00:00Bonjour Karim Yayaoui, avant toute chose, de quoi parlons-t-on exactement quand on parle d'avoir russe gelée ?
00:06Alors c'est vrai que c'est un sujet récurrent parce que depuis le début de l'invasion russe à grande échelle,
00:11c'est un sujet qui revient sur la table, c'était en février 2022.
00:15À ce moment-là, Bruxelles décide d'interdire toutes les opérations liées à la gestion des réserves et des avoirs de la Banque Centrale de Russie,
00:23ce qui fait qu'aujourd'hui, 210 milliards sont immobilisés au sein de l'Union Européenne.
00:30Alors, pas de droit d'y toucher jusqu'à présent.
00:33Toutefois, les intérêts issus de ces avoirs ont pu néanmoins être utilisés pour financer des programmes de soutien à l'Ukraine.
00:41Près de 45 milliards a été octroyé à Kiev sur la base des revenus issus de ces actifs russes, mais pas sur ces actifs russes.
00:50Mais ces avoirs, on n'y a clairement pas touché jusqu'à présent parce qu'un certain nombre de dirigeants européens étaient inquiets
00:59que finalement, saisir ces actifs soit contraire au principe d'immunité des États.
01:06Mais face à la persistance de la Russie dans son agression de l'Ukraine, l'idée de toucher à ces avoirs russes, peu à peu, a fait son chemin.
01:15Et aujourd'hui, ces avoirs ne sont plus intouchables.
01:17Voilà. Au motif de la légalité, certains États faisaient blocage.
01:22Il semblerait que maintenant, l'idée d'avancer sur ce dossier fasse consensus.
01:27Qu'est-ce qui s'est passé au juste ?
01:28Alors, on a essayé de construire un espèce d'échafaudage juridique.
01:32Ne pas utiliser les avoirs sans les confisquer parce que c'est ça qui pose problème.
01:39Alors, pour éviter cet écueil juridique, l'Europe a réfléchi à un montage financier qui concernerait quelques 185 milliards d'euros qui sont disponibles sous forme liquide au sein de l'Union européenne.
01:52L'idée, c'est de mobiliser en grande partie ces avoirs.
01:55Ursula von der Leyen explique qu'aujourd'hui, on a une base juridique solide pour utiliser des actifs de la Banque centrale de Russie qui sont immobilisés au sein de l'UE à travers un dispositif de récupération et un prêt de réparation pour l'Ukraine.
02:12Donc, ça prendrait la forme d'un prêt de quelques 140 milliards.
02:16Finalement, la présidente de la Commission européenne explique qu'il y a aujourd'hui un consensus qui n'existait pas par le passé.
02:23Et ce n'est plus admissible que ce soit le contribuable européen qui paye finalement l'effort de guerre ukrainien alors que la Russie a largement contribué à ravager ce pays.
02:34C'est à peu près la même tonalité qu'on retrouve chez Kajakalas.
02:38Elle dit qu'il y a un principe fondamental du droit international, c'est que vous devez couvrir les dommages que vous avez causés.
02:45Et aujourd'hui, finalement, du côté de l'Europe, on se retranche derrière cette idée pour finalement faire payer la Russie.
02:52Ce dispositif qui est imaginé est construit sur la notion de réversibilité.
02:57C'est-à-dire qu'on va conditionner la restitution de ces avoirs saisis au paiement des réparations par la Russie une fois la guerre terminée.
03:07La Commission européenne qui estime que c'est aujourd'hui un message très fort adressé à la Russie.
03:13Caroline de Camara évoquait tout de même l'inquiétude majeure, celle de la Belgique, qui a peur finalement de se retrouver à payer seule en cas de litige.
03:22Et les Belges demandent aujourd'hui qu'il y ait un mécanisme de solidarité pour que le budget finalement de l'Union européenne puisse se porter garant.
03:30Alors on parle de la Belgique, mais il faudra aussi évoquer ces entreprises européennes qui sont particulièrement inquiètes.
03:37On sait que du côté de la Fédération de Russie, on a mis en avant qu'on mettrait tous les moyens légaux à la disposition,
03:44quitte à s'en prendre à un certain nombre d'entreprises européennes.
03:47Cette décision, évidemment, serait très dommageable pour ces entreprises,
03:51parce qu'on pourrait imaginer que la Russie prenne le contrôle d'un certain nombre d'actifs d'entreprises.
03:58Ça a été le cas notamment pour l'entreprise française Air Liquide.
04:02Une question, Karim, rapidement. En quoi ce prêt aux Ukrainiens apporterait un nouveau souffle à Kiev ?
04:09Alors c'est beaucoup d'argent, c'est énormément d'argent.
04:12Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barraud, explique que cet argent pourrait maintenir à flot l'Ukraine
04:19et financer sa guerre contre la Russie pendant les trois prochaines années.
04:23Et d'ailleurs, c'est sous l'impulsion de la France que la Commission européenne a proposé que la majeure partie des sommes
04:31soient utilisées pour acheter du matériel militaire européen.
04:35On sait tout de même que les Européens achètent beaucoup aux États-Unis.
04:39Alors peut-être qu'on se retrouvera dans une situation où les Européens achètent aux États-Unis pour vendre aux Ukrainiens.
04:44En tout cas, si côté français, on évoque une somme qui pourrait permettre à l'Ukraine de tenir pendant trois ans,
04:51les Ukrainiens estiment plutôt que cela leur permettrait de tenir pendant un an.
04:55En tout cas, tout ça intervient dans un moment de pression sur la Russie.
04:59On a évoqué ce paquet de sanctions européennes, cette lassitude exprimée par Donald Trump
05:05qui frappe directement au portefeuille et qui touche des entreprises comme Rosneft et Gazpromneft,
05:12deux fournisseurs de pétrole russe.
05:14On s'en prend aussi à cette flotte fantôme.
05:17117 navires supplémentaires ont été ajoutées à une liste noire.
05:20Et oui, je vous confirme, Donald Trump est plus exaspéré par les allers-retours de Vladimir Poutine.
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