- 2 hours ago
Category
🗞
NewsTranscript
00:00Il est 10h à Paris, on est ensemble et en direct durant la prochaine heure à la une de l'actualité, la Jamaïque en état d'alerte à l'approche de l'ouragan Melissa, désormais passé en catégorie 5, il pourrait être le plus violent à frapper le pays. Il a déjà fait 3 morts dans l'île.
00:17A la une également au Soudan, l'armée reconnaît sa défaite à El Facher, son dernier bastion dans la région du Darfour. Les paramilitaires ont annoncé hier la prise de cette ville clé de l'Ouest. L'ONU s'alarme face au risque d'atrocité à grande échelle dans la région.
00:30Et puis le Japon et les Etats-Unis alliés au plus haut niveau. Ce sont les mots de Donald Trump après sa rencontre avec la première ministre japonaise à Tokyo.
00:41Deuxième étape de la tournée asiatique du président américain dont le point d'orgue sera la rencontre avec Xi Jinping jeudi prochain à Séoul.
00:49Où en sont les rapports de force dans la région ? Que joue Donald Trump au Japon à deux jours de son face-à-face avec la Chine ?
00:56On en parle pendant les 45 prochaines minutes avec notre correspondante à Tokyo, Mélodie Sforza, avec Jean-Baptiste Meunier, avec nous sur ce plateau, vice-présidente d'Asia Center,
01:06avec Juliette Loche, chercheuse associée à l'IFRI et Karim Yahya Ouigrand, reporter ici à France 24. Bienvenue, c'est Parlons-en.
01:13C'est un marathon diplomatique qui bouleverse les rapports de force en Asie du Sud-Est après la Malaisie.
01:32Donald Trump poursuit donc sa tournée asiatique au Japon.
01:35Le début d'un âge d'or entre les deux pays selon les mots de la première ministre japonaise.
01:40Les deux dirigeants ont scellé plusieurs accords stratégiques, notamment sur les terres rares à deux jours d'un face-à-face crucial avec Xi Jinping.
01:49Que pourra obtenir le président américain de son homologue chinois ?
01:52Quels enjeux et surtout, quelles options pour les pays de l'Asie du Sud-Est ?
01:55Prises en étau entre ces deux géants, pourront-ils sortir l'or épingle du jeu ?
02:01Et si oui, à quel prix ? On en parlera avec tous nos invités.
02:04Mais d'abord, le point sur les derniers développements avec Nicolas Chamontin.
02:08Complicité totale entre Donald Trump et Sanae Takahichi.
02:15A Tokyo, le président américain et la nouvelle première ministre échangent les sourires et les formules chaleureuses.
02:21Nous ferons tout notre possible pour aider le Japon.
02:25Nous sommes un allié au plus haut niveau.
02:27C'est un grand honneur d'être à vos côtés.
02:29Grâce à ces efforts et avec votre aide, monsieur le président, je souhaite ouvrir un nouvel âge d'or pour l'alliance Nippo-américaine,
02:37où le Japon et les Etats-Unis deviendront plus forts et plus prospères.
02:42Une période dorée qui passe notamment par l'économie.
02:45Juste après leur entretien, les deux dirigeants signent un accord pour sécuriser leurs approvisionnements en terres rares.
02:51Une réponse à l'annonce récente par la Chine de contrôle sur l'exportation de ces matières,
02:57dont elle assure plus de 60% de l'extraction au niveau mondial.
03:02Sur le plan militaire, Sanae Takahichi avait pris soin de ménager son allié américain garant de la sécurité de l'archipel.
03:09Dès vendredi, elle avait annoncé que Tokyo porterait son budget de défense à 2% de son PIB,
03:16et ce, avec deux ans d'avance.
03:17Volonté réaffirmée devant Trump sur le porte-avions USS George Washington,
03:22amarré au large de la capitale japonaise.
03:26Mon inébranlable détermination, le Japon s'engage à renforcer fondamentalement ses capacités de défense
03:32et est prêt à contribuer de façon encore plus active à la paix et à la stabilité de la région.
03:38Donald Trump a également rencontré des familles de japonais enlevées par la Corée du Nord pendant la guerre froide.
03:44Un dossier qui empoisonne les relations entre Tokyo et Pyongyang depuis des décennies.
03:50Mercredi, Donald Trump achèvera sa tournée asiatique en Corée du Sud.
03:54Lors d'une rencontre avec son homologue chinois Xi Jinping prévue le jour suivant,
03:58il devrait conclure une trêve dans la guerre commerciale qu'il a lancée contre Pékin.
04:02Avant d'aller plus loin sur ce sujet avec nos invités, on va retrouver notre correspondante à Tokyo, Mélodie Sforza.
04:11Bonjour Mélodie.
04:12D'abord, globalement, quel bilan peut-on tirer de cette visite de Donald Trump au Japon ?
04:17C'est une nouvelle ère qui s'ouvre entre les deux, comme ils le disent eux-mêmes.
04:22Oui, ce sommet entre Donald Trump et Sanae Takechi, la nouvelle première ministre japonaise,
04:31a vraiment permis à Washington et Tokyo de resserrer leur lien.
04:35D'ailleurs, Donald Trump a qualifié Takechi de personne dotée d'une grande sagesse.
04:39À l'issue de cette rencontre, les deux dirigeants ont scellé un nouvel accord
04:43et donc une plus grande collaboration sur les minerais et les terres rares,
04:48alors où la Chine limite de plus en plus l'exportation de ces matériaux.
04:53Sur le plan militaire, le Japon s'est engagé à accélérer la hausse de son budget de défense
04:58pour atteindre les 2% du PIB plus tôt que prévu.
05:02Un signal très fort adressé à la Maison-Blanche
05:04qui réclame depuis longtemps que cet effort est bien de cet allié.
05:09Côté économique, Tokyo va augmenter ses achats de gaz, de soja, mais aussi de voitures américaines.
05:15Le gouvernement devrait acheter une centaine de camionnettes Ford F-150
05:19pour appuyer cette volonté.
05:22Enfin, plus globalement, on peut dire que cette rencontre a été très chaleureuse.
05:26Takechi a déroulé le tapis rouge pour Donald Trump,
05:29accueil dans un sublime palais, dîner sur mesure
05:33et bien sûr cadeau pour Donald Trump, le président américain.
05:38dont une balle de golf en or, un clin d'œil de Takechi à son mentor Shinzo Abe
05:43qui lui avait offert à Donald Trump un club de golf en or, engage de son amitié.
05:49Shinzo Abe qui était, selon les mots de Donald Trump, l'un de ses meilleurs amis
05:53et donc une référence pour Takechi qui souhaite marcher dans les pas de cet ancien Premier ministre japonais.
05:59Voilà, une alliance réaffirmée et réaffichée.
06:03Donc, Mélodie, on peut dire que c'est un premier test diplomatique réussi
06:07du côté de la nouvelle Première ministre japonaise, Takechi.
06:10C'était un moment en tout cas très important pour Sanae Takechi
06:17puisqu'on le rappelle, elle n'est Première ministre au Japon que depuis une semaine.
06:21Cette première rencontre avec Donald Trump, c'est donc une façon pour elle
06:25de montrer qu'elle peut être un leader sur la scène internationale
06:28mais de montrer aussi que le Japon est toujours le fer de lance des États-Unis en Asie.
06:34Rencontrer le président américain, c'est aussi un moyen pour Takechi
06:37de montrer aux Japonais qu'elle peut être une meneuse.
06:40Les Japonais attendent beaucoup de Takechi
06:43et espèrent qu'elle saura reprendre l'engagement de son mentor Shinzo Abe
06:47qui lui est resté 8 ans au pouvoir entre 2012 et 2020.
06:51Le Japon attend plus que jamais une figure politique
06:53qui puisse amener plus de stabilité dans le pays
06:56car on le rappelle, Takechi, c'est déjà la quatrième Première ministre
06:59en l'espace de seulement 5 ans.
07:01Une semaine diplomatique donc plutôt réussie pour Sanae Takahiti
07:05qui devrait se rendre au sommet de l'APEC en Corée du Sud
07:08et donc poursuivre sa collaboration avec d'autres dirigeants en Asie.
07:12Mélodie Sforza en direct de Tokyo.
07:15Merci pour vos précisions.
07:17Karim Yahyaoui, lune de miel affichée donc entre Tokyo et Washington.
07:22Affichée avec les mots choisis par Donald Trump
07:24qui parle d'un grand amour et d'un profond respect qu'il a pour le Japon.
07:29Alors c'est vrai qu'on peut regarder cette relation à l'aune
07:33du pédigré de la nouvelle Première ministre
07:35qui affiche beaucoup de similitudes avec Donald Trump.
07:39On a vu sa volonté de renforcer l'armement et la défense militaire du Japon
07:44que Donald Trump a appelé de ses voeux depuis un moment déjà.
07:48On sait qu'elle a une posture de fermeté à l'égard de la Chine.
07:51Également qu'elle est un fervent soutien de la souveraineté de Taïwan.
07:56Elle veut une diplomatie plus agressive à l'égard de la Corée du Nord.
08:00Et puis sur les questions sociales et sociétales,
08:03elle est plutôt ultra conservatrice comme Donald Trump,
08:06opposée au mariage entre le même sexe.
08:09Elle n'est pas une défenseuse de l'égalité homme-femme,
08:12bien qu'elle ait occupé ce portefeuille pendant un certain temps du côté du Japon.
08:18En tout cas, on sent bien que le bon élève japonais fait les yeux doux à Donald Trump.
08:23Pourtant, la relation n'a pas toujours été aussi calme.
08:28On a vu ces derniers mois Donald Trump être plutôt agressif.
08:31Et même si on se penche un peu sur le passé,
08:34lorsque Donald Trump était une figure de l'immobilier dans les années 80,
08:38il avait vu d'un très mauvais œil la déferlante des voitures automobiles japonaises
08:43venir investir le marché américain.
08:45Et il y a quelque chose de cocasse aujourd'hui à voir les japonais acheter des voitures Ford
08:51pour faire plaisir à Donald Trump.
08:54Donc c'est vrai que c'est une relation un peu ambiguë sur la dimension militaire et stratégique.
09:01Les États-Unis depuis la Deuxième Guerre mondiale
09:03ont toujours perçu le Japon comme une ligne, un rempart face à la Chine et la Russie.
09:09et pas véritablement comme à travers une volonté de protéger cet archipel.
09:15Donald Trump a sans doute oublié cette dimension stratégique
09:19lorsqu'il a critiqué les accords de défense entre le Japon et les États-Unis
09:24en expliquant qu'ils étaient beaucoup trop favorables au Japon.
09:27Et puis il y a ces accords qui ont été signés, notamment celui très stratégique sur les terres rares.
09:35Pourquoi justement est-ce que c'est si stratégique ?
09:37Alors ces terres rares sont omniprésentes dans notre quotidien,
09:40dans tout un tas d'appareils du monde de la santé, au monde de la cuisine,
09:45puisque dans un micro-ondes on peut trouver des terres rares.
09:47Mais c'est aussi des éléments indispensables dans la téléphonie
09:51ou encore dans l'industrie de l'armement, notamment dans les missiles.
09:57Donc c'est quelque chose qui est clairement omniprésent
09:59et la Chine a cette position quasiment hégémonique
10:04puisqu'elle a beaucoup de terres rares.
10:07Les Américains en ont aussi beaucoup,
10:09mais depuis le milieu des années 90, c'est la Chine qui domine ce segment
10:15parce que les Américains ont un peu abandonné quelque chose
10:19qui nécessite beaucoup d'investissement,
10:21qui nécessite aussi d'être dans une logique où l'écologie est secondaire.
10:27Les Japonais ont aussi cette capacité à avoir une main d'oeuvre bon marché.
10:32Et il faut se rappeler que ces terres rares qu'on appelle terres rares
10:34ne le sont pas tant que ça.
10:36Il y en a beaucoup sur la planète, mais dans les gisements il y en a très peu
10:39et la Chine est passée maître dans l'art de les extraire.
10:43Et donc aujourd'hui, lorsque Donald Trump va au Japon,
10:46c'est une question qui se pose.
10:48Sécuriser cette filière des terres rares,
10:52essayer de trouver d'autres options que la Chine.
10:55Et d'ailleurs Donald Trump a rencontré aussi un certain nombre de dirigeants
10:59en Thaïlande ou en Malaisie pour tenter justement
11:02de sécuriser un approvisionnement en terres rares.
11:06Il y a aussi l'Australie qui a beaucoup de terres rares
11:09et avec lesquelles les Américains ont opéré un rapprochement stratégique.
11:12ces derniers temps.
11:14Mais la Chine a clairement un levier sur lequel appuyer avec ces terres rares.
11:18Merci Karim Yahyaoui, grand reporter à France 24, pour ces explications.
11:22Et vous avez justement face à vous un spécialiste de ces terres rares.
11:26Jean-Baptiste Monnier, merci d'être avec nous.
11:28On tirera dans un second temps avec vous
11:31le premier bilan de la tournée, de ce début de tournée asiatique de Donald Trump.
11:36Je voudrais d'abord revenir avec vous sur une image, celle du président américain
11:40qui danse sur le tarmac de Kuala Lumpur, donc à son arrivée en Malaisie.
11:46On va peut-être découvrir cette image qui a beaucoup circulé déjà.
11:50Voilà, on la voit ici.
11:52Voilà comment il a été accueilli à Kuala Lumpur.
11:55Voilà, il fait son spectacle finalement, comme d'habitude Donald Trump.
11:58Mais la question que je voudrais vous poser, Jean-Baptiste Monnier,
12:02c'est que selon vous, dans ce voyage, dans cette tournée asiatique,
12:06qui mène la danse véritablement ?
12:08Est-ce que ce sont les pays de l'ASEAN pour éviter justement une nouvelle salve
12:11de droits de douane supplémentaires ?
12:13Ou bien est-ce que c'est Trump qui a un jeu d'affluence à jouer avec la Chine ?
12:18Oui, bonjour.
12:18Je ne suis pas un expert des terres rares, de la technologie,
12:21et dont la terre rare fait partie, évidemment, comme le disait Karim,
12:25et de la Chine.
12:26Cet accueil est effectivement assez théâtral, c'est ce qu'aime Trump,
12:30c'est ce que les Malaisiens ont choisi de faire pour l'adoucir un peu.
12:35Je pense que l'ASEAN est un patchwork de pays très différent.
12:39Il y en a qui sont proches, attirés par la Chine,
12:41d'autres qui sont plus attirés par les États-Unis, comme les Philippines.
12:45Et chacun y va évidemment de ses intérêts.
12:49Mais vous avez raison, l'avancée de la Chine dans l'Asie du Sud-Est,
12:53dans l'ASEAN, est considérable.
12:54C'est maintenant leur premier pôle d'échange commercial,
12:59avec quelques 780 milliards de dollars total en import-export.
13:02Donc ça dépasse les États-Unis, ça dépasse l'Europe.
13:04Et ça continue d'augmenter plus de 10% cette année par rapport à l'année dernière.
13:09Et on voit donc que la Chine, qui vient de réaffirmer d'ailleurs,
13:13un accord de libre-échange avec l'ASEAN,
13:15c'est la troisième marche de cet accord.
13:21Et ça montre bien que face à l'approche de Trump,
13:24qui sont les tarifs, la coercion,
13:27l'ASEAN et la Chine considèrent que le libre-échange est une valeur plus sûre.
13:35Et c'est ce qu'ils veulent faire.
13:36Et c'est ce qu'ils veulent démontrer en tout cas.
13:37– Justement, avec cet accord qui survient dans ce calendrier-là,
13:41la Chine montre qu'elle ne compte pas se laisser faire
13:44par en tout cas ce qu'essaye d'installer Donald Trump dans la région.
13:48On va retrouver Juliette Loche,
13:50donc vous êtes vraiment spécialiste de l'ASEAN.
13:53Je vous pose la même question.
13:55Selon vous, dans cette tournée asiatique de Donald Trump,
13:58qui mène la danse ?
14:00– Bonjour, intéressante question effectivement
14:06au regard de l'entrée en matière de Donald Trump
14:09à son arrivée sur le termain qu'il n'y a pas à la longue tour.
14:12Moi je répondrais que chacun joue son jeu.
14:21Moi j'aurais un petit peu du mal à dire que Donald Trump mène la danse.
14:25Il y a eu beaucoup de théâtralisation autour de sa venue en Asie du Sud-Est,
14:29des conditions qui ont été posées,
14:31qui sont tout à fait typiques de la façon de fonctionner du président américain.
14:36Donc je ne viens que si on signe un accord de paix
14:40entre la Thaïlande et le Cambodge, d'ailleurs on pourra en reparler.
14:43Je ne viens que s'il n'y a pas de représentant chinois.
14:47Donc on pourrait avoir l'impression que Donald Trump
14:50est capable d'imposer toutes ces conditions,
14:53mais finalement elles ne sont pas si difficiles à obtenir que ça.
14:57Donc c'est un peu un moindre mal pour les différents États de l'Asie
15:02de ne les accepter, même s'il a fallu, notamment pour la Thaïlande et le Cambodge,
15:06de travailler assez efficacement à cet accord de paix.
15:10Mais au final, ce qui ressort de la visite éclaire de Donald Trump à Kuala Lumpur,
15:17ce n'est pas grand-chose, et pas grand-chose,
15:20surtout quand on le met en perspective avec ce qu'évoquait mon collègue juste avant,
15:25avec ce que la Chine, elle, obtient par son participation à l'istagia solide
15:30que Donald Trump a aboudé.
15:32Mais par contre, ce que Donald Trump a réussi à obtenir au Japon,
15:38Jean-Baptiste Monnier, c'est cet accord sur les terres rares qui est absolument crucial.
15:42Et ça, ce n'est pas anodin vis-à-vis de la Chine
15:44qui montre les muscles avec l'accord que vous évoquiez tout à l'heure.
15:48Oui, alors la Chine a mis un pavé dans la mare le 9 octobre
15:52en décrétant, donc en annonçant un système de licence mondiale,
15:56pas simplement vis-à-vis des États-Unis,
15:58mais vis-à-vis du Japon, de l'Europe et de tous les pays du monde.
16:01Et en exigeant pour chaque compagnie qui voudrait importer des terres rares chinoises,
16:10une licence.
16:11Donc si je suis fabricant de moteurs en France
16:14ou bien d'appareils de télévision au Brésil, etc.,
16:17j'ai besoin de terres rares,
16:18je vais demander au ministère des Affaires étrangères,
16:20au ministère du Commerce chinois, le MoFcom,
16:23une licence.
16:24Et ils vont regarder ce que je fais.
16:25Est-ce que votre van que vous faites ou votre enroulement que vous faites,
16:29est-ce que ça ira dans un outil de défense américain ou bien européen ?
16:35Et si oui, ce sera non.
16:37Donc il y a un contrôle incroyable.
16:39Alors, ce sera un énorme enjeu des accords de Séoul,
16:43enfin des discussions de Séoul entre Xi Jinping et Donald Trump.
16:47Il y a, semble-t-il, un framework qui a été voté,
16:50qui a été mis en place entre Scott Besant
16:54et son interlocuteur, Holi Fang, à Kuala Lumpur, avant-hier, si j'en dis.
16:58On a du mal à suivre.
17:00Mais les Chinois vont peut-être suspendre ces licences pendant six mois,
17:07peut-être un an, peut-être trois mois, ne sais pas.
17:08Mais ils vont les garder en place.
17:10Dans le sens où c'est une infrastructure administrative
17:13et une sorte de curseur sur lequel ils vont pouvoir jouer
17:17pour absorber les tarifs américains
17:21et pour répondre en ajustant leur posture mondiale.
17:26Et ça va nous affecter aussi en Europe.
17:30Juliette Loche, comment Pékin pourrait réagir
17:32à la signature de ces accords sur les terres rares
17:35ce mardi entre Donald Trump et la première ministre japonaise ?
17:40– Alors Pékin a tout un tas de leviers actionnables en Asie.
17:50Donc moi, je peux plutôt parler de l'Asie du Sud-Est.
17:55Et d'ailleurs, la Chine n'hésite pas à actionner tous ses leviers,
18:00que ce soit en approfondissant, comme ça a déjà été cité,
18:03l'accord de libre-échange qui lit la Chine à l'ASEAN,
18:07mais aussi en allant individuellement travailler
18:08avec chacun des États de la sous-région
18:12pour conclure qui, des accords,
18:16qui, des mémorandums of understandings,
18:18qui vont permettre un approfondissement des échanges
18:21et une, alors sans parler d'hégémonie,
18:27mais en tout cas d'une présence renforcée des acteurs chinois
18:32dans un certain nombre de domaines stratégiques, critiques,
18:36que ce soit dans des technologies à haute valeur ajoutée
18:39ou alors sur des programmes qui sont d'intérêt prioritaire pour la Chine,
18:43notamment l'énergie verte, la défense, etc.
18:49De toute façon, Jean-Baptiste Monnier, l'accord qui a été signé sur les terres rares
18:54entre Washington et Tokyo, ça ne représente pas grand-chose par rapport à la puissance chinoise.
18:59On peut se dire que, voilà, comment vous analysez justement cet accord
19:04vis-à-vis de cet objectif qui est de réduire la dépendance à la Chine,
19:09que ce soit l'objectif américain ou l'objectif des pays de la région ?
19:14Oui, c'est une posture. Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de substances dans cet accord.
19:17C'est un accord, c'est une surprise. On ne s'attendait pas à cet accord.
19:21On peut imaginer que dans la promesse que le Japon a faite
19:25d'investir 550 milliards de dollars aux États-Unis,
19:29on peut imaginer que quelques milliards pourront être alloués
19:32à la transformation, au raffinage, peut-être à l'extraction de terres rares.
19:36Parce que c'est vraiment de la technologie dont il s'agit, donc ça, ça en fait partie.
19:40Donc ça va rapatrier ces terres rares en production américaine
19:46et ça va peut-être réduire la dépendance des Américains par rapport à la Chine.
19:50Mais il reste la dépendance des Japonais par rapport à la Chine en terres rares, c'est pareil.
19:54Leurs chaînes de voitures peuvent s'arrêter du jour au lendemain si la Chine les arrête.
19:59Donc tout le monde va maintenant devoir faire des saluts très bas à la Chine et avoir des faveurs.
20:06Donc c'est une compétition mondiale qui se lance entre les pays pour avoir ce que la Chine voudra nous donner de terres rares.
20:13Dont compétition mondiale au sein de laquelle, Juliette Loche, les pays de l'ASEAN sont totalement pris en étau.
20:22Comment ils peuvent tirer leur épingle du jeu justement entre ces deux géants que sont les États-Unis et la Chine ?
20:29Alors je dirais qu'ils sont à la fois pris en étau et en même temps que ça leur ouvre pas mal d'opportunités.
20:40On l'avait vu déjà pendant le premier mandat de Trump que les États de l'ASEAN avaient très finement joué
20:44sur la guerre commerciale qui opposait les deux géants pour eux trouver de nouveaux débouchés exports
20:50qui avaient grandement bénéficié à des États comme le Vietnam par exemple.
20:56Aujourd'hui la donne a changé évidemment puisque la guerre commerciale ne se restreint plus
21:02à la simple relation entre les États-Unis et la Chine
21:06mais touche l'ensemble des pays du monde comme vous le savez, notamment l'Asie du Sud-Est
21:10qui cette fois s'est trouvée punie en fait pour les avancées commerciales qu'ils ont obtenues
21:16lors de ce premier mandat de Trump.
21:21Cela n'empêche pas que malgré les contraintes qui pèsent désormais sur ces États
21:27à des échelles diverses en fonction des États, on a cité les Philippines qui sont plutôt très proches des États-Unis,
21:33le Cambodge serait par exemple plutôt à l'inverse très proche de la Chine.
21:37Donc aujourd'hui ces États vont plutôt chercher à continuer de tracer un chemin
21:45dans cette guerre commerciale qui leur est imposée,
21:48notamment en négociant des droits de douane abaissés avec les États-Unis
21:54mais continuent encore de négocier avec la Chine.
21:57Donc quelque part je dirais que oui ils sont pris en étau entre les deux
22:00mais en fait ils n'ont pas tout à fait changé de cap qui est celui à la fois
22:05de jouer les deux tableaux et en même temps de diversifier, diversifier encore leur partenariat.
22:12Le sommet de l'ASEA dans ce sens qui vient d'avoir lieu est un exemple parlant.
22:19Le premier ministre malaisien a invité le président américain, Donald Trump,
22:25dont on devine qu'il s'agissait de parler encore des tarifs douaniers,
22:28mais il a aussi invité le président brésilien, le président sud-africain
22:35et tout ça bien sûr fait écho à la candidature malaisienne au BRICS.
22:40Le message envoyé c'est donc que leur destin ne repose pas uniquement
22:45ni dans les mains de Donald Trump ni dans les mains de Xi Jinping, c'est bien ça ?
22:50Tout à fait.
22:52On a deux stratégies qui s'opposent dans cette région d'Asie du Sud-Est.
22:59Jean-Baptiste Monnier sur le plan commercial, on a celle de Donald Trump
23:03qui paraît assez offensive, qui repose justement sur cette diplomatie du deal à marche forcée.
23:09On a l'impression avec des baisses ciblées de droits de douane
23:12mais qui sont conditionnées à des investissements massifs aux Etats-Unis
23:15ou d'achats de produits américains, vous en parliez tout à l'heure.
23:19Et face à lui, on a la Chine qui joue la carte de l'investissement
23:25et ce depuis plusieurs années alors qu'on s'en souvient, Donald Trump,
23:28lors de son premier mandat, s'était désintéressé de cette région.
23:33La Chine qui n'est pas en reste puisqu'elle est désormais le premier partenaire commercial
23:38de l'Asie du Sud-Est devant l'Europe et les Etats-Unis.
23:42Est-ce qu'on peut dire que Xi Jinping est en réalité un peu plus efficace dans la durée
23:46que Donald Trump qui matraque cette diplomatie à marche forcée, pourrait-on dire ?
23:55Oui et non. Il est efficace dans la durée parce que la Chine sait très bien monter des politiques industrielles.
24:01C'est ce qu'on a vu avec les terres rares, c'est ce qu'on a vu avec le solaire,
24:03c'est ce qu'on a vu avec les voitures électriques, les batteries, etc.
24:06Pour les terres rares, il faut dire quand même que, comme le suggérait Karim,
24:12tous les pays du monde ont délocalisé leur production de terres rares dans les années 90 ou les années 2000.
24:18C'est le cas de la France avec Rodia, puis Solvay, où on a des pollutions, des problèmes, c'était pas facile.
24:24Donc on a, sans le savoir, créé des dépendances.
24:28Les Chinois, sans le savoir, nous ont aidés.
24:31À quel moment est-ce qu'ils ont pris conscience qu'ils nous tenaient, en fait, par une corde ?
24:37Je ne sais pas, mais ils prévoient à long terme.
24:42Et l'autre côté de votre question, je dirais non,
24:45parce que la Chine finit par fatiguer un peu les investisseurs européens et américains en Chine,
24:53parce que c'est très difficile de tenir.
24:55Il y a eu les années gogo en 2010, etc.
24:59Mais avec l'arrivée de Xi Jinping, tous les contrôles et toutes les contraintes sur les entreprises mondiales en Chine sont devenues très difficiles.
25:06Le marché ne grandit plus.
25:08C'est un marché qui est avec des surcapacités locales,
25:11donc c'est très difficile de faire de l'argent pour les sociétés.
25:14Et donc, il y a d'une part les tarifs qui arrivent sur le sud-est asiatique et les difficultés en Chine.
25:20Et donc, les investisseurs, d'où sont-ils ?
25:24Essayent de dérisquer leurs assets chinois et souvent en délocalisant de la Chine vers le sud-est asiatique.
25:32Les Chinois le font eux-mêmes, mais les joint ventures le font dans certains domaines pour se protéger des tarifs américains.
25:38Parce qu'on ne sait pas si demain, ce sera le 100% qui doit être déclenché le 1er novembre par Donald Trump.
25:44Ce serait la catastrophe terrible.
25:45Si ça se fait, il semble qu'ils vont éviter ce genre de catastrophe, mais ça peut se reproduire dans 6 mois s'il y a un problème à Taïwan ou que sais-je.
25:53Donc le dérisking, en fait, sert beaucoup les intérêts du sud-est asiatique.
25:57Justement, Juliette Loche, Donald Trump, est-ce que vous sentez qu'il cherche à rattraper son retard après un premier mandat où il ne s'intéressait pas tellement à la région ?
26:10Et on le voit aujourd'hui, il essaye de trouver une chaîne de production alternative à la Chine en Asie du sud-est, notamment en Thaïlande ?
26:17Alors, je ne pense pas personnellement que Donald Trump essaye de rattraper son retard en Asie du sud-est.
26:26Déjà parce que le retard de son premier mandat a été en partie comblé par les efforts de l'administration Biden,
26:31qui avait érigé en priorité diplomatique l'Indo-Pacifique et l'Asie du sud-est au centre de cet Indo-Pacifique,
26:38avec cependant évidemment des limitations, donc un manque de visites de haut niveau et notamment du président.
26:46Mais néanmoins, la diplomatie américaine avait fait beaucoup d'efforts pour revaloriser les partenariats avec l'Asie du sud-est.
26:55Après, aujourd'hui, on voit, et c'est peut-être la contaminité entre les deux mandats de Trump et les mandats Biden,
27:04qu'aujourd'hui, ce qu'attend l'Asie du sud-est n'est pas au programme des États-Unis.
27:10Ils attendent des échanges commerciaux approfondis, plus libres, ce qui est évidemment totalement à l'inverse de ce qui est proposé par le président américain.
27:21Et donc, d'accord, on pourrait imaginer que les États-Unis vont sur certains points essayer de créer de nouvelles filières,
27:29mais le global montre à quel point il n'y a pas de prise en compte holistique et bien comprise des besoins de l'Asie du sud-est
27:46et que, en tout cas, ce n'est pas du tout quelque chose qui est priorisé par la diplomatie américaine actuellement.
27:52La priorité, en tout cas, de la diplomatie, de Donald Trump, ce matin à Tokyo, c'était donc de rassurer le Japon sur sa possibilité de dépendre des États-Unis pour sa sécurité.
28:06On a l'impression, en tout cas, à partir de ce que nous ont expliqué notre correspondante et Karim Yahweh tout à l'heure,
28:13que l'objectif a été atteint avec cet âge d'or qui est annoncé, ce nouvel âge d'or.
28:18Mais en toile de fond de cette rencontre, Jean-Baptiste Meunier, de cette rencontre entre Donald Trump et la première ministre japonaise,
28:26il y a un dossier dont on n'a pas parlé jusqu'à présent, c'est le destin de Taïwan,
28:31qui peut aussi faire les frais de cette diplomatie du deal de Donald Trump ?
28:38Non, vous avez absolument raison, Nina. C'est l'ombre portée de Taïwan qui est énorme sur ce deal.
28:44Il y a tout ce qui est fentanyl, soja, TikTok, etc. Ça, ça fera plaisir à Trump et il y a des accords qui seront trouvés sur ces différents domaines.
28:53Mais dans le fond, l'ombre portée de Taïwan porte d'une part sur les terres rares, comme on l'a dit,
28:58parce que ça impacte effectivement les semi-conducteurs et en particulier la montagne sacrée, c'est-à-dire TSMC,
29:04le fabricant de puces qui est la grande société taïwanaise,
29:10dont nous dépendons tous pour nos iPhones, nos téléphones, nos centres AI et autres, d'une part.
29:15Et d'autre part, les relations Chine avec le reste du monde, et en commençant par les Etats-Unis,
29:23c'est-à-dire que les Etats-Unis ont fermé, ont fait des sanctions à l'exportation,
29:28ont fermé l'alimentation des puces vers la Chine
29:32et ont fermé l'alimentation des machines européennes à SML,
29:37les machines de lithographie qui permettent d'imprimer ces puces.
29:40Donc la Chine ne peut plus importer ces machines pour fabriquer,
29:42elle ne peut plus importer non plus les puces elles-mêmes.
29:46Il y aura peut-être une relaxation sur les puces Nvidia,
29:48en particulier les nouvelles gammes Blackwell,
29:51et ça, ça fera partie de cet accord.
29:53Mais dans ces deux choses, ces deux éléments importants,
29:56oui, c'est la Taïwan qui est déterminante.
29:58Biden a à quatre reprises confirmé qu'il défendrait Taïwan.
30:03Pour l'instant, Donald Trump ne l'a pas fait,
30:05ni dans son premier, ni dans son deuxième mandat.
30:07Surtout qu'il est assez imprévisible, Juliette Loche.
30:10Quel va être donc le défi désormais pour Taïwan ?
30:13C'est de continuer à capter l'attention d'un Donald Trump,
30:16justement, assez imprévisible ?
30:20Capter l'attention d'un Donald Trump,
30:22mais aussi continuer, un peu à l'instar des voisins plus au sud,
30:25de diversifier les relations, avec évidemment les difficultés
30:29que Taïwan rencontre du fait qu'énormément de pays,
30:33de moins en moins en réalité,
30:34ne reconnaissent la souveraineté du pays
30:36et ont des relations diplomatiques.
30:38Néanmoins, il y a un certain nombre d'États et d'États occidentaux
30:43qui sont prêts à développer des relations
30:47ou à approfondir des relations existantes,
30:50notamment dans le domaine commercial avec l'île.
30:52Et c'est peut-être là-dessus que Taïwan doit capitaliser.
30:57Moi, j'aimerais profiter de cette réflexion sur Taïwan
31:03pour souligner une autre facette de la diplomatie Trump,
31:07qui est celle du Nobel de la paix, j'appellerais ça comme ça.
31:11On voit bien que Donald Trump,
31:14et le cas de Taïwan est évidemment tout à fait à part,
31:16mais va aller chercher ce qui est « shiny »,
31:20donc on l'a vu avec le conflit au Moyen-Orient,
31:22on le voit avec l'Ukraine,
31:24et finalement c'est peut-être ça qu'il a fait venir en Asie du Sud-Est
31:27alors que sa présence n'avait pas été confirmée jusqu'à la dernière minute,
31:31c'est qu'il a cherché encore une fois à se présenter
31:33comme celui qui apporte la paix.
31:38Voilà, le faiseur de paix en permettant,
31:44ou en tout cas en supervisant la négociation
31:47ou la conclusion de l'accord de paix entre le Cambodge et la Thaïlande.
31:51Et donc peut-être que Taïwan, évidemment,
31:53avec toute la spécificité de ce cas,
31:56bénéficiera de cette aura de « il y a une paix à construire »
32:02pour obtenir l'attention du président américain.
32:05Oui, sauf que ça paraît quand même être une paix plutôt de façade,
32:09cet accord entre la Thaïlande et le Cambodge.
32:13Ça a été fait au dernier moment.
32:16On ne peut pas dire que Donald Trump a réussi son coup sur ce dossier-là.
32:21Enfin, corrigez-moi si je me sens bien.
32:22Non, absolument.
32:24Non, non, c'est très juste ce que vous dites,
32:26et effectivement je pense que ça vaut le coup de le mentionner.
32:28L'accord de paix qui a été signé récemment,
32:31finalement on n'est qu'un cessez-le-feu amélioré
32:33qui reprend les conclusions de quelques dialogues bilatéraux,
32:38enfin des rares dialogues bilatéraux qui ont réussi à se tenir
32:41parce que les niveaux de tension entre la Thaïlande et le Cambodge
32:43sont encore très élevés.
32:44D'ailleurs c'est assez surprenant que ces deux pays
32:47aient cédé à cette demande de Donald Trump
32:50d'afficher en tout cas la paix pour lui faire plaisir.
32:54C'est comme ça qu'on pourrait l'analyser en tout cas.
32:56Pourquoi ils ont accepté ?
33:01On peut l'analyser du point de vue
33:04par le prisme de la guerre commerciale.
33:07Les deux États ont été obligés de venir à la table des négociations.
33:11En tout cas c'est le récit qui est fait des négociations par Donald Trump
33:16parce qu'il les a menacés d'augmenter
33:19ou de ne pas baisser les tarifs douaniers qui leur étaient imposés.
33:23Effectivement dans le cas du Cambodge c'est un peu une cause perdue
33:26et puis il n'y a pas forcément des intérêts.
33:29Enfin si il y a des intérêts parce qu'il y a de l'export vers les États-Unis
33:31mais pour la Thaïlande il y avait énormément d'enjeux
33:34ce qui certainement a encouragé les deux pays
33:38à se retrouver autour de la table des négociations.
33:43Après la signature de l'accord, il n'y a pas que Donald Trump.
33:50Donc Donald Trump a exigé d'être présenté en grand maître de cérémonie
33:55mais il y a bien sûr d'autres acteurs derrière
33:57et notamment le Premier ministre malaisien
33:59qui a été très impliqué dans les négociations
34:01et qui certainement voulait obtenir des quick wins
34:07ou des big wins même pour ce sommet qu'il prépare depuis un an.
34:14Jean-Baptiste Mounier, vous partagez cette analyse ?
34:17Vous pensez que Donald Trump a annoncé et a mené cette tournée asiatique
34:22pour asseoir son image de faiseur de paix ?
34:26Écoutez, là après l'intervention de Juliette
34:28qui était vraiment une experte dans ce domaine
34:30beaucoup plus que moi, j'aurais du mal à donner un avis très précis.
34:36Ce que je vois surtout et ce dont on ne parle pas assez
34:38à mon avis c'est l'influence de la Chine dans cette région.
34:40D'une part à l'ouest du Cambodge, de la Thaïlande, c'est-à-dire au Myanmar
34:46et d'autre part à l'est, c'est-à-dire au Cambodge
34:48et il y a des avancées considérables qui sont faites par la Chine
34:51avec son programme BRI et dans la guerre civile au Myanmar en cours
34:55et ne pas oublier qu'elle tire ses marrons du feu
34:58et si cet accord a eu lieu c'est aussi parce que la Chine l'a permis, l'a autorisé.
35:03On en vient à l'autre partie de ce débat
35:07c'est cette rencontre qui est dans tous les esprits
35:11c'est le grand rendez-vous de cette tournée asiatique
35:13c'est la rencontre entre Donald Trump et Xi Jinping jeudi en Corée du Sud
35:19c'est pour ça qu'on pourrait nuancer vos propos Juliette Loche
35:22sur les visées de Donald Trump dans la région
35:26qui n'est en tout cas ok faiseur de paix
35:29mais il y a aussi la paix commerciale qu'il faut atteindre
35:33d'ailleurs Donald Trump s'est montré assez confiant sur le sujet
35:36Jean-Baptiste Monnier
35:39Donald Trump, en tout cas l'objectif c'est de réussir à résoudre
35:42le différent commercial entre les Etats-Unis et la Chine
35:45est-ce que vous pensez qu'ils vont y parvenir ?
35:48Oui, je pense qu'il y aura un accord
35:49que Trump va crier victoire
35:52il va dire qu'il a signé un accord
35:55et qu'il n'imposera pas les 100%
35:57qu'il a promis à la Chine en tarif le 1er novembre
36:01il dira qu'il a gagné sur le fontanil
36:06qu'il a gagné sur TikTok, etc.
36:08je pense que la Chine va probablement céder
36:12comme je le disais tout à l'heure sur la partie des terres rares
36:14en retardant légèrement le déploiement de ce programme
36:20de licence pour les terres rares
36:22ça ne va pas changer grand chose entre les deux pays
36:27parce que les accords du Trump 1 n'ont pas été
36:30vraiment, n'ont pas tenu vraiment
36:31les Chinois ne les ont pas respectés
36:33les Américains non plus
36:33d'ailleurs il y a une dispute qui vient d'être relancée là-dessus
36:37mais cette réunion aura lieu semble-t-il
36:40on le sait maintenant
36:41les Chinois ne l'ont pas confirmé
36:43mais elle aura lieu
36:43et je crois que la Chine sera le grand gagnant
36:48même si c'est Trump qui criera victoire
36:50Juliette Loche
36:52comment les pays de l'ASEAN regardent cette rencontre ?
36:56quel enjeu ça a pour eux ?
36:59est-ce qu'ils sont pendus à leur télévision
37:02dans l'attente des nouvelles ?
37:04qu'est-ce qu'ils en attendent finalement ?
37:08il y aura forcément des retombées dans le domaine économique
37:12qui impactera les états de l'ASEAN
37:14et en ce sens évidemment
37:15les leaders de la région attendent cette rencontre
37:20après ils l'attendent mais ils y participent aussi
37:22alors pas dans la salle avec les deux dirigeants évidemment
37:25mais cette rencontre aura lieu en marge de l'APEC
37:27où seront aussi présents un certain nombre d'états de l'ASEAN
37:30donc ça permettra aussi de prolonger
37:33ou d'avoir les rencontres qui n'ont pas pu être faites
37:36lors du passage éclair de Donald Trump à Kuala Lumpur
37:40après il y a une autre conséquence
37:44en tout cas ça révèle une autre chose
37:46sur la diplomatie de l'ASEAN
37:47qui est que
37:49vous avez peut-être déjà entendu parler
37:51de l'expression centralité de l'ASEAN
37:53qui est une expression qui est utilisée
37:56par le nouveau centre du monde
37:58le nouveau centre du monde peut-être pas
38:02mais de l'Indo-Pacifique en tout cas
38:03oui voilà c'est une expression qui est utilisée
38:05voilà à la fois un centre géographique
38:09et en même temps pour dire que
38:10plutôt que d'être dans une approche de confrontation
38:13entre les grandes puissances
38:14les relations internationales doivent passer
38:17par les canaux
38:18les différents canaux de l'ASEAN
38:20donc le sommet de l'ASEAN
38:21le sommet de l'ASEAN
38:23avec tel état
38:24avec tel état
38:25et surtout la grande rencontre
38:27qui a eu lieu hier ou avant-hier
38:29de l'East Asia Summit
38:31à laquelle doivent normalement participer
38:33les Etats-Unis et la Chine
38:34or là on voit bien que cette rencontre
38:36qui normalement aurait dû avoir lieu
38:38si la centralité de l'ASEAN
38:40était respectée en marge de l'ASEAN
38:42aura lieu en Corée du Sud
38:44déplace de ce fait le centre de gravité
38:46de l'Indo-Pacifique
38:48à un autre endroit
38:50qui n'est pas l'Asie du Sud-Est
38:51et voilà quand on se pose
38:54souvent la question de
38:56quelle est la place aujourd'hui de l'ASEAN
38:58dans les relations internationales
38:59en Indie-Pacifique
39:01je pense que là on a une réponse
39:03Mais justement sur ce déplacement
39:05du centre de gravité
39:07Jean-Baptiste Meunier
39:08on a l'impression que Donald Trump
39:10et Xi Jinping
39:12ils parlent le même langage
39:13ils veulent tous les deux reprendre la main
39:14ils ont des intérêts communs
39:16qui sont des intérêts commerciaux
39:19qu'ils placent tous les deux au-dessus de tout
39:21ils veulent tous les deux éviter l'inflation
39:23maintenir la croissance
39:25et puis sur le plan de l'image
39:28qui est projetée d'eux
39:30on sait que ça compte beaucoup
39:31pour Donald Trump
39:32on sent qu'ils veulent
39:34reprendre la main
39:35en mettant en avant
39:36cette image des deux géants
39:37qui gèrent la planète
39:39Oui cette image est bien dite
39:41c'est effectivement prioritaire
39:43pour la planète
39:44pour nous
39:45pour tous les pays du monde
39:46que ces deux géants
39:48aient un comportement respectable
39:49alors il y a le piège de Thucydide
39:52que vous connaissez
39:52Respectable
39:54eux veulent montrer
39:54que ce sont eux
39:56qui ont entre les mains
39:57le destin
39:57de la région
39:59en tout cas pour la Chine
40:01et puis Donald Trump
40:01qui essaye de faire de même
40:02un peu partout
40:03Voilà
40:03alors
40:04comme on dit
40:05quand deux éléphants se disputent
40:06ou font l'amour
40:07l'herbe est toujours écrasée
40:08et donc
40:09mais ça fait quand même une différence
40:11pour nous
40:11en Europe
40:12et ailleurs
40:14de savoir
40:15est-ce que ces tensions
40:16vont se calmer
40:18ou est-ce qu'il va y avoir
40:19effectivement
40:20un déclencheur
40:21qui sera probablement Taïwan
40:22un jour ou l'autre
40:23et là
40:24les choses peuvent diverger
40:26donc
40:27les deux
40:30essayent de se contenir
40:31l'un l'autre
40:31au point de vue militaire
40:33l'un avec les terres rares
40:35et l'autre
40:35avec les semi-conducteurs
40:36et
40:37donc ils vont tous les deux
40:38lâcher quelque chose
40:39mais ils gardent quand même
40:41des ficelles
40:42entre ces deux géants
40:44si j'ose dire
40:45En tout cas
40:45on sait que
40:47la Chine
40:48ne baissera pas
40:49les armes sur Taïwan
40:50Non
40:52la Chine
40:52module son discours
40:55elle aimerait bien
40:55que les Etats-Unis
40:56avancent
40:57et en particulier
40:57par exemple
40:58condamnent l'indépendance
40:59de Taïwan
41:00pour l'instant
41:02les Etats-Unis
41:02ont dit qu'ils ne soutenaient
41:04pas l'indépendance
41:04de Taïwan
41:05mais c'est une nuance
41:06importante
41:07que la Chine
41:08voudrait bien acheter
41:08ils sont prêts
41:09à payer un prix
41:10pour ça
41:10Petite piste en cartade
41:12Donald Trump
41:13qui entretient aussi
41:14le suspense
41:15sur une éventuelle rencontre
41:16avec Kim Jong-un
41:17est-ce que cette rencontre
41:20pourrait survenir
41:21et puis surtout
41:22à quoi bon
41:23à quoi elle servirait ?
41:24Oui je crois que
41:25les leçons du premier mandat
41:26ont été mauvaises
41:27ça s'est mal passé
41:28il a renforcé son armement
41:30depuis
41:30donc je doute
41:33que Donald Trump
41:34aille voir
41:36Kim Jong-un
41:37mais c'est imprévisible
41:38évidemment
41:39Oui parce qu'on en parle
41:41effectivement
41:41on en arrive
41:43vers la toute fin
41:44de ce débat
41:46de cette discussion
41:47je voudrais revenir
41:48donc sur
41:48cet équilibre
41:50difficile
41:51et que cherche
41:52à maintenir
41:53l'ASEAN
41:54face à cet ordre
41:56du monde
41:57Juliette
41:58Loche
41:59comment
41:59l'ASEAN
42:02pourrait
42:02s'unir
42:03parce qu'on a l'impression
42:04qu'elle agit
42:05en ordre dispersé
42:06à ce stade
42:07encore trop
42:08Je n'ai pas
42:12de conseils
42:13à donner
42:14à l'ASEAN
42:14pour savoir
42:16comment s'unir
42:16Elle en a besoin
42:18est-ce que vous diriez
42:18qu'elle en aurait besoin ?
42:20C'est difficile à dire
42:23en tout cas
42:24ce n'est pas la lecture
42:24qu'en font
42:25les états
42:26de l'ASEAN
42:26parce que
42:27si on regarde
42:27leur politique extérieure
42:29depuis quelques années
42:30on voit au contraire
42:31qu'ils cherchent
42:32à s'émanciper
42:34du cadre de l'ASEAN
42:35tout en répétant
42:36leur mantra
42:37de centralité
42:37de l'organisation
42:38tout en continuant
42:40à jouer
42:40sur la façade
42:42présentée par l'ASEAN
42:43et à obtenir
42:44quand même
42:44quelques avancées
42:45à continuer
42:49à exister
42:50et à fonctionner
42:51en tant qu'organisation
42:52malgré tout
42:54on constate quand même
42:56que les états
42:56aujourd'hui
42:57font plutôt le choix
42:57je l'ai dit
42:58un petit peu plus tôt
42:59de la diversification
43:00hors de la région
43:02qu'ils mènent
43:04des politiques
43:05qui sont
43:07sans être
43:08contradictoires
43:09parfois
43:09sont
43:09inconcurrentes
43:11par exemple
43:11lors de
43:12l'annonce
43:13de la hausse
43:14des tarifs douaniers
43:15du Liberation Day
43:16américain
43:17on a entendu
43:18des officiels
43:20philippins
43:22dire
43:22très bien
43:22nous avons
43:23un taux appliqué
43:25qui est inférieur
43:26à nos voisins
43:27je souhaite
43:28ça va nous apporter
43:29des avantages
43:30commerciaux
43:30donc évidemment
43:31quand on a entendu ça
43:33on comprend bien
43:34que l'heure
43:35n'est pas
43:35à l'unité
43:36ou à l'unité
43:37de façade
43:38mais est-ce qu'ils n'ont
43:40pas un intérêt
43:41justement
43:41à avoir
43:43à élaborer
43:44une stratégie
43:45commune
43:47bien sûr
43:48qu'ils ont
43:48l'intérêt
43:49plus
43:49voilà
43:50on le voit
43:51avec la construction
43:52européenne
43:52qu'effectivement
43:54d'avoir
43:55à la fois
43:55un socle commun
43:59et en même temps
44:00un marché intérieur
44:01partagé
44:02permet d'avoir
44:03un poids de levier
44:04beaucoup plus important
44:05sur la scène internationale
44:06donc évidemment
44:07une unité plus
44:08une intégration
44:09surtout plus approfondie
44:10de l'ASEAN
44:11leur permettrait
44:12de mieux peser
44:13dans les négociations
44:14en cours
44:14mais ce n'est pas
44:16le choix qui a été fait
44:17et aujourd'hui
44:18je ne crois pas
44:20que ce soit
44:22la priorité
44:24des états
44:25de la région
44:26Jean-Baptiste Monnier
44:27vous vouliez intervenir
44:28et ce sera le mot
44:28de la fin
44:29un mot juste
44:30sur ce point
44:31ce qui les rapproche
44:33c'est la mer du Chine
44:33du Sud
44:33et là
44:35il faut reconnaître
44:36la dextérité
44:37des Chinois
44:37à apaiser
44:38ces pays
44:40après avoir
44:41pris toutes les îles
44:42possibles
44:43après avoir mis
44:43cette ligne
44:44de neuf dash
44:45après avoir
44:46menacé
44:47l'interdiction
44:47de la circulation
44:48libre des navires
44:49le Vietnam
44:52la Malaisie
44:53les Philippines
44:54ont perdu des îles
44:56et des zones
44:57de pêche
44:58et c'est curieux
44:59que ces états
45:00n'ont pas encore
45:02mis de stratégie
45:02ensemble
45:03merci beaucoup
45:05Jean-Baptiste Monnier
45:06c'était donc
45:07le mot de la fin
45:08vice-président
45:08d'Asia Center
45:10merci à vous
45:11Juliette Loche
45:11chercheuse
45:12associée à l'IFRI
45:13pour votre décryptage
45:15commun
45:15sur ce dossier
45:18de cette tournée
45:19asiatique
45:19de Donald Trump
45:20merci
45:21pour votre attention
45:22on se retrouve
45:22à 11h
45:23de Paris
45:24pour un nouveau journal
45:25restez avec nous
45:26sur France 24
45:27merci
45:31merci
45:33merci
45:33merci
45:34merci
Recommended
1:27
|
Up next
4:25
1:10
Be the first to comment