«Nous ne censurerons pas le gouvernement», réaffirme Laurent Wauquiez à l'Assemblée nationale.

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00:00Monsieur le Premier ministre, vous prononcez votre discours dans une crise politique inédite sous la Vème République.

00:08Au cours des dix derniers jours, la politique française a donné le pire des spectacles.

00:15Une image terrible, oui, mais ayez juste, messieurs et mesdames,

00:24l'élémentaire lucidité consistant à vous dire que vous y avez tous contribué,

00:32que chacun a contribué à cette situation lamentable dans laquelle la politique française s'est abîmée.

00:40Ceux qui ont joué avec la censure et qui, visiblement, ont plus de mal à faire leur autocritique.

00:46Ceux qui ont la volonté de tout faire tomber parce qu'ils y voient leurs intérêts.

00:50Et ceux, oui, reconnaissons-le, qui veulent que rien ne change alors que les Français aspirent à plus de ruptures.

00:58Et vos rires sarcastiques sont l'illustration de votre incapacité à vous poser les bonnes questions.

01:04Les Français regardent cela.

01:06Ils regardent tout le monde.

01:08Ils le regardent avec un mélange d'écœurement.

01:11Ils le regardent aussi avec de la colère.

01:14Et ils le regardent plus que tout.

01:16Et vous feriez bien de l'entendre, vous, qui traitez cela avec tant de légèreté,

01:22avec une profonde inquiétude.

01:25Et ne vous y trompez pas.

01:28Ils jugent avec sévérité ceux qui jouent avec cette inquiétude.

01:33Parce que nous sommes dans une des pires périodes d'instabilité qui est connue notre histoire.

01:36Parce que cela renvoie à la période que nous avons connue sous la Troisième République

01:42où à la fin du XIXe siècle, les gouvernements duraient à peine quelques semaines

01:46et certains ici semblent s'en réjouir.

01:48Parce que cela renvoie à une période au moment de la guerre d'Algérie

01:52où les gouvernements n'étaient pas capables de tenir tellement plus longtemps

01:55et certains ici ne devraient pas se réjouir de ce chaos.

01:58Mais au moins, vous qui semblez si imperméable à cette inquiétude des Français,

02:05à l'époque, la France pouvait compter sur une économie solide.

02:09A l'époque, la France pouvait compter sur une économie prospère

02:12qui protégeait ses compatriotes.

02:15Aujourd'hui, notre nation fait face à une triple crise.

02:20Une crise politique, certains ici la nourrissent.

02:23Une crise économique, certains ici n'y semblent pas sensibles

02:28et une crise géopolitique au moment où notre nation danse au-dessus du volcan.

02:35Aucun d'entre nous, je l'espère, aucun d'entre nous sincèrement ne peut s'en réjouir.

02:42Et chacun d'entre nous, j'en suis sûr,

02:44quelles que soient les différences politiques qui sont les nôtres,

02:47aspire à ce que notre pays retrouve les chemins de l'intérêt général.

02:50Et il est urgent de tourner cette page catastrophique pour la politique française.

02:58Et cela suppose un certain effort, un certain effort de chacun.

03:04Est-ce qu'il y a de fortes différences politiques entre nous ?

03:08C'est une évidence.

03:10Est-ce que nous sommes tous convaincus

03:12que l'élection présidentielle dans nos institutions est la seule qui soit fondatrice ?

03:17Évidemment.

03:18Est-ce que ce moment de confrontation

03:20entre les visions politiques des uns et des autres viendra ?

03:24Tout le monde le sait.

03:26Mais entre-temps, il y a une question qui nous est posée.

03:31Est-ce que nous voulons tout détruire ?

03:34Ou est-ce que nous sommes capables de faire des efforts les uns vers les autres ?

03:38Un an, un an, juste un an, un an avant qu'il y ait la campagne présidentielle.

03:48Un an avant ce débat décisif sur les causes de notre impuissance

03:53et les moyens d'en sortir.

03:57Et entre-temps, juste faire cet effort minimal

04:02qui consiste à trouver des compromis plutôt que de s'écharper,

04:09qui consiste juste tout simplement à discuter

04:12plutôt que de parier sur une énième élection par défaut.

04:17Que chacun juste soit capable de ce petit effort

04:23agir pour le moindre mal dans cette période où le pire est possible

04:29et où nous devrions tous le redouter.

04:33Et les Français, chers collègues,

04:36c'est cette lucidité que les Français attendent de nous.

04:40Ils nous disent « Entendez-vous ».

04:44Ils nous disent « Discuter ».

04:47Ils nous disent « Trouver des solutions ».

04:50Et j'en suis convaincu,

04:53ils jugent avec sévérité

04:54ceux qui nourrissent le chaos

04:56et je le regrette, ceux qui nous écoutent ne l'entendent pas.

05:00Mais au moment où je parle,

05:01vous avez dans cet hémicycle sur les deux bouts

05:03ceux qui ne sont que capables de hurler,

05:06qui sont incapables d'écouter

05:07et qui sont incapables juste de se respecter

05:10et qui continuent à nourrir cette image lamentable

05:13de la politique française.

05:16Monsieur le Premier ministre,

05:19c'est la condition

05:20pour que votre gouvernement puisse agir.

05:23Oui, l'Assemblée nationale est divisée.

05:28Mais cela n'empêche pas d'avancer.

05:31La France l'a réussi par le passé.

05:35Et bien des démocraties autour de nous y parviennent.

05:38Dans un climat de division politique,

05:41trouver des équilibres,

05:43ne pas prétendre tout faire

05:44pour se concentrer sur l'essentiel,

05:47ce que vous avez rappelé,

05:48Monsieur le Premier ministre,

05:49dans votre discours.

05:50Les gouvernements d'Antoine Pinay

05:53pour la restauration de l'équilibre budgétaire,

05:56cher Michel, y étaient parvenus.

05:58Celui de Pierre Mendes France,

06:00avec la fin des guerres coloniales,

06:01y étaient parvenus.

06:03Le pays, à l'époque,

06:04avait su avancer

06:05en dépit de son instabilité politique.

06:09Et nous sommes convaincus

06:10avec les députés de la droite républicaine

06:12que c'est aujourd'hui notre responsabilité.

06:13C'est la position de notre groupe,

06:19Monsieur le Premier ministre,

06:20qui n'a pas changé depuis la dissolution.

06:23Refuser d'abord, je l'assume,

06:25et quand je les écoute dans cet hémicycle,

06:27ma détermination n'est que plus forte,

06:29refuser d'abord qu'il y ait un gouvernement

06:31sous la coupe de la France insoumise,

06:34de la folie de l'extrême gauche,

06:36qui est le principal danger politique

06:38pour l'avenir de notre République.

06:40Et notre deuxième priorité,

06:46c'est que la France ne soit pas bloquée.

06:51Et nous nous engageons

06:52conscients des compromis nécessaires

06:55pour que des lois indispensables soient adoptées.

07:00Cette position,

07:02nous l'avons définie collectivement,

07:04avec nos députés et nos sénateurs.

07:07Nous ne censurerons pas

07:08un gouvernement a priori

07:10et nous ne ferons pas partie

07:12de ceux qui feront tomber

07:14les premiers ministres.

07:15Sous-titrage Société Radio-Canada

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