- il y a 2 jours
Frank Delay, ancien membre du groupe 2Be3, et Yaël Langmann, scénariste et réalisatrice de la série “CULTE – 2Be3” (à partir du 24 octobre sur Prime Video) sont nos invités à 9h20. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-grand-portrait/le-grand-portrait-du-jeudi-23-octobre-2025-7793321
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00:00Moi, j'avais 21 ans et je m'en souviens comme si c'était hier.
00:04Philippe, Franck et Adèle, le boys band à la française, les 2b3, les hordes de fans,
00:10le succès phénoménal de ce tube partir un jour.
00:14On se moquait un peu, mais toute la France connaissait les paroles et les chante encore aujourd'hui.
00:19On était à la fin des années 90 et les journalistes se demandaient si ces trois gars,
00:24qui avaient à peu près mon âge, étaient des marionnettes créées par l'industrie du disque
00:28ou bien de vrais artistes.
00:31Culte, c'est le nom d'une série diffusée sur Amazon Prime.
00:34Elle raconte leur ascension fulgurante, les 5 millions d'albums vendus
00:39et Philippe qui, tel Icar, accomplit son rêve, approché du soleil jusqu'à s'en brûler les ailes.
00:46Les 2b3 n'existent plus. Adèle s'en est allée vivre sa vie à l'étranger.
00:51Philippe est mort, carbonisé par ses angoisses et ses excès.
00:54Franck, le vrai Franck, se tient là, face à moi, comme ressurgit du passé.
01:00Portrait numéro 34.
01:04Bonjour Franck Delay.
01:06Bonjour.
01:07Les 2b3 donc, c'est une série écrite, réalisée, pensée, voulue, créée, je ne sais plus quoi trouver comme verbe,
01:17par Yael Langman, ça commence le 24 octobre, c'est-à-dire demain sur Amazon Prime.
01:23Alors, ce grand portrait, c'est habituellement un face à face.
01:26Vous, ça vous inquiétez un peu de venir au micro de France Inter ?
01:29La radio un petit peu, oui, toujours.
01:31La radio un petit peu, je peux très bien comprendre.
01:34Donc, Yael Langman est venu avec vous.
01:36Bonjour Yael.
01:37Et tant mieux, parce qu'une voix de plus, ça nous aidera à dresser pas, non pas un portrait,
01:43mais trois, évidemment.
01:442b3, évidemment.
01:46Allez, bande annonce.
01:47On va les mettre à genoux.
01:50C'est normal de rêver d'autre chose.
01:52On va faire ça ensemble.
01:53T'as même pas de quoi de payer un café, vieux.
01:56T'as trouvé du travail ?
01:57Mais deux potes et moi, on s'est fait repérer par une maison de disques.
02:01Un truc qui pourrait changer ma vie.
02:03On va faire de la musique.
02:04Pourquoi pas Hollywood tant qu'on y est ?
02:06On est prêt à tout.
02:07Ça, c'est un métier qui rapporte.
02:08T'as le brin ténébreux, la gueule d'ange, l'arabe sexy.
02:11Moi, je veux te mettre au sommet du hit machine.
02:14Vous, Franck Delay, vous êtes le brin ténébreux ou vous êtes la gueule d'ange ?
02:20Je crois que c'est plutôt la gueule d'ange.
02:22À quoi elle ressemblait, votre enfance à long jumeau ?
02:25Enfance heureuse, sans vraiment de soucis.
02:30Moi, j'ai vécu des choses bien dans mon quartier.
02:35J'ai vécu avec des potes de toute origine.
02:41On a vécu la génération Black Bumber.
02:45Oui, c'est vrai.
02:46Franchement, cul de bonheur.
02:48Comme dans la série, vous avez grandi tout seul avec votre maman ?
02:50En gros, oui.
02:52J'ai eu un beau-père pendant une période de temps, pendant cinq ans.
02:54Mais sinon, j'ai vécu avec ma mère et ma soeur.
02:57Qui vous a élevé seul.
03:00Comme dans la série, vous enchaînez les petits boulots aussi.
03:04Pas vraiment.
03:05C'est un peu de l'affliction.
03:06Je n'ai pas vraiment beaucoup bossé.
03:08Avant les Toubis, j'ai fait quelques tafs.
03:10Mais je commençais à vouloir être danseur.
03:13On faisait déjà le Festival d'Avignon en tant que danseur hip-hop.
03:15Et puis, je faisais une comédie musicale.
03:17Et puis, tout doucement, je faisais un petit peu de mannequinat.
03:21Je me cherchais en tant qu'intermittent du spectacle aussi.
03:23Vous êtes aussi un as du Viet Vodau.
03:26Je le dis bien ?
03:27C'est ça.
03:27Viet Vodau, c'est un art martial vietnamien.
03:30Voilà.
03:30Vous pouvez nous raconter cet art martial vietnamien ?
03:32Oui.
03:33J'en ai fait à partir de l'âge de 15 ans.
03:35Parce que j'ai été influencé par les films de Jackie Chan, de Jean-Claude Van Damme.
03:38Je venais du judo à la base.
03:40J'avais envie de faire autre chose.
03:42Et puis, ça m'a permis d'avoir des repères en fait.
03:45Voilà.
03:45Et Yael Langman a eu l'idée de vous faire entrer dans la série aujourd'hui.
03:50Et vous jouez le coach de votre propre personnage.
03:53Vous jouez le coach de Franck.
03:54Et vous apportez à ce personnage quelque chose qui s'est peut-être produit dans la vie.
04:00C'est-à-dire que vous êtes une sorte de père de substitution pour Franck.
04:03Oui, c'est ce qu'on avait imaginé.
04:05Parce qu'en fait, la personne que j'interprète a existé vraiment.
04:08Alors, pas en tant que père de substitution.
04:10Mais c'était un proche qui m'a suivi toute ma carrière des Tobey Flux.
04:14C'était mon garde du corps.
04:15C'était mon entraîneur de Viet Vodau.
04:16Et oui, c'est un petit hommage qu'on l'a rendu.
04:19Et alors, dans la série, Adèle studieux, comment dire, Philippe dévoré d'ambition avec une envie de faire le trou, de toucher la célébrité.
04:31Et vous ?
04:32Et vous, vous étiez quoi juste avant que ça démarre ?
04:34Comment je pourrais vous expliquer comment j'étais ?
04:38J'étais quelqu'un qui avait envie de faire des choses, mais en même temps assez réservé.
04:43Mais j'avais envie d'exister.
04:45À travers, justement, j'ai commencé par le hip-hop.
04:48C'était une manière pour moi de m'exprimer.
04:50Et du coup, j'avais envie de faire mon métier.
04:52Donc, c'était vraiment le besoin d'exister sur scène, de faire des choses.
04:54Et aussi avec mes potes, surtout.
04:56Le concours de beauté, regardez.
04:58Ce soir, nous célébrons non seulement l'apparence, mais aussi l'esprit.
05:04Un grand merci à tous les participants qui nous rappellent que la beauté est bien plus qu'une image.
05:11Alors, sans plus attendre, place à la compétition et à la découverte du plus bel homme de France.
05:16Merci à toutes et à tous.
05:18Et que la soirée commence !
05:22Franck Delay, c'était quoi la culture musicale de votre enfance ?
05:25Hip-hop, New Jack à l'époque, R&B, Soul.
05:29Et puis, beaucoup de variétés françaises parce que ma mère écoutait la vérité française.
05:31Quoi par exemple ?
05:32Claude-François, Julien Hallyday, Michel Sardou.
05:35Vous saviez danser ?
05:36Oui.
05:36Ça, vous saviez danser ?
05:38Oui.
05:39Parce que dans la série, Alain Langman vous fait démarrer de zéro.
05:41En réalité, vous saviez danser ?
05:43Oui, on savait danser.
05:44On danse depuis l'âge de 13 ans à peu près.
05:46On est autodidacte dans l'hip-hop.
05:48Oui.
05:49Vous vous êtes connu comment ?
05:50Avec Franck et...
05:52Avec Philippe et Adèle ?
05:53Oui, avec Philippe et Adèle.
05:54Adèle était mon voisin de quartier et Philippe était dans la même classe qu'Adèle et voilà, on s'est rencontrés.
06:01Donc ça démarque quand ? À la maternelle, à la primaire, au collège ?
06:04Au collège, pour Philippe et puis pour Adèle, oui, très tôt, à 6 ans, 7 ans.
06:086 ans ?
06:10Oui, très tôt, parce qu'on était dans le même quartier, on avait les mêmes passions, donc du coup, on se retrouvait après l'école, on jouait au foot, c'est tout comme ça, normal.
06:20Et alors, à eux, comment vous décririez leur enfance, à eux, puisque vous vous êtes construits ensemble ?
06:25Adèle très studieux.
06:28Ce qui est resté dans la série.
06:29Oui, on l'a fait ressortir ça parce que c'est vraiment ce qu'il représentait.
06:32Ses parents l'imaginaient vraiment aller avec la tâche et caisse pour aller au travail.
06:36Ça a été un peu une surprise pour lui quand il a dit qu'il voulait être artiste aussi.
06:40Enfin, pour ses parents.
06:41Et Philippe, ambiance slave, entouré de ses parents, de son frère et de sa soeur, une éducation assez sérieuse aussi.
06:55Vous étiez prêt à faire autant de sacrifices que Philippe pour exister, pour être sous les sunlights, pour être sous les projecteurs, pour monter sur scène ?
07:04Pas de la même manière.
07:05C'est-à-dire ?
07:06C'était quelqu'un qui avait besoin d'une ascension rapide.
07:10Philippe, il avait besoin de ressentir les choses rapidement.
07:13Moi, je prenais mon temps.
07:14J'avais besoin de me construire, d'être en confiance, de tâter un peu le terrain.
07:17Lui, c'était un fonceur.
07:19Du coup, c'est parti vite, très très vite.
07:21Il y a Langman, il existe des boys band à l'époque, en France.
07:25Je crois qu'on est en 96.
07:27On est en 96.
07:28Les To Be Free ne sont pas tout à fait le premier.
07:31Il y avait du G-Squad avant, si je ne dis pas de bêtises.
07:32La première diffusion, c'est G-Squad sur Énergie.
07:34Mais les To Be Free sont les premiers à être les plus connus.
07:37C'est-à-dire que depuis les yéyés, en France, on n'avait pas connu un succès comme ça.
07:41C'est Adèle Philippe et Franck qui arrivent avec un endroit de dévastation absolue en termes de succès.
07:47Et c'est déjà un phénomène aux Etats-Unis.
07:49Absolument.
07:50Les boys band.
07:51Donc c'est vraiment la France et l'idée de chanter en français.
07:54Évidemment, ça donne Partir un jour.
07:56C'est un live de Bercy, non ?
08:19Oui.
08:20Comment vous l'avez vécu, ce démarrage absolument fulgurant, vous, Franck Delay ?
08:25Puisque Philippe voulait aller vite, très très vite.
08:28Et vous, peut-être un peu moins.
08:30Oui, mais on est dans l'énergie.
08:31On est des potes d'enfance.
08:33On réalise notre rêve de gamin.
08:35Donc du coup, on est complètement...
08:36Galvanisé ?
08:37On est super content.
08:39Vraiment, on est super content.
08:41On réalise ce qui nous arrive parce qu'on l'a voulu quand même.
08:43Même si c'est arrivé rapidement.
08:45Mais on kiffe.
08:46On kiffe tous les jours.
08:48Donc, vous faites une tournée des Zénith.
08:50Oui, on commence par faire des petites boîtes de nuit au début avec deux titres.
08:52Et puis après, vite fait, Thierry Suc, le produit.
08:55C'est un acteur de TS3, donc de Mylène Farmer.
08:58Avec des spectacles extrêmement physiques.
09:01Oui, toujours.
09:02C'était un peu notre visuel qu'on mettait en avant beaucoup.
09:06Donc, vous, c'est les arts martiaux.
09:08Philippe, c'est un champion de gymnastique.
09:10C'est ça.
09:11Adèle ?
09:11C'est un touche-à-tout.
09:12Il est venu aux arts martiaux un petit peu.
09:13Et puis, il a été faire de la gymnastique.
09:14Et puis, il a fait du breakdance.
09:16Mais ça signifie que ce sont des entraînements réguliers, extrêmement intensifs.
09:19Oui, bien sûr.
09:20Il y a beaucoup de disciplines, bien sûr.
09:22Ça veut dire aussi des corps bodybuildés.
09:26Mais pas forcément.
09:27Au début, on ne s'en est rendu compte.
09:29Mais je veux dire, la motivation, c'était de réussir dans nos disciplines et d'être des champions.
09:36Donc, forcément, il y a des entraînements pour ça.
09:38Donc, tu te construis un esprit, tu te construis aussi un corps.
09:40Vous êtes le seul à ne pas être pris entre deux cultures.
09:44Ce que montre très bien Yaël Langman dans la série, c'est que Philippe, il est fils d'immigré serbe.
09:49Il a des comptes à rendre à son père qui est très conservateur.
09:52Il y a aussi le sacrifice des parents immigrés qui veulent le meilleur pour leurs enfants.
09:57On voit Adèle qui a des parents musulmans.
10:00Donc, ils sont pris, ils sont écartelés entre deux cultures.
10:04Et ce succès, il n'est pas forcément facile à vivre.
10:07Et pour vous ?
10:08Non, moi, effectivement.
10:09Alors, moi, ma mère est d'origine portugaise de son papa.
10:15Mais effectivement, moi, j'étais français, gaulois, 100% dans mon quartier.
10:19J'étais un des rares blancs dans mon quartier, en fait.
10:22Et en termes de culture, elle, elle a vécu ça comment ?
10:25Ma maman ?
10:25Oui.
10:27Comme une immense fierté ?
10:29Elle a eu peur pour vous ?
10:30Non, pas forcément.
10:31Elle m'a fait confiance, ma maman.
10:33Elle était confiante.
10:35Après, elle ne savait pas trop où j'allais.
10:36Alors, voilà, elle me faisait confiance.
10:38Et vous devenez des sexes symboles.
10:41Il y a des hordes de filles totalement magnétisées qui coursent les 2B3.
10:47Oui, oui.
10:48Un petit peu.
10:48Ça faisait partie du package.
10:50Ça vous fait sourire aujourd'hui ?
10:52À l'époque, vous le vivez comment, ça aussi ?
10:54Bien, toujours bien.
10:54Franchement.
10:55Mais vous êtes extrêmement jeune.
10:56Oui, mais on l'a voulu.
10:58Et puis, c'est un rêve de gamin.
11:00Donc, c'est joyeux.
11:01C'est joyeux.
11:01C'est que joyeux.
11:02Sauf quand ça venait chez moi sonner.
11:03Ça dérangeait ma mère toute la journée.
11:05C'était un peu relou.
11:06Mais sinon, le reste du temps, c'était marrant.
11:07Parce que c'était les meutes à l'enjuvant.
11:08C'était un jeu.
11:09Oui, oui, oui.
11:09Bien sûr, bien sûr.
11:10Les gens venaient jusqu'à chez nous.
11:11Mais c'est l'âge quand même où on construit sa vie sentimentale, où on construit sa sexualité.
11:16Et ça démarre comme ça.
11:17J'avais 24 ans, donc ça va.
11:20Oui, c'est vrai.
11:21J'avais un peu vécu quand même.
11:23Un petit peu quand même.
11:24Heureusement, en réalité.
11:25Oui, heureusement.
11:26Et vous devenez aussi des icônes gays.
11:29Et ça, c'est quelque chose d'extrêmement fin et complexe que Yaël Langman fait entrer dans la série petit à petit.
11:36Vous n'élutez pas du tout cette question.
11:39Au contraire, c'est-à-dire que vous accordez une vraie place à la complexité de Philippe, à sa bisexualité et tout.
11:45Mais aussi à ces machines à fantasmes que deviennent les 2B3, torse nus, musclés, huilés.
11:52Yaël Langman, vous vouliez introduire ça ?
11:54Alors, je crois qu'il ne s'agit pas tant de parler de la sexualité de Philippe que de montrer l'intelligence de ces trois garçons qui viennent de banlieues.
12:00Encore une fois, on est dans les années 90.
12:02On est peut-être dans un endroit où la banlieue à l'époque est assez macho, voire peut-être un peu homophobe.
12:07Et j'avais très envie de saluer l'intelligence de Adèle, Philippe et Franck, d'embrasser tous les codes.
12:11En réalité, d'être très inclusif.
12:13Aujourd'hui, c'est ce qu'on dirait.
12:14Aujourd'hui, c'est ce qu'on dirait.
12:15Mais à l'époque, c'est la première fois qu'à la télé, on fétichise des corps d'hommes.
12:20Et ça, c'est extrêmement nouveau en réalité.
12:22Et vous montrez cette révolution-là ?
12:24Absolument.
12:25C'est vrai qu'on avait plutôt l'habitude de voir des femmes exposées pour leur plastique.
12:29Et moi, ce que je trouve incroyable dans leur histoire à tous les trois, c'est qu'ils étaient, je les trouve très complices de manière très intelligente,
12:36de cette fétichisation de leur corps, de cette objectification avec laquelle ils ont su jouer.
12:40Avec, encore une fois, beaucoup de grâce.
12:42Et si on se remet dans les années 90, beaucoup d'intelligence.
12:46J'avais très envie de célébrer ça.
12:48C'est-à-dire que vous ne vous êtes pas senti un homme-objet, vous n'en avez pas souffert.
12:51Vous n'avez pas trouvé ça ni dégradant, ni humiliant.
12:53Vous avez joué avec ça.
12:54Bien sûr, c'était un atout.
12:56On le savait très bien.
12:56On mettait ce qu'on savait faire en avant.
12:58C'est-à-dire, nos bodies, on le savait très bien que quand on était tous les trois et qu'on ouvrait la chemise, il s'est passé quelque chose.
13:03Autant que les acrobaties qu'on pouvait faire et voilà ce qu'on déclenchait.
13:05Mais on en était conscients, on le savait très bien.
13:07Et le tout dans un milieu que vous dépeignez, Yael Langman, dans un milieu de l'industrie musicale assez machiste, assez masculine, voire viriliste à l'époque.
13:20Et du coup, vous choisissez de leur donner un manager femme, ce qui n'a pas été le cas dans la réalité.
13:27Donc, vous avez fait carrément une femme exubérante, lesbienne, qui clope.
13:32Mais alors, cigarette sur cigarette du début à la fin de la série, vous allez la reconnaître.
13:38C'est Daphné Burki, en personne, qui joue la comédie.
13:41Tu vois ce sentiment de déjà vu dont tu me parles là ?
13:44C'est moi qui l'ai en l'occurrence.
13:46C'est moi Candice qui ai rempli le frigo avec mon salaire d'esclave.
13:49Tout ça parce que je suis une meuf.
13:50A supporter toute la journée la putain de tête de grosse de grosse merde de Yann.
13:55Tu crois quoi ?
13:56Tu crois que je m'amuse en ce moment ?
13:57Tu crois que je prends du plaisir ?
13:59Tu crois que je suis sereine, que je suis heureuse quand on se couche le soir et que je me dis que j'ai trouvé ma place dans l'univers ?
14:05Ou tu vas putain de finir par comprendre qu'on est totalement, incroyablement sur la brèche ?
14:11J'ai pas réussi à produire ton album.
14:13L'histoire d'une manageuse qui se bat, mais bec et ongle pour faire exister ce boys band qu'elle a imaginé.
14:21Alors nous, on a une version de Daphné Burki, beaucoup plus calme et beaucoup plus souriante à France Inter.
14:26C'était une évidence pour vous d'aller la chercher, elle ?
14:29Absolument, le rôle a été écrit pour elle en réalité.
14:31C'est vrai ?
14:32Oui, j'ai eu la chance de rencontrer Daphné sur une série précédente où elle avait déjà joué et je l'ai trouvée exceptionnelle.
14:38Et Daphné, elle a ce pas-mâche, elle a cette force, elle a cette sympathie et cette bonhomie.
14:42Et Daphné, elle peut porter lourd sur ses épaules.
14:44C'est-à-dire qu'elle peut incarner sans aucun problème des choses assez outrées.
14:48Et évidemment, j'ai écrit le rôle pour Daphné.
14:49Franck Delès, c'est une histoire du succès.
14:53Ces six épisodes de culte dédiés au 2B3, c'est une histoire du succès, une histoire du succès où on se brûle les ailes.
15:00D'abord, il y a l'argent qui coule à flot.
15:02Et donc, on voit ces trois gamins de banlieue qui ont eu vraiment des enfances modestes,
15:07qui n'ont manqué de rien, mais qui ont eu des enfances modestes, d'un seul coup, se retrouver avec un pognon de dingue.
15:14Oui, ça te change un peu ta vie, forcément.
15:17Ça te change un peu les avantages que tu peux avoir dans la vie.
15:20Ça t'ouvre des portes.
15:23Ça fait faire n'importe quoi ?
15:24Non, pas forcément.
15:25Enfin, je parle pour moi.
15:26Non, pas du tout.
15:27Moi, j'ai toujours été raisonnable, franchement.
15:28C'est vrai ?
15:28Peut-être un peu trop, parfois.
15:30Mais je me suis fait plaisir.
15:31J'ai fait plaisir à mon entourage et c'était le principal.
15:33Donc, en fait, vous étiez le sage, le raisonnable, le calme des trois.
15:38Non, Adèle était raisonnable aussi.
15:39Après, il était influencé par Philippe un petit peu, forcément.
15:42Donc, eux, ils ont tramé l'argent ?
15:44Ils l'ont dépensé beaucoup ?
15:45Philippe un peu plus qu'Adèle, mais Adèle un peu plus que moi.
15:49C'est ça.
15:49C'est ça.
15:50C'est-à-dire que dans le groupe, il y avait un binôme.
15:51C'était Philippe et Adèle, en toute honnêteté.
15:53Et vous ?
15:55Moi, j'étais un petit peu de temps en temps en retrait.
15:57C'est-à-dire que je ne suivais pas tout le temps Philippe.
15:59Oui, c'est ça.
16:00Philippe, vous avez commencé à le voir glisser à partir de quand ?
16:04Au retour des États-Unis, en 2002, 2003,
16:08quand on a commencé à faire quelques scènes qui n'étaient pas celles qu'il voulait faire.
16:11Et on a commencé à le perdre un petit peu.
16:12Pas à le perdre, j'exagère un petit peu.
16:13Il avait envie de faire autre chose et puis on sentait que ça ne lui plaisait plus de faire des petites scènes.
16:22Donc vous sentez un malaise qui grandit ?
16:25Oui, et puis on se détache.
16:27On n'est plus ensemble, on ne vit plus ensemble, on ne fait plus le même métier.
16:29En tout cas, on n'est plus dans le même groupe et puis on se détache.
16:32Il commence à faire ses aventures dans Navarro.
16:34Et puis on s'envoie des SMS, on se parle au téléphone, mais on se détache tout doucement.
16:38On se fâche ?
16:40Non, on ne se fâche pas, mais on s'éloigne.
16:44Et avec Adèle aussi ?
16:46Pendant une période aussi, oui.
16:48Pendant une période, on a tellement été ensemble tout le temps qu'on a besoin peut-être chacun de vivre son aventure.
16:54Donc d'oxygène, de se refaire ses propres amis, de se refaire une identité ?
16:58De vivre l'après à sa manière, chacun de son côté.
17:02Et l'après, il est douloureux ?
17:04Non, pas forcément, je pense à autre chose.
17:05Et tel shoot d'adrénaline à 24 ans, comme vous dites, quand on en a 28, 30, 32, il manque toujours quelque chose ?
17:16Je ne le savais pas trop encore, non, pas du tout.
17:18Parce que moi, j'ai eu la chance d'avoir deux garçons dont je m'en suis occupé énormément.
17:23Ce qui m'a permis de passer à autre chose, en fait, quelque part.
17:26C'est après, quand ils ont grandi, que je les ai amenés à l'école et qu'il fallait que je fasse quelque chose.
17:29Moi, je me suis dit, là, qu'est-ce que je peux faire ?
17:31Mais vous savez, il y a pire dans la vie que d'arrêter un boss-band.
17:34Oui, bien sûr.
17:34Donc, j'ai rebondi, et puis voilà.
17:36Et puis, j'étais encore jeune, j'avais encore plein de choses à faire.
17:39Vous êtes devenu comédien.
17:40Voilà, exactement.
17:41J'ai monté ma première pièce de théâtre, j'ai coproduit.
17:43On l'a joué 1500 fois, Bonjour Iveresse, en tout l'état de Paris.
17:47Et puis, j'ai continué mon petit bonhomme de chemin en tant que comédien.
17:49Un jour, en interview, Philippe a dit, moi, je ne me vois pas vieillir.
17:53C'est fou, ça.
17:54Oui, c'était très tôt.
17:56Il est mort à 35 ans.
17:56Oui, il ne se voyait pas vieillir ou alors mal finir.
18:01Et vous, c'est quelque chose que vous l'aviez entendu dire ?
18:04Vous en aviez déjà parlé avec lui ?
18:06Pas à ce point-là.
18:07Parce que quand il a sorti ça, c'était lors d'une interview et il nous a tous surpris.
18:10Mais après, c'était Philippe.
18:11Parfois, il aimait bien un peu surprendre les gens.
18:14Alors, est-ce que c'était sincère ou pas ?
18:15Il avait besoin d'apporter une petite touche de provocation.
18:21Vous êtes très, très, très musclé là en face de moi.
18:24Je vois à travers.
18:26Vous avez continué les arts martiaux ?
18:28Je coin un petit peu plus dans le Via Vodao maintenant,
18:30mais je m'entraîne toujours les arts martiaux.
18:31Je fais toujours du sport.
18:32C'est mon leitmotiv.
18:33Merci, Franck Delay.
18:34Vous voyez la radio finalement ?
18:36Avec plaisir.
18:36Ça fait pas mal.
18:37Ça va.
18:37La série Culte démarre demain sur Amazon Prime.
18:40La semaine prochaine, c'est Daphné Burki qui assurera le grand portrait et le 9-11 à ma place.
18:48On en profite un peu avant qu'elle devienne une actrice.
18:51Qu'elle aussi, elle parte en Amérique.
18:53Merci, Yael Langman.
18:54Merci beaucoup.
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