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Anne Fulda reçoit Jean-René Van der Plaetsen pour son livre «La vie à contre-courant» dans #HDLivres

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Transcription
00:00Bienvenue à l'heure des livres, Jean-René Van der Platsen, on est ravis de vous recevoir.
00:05Vous êtes directeur délégué du Figaro Magazine, vous êtes écrivain, vous avez déjà écrit deux livres remarqués,
00:13La nostalgie de l'honneur et Métier de mourir, deux livres qui sont parus chez Grasset.
00:17Et là, vous venez de publier La vie à contre-courant, un livre qui est paru aux éditions du Rocher,
00:22un livre de nouvelles qui est écrit d'une plume très élégante, très légère et un peu nostalgique.
00:31Et c'est un vrai bonheur de lecture.
00:33Alors, on a envie de vous demander, parce que c'est vrai que quand on a lu vos livres précédents
00:37et quand on voit quels sont souvent vos centres d'intérêt, pourquoi vous avez choisi, décidé de vous mettre un petit peu en danger
00:45en sortant finalement de sujets qui sont souvent proches de l'armée, du service de la France,
00:51comme vous l'avez fait avec ces nouvelles ?
00:54Bonjour Anne. D'abord, merci de m'inviter dans votre émission.
00:58Oui, vous touchez juste parce que ce qui s'est passé, c'est que j'ai été très, non pas blessé, mais piqué
01:04par l'article que Frédéric Becbedé a écrit me concernant dans son dictionnaire amoureux des écrivains français vivants.
01:13En gros, il explique que, bon, c'est bien, mais qu'il me considérera le jour où j'aurais écrit autre chose
01:22qu'un livre militaire ou un livre à consonance de voir ou historique.
01:27Donc, je me suis dit, ben voilà, tu vas voir mon petit Frédéric, tu vas voir, je vais t'étonner, je vais essayer de t'étonner.
01:35D'où ce recueil de nouvelles qui me permet d'aborder un petit peu tous les sujets et tout type de personnages.
01:42Je crois qu'il y a une grande variété de personnages.
01:45On y trouve aussi bien un couple de clochards, on y trouve un guide de haute montagne
01:52qui s'amuse à redresser, qui s'amuse, qui s'emploie à redresser les croix et les calvaires dans les Pyrénées.
02:01On y trouve des gens un petit peu à contre-courant de leur époque.
02:06On y trouve un légionnaire qui devient milliardaire et qui explique comment il est devenu milliardaire.
02:10C'est une histoire vraie.
02:11On y trouve des cambrioleurs, un cambrioleur qui se retrouve coincé dans une cheminée.
02:16Bon, je ne vais pas défleurer tout.
02:18Une rupture dans un restaurant dans le noir.
02:20Vous savez qu'il y a une chaîne de restaurants qui s'appelle Dans le Noir.
02:22Une rupture de deux jeunes amoureux.
02:26Et finalement, tout le monde s'en mêle parce que dans les restaurants dans le noir,
02:28on entend tout ce qui se dit, même à 20 mètres.
02:31Alors, le titre du livre, qui est donc un ensemble de nouvelles,
02:36c'est La vie à contre-courant.
02:39Et finalement, à travers ces nouvelles, il y a une forme de portrait en pointillé de vous-même qui surgit.
02:48Vous-même qui êtes peut-être un peu à contre-courant.
02:51En tout cas, c'est ce que dit un peu Éric Neuf dans la préface,
02:54qui écrit de jolis mots à votre sujet,
02:57en disant que vous avez toujours été, lui, il dit, démodé.
02:59Et il rajoute, c'est une autre façon de dire qu'il est un classique.
03:02Et il rappelle qu'en 80, même, Jean-Marie Roir l'avait appelé dans son bureau du quotidien de Paris
03:09pour vous présenter en disant, viens voir, il y a le sosie de Rieux de la Rochelle qui est dans mon bureau.
03:14C'était vous.
03:16Alors, cela dit, est-ce que vous vous êtes toujours senti un peu à contre-courant ?
03:19Oui, alors d'abord, oui, effectivement, certainement un petit peu, mais je vais développer ça juste après.
03:26Comme vous pouvez le voir, Anne, tous mes amis sont vachards.
03:30Neuf se moque de moi, Bec Bédé se moque de moi, mais gentiment, mais avec affection.
03:36Vous êtes devenu un classique.
03:37Oui, c'est très gentil.
03:39Et oui, un petit peu à contre-courant parce que je pense que beaucoup de gens sont tristes, déçus de voir l'orientation que prend le monde aujourd'hui.
03:51La violence, le terrorisme, la pauvreté, l'extrême pauvreté, l'immigration de masse.
04:01C'est compliqué de vivre aujourd'hui quand on a des enfants comme vous ou moi qui sont adolescents.
04:06On ne leur laisse pas un monde tel que celui dont on a hérité au même âge.
04:12Et donc, je pense qu'il y a beaucoup de gens qui décrochent et qui se disent
04:15« Je n'ai pas envie d'entrer dans cette compétition. »
04:19Vous vous souvenez de ce film qui s'appelait « La course du rat » tiré d'une bande dessinée de Gérard Lausier.
04:28À cette époque-là, tout le monde travaillait.
04:30C'était même normal de travailler tout le temps, tout le temps, tout le temps.
04:33Aujourd'hui, il y a des gens qui disent « Non, moi, stop, je ne veux plus.
04:36Je vais aller m'acheter une cabane au fond des bois.
04:39Je vais m'installer dans la cabane.
04:40Je vais y vivre comme autrefois et je serai beaucoup plus heureux. »
04:43Et je crois que c'est vrai.
04:44Ils sont plus heureux.
04:45Et alors, d'ailleurs, la plupart des personnages de ces nouvelles ont un point commun.
04:51Ils sont rarement parisiens où, lorsqu'ils le sont, ils ont des attaches en province, des racines.
04:57Ils aiment les maisons de famille, ils aiment le Beauvin, le Pommard.
05:01Le Pommard, le Bourgogne.
05:03Le Bourgogne.
05:05Ils habitent, comme certains, dans la vallée de la vie, en Normandie.
05:10Ou comme le Conannel à la retraite qui a 73 ans et qui est invité à s'effacer par sa fille, par sa propre fille et son gendre énarque.
05:22Et qui a, écrivez-vous, l'impression que tout ce en quoi il avait cru se délite, même les choses les plus banales.
05:27Il y a un peu cette petite musique, effectivement, mélancolique.
05:30Mélancolique, oui.
05:32Une nostalgie peut-être même profonde.
05:35Je pense aussi qu'aujourd'hui, si Balzac existait, de nos jours, il raconterait non pas à nous deux Paris avec Rastignac au Rubinpré,
05:48il raconterait à nous deux la province.
05:51C'était le sens du livre de Gaspard Koenig, il y a quelques années, qui s'appelait Humus.
05:56Aujourd'hui, je pense que les jeunes gens ambitieux repartent en province.
06:00Parce qu'on vit mieux en province.
06:02D'où toutes ces nouvelles qui se passent en Normandie, en Bretagne, en Savoie, dans les Pyrénées.
06:08Parce que je pense que le cœur de la France, c'est la province et que Paris est, au fond, un épiphénomène.
06:14Il n'empêche que décrire un dîner parisien, c'est toujours très amusant.
06:18Oui, parce qu'il y a aussi ça, vous décrivez aussi ça.
06:20Alors, ce qui est amusant, c'est qu'on voit l'évolution de votre style aussi,
06:24puisque la première nouvelle est en 1989, écrite en 1989, la dernière en 2025 ou 2024.
06:32Donc, l'exaltation des débuts du jeune homme rebelle, c'est un peu évaporé.
06:40Pour un réalisme peut-être un peu plus triste aujourd'hui, il faut bien dire.
06:48Par exemple, il y a cette image, dans l'une de vos nouvelles,
06:52cet aristocrate, ce vieux russe blanc qui est devenu un clochard
06:57et que le narrateur, qui a l'œil, qui ressemble un peu au repère grâce à un nœud de cravate
07:03qu'il a fait, comme on le fait dans les Bonnes Familles.
07:06Mais en fait, ce qui est intéressant, c'est qu'on retrouve quand même toujours des valeurs.
07:12Finalement, c'est ça qui est transparce aussi.
07:14C'est des personnages qui ont certaines valeurs, le sens de l'honneur.
07:18Donc, c'est là qu'on revient à vos livres précédents, l'air de rien.
07:21À mes marottes, oui.
07:23Oui, alors je pense que ces valeurs, elles sont beaucoup mieux véhiculées
07:27et vécues et incarnées en province.
07:30Parce que là, je reviens du Clos Vaugeau, en Bourgogne, le week-end dernier.
07:34Et comme à chaque fois, je suis frappé par la gentillesse de la province,
07:41des gens qui vivent en province, leur intelligence.
07:44Ils ont compris une fois pour toutes que ça ne servait à rien.
07:47La violence ne menait à rien.
07:49Le cynisme abîme, vous abîme intérieurement.
07:53Et ça fait de la peine aux gens.
07:55Donc, oui, j'ai la nostalgie de cette époque où la France était douce.
08:01La France était plus humaine, plus jolie.
08:05Il n'y avait pas ces ronds-points partout.
08:06Il n'y avait pas ces zones commerciales qui défigurent notre pays.
08:11Voilà, donc je raconte un peu ces personnages-là.
08:14Je crois que je les aime tous avec beaucoup de tendresse.
08:17– Justement, j'allais vous demander quel est le personnage
08:20pour lequel vous avez le plus de tendresse, mais vous les aimez tous.
08:22Vous n'avez pas une petite préférence.
08:24– Je crois que j'aime bien le vieux colonel un peu scogneugneux.
08:27– Voilà, celui qui donne le titre du livre.
08:32– Exactement.
08:32– La vie à contre-courant.
08:33– Voilà, c'est l'histoire d'un vieux colonel en retraite
08:36qui se retrouve dans sa vieille maison en Normandie.
08:38Il a une fille qui a épousé un énarque
08:42et il pense que les arcs sont à peu près tous des abrutis.
08:47– Ils ne savent pas reconnaître les feuilles des arbres.
08:49– Ils ne savent pas distinguer un frêne au loin,
08:55reconnaître un être ou un homme qui ont des feuilles qui se ressemblent.
09:01Bref, il se sent oppressé par cette époque
09:06et il se dit, il faut que je trouve une porte de sortie.
09:10Et il cherche la porte de sortie.
09:11Il cherche ce qu'il peut faire pour retrouver sa liberté,
09:15pour retrouver la joie de vivre tout simplement.
09:19Et je ne vais évidemment pas déflorer la chute
09:21parce que dans les nouvelles, ce qui compte, c'est la chute.
09:24– Oui, et qui est très réussi à chaque fois.
09:28Parce qu'il faut bien le dire, vous avez écrit 16 nouvelles
09:30qui sont des petits bijoux.
09:32À chaque fois, c'est un vrai bonheur de lecture
09:33qui n'est pas évident.
09:35Donc, je vous interromps.
09:37Mais juste pour vraiment conseiller à tout le monde
09:39de lire votre livre.
09:41Alors que c'est vrai que les nouvelles ne sont pas un genre
09:43qui est très couru.
09:44Alors que c'est justement plutôt le rythme de la vie actuelle.
09:49Parce qu'on peut en lire une et le lendemain une autre.
09:52Donc, votre livre s'appelle La vie à contre-courant.
09:54C'est paru aux éditions du Rocher.
09:56Et vraiment, je vous conseille de le lire.
09:57Merci beaucoup, Jean-René Van Der Pletsen.
09:59– Merci, Anne. Merci de votre invitation.
10:01Merci beaucoup.
10:01– Sous-titrage Société Radio-Canada
10:05– Sous-titrage Société Radio-Canada
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