00:00Dans Bactou Mathieu Jela, Georges Bernard Shaw écrivait « Le silence est l'expression la plus parfaite du mépris ».
00:08Bien avant lui, Jean-Jacques Rousseau affirmait que le silence seul est le souverain mépris.
00:13Ces mots, éloignés dans le temps, résonnent aujourd'hui dans le tumulte feutré des urnes désertées.
00:18À la lumière des législatives et locales gabonaises de 2025, ce silence citoyen n'est ni indifférence, ni ignorance.
00:25Il est mépris, mépris d'un système électoral qui n'écoute pas, d'une classe politique qui ne se réforme pas, d'un État qui, malgré les promesses de rupture, semble reproduire les travers du passé.
00:35L'abstention massive enregistrée lors du second tour des législatives, dans certaines circonscriptions, à plus de 80% ne peut être traité comme une simple statistique.
00:44Ce n'est pas un oubli, ni un hasard, c'est un acte politique, une manière de dire, sans dire, un refus d'adhérer, un refus de légitimer.
00:52Dans le deuxième arrondissement de Libreville, où moins de 17% des électeurs se sont déplacés, ce n'est pas la pluie ni la fatigue électorale qui ont vidé les bureaux de vote, c'est l'écœurement.
01:02C'est ce que Rousseau appelait le souverain mépris, celui qui refuse même la confrontation, qui ne daigne plus répondre, qui s'exprime par l'absence et l'indifférence hautaine.
01:11Ce silence-là est d'autant plus violent qu'il fait écho au mois du 30 août 2023.
01:16Ce jour-là, le richement fombiement fombie, au nom du Comité pour la transition et la restauration des institutions, c'est théorie, dénoncé.
01:24L'organisation des échéances électorales, qui n'a pas rempli les conditions d'un scrutin transparent, crédible et inclusif.
01:30Deux ans plus tard, que reste-t-il de cette exigence de transparence ?
01:34Des procès-verbaux falsifiés, des candidats évincés sans décision notifiée, des électeurs rayés, des listes le jour du scrutin.
01:41Le coup d'État avait été accueilli, à tort ou à raison, comme un espoir de refondation.
01:45Un moment de bascule historique, l'avènement de la Ve République devait symboliser cette volonté de réconcilier les Gabonaises et les Gabonais avec la démocratie.
01:54Or, les pratiques dénoncées lors des récentes élections, achats de procuration, transport massif d'électeurs,
02:00résultats inversés entre PV locaux et centralisation nationale, entame la crédibilité même du processus républicain.
02:08À quoi bon voter si le résultat est connu d'avance ?
02:10À quoi bon se mobiliser si la parole du peuple est confisquée, trahie, ignorée ?
02:15Le peuple gabonais n'a pas oublié.
02:17Il observe, il compare, il jauge.
02:20Et son silence aujourd'hui vaut condamnation.
02:22Il signifie que la rupture compromise n'a pas eu lieu, que le changement s'est figé dans les apparences.
02:27Si les autorités veulent encore sauver ce qui peut l'être, elles doivent entendre ce silence qui résonne jusqu'au fin fond de la forêt des abeilles.
02:35Non comme un soulagement de tensions, mais comme une colère froide, une colère sourde, une colère qui, demain, pourrait ressurgir autrement.
02:43Il ne suffit plus de dénoncer les irrégularités, il faut agir, il faut sanctionner.
02:47Ceux qui ont triché doivent être exclus de toute fonction élective, déclarée inéligible pour 5, 10 ans, pour haute trahison démocratique.
02:55Il en va de la survie même de nos institutions, car un scrutin sans crédibilité est une démocratie sans fondation.
03:01Le Gabon ne peut plus se contenter de réformes cosmétiques, il doit entrer dans une ère de vérité politique.
03:07Et cette vérité commence par la reconnaissance que le silence des électeurs est une gifle, une mise en demeure silencieuse, un cri muet.
03:14Celui d'un peuple qui n'attend plus des promesses, mais des actes.
03:17Et si la transition vers la Ve République veut encore mériter son nom, elle doit commencer par écouter ce silence et y répondre.
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