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  • il y a 5 semaines
Un an après les inondations meurtrières à Valence en 2024, Morgane Dumont (JRI) et Rebecca Blanc-Lelouch (journaliste) reviennent, pour BFM2, sur leur travail sur place pour BFMTV. Elles racontent leurs conditions de travail, où le terrain exige beaucoup et où l’émotion est présente.

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Transcription
00:00Bonjour et bienvenue sur BFM2. Aujourd'hui, je suis accompagnée de deux journalistes de BFM TV,
00:05Rebecca Blanc-Lelouch et Morgane Dumont. Merci d'être avec nous.
00:09Avec plaisir.
00:10Il y a un an, vous étiez à Valence. On le rappelle, le 29 octobre 2024,
00:14la région a été frappée par de violentes inondations.
00:17Des inondations avec un bilan très très lourd.
00:21Plus de 230 morts, des dégâts qui ont été considérables,
00:24les habitants qui sont toujours marqués.
00:26Vous étiez sur place pendant combien de jours exactement ?
00:31Cinq jours.
00:31Cinq jours et moi j'y suis retournée cinq jours.
00:34Alors vous y êtes allée dès le 29 octobre, le lendemain, comment ça s'est passé ?
00:39Deux jours après ou 24 heures après ?
00:41Oui, 24 heures après il me semble.
00:44La rédaction nous dit qu'il y a besoin d'équipe sur place,
00:46ils nous demandent si on est disponible et avec Rebecca,
00:48on est très partant pour couvrir cette actualité qui est internationale
00:54qui semble importante à couvrir pour nous.
00:57Et à ce moment-là, on sent qu'il se passe quelque chose de grave.
00:59On sent qu'il y a une résonance, déjà, nous, entre nous,
01:03au sein de la rédaction, entre les journalistes de BFM.
01:06On se dit, ok, il y a combien de morts et le bilan qui ne cesse de s'élever.
01:10Donc à ce moment-là, on se dit, ok, on y va,
01:12mais on ne mesure pas vraiment encore ce qu'on va voir et ce qu'on va vivre.
01:16L'ampleur des dégâts, pas du tout.
01:18Non, à ce moment-là, pas du tout.
01:19Mais on sent qu'il se passe quelque chose de grave.
01:22Et quand vous arrivez, alors, c'est là où vous constatez immédiatement les dégâts,
01:25la détresse des gens ?
01:27Non, pas à l'aéroport.
01:28Non, non, non, pas à l'aéroport.
01:30En effet, on a fait beaucoup de routes, je te souviens, un peu de nuit.
01:33Il y avait beaucoup d'embouteillages parce qu'il y avait tout été cassé, évidemment.
01:36Donc dans ce genre de moment,
01:38les zones qu'on doit atteindre sont très compliquées à atteindre.
01:41Oui, bien sûr.
01:42Parce que nous aussi, du coup, on vit évidemment tous les dégâts.
01:45Et puis, en fait, ça s'est fait, enfin, je parle pour moi après Morgane,
01:50peut-être que tu n'as pas ressenti la même chose,
01:51mais ça s'est fait vraiment petit à petit.
01:53On arrive, on voit un premier, ça devait être, je ne sais pas,
01:57une route cassée, une voiture qui était perchée sur un poteau.
02:01On se dit, ok, puis un deuxième, puis un troisième.
02:03Et il y a eu un moment de bascule
02:05quand on est rentré dans un certain quartier dont on va parler
02:09où c'était, enfin, digne d'un décor de film.
02:14Puis déjà, il n'y avait plus d'électricité.
02:15Donc tout est dans le noir, mais malgré tout,
02:17on commence à distinguer des cimetières de voitures
02:20qui commencent à joncher la rue un peu partout.
02:23Et ce qui était dans les maisons,
02:24quasiment tout est déjà sorti,
02:25et de la boue absolument partout.
02:27Donc c'est au fur et à mesure où on rentre dans cette ville
02:29où on se dit, ok, il y a vraiment quelque chose de fort
02:32qui s'est passé ici.
02:34Justement, on va regarder un de vos plateaux à toutes les deux.
02:36Vous étiez donc sur place
02:39et vous faisiez un reportage pour BFM TV à l'époque
02:42pour constater les dégâts dans la région de Valence, en Espagne.
02:46Il faut bien comprendre que cela fait déjà six jours
02:49que ces inondations ont eu lieu.
02:51Et vous le voyez, le nettoyage est loin d'être terminé
02:54puisque c'est un paysage apocalyptique.
02:56Les conséquences de ces inondations sont tellement dramatiques
03:00qu'avant de pouvoir nettoyer tous ces débris,
03:03tous ces parkings qui ont été inondés,
03:05toutes ces voitures qui sont détruites.
03:07Eh bien, il y a beaucoup de travail,
03:09une organisation de la part du gouvernement
03:11pour les déblayeurs, pour pouvoir évacuer tous ces débris.
03:15Et l'autre point qui est important de comprendre,
03:17ce sont ces nombreux parkings
03:19qui sont complètement submergés sous l'eau.
03:22Et depuis six jours,
03:23donc la macération de l'eau fait que forcément,
03:26il commence à y avoir des infections,
03:28des bactéries qui s'y déploient.
03:30Donc une odeur qui se dégage
03:32et qui potentiellement peut infecter les habitants,
03:34les bénévoles et toutes les personnes qui travaillent autour.
03:37Donc depuis quelques jours, avec Morgane Dumont,
03:39nous observons que des masques sont de plus en plus donnés
03:43aux uns et aux autres
03:44afin de protéger contre tous ces risques d'infection.
03:48Alors dans ce reportage,
03:49on voit encore des dégâts qui sont considérables,
03:51mais c'est votre dernier jour sur place à toutes les deux.
03:53Donc ce que vous avez vu en arrivant,
03:55le premier jour,
03:56c'était bien pire que ce qu'on voit sur ces images ?
03:58C'était à peu près pareil,
04:00mais là en fait, on ne voit qu'une partie
04:02parce que c'était la route
04:04à l'extérieur du quartier Cédavie.
04:06Là c'est une rue.
04:07Oui.
04:07Et en fait, il faut imaginer que c'est ça
04:09sur des kilomètres et des kilomètres
04:10et des kilomètres
04:11dans plein de petites villes différentes.
04:13Il faut imaginer en fait,
04:14il faut se mettre à la place des gens.
04:15Imaginez qu'à Paris,
04:17le petit bout d'extrait que vous venez de voir,
04:20là on voit très bien sur...
04:21Voilà.
04:21Imaginez ça en fait dans Paris.
04:23Et nous, on y était donc forcément.
04:26Et en effet, c'était le dernier jour
04:28et je l'ai entendu dans le plateau là
04:32parce qu'on parlait des infections.
04:34Et en fait, on était à J plus 6.
04:36Oui.
04:37Et pourquoi on parle d'infections ?
04:38Parce qu'en six jours,
04:40c'est assez dramatique,
04:43mais il y a eu des corps encore disparus,
04:45d'ailleurs encore aujourd'hui.
04:46Oui.
04:46Mais à ce moment-là,
04:48le bilan n'était pas encore à 230 morts,
04:51donc il y avait encore plein de cadavres.
04:54Donc, six jours qui ont macéré dans l'eau,
04:57des inondations qui restaient.
04:58Donc forcément, ça a créé des bactéries.
05:01Et c'était la problématique,
05:02une semaine après,
05:04avant évidemment le déblayage,
05:07etc.
05:07etc.
05:08de la ville.
05:09Donc, on voit effectivement
05:11la ville qui est complètement dissimée.
05:15comment est-ce qu'on fait
05:16pour travailler dans ces conditions-là ?
05:18Comment est-ce qu'on fait
05:18pour filmer ?
05:19Toi qui es JRI,
05:20journaliste-reporteur d'images,
05:22comment on fait aussi
05:22pour recueillir des témoignages,
05:25soit des habitants
05:25qui peut-être n'ont pas envie
05:27de parler aux médias
05:28ou alors des forces de l'ordre ?
05:30Comment est-ce qu'on fait
05:30dans ces conditions-là ?
05:32Au début, les gens ont envie
05:34de nous parler.
05:35Il y a de la colère
05:36vis-à-vis du gouvernement
05:38qui, selon eux,
05:39ne fait absolument rien
05:40pour venir les aider.
05:42On a des phrases
05:42qui nous reviennent,
05:44je pense à Stéphanie,
05:45dans une commune
05:46à côté de Valence
05:46qui nous dit
05:47qu'on nous a laissé crever
05:48comme des chiens.
05:50Donc, c'est la colère,
05:51ils ont besoin de l'exprimer
05:52et ils demandent de l'aide.
05:54Donc, ça permet
05:54de créer un contact avec eux
05:57et donc, pour filmer,
05:58ça va.
05:59Après, en tant que JRI,
06:00il faut faire attention
06:01à ne pas tomber.
06:02C'est des petites choses
06:02auxquelles il faut penser.
06:03On repère un petit peu,
06:04on essaie de ne pas trop bouger
06:05malgré tout.
06:06Et après, sur le fait
06:08d'avoir des interactions
06:09avec les gens,
06:10dans l'ensemble, ça va.
06:10Oui, et puis,
06:12je trouve qu'il y a un truc
06:13qui est hyper intéressant
06:15à expliquer
06:15dans ce genre de drame.
06:19Là, il y a des proportions
06:21énormes
06:22parce qu'on parle
06:23de centaines de morts,
06:24mais même,
06:25je pense à la tempête
06:26d'il y a huit jours
06:27à Hermon,
06:28il y a eu un mort
06:28et quelques blessés.
06:30Dans ce genre de moment,
06:32il y a deux choses.
06:33Il y a les gens
06:34qui sont très énervés
06:36parce qu'ils ne se sentent
06:37absolument pas aidés.
06:38Donc, ils se disent
06:39à travers les médias,
06:40je vais faire rendre compte
06:42qu'on est mal dirigés.
06:43Mais il y a aussi
06:44et surtout,
06:45et c'est cette partie
06:46que j'aime le plus
06:47dans mon métier
06:48et qui me semble
06:48la plus importante,
06:50les gens,
06:51quand ils sont
06:51en état de choc
06:52et de sidération,
06:54c'est en formulant
06:55les choses
06:55qu'ils prennent la mesure
06:56de ce qui se passe.
06:57Au moment où nous,
06:58on arrive,
06:59ça fait à peine 48 heures,
07:00les gens,
07:01ils ne comprennent pas
07:01ce qui leur arrive.
07:03Ils ne comprennent pas
07:03parce qu'ils ne savent pas
07:05à combien de gens sont morts.
07:06Ils connaissent tous
07:07quelqu'un qui connaît
07:08quelqu'un qui est décédé
07:09ou qui a disparu.
07:10Ça, c'était assez incroyable.
07:12Et en s'exprimant
07:13quand on leur demande
07:14mais qu'est-ce qui s'est passé,
07:16c'est en nous répondant
07:18qu'ils prennent la mesure
07:19de ce qui est en train
07:21de leur arriver.
07:22Et ils ont besoin
07:23d'extérioriser.
07:24Et ce n'est pas pareil
07:25d'extérioriser
07:26avec des proches
07:26qui sont des co-victimes
07:28qu'il y a des personnes
07:29qui sont complètement extérieures
07:31et en plus,
07:31nous, il s'avère
07:32qu'on était des journalistes
07:34étrangères pour eux.
07:35Donc, je pense que
07:37dans ce genre de moment
07:38de détresse,
07:39les victimes
07:40ont pour la plupart
07:42besoin d'extérioriser.
07:43Évidemment, il y en a
07:44qui n'ont pas envie
07:44de parler aux médias,
07:45qui ont de la colère.
07:46Tout le monde ne réagit
07:47pas de la même façon.
07:48Mais je trouve que la plupart
07:49du temps, c'est ça qui se passe.
07:52Je suis d'accord avec toi.
07:53Et alors, comment on fait
07:54justement quand on recueille
07:55ces témoignages
07:56qui doivent être poignants
07:57par moments,
07:58la détresse des gens ?
07:59Comment on fait pour réussir
08:01à garder une certaine
08:02neutralité journalistique
08:03et de ne pas être
08:04complètement sous l'émotion
08:05soi-même ?
08:06Ce n'est pas facile.
08:08Ce n'est pas simple du tout.
08:10Il faut réussir
08:11à garder un peu de recul.
08:12Je pense que c'est
08:13en en parlant aussi
08:14toutes les deux.
08:15C'est hyper important
08:16quand il y a un témoignage
08:18où on peut avoir
08:19les larmes qui montent
08:20pendant qu'on pose
08:21les questions
08:21ou derrière la caméra.
08:23Je pense que c'est
08:23en en parlant juste après,
08:24en extériorisant
08:25toutes les deux,
08:26qu'on se permet aussi
08:27de se protéger nous-mêmes
08:28parce que quand même
08:30au bout de ces jours,
08:31on a été très touchés
08:33par cette mission
08:34qui a été très intense
08:35émotionnellement.
08:36et je pense que
08:37c'était peut-être important
08:39aussi de partir
08:40à ce moment-là,
08:40en tout cas de prendre
08:41un peu plus de recul
08:42parce qu'on était vraiment
08:44à l'intérieur,
08:45plongés au cœur
08:46de ce qui était
08:47en train de se passer
08:48au jour le jour.
08:49On était avec eux.
08:50On vivait avec eux
08:52l'évolution au cours des jours
08:53parce que le premier jour,
08:55c'est constatation.
08:56Oui.
08:56OK, qu'est-ce qui se passe ?
08:58C'est quoi ces cimetières
08:58de voitures ?
08:59On ne peut pas imaginer ça
09:01avant que ça n'arrive.
09:02Un cimetière de voitures,
09:03il y en avait plein.
09:03De comprendre qu'il y a
09:04des cadavres,
09:05dans les souterrains
09:07qui ne sont pas encore
09:09retrouvés.
09:10On vit l'évolution
09:11avec eux
09:11et en effet,
09:12on a besoin de temps en temps
09:13de prendre du recul.
09:14Je pense qu'on est resté
09:16très concentré
09:17et je pense qu'il faut
09:18rester concentré.
09:20Il faut se rappeler
09:21pourquoi on est là
09:21et rester concentré.
09:23On va regarder justement,
09:25tu parlais d'images difficiles,
09:26on va regarder un autre reportage
09:28que vous avez tourné
09:29toutes les deux
09:29sur les parkings.
09:31Les parkings étaient quand même
09:32au centre de ces recherches
09:34parce que c'est des souterrains,
09:36comme tu l'as dit,
09:37jusqu'à 5,
09:38voire 6 mètres de profondeur.
09:39Il y avait beaucoup d'espoir
09:40dans ces parkings
09:42de retrouver des corps,
09:45des personnes disparues
09:46mais aussi parfois
09:47l'espoir de retrouver
09:48des personnes vivantes
09:49et on va regarder ce plateau
09:51que vous avez tourné
09:51toutes les deux.
09:52Ici dans le quartier
09:53de la Torre et à Cédavie
09:54où nous nous trouvons,
09:55les recherches se poursuivent.
09:57Vous pouvez le voir
09:58sur les images
09:59de Morgane Dumont.
10:00Là, il s'agit d'un parking.
10:02C'est le parking
10:02de la place principale
10:04de la commune
10:04et le parking de la mairie
10:06notamment
10:06qui abrite 200, 300 voitures
10:09et cela fait à J plus 4,
10:12cela fait 4 jours
10:12que ces inondations dramatiques
10:14ont eu lieu
10:15et l'eau n'est toujours pas évacuée.
10:16Il faut bien s'imaginer
10:17qu'il y a 5 mètres d'eau
10:19à l'intérieur de ce parking
10:21à deux niveaux
10:22et potentiellement des victimes.
10:24On a rencontré des pompiers
10:25qui nous disaient
10:25qu'il pourrait y avoir
10:26beaucoup de corps
10:28qui vont être retrouvés
10:29dans les prochaines minutes,
10:30dans les prochaines heures
10:31et dans les prochains jours
10:32quand les évacuations auront lieu,
10:35quand ce sera possible
10:36pour les pompiers
10:37d'accéder à ce parking,
10:38d'aller dans cette eau
10:40qui est très trouble,
10:41très sale.
10:43On peut d'ailleurs sentir
10:44une très mauvaise odeur
10:45qui se dégage
10:46avec Morgane Dumont
10:47depuis hier soir.
10:48Donc voilà, vous voyez,
10:49c'est un quartier en deuil,
10:51en attente de retrouver
10:52ces personnes
10:54qui sont portées disparues.
10:55Le Premier ministre Pedro Sanchez
10:57parle de dizaines
10:58et de dizaines de personnes
10:59qui sont encore portées disparues.
11:01Et on le rappelle,
11:02ici à La Torre,
11:03ce sont 8 corps
11:05qui ont été retrouvés
11:06encore hier.
11:07On voit sur ces images
11:08la police.
11:10Comment ça a été de tourner
11:11plusieurs plateaux par jour ?
11:14Parce qu'on vous a demandé
11:15plusieurs plateaux par jour
11:16pendant plusieurs jours
11:17du côté de BFM TV.
11:18Comment ça a été de tourner
11:20avec la police
11:21toujours autour de vous ?
11:23Est-ce que ça a été facile
11:23ou est-ce qu'on vous a demandé
11:25un peu de prendre vos distances,
11:27de respecter les recherches,
11:29etc.
11:29Comment ça s'est passé ?
11:30Globalement,
11:32c'était facile.
11:33Il y a eu des événements
11:34ponctuels
11:35qu'on pourra
11:36te raconter après.
11:38Mais globalement,
11:39ça a été facile.
11:41Je pense que
11:42les Espagnols,
11:43qu'ils soient policiers,
11:44pompiers ou civils,
11:45étaient contents
11:46dans tous les cas
11:46de notre présence.
11:50Oui,
11:50on mangeait même
11:51avec les pompiers.
11:52Là,
11:52on est juste à côté
11:53du parking
11:54où il y avait
11:545 mètres en profondeur
11:57où il y avait l'eau
11:58qui remplissait
11:58ce fameux parking,
11:59200 places.
12:00200 places à l'intérieur,
12:02donc 200 voitures certainement.
12:04Et donc,
12:04on est resté
12:05plusieurs heures.
12:07Peut-être qu'on contextualise
12:08un petit peu l'histoire.
12:09Au moment
12:10où les inondations
12:11ont commencé,
12:12ce genre de phénomène,
12:14la brutalité
12:15du phénomène
12:15se passe très vite.
12:17Il y avait beaucoup,
12:18le parking,
12:19c'est le parking
12:19de la place principale
12:21du quartier de la Toré.
12:22Donc,
12:23il y a la mairie,
12:23c'est le parking
12:24de la mairie.
12:25La plupart des gens
12:26qui résident dans ce parking
12:27sont des employés
12:28de la mairie.
12:29quand les inondations
12:30et la pluie
12:30a commencé à tomber
12:32très fort,
12:33il y a certaines personnes
12:34qui ont eu
12:34le mauvais réflexe
12:36du coup
12:36de courir
12:38pour aller chercher
12:39leur voiture
12:39pour rentrer.
12:41Sauf que
12:42c'est monté
12:43tellement vite
12:44qu'il n'y avait
12:44plus d'électricité
12:45donc certaines sont
12:46restées bloquées
12:46dans les ascenseurs.
12:47D'ailleurs,
12:48on a assisté
12:48au cassage
12:50de l'ascenseur
12:51pour voir s'il y avait
12:52des cadavres dedans,
12:52etc.
12:53Certaines sont restées
12:54bloquées dans leur voiture,
12:55certaines sont restées
12:56bloquées sous l'eau,
12:58en fait.
12:58Et c'était
12:59un des parkings
13:00qui inquiétait le plus
13:01les pompiers
13:03parce qu'il y avait
13:035 mètres
13:04de profondeur d'eau
13:05et parce qu'ils n'étaient
13:07pas attelés
13:07tout de suite.
13:08C'est avec le temps
13:09qu'ils se disent
13:09ok, l'eau ne part pas,
13:11elle stagne.
13:12Donc, il y a plusieurs étapes.
13:13Il faut d'abord vider l'eau
13:14mais pour vider l'eau
13:15d'un parking
13:15de je ne sais pas
13:16combien de mètres carrés
13:17avec 200 voitures
13:18sans savoir
13:20combien de cadavres il y a,
13:23il pouvait y en avoir
13:23deux comme 100.
13:25C'était un endroit
13:27crucial
13:28de ces inondations.
13:31Et cristalliser aussi
13:32la peur des habitants
13:33autour de savoir
13:34si leurs proches
13:35étaient à l'intérieur.
13:37En fait,
13:37ils ne savaient pas
13:37peut-être qu'ils étaient ailleurs.
13:39Ils n'avaient pas forcément
13:40des nouvelles de leurs proches
13:40tout de suite.
13:42Et donc,
13:42sur ce direct-là,
13:44nous,
13:45on venait de frapper
13:46à la fenêtre
13:47de la voiture.
13:49On était nous
13:50dans la voiture
13:51entre deux tournages.
13:55On était nous
13:55dans la voiture.
13:56On savait qu'on allait avoir
13:57un duplex
13:57dans quelques secondes.
14:01La coordination
14:02BFM TV
14:03nous appelle
14:04pour qu'on se mette
14:05en direct.
14:05Et en même temps,
14:06il y a les policiers
14:07qui frappent à la fenêtre
14:09et qui nous disent
14:09évacuez, évacuez.
14:10il faut sortir absolument
14:11de la voiture.
14:12Il faut aller très vite.
14:13On essaye de demander
14:14des explications
14:15tout en gérant...
14:16En espagnol.
14:17Oui, j'imagine.
14:19Et en fait,
14:20ils refusent de nous en donner.
14:21Juste,
14:21il faut partir
14:22le plus vite possible.
14:23Et en fait,
14:23on est déjà en direct
14:24à ce moment-là.
14:25la police nous dit
14:28qu'on ne peut pas vous dire
14:29mais il faut partir
14:29tout de suite.
14:30Et on dit
14:31mais notre voiture,
14:32votre voiture,
14:32vous la laissez là.
14:33Vous partez de cette zone
14:35tout de suite.
14:35Sauf que nous,
14:36ça faisait trois jours
14:36qu'on travaillait sur cette place,
14:39qu'on s'est égaré
14:39au même endroit
14:40et on ne comprend pas
14:41ce qui se passe.
14:42Et d'un coup,
14:43on voit une armée de gens,
14:44de policiers arriver,
14:45installer des rubalises,
14:46nous demander d'évacuer
14:47et de l'autre côté
14:48des rubalises,
14:49une foule de gens arrivés
14:51qui commençaient à hurler.
14:52Et nous,
14:52on ne comprend pas vraiment
14:53ce qui se passe
14:54à ce moment-là.
14:55Et en plus,
14:55on se fait prendre
14:56en direct à ce moment.
14:58On se fait prendre
14:58en direct à ce moment.
15:00Donc, Rebecca essaye
15:00d'expliquer
15:01ce qui est en train
15:02de se passer.
15:03On passe une première rubalise
15:04qui vient d'être installée,
15:06une deuxième.
15:07Et en fait,
15:07pendant le direct,
15:08on se fait prendre à partie
15:09par les personnes
15:11qui sont autour de nous,
15:12donc les habitants,
15:13parce qu'ils sont en colère
15:13à ce moment-là,
15:14parce qu'eux,
15:15on redoute le fait
15:17qu'il y ait des corps
15:18de leurs proches
15:18qui sont à l'intérieur
15:19du parking.
15:19Parce qu'on comprend donc
15:21par la colère
15:22de cette personne,
15:23parce que c'est un homme
15:24qui nous a pris à partie,
15:27que tout ça se passe
15:28en espagnol.
15:29Donc, on comprend
15:30qu'eux parlent
15:31avec la police en espagnol.
15:32On ne comprend pas tout,
15:34mais on suppose donc
15:35qu'on nous a demandé
15:36d'évacuer si rapidement
15:37parce qu'il y avait
15:38une sortie de cadavre
15:39et qu'on n'avait pas
15:41le droit de voir ça
15:42et qu'on n'avait pas
15:43le droit de filmer ça.
15:43On n'a jamais le droit
15:44de filmer des cadavres.
15:45Et effectivement,
15:46on a vu un plongeur
15:47ressortir du parking
15:48et un habitant
15:49l'arroser avec de l'eau claire
15:51pour éviter
15:52qu'il y ait des bactéries
15:52qui soient sur lui.
15:55Sachant que ça faisait
15:552-3 jours,
15:57peut-être ce direct-là,
15:58je crois que c'était
15:58au bout de 3,
16:00peut-être 4 jours
16:01de macération
16:03dans l'eau,
16:03dans le parking.
16:04On comprend que la personne
16:06qui nous prend à partie,
16:07ce n'est pas contre nous.
16:10C'est parce qu'il attendait
16:12et il avait peur
16:14qu'il s'agisse de son...
16:17Je crois que c'était
16:17son conjoint.
16:19Je ne sais plus
16:19sa conjoint.
16:20Quelqu'un de très proche.
16:21De très très proche,
16:22oui.
16:22Il pensait que c'était
16:23cette personne
16:24qui était en train
16:24d'être sortie,
16:25donc il ne supportait pas
16:25l'idée qu'on puisse filmer
16:26même si on ne filmait pas
16:27évidemment le cadavre,
16:29mais qu'on était là
16:29en train de faire un direct.
16:30Sauf qu'on ne pouvait pas
16:31arrêter parce qu'on était
16:31en direct.
16:33Et comment on gère alors
16:33ce genre de situation
16:34à ton journaliste ?
16:36Parce qu'il y a l'être humain
16:37que vous êtes d'abord
16:38avant d'être journaliste,
16:38toutes les deux,
16:39qui doit parler.
16:42On finit le direct.
16:43Adrénaline.
16:44Oui, c'est ça.
16:45Adrénaline.
16:46Sur le moment,
16:47on est boosté
16:47par l'adrénaline du direct.
16:48Dans tous les cas,
16:49on est en direct.
16:50Oui.
16:50Donc, on raconte.
16:52On raconte.
16:53Il essaye de bousculer
16:54un peu la caméra.
16:55On essaye de maintenir.
16:56Et une fois que le direct
16:57se termine,
16:58on explique ce qu'on vient
16:59de faire.
16:59Et lui, de toute manière,
17:01nous demande
17:01de ce qu'on est en train
17:02de filmer,
17:02pourquoi on est en train
17:03de filmer,
17:04qu'il faut partir
17:05un peu plus loin.
17:05Donc, on décide
17:06d'aller discuter
17:07plus loin
17:08que juste à côté
17:09du parking
17:10où les corps
17:11sont en train
17:11d'être sortis.
17:12Vous avez assisté
17:13à des scènes comme ça
17:14où vous voyez
17:14malheureusement
17:15des corps
17:16qui sont évacués
17:17des parkings ?
17:18Tout à fait.
17:19Et pour revenir
17:20sur l'odeur,
17:20je pense que c'est...
17:21Si on devait y avoir
17:22un mot
17:23à une question
17:24qui est
17:25qu'est-ce qui vous a
17:25le plus marqué,
17:26c'est l'odeur.
17:27C'est l'odeur
17:29parce que
17:30tant qu'on n'a pas
17:32senti l'odeur
17:33je pense
17:34de la mort,
17:37on ne peut pas
17:38la...
17:39En revanche,
17:39une fois qu'on l'a senti,
17:41on ne peut pas
17:42l'oublier.
17:43OK.
17:43C'est...
17:43On sait que c'est elle,
17:45on sait que ce n'est pas
17:45autre chose,
17:46c'est pas...
17:47Ouais, on sait
17:48sans qu'on nous le dise.
17:49Et aujourd'hui,
17:49vous en parlez
17:50comme si c'était hier
17:51en fait,
17:52quand j'entends vos paroles,
17:53je sens quand même
17:54un peu d'émotion.
17:54D'ailleurs,
17:55tu l'as dit
17:56quand on a diffusé
17:57un de tes plateaux
17:58que ça te faisait
17:59quelque chose.
18:00Un an plus tard,
18:01vous,
18:02comment est-ce que
18:02vous vivez
18:03de revoir ces images ?
18:04Aujourd'hui,
18:05on en a fait beaucoup
18:05quand même
18:06sur cet anniversaire
18:09de ces inondations
18:10meurtrières.
18:11Qu'est-ce que ça vous fait
18:12de revoir tout ça ?
18:13Ça fait bizarre
18:14et ça donne envie
18:15d'y retourner.
18:16En fait,
18:16ça donne envie
18:16d'aller chercher
18:17de nouveaux témoignages,
18:18de savoir où ils en sont.
18:19Est-ce que...
18:20Est-ce que...
18:22Émotionnellement,
18:22ça va un peu mieux ?
18:23Est-ce que le post-traumatique
18:24est passé ou non ?
18:25Et en fait,
18:25quand on regarde,
18:26parce qu'on est journaliste,
18:27on continue de regarder,
18:28on se rend compte
18:28que ce n'est pas du tout
18:29qu'ils continuent
18:30de manifester,
18:31que l'argent n'est pas venu,
18:33qu'ils ont encore besoin
18:33d'énormément d'aide
18:34et donc ça donne juste envie
18:36d'y retourner
18:36et d'aller reprendre
18:38leurs témoignages
18:38et de mettre à jour
18:39ce sujet
18:40qui fait un an maintenant.
18:42Je suis complètement alignée.
18:43Toi,
18:44tu m'as dit
18:44que tu étais retournée
18:45quelques temps après.
18:46Moi,
18:46j'y suis retournée
18:47trois jours après,
18:47dans la foulée
18:48pour couvrir une autre zone
18:51qui était...
18:52parce que malheureusement,
18:54Valence,
18:54c'est une région très grande.
18:55Beaucoup,
18:56beaucoup de villages
18:56ont été touchés
18:58et en effet,
19:00je suis retournée
19:00quelques jours après
19:01pour couvrir les choses
19:03d'une façon assez différente.
19:05Avec Morgane,
19:06on a été vraiment
19:0748 heures après
19:07ce qui s'est passé.
19:09C'était à la une
19:10de tous les titres
19:11dans le monde
19:12donc on était vraiment
19:13au cœur du truc
19:14et dans la deuxième partie
19:16de Valence,
19:19pour moi,
19:19c'était plus des sujets.
19:20on prenait le temps
19:22de faire plus
19:22de tournages
19:23et puis on connaissait
19:25la zone.
19:25Enfin,
19:25moi,
19:25je connaissais la zone
19:26et en même temps,
19:27je découvrais encore
19:28d'autres zones.
19:29Donc,
19:29c'était différent.
19:30C'était différent.
19:31Est-ce que vous avez
19:31des gens
19:32que vous voyez régulièrement
19:33qui acceptaient régulièrement
19:35de communiquer avec vous
19:36ou c'était toujours
19:37d'autres civils ?
19:39On changeait tout le temps.
19:40Tout le temps ?
19:40On changeait tout le temps.
19:41On a gardé contact
19:43avec 2-3 personnes.
19:46Il y en a une notamment
19:48avec qui on a gardé contact
19:51et qu'on a fait plusieurs fois
19:52en interview.
19:53Déjà parce qu'elle est francophone
19:54donc forcément,
19:55ça facilite les choses.
19:57Mais en plus,
19:58elle témoignait d'une façon
19:59assez incroyable,
20:01dans un calme absolu.
20:05Dans ce genre de mission
20:06et là,
20:07encore plus à Valence,
20:08on tombe sur des gens
20:09avec qui on a des affinités,
20:11des souvenirs,
20:12des moments.
20:13Donc oui,
20:13on a quelques nouvelles.
20:14On a échangé avec elle
20:15il n'y a pas longtemps d'ailleurs.
20:15Oui, tout à fait.
20:16On prend des nouvelles.
20:17On essaye de savoir
20:18comment ça va pour eux.
20:19Et alors,
20:19qu'est-ce que ça a changé
20:20dans votre...
20:21Si,
20:21ça a changé quelque chose
20:22dans votre manière
20:23de travailler
20:23en tant que journaliste.
20:27Dans votre vie à vous
20:28quotidienne,
20:29si vous voulez en parler,
20:30bien sûr,
20:30parce qu'il y a des choses
20:31très intimes aussi.
20:34Moi,
20:34ça me fait
20:35aimer mon métier
20:37plus.
20:39Ça,
20:39c'est sûr.
20:40Enfin,
20:40il y a un avant-après
20:41dans la passion du métier
20:44pour avoir vécu ça.
20:46Oui,
20:46je pense que ça...
20:48Je ne sais pas
20:50comment expliquer,
20:50mais ça donne envie de...
20:53En fait,
20:53sur ces moments-là,
20:54on se sent très utile.
20:56C'est des sujets
20:56qui sont très importants.
20:59Et donc,
21:00à ce moment-là,
21:01notre métier
21:01prend d'autant plus
21:02de sens.
21:04Et donc,
21:04ça donne envie
21:05d'aller sur ces sujets
21:06plus souvent,
21:07en fait.
21:07et moi,
21:08je me suis sentie
21:09chanceuse,
21:10c'est peut-être le mot,
21:11d'avoir l'opportunité
21:13de faire résonner
21:15à l'international.
21:16C'est quand même chic.
21:18Bien sûr,
21:18complètement.
21:18À l'international,
21:19des problématiques
21:20si graves.
21:23Et de travailler en binôme
21:24avec Morgane,
21:25évidemment,
21:25ça,
21:25c'est hyper important aussi.
21:27Ça fait partie
21:27de notre mission.
21:28Ça nous a beaucoup reliés.
21:30Et c'est très important
21:31dans notre métier
21:33de bien s'entendre,
21:34surtout sur des terrains
21:35comme ça.
21:36On était très complémentaires,
21:38mais de pouvoir ensemble
21:39mettre en image
21:42et donner la parole
21:44à ces gens-là
21:44pour faire résonner
21:46ça à l'international,
21:47je l'ai ressenti
21:49comme une chance.
21:49Il y a quelque chose
21:50où on écrit l'histoire
21:51avec eux.
21:52Et alors,
21:53justement,
21:53un an après,
21:54quand on écoute
21:56les gens de la région
21:57de Valence
21:57qui ont l'impression
21:58d'être toujours
21:58complètement délaissés,
22:00est-ce que ça vous donne
22:01envie d'y retourner
22:02justement pour leur
22:03redonner la parole
22:05qu'est-ce que ça vous fait
22:06de voir ces gens
22:08qui sont toujours
22:08dans une détresse ?
22:09On y a souvent pensé.
22:11On a envie
22:12de soumettre l'idée.
22:15Sinon,
22:16on se dit
22:16qu'on le fera aussi
22:17pour nous,
22:18en fait.
22:19Et après,
22:20notre manière de faire,
22:21c'est aussi d'envoyer
22:22des messages
22:22pour savoir
22:22où ils en sont.
22:24Mais évidemment
22:24qu'on a envie
22:25d'y retourner,
22:26de prendre
22:26de nouveaux témoignages
22:27pour savoir
22:29où ils en sont.
22:30Oui,
22:30on se dit
22:30qu'on a
22:31une sorte
22:33de responsabilité
22:34et c'est d'ailleurs
22:34pour ça
22:35qu'on est trop contentes
22:36de pouvoir échanger
22:36avec toi là-dessus.
22:38Quand on vous entend,
22:39on ressent quand même
22:40que vous êtes très forte
22:41parce que c'est quand même
22:43un sujet très difficile,
22:44un terrain très difficile,
22:46autant en termes
22:47d'accessibilité
22:47qu'émotionnel.
22:49Mais est-ce qu'il y a eu
22:50des moments quand même
22:51où vous avez ressenti
22:52de la peur,
22:53de l'angoisse,
22:54où l'émotion a pris
22:55le dessus
22:55sur votre travail
22:57de journaliste ?
22:59Il y a les moments
23:00où on doit faire
23:00les directs,
23:01donc là on interview
23:02des gens
23:02et il y a les moments
23:03où on doit faire
23:04des images d'illustration
23:05pour les sujets.
23:07Et à ce moment-là,
23:08on filme notamment
23:09les cimetières de voitures
23:10et il est vrai
23:12qu'on fait des plans larges
23:13puis des plans moyens
23:14puis des plans serrés
23:15et à chaque fois
23:16qu'on regardait
23:17par une fenêtre
23:18qui était brisée ou non,
23:20on avait peur,
23:20c'est vrai,
23:20de tomber sur un cadavre
23:21et donc ça,
23:22c'est quelque chose
23:23qui nous a marqué
23:24en tout cas
23:24qui est un peu traumatisant
23:26de ce côté-là.
23:27Oui, en fait,
23:28je me souviens
23:28moi la première journée
23:30je ne prenais pas la mesure
23:31et c'est je pense
23:32le lendemain
23:32puis le surlendemain
23:33qu'en fait
23:33on se disait
23:34avec Morgane
23:34on marche dans la Torre,
23:36donc le quartier
23:37de Cédavie
23:37de cette ville de Valence.
23:40À tout moment,
23:41on va marcher
23:42sur une main,
23:43sur un pied
23:44et sur le moment,
23:46en fait,
23:46c'est tellement fou
23:47qu'on ne peut pas
23:48avoir peur de ça
23:49mais c'est après coup,
23:50moi,
23:51et évidemment,
23:52en tombant
23:52sur ces cimetières de voitures
23:53parce qu'elles étaient
23:54toutes empilées,
23:55cassées,
23:55détruites
23:56avec des fenêtres brisées
23:57donc on les filmait
23:58parce que déjà visuellement
23:59c'était hyper impressionnant
24:00mais en effet,
24:01on se disait
24:02en fait,
24:03pourquoi il n'y avait pas
24:05quelqu'un qui conduisait
24:05cette voiture à ce moment-là
24:06et peut-être que
24:07le conducteur est dedans.
24:08Puis les pompiers
24:09n'avaient pas du tout
24:10eu le temps
24:10de checker
24:11toutes les voitures
24:12en fait,
24:12c'est un travail monstre,
24:14mais monstrueux,
24:14il y en avait partout
24:15sur des kilomètres,
24:16c'était vraiment hallucinant.
24:18Donc on a bien compris
24:19que pour vous aider
24:20au moment de l'émission,
24:21vous parliez beaucoup
24:22entre vous,
24:23le fait que vous soyez
24:23un binôme très proche
24:25avec une complicité
24:25qu'on ressent là,
24:27j'imagine que ça aide.
24:28Mais en retour de l'émission,
24:30comment est-ce que,
24:31quand on revient un peu
24:32à la vie réelle finalement,
24:34comment est-ce qu'on gère
24:35ces émotions très fortes
24:37qu'on a vécues,
24:37voire peut-être aussi
24:38des moments traumatisants ?
24:42Déjà, c'est très rassurant
24:44de se dire
24:44qu'on a vécu ça ensemble
24:46comme, bon, elle sait,
24:48je sais,
24:49on sait ce qu'on a vécu ensemble.
24:51Ça, c'est très important.
24:52Puis il y a nos autres collègues,
24:53on n'était pas la seule équipe
24:54là-bas.
24:54Absolument.
24:54Donc on peut échanger
24:55sur les expériences,
24:57sur ce qu'on a vécu
24:58sur le terrain
24:58et le fait vraiment
25:00d'en parler,
25:00c'est ce qu'il y a
25:02de mieux pour nous,
25:02je pense,
25:03sur tous les reportages d'ailleurs,
25:05c'est ce qui nous aide
25:05à tenir.
25:06En parler à des journalistes.
25:08Exactement.
25:08Parce que c'est vrai
25:09que ce n'est pas pareil
25:10et c'est vrai
25:10qu'on était nombreux
25:11à BFM
25:12à partir en Espagne.
25:15On a tous vécu
25:15des expériences différentes
25:17mais on sait
25:18qu'on a tous vécu
25:19des choses
25:19qui nous ont marquées
25:21donc c'est sûr
25:22que d'en parler entre nous,
25:24nos chefs ont été
25:24hyper à l'écoute aussi
25:26et puis d'avoir des retours,
25:29ça nous fait du bien
25:29parce qu'on se dit
25:30ok, on ne fait pas ça pour rien.
25:31Il y a eu la résonance
25:32qu'on attendait
25:33et puis ça fait quand même
25:38relativiser
25:38quand on rentre
25:40chez nous.
25:41Complètement.
25:42On se dit
25:42qu'on a de la chance.
25:45Merci,
25:45il devait y avoir
25:46une phrase de conclusion
25:47par rapport à cette mission
25:48que vous avez vécue
25:49à Valence
25:49sur votre travail journalistique.
25:52Vous avez dit
25:53que vous vous sentiez utile
25:54toutes les deux,
25:54que c'est ça
25:55qui vous donnait
25:55encore plus envie
25:56de continuer ce métier ?
25:58Oui,
25:59c'est de se sentir utile,
26:01de donner la parole
26:02aux gens
26:05et puis
26:05raconter les histoires.
26:07Oui,
26:07c'est d'un côté
26:08donner la parole
26:09et de l'autre
26:09pouvoir informer
26:11ceux qui nous écoutent.
26:13Et puis aussi
26:14vu que ça touchait l'Espagne,
26:16en fait,
26:17c'est comment on fait
26:17pour que les Français
26:18s'y intéressent
26:19parce que c'est
26:20des catastrophes climatiques
26:21qui vont potentiellement
26:22nous arriver
26:23donc imaginez
26:24qu'en fait,
26:24ça arrive à vous
26:25en bas de votre fenêtre
26:27d'ici deux jours en fait.
26:28Donc ça,
26:29c'est important aussi
26:29pour nous de le faire
26:31et c'est en ça
26:31que c'est utile aussi.
26:32Complètement.
26:33Sachant qu'il y en a
26:33de plus en plus en France.
26:34Au-delà de raconter
26:35ce qui se passe au moment T,
26:37c'est aussi une sorte
26:37de prévention du coup,
26:39c'est ce que vous êtes
26:39en train de me dire
26:40toutes les deux
26:40par rapport à ce changement
26:41climatique
26:42et aux intempéries
26:43qu'il y a de plus en plus
26:45de même en France.
26:46C'est pas parce que
26:46ça ne vous touche pas
26:47vous aujourd'hui
26:48
26:49que ça ne va pas arriver.
26:50Donc prenez juste
26:51conscience de ce qui se passe
26:52et de rentrer en empathie
26:54aussi avec ce qui se passe
26:55ailleurs
26:55parce qu'il y a souvent
26:56la loi de la proximité
26:57partout dans le monde
26:59et donc on est moins touché
27:00par ce qui se passe
27:01plus loin et malheureusement
27:03les changements climatiques
27:04ça nous touchera tous
27:05à un moment donné
27:05et certains ont déjà
27:07été touchés en France
27:07par des tempêtes
27:08on en parlait tout à l'heure
27:09et peut-être ce sera demain
27:11donc faisons attention
27:12tous ensemble
27:13et prenons soin
27:13les uns des autres aussi.
27:16Je suis totalement alignée
27:17je ne peux absolument
27:18pas dire mieux
27:19et puis c'est très vrai
27:21la loi de la proximité
27:22souvent.
27:23Est-ce que vous pouvez
27:23nous rappeler un peu
27:24ce que c'est la loi
27:25de la proximité
27:25parce que c'est vrai
27:26que nous entre journalistes
27:27on se comprend
27:28en école de journalisme
27:29on nous dit
27:30qu'un mort
27:31en bas de chez toi
27:32t'intéresse plus
27:33que 500 morts
27:35à des centaines de kilomètres
27:37voilà exactement
27:38et c'est là où
27:40l'Espagne
27:40c'était un peu
27:41l'entre-deux finalement
27:42parce que c'est pas
27:43c'est nos voisins
27:44c'est pas la France
27:45mais c'est quand même
27:45très très proche
27:46la culture espagnole
27:48et la culture française
27:49se ressemblent
27:50et les quartiers
27:52de Valence
27:52ça pourrait être
27:53des quartiers
27:54je ne sais pas
27:54de la province
27:55de la France
27:56enfin voilà
27:56on se projette tellement
27:59en Espagne
28:00et il y a aussi
28:01des français
28:01qui sont venus
28:02en aide
28:02aux habitants
28:04de Valence
28:04dans la province
28:05de Valence
28:05qui ont fait
28:06le déplacement
28:07pour venir apporter
28:08des packs d'eau
28:08pour qu'ils puissent
28:09boire de l'eau potale
28:11qu'ils n'avaient plus
28:11chaîne de solidarité
28:12incroyable
28:12il y a une image
28:14où on voit
28:15des centaines
28:16et des centaines
28:16de gens marcher
28:17au début
28:17on se dit
28:18mais qu'est-ce que c'est
28:18et en fait
28:19on voit
28:19en se rapprochant
28:20qu'ils ont tous
28:21soit un pack d'eau
28:22soit un balai
28:23à marcher
28:25à marcher
28:25à venir
28:25et quand on leur a demandé
28:27qui êtes-vous
28:28on dit
28:29à votre avis
28:29genre on se fait engueuler
28:30on vient aider
28:31en fait
28:32et c'était fou
28:33comment c'était
28:34d'un naturel
28:35d'une volonté profonde
28:38de venir aider
28:39ça c'était
28:39très très très émouvant
28:41ça ça vous a marqué
28:42ouais énormément
28:43les bénévolats
28:44les gens qui viennent
28:45porter main forte
28:46même aider à la survie
28:48en fait
28:48des gens
28:49parce qu'ils n'avaient plus rien
28:50plus d'électricité
28:51plus de maison
28:52plus de voiture
28:52plus d'eau potable
28:53que des zones infectées
28:55donc à la fin
28:56c'était
28:56le premier plateau
28:57qu'on a vu tout à l'heure
28:57à la fin
28:58c'était distribution
28:59de masques FFP2
28:59les gens arrivaient en bénévole
29:01pour amener des masques
29:01FFP2
29:02pour ne pas se faire infecter
29:03et pour ne pas qu'on sente
29:04trop l'odeur aussi
29:05qui monte à la tête
29:06et la nourriture en fait
29:07ils n'ont plus de nourriture
29:08donc il faut pouvoir manger
29:10il faut pouvoir déblayer
29:11donc les outils
29:12tous les outils
29:12qui ont été balayés
29:13par les inondations
29:14il faut en retrouver d'autres
29:15donc tout ça
29:16c'est des milliers
29:17et des milliers de personnes
29:18qui débarquent pour aider
29:18et c'était aussi fort
29:21parce que c'était des civils
29:22en fait
29:22qui venaient aider
29:23alors qu'ils demandaient
29:25l'aide du gouvernement
29:26donc des militaires
29:26qui en fait
29:27n'arrivaient pas
29:28dans les différentes villes
29:29autour de Valence
29:30Merci beaucoup
29:32Rédeca et Morgane
29:33pour votre témoignage
29:34très précieux
29:35et du coup
29:36on va peut-être
29:36vous revoir à Valence
29:37c'est quoi votre prochaine mission
29:38là ?
29:40Bonne question
29:40Bonne question
29:41Aucune idée
29:42Aucune idée ?
29:42Au jour le jour
29:43Au jour le jour
29:44comme d'habitude
29:45Merci beaucoup
29:46pour votre témoignage
29:47et nous on se retrouve
29:48très bientôt
29:48pour un nouveau direct
29:49sur BFM2
29:49Merci beaucoup
29:50Merci beaucoup
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