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  • il y a 2 mois
Jean-Baptiste Marteau, journaliste, présentateur joker du 20h de France 2. Réalisateur du documentaire “Homos en politique, le dire ou pas ?”, disponible sur France.tv et diffusé sur France 5 le mardi 28 octobre
Retrouvez les invités de 6h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter

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Transcription
00:00On remonte le temps, janvier 2024, Gabriel Attal, nouveau chef du gouvernement, est à la tribune de l'Assemblée nationale.
00:06Être français en 2024, c'est pouvoir être Premier ministre en assumant ouvertement son homosexualité.
00:13Bonjour Jean-Baptiste Marteau.
00:14Bonjour Mathilde Munoz.
00:15Cette phrase, c'est ce qui vous a donné envie de réaliser un documentaire sur l'homosexualité en politique.
00:20Il sera diffusé ce soir sur France 5.
00:22Vous êtes journaliste à France Télévisions, vous présentez la matinale de France Info.
00:25En ce moment, vous êtes le tout nouveau joker du journal de 20h de France 2.
00:30Pourquoi c'est cette séquence avec Gabriel Attal qui a créé le déclic ?
00:33Quand je l'ai entendue devant ma télévision, je me suis dit que cette phrase, il y avait quelque chose qui avait changé.
00:37Il y a 10 ans, on n'aurait pas pu la prononcer.
00:39On était en plein débat du mariage pour tous, avec beaucoup de violence de part et d'autre.
00:42Là, je dis qu'un Premier ministre dans ce cadre extrêmement solennel de la déclaration de politique générale puisse dire
00:47« En France, en 2024, on peut être Premier ministre et ouvertement homosexuel ».
00:51Là, je me dis qu'il y a quelque chose qui a changé.
00:53Et donc, j'ai voulu aller creuser avec Renaud Saint-Créic, avec Katia Maxime, notre productrice pour France Téléstudio,
00:57et d'essayer de voir si les choses avaient vraiment changé.
01:00Oui et non.
01:01Ce qui est bien, c'est que vous n'avez pas que des personnalités politiques de premier plan,
01:04des gens connus comme Gabriel Attal, comme Bertrand Delanoé aussi, l'ancien maire de Paris.
01:09Non, vous avez interrogé plusieurs élus de tous bords politiques d'ailleurs,
01:13des hommes, des femmes, parfois maires de petits villages.
01:16Est-ce qu'ils vous en parlaient facilement ?
01:18Non.
01:18Il a fallu les convaincre.
01:19Ça a pris parfois du temps parce que c'est quelque chose d'extrêmement personnel.
01:22Et puis, ce n'est pas facile en fait, en 2025 encore, dire ouvertement « je suis homosexuel »
01:27quand on est un élu de la République ou quand on est candidat à quelque chose,
01:30c'est prendre un risque parce qu'il y a encore aujourd'hui, selon un sondage,
01:33un peu plus de 34% des Français qui se diraient gênés de voter pour un candidat ouvertement homosexuel à la présidentielle.
01:39Donc, c'est un risque pour eux.
01:40Ils n'ont pas grand-chose à gagner.
01:41Ils ont des coûts supplémentaires à prendre.
01:43Et pourtant, ce sont tous des élus qui avaient déjà fait part de leur homosexualité.
01:47Ils ne l'ont pas fait dans votre documentaire.
01:48Oui, mais en parler même pour Gabriel Attal et pour d'autres,
01:51le dire à la télévision dans ce cadre d'un documentaire, c'est quelque chose d'encore difficile
01:56puisque sur lequel, évidemment, ils vont revenir longuement.
01:59Il y en a aussi beaucoup qui nous ont dit non.
02:00Il faut le dire parce qu'ils n'étaient pas prêts, tout simplement.
02:03Et je le respecte complètement, je le comprends.
02:05Des hommes, des femmes de premier plan ou des élus ruraux, comme vous le disiez,
02:10qui nous disent « non, là, c'est bien, mais je ne suis pas prêt, je ne peux pas ».
02:13Et donc, ça montre en fait que votre mère a tort puisqu'elle dit qu'un coming-out politique,
02:17c'est un non-événement.
02:18Non, ce n'est pas anodin.
02:20Non, d'ailleurs, même Gabriel Attal pensait…
02:22Pour l'avoir votre mère dans le documentaire.
02:23Exactement, c'est un film assez personnel où je reviens moi aussi sur mon coming-out il y a 20 ans
02:28et le regard du passionné de politique que j'étais, que je suis toujours.
02:32Quand je voyais la classe politique à l'époque où je me disais « non, mais j'adore ça,
02:36mais je ne m'y retrouve pas dedans.
02:38Je n'ai que des élus hétérosexuels, plutôt hommes. »
02:43Il y en a d'autres, d'ailleurs, qui le disent dans votre documentaire.
02:45« Je n'avais pas de modèle, il n'y avait personne. »
02:47Mais c'est là où c'est très important que des hommes politiques,
02:50femmes et hommes, bien sûr, prennent la parole publiquement
02:52pour dire aux jeunes et aux moins jeunes
02:53« vous pouvez-vous aussi prétendre à une carrière politique
02:57ou dans le journalisme, les médias, le cinéma, le sport, je ne sais pas,
03:00quel que soit le domaine ? »
03:01On a besoin de modèles, de référents pour se construire.
03:03Et en politique, il y en avait très peu.
03:04Et celui qui a ouvert la voie, c'est Bertrand Delanoé.
03:07« Ah oui, je pense que lui, ça a été... »
03:09Je me souviens que j'avais 15 ans à l'époque, je le regarde.
03:11Alors, il n'est que numéro 3 du PS à l'époque.
03:13« 98, et c'est à la télé sur M6, en plein débat sur le Pax,
03:16avec des luges d'homophobie partout. »
03:19C'était quelque chose de violent.
03:20« Il n'est pas encore maire de Paris. »
03:21« C'est-à-dire qu'il veut devenir maire de Paris trois ans plus tard. »
03:23Et donc, d'ailleurs, quand il fait ce coming-out sur M6 en prime time,
03:26tout le monde se dit « c'est sympa, mais il est grillé. »
03:28« Jamais il ne deviendra maire de Paris. »
03:30Et donc, le fait qu'il soit élu trois ans plus tard,
03:33là, ça montre que déjà, il y avait un premier pas qui a été franchi.
03:35Et c'était vraiment un événement considérable.
03:36Il faut se souvenir qu'il y a 20 ans, quand il fait ce coming-out, Bertrand Delanoé,
03:39on en parle le lendemain dans tous les journaux, dans toutes les matinales.
03:42C'est un événement.
03:43Et alors, dans ce documentaire, vous avez réussi à voir des élus de tous bords politiques ?
03:47Oui, c'était effectivement une des particularités du documentaire.
03:51On voulait qu'il y ait toutes les sensibilités représentées.
03:53Alors, certains partis plus ou moins facilement que d'autres,
03:56parce que ce n'est pas évident d'en parler, y compris que ce n'est pas que au RN,
04:00c'est difficile d'en parler.
04:02Au RN, vous avez Jean-Philippe Tanguy, notamment,
04:04qui, lui, comme argument, il dit « il ne faut pas mentir, pas mentir aux électeurs ».
04:07Parce que c'est un fait, maintenant, il y a de plus en plus de responsables,
04:10y compris au RN, qui sont ouvertement homosexuels.
04:12Donc, on a voulu interroger ça, l'évolution du parti.
04:15On ressort aussi des archives de Jean-Marie Le Pen,
04:17qui tenaient des propos clairement homophobes.
04:19Et donc, quand on le confronte à Jean-Philippe Tanguy aujourd'hui,
04:21qui a un discours là en disant « bah oui, aujourd'hui,
04:24moi, je préfère le dire, parce que sinon, je mentirais à mes électeurs »,
04:27on montre qu'y compris au RN, les choses ont évolué depuis 20 ans.
04:30Et on voit qu'à droite, ça a été très compliqué.
04:32On voit la solitude de Franck Riester pendant le débat sur le mariage pour tous.
04:36C'est l'un de ceux qui m'a le plus touché,
04:38parce qu'il raconte effectivement ce combat en 2013,
04:41où il est le seul au sein de ce parti,
04:43alors il y a Benoît paru également,
04:44mais quasiment le seul à voter pour le mariage pour tous.
04:47Il va prendre son bâton de pèlerin,
04:48il va aller dans toutes les réunions du parti,
04:50partout en France, pour essayer de défendre le mariage pour tous.
04:53Et il est tout seul.
04:55Tous les élus se sont plutôt radicalisés au fur et à mesure du débat,
04:58avec la manif pour tous qui mettait beaucoup de monde dans la rue,
05:01il faut le dire.
05:02Et Franck Riester se retrouve complètement seul.
05:04D'ailleurs, au moment du vote, il nous le dit,
05:05il y a ce sentiment de solitude, il est seul sur le banc à droite,
05:08tout le monde est parti dans sa famille politique.
05:11Il est heureux, il a envie d'applaudir,
05:13et il est aussi un peu effondré de tout ce qu'on vient de vivre,
05:15de ces mois de tension et de haine,
05:17qui avaient été extrêmement blessantes pour tout le monde en 2013.
05:20Est-ce que vous avez constaté des différences
05:22selon d'où on est élu, grande ville ou petit village,
05:26selon si on est un homme ou une femme, jeune ou âgé ?
05:28Est-ce qu'il y a des différences ?
05:29Alors, il y a des différences, évidemment, on le voit de génération.
05:31Quand on remonte avec Jean-Luc Romero-Michel ou Bertrand Delanoé,
05:35qui ont été un peu des pionniers, ce que j'appelle,
05:37eux, ils en ont vraiment bavé les pionniers.
05:39Et peut-être qu'aujourd'hui, quand on voit de nouvelles générations,
05:41on a une députée européenne écologiste, Mélissa Camara,
05:44elle nous dit que c'est plus naturel,
05:46ça fait partie de sa construction politique.
05:47Donc, il y a une différence de génération de milieu entre ville et campagne.
05:52A priori, oui, mais pas forcément.
05:54On a le maire d'une toute petite commune près de Poitiers.
05:58Chênevel, exactement.
05:59Qui organise une marche des fiertés rurale.
06:01Ça a l'air très joyeux.
06:01Non, mais lui, il est incroyable.
06:03Il a un courage Cyril Ciber, il est fou.
06:06Il a pris son bâton de pèlerin, il est dans un village.
06:08Il a été voir des agriculteurs du coin, les jeunes, les moins jeunes.
06:12Personne n'avait entendu parler d'un homosexuel.
06:13Donc, il a tenté de faire bouger les mentalités
06:16et il le fait de manière extrêmement joyeuse.
06:17Oui, la discussion avec les jeunes de son village est vraiment très chouette à regarder.
06:20Merci beaucoup, Jean-Baptiste.
06:22Merci, Mathilde Munoz.
06:22Merci, Jean-Baptiste Marteau.
06:24Au mot en politique, le dire ou pas,
06:26c'est donc ce soir sur France 5 à 21h05
06:28ou dès maintenant sur la plateforme France.tv.
06:31Et vous étiez l'invité du 6h20 de France Inter.
06:33Merci pour votre invitation.
06:34Merci beaucoup.
06:34Merci beaucoup.
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