radicalement baissé.
46:49Eh bien,
46:50on est conscient,
46:51c'est l'équation de tout le monde,
46:52c'est l'équation qui est difficile
46:53aussi dans nos fermes
46:54avec nos prix sortis fermes
46:56qui n'augmentent pas
46:57alors que toutes nos charges
46:58augmentent.
46:59Mais on reste
47:00avec cet objectif
47:01de réaliser
47:02de la qualité
47:03pour justement
47:04sauver le devenir
47:06aussi de nos produits
47:07et on compte
47:08sur le consommateur
47:09donc on espère
47:10qu'ils arriveront
47:11à faire des arbitrages
47:12parce que
47:13derrière ces produits français
47:15faits chez nous,
47:16il y a aussi
47:17leurs emplois
47:18pour beaucoup d'entre eux
47:19donc je pense
47:20que c'est toute une solidarité
47:22et on y retrouve
47:24la notion
47:24de santé,
47:25d'environnement
47:26parce que ce sont
47:27des produits
47:27qui ont moins voyagé
47:28plutôt que des produits importés
47:30qui seront peut-être
47:31vendus moins cher
47:32mais dont on ne connaîtra pas
47:34la méthode de production.
47:35Et comme on ne finit
47:37jamais un repas
47:37sans une note sucrée
47:38c'est maintenant
47:38l'heure du pêcher mignon.
47:43Et voilà
47:43et Véronique a prévu
47:45un petit dessert
47:45qui se mange sans faim
47:46après un pote au feu.
47:47Évidemment.
47:49Le phare breton
47:50au pruneau.
47:51Merci,
47:51si vous les comprennent
47:52des kilos
47:52vous revenez.
47:53Bon,
47:54un phare breton
47:54c'est encore un totem
47:55de la pâtisserie.
47:56Exactement.
47:57Bretonne.
47:58Oui,
47:58alors il est adoré
47:59par la France entière
47:59c'est vrai qu'à Paris
48:00il y a beaucoup de bretons
48:01à Paris
48:01mais on le trouve toujours
48:02dans les boulangeries
48:02du phare breton.
48:03Ça fait trois siècles
48:04que ce gâteau
48:05régale la Bretagne.
48:07A l'origine
48:07il s'agissait
48:08plutôt d'une sorte
48:09de pain
48:09sans pruneau d'ailleurs
48:11salé
48:11composé de cette fameuse
48:13farine de sarrasin
48:14dont on a beaucoup parlé
48:15dans cette émission
48:16et ça servait
48:17à accompagner la viande.
48:18Puis le pruneau
48:19est arrivé
48:19au 19ème siècle
48:20et lorsque les marins
48:22bretons ont troqué
48:23leur morue
48:24contre le pruneau
48:25d'Agin
48:26riche en vitamine C
48:27idéal donc
48:28pour lutter
48:29contre le scorbut
48:30la maladie
48:31des navigateurs.
48:32Donc voilà
48:33un petit échange
48:33un pruneau
48:34contre
48:35je ne sais plus
48:37d'ailleurs
48:37contre la morue
48:38et voilà pourquoi
48:39le pruneau
48:40s'est installé
48:40dans ce phare.
48:41C'est votre dessert
48:42fétiche j'imagine ?
48:43Souvenir d'enfant ?
48:44Souvenir de tout ce qu'on veut ?
48:46Alors je crois
48:46que quand j'étais cycliste
48:48et que je courais beaucoup
48:49et que je n'avais pas
48:50le temps
48:51de m'alimenter
48:53en m'asseyant
48:54pour manger
48:55ma mère me faisait
48:57du phare
48:58parce qu'elle avait compris
48:58que le phare
49:00je le dévorais
49:00donc non
49:02le phare au pruneau
49:03oui c'est quelque chose
49:04que je continue à faire
49:06qui est tellement simple
49:06à faire
49:07C'est ce que j'allais dire
49:08assez facile
49:08moi qui suis très mauvaise
49:09cuisinière
49:10non pour le coup
49:11c'est assez facile à faire
49:12Et puis les pruneaux
49:13c'est un clin d'oeil aussi
49:13à mes amis du sud-ouest
49:15parce que finalement
49:16des bretons ont migré
49:17à un moment aussi
49:18vers le sud-ouest
49:19donc c'est un tout
49:20le phare au pruneau
49:21c'est l'incontournable
49:24de la Bretagne
49:25mais qui a aussi été reconnu
49:27c'est plutôt le Queen Hammond
49:28qui a été reconnu
49:29par le prestigieux magazine
49:32Food & Wine
49:33aux Etats-Unis
49:34comme une des meilleures
49:35pâtisseries au monde
49:36C'est juste à côté
49:37Justement ?
49:38C'est juste à côté
49:38Et pour accompagner
49:39ces fabuleux desserts
49:40vous nous avez ramené
49:41Alors cette fois
49:42c'est un jus de pomme pétillon
49:43je vous en sers un petit peu
49:45expliquez-nous
49:46Alors le jus de pomme pétillon
49:47c'est un jus de pomme
49:48qui justement
49:49a été gazifié
49:51parce qu'il répond
49:51à cette demande
49:52De sans alcool ?
49:54De sans alcool
49:54donc les gens
49:55qui voudraient du cidre
49:56sans alcool
49:57donc il est pareil
49:58il est local
49:58Alors je le montre un peu
50:00C'est le cidre Lézerguet
50:01c'est les Tribrodeurs
50:02les trois frères
50:03c'est aussi une des marques
50:04de leurs boissons
50:05et donc c'est Mathieu
50:07Guillaume et Joseph
50:08qui font toute une série
50:10de produits aussi
50:11que chacun peut déguster
50:12et ils ont eu
50:13la gentillesse aussi
50:15de nous les offrir
50:15C'est fantastique
50:17J'allais vous dire
50:19avec cette assiette
50:20de dessert
50:21comme le précisait Jean-Pierre
50:23bon vous faites absolument
50:24pas attention
50:25à votre régime
50:25c'est pas là
50:26le sucre
50:27le gras
50:28pour vous c'est pas un sujet
50:30alors malheureusement
50:31et c'est un reproche
50:32de mon mari
50:33parce qu'il dit
50:33toi tu manges
50:34tout ce que tu veux
50:34et moi je mange
50:35et j'encaisse
50:36donc voilà
50:38moi je peux pas
50:41me passer
50:41de ce qui est bon
50:42On a envie d'avoir
50:43votre avis
50:43sur ce phare breton
50:45il a été préparé
50:48par le bourbon
50:49absolument
50:50donc ils ne sont pas
50:51forcément des bretons
50:52donc ils prennent des risques
50:53moi je le trouve
50:53plutôt bon
50:54mais la bretonne
50:55il est bon
50:55Il est excellent
50:57et franchement
50:58en fait le phare
51:00il est fait
51:01de façon épaisse
51:02dans le sud Finistère
51:05et je vois ici aussi
51:07il est épais
51:08tandis que chez moi
51:09dans le nord Finistère
51:09on le faisait
51:10beaucoup plus fin
51:10mais en fait
51:11on y retrouve le goût
51:12franchement c'est super bon
51:14Alors entre le kick à phare
51:16le phare breton
51:16est-ce que de temps en temps
51:17vous ouvrez au monde extérieur
51:19et vous mangez
51:19des nouilles chinoises
51:20du tiramisu
51:22ou vous êtes complètement
51:23repliée sur vous-même
51:25Non non non
51:26je suis très ouverte
51:28d'ailleurs
51:28c'est aussi mon parcours
51:30qui le veut
51:30et j'ai beaucoup apprécié
51:32tous les produits
51:33l'aligo
51:33et tous les produits
51:35que j'ai pu découvrir
51:36dans mon tour de France
51:37l'an passé
51:38auprès des différents départements
51:40pour aller à la rencontre
51:41des agriculteurs
51:42entendre leurs problèmes
51:44pour pouvoir les remonter
51:46les traduire
51:46et donc partout
51:48il y a des bonnes spécialités
51:49et franchement
51:50que ça soit
51:51au niveau
51:52de l'assiette
51:53ou dans le vert
51:54je pense que
51:56chacun des
51:57je vais dire
51:58chacun des pays
51:58mais chacune des régions
52:00doit garder
52:01et mettre en avant
52:02ces bons produits
52:02notre histoire
52:03donc
52:03et bon alors
52:04dans l'histoire bretonne
52:06évidemment
52:06il y a les
52:06Queen Amman
52:07Queen Yette là ici
52:08vous savez faire ça
52:10il paraît que c'est hyper compliqué
52:11Cougnette c'est quoi ?
52:12C'est des petites ?
52:13Bah oui
52:13Alors Queen c'est gâteau
52:14bien sûr Jean-Pierre
52:15Queen c'est gâteau en breton
52:17Amande c'est au beurre
52:18donc c'est du beurre
52:19du sucre
52:20tout chaud un petit peu comme ça
52:22c'est une pâte repliée
52:26moi je ne sais pas le faire
52:27ma fille le fait
52:28mais c'est ça
52:28c'est hyper compliqué à faire
52:30c'est assez compliqué
52:31alors certains ont déposé des brevets
52:33l'origine parfois
52:35elle est attribuée
52:36à Douarnenez
52:36qui est une ville
52:37du sud
52:39sud-ouest
52:40Finistère
52:41mais en fait
52:42il y a tellement d'origines
52:43et d'histoires
52:44mais en tout cas
52:45c'est la maison Larnicole
52:47qui nous les offre
52:47et comme ça ne suffisait pas
52:49il n'y a pas assez de beurre
52:50on rajoute de la crème
52:51c'est un truc
52:52une excellente crème
52:53alors la crème
52:54c'est la crème Le Gall
52:55parce que c'est la crème fleurette
52:57pour la mettre en chantier
52:58et après vous avez
52:59le Queen Amman
53:00au coeur coulant
53:00qui aussi est excellent
53:02mais tout ça
53:04c'est la maison Larnicole
53:05et on les remercie évidemment
53:07et puis alors
53:07puisque c'est la Bretagne
53:08qui était au menu du jour
53:09je pense que tout le monde
53:09l'aura compris
53:10on ne pouvait pas se quitter
53:11sans écouter
53:11quelques notes
53:12de l'hymne breton bien sûr
53:14Bro-Gos-Mazadou
53:26est-ce que je le dis bien ?
53:41tout à fait
53:41expliquez-nous ce que ça veut dire
53:44vous parlez breton couramment
53:45oui enfin j'ai pu mes parents
53:47depuis longtemps
53:48mais on a appris le breton
53:49à la ferme
53:51en famille
53:51et je pense que ça
53:54ce sont mes racines
53:55qu'est-ce que veut dire ce titre ?
53:57alors Bro-Gos
53:58mon vieux pays
53:59Vasadou
54:00mon pays
54:00le pays de mes pères
54:02donc
54:03il est aussi à l'image
54:05de toutes les personnes
54:06que j'ai pu décrire
54:07dans cette émission
54:08des personnes
54:09Gilles Fallin
54:10Armand Relux
54:11j'aurais pu dire
54:12Jean-Guile Floc
54:13Lard Nicole
54:15Goizdu
54:16tous ceux-là
54:17qui ont été à l'origine
54:18d'entreprises
54:19qui ont osé
54:19et dans l'hymne breton
54:21on dit
54:21pays soit fort
54:23il n'y a pas de pays fort
54:25sans hommes courageux
54:26il parle d'hommes durs
54:28donc le breton est dur
54:30et de femmes aussi
54:31de femmes aussi
54:32donc on est englobés dedans
54:33et donc
54:34c'est à la fin
54:35Bretagne
54:35tu es réveillée
54:36donc
54:37c'est un peu
54:38ce que disait
54:39Louis Gouazdu
54:40avec pas grand chose
54:41on peut faire beaucoup
54:42donc c'est un message
54:43à tout le monde
54:44on doit se battre
54:45et donc
54:46on est là
54:47pour se battre
54:47dans le syndicat
54:48et ailleurs
54:49de Bretagne
54:49et d'ailleurs
54:50merci infiniment
54:51Véronique
54:51le fait d'avoir partagé
54:52ce déjeuner breton
54:54avec nous
54:55merci beaucoup
54:55Jean-Pierre Montané
54:56et nous on se retrouve
54:57très vite
54:57pour un prochain numéro
54:58de Politique à table
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