- il y a 2 jours
En 1973, le maire de Nancy est à la recherche d'une manifestation pour animer sa ville. Un petit groupe de passionnés lui propose trois jours de concerts de jazz. Le Nancy Jazz Pulsations naît. Ray Charles himself, suivi d'autres grands noms, ouvre la voie à plusieurs décennies de concerts. Grâce aux archives et témoignages de celles et ceux qui ont fait l'histoire du NJP, le film retrace le parcours de cet évènement unique en France, qui a su imposer sa singularité dans le paysage des grands festivals de musique. Un hommage annuel vibrant à l'influence majeure du jazz dans la musique d'aujourd'hui. Coproduction : France 3 Grand Est / Supermouche Productions Réalisation : Samuel Petit
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00:00Ok.
00:01Ok.
00:02Vous savez quelque chose de ce qui se passe dans Nancy ?
00:05Je sais que c'est un festival de jazz, est-ce que c'est vrai ?
00:11Oui.
00:12Mais c'est tout ce que je sais.
00:30On sent à un moment donné qu'il y a une vibration qui fait que vous devez aller sous le chapiteau ou dans la salle, écouter ce qui se passe.
00:40On parle d'un festival de jazz qui défend un éventail de musique très large.
00:44J'ai trouvé qu'il y avait au cœur de la ville de Nancy, au cœur du parc de la Pépinière,
00:49quel beau nom la Pépinière pour des découvertes de talent, qu'il y avait là un festival qui était extraordinaire.
00:55J'ai de Buckner au Céterne...
01:00C'est parti !
01:01J'ai de Buckner au Céterne...
01:04Et bienvenue !
01:06Un joueur de braille !
01:09Et bienvenue !
01:12J'ai de Buckner à Bloc !
01:14J'ai de Rock.
01:15J'ai de Buckner à Bloc !
01:16J'ai de Buckner à Bloc !
01:18J'ai une heure qui n'a pas faite à Bloc !
01:19J'ai de Buckner à Bloc !
01:23J'ai de Buckner à Bloc !
01:24Octobre 1984
01:49C'est la deuxième fois que Ray Charles honore le festival de sa présence
01:52après avoir marqué l'édition inaugurale.
02:03Au début des années 70, la ville de Nancy connaît un bouillonnement culturel sans précédent,
02:08avec en particulier le Festival Mondial du Théâtre Universitaire créé par Jack Lang.
02:13Au même moment, dans les clubs de la ville,
02:15une équipe de jeunes passionnés de jazz organise des concerts
02:17qui attirent toujours plus d'amateurs et de curieux.
02:19La Belle Aventure Jazzy est partie donc en 1972 au sein de la mairie de Nancy.
02:29Il y avait un maire qui était à la recherche d'une manifestation d'automne,
02:34il ne savait pas trop quoi.
02:35Xavier Broquer qui était donc un des responsables du jazzotte et du jazz en Lorraine
02:40a pris la parole pour dire « si il vous reste de l'argent,
02:43moi je vous propose de créer un festival de jazz ».
02:46On a présenté un projet d'un festival de trois jours
02:48et il nous a dit « mais attendez, moi je ne vous ai pas demandé d'organiser une kermesse,
02:54je veux un grand festival ».
02:56On lui dit « mais attendez, ça va coûter une fortune,
03:02ça ce n'est pas votre problème, c'est le mien,
03:05vous avez les réseaux, vous connaissez le milieu, allez-y ».
03:07Et c'est pour ça que le premier festival, dès 1973,
03:10c'était un festival très important,
03:12il y avait des parades dans les rues de Nancy,
03:14il y avait déjà des chapiteaux à la Pépinière,
03:16c'était l'espèce de premier festival qui restait un petit peu le modèle d'aujourd'hui.
03:23Dès le départ, l'ambition des organisateurs
03:26est d'envahir littéralement la ville de sonorités jazz.
03:29La fameuse parade.
03:44Alors ça fait partie de l'identité du festival,
03:46de jouer sur le happening,
03:48c'est-à-dire de faire que le spectacle déborde des salles
03:52pour se poursuivre dans les rues.
03:54Et il y a effectivement des concerts un petit peu partout dans la ville,
03:58une parade avec des chars qui ont été dessinés
04:01par le graphiste officiel du festival, Roland Grunberg.
04:06Alors les services techniques de la ville avaient fabriqué tous ces chars
04:10qui évoquent bien évidemment la musique, le jazz et la Nouvelle Orléans.
04:14Et ça avait connu un succès incroyable.
04:17Je me souviens très bien,
04:19il y avait un de mes techniciens qui avait dit
04:20« Écoutez, on a un souci parce que la ville de Nancy,
04:22on ne possède que trois tracteurs ».
04:25Et Roland Grunberg disant
04:26« Mais il n'y a pas de souci, moi je peux me débrouiller avec un copain
04:29pour avoir les tracteurs. »
04:30Nous voilà donc à la présentation des chars à la presse.
04:34Et Roland Grunberg me regarde,
04:36liquéfié, blanc comme un mort.
04:38Il m'a dit « Mon Dieu, j'ai complètement oublié les tracteurs ».
04:41J'ai trouvé des tracteurs de l'autre côté de Toul.
04:44Il y a même des chefs de service qui sont partis en voiture à Toul.
04:47Et tout le monde est revenu au volant de le tracteur.
04:51Ils sont arrivés une heure avant le début de la parade.
04:56Après la fête est partie, on avait oublié,
04:58mais alors j'ai eu du stress.
04:59Le festival est, dès sa création en 1973,
05:09un festival de jazz, mais aussi de blues,
05:13qui a comme tête d'affiche Ray Charles.
05:21Ray Charles, 73.
05:22Je ne connaissais pas ces images, très bien.
05:31Je suis dans les gradins,
05:32je n'ai pas payé ma place parce que j'étais bénévole.
05:35Super souvenir.
05:42Ah oui, oui, j'ai photographié là.
05:45Et à un moment donné,
05:46quand il s'essuie les yeux sous ses lunettes,
05:50je m'étais proposé comme photographe
05:52du NJP.
05:54J'arrivais avec mon appareil photo,
05:55je faisais des photos au début du spectacle de Ray Charles.
05:59Je rentrais chez moi à toute vitesse,
06:01développais le film.
06:02Et à la fin du concert,
06:03je pouvais déjà proposer
06:05quelques exemplaires de photos que j'avais prises.
06:09Ok.
06:14Ray Charles, c'est un artiste emblématique
06:16de ce que Nancy Jazz Pulsation va être.
06:19C'est-à-dire un festival qui essaie d'ouvrir,
06:21petit à petit,
06:22à d'autres types de jazz
06:24et à d'autres types de musique aussi.
06:34Les personnes que je vois qui ont vu Sonnera sur scène,
06:37pratiquement toutes me disent
06:39que c'est un des plus grands chocs esthétiques de leur vie.
06:41Selon ses propres mots,
06:42il incarne la musique de l'univers,
06:46de l'espace,
06:47du cosmos.
06:48Et puis c'est quelqu'un qui a réuni absolument
06:50tous les arts.
06:52C'est quelqu'un de très avant-gardiste aussi.
06:55Moi, j'adore le mot jazz
06:56parce qu'il définit,
06:59c'était à la base un mot d'argot
07:00qui définissait une poubelle
07:03un peu dégueulasse
07:04dans laquelle on mettait
07:05tout ce qu'on ne pouvait pas étiqueter.
07:08Et on secouait ça.
07:10Et le jazz sortait
07:12de ce réceptacle.
07:21C'est à deux pas de la place Stanislas,
07:23au milieu du parc de la Pépinière,
07:25que le cœur palpitant du festival
07:26prend place.
07:28Chaque année, depuis 1973,
07:30à l'automne,
07:31un grand chapiteau s'y dresse.
07:32En ce début des années 70,
07:50seule une petite poignée
07:50de festival de jazz existe,
07:52essentiellement en été
07:53et sur la Côte d'Azur.
07:55Mais aucun dans l'Est de la France.
07:58Les passionnés de jazz
07:59de toute la région
08:00ne perdront pas une miette
08:01de la première édition.
08:02Jackie Johannes est un photographe
08:07amateur passionné de jazz.
08:09Une figure incontournable du NJP.
08:13En 50 ans,
08:14il n'a jamais manqué
08:15une seule édition.
08:17Ce qui en fait
08:18une véritable mémoire visuelle
08:19du festival.
08:21Moi, il faut savoir
08:21que je suis tombé dans le jazz
08:22quand j'avais 14 ans.
08:24Donc, il y a fait maintenant 60 ans.
08:25Et puis,
08:26quand j'ai su
08:27qu'il y aurait tous
08:28ces grands artistes à Nancy,
08:30j'ai dit,
08:31comme j'étais fan
08:32de photos,
08:33et comme je m'étais déjà équipé,
08:35j'ai dit,
08:36il faut que je fasse des photos
08:37pour avoir des souvenirs
08:38de ces gens-là.
08:40B.B. King 77,
08:43Charles-Hélique Couture
08:44en 82,
08:46et puis,
08:47il y a le Ray Charles 84.
08:49Ce portrait-là,
08:50je l'aime beaucoup
08:51parce que, en fait,
08:52ça ressemble bien à lui.
08:54Par exemple,
08:54dans sa mimique,
08:55vous voyez là,
08:56il était tout le temps
08:57à plisser le nez
08:59et à ouvrir la bouche.
09:01Et chaque musicien
09:02a ses mimiques
09:03en fonction de l'instrument
09:04où il joue.
09:05On va avoir
09:05des grimaces marqués.
09:08On va avoir,
09:08comme Didier Gillespie,
09:09par exemple,
09:10quand il joue la trompette,
09:11il a ses joues qui...
09:12et puis après,
09:13quand il relâche,
09:13ils sont tous des flasques.
09:15Et puis,
09:16vous avez des gens
09:16qui tordent le cou,
09:17qui baissent la tête,
09:19qui lèvent la tête,
09:20qui ferment les yeux.
09:21On dirait des mimiques
09:22de souffrance, des fois,
09:23mais c'est vrai que
09:25ça fait partie de leur jeu.
09:42Dès l'origine,
10:08les organisateurs
10:09souhaitent partager
10:09leur passion du jazz
10:10en s'adressant
10:11à tous les publics,
10:12jusqu'aux plus jeunes.
10:14Les artistes sont invités
10:15à sortir des scènes
10:16pour rejoindre
10:17les salles de classe.
10:18Voilà un exemple
10:19d'un musicien
10:20emblématique
10:21des débuts de NJP,
10:22c'est Benny Waters,
10:23qui, dès la première année,
10:25participe à un goûter
10:26dans une école.
10:30Il y a toujours eu
10:30cette volonté,
10:32de la part de Nancy
10:32Jazz Pulsation,
10:33de faire battre
10:34le cœur de la ville
10:35en même temps
10:36qu'on fait battre
10:37le cœur des festivaliers
10:38pour que la ville
10:39s'imprègne
10:40de l'esprit
10:41de Nancy Jazz Pulsation.
10:46Et vous, madame,
10:48vous aimez le jazz ?
10:50Pas tellement.
10:52Mais enfin,
10:52je reconnais
10:52que le jeune homme
10:53joue bien.
10:55Aucun territoire
10:56de la ville
10:56n'échappe
10:57à la déferlante jazz
10:58du festival.
10:59Dans les quartiers
11:00défavorisés
11:01de la cité HLM
11:02du Haut-du-Lièvre,
11:03les musiciens
11:03se produisent
11:04directement
11:04chez les habitants,
11:06jusque dans leur salon.
11:07Ce festival,
11:15il transformait la ville.
11:17Et comme il y avait
11:17plusieurs lieux,
11:18il y avait aussi
11:19le grand chapiteau
11:20dans le parc.
11:21C'était un peu partout,
11:22donc ça donnait
11:23un peu une sensation
11:24d'électricité
11:26dans la ville.
11:28On avait un projet
11:29de faire un festival
11:31qu'on pourrait appeler
11:31festival urbain,
11:32c'est-à-dire
11:33le centre-ville.
11:33d'aller au devant
11:35d'un public
11:37qui n'est pas forcément
11:38habitué
11:39à assister
11:40à des concerts,
11:40donc d'aller tout de suite
11:41intervenir
11:43dans les usines.
11:44Il y avait
11:44les foyers
11:44jeunes travailleurs,
11:46la prison,
11:46mais c'est venu
11:47un petit peu après.
11:50Le centre de détention
11:51décrouve
11:52une animation sociale
11:53parmi beaucoup d'autres
11:54au cours de ce festival.
11:56La musique est l'un
11:57des rares moyens
11:58d'évasion
11:58de l'univers carcéral.
12:03C'est la première fois
12:13qu'il existe
12:14une ville
12:14entièrement concernée
12:15par un festival.
12:16Parce que Nice,
12:17tout le monde sait,
12:18c'est les arènes de Siniers,
12:19c'est la grande kermesse,
12:21Antibes,
12:21c'est les barrières,
12:24le jazz un peu mondain,
12:25Château Vallon,
12:25c'est une autre formule,
12:26mais à chaque fois
12:27c'est dans un lieu
12:27bien particulier.
12:28Vous pensez que là,
12:29c'est la multiplicité
12:30et la disparité
12:30des lieux
12:31qui est intéressante.
12:33Dans les premières éditions,
12:38jusqu'en 80,
12:39il y avait des offices
12:40que béniques.
12:41Parce que c'était
12:42le rappel
12:43à l'histoire du jazz
12:45qui s'est en grande partie
12:46déroulée dans les églises.
12:48Il y avait le père de Fatot
12:49qui lui avait une vie
12:51un peu dissolue
12:52puisqu'il faisait partie
12:53du groupe de jazz
12:55Saint-Germain-des-Prés
12:56avec sa contrebasse
12:57et donc après
12:58il est rentré dans les ordres
12:59et il est venu
12:59quand même en 75
13:00jouer.
13:01Il l'a accompagné
13:03de sa contrebasse
13:03puisqu'il avait dit
13:04à son évêque
13:05moi je veux bien
13:06entrer dans les ordres
13:06mais je garde
13:07ma contrebasse.
13:10L'occasion c'était
13:11que plein de gens
13:11venaient écouter
13:12de la musique en fait.
13:13La partie purement religieuse
13:15était apparente
13:17mais on n'était pas
13:18à Lourdes.
13:18Il y a toujours eu cette idée
13:46de faire une déambulation
13:47de faire participer
13:49le public
13:50de faire participer
13:53les habitants
13:53de faire participer
13:55les touristes.
13:57Et pour pimenter l'histoire
13:59on avait fait un bus
14:00qui faisait tous les endroits.
14:03Alors un bus
14:03avec des musiciens
14:04après il y a eu un bus
14:06avec un bar à l'intérieur
14:07mais ma foi à ça
14:10on a écourté l'histoire.
14:11En fait il y en a
14:12qui allaient uniquement
14:13pour s'amuser dans le bus.
14:16C'est drôle.
14:18Je me rappelle
14:18la dernière édition
14:20le bus
14:21a rendu l'âme
14:22Place Stanislas
14:23les deux essions ont pété
14:25et le bus est tombé
14:26comme ça.
14:27Ça pouvait présenter
14:28certains dangers
14:29quand on voit l'image
14:30de ces musiciens.
14:33Le dos à l'air.
14:35Mais oui
14:37c'était des initiatives
14:39innovantes
14:41et rigolotes
14:42ça marchait bien.
14:44Tout le monde l'a fait ça.
14:44Au cours des éditions
15:14années 70
15:15le Nancy Jazz Pulsation
15:17connaît un succès
15:17grandissant
15:18attirant un public
15:20de plus en plus
15:20nombreux
15:21et enthousiastes.
15:23Cependant
15:23quelques difficultés
15:25se profilent.
15:26L'organisation
15:27se caractérise
15:28par un mélange
15:28de professionnalisme
15:29et de débrouillardise
15:31accompagnée
15:32de temps à autre
15:33par quelques pratiques
15:34non conventionnelles
15:36comme l'or du paiement
15:36des artistes.
15:39Tout se faisait
15:40en espèce
15:40à l'époque
15:41et dans une administration
15:43vous n'avez pas
15:43beaucoup de choses
15:44en espèce
15:45même il y a 50 ans.
15:46Donc il fallait
15:47payer les artistes
15:48à l'issue du concert.
15:50Je pense qu'ils avaient
15:50la trouille
15:51de ne pas être payés.
15:52Ils avaient peur
15:53des chèques en bois
15:54les virements
15:55c'était moyen
15:57et ça prenait plus de temps.
15:59Et pour trouver des dollars
16:00il fallait aller à Luxembourg
16:02avec une valise
16:04et ramener des dollars
16:06par des chemins
16:06exotiques
16:08franco-belges
16:09en dehors
16:10des itinéraires normaux
16:12pour payer les artistes.
16:14Lors de l'édition
16:15de 1975
16:16Ella Fitzgerald
16:18est la tête d'affiche
16:19que tout le monde attend.
16:21Mais The First Lady of Song
16:22annule sa venue
16:23au dernier moment
16:23et le festival
16:25cherche un remplaçant
16:26en urgence.
16:28Ce sera
16:29le saxophoniste américain
16:30Archie Shepp.
16:32Ça n'a strictement
16:33rien à voir
16:34comme remplaçant.
16:36C'est assez drôle.
16:38Il devait jouer
16:38à Massie
16:39le lendemain
16:41de la date
16:43de ce concert annulé
16:44de la Fitzgerald.
16:45Archie
16:46a confondu
16:47Massie et Nancy.
16:49et donc
16:50il a pris
16:52un peu son temps
16:53et il a donné
16:54l'affiche au taxi
16:55qui a dit
16:56« Ah, je vous allais
16:57à Nancy,
16:58mais on n'est pas arrivés. »
16:59En l'attendant,
17:00ambiance survoltée,
17:02des gens du public
17:03étaient montés
17:05sur scène,
17:05ils avaient pris
17:06le micro.
17:07Oui,
17:08enfin,
17:08ils protestaient, quoi.
17:10On a cru que le public
17:11allait nous envoyer
17:12les chaises
17:12sous le podium.
17:13Alors,
17:14M. Archie Shepp
17:15est arrivé à 22h15
17:16pour le concert
17:17de 20h30.
17:18Enfin,
17:19nous ne nous demandaient
17:19qu'une chose,
17:20c'est qu'il assure le concert.
17:21Il l'assurait
17:21d'une façon magistrale
17:23et il était super réglo
17:25puisqu'il y avait
17:25le deuxième concert
17:26qui attendait
17:27et il assurait
17:28son deuxième concert
17:29normalement.
17:31Pourquoi je reviens
17:33à Nancy ?
17:33Eh bien,
17:34parce que je suis
17:35heureux d'y revenir.
17:36Chaque concert ici
17:37m'apporte
17:38quelque chose
17:38de nouveau.
17:40Et pourquoi
17:40avoir choisi Nancy ?
17:42Parce que Nancy
17:43m'a choisi.
17:48à l'issue du festival
17:541975,
17:55il a commencé
17:56à y avoir
17:56des tensions
17:57entre la mairie
17:59et l'équipe organisatrice
18:01qui souhaitait
18:03un peu plus
18:03de liberté.
18:05conflit médias
18:07avec le maire sortant
18:09qui nous menace
18:10de ne plus nous aider.
18:13On monte
18:13une association
18:14de soutien.
18:15Nous avons donc demandé
18:16à un musicien américain,
18:17Archichep,
18:18de créer une oeuvre
18:19spécialement pour Nancy.
18:20Ce sera le point fort
18:21du festival ?
18:22Ce sera le point fort
18:22de ces journées de soutien
18:23qui ne sont pas un festival
18:24mais qui sont le point fort
18:26d'une campagne de soutien
18:27que nous avons lancée
18:28depuis quelques semaines
18:29pour justement
18:30essayer de prouver
18:32et de montrer
18:32qu'un festival de jazz
18:33a sa place à Nancy
18:34et en tout cas
18:35doit vivre.
18:37Donc,
18:38l'estrévillicain
18:38prend partie pour nous
18:40et accepte
18:41de publier
18:42des encarts de soutien.
18:45On était sûr
18:46de notre coup.
18:47On a senti
18:48que les gens
18:48étaient contre la mairie
18:49et pour nous.
18:50On aurait vendu
18:51nos chemises
18:52pour que le festival
18:53pour trouver des sous
18:54pour que le festival
18:55puisse exister.
18:59On sait maintenant
19:00qu'à Nancy,
19:01le public
19:02tient à un festival.
19:04donc nous pouvons
19:05nous placer
19:05en bonne position
19:09vis-à-vis
19:09des subventionneurs
19:10de ce festival.
19:12Tout le monde
19:12s'est levé
19:13pour dire
19:13qu'il faut qu'on fasse
19:14quelque chose.
19:14Il y a eu des tracts
19:15qui ont été distribués,
19:16il y a eu des autocollants
19:17qui ont été faits.
19:19Ces autocollants
19:19avaient la particularité,
19:21c'est qu'ils étaient
19:22indécollables.
19:23Sinon,
19:24on enlevait la peinture.
19:25On n'a pas eu le problème
19:26mais
19:27ça nous est rigolé.
19:30La ville de Nancy
19:31et les organisateurs
19:33de Nancy Jazz Pulsation
19:34ont signé tout à l'heure
19:35à 19h
19:36une convention.
19:37La ville de Nancy
19:38a donc voulu
19:38prendre ses responsabilités
19:40et assurer
19:41à travers
19:42cette convention
19:43une place
19:44majeure
19:45dans la vie
19:46culturelle
19:46de notre cité
19:47à ce festival
19:49de jazz
19:50de renom
19:51international
19:52et c'est donc
19:53la reconnaissance
19:54de la qualité
19:55du travail effectué.
19:56I would bid
20:02my own one
20:04But I don't know
20:07where
20:07to settle down
20:09And here I am
20:12And what a lovely place
20:16With lovely people
20:20And lovely smiles
20:23on your faces
20:25A partir de 1982,
20:48le festival
20:48prend une nouvelle envergure.
20:50De Biennale,
20:51il devient annuel.
20:51C'est aussi le début
20:53d'une période
20:54extraordinaire de concerts
20:55qui suscite l'admiration.
20:57Parmi eux,
20:58Paolo Conte
20:59mais aussi
21:00Winton Marsalis
21:02Sonny Rollins
21:03Keith Jarrett
21:04Wayne Shorter
21:05Sarah Vaughan
21:07Chris Isaac
21:08Astor Piazzola
21:09Herbie Hancock
21:10Nina Simone
21:12Paco De Lucia
21:13et Michel Petrucciani
21:17qui donne ici
21:17en 1984
21:18son tout premier concert
21:19dans un festival.
21:21Et l'année suivante,
21:42en 1985,
21:44la nouvelle se répand
21:45comme une traînée de poudre.
21:46La légende,
21:49le maître,
21:49le prince des ténèbres
21:51est attendu
21:51pour la première fois
21:52à Nancy.
21:53Celui qui a su donner
21:54une âme à sa trompette,
21:56un corps à sa musique,
21:58celui qui malgré son regard
21:59toujours caché
22:00sait voir plus loin
22:01que la Nouvelle Orléans
22:02et ses jazz bandes traditionnelles,
22:04un créateur
22:05et un interprète
22:06de génie,
22:06Miles Davis.
22:07Qu'une star,
22:35ce génie musical,
22:36qui vienne sur la scène
22:37de Nancy,
22:40je crois qu'on était tous
22:41abasurdis véritablement.
22:44Il y a tellement de monde
22:44dans la salle
22:45que je demandais même
22:46à des élus
22:47de virer de la scène
22:48parce que c'était un phénomène.
22:50Tout le monde
22:50tout le fait.
22:52Il y avait presque envie
22:52de le toucher,
22:53tout le monde avait envie
22:54de le voir.
22:55Une grosse ambiance.
22:57Un concert pop, quoi.
22:57Et là arrive
23:05un batteur
23:06avec 43 000 cymbales,
23:09un bassiste électrique
23:11et mis en scène,
23:12mis en lumière,
23:13mis en son,
23:15comme un concert
23:16de rock'n'roll.
23:16Et je me souviens
23:17ici à Nancy,
23:19il y a une partie
23:19du public
23:20qui dit
23:21mais qu'est-ce que c'est
23:22que ce truc ?
23:23Nous, on vient voir
23:23Miles Davis,
23:24nous, on vient de voir
23:24du rock'n'roll, quoi.
23:26Il y avait une espèce
23:26de confrontation artistique
23:29presque d'époque.
23:44Il n'y a pas de façon
23:45de comparer moi-même
23:46à Miles Davis.
23:48Mais je sais
23:49qu'en travaillant
23:51avec lui,
23:51il y a un mentalité,
23:53qui est de faire
23:54de faire
23:54de la musique
23:57vitalité.
23:59Use de nouveaux styles,
24:01use de nouveaux musiciens,
24:02you know,
24:02des choses
24:03qui vont garder
24:03la musique
24:03de la musique.
24:07Il y a beaucoup
24:08qui aime
24:09jazz
24:10comme la musique
24:11classique.
24:13Et c'est à dire,
24:14tout a fait
24:15et le livre est
24:16fermé.
24:17Je ne veux
24:18que le livre
24:18fermé.
24:19Je veux
24:19essayer de
24:19ajouter
24:20à la langue.
24:21et le garder
24:22fraîche.
24:23Et je pense
24:23que ça
24:23met des jeunes
24:24à la langue
24:25et ça
24:25met une édition
24:26à la musique.
24:27C'est très important.
24:28Il y a une image
24:29associée au mot
24:30jazz qui est
24:31complètement faussée.
24:32Aujourd'hui,
24:33ça a tellement
24:34évolué,
24:34tellement bougé.
24:36Moi,
24:36j'aimerais bien
24:36qu'un jour,
24:37on arrête
24:37de poser des étiquettes.
24:39Juste on dit
24:40qu'on ne dise pas
24:41ça, c'est du jazz,
24:42ça, c'est pas du jazz,
24:43ça, c'est de la pop,
24:43mais juste ça,
24:44c'est tel artiste.
24:45Et voilà,
24:46son univers
24:46est point barre.
24:53Michel Portal
24:54est un habitué
24:55du festival
24:56Nancy Jazz Pulsation.
24:58Il y joue
24:58pour la première fois
24:59lors de l'édition
25:00de 1975
25:01et sa dernière participation
25:03remonte à 2021.
25:0546 années de pulsation
25:07à lui tout seul.
25:08Véritable explorateur musical,
25:10il incarne un jazz vivant
25:12et sans limites.
25:21Il faut le faire avec ça.
25:22Je m'élève ouvertement
25:33contre le free jazz
25:34où ils se foutent
25:35dans la gueule du monde.
25:37Là, je ne suis pas d'accord.
25:39Mais quand vous avez des gars
25:40qui viennent écouter
25:40de la musique,
25:42ils viennent payer
25:43une consommation
25:43à prix donné,
25:45c'est un contrat
25:46qu'on passe.
25:48Vous passez
25:48une bonne soirée,
25:50vous écoutez
25:50de la bonne musique.
25:51Allez,
25:52moustache,
25:52grand batteur traditionnel.
25:54Ben oui,
25:54c'était encore
25:55la grande querelle.
25:57Le free jazz
25:58contre le pseudo jazz.
26:00Dès 1973,
26:01il y avait déjà
26:02des protestations
26:04parce qu'il n'y avait
26:05pas assez de jazz
26:06ou parce qu'il y avait
26:06beaucoup trop
26:08de jazz contemporain
26:09qui n'y avait pas
26:10assez de traditionnel.
26:11Mais bon,
26:11mais ça,
26:12c'est anecdotique en fait.
26:19Le jazz,
26:20c'est la musique
26:21qui se nourrit
26:21de toutes les autres.
26:22Donc,
26:23en quoi de plus naturel
26:24pour un festival
26:24de jazz
26:25de présenter
26:27toute cette nourriture
26:29gargantuesque.
26:35J'ai fait des choses
26:36toujours très différentes.
26:38J'ai essayé
26:39de le piquer
26:40un peu à gauche,
26:41à droite,
26:42comme ça.
26:43Mais je ne vais pas me dire
26:44est-ce que je fais du jazz
26:45maintenant ?
26:45Non,
26:45je m'en fous.
26:46Il me faut de la vie.
26:49Ce qu'il me faut,
26:50c'est de la vie.
26:51La vie.
26:52Il faut rire,
26:53il faut jouer.
26:54ce qui est important,
26:59c'est plus loin.
27:07C'est ça.
27:14Et puis après,
27:15on a l'impression
27:45quand même
27:45que les variétés
27:47entre guillemets
27:48ou du moins
27:48les rivages musicaux
27:49lointains du jazz
27:50gagnent de plus en plus
27:51sur le jazz.
27:53C'est un phénomène
27:53d'actualité,
27:54c'est sûr,
27:55mais ce n'est pas
27:56un problème.
27:59Ça a toujours été
27:59la constante du festival
28:00de toute façon
28:01de s'ouvrir
28:01à ce qui plaît
28:03et à faire partager
28:05notre plaisir
28:06et le bien
28:07à de nombreux spectateurs
28:09et un public
28:11nancéen,
28:12régional,
28:12voire de plus loin.
28:14Ce n'est pas neuf,
28:15ça.
28:16On l'a toujours fait.
28:18Au début des années 80,
28:19les festivals de jazz
28:20étaient quand même
28:21encore assez stricts
28:22par rapport
28:22à la musique.
28:24Le NJP
28:25n'a pas hésité
28:27une seconde
28:28à faire venir
28:29des musiciens
28:29qui n'étaient pas
28:31des musiciens de jazz.
28:31ses pieds sont montés
28:37sur scène
28:37deux fois
28:38dans la même soirée,
28:40deux concerts
28:40à guichet fermé
28:41pour le Nancyen
28:42Charles-Hélix Couture.
28:50Ça, c'est moi, ça.
28:53La première fois
28:55que je suis monté
28:56sur scène,
28:58si je me souviens bien,
28:59ça doit être en 82,
29:00l'envie d'en être
29:03était forte.
29:06Je me plaçais plus
29:07comme un sort
29:08de poète rock
29:09et même si ma poésie
29:12s'inscrivait
29:13dans l'époque,
29:14elle n'était pas
29:15dans les rails
29:16du jazz-jazz
29:18qu'il défendait
29:19dans un premier temps.
29:22Louisiana,
29:24Louisiana,
29:25je compte les heures
29:29midi, minuit
29:30à Nancy,
29:33moi, tu t'as mis
29:35pourquoi donc
29:38as-tu parti ?
29:41Annie,
29:42moi, tu t'as mis
29:45à Nancy.
29:46À Nancy,
29:46les envolées,
29:47la sensation,
29:48l'amitié,
29:49la complicité
29:50qui s'établit
29:50avec le public
29:51est peut-être
29:52encore plus grande
29:53parce qu'on a
29:54des histoires communes.
29:57Charles-Hélix,
29:58c'est l'enfant
29:59du pays,
30:01bien évidemment.
30:02Il était important
30:03de le faire revenir
30:06pour qu'il puisse
30:06se produire
30:07sur la scène
30:08de sa ville.
30:09hier soir,
30:29sous le chapiteau
30:29de la Pépinière,
30:30avec deux groupes
30:31à l'affiche
30:31qu'à ce produit
30:33que le Régional
30:34de l'État,
30:35un groupe
30:35bien connu
30:36à l'étranger,
30:37mais moins bien
30:38en France.
30:38On a 23 ans,
30:50quoi.
30:5123 ans.
30:54Il y avait un public
30:56qui allait spécifiquement
30:57voir, par exemple,
30:59Michel Portal,
31:00qui n'allait pas
31:01venir voir
31:01Casse-Product,
31:03mais il y avait
31:03ce mélange
31:04qui faisait
31:05que les gens aussi
31:06quand même
31:07étaient encouragés
31:08à venir
31:09voir d'autres genres
31:11qu'ils avaient
31:12l'habitude de voir.
31:14À l'époque,
31:14Nancy était une ville
31:15qui pulsait quand même
31:16dans la musique rock.
31:18Il y avait
31:18une solide école
31:20de rock
31:21et de cinéma
31:22expérimental,
31:23etc.,
31:24qui contrebalançait
31:26les puristes
31:26du jazz.
31:29Effectivement,
31:29les défendeurs
31:31purs et durs
31:32de la ligne
31:32jazz un jour,
31:34jazz toujours,
31:35ont un peu coincé.
31:38et une volonté
31:43d'expérimenter
31:45des choses,
31:45oui.
31:46Poussie X
31:47était une histoire
31:50d'une femme
31:51avec son chat.
31:52À l'époque,
31:52quand je l'ai écrit,
31:53je ne me suis pas rendu
31:53compte qu'il y avait
31:54de la connotation
31:55sexuelle.
31:58C'est naïf
31:59un peu de ma part.
32:02Nancy Jazz
32:02pulsation a pris
32:04des risques
32:05d'esthétiques
32:06complètement différentes.
32:07Par exemple,
32:08Les Résidents,
32:10un groupe
32:11complètement underground,
32:12en fait.
32:13Ils sont venus jouer
32:14avec leurs gros oeils
32:17sur la tête
32:18dans une salle comble
32:20et ils étaient
32:21en tête d'affiche.
32:22parce que le public
32:24de Nancy
32:25à l'époque
32:25était très
32:26pointu,
32:27en fait.
32:37En 1988,
32:39le festival
32:40propose une expérience
32:41unique.
32:43Investir
32:43le marché
32:43aux bestiaux
32:44de la ville.
32:46En fait,
32:47il y avait encore
32:47des bestiaux
32:49dans l'après-midi.
32:50il a fallu
32:52enlever
32:52les animaux
32:54pour accueillir
32:54le public.
32:55On avait fait
32:56un deal
32:56avec la gare
32:57de Nancy
32:57et il y avait
32:58un train
32:58avec deux rames
32:59qui étaient venus
33:00qui amenaient
33:01les gens
33:01de Nancy
33:02à très basse vitesse,
33:04je crois,
33:0415 km heure,
33:06pour les déposer
33:07le long des quais
33:08à côté
33:09des abattoirs.
33:11Le public
33:11nous a redemandé
33:12de faire ça
33:12tous les ans.
33:13Mais ça nous avait
33:14coûté très très cher
33:15cette opération.
33:17Pour des raisons
33:17de sécurité,
33:18il aurait été
33:19impossible
33:21de recommencer
33:21un événement pareil.
33:23Mais bon,
33:24on l'a fait,
33:25ça a marché.
33:26En fait,
33:26des endroits atypiques
33:27comme ça,
33:29le public était prêt
33:30à écouter de la musique
33:31dans des endroits originaux.
33:32C'est souvent le cas,
33:33d'ailleurs.
33:34Ça casse le quotidien.
33:35est-ce que j'ai la faute ?
33:51Est-ce que j'ai la faute ?
34:03Je l'avais mise,
34:04la faute, non ?
34:05Je l'avais...
34:05Là, voilà.
34:06Là, voilà.
34:08C'est le becker.
34:10Il arrive,
34:11on dirait,
34:12pas un vieillard,
34:13mais une personne
34:14qui faisait
34:15beaucoup plus
34:16que son âge.
34:18Il n'y a pas eu de balance.
34:18Il est arrivé
34:19tardivement sur scène,
34:21flagellant.
34:23Puis les beautés
34:23sur scène,
34:24là, c'était
34:25l'instant de grâce.
34:26C'était un roi
34:27de la trompette, quoi.
34:28Il n'y a rien à faire.
34:29Et puis,
34:30la façon de jouer,
34:31la façon de s'exprimer,
34:32c'est quelque chose
34:33de...
34:34Ça reste
34:35un grand,
34:36grand,
34:37un grand.
34:38Il n'y avait pas un mot
34:39dans le chapiteau.
34:41On entendait
34:41que le souffle,
34:42sa voix,
34:43quasi indicible,
34:45c'était la communion.
34:47On savait
34:48qu'il n'allait pas très bien,
34:49mais pas à ce point-là.
34:51Oui.
34:52Un des derniers concerts
34:52qu'il ait fait,
34:54parce qu'il est décédé
34:55quelques mois après,
34:57c'est un petit peu
34:58ce qui s'est passé
34:58quelques dizaines d'années
35:00après avec...
35:01avec Bachung.
35:03On est scotché,
35:05ému par leur présence,
35:08au moins autant
35:09que par leur musique.
35:11Dans le silence
35:12ou dans le bruit
35:14Dans le silence
35:20ou dans le bruit
35:22Un des plus beaux concerts
35:24qui soit passé à NJP.
35:27Il était très diminué
35:29physiquement,
35:31mais la renaissance sur scène.
35:34Oui.
35:36Grand moment d'émotion.
35:38Le public conquis
35:39et complètement
35:40accroché à la voix.
35:46Les gens pleuraient.
35:47Alain Bachung,
35:50c'était pour un public
35:54l'incarnation
35:56d'une musique
35:58terriblement personnelle,
36:00très forte.
36:01Et il y a eu,
36:02je crois que NJP
36:03a refusé
36:04tout un tas de personnes.
36:07C'était complet,
36:07complet,
36:08complet,
36:08parce que c'était Alain Bachung.
36:10Je vous souhaite
36:12un bon voyage.
36:22En 2013,
36:23Nancy Jazz Pulsation
36:24fête ses 40 ans.
36:29Tel un retour aux sources,
36:31le festival met le cap
36:32sur la Nouvelle-Orléans.
36:34À cette occasion,
36:35une vaste parade
36:36d'Indiens de Mardi Gras,
36:37accompagnée du trémé
36:38brasse-bande défile
36:39dans les rues de Nancy.
36:40Musique
36:41Sous-titrage Société Radio-Canada
36:44...
37:11Il y a toujours eu
37:22une présence
37:22d'au moins un artiste
37:24de la Nouvelle-Orléans,
37:25que ce soit en blues,
37:26soit en gospel,
37:27que ce soit en musique funk,
37:30en Zahideko,
37:32ou en Cajun,
37:32il y a toujours eu.
37:33Alain Verland
37:34est lié à l'histoire du jazz,
37:36comme Chicago pour le blues,
37:38comme la côte ouest
37:39pour le bebop.
37:43...
37:43...
37:44Il y a eu des relations
37:48tout à fait privilégiées
37:49avec la Nouvelle-Orléans.
37:51Il y a eu trombone shorty
37:52tout jeune.
37:53Il y a eu une grande soirée
37:53avec les Neville Brothers.
37:55Il y a eu des choses comme ça.
37:58...
37:59On a longtemps cru
38:04que la musique
38:05de la Nouvelle-Orléans,
38:06c'était le jazz New Orleans,
38:09jazz de fête,
38:10des fêtes,
38:10des cérémonies,
38:11des mariages
38:11et des enterrements.
38:13Mais en fait,
38:14les liens qu'on a pu créer
38:15avec la Nouvelle-Orléans
38:17ont permis la découverte
38:19d'autres courants musicaux
38:20importants.
38:21Je pense qu'on était un des tout premiers festivals
38:25Sous-titrage Société Radio-Canada
38:55C'est la montée de ces musiques d'Afrique noire, en d'ailleurs.
39:05Le jazz vient en partie des musiciens africains à qui on n'a rien demandé,
39:12qui sont retrouvés émigrés aux Etats-Unis et ont introduit leur culture dans les musiques qu'ils pratiquaient et qu'ils entendaient.
39:19NJP va vers les différents pays d'Afrique, y récolter du blues, du jazz, de la musique traditionnelle
39:28et essaie de faire rentrer cette musique africaine, qui est par ailleurs extrêmement diversifiée, dans sa programmation.
39:37Ça a été le cas en 1985, je crois, avec les tambours de Doudou Ndiaye Rose.
39:42Au départ, ils devaient être 70, mais on n'avait pas suffisamment d'argent, donc il semblait qu'à 40.
39:51Ils sont arrivés à Nancy en octobre, il faisait froid, les vêtements n'étaient pas vraiment adaptés à nos climats.
39:58Et il y a le patron de Tati qui a décidé, écoutez, vous les amenez quand le magasin ferme, et moi je les rabis.
40:06Donc c'est Tati qui a offert les pullovers et les manteaux, et puis il y a eu ce concert incroyable des 40 percussionnistes.
40:16Et en plus de Doudou Ndiaye Rose, après est devenu un personnage officiel, parce que c'est celui qui a composé l'hymne national du Sénégal.
40:22Cette ouverture à l'Afrique a permis de faire entendre tous les types de musiques qui étaient pratiquées sur le continent africain,
40:37depuis l'Afrique du Sud jusqu'à la musique gnawa du Maghreb.
40:41On se dit toujours, il faut qu'on ait une soirée plutôt jazz manouche sur NJP.
41:08C'est un style musical qui fonctionne très bien, pointu effectivement, et en même temps qui peut être très grand public.
41:17A l'instar de Django quand il était vivant, ou de Stéphane Grappelli, qui était quand même un formidable musicien,
41:23on considérait que c'était la partie du jazz français la plus représentative du pays.
41:30Encore aujourd'hui, il y a une forte présence de cette tradition dite manouche dans le jazz.
41:38Je venais un peu de commencer ma carrière, donc jouer à un si grand festival m'a beaucoup intimidé,
41:55mais c'était une ambiance très sympathique, je me souviens, un super public d'ailleurs aussi, très très alerte, très éveillé.
42:02Et le même soir, il y avait Stéphane Grappelli, qui jouait après ma représentation.
42:08Il m'a gentiment proposé de terminer son concert avec lui à la fin.
42:13Stéphane Grappelli représentait pour moi toute mon enfance,
42:18donc j'étais complètement émerveillé devant un des plus grands violonistes sur la planète.
42:22Birelli, c'est un habitué du festival qui a joué sur toutes les différentes scènes,
42:47dans plein de formations différentes.
42:52C'est un artiste de jazz, mais voilà, on est sur du jazz manouche,
43:00puisque c'est aussi ça la richesse d'NJP, c'est de pouvoir montrer tous les jazz
43:04et de faire découvrir aussi au public qu'il n'y en a pas qu'un.
43:07Et donc celui-ci, Birelli, on est une des figures.
43:11Quand Birelli est là, on sait que les équipes ne vont pas forcément dormir tout de suite
43:33et qu'il va falloir que ça boeuf jusqu'à 4-5 heures du matin avec Birelli, les amis et les musiciens du cru.
43:41C'était un magic mirror où là-dedans, c'est des jam sessions.
43:45Et le public, il adore ça parce qu'il ne s'attend pas à ce qu'on vienne et à ce qu'on continue à faire la jam session
43:51comme ça, dans un petit lieu un peu plus petit, c'est merveilleux.
43:56Et puis là, le public, il reprend un double plaisir à revivre ça.
44:02L'idée à la base du magic mirror, c'était que les musiciens qui jouaient au chapiteau,
44:06après le chapiteau, ils allaient tous se retrouver et jouer au magic mirror jusqu'à 5 heures du matin.
44:11Et c'est le meilleur club de France pendant 10 jours.
44:15Alors effectivement, le magic mirror qui a été installé à partir de 1995 à côté du chapiteau,
44:22ça s'est révélé un bon laboratoire pour tester des groupes, redevenir dans des ambiances différentes.
44:29En fait, c'était un festival bis.
44:31Le magic mirror est une scène intéressante parce qu'elle a su accueillir un public qui était dédié justement à ces formes nouvelles.
44:41Par contre, il y a toujours cette séparation de public entre le magic mirror de minuit à 4 heures du matin.
44:48Ce n'est pas en grande partie les mêmes personnes qui vont à l'opéra pour voir Witton Marsalis.
44:54À part quelques anormaux comme moi qui traînent dans les concerts très différents.
45:00Il y en a quelques-uns quand même.
45:05La NJP, c'est un festival qui souhaite vraiment être accessible et concerner tout le monde.
45:09Les enfants en particulier.
45:11Il y a peut-être l'un des plus gros moments chaque année du festival qui se déroule sous le chapiteau.
45:16Oui, c'était trop bien.
45:17Pourquoi ?
45:18Parce que j'ai bien aimé.
45:19Au début, je crois que j'allais pas trop aimer, mais je me suis amusée.
45:24On a lancé ce grand concert qui maintenant s'appelle la Java Buissonnière.
45:28Et l'idée, c'était d'inviter 1500 CM1 sous le chapiteau pour un grand concert.
45:37J'ai grandi avec ça.
45:38J'ai l'impression que c'est ce qui m'a construit.
45:41C'est ce qui m'a fait grandir aussi.
45:43Donc, assez content que des petits bouts d'enfants viennent écouter.
45:48Et puis, au moins, si ça leur plaît, peut-être que plus tard, ils iront écouter un Otis Redding, un Marvin Gaye.
45:53C'est une des plus grosses ambiances du chapiteau.
45:571500 enfants qui finissent tous debout en chantant.
46:02Il ne faut pas oublier aussi les bouchons d'oreille ce jour-là.
46:04Parce que vraiment, 1500 enfants de concert qui crient et qui sont excités comme des piles.
46:11C'est juste impressionnant.
46:12Il y a une grande partie de l'équipe de bénévoles qui viennent spécialement pour ce moment.
46:16Parce que c'est un des moments très très forts du festival.
46:20Le Cigest Pulsation a mis en oeuvre à la fois des actions de concert en région,
46:27mais également dans les quartiers, en milieu hospitalier, dans les écoles.
46:32Il y a encore plein de choses à imaginer.
46:33Mais il y a, je crois, vraiment cette pensée que c'est à la fois les gens qui viennent à NJP,
46:37mais aussi NJP qui va vers les gens.
46:39Je pense que c'est à la fois les gens qui viennent à NJP.
47:09Je pense que tout festival a une âme et nous, nous avons, c'est un des buts du festival de l'Ancy.
47:19Nous faisons venir des artistes pas très connus et on espère que leur passage au festival les aidera.
47:26Mettre un pied à l'étrier, offrir de la visibilité aux nouvelles générations,
47:32c'est ce que fait le NJP avec son tremplin Jazz Up depuis 2018.
47:36L'un des premiers lauréats est le quintet du jeune et talentueux saxophoniste Léon Fall.
47:40Dans mon imaginaire, Nancy Jazz Plus Station, c'était un très gros festival chargé d'histoire,
47:53là où toutes les légendes ont joué.
47:54Le réseau du festival m'a permis de rencontrer énormément de personnes,
48:05de faire entendre la musique dans beaucoup de lieux différents,
48:08que ce soit des clubs, que ce soit des festivals.
48:10C'est ce qui m'a vraiment permis de mettre le pied à l'étrier.
48:13C'était vraiment un lancement professionnel.
48:15J'ai connu le Nancy Jazz Plus Station vraiment en tant que spectatrice en premier lieu.
48:37C'était vraiment le moment de l'année où il y avait cette ambiance-là en octobre avec tous ces concerts.
48:45Le NJP, je trouve qu'ils font une veille musicale,
48:52c'est-à-dire qu'ils portent les groupes locaux, qui sont un peu solides.
48:59Même sans être lauréat, ça permet de rencontrer des programmateurs,
49:04de réussir à passer le cap d'avoir un public suffisant
49:07et de pouvoir sortir EP, album, etc.
49:11parce qu'on a très peu d'aide à ce stade en général.
49:14Donc c'est nous, festival, d'avoir une mission d'accompagnement des artistes.
49:19Cela nous incombe en tout cas et on le fait avec plaisir
49:23parce que c'est toujours des belles histoires et des nouvelles histoires.
49:25C'est un festival qui me suit depuis plus de dix ans maintenant
49:42et c'est un bonheur de revenir régulièrement à chaque projet, présenter sa musique.
49:48On ouvre le programme de NJP, il y a plein d'artistes qu'on ne connaît pas.
49:51Et puis finalement, quatre, cinq ans après, c'est des artistes qui sont passés, qui sont reconnus.
49:56Donc il y a vraiment ce côté-là des fricheurs du festival qui reste pour moi très très stable.
50:02Souvent, on dit qu'il y a le jazz et les musiques actuelles.
50:22Mais en fait, le jazz, c'est une musique actuelle.
50:24Il y a énormément de choses qui se font, beaucoup de créations.
50:26La pop vient s'inspirer du jazz.
50:29En fait, c'est une musique qui est vraiment un résolument dans son temps.
50:33Et je trouve que là aussi, il y a toute une génération qui essaye de faire bouger les lignes.
50:38Si on regarde sur la programmation des 50 ans,
50:42on voit bien qu'il y a un certain nombre de musiciens qui ont été programmés il y a 30 ou 40 ans
50:46qui sont devenus maintenant des gens extrêmement connus, des stars.
50:51C'est l'histoire d'un festival.
50:54Heureusement d'ailleurs, parce que si on avait fait que des vedettes liées à une époque,
50:59je pense que ce festival aurait disparu depuis longtemps.
51:01Et donc, longue vie à Nancy Jazz Pulsation.
51:0450 ans.
51:05On se retrouve dans 50 ans.
51:07Ok.
51:08Ok, merci beaucoup.
51:09C'est tout de suite, mec.
51:10C'est tout de suite.
51:14Le clap de fin.
51:15Clap de fin.
51:17Hello.
51:18Je m'aime ça.
51:24C'est tout de suite.
51:54Bonne soirée.
51:55Bonne soirée.
51:55Bonne soirée.
51:55Bonne soirée.
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