Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 6 semaines

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Un déclic, c'est un instant T.
00:03Un moment dans la vie où tout peut basculer.
00:06Une prise de conscience, une impulsion, un virage.
00:09Dans le dictaphone de ce soir, nous tendons le micro à celles et ceux qui ont su écouter ce déclic et suivent leur aspiration.
00:15Le dictaphone, c'est ce témoin discret qui capte la voix brute, l'émotion vraie, la confidence sans filtre.
00:21Ici, nous tendons le micro à ces personnalités que l'on a découvert parfois en quelques clics et qui nous inspirent, qui nous donnent envie à notre tour d'oser.
00:28Ouvrez grand vos oreilles et laissez-vous guider par celles et ceux qui ont eu le courage de se réinventer.
00:37Bonjour Camille, bienvenue sur le podcast de ce soir.
00:40Bonjour, merci.
00:41Tu es donc une figure emblématique de l'athlétisme belge.
00:45Aujourd'hui, on va retracer ensemble ton parcours.
00:49Mais déjà, avant de commencer, j'ai envie de te demander un peu comment t'es tombée dans l'athlétisme finalement.
00:54Alors, j'ai toujours aimé le sport. Quand j'étais dans la cour de récréation à l'école ou dans le jardin avec mon frère, j'étais tout le temps occupée à courir, à jouer au foot.
01:03Et puis, c'est finalement en faisant des crosses interscolaires où je me suis rendu compte que je courais un peu plus vite que les autres.
01:09Et c'est ce qui m'a amenée à l'athlétisme.
01:11Et avant ça, est-ce que tu avais fait d'autres sports ?
01:13Oui, j'ai fait de la gymnastique pendant, je pense, plus de dix ans.
01:17Ah oui, quand même ?
01:17Oui, j'ai fait un peu de tennis, un peu de natation. J'ai un peu touché à tout.
01:21Mais c'est finalement l'athlétisme où j'ai vraiment senti que c'était fait pour moi.
01:25C'est un peu ça qui t'a donné envie de te mettre vraiment au sport.
01:29C'était un peu ton déclic, quoi. Genre, pendant tes années de gymnastique, tu ne te disais pas que tu allais faire carrière dans le sport spécialement ?
01:35Non, pas forcément. Le déclic, ça a été vraiment quand j'ai fait les crosses interscolaires et que là, dans des compétitions, j'ai remarqué que je courais plus vite que les autres.
01:45Et puis, le fait de vouloir en faire mon métier, le déclic a été quand j'ai commencé l'athlétisme, qu'au fur et à mesure, j'ai monté les échelons et les niveaux.
01:55Et puis, c'est en 2018, quand on a créé le Relais 4x400m féminin des belles jeunes cheetahs, où là, le rêve d'être professionnel et d'aller aux Jeux olympiques, c'est concrétisé en objectif.
02:06Oui, parce que tu as porté quand même les cheetahs sur la scène internationale. Et donc, c'est vraiment à ce moment-là que tu t'es dit, cette passion va devenir mon métier.
02:14Oui. Alors aussi, de côtoyer des athlètes professionnels, ça donne le déclic, ça donne envie, ça montre que c'est possible.
02:20Et donc, ce déclic, il a été lors des crosses interscolaires et puis après, lors de mon parcours au fur et à mesure des années.
02:29Donc, tu as quand même déjà un beau palmarès du haut de tes 32 ans, c'est ça ?
02:3332, oui.
02:33Et là, ces dernières années, ça a quand même explosé, j'ai envie de dire, ta performance. C'est quoi les records qui ont le plus marqué ?
02:42Bon, là, récemment, tu viens de battre un nouveau record. Est-ce que tu peux nous dire vraiment ceux pour toi qui sont importants ?
02:48Oui. Alors, il y a les records vraiment en termes de performance. Je dirais que les records avec les cheetahs, quand chaque année, à chaque championnat, on battait le record de Belgique.
02:58Ça, c'était toujours une sensation incroyable, surtout de partager ça avec mes coéquipières. On a apporté ce projet ensemble.
03:04Et donc, de voir qu'on battait nos records, c'était vraiment une satisfaction très, très grande.
03:10Après, d'un point de vue individuel, mon record sur 400 mètres. Là aussi, c'est vraiment de très bons souvenirs. C'est la première fois que je passais sous les 52 secondes.
03:18Et puis, plus récemment, mon record sur 800 mètres, où là aussi, j'ai passé ce cap de courir sous les deux minutes.
03:26Et ça, c'est vraiment des barrières en tant qu'athlète sous 52 secondes, sous deux minutes, qui marquent et qui donnent énormément de satisfaction quand on les bat.
03:35Oui, parce que c'est ça. Tu as le deuxième record pour ce dernier record de 800 mètres sous les deux minutes.
03:41Je pense que j'ai lu que le premier record, c'était dans les années 1968, c'est possible ?
03:47Oui, oui, ça date. Et donc, en fait, on est deux athlètes en Belgique à avoir passé ce cap sous les deux minutes.
03:54Et en effet, ce record, le record de Belgique tient toujours. C'est 1,58 quelque chose.
03:58Moi, je suis à 1,59. Donc, j'ai encore un peu de travail. Mais c'est sûr que c'est une barrière emblématique pour tout coureur de 800 mètres.
04:06Et puis aussi, de me rendre compte qu'il y a peu de gens en Belgique qui l'ont fait. On n'est que deux. Ça donne aussi une satisfaction.
04:11Oui, c'est incroyable, quoi.
04:17Comment, justement, tu t'es préparée à ce record-là ? Est-ce que tu savais, en fait, finalement, que tu pourrais arriver à cette barre des deux minutes ?
04:26Attends, en dessous des deux minutes.
04:27Alors, il faut savoir que quand j'ai commencé l'athlétisme, j'ai commencé en tant que sprinteuse. C'est-à-dire que j'étais spécialisée en 100 et 200 mètres.
04:33Ensuite, après quelques années, je suis montée sur le 400 mètres. Et là, j'ai vraiment eu un boom dans mes résultats.
04:38Et c'est ce qui m'a permis d'avoir une carrière et d'en faire mon métier.
04:43Puis, récemment, en fait, après Paris, après les Jeux Olympiques de l'année dernière, je me suis dit que j'avais envie de me lancer à un nouveau défi,
04:50de courir sous les deux minutes le 800 mètres. Et donc, pour ça, j'ai changé de côte, j'ai changé de groupe d'entraînement.
04:56Je suis partie aux États-Unis, à Atlanta, pour pouvoir m'entourer d'une nouvelle structure qui allait m'aider à réaliser cet objectif.
05:02Et donc, oui, quand j'ai commencé ce projet, j'étais déjà ambitieuse et j'avais envie de passer sous cette barre des deux minutes.
05:09Et donc, j'ai travaillé pendant des mois et des mois. J'ai couru énormément de courses pour, finalement, au championnat de Belgique, au mois d'août, passer ce cap.
05:18J'allais y venir. Ton départ pour les États-Unis, c'est quand même un gros step. Qu'est-ce que ça change au niveau de l'entraînement ?
05:28Sans rentrer peut-être dans les détails trop techniques, mais c'est quoi la différence ?
05:33Je pense que, d'un point de vue entraînement, il n'y a pas forcément de choses qui sont vraiment différentes, à part le fait que chaque entraîneur a une manière d'entraîner différemment.
05:42Mais c'est surtout une question de mentalité, je trouve, aux États-Unis, où ils ont cette culture du sport qui est très, très présente.
05:49Déjà, à l'école, à l'université, le sport fait partie vraiment de leur environnement. Ils ont des très, très belles infrastructures.
05:58Et il y a cet état d'esprit de performance et de faire du sport régulièrement. Et donc, je pense que cet état d'esprit leur permet de rêver plus haut que nous,
06:09d'avoir des grandes ambitions et puis de tout mettre en œuvre pour y arriver. Donc, je dirais que c'est plus dans le mindset que ça change par rapport à la Belgique.
06:16Ça, tu l'as vraiment senti ?
06:18Oui, j'ai senti aussi par rapport au niveau professionnel. J'ai intégré une structure qui est 100% privée. Et donc, on a vraiment, je dirais, toute une structure,
06:29un soutien pour les athlètes que la Fédération Belge peut nous donner aussi. Mais là, aux États-Unis, c'est vraiment 100% privé. Et on voit que les gens, c'est un business.
06:39Vraiment, ils sont là pour nous aider à performer. Mais ça reste du business aussi. Et donc, c'est une approche qui est différente.
06:45Oui, c'est vraiment une autre mentalité, quoi, finalement.
06:48Oui, exactement. C'est une autre mentalité. Il faut performer. Et eux, nous donnent en échange tous les outils pour performer.
06:55Mais il y a cette variable de performance qui est très importante pour eux.
06:58Oui, j'imagine, du coup, ça te drive, etc.
07:00Oui, exactement.
07:01Est-ce que tu peux nous revenir, en fait, sur ton expérience des JO, justement ?
07:10Oui, j'ai eu la chance de participer à deux Jeux Olympiques.
07:13Les premiers, c'était à Tokyo en 2021.
07:17C'était un peu spécial parce que c'était pendant le Covid.
07:19Et donc, pas de spectateurs dans le stade.
07:22Dans le village olympique, il n'y avait pas énormément d'activité.
07:26On avait des plexiglas au réfectoire pour ne pas être en contact direct entre athlètes.
07:33Donc, des plexiglas entre chaque... près de chaque chaise.
07:36Donc, c'était une ambiance un peu spéciale.
07:38Mais personnellement, je l'ai très bien vécu parce que c'était mes premiers JOs olympiques.
07:42Oui, c'est un truc, quoi. C'est gravé à jamais, quoi.
07:44Voilà, un rêve qui devient réalité.
07:46Et donc, j'ai profité quand même un maximum de cette première expérience.
07:49Et j'en garde un très, très bon souvenir.
07:51Ensuite, à Paris, c'était complètement différent parce que là, toute ma famille est venue.
07:55Ils sont venus à 15, 20 personnes.
07:57Là, tu as vraiment connu l'effervescence telle qu'on l'imagine des JO, quoi, sur place.
08:01Exactement. En plus, c'était comme à la maison parce que je viens de tourner.
08:04C'était à Paris. Donc, on était vraiment proches.
08:07Tout le monde est venu ? Tes amis aussi ?
08:09Oui, il y a des amis qui sont venus aussi.
08:10Et donc, voilà, c'était une expérience différente dans le stade.
08:15L'ambiance était incroyable.
08:16Mais en plus de ça, dans le village, il y avait beaucoup plus d'activités.
08:19Il y avait une petite boulangerie.
08:20Il y avait un endroit où on pouvait boire un verre.
08:25Une game room aussi.
08:26Donc, en fait, il y avait plein d'activités qu'on n'avait pas à Tokyo.
08:29Donc, c'était complètement différent.
08:31Et j'ai autant aimé Tokyo que Paris parce que, voilà, c'était deux choses complètement différentes.
08:37On dit souvent qu'après les JO, on peut avoir un gros down, un coup de mou.
08:41Est-ce que tu l'as eu aussi ?
08:42Pas forcément.
08:43Mais c'est vrai qu'après un championnat, on est dans un état d'esprit un peu spécial parce qu'on est dans une bulle pendant deux à trois semaines.
08:51On est coupé du monde extérieur.
08:52Tout le monde est concentré sur la compétition.
08:55On est juste entre athlètes.
08:57Et donc, quand on revient au pays, c'est un peu un retour à la réalité et on doit reprendre un peu nos marques.
09:03Donc, personnellement, je ne l'ai jamais vécu comme un down.
09:05Mais c'est vrai que c'est un état d'esprit quand même un peu particulier où on retrouve le contact social.
09:12Et puis, on se rend compte qu'en fait, il n'y a pas que le sport non plus.
09:15Et quand on est en championnat, on est tellement concentré sur nous-mêmes et sur la performance qu'on oublie un peu tout ce qui se passe dans le monde extérieur.
09:21Et toi, comment tu l'appréhendes ? Est-ce que tu as besoin de ton cesse de décompression quand tu reviens d'un championnat ?
09:26Ou alors, en fait, tu reprends ta vie comme avant, j'ai envie de dire, en revenant ?
09:30Je vais dire que je la reprends comme avant.
09:32Mais souvent, après un championnat, du coup, j'ai une période de repos.
09:35Et donc, j'en profite pour aller voir ma famille, passer du temps avec mes amis, faire des choses que je n'ai pas trop le temps de faire quand je suis en championnat.
09:44Mais donc, voilà, ma vie reste quand même assez similaire, mis à part le fait que je n'ai pas d'entraînement ou beaucoup moins d'entraînement.
09:50Et là, justement, tu es en phase de repos.
09:53Oui.
09:53Comment ça se déroule, une phase de repos ?
09:55En fait, l'objectif, c'est de vraiment récupérer mentalement et physiquement.
10:00En championnat, le stress est quand même assez élevé.
10:02Personnellement, je ne mange pas toujours beaucoup en championnat à cause du stress.
10:06Et donc, j'ai besoin de recharger vraiment mes batteries mentales.
10:10Et donc ça, je le fais, comme je l'ai dit, en allant voir ma famille, mes amis, faisant des activités.
10:14Et puis, d'un point de vue physique, je ne fais pas de sport pendant… ça dépend entre 8 jours et un mois, en fonction un peu de comment je me sens.
10:24Et le but, là, c'est de faire vraiment un reset.
10:26Donc, toutes les tensions et les inflammations qu'on a pu accumuler pendant toute la saison, il faut laisser le corps se reposer et évacuer tout ça pour pouvoir, après, repartir sur de bonnes bases et sans tension de la saison précédente.
10:40Est-ce que, du coup, tu en profites pour, je ne sais pas, te faire des massages, du wellness et des trucs comme ça ?
10:45Pas encore. Je ne l'ai pas encore fait cette saison, mais probablement, oui.
10:49Donc, ça va être repos vraiment physique, des saunas, un massage, puis juste se promener et profiter de la vie sans qu'il y ait du stress et sans aussi trop me soucier de donner à mon corps tout le carburant dont il a besoin,
11:03que ce soit être bien hydraté, bien dormir, bien manger.
11:07Tout ça, c'est des choses auxquelles je fais très, très attention en saison.
11:10Et ici, même si je garde un mode de vie très sain parce que ça fait partie de moi, je dois un peu moins faire attention à ce genre de choses et ça fait du bien aussi mentalement.
11:19Ce n'est pas dans le calcul et le contrôle extrême.
11:26C'est quoi les règles d'or ? Tu viens d'en citer quelques-unes, je pense, mais les règles d'or pour être un athlète de haut niveau.
11:32Je dirais avoir de l'ambition, ne pas avoir peur de rêver grand parce que c'est quand on se fixe des objectifs qui parfois peuvent sembler impossibles aux yeux des personnes extérieures.
11:45En fait, quand on a la flamme et qu'on sent dans son cœur qu'on peut y arriver, il faut vraiment suivre cet instinct et donc ne pas avoir peur d'avoir cette ambition.
11:54Ensuite, ne pas avoir peur de travailler dur parce que forcément, il y aura des périodes qui sont un peu plus difficiles.
12:00Et dans le sport, ça peut être des blessures, ça peut être des périodes où on ne performe pas alors qu'on s'entraîne comme un fou.
12:05Donc, pouvoir être résilient.
12:08Et puis, je dirais qu'une troisième chose, c'est être bien entouré de personnes qui vont nous soutenir dans ce projet, être entouré d'un bon coach, des bons partenaires d'entraînement.
12:17Parce que ça aussi, c'est des personnes qui vont vraiment nous aider à atteindre les objectifs.
12:21Et puis aussi une famille et des amis qui nous soutiennent dans ces projets qui peuvent paraître parfois un peu fous.
12:29C'est quand même un sport à la base individuel.
12:32Toi, c'est devenu un sport d'équipe.
12:34C'est quoi que tu préfères, en fait, dans ce sport, finalement ?
12:37Je pense que je préfère le sport d'équipe.
12:40Parce que de pouvoir partager des émotions, qu'elles soient bonnes ou négatives, avec des gens qui font partie du projet, je trouve que ça amplifie les émotions et ça les rend encore plus belles.
12:49Donc, j'ai toujours pris plus de plaisir à réussir en relais qu'en individuel.
12:54Même si là, quand j'ai fait mon sous-deux minutes au championnat de Belgique, c'était chouette et j'ai pu le partager avec ma famille qui était présente.
13:02Mais à choisir, je préfère vivre des sensations fortes aux côtés de personnes avec qui j'ai partagé ce projet.
13:09Et j'ai lu aussi que pour travailler comme ça en équipe, tu as besoin aussi d'un accompagnement mental.
13:20Vous vous êtes fait accompagner, c'est ça ?
13:22Oui.
13:22Toute l'équipe, comment ça se passe alors ?
13:24Donc, en fait, il y a un accompagnement qui est fait pour l'équipe et puis il peut y avoir un accompagnement aussi individuel.
13:31Et donc, par rapport au Cheetahs, quand on a démarré le projet en 2018, on s'est entouré d'une psychologue du sport qui nous a aidé à construire les fondations du projet de manière saine.
13:43Donc, la première étape, ça a été d'apprendre à connaître les filles qui faisaient partie du projet à ce moment-là et d'accepter nos différences parce que sous stress, on a certains traits de caractère qui vont s'amplifier.
13:56Par exemple, moi, je suis quelqu'un qui est assez ouverte de nature, mais quand je suis stressée, je vais plutôt me renfermer et je n'ai pas forcément envie de parler.
14:03Je n'ai pas forcément envie de rigoler et ce n'est pas que je suis fâchée sur quelqu'un.
14:07C'est juste ma manière à moi de gérer mon stress et de me concentrer pour la course importante qui va arriver.
14:13Et donc, ça, c'était une étape importante parce qu'apprendre à connaître les autres et accepter les différences sans prendre personnellement certaines choses qui peuvent parfois paraître anormales.
14:23Donc, ça, c'était une première étape.
14:25Et puis, tout au long du projet, quand il a grandi, on a dû parfois gérer des petits conflits.
14:30Et là, elle nous a appris à être toujours honnêtes et pouvoir en parler.
14:33Et en fait, finalement, d'une expérience négative qui peut être une contre-performance, on essaye tout le temps d'en retirer quelque chose de positif pour que ça ne se reproduise plus.
14:42Et donc, c'est vrai que là, c'est important d'avoir quelqu'un qui puisse avoir cette vue d'ensemble et qui puisse nous aider à surmonter les petits obstacles.
14:50Tu parles de contre-performance.
14:52J'imagine que tu as déjà été blessée à un moment donné.
14:55Peut-être pas de manière à ce que ça t'anticapte pour la suite de ta carrière.
15:00Mais comment tu vis ça ? Comment tu rebondis si tu as un échec ?
15:07Oui, alors j'ai de la chance, je touche du bois, mais je n'ai jamais été blessée.
15:10Je n'ai jamais eu ce genre de problématique.
15:13Maintenant, ce à quoi j'ai déjà fait face, c'est m'entraîner et que les résultats ne sortent pas.
15:18Et donc, ça, c'est assez frustrant parce que je faisais à mon sens tout ce que je devais faire pour réussir.
15:24Et je n'arrivais pas à obtenir le résultat attendu.
15:28Et donc là, ça demande de la résilience.
15:30Et aussi, c'est là que je dis qu'il faut être bien entouré.
15:33Parce que si, quand on fait face à un échec, l'entourage nous dit « Ah, t'es nul. »
15:39« Ah non, fais pas ça. Regarde, t'as échoué. »
15:41Ben voilà, on ne va pas aller loin.
15:42Et donc, le fait d'avoir un coach, des partenaires d'entraînement et une famille qui nous soutiennent,
15:47malgré parfois les contre-performances, c'est très important.
15:50Et puis, on peut se faire accompagner d'un psychologue sportif, comme je dis, de manière individuelle,
15:55qui peut nous aider à relativiser, à comprendre ce qui s'est passé.
15:58Parce que parfois, il peut y avoir des problèmes physiques, mais il peut y avoir des problèmes aussi...
16:03Au niveau du mindset.
16:04Exactement, où on ne gère pas bien la pression, où on perd nos moyens quand on est en grande compétition.
16:09Et donc, ça, c'est toutes des choses qu'on peut travailler et on peut se faire accompagner pour pouvoir s'améliorer.
16:14Mais je pars du principe qu'on apprend toujours plus dans l'échec que dans la réussite.
16:20Et donc, finalement, maintenant, je n'ai plus peur de rater.
16:24Je n'ai plus peur d'échouer parce que je me dis, si ça ne passe pas du premier coup,
16:28en fait, ça me rendra plus forte pour le futur parce que j'aurais travaillé quelque chose
16:32et j'aurais mis la main sur une faiblesse que j'ai dans un certain domaine.
16:37Donc, voilà, ça ne me fait plus peur d'échouer, même si ce n'est jamais agréable.
16:42Je sais que finalement, ça va m'apporter quelque chose dans le futur.
16:45Ça serait ça, ta plus grande leçon jusque-là, tu dirais ?
16:48Oui, je dirais apprendre à gérer les échecs et puis se relever.
16:52Et comme je l'ai dit aussi, je trouve que c'est important de pouvoir rêver grand
16:56et mettre la barre très, très haut pour peut-être pas l'atteindre tout en haut,
17:00mais quand même atteindre des belles choses.
17:02Oui, c'est ça.
17:02La famille a une grande importance pour toi.
17:11Tu es en couple avec Kevin Borlet, vous parlez du coup le même langage
17:14parce que c'est quand même important, je pense.
17:16Est-ce que ça t'aide justement dans ce quotidien d'athlète ?
17:19Oui, Kevin m'a énormément aidée.
17:21Donc, on était d'abord simple partenaire d'entraînement,
17:24mais déjà à ce moment-là, que ce soit Kevin, Olivia, Jonathan,
17:27ils m'accompagnaient vraiment.
17:28J'avais 18 ans à cette époque, dans les entraînements, dans les exercices
17:32que je ne faisais pas toujours correctement.
17:34Et puis le fait d'être au contact de sportifs de haut niveau qui réussissent,
17:38ça montre que c'est possible et ils montrent vraiment l'exemple
17:40et on vient un peu par mimétisme.
17:42Donc, le fait d'avoir intégré ce groupe d'entraînement m'a énormément aidée.
17:47Et puis, après, quelques mois, années plus tard,
17:50Kevin et moi avons commencé une chouette relation.
17:53Et là, de vivre au quotidien avec un athlète comme lui,
17:57ça m'a aidée aussi et ça m'a donné les bons mécanismes
18:00que je ne connaissais pas forcément.
18:02Et donc, il m'a énormément aidée d'un point de vue organisation de la vie d'un athlète,
18:06mais aussi dans le mindset où il pouvait m'aider dans les moments difficiles
18:10et je pouvais prendre exemple sur lui.
18:12Oui.
18:17C'est quoi, justement, l'organisation d'un athlète ?
18:20Ça ressemble à quoi, son quotidien ?
18:22Ce n'est pas très compliqué, mais je dirais que la base,
18:25c'est pouvoir dormir suffisamment pour récupérer entre les entraînements.
18:30Si on s'entraîne comme un fou la journée, mais qu'on ne récupère pas bien,
18:34finalement, on n'aura pas les bienfaits de l'entraînement.
18:36Donc, la récupération est tout aussi importante que l'entraînement lui-même.
18:39D'accord.
18:39Donc, avoir ses heures de sommeil, moi, c'est entre 8 et 9 heures.
18:43Il y en a, c'est plus, mais ça, voilà, chacun sait quel nombre d'heures il doit dormir.
18:48Et tu vas d'office dormir à la même heure ?
18:50Tu te réveilles à la même heure ou pas forcément ?
18:51Non, en fait, on n'est pas super rigide.
18:54Donc, on se lève environ entre 8 et 8h, 8h30.
18:58On prend un petit déjeuner.
19:00Et là, le petit déjeuner, il faut qu'il soit protéiné.
19:03Et donc, nous, ce qu'on fait, c'est au fromage blanc, du granola et des fruits frais.
19:06Ok.
19:07Donc, c'est assez basique, ça va vite et on a tout ce dont on a besoin pour partir à l'entraînement juste après.
19:13Alors, avant de partir à l'entraînement, il y a le café qui est très important.
19:15Ok.
19:16Une petite tasse de café, puis on part à l'entraînement.
19:19Là, voilà, il y a les échauffements qui durent quand même assez longtemps.
19:21Puis l'entraînement, puis on revient.
19:24À nouveau, on doit manger, donner du carburant à notre corps.
19:27Et puis l'après-midi, c'est soit repos, soit on a un deuxième entraînement,
19:31soit on va faire des soins chez le kiné.
19:34Parce que ça aussi, il ne faut pas faire des soins uniquement quand on est blessé.
19:38Il y a aussi la prévention.
19:40Donc, ça, ça fait partie aussi d'une journée type.
19:43Et puis, le soir, souvent, on reste à la maison.
19:46On n'est pas des grands sorteurs parce qu'on était tous les deux fatigués.
19:49Que ce soit le soir ou même en week-end, souvent, on restait cool à la maison.
19:53Et on se repose et on regarde un film ou une série.
19:55Voilà, donc, c'est assez basique.
19:58Mais voilà, c'est des choses qui...
20:00Mais c'est une hygiène de vie vraiment hyper saine, quoi.
20:03Exactement.
20:03À chaque repas, je pense qu'on essaye d'avoir à peu près 20 grammes de protéines,
20:08des légumes frais également.
20:11Et puis aussi des féculents, surtout quand on est en période où on s'entraîne énormément.
20:16Et maintenant, moi, avec le 800 m, je dois donner un peu plus à manger à mon corps
20:20parce que les entraînements, c'est un effort qui est différent.
20:22Ce n'est plus du sprint, mais parfois, je dois aller courir pendant une heure,
20:24chose que je ne faisais pas avant.
20:26Et donc, j'ai dû un petit peu changer ma manière de manger des féculents.
20:31C'est-à-dire, en fait, je dois juste en manger un peu plus
20:33pour être sûre que mon corps ait suffisamment d'énergie tout au long de l'entraînement.
20:37Et ça, tu as dû le faire progressivement, alors ?
20:40Non.
20:41Après, moi, je suis très à l'écoute de mon corps
20:43et je sens quand j'ai besoin de quelque chose.
20:46Et donc, si pendant un entraînement, je sens que j'ai un petit coup de mou,
20:50alors j'ai quelque chose qui va...
20:53Un gel ou des boissons, en fait, énergisantes
20:56qui vont m'aider à récupérer un peu d'énergie.
21:00Mais donc, voilà, je le fais beaucoup au feeling.
21:03Et maintenant, avec l'expérience, j'ai les outils et les clés
21:05pour savoir ce dont j'ai besoin.
21:07Après, je peux aussi être accompagnée nutritionniste
21:10si j'ai des questions.
21:12Mais en vrai, c'est pas compliqué en général
21:14et je sens ce dont mon corps a besoin au moment même.
21:18D'accord, OK.
21:18Oui, c'est très instinctif, quoi, finalement.
21:21Est-ce que des fois, tu craques, je sais pas moi, un grand fast-food ?
21:24Oui, on pouvait de temps en temps se faire plaisir avec des frites.
21:28Mais en fait, je pense que pour pouvoir durer dans le temps,
21:32il faut pas trop se priver non plus.
21:35Donc, il faut pouvoir savoir que dans certains moments clés,
21:38il faut manger sainement et il faut donner la bonne nourriture au corps.
21:41Mais de temps en temps, quand on a envie de manger des frites
21:45ou autre chose, on se prive pas du moment que c'est juste...
21:48de manière ponctuelle et pas tous les jours,
21:50je pense pas que ça fasse de mal.
21:51Ce qui est intéressant, je trouve, c'est qu'on dit
21:53que les athlètes ont un mental vraiment très fort
21:56et un mindset, je vais dire, différent d'une autre
21:59des personnes qui sont pas forcément athlètes.
22:01Et j'ai pas l'impression que tu vis tout ça
22:03comme des frustrations ou des privations.
22:06Non, pas du tout.
22:07C'est l'objectif et le rêve est tellement grand
22:09que je sais, je me rends compte de ce que je dois faire pour y arriver.
22:13Et donc, ce ne sont pas des sacrifices.
22:15C'est juste une manière de vie pour atteindre mon objectif,
22:18ou mon rêve.
22:20Donc, à aucun moment, j'ai l'impression de me priver.
22:22Et là, par exemple, je suis en off-season.
22:23Je pourrais faire plein de choses que je ne fais pas
22:27quand je suis en saison.
22:29Mais finalement, ma vie ne change pas vraiment.
22:31À part que je fais un peu moins attention
22:33à mes heures de sommeil.
22:34Je fais un peu moins attention à mon hydratation.
22:37Mais sinon, je garde quand même le même style de vie
22:39parce que c'est un style de vie qui me correspond
22:41et je me sens bien comme ça.
22:42Ouais, t'es baignée là-dedans, de toute façon.
22:48Comment tu gères la pression ?
22:51Tu en as un peu parlé de nouveau.
22:53Tu dis que ton comportement change un peu.
22:55Ton attitude est plus enfermée.
22:57Est-ce que tu as des petits rituels
22:58pour gérer la pression lors de championnats ?
23:00Oui.
23:01Alors que ce soit en championnat ou en compétition,
23:03pendant l'année, ça reste un peu la même chose
23:05parce que les compétitions vont vraiment préparer au championnat.
23:08Et donc, mon rituel, c'est la veille, faire un bain froid.
23:11Ah ouais ?
23:12Ouais, je fais un bain froid.
23:13Les bains glacés, là ?
23:14Oui, mais ça, je le fais dans mon bain.
23:16J'achète de la glace.
23:17Ah, tu fais chez toi, ok, oui, oui.
23:18Et en fait, ça, ça me fait du bien
23:19parce que ça me rafraîchit comme ça, les jambes.
23:21C'est plutôt mental.
23:22Et puis, ça me permet de prendre un moment.
23:23Je fais entre 8 et 10 minutes juste pour moi.
23:27Et bon, c'est pas forcément agréable.
23:28Mais après, le bain froid, je me sens bien.
23:32Avant de m'endormir, je fais le planning
23:34de la journée de compétition.
23:37Et donc, je détaille tout.
23:38Le réveil, l'heure où je vais prendre le petit déjeuner,
23:42le shake-out.
23:43Ça, c'est un petit réveil musculaire.
23:44Je mets même les heures de mes siestes,
23:46les heures où je vais prendre ma douche,
23:47où je vais me maquiller, les cheveux.
23:49Vraiment tout, tout détaillé.
23:50Tu t'écris ou alors tu visualises ?
23:51J'écris dans mon téléphone.
23:53D'accord.
23:54Avec les heures et puis ce que je dois faire.
23:57Souvent, de l'hôtel, après,
23:58on doit prendre une navette pour aller à la compétition.
24:00Donc, l'heure de la navette.
24:01Il y a des call-room.
24:02Donc, avant que la compétition commence,
24:05souvent 30 minutes avant le départ,
24:08on doit être dans une pièce bien spéciale
24:10où ils nous donnent des dossards,
24:11ils regardent nos chaussures.
24:13Donc, voilà, il y a tout le détail vraiment de ma journée.
24:16Et ça, ça m'apaise.
24:17Parce qu'en fait, avec le stress,
24:20parfois, on peut oublier des choses.
24:21Et donc, ce que je fais tout au long de la journée de compétition,
24:24je coche dès que j'ai fait la tâche que je dois faire.
24:27Et donc, ça, ça aide.
24:29Ensuite, pour gérer la pression,
24:30ce qui aide aussi, c'est la visualisation.
24:32Et là aussi, je la fais la veille, pas le jour même.
24:34Et donc, je visualise ma course,
24:37les étapes de course,
24:38ce que j'ai envie de faire durant la course.
24:40Et ça, ça permet de programmer le cerveau vers la performance.
24:46Et donc, je dirais ça,
24:46être bien organisée le jour de la course pour...
24:50Quand il y a du stress, en fait, j'ai tout sur papier.
24:53Et même si je suis stressée,
24:54je sais ce que je dois faire, je ne dois pas réfléchir.
24:56Et puis, pour vraiment la course en elle-même,
24:58visualiser et programmer mon cerveau à faire certaines choses.
25:02Et en général, ça fonctionne ?
25:05Oui, après, ça ne fonctionne pas tout le temps.
25:06Avant de courir sous les deux minutes,
25:08j'ai couru six ou sept fois 2-0-1.
25:11Et ça commençait à devenir un peu frustrant
25:13parce que 2-0-1, c'est bien.
25:16Ce n'est pas une contre-performance.
25:17Mais à un moment, j'avais envie d'aller plus vite.
25:19Et je répétais quand même sans cesse ce que je devais faire.
25:22Et puis, en fait, après huit fois,
25:24j'ai pu sortir la performance.
25:26Mais donc, ça demande du temps.
25:28Parfois, il y a un peu de frustration.
25:29Il faut être patient et continuer à répéter les schémas
25:33parce que ce n'est pas en une fois que tout va se mettre en place.
25:36Et donc, c'est la répétition de certaines choses
25:40qui va faire après la performance.
25:42Donc, il faut être patient et rester concentré.
25:45Et puis, faire confiance à tout le processus
25:49qui peut parfois prendre plus de temps qu'on ne le pense.
25:51Et la visualisation, tu l'as fait aussi lors des entraînements
25:54ou alors c'est vraiment pendant les compétitions,
25:56au moment des coups de pression ?
25:58Parfois, je peux faire de la visualisation
26:00si c'est un entraînement qui est très spécifique.
26:03Donc, quand on se rapproche de la compétition,
26:04la veille, je peux aussi faire un peu de visualisation
26:07pour vraiment me préparer à faire correctement l'entraînement.
26:12D'accord, ok.
26:13Tu parles en grande ambition.
26:20Quel est à ton stade, à ton niveau aujourd'hui, ton plus grand rêve ?
26:24J'ai la chance d'avoir déjà réalisé le rêve des Jeux olympiques.
26:27Qui est quand même déjà un exploit, quoi.
26:29Oui, et en fait, maintenant, ce serait de pouvoir faire une très, très grosse performance
26:35sur 800 mètres.
26:37Pourquoi pas abattre le record de Belgique ?
26:39Ça serait vraiment magnifique.
26:41Mais je sens vraiment que sur cette discipline,
26:44j'ai une belle marge de progression.
26:46Et donc, j'ai envie de pousser mon corps au maximum
26:50pour voir jusqu'où il peut aller.
26:51Il y a eu les championnats du monde il y a quelques semaines
26:53et ça a été très, très vite.
26:55Et d'un côté, ça fait peur parce que je me dis
26:57waouh, je ne suis pas encore du tout à ce niveau-là.
27:00Mais j'ai l'ambition de pouvoir faire partie des meilleurs du monde
27:02et me battre comme ça en finale mondiale.
27:05Et donc, d'un côté, c'est motivant parce que je me dis
27:08j'ai envie d'être comme elle.
27:10Et d'un autre, je me rends compte que j'ai encore beaucoup de travail.
27:12Mais encore une fois, là, c'est motivant
27:14parce que je n'ai pas encore tous les outils
27:16pour faire partie des meilleurs du monde.
27:17On va passer à la dernière partie du podcast.
27:25Donc, je te pose des questions
27:26et le but, c'est que tu complètes la phrase.
27:29OK, ça va.
27:30On dit des athlètes que ce sont des machines, mais...
27:34Mais ils ont aussi des grands cœurs.
27:35On imagine souvent que la course, c'est le plus dur, mais...
27:39Mais en fait, ce n'est pas la course
27:41parce que quand on est bien préparé,
27:42la course se passe correctement.
27:45Donc, je dirais que le plus difficile,
27:46c'est la préparation.
27:48Et alors, on se doit de faire attention
27:49à son hygiène de vie en tant qu'athlète, mais...
27:52Mais on reste des humains et on a des envies.
27:54Et je pense qu'il faut parfois écouter son cœur
27:57quand on a envie de craquer un petit peu.
28:00Et alors, j'ai envie de te poser une dernière question.
28:02Combien d'heures par semaine tu consacres au sport ?
28:05Ça dépend, du coup, ça fluctue
28:06en fonction de tes semaines de repos ou pas ?
28:09Ça fluctue en fonction de la période dans laquelle on est.
28:12Si on est en période de gros entraînements,
28:14alors, c'est beaucoup d'heures.
28:18Mais je dirais que finalement, c'est un job à temps plein
28:20parce que même quand on n'est pas occupé de courir
28:22ou de soulever des peaux en salle de muscu,
28:24c'est un mindset qu'il faut avoir tout au long de la journée,
28:28faire attention à son corps
28:30et toujours être préparé pour performer le lendemain.
28:34Donc, je pense que c'est un job à temps plein,
28:387 jours sur 7.
28:39OK.
28:40Merci beaucoup, Camille.
28:41De rien.
28:42Et que tout se passe mieux pour la suite.
28:45Merci beaucoup.
28:46Merci beaucoup.
29:01Merci beaucoup.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations