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  • il y a 1 jour
Un déjeuner partagé avec Alice Tuyet, restauratrice et fondatrice de Daiment Collective, pour parler des violences physiques et psychologiques dans les cuisines des plus grands restaurants comme des bistrots de quartier.
Focus également sur un potager de légumes asiatiques: l'aubergine chinoise, la ciboule thaï ou encore le shizo poussent désormais en France.

Valérie Brochard et Jean-Pierre Montanay partagent un repas avec une personnalité : politiques, chefs cuisiniers, artistes.... L'occasion d'aborder un thème d'actualité, autour de reportages et d'un menu élaboré avec des plats typiques de leur région, souvenirs d'enfance ou qu'ils apprécient particulièrement. Comment le contenu de nos assiettes impacte-t-il nos modes de vie ? Tout en parlant gastronomie, c'est l'avenir de notre société et les enjeux de demain qu'ils questionnent.

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Transcription
00:00Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Politique à table, l'émission qui vous amène sur un plateau des échanges savoureux sur la cuisine d'aujourd'hui et de demain,
00:26des discussions dorées au four sur les enjeux écologiques, sans oublier goût et gourmandise que notre chef du jour met toujours dans les poches de son tablier.
00:34Bonjour Alice Thuyer. Bonjour. Bonjour Alice. Et bonjour à vous Jean-Pierre Montanet. Merci de partager aussi cette émission avec nous.
00:42Alors Alice Thuyer, votre plat signature, c'est le bonheur. Le repas a toujours été synonyme de fête, de joie et de partage.
00:49Partage entre convives, partage de culture. Et dans votre livre de recettes, on retrouve deux ingrédients majeurs, une louche de Vietnam paternel et une rasade de Normandie maternelle.
01:00Mais pour élaborer cette ultime assiette, il a fallu tester, recommencer et même s'oublier.
01:05Vous avez goûté la dépression, les troubles alimentaires, vous avez fui la cuisine.
01:10Vous avez fui la cuisine pour vous réfugier dans le marketing digital avant de réaliser que les épices du bonheur étaient là, devant vous.
01:17Simple question de dosage. Pour les sublimer, vous les avez saupoudrés de compassion.
01:21Compassion envers vous-même, compassion envers les autres et compassion pour la planète.
01:26Et c'est pourquoi aujourd'hui, vous accompagnez toujours le bonheur d'une sauce très particulière, celle de l'engagement.
01:31Vous êtes végétarienne depuis 2016 et aujourd'hui, dans le menu que vous avez choisi, on retrouve toutes ces convictions, n'est-ce pas Jean-Pierre ?
01:38Oui, avec des brochettes laquées de champignons avec un jus corsé, sans viande bien entendu.
01:42Et côté dessert, un best-seller, deux best-sellers de vos restaurants démons, un sneaker et une mousse au chocolat 100% végétale.
01:49Dans le dessous des plats, on vous emmène dans les cuisines des plus grands restaurants
01:53où malheureusement les violences physiques et psychologiques sont toujours une réalité.
01:57Dans les pieds d'emploi, un reportage dans un potager de blois qui va réjouir les fans de la cuisine asiatique.
02:03L'aubergine chinoise, la ciboulette thaï ou encore le shizopousse désormais en France.
02:07C'est bon pour la cuisine au wok et bon pour la planète.
02:10Voilà pour le menu maintenant. On passe à table tout de suite avec Cuisine et Confidence.
02:21Ah Valérie, ils sont malins ces véganes. Ils ont bien compris qu'on n'attirait pas les mouches avec du vinaigre,
02:26mais plutôt avec des images en forme d'électrochoc pour le cerveau.
02:30Les mouches dans l'histoire, ce sont les carnivores.
02:32Et oui, tous les stratagèmes sont bons pour les inciter à déguster des champignons plutôt que du bœuf.
02:36La recette est simple et Alice Thuyet, vous la maîtrisez avec merveille, les rassurer avec des mots chers à leur univers,
02:42les caliner avec des promesses gourmandes.
02:44Bref, surtout pas leur dire que le champignon de Paris est l'avenir de la côte de bœuf.
02:48Non, le viandard ne bougera pas une oreille.
02:49Mais si vous lui dites brochette de champignon, ah oui, tout de suite sa frétille, son cerveau s'excite, son palais aussi.
02:56Il salive, hypnotisé par cette image d'un morceau de bœuf au bout d'un pic.
03:00Et ce n'est pas fini, non. Le champignon est laqué comme un divin canard chinois et servi avec quoi ?
03:05Un jus corsé. Et là encore, la référence n'est pas anodine.
03:09Ce jus que les chefs apprennent à l'école en sublimant les sucs de la viande.
03:13Ces jus qui sont la marque des grands.
03:14Bref, avec Valérie, on n'est pas procédurier.
03:17Donc on ne va pas crier à la supercherie, mais impatient de voir si le piège fonctionne jusqu'au bout.
03:22Bref, ces clins d'œil à des plats protéines, c'est la recette de votre succès ?
03:27Je crois, et on le voit avec les ventes dans les restaurants.
03:29C'est vrai que tous les plats qui vont rappeler du carnet, un univers assez rassurant, ça marche très bien.
03:34C'est un peu schizophrénique parce qu'ils n'aiment pas la viande et ils veulent qu'on leur parle de la viande dans leurs intitulés.
03:39C'est fait exprès, j'imagine.
03:41Oui, et puis l'utilisation de la brochette par exemple.
03:43Nous, on reçoit des centaines de clients par jour.
03:45On fait des volumes, donc on ne s'adresse pas qu'aux véganes et aux végétariens.
03:49Sinon, je vous donne un scoop, mais les restaurants seraient déjà fermés.
03:52Le but, c'est comment est-ce qu'on propose cette cuisine végétale pour justement des omnivores ?
03:56Donc on va aller faire des petits tours de passe-passe.
03:59Jamais dans le simili, jamais dans le faux.
04:00Faire de la fausse viande, du faux fromage, je trouve que ça n'a aucun intérêt de faire des produits industrialisés
04:04qui remplacent en fait de la viande.
04:06Bon, autant aller manger une bonne viande plutôt que d'aller manger des faux produits très transformés.
04:12Mais toujours rappeler des clins d'œil, des cuissons, des goûts.
04:15Prendre des techniques qu'on applique normalement au carnet sur du végétal.
04:19C'est tout ce qu'on fait.
04:20Alors là, vous êtes en train de nous servir, Jean-Pierre.
04:23Vous voyez, c'est une brochette.
04:26C'est magnifique.
04:27C'est sublime.
04:28Il y a un petit peu, alors je ne sais pas, c'est Alice qui va nous le dire.
04:30Qu'est-ce que c'est que cette crème ?
04:30Vous avez une petite crème de champignons aux herbes en dessous.
04:34Mais surtout, il y a trois variétés de champignons sur la brochette.
04:36Mais ce sont pour les autres, Jean-Pierre.
04:38Ah ben regardez, j'ai pris la moitié d'une brochette.
04:40Mais vous, vous aurez une brochette entière.
04:41Je plaisante.
04:42Elle est gourmande.
04:42Merci beaucoup.
04:43Et alors je crois qu'on peut mettre aussi un peu de jus, ce fameux jus corsé dont je viens de parler.
04:46Ce fameux jus corsé, ça sera pas mal.
04:48Pour venir napper ce plat.
04:50Il y a quoi sur cette brochette concrètement ?
04:52Alors, vous avez trois types de champignons qu'on travaille déjà en marinade avant de l'écrire.
04:56Enfin, il y a toute une technique.
04:57C'est pas non plus le barbecue du dimanche où on a aligné des champignons de Paris.
05:01D'accord.
05:01Non, là, il va y avoir tout un tas de choses.
05:03Il y a l'oreille de chardon, il y a du shiitake.
05:05Qu'est-ce que c'est de l'oreille de chardon ?
05:07Alors, c'est une variété de pleurotes.
05:08Ah !
05:08C'est une variété de pleurotes.
05:09D'accord.
05:10C'est ça, non ?
05:11C'est exactement.
05:12Là, vous en avez un morceau.
05:14Ça va vraiment avoir de la texture.
05:15Je trouve que le champignon est toujours un produit intéressant parce qu'il va rappeler à la fois par les notes de sous-bois, des notes carnées, des notes umami.
05:22J'y viens tout de suite.
05:23Et aussi une belle texture.
05:24D'accord.
05:25Là, il y a un vrai intérêt à aller travailler les champignons.
05:27C'est vrai que le champignon est un produit très apprécié dans nos restaurants.
05:30On est...
05:31Voilà, c'est le début de l'automne.
05:32C'est évidemment la saison.
05:33Vous allez les cueillir vous-même, les champignons ?
05:35Non, je ne vais quand même pas les cueillir moi-même.
05:37Non ?
05:37Je ne fais que les transformer et les mettre sur des broches.
05:39D'accord.
05:39Mais c'est déjà pas mal.
05:40Mais là, c'est vrai qu'on va se régaler à l'automne.
05:42On va avoir aussi de la pleurotte.
05:45On a eu du cèpe.
05:46On fait tout un tas de choses autour des champignons.
05:48Attention à la saisonnalité des champignons.
05:49On croit toujours que c'est l'automne.
05:51Mais il y a déjà des giroles au printemps.
05:54Les chitacés poussent, je ne dirais pas toute l'année, mais presque.
05:57Les champignons de Paris, on les trouve toute l'année puisqu'ils poussent dans des caves.
06:00Donc effectivement, les champignons sauvages peuvent être une saisonnalité.
06:03Mais c'est vrai que pour vous, c'est pratique parce que toute l'année, on a des champignons.
06:06Il y a deux types de champignons.
06:07Les champignons de culture qui poussent dans les champignonières, effectivement les champignons de Paris,
06:11les shiitakés, les pleurottes grises également.
06:13Et puis après, il y a les champignons vraiment sauvages qui, là, vont être cueillis.
06:16Le shiitaké, c'est un champignon déshydraté que vous réhydratez ou c'est des champignons frais ?
06:19Non, c'est des champignons frais.
06:21D'accord.
06:21Champignons frais.
06:22Et maintenant, la plupart des champignonières proposent du shiitaké parce que c'est vrai que c'est un champignon
06:25qui a beaucoup de goût, qui est très utilisé.
06:27Exactement, exactement.
06:28Alors, laqué, évidemment, ça fait aussi référence à la grande cuisine.
06:33Où est-ce que vous avez appris à faire ces techniques de cuisine de haute gastronomie ?
06:38Eh bien, écoutez, moi, je me suis déjà aussi bien entourée.
06:41Et sinon, moi, j'ai travaillé avant dans des cuisines semi-gastronomiques ou gastronomiques françaises
06:45où j'ai appris toutes les techniques sur de l'épaule d'agneau, sur des rôtis, des os et des viandes levées, des filets de poisson.
06:51Et donc, c'est là où je trouve qu'il y a un intérêt.
06:53C'est en fait vraiment d'aller chercher le meilleur de la technique du savoir-faire culinaire français
06:56et d'aller le mettre sur le végétal parce qu'en 2025, il y a peut-être d'autres impératifs écologiques, d'ordre éthique ou même de santé.
07:03Alors, je n'ai pas bien compris si votre amour du végétal, c'était une aversion terrible pour la viande.
07:07On l'a vu déjà sur ce plateau, des gens nous dirent, ah, j'ai vu un chevreau écorché vif, je ne veux plus manger de viande.
07:11Ça m'a dégoûté, oui.
07:12Voilà.
07:12Oui, c'est votre envie de savoir sublimer le végétal parce que vous trouviez que la cuisine, finalement, ne prenait pas assez soin de nos légumes.
07:20C'est les deux un peu combinés ?
07:22Surtout le deuxième.
07:23Moi, je crois aussi surtout à une cuisine qui est avec, pas du sang, pas la restriction, pas...
07:27Du sang SNS, attends.
07:28SNS, SNS, vous voyez, je commence déjà les mots.
07:30Oui, bien sûr, bien sûr.
07:31Mais vraiment parce qu'au contraire, ça a été vu comme quelque chose de beaucoup plus clinique, pas du tout réjouissant alors que ça peut l'être.
07:38Et c'est vrai, c'était un petit peu délaissé alors que le terrain de jeu, il est fabuleux.
07:41On voit Alain Passard, là, qui a passé ses cuisines en 100% végane.
07:45Absolument.
07:45Il trouve que c'est un terrain de jeu fabuleux parce que tout ce qu'on fait sur la viande, on peut le faire sur du légume, mais sur une variété qui est immense.
07:52Alors que la viande, à la fin, il y a moins de variété.
07:56Mais est-ce qu'on vous le reproche quand même ?
07:57Est-ce qu'il arrive que vous croisiez des clients qui vous disent « Ah, c'est quand même pas complet sans viande » ou est-ce que c'est complètement révolu ?
08:04Non, ça arrive et tant mieux parce que c'est-à-dire qu'on touche le grand public.
08:07Si je n'avais pas ces clients-là, ça veut dire qu'ils ne les mettraient pas les pieds chez nous.
08:09Et ça, ça serait mauvais signe. Donc moi, je le prends beaucoup plus comme un challenge, un défi, quelque chose d'intéressant.
08:14Et ça montre que le restaurant a ouvert ses portes et que des gens qui ne sont absolument pas convaincus par la question viennent et ont la curiosité de venir.
08:20Les choses bougent.
08:22Et je comprends tout à fait parce qu'en plus, la nourriture touche tellement à de l'intime, à des habitudes, à ce qu'on a mangé dans sa propre famille,
08:29qu'il est très difficile de changer d'habitude.
08:31Mais petit à petit, vous voyez, je gagne du terrain.
08:33Un pas après l'autre.
08:35Alors, ces brochettes, je ne sais pas si Valérie est d'accord avec moi, je trouve ça très très bon.
08:38C'est délicieux en tant que soi.
08:40Je trouve qu'effectivement, il y a une référence au carnet avec le mot brochette.
08:43Mais on ne sent pas qu'on n'a pas l'impression d'en manger de la viande.
08:46Moi, j'ai goûté chez vous les brochettes cochonnes ou les croquettes cochonnes.
08:50Notre best-seller.
08:51Votre best-seller.
08:52Là, on est un peu plus encore parce que là, les croquettes cochonnes, on croit vraiment qu'on mange de la viande alors qu'il n'y a pas de viande.
08:59Exactement.
08:59Pourquoi ? Pourtant, c'est avec des champignons.
09:01C'est ça, exactement.
09:02Mais il y a de l'échalote, il y a du bouillon.
09:04Mais vous savez, les croquettes, déjà, ça a une forme plus transformée parce que c'est pané.
09:08Il y a une préparation, il y a une farce qui est faite.
09:10Et c'est vrai que cette farce, c'est complètement clin d'œil à ce qu'on peut faire avec une croquette de pied de porc
09:13qui a cette texture gélatineuse en bouche qui vient vraiment tapisser le palais.
09:17J'avais voulu retrouver ce goût-là parce que moi, j'adorais le porc.
09:19Je suis en moitié vietnamienne, j'ai grandi beaucoup avec toute la cuisine au porc.
09:23Et c'est vrai qu'il va y avoir des produits où on va aller plus vers cela.
09:27D'autres, non.
09:28Il ne faut pas avoir, en fait, un dogme et de se dire sur chaque plat, on doit reproduire.
09:32Non, parfois, ça va être une impression.
09:34Parfois, c'est une technique de cuisson comme on peut l'avoir ici.
09:36Parfois, ça va être sur une sauce, un jus.
09:38Parfois, ça va être tout le plat comme sur les croquettes cochonnes.
09:41Et je pense aussi que c'est pour ça que les croquettes marchent aussi bien.
09:44C'est parce qu'elles rappellent littéralement un produit viandard.
09:49Et cochonnes, c'est un peu transgressif.
09:50Oui, aussi.
09:52Vous avez cuisiné un podcast.
09:54Je crois que c'est fini maintenant.
09:56Il n'y a que deux saisons, malheureusement, parce qu'ils sont vraiment super.
10:00Vous avez reçu, entre autres, vous avez interrogé Akram Benhalad.
10:04C'est un chef étoilé.
10:05Ça vous intéresse, vous, les étoiles ?
10:07Ou pas du tout ?
10:08Il y a toujours un fantasme.
10:10Et puis, j'ai grandi avec Bercé par la cuisine des grands chefs.
10:15Néanmoins, aujourd'hui, j'ai envie de faire vraiment des choses
10:16qui peuvent parler au grand public.
10:18Je ne dis pas du tout qu'un chef étoilé ne va pas parler au grand public.
10:20Mais de fait, c'est une cuisine qui est moins accessible.
10:23Peut-être un jour, je ne ferme pas les portes.
10:26OK.
10:27Ce qui est intéressant, c'est que vous l'avez dit.
10:28Moi, je n'aime pas la cuisine sans.
10:30Et effectivement, on assiste à une communautarisation de la table,
10:33sans sucre, sans gluten, sans je ne sais pas quoi,
10:35sans vin, sans alcool.
10:37Et ça, effectivement, autour d'une table, ça amène des divisions
10:40et même des querelles.
10:42Le dîner familial est moins fédérateur qu'avant.
10:44Vous, vous essayez de réunir tout le monde.
10:46C'est-à-dire que le viandard qui aime la viande, la côte de bœuf,
10:49il est bienvenu dans votre restaurant.
10:51Vous ne le dites pas dehors.
10:52Complètement.
10:52Et la tapis rouge, au contraire.
10:54Il sera deux fois mieux traité.
10:56Là, les auditeurs vont vous entendre et vont venir
10:59et vont dire qu'on adore la viande et je vais les inviter.
11:02Non, mais véritablement, le but est de réunir.
11:04Je pense que le repas, c'est un moment fédérateur.
11:06C'est ce que vous disiez aussi en introduction.
11:07C'est un moment de joie.
11:08C'est une parenthèse enchantée.
11:10La vie est assez difficile aussi à côté.
11:12Les gens, le stress, au boulot, le pouvoir d'achat, etc.
11:14Il y a tout un tas de sujets.
11:16Quand on va au restaurant, c'est pour se sentir bien.
11:18Si en plus, c'est là qu'on va se battre les uns les autres,
11:21ce n'est pas du tout l'idée.
11:23Non, non, au contraire.
11:24Fédérer dans la douceur, le réconfort, les sauces, l'enveloppement.
11:28Le réconfort, mais avec une certaine conscience,
11:30conscience politique, en tout cas conscience écologique.
11:33Comment vous travaillez ça ?
11:34Comment vous travaillez cette conviction-là ?
11:36Qu'il faut protéger la planète aussi dans les assiettes ?
11:39L'industrie agroalimentaire, c'est assez simple.
11:42C'est le deuxième plus gros contributeur au changement climatique.
11:44Ou deuxième ou troisième, si on a les experts à qui vous parlez.
11:47Donc, si on veut vraiment avoir un impact aujourd'hui,
11:49c'est par ces transports.
11:50Est-ce qu'on ne prend pas l'avion ?
11:51Comment est-ce qu'on se déplace au quotidien ?
11:53Et c'est par son alimentation.
11:55Et moi, je dis toujours, chaque repas compte.
11:57Donc, en fait, il ne faut pas forcément adopter un mode de vie
11:59où on va complètement arrêter la viande
12:01ou, je ne sais pas, complètement arrêter les produits d'origine animale.
12:05Mais, déjà, de temps en temps, même un repas par semaine,
12:08un repas par mois, enfin, peu importe ce qui peut être à la portée,
12:11selon les envies, selon les possibilités, selon l'accessibilité,
12:14ça vaut vraiment le coup et ça fait une différence.
12:16Donc, oui, bien sûr, l'alimentation joue un très grand rôle
12:19dans notre vie de citoyen.
12:20Et c'est un acte politique et engagé chaque jour.
12:22Plus précisément, je voulais savoir comment vous,
12:24dans votre cuisine du quotidien, dans vos restaurants,
12:27comment vous appliquez ça ?
12:28Comment vous appliquez vos convictions ?
12:30Déjà, en proposant du 100% végétal,
12:32c'est complètement...
12:34On va très loin, en fait.
12:35En soi, c'est un choix complètement de niche,
12:37très radical, alors qu'on a fait des grands restaurants
12:39où il y a une centaine de couverts
12:41qui tournent sur des gros volumes.
12:43mais on le fait sans le dire.
12:45Ça, ce n'est affiché nulle part.
12:46Il n'y aura jamais écrit que le restaurant est vegan.
12:48Là, je me prête à l'exercice puisqu'on s'en parle
12:51et on regarde les dessous du plat.
12:54Mais néanmoins, ce n'est jamais écrit.
12:55Moi, je n'ai pas du tout envie de polariser.
12:57Justement, il y aurait écrit vegan.
12:58Il y a un tas de gens qui ne mettraient pas les pieds dans le restaurant.
13:00Ah non, parce que pour moi, la première chose,
13:03si on n'est pas vegan, quand on voit écrit vegan,
13:05on se dit que ce n'est pas pour moi.
13:07Alors que j'ai envie que ce soit un restaurant pour tous.
13:08Alors que c'est idiot parce que c'est justement pour tout le monde.
13:10Parce que vegan, ça plaît à tout le monde.
13:13Il n'y a pas de viande, il n'y a pas de laitage,
13:14il n'y a pas de gluten.
13:16C'est un peu contre-intuitif.
13:17Mais pour rebondir sur ce que disait Valérie,
13:19vous avez des convictions.
13:20Vous venez de dire cuisine végétale radicale,
13:23mais vous êtes dans la nuance, on l'a bien compris avec votre discours.
13:25Vous n'êtes pas une militante.
13:26Ce n'est pas une cuisine au service d'un militantisme politique.
13:30Non.
13:30Parce qu'il y a beaucoup de chefs qui ont les deux.
13:32Oui, bien sûr.
13:34Mais je l'ai, je vous dis, c'est profondément engagé.
13:36Mais néanmoins, ce qui m'embêterait dans le militantisme,
13:38c'est d'un côté moralisateur,
13:40ou surtout de dire aux autres comment ils devraient manger,
13:42qu'il y a un côté, il y a le bien, il y a le mal.
13:43Moi, je ne crois pas du tout à cette dichotomie-là
13:45entre le bien et le mal.
13:46Bon, ça, c'est d'autres croyances taoïstes,
13:49dont on peut parler également.
13:50Mais en tout cas, je pense beaucoup plus au côté lumineux.
13:54Vous voyez, plutôt que de maudire les choses,
13:56c'est une bougie. Ma bougie, c'est d'allumer
13:59cette cuisine légumière,
14:01de la réenflammer avec du goût,
14:03avec de la sauce, avec de l'amour.
14:05Et beaucoup plus que d'aller dire aux gens
14:06comment ils devraient manger.
14:08Et en fait, c'est ça qui m'embête un peu dans le militantisme,
14:10qui, je pense aussi, dessert la cause quelque part.
14:13Parce qu'en fait, c'est très, très, très...
14:15C'est un repoussoir presque, parfois,
14:16quand vous entendez certains véganes
14:18parler de leurs propres convictions
14:20et de comment se comportent les autres.
14:22Alors que non, si on veut faire avancer les choses,
14:23c'est au contraire de se réunir autour de bonnes choses si possible.
14:26Vous parliez de lumière, lumière dans vos assiettes,
14:29mais cette lumière, vous ne l'avez pas toujours eue,
14:31vous l'avez même un peu perdue.
14:32Je reviens sur vos podcasts,
14:34que vraiment, je recommande à tous nos téléspectateurs.
14:36Vous avez interviewé, interrogé, discuté avec Guy Carlier.
14:40Vous avez notamment parlé de la boulimie.
14:42Comment vous, vous êtes sortie
14:44de cet enfer alimentaire ?
14:47Alors moi, déjà, il faut savoir que j'ai un passé
14:48de jeune danseuse.
14:49J'étais à l'Opéra de Paris jusqu'à mes 15 ans.
14:51J'ai fait du mannequinat.
14:52En fait, moi, j'étais que dans des milieux
14:53où c'était quand même assez propice
14:57à toutes ces questions-là.
14:58Tout simplement, je crois que c'est un tas de choses,
15:00se sentir mieux dans sa peau,
15:01mais chacun a son chemin et ses propres compensations.
15:04Je pense qu'il est très rare en tant qu'être humain
15:06de ne pas compenser tous ces petits bobos
15:07et ces blessures de vie par certaines choses.
15:10Ça peut être l'alimentation, l'alcool pour d'autres,
15:12le travail, le manque de sommeil, un tas de choses.
15:15Mais aujourd'hui, je suis très heureuse.
15:17Et cette nourriture m'a permis aussi de me réconcilier
15:21dans le fait d'avoir des équipes,
15:23d'avoir une vie très épanouie.
15:25On est 60 aujourd'hui dans les restaurants.
15:27Et c'est vrai que ça, ça a été aussi
15:28un très grand chemin personnel.
15:31Et que l'entrepreneuriat est aussi un chemin spirituel
15:33et un chemin de réconciliation avec soi très fort.
15:37Vous l'avez dit, on est conditionné
15:38par ce qu'on mange dans notre famille.
15:39On pourrait même rajouter notre enfance.
15:40Vous avez des racines vietnamiennes,
15:42vous l'avez dit à propos du pot.
15:43Alors, c'est assez caricatural comme vue de l'esprit,
15:46mais est-ce que vous auriez pu, par exemple,
15:47faire un resto franco ?
15:49Mais je rêve, je vais le faire un jour.
15:51Ah, vous l'avez fait ?
15:51Non, non, je vais le faire.
15:53C'est de fusion entre vos deux.
15:55C'est dans les bacs.
15:56Mais après, dans mes assiettes,
15:58c'est toujours, en général, sur les cartes,
15:59il y a toujours un plat.
16:00Laqué, ça rappelle un peu ce qu'il y a.
16:01Avec une influence asiatique.
16:03Et c'est vrai que mes assaisonnements
16:03travaillent beaucoup ici sur le sucré, salé, amer, doux,
16:07qui sont propres à la cuisine asiatique.
16:09Et là, sur la nouvelle carte qui sort dans une semaine,
16:11je propose une version du TITCO,
16:13donc le porc au caramel,
16:14mais là, avec du chou-fleur, la texture est géniale,
16:17le plat est en sauce.
16:18Enfin, il faut venir aussi le goûter.
16:19Avec de l'eau de coco ?
16:20Non ?
16:21Oui, un petit peu.
16:21Ah, un petit secret de fabrication.
16:23Non, le secret une semaine avant.
16:26Est-ce que...
16:28Voilà, est-ce qu'avoir votre propre nom
16:31en haut d'une carte, d'un menu,
16:34c'est important pour vous ou pas forcément ?
16:36Non, il n'y a jamais mon nom.
16:37Ah oui, c'est pour ça que je pose la question.
16:38Et j'ai pas du tout envie.
16:39Et j'ai envie que ce soit le nom des équipes.
16:41Je considère que, aussi moi,
16:44ma mise en avant n'est faite qu'au service du projet,
16:46mais j'ai hâte que le projet soit si puissant
16:49et que les restaurants aient leur propre puissance
16:51et la marque aussi, derrière,
16:53pour qu'en fait, les personnes puissent s'effacer
16:55et qu'on mette en avant ceux qui sont au quotidien
16:56à assurer dans les restaurants.
16:58On va continuer, évidemment, d'en parler.
16:59Mais d'abord, on va essayer d'en savoir un peu plus
17:01sur les brochettes de légumes.
17:03Et je crois que vous avez quelques conseils à nous donner.
17:04Oui, c'est intéressant de parler de ces brochettes de légumes
17:07puisque ça rentre maintenant dans notre univers quotidien et culinaire.
17:11Étymologiquement, attention, le barbecue inventé aux Etats-Unis,
17:14puisqu'effectivement, brochette renvoie au nom de barbecue,
17:17désigne un appareil doté d'une grille
17:18qui permet, à l'extérieur, dans son jardin,
17:21de faire cuire de la viande.
17:23Toutes les viandes, mais uniquement de la viande.
17:25Au départ, le barbecue, il est inventé par les Américains
17:28pour faire de la barbaque.
17:29Pour ces puristes, seule la brochette carnée
17:31a sa place sur la grille, car selon eux,
17:33c'est la viande qui se marie le mieux au feu et à la fumée.
17:37Oui, mais un mariage toxique,
17:39car on sait maintenant que la combustion des graisses animales
17:41au contact des flammes de charbon de bois
17:43produit des benzopyrènes cancérigènes.
17:46Oui, c'est pas bon.
17:47Très nocifs pour la santé.
17:49Rien de tout cela, et c'est le troisième point,
17:50avec les végétaux, les champignons,
17:52ils ne dégagent pas ces matières cancérigènes
17:55qui s'imposent donc de plus en plus
17:57sur les grilles de barbecue portées par les tendances
18:00au flexitarisme, voire au véganisme.
18:03Lors de certaines compétitions de barboc,
18:05figure désormais, impensable il y a encore quelques années,
18:08la catégorie légumes.
18:10Alors, car ils adorent en fait se frotter aux flammes
18:12et aux braises les choux-fleurs, les brocolis,
18:14les asperges vertes, les potirons,
18:16les champignons, on vient de le voir.
18:18Avocat, fenouil, artichaut, poivrade.
18:20Résultat, des légumes dorés,
18:22sans matière grasse et subtilement fumés.
18:24Bravo.
18:24Et pour accompagner justement ces brochettes,
18:28vous nous avez apporté 7 bouteilles.
18:30C'est un vin nature, je crois.
18:32Est-ce que vous pouvez nous en parler ?
18:33Exactement.
18:34C'est un vin, c'est une cuvée qu'on a faite
18:36en collaboration avec Mylène Brue,
18:38qui est une vignerane près de 7,
18:39qui travaille sur de petites parcelles,
18:41des très jolis vins.
18:42Donc là, on va avoir un vin rouge
18:44qui est assez léger, mais qui a de la structure.
18:45Vous allez sentir des notes de litchi et de rose.
18:48C'est pour ça aussi cette étiquette
18:49que j'ai dessinée avec des roses.
18:51L'étiquette, exactement.
18:53Exactement.
18:54Et dans nos restaurants,
18:55on ne sert pas que du vin nature.
18:57On va aller sur des vins qui sont,
18:59évidemment, c'est pas de la grosse usine de vin,
19:02donc on va être sur du bio, biodynamie,
19:04parfois du nature,
19:05mais en tout cas, plutôt aussi dans le consensus.
19:07Enfin, je pense que vous le ressentez
19:08quand je vous parle de ma cuisine depuis tout à l'heure,
19:09c'est pour réunir,
19:10c'est pas pour aller faire des trucs imbuvables.
19:14Est-ce que...
19:15Alors, il est délicieux et en effet,
19:16on ressent la rose.
19:17Oui, exactement.
19:18La rose, c'est incroyable.
19:19C'est ça, il a aidé notre référence.
19:21C'est un vin indien, c'est un vin asiatique.
19:22C'est ça, c'est ça.
19:24C'est assez fou et très, très étonnant.
19:26C'est très puissant, la rose.
19:27Est-ce que...
19:29Alors, pourquoi nature ?
19:31Est-ce que ça fait aussi partie de votre philosophie ?
19:35Oui, ça fait partie d'une certaine cohérence,
19:37mais encore une fois, dans la douceur
19:38et sans être des ayatollahs à dire
19:40il n'y aura que du vin nature dans nos restaurants.
19:42Voilà, nous, on propose tout un tas de choses.
19:44C'est vrai qu'il y a ça aussi à la carte,
19:46mais c'est important petit à petit, je pense aussi,
19:49d'aller éduquer par-ci, par-là,
19:51en mettant des vins peut-être
19:53que nos clients n'auraient pas goûtés ailleurs.
19:55Et cette cuvée me fait vraiment plaisir,
19:57parce que Mylène Brut,
19:57une vignerone avec qui on travaille
19:59depuis l'ouverture du premier restaurant.
20:03Est-ce que...
20:03Alors, vous le savez,
20:04avec les bouleversements climatiques,
20:06le changement climatique,
20:08certaines vignes ne peuvent plus supporter
20:10la chaleur dans le sud,
20:12d'autres vins vont du coup pouvoir pousser
20:14dans le nord de la France
20:15et même encore au-dessus.
20:17Est-ce que vous faites attention à cela aussi ?
20:18Est-ce que c'est quelque chose
20:19qui vous inquiète même ?
20:21Inquiète, oui,
20:23mais comme tous les changements,
20:25si vous voulez,
20:25même d'ordre climatique,
20:27c'est très bien d'avoir peur.
20:28Moi, je pense beaucoup plus
20:29à quel modèle on propose ensuite.
20:31Parce qu'on fait beaucoup peur aux gens aujourd'hui
20:33sur les questions d'écologie,
20:34même d'éthique, de santé.
20:36On va...
20:37Comme si on fonçait droit dans le mur, peut-être,
20:39mais en fait, une fois qu'on a fait peur aux gens,
20:41moi, je pense que surtout,
20:42il va falloir proposer un autre modèle.
20:43OK.
20:44Et donc, c'est là où moi,
20:45je m'y attache dans les restaurants.
20:47Et bien sûr, il va y avoir des bouleversements.
20:49Les agriculteurs vont devoir s'adapter.
20:52On va vinifier autrement.
20:53Mais je sais très bien
20:54que le cerveau humain aura l'ingénierie pour trouver.
20:56On saura le faire.
20:57On saura s'adapter.
20:58Si les lapons se mettent à faire du vin,
20:59ça fait flipper quand même.
21:01Non.
21:02J'avais juste une dernière question.
21:03Est-ce que vous servez aussi du sans-alcool ?
21:05Est-ce que vous faites des cocktails sans-alcool ?
21:06On a une grande offre de sans-alcool
21:07qui se développe énormément.
21:09Aujourd'hui, les déjeuners d'affaires,
21:10je pense, mais même pas que dans mes restaurants.
21:12Maintenant, c'est plus une bouteille de rouge au déjeuner.
21:14Les déjeuners sont raccourcis.
21:16Il y a un aspect santé.
21:17Les gens vont faire leur footing le lendemain.
21:18Ils veulent être en forme l'après-midi.
21:20Voilà.
21:21Ça fait partie de votre carte aussi ?
21:22Complètement, complètement, complètement.
21:25Mais pas dans une approche.
21:26Oui, mais pas que dans une approche santé.
21:28Ça en fait partie.
21:29Mais je pense que c'est une demande globale.
21:30Il faut s'y intéresser.
21:31Et moi, je travaille beaucoup aussi du sans-alcool
21:32qui n'est pas trop sucré.
21:33Parce qu'avant, les cocktails de frit,
21:35vous voyez la caricature,
21:37c'est impossible avec un repas.
21:39Non, non.
21:39Et ce n'est pas bon, en fait.
21:41Ça ne soutient pas du tout un repas.
21:43Donc, on y travaille.
21:44Et je trouve qu'il y a de plus en plus
21:45d'alternatives intéressantes aussi qui se développent.
21:48Alors maintenant, Alice Thuyet,
21:49c'est à nous de cuisiner un peu avec Jean-Pierre.
21:51Chaque semaine, on mélange.
21:52On mélange les papilles et les méninges
21:54dans une grande marmite.
21:55Et ça donne les quiz.
22:00Alors, on l'a déjà dit, racine vietnamienne.
22:02Le Vietnam, c'est l'un des pays préférés des Français
22:04grâce à sa cuisine parfumée, inventive
22:06et surtout, en ce qui me concerne,
22:08à tomber par terre.
22:09Sauriez-vous nous dire
22:10si ces affirmations concernant cette cuisine
22:12sont vraies ou fausses ?
22:13Au nord du Vietnam,
22:14le porc au caramel est cuit dans de l'eau de coco.
22:17Vrai ou faux ?
22:17Faux.
22:18Voilà.
22:18Faux parce qu'il est préparé
22:20à l'eau de coco dans le sud
22:21car il y a des cocotiers
22:22et au nord, il n'y a pas de cocotiers.
22:24Mais non, mais il faut faire attention,
22:25c'est très important
22:26parce que la cuisine du Vietnam,
22:27c'est un pays qui s'étend beaucoup en hauteur.
22:30Donc, entre le nord et le sud,
22:31il y a de grandes différences
22:31et ça modifie toute la cuisine.
22:32Moi, je suis nord-Vietnam.
22:35La sauce Thuong Den
22:37est confectionnée avec des cacahuètes.
22:40Alors, je n'en ai aucune idée,
22:41je vais vous dire faux.
22:42Faux.
22:42C'est confectionné avec du sucre,
22:44du vinaigre, de soja fermenté.
22:45C'est la sauce barbecue des Vietnamiens
22:48appelée sauce Hoisin en Chine.
22:50Vous la connaissez,
22:51celle qu'on met aussi parfois un peu dans le feu.
22:53Le mikati est une spécialité de hué.
22:56Cette fois-ci, on est au centre du Vietnam.
22:57Préparé à partir de pâtes de riz,
22:59de lait de coco,
23:00de pâtes de curry épicées
23:01et pimentées avec des herbes.
23:03Vrai ou faux ?
23:04Vrai.
23:05Non.
23:05Non ?
23:05C'est une spécialité laotienne.
23:07Ah !
23:08J'en ai mangé beaucoup, le Vietnam.
23:09Ah bon ?
23:10Ah non.
23:11Alors, je laisse.
23:12Pour moi, c'est une spécialité laotienne.
23:14Mais comme à ce moment-là,
23:16à Hué, il y a une frontière avec le Laos,
23:17peut-être que le Laos a une frontière avec le Vietnam.
23:22Donc pour moi, c'était...
23:23Mais vous avez rétabli la vérité,
23:24vous avez sans doute raison.
23:25Le Nyokman de Phu Quoc
23:27bénéficie d'une AOP
23:28délivrée par l'Union Européenne.
23:31Oui.
23:31Oui.
23:32Et vrai.
23:32Mais c'est rare,
23:33parce que c'est un produit exotique
23:34délivré depuis juillet 2013,
23:37confectionné à partir d'anchois
23:38pêchés sur cette île au sud du Vietnam.
23:41Et on va maintenant s'intéresser à un légume
23:43que l'on cuisine parfois au Vietnam,
23:45mais très souvent en France,
23:46c'est la courgette.
23:47Alors vous qui magnifiez le végétal,
23:49saurez-vous nous dire
23:49si ces affirmations sur la fleur de courgette
23:51sont vraies ou fausses ?
23:52Avant de les cuisiner,
23:53il faut impérativement retirer le pistil
23:56qui est toxique.
23:57Vrai ?
23:57Non, c'est faux.
23:58C'est faux.
23:58Non, c'est faux.
23:59Il est préférable de l'ôter
24:00car il donne de l'amertume,
24:02mais en soi,
24:02ce n'est pas vraiment toxique.
24:04Les fleurs qui ne sont pas reliées
24:06à des mini courgettes
24:07sont des fleurs mâles.
24:10Vrai ?
24:10Vous avez raison, c'est vrai.
24:12Au bout, il y a juste une tige
24:14tandis que les fleurs femelles
24:15donnent des courgettes.
24:17elles ne se cueillent qu'en décembre.
24:19Fou !
24:20Non, jusqu'en décembre.
24:21Ah, jusqu'en décembre ?
24:22Ah oui, pardon.
24:23Oui, jusqu'en décembre.
24:24Dans tous les cas, vous avez raison.
24:25La saison, c'est d'avril à septembre.
24:28Et puis enfin,
24:28ce sont les cuisiniers de Nice
24:30qui ont été les premiers à préparer
24:31les beignets de fleurs de courgette.
24:33Peut-être, vrai ?
24:34Non, c'est faux.
24:35Italiens ?
24:35Oui, exactement.
24:37Les Italiens dès le 15e siècle.
24:39Allez, finis les quiz.
24:41On apprend plein de choses
24:41au cours de ce fabuleux déjeuner,
24:43mais on va essayer d'en savoir
24:44encore un petit peu plus sur vous
24:45tout de suite avec La Bref de Comptoir.
24:48Ah !
24:48Alors, Alice Thuyé,
24:52pour préparer cette émission,
24:54vous a demandé d'aller fouiller
24:55dans votre mémoire,
24:56dans vos souvenirs,
24:57pour partager avec nous
24:57un ou plusieurs moments
24:59qui resteront gravés sous votre toque.
25:02Et vous allez nous parler d'émotions.
25:03Une émotion que vous avez reçue
25:05et une émotion que vous avez donnée.
25:07On commence peut-être
25:08avec les trois étoiles ?
25:09Quelle que j'ai reçue ?
25:10Ben oui, commençons dans les étoiles.
25:12Non, j'ai vraiment...
25:14Des repas m'ont marqué,
25:15ils m'ont donné envie
25:16d'aller faire de la cuisine.
25:17Et il y en avait un en particulier
25:19chez Bernard Paco,
25:20à l'Ambroisie.
25:21Bon, malheureusement,
25:23on ne peut plus y retourner
25:24dans ces conditions-là
25:25puisqu'il n'y est plus chef.
25:27Mais c'était un restaurant
25:28absolument extraordinaire.
25:30Chef trois étoiles ?
25:31Chef trois étoiles,
25:31Bernard Paco,
25:32et qui a formé...
25:33Son fils qui a repris ?
25:33Si, exactement.
25:35Qui a formé
25:36toute une génération de cuisiniers.
25:38La plupart des grands d'aujourd'hui
25:39sont passés par les cuisines
25:40de Bernard Paco,
25:41Place des Vosges,
25:42à l'Ambroisie.
25:42Et donc, notamment,
25:44une de ses spécialités est sucrée,
25:45alors que ce n'est pas
25:45un grand pâtissier.
25:47Mais ce dessert-là
25:48est resté dans son restaurant
25:50pendant des années.
25:51C'était la tarte soufflée
25:52au chocolat,
25:53chocolat amer.
25:55Et ça, j'ai vu ça.
25:56J'étais ado
25:57et j'ai eu un...
25:59Mais presque les larmes aux yeux
26:00dans ce plat-là,
26:01ce repas.
26:02En parlant de larmes aux yeux,
26:04du coup, ça m'amène
26:04à la deuxième anecdote.
26:07Émotion que vous avez donnée,
26:08pour le coup.
26:09Expliquez-nous.
26:10Je n'avais jamais vu ça
26:10dans mon restaurant.
26:11Je ne m'y attendais pas.
26:12Je vois une cliente
26:13qui est en train de pleurer à table.
26:15Je me dis,
26:15je regarde en face
26:16et c'est ce qu'elle s'est fâchée
26:17avec son mec.
26:18Ça peut arriver.
26:20J'en ai vu aussi des trucs comme ça,
26:21largués à la Saint-Valentin.
26:23J'ai vu des trucs dans les restaurants.
26:24Alors, je vais la voir.
26:25Je me dis,
26:25elle va bien et tout.
26:26Elle me dit,
26:26oui, c'est la première fois
26:28en 15 ans
26:28que j'ai pu manger de la purée.
26:30Une vraie purée
26:31onctueuse,
26:32riche,
26:33avec du goût.
26:34Parce qu'en fait,
26:34elle avait tout simplement
26:35développé des intolérances.
26:36Elle ne pouvait plus manger
26:37des protéines d'origine animale.
26:39Donc,
26:40finie la crème,
26:40finie le beurre.
26:41Et nous,
26:42on avait une purée,
26:42c'est vrai,
26:43qui était fabuleuse
26:43sur une carte
26:45qu'on est retravaillée,
26:46émulsionnée
26:46à la fois avec un mélange
26:47d'huile végétale
26:48de bonne qualité,
26:50du bouillon,
26:51une crème
26:51qu'on faisait nous-mêmes.
26:53Et elle était tellement heureuse.
26:55Et c'est là
26:56où vous vous rendez compte
26:57de l'importance
26:57de la nourriture
26:58dans la vie des gens.
26:59Oui,
26:59de l'impact aussi
27:00que ça peut avoir.
27:01Allez,
27:01on vous emmène maintenant
27:02dans les arrières-cuisines
27:03de la restauration
27:04entre les toques
27:05et les casseroles.
27:07On trouve
27:07de trop nombreuses victimes
27:09de violences psychologiques
27:10ou physiques
27:10et on en parle
27:11tout de suite
27:12dans le Dessous des plats.
27:19Dans les cuisines
27:20de la plus haute gastronomie
27:21et française
27:22comme dans celle
27:23des bistrots de quartier,
27:24le vocabulaire
27:25reste le même.
27:26Il n'y a pas d'équipe
27:27mais une brigade
27:28tenue par un chef
27:29à qui il faut répondre
27:30haut et fort
27:30huit chefs
27:31travaillés entre 50
27:33et 70 heures
27:33par semaine
27:35parce qu'en cuisine,
27:36un douloureux mythe perdure.
27:38Rigueur et excellence
27:39riment encore
27:40avec violence.
27:41C'est pour dénoncer
27:42ce système
27:43qui broie
27:44et montrer
27:44qu'il existe
27:45d'autres voix
27:46que Nora Boisani
27:48a rassemblé
27:48des dizaines
27:49de témoignages.
27:50Notre journaliste
27:51Marion Baker
27:52l'a rencontrée.
27:53Regardez.
27:53Je pense que
27:56si vous demandez
27:57à n'importe qui
27:58dans la restauration,
27:58ils ont subi
27:59ou vu
28:00de la violence
28:01en cuisine.
28:01J'ai fait
28:02trois ans
28:03dans la restauration
28:03dont trois entreprises
28:05et dans toutes les entreprises
28:06j'ai vécu
28:07des outrages sexistes
28:08et dans une
28:09j'ai subi
28:09de l'harcèlement sexuel.
28:10Érine a accepté
28:12de témoigner
28:13car elle a depuis
28:14quitté ce milieu.
28:16J'étais mineure.
28:17La première fois
28:17que j'ai travaillé,
28:18j'avais 15 ans.
28:19Dès mes 15 ans,
28:20j'ai vécu
28:21des outrages sexistes,
28:22des remarques,
28:23des regards.
28:24C'est toujours
28:24sur le fil.
28:25Ils savent très bien
28:26ce qu'ils font.
28:27Moi, on me chuchotait
28:28à l'oreille
28:29« J'espère que
28:30tu es un grand lit »
28:32ou alors
28:32« Tu passes la balayette,
28:35tu m'excites comme ça »
28:37mais toujours dans l'oreille.
28:38Un des plus grands agresseurs
28:39que j'ai eus,
28:40c'était un de mes amis
28:41à la base.
28:42C'était comme un grand frère
28:43parce que moi,
28:44du coup,
28:44j'étais mineure
28:44et je lui avais déjà confié
28:46que j'étais embêtée
28:47par un des collègues
28:48et au final,
28:49ça a été lui le prochain.
28:51J'ai eu une tentative
28:52d'attouchement
28:53dans une chambre froide
28:54donc là,
28:54j'ai su qu'il y avait
28:55un problème.
28:56J'en ai parlé
28:57parce qu'une autre femme
28:58avait subi la même chose
28:59du même homme.
29:01Il a été licencié
29:02du Merci.
29:03Mais par contre,
29:04c'était quand j'ai été
29:06harcelée sexuellement
29:06que j'ai mis du temps
29:08à m'en rendre compte.
29:09J'étais dans le déni.
29:11Si Erin a pu se confier,
29:14la loi du silence
29:15règne encore en cuisine.
29:17La journaliste Nora Boisoni
29:19a enquêté pendant 5 ans
29:20et reçu plus de 3500 témoignages.
29:24Ce qui revient beaucoup,
29:25c'est l'idée d'impuissance
29:26et de « on ne croira pas
29:28parce que ce chef
29:29a une telle image,
29:31une telle aura
29:32qu'on va me dire
29:33« mais non, tu mens,
29:34c'est pas possible
29:34qu'il ou elle
29:35t'ait fait subir ça ».
29:36Ça, c'est quelque chose
29:36qui revenait énormément
29:37avec l'idée aussi
29:39que même si on parle,
29:41il va y avoir
29:42des reprises
29:42et des conséquences
29:43sur la carrière.
29:44Elle en a tiré un livre
29:45sur l'omerta
29:46qui règne dans
29:47les cuisines françaises.
29:48Cette loi du silence,
29:50elle est intégrée
29:50par tous les acteurs
29:52du secteur
29:53pour plusieurs raisons.
29:54Cette loi du silence,
29:55elle empêche de parler
29:56parce qu'il y a une impunité
29:57telle aujourd'hui
29:59pour les chefs,
30:00étoilés ou non,
30:02mais pour cette profession
30:03quand elle est exercée
30:05de manière très sophistiquée,
30:07l'excellence à la française,
30:08la gastronomie française
30:09qui rayonne à l'étranger,
30:11etc.
30:12L'impunité déjà
30:13est le terreau
30:15de la loi du silence.
30:16Des semaines de 80 heures,
30:18aux heures supplémentaires
30:20non payées,
30:21au harcèlement moral
30:22et sexuel,
30:23Nora Boisoni décortique
30:25et analyse un système
30:26économique et médiatique
30:28qui couvre ses abus.
30:29pour une prise de conscience
30:31collective
30:31de ce qui se cache
30:33derrière les pâtisseries
30:35et les assiettes
30:36de nos restaurants.
30:41Alice Thuyer,
30:42est-ce que vous aussi
30:43vous auriez pu témoigner ?
30:45Non, moi j'ai eu la chance
30:46de ne pas avoir
30:48de ces soucis-là.
30:49Est-ce que vous en avez
30:50entendu parler
30:51dans les différentes cuisines ?
30:53Bien sûr,
30:53on en entend parler, oui.
30:55Qu'est-ce que ça vous provoque ?
30:57Qu'est-ce que ça évoque
30:58chez vous ?
30:59Moi, ça provoque évidemment
31:01une forme de tristesse
31:03et puis de colère
31:04et surtout,
31:05comment est-ce qu'on fait autrement ?
31:07Parce que moi,
31:07je suis forcément,
31:08j'ai cette responsabilité.
31:10On parle bien sûr
31:10de la cuisine,
31:11de ce qu'on cherche
31:12à procurer aux clients,
31:13mais avant tout,
31:13c'est une entreprise,
31:14je vous disais,
31:1560 personnes
31:15et comment est-ce qu'on grandit
31:17d'une manière saine ?
31:18Parce que jusqu'à présent,
31:20c'est sûr,
31:20toutes les valeurs
31:21qui sont liées à la cuisine
31:22de très haute exigence
31:23étaient associées
31:24à cette forme de violence-là.
31:26Donc comment est-ce qu'on garde
31:27un niveau d'exigence
31:28sans avoir la violence
31:30qui est associée ?
31:31C'est une vraie question
31:32et je pense qu'après,
31:34la première chose,
31:34c'est le devoir d'exemplarité,
31:38d'être le meilleur exemple possible.
31:40Dès qu'il y a une ligne rouge
31:41qui est franchie,
31:41de toute façon,
31:42nous, les gens,
31:42ne restent pas.
31:43C'est licenciement immédiat,
31:44mis à pied,
31:45les procédures sont suivies,
31:47mais ça m'est arrivé déjà
31:48plusieurs fois,
31:48deux, trois fois dans nos équipes.
31:50On a été confrontés à ça
31:51et direct.
31:52Est-ce que dans vos cuisines,
31:58il y a une brigade ?
31:59Est-ce que vous êtes la chef
32:00et vous exigez
32:01qu'on vous appelle chef ?
32:03Alors moi, non.
32:04Moi, non, surtout pas.
32:06Déjà, je ne suis pas chef.
32:07Je m'estime vraiment cuisinière,
32:08mais ce n'est pas moi
32:09qui assure au quotidien
32:10dans les restaurants
32:10d'envoyer pour 250 clients par jour.
32:14On a des équipes pour ça.
32:16Ceux qui ont envie
32:16d'avoir un oui chef,
32:17le font.
32:18Ceux qui n'ont pas envie,
32:19ne le font pas.
32:20Mais malgré tout,
32:21je pense qu'il ne faut pas
32:21non plus tomber
32:22dans l'excès inverse
32:22qui serait de dire
32:23« Ah non, mais un restaurant
32:24fonctionne sans hiérarchie,
32:25en totale horizontalité. »
32:27Non, il y a besoin
32:27de meneurs d'hommes.
32:28Mais comme il y a aussi
32:29quand il faut prendre
32:30des décisions,
32:30je ne sais pas,
32:31à l'armée ou...
32:33Dans n'importe quelle organisation.
32:35Dans une organisation collective
32:36qui nécessite
32:37un niveau de décision,
32:38une prise de décision rapide
32:39et immédiate.
32:40Parce que c'est vraiment ça
32:41la différence de la restauration
32:42avec d'autres métiers
32:43et qui met autant sous pression.
32:45Mais c'est comme vous aussi
32:45avec des émissions
32:46où il y a un timing à respecter.
32:48Si ce n'est pas fait
32:48à tel moment,
32:49ça ne reviendra plus.
32:50Nous, un service qui est raté
32:51ne reviendra jamais.
32:52Ça ne va pas être rattrapé
32:53avec du télétravail
32:53le vendredi soir
32:54parce qu'on n'a pas été en forme
32:55le jeudi midi.
32:56Jamais.
32:57Et donc, c'est vraiment
32:57à repenser,
32:58c'est sûr, cette organisation.
32:59Mais on peut sortir aussi
33:00de ce vocabulaire militaire.
33:01On peut inventer.
33:02Est-ce que c'est plus facile
33:03d'imposer ça
33:03quand on est une femme ?
33:05Je pense que le fait
33:06que je sois une femme
33:07a quand même mis
33:08un certain état d'esprit
33:10dans nos cuisines
33:11et attiré aussi
33:12un certain type d'homme.
33:13Parce que même moi,
33:14ma légitimité n'a jamais
33:15été remise en question.
33:16Je sais très bien
33:17que ce ne serait pas le cas
33:17avec tous les cuisiniers
33:19qui ne comprendraient pas forcément.
33:21Puis en plus,
33:21cette nouvelle cuisine-là.
33:23Et j'ai de la chance
33:24d'avoir dans chaque établissement
33:25des chefs, des sous-chefs
33:26qui sont aussi
33:27dans cette même ligne
33:28de management
33:28parce qu'il ne faut pas
33:29non plus se leurrer.
33:30Moi, je dois avoir
33:3180% d'employés hommes
33:32ou 90% dans nos cuisines.
33:34On essaye de recruter des femmes.
33:35C'est ce que j'allais dire.
33:36Vous essayez de changer ça
33:37à votre chef ?
33:38On essaye,
33:41on va en avoir 90 déposés par là.
33:43C'est de cet ordre-là.
33:44C'est de cet ordre-là.
33:45Je n'ai pas les chiffres exacts.
33:46Non, non, mais...
33:46Évidemment.
33:47Mais en tout cas,
33:48ces ordres de grandeur
33:49sont là-dedans.
33:51Mais en fait,
33:51tant que le comportement
33:52des hommes ne changera pas,
33:53les femmes ne voudront pas
33:54non plus aller en cuisine.
33:55Donc c'est comment est-ce
33:56que nous, collectivement,
33:57avec des organisations
33:58menées par des hommes,
33:59on se comporte différemment ?
34:01Et moi, c'est ça
34:02la plus grande réussite fierté
34:03dans notre entreprise.
34:04C'est qu'en fait,
34:05au-delà des résultats,
34:06que ça fonctionne bien, etc.,
34:07c'est qu'en fait,
34:08il y a un management
34:09qui est très, très, très sain
34:10aujourd'hui dans nos restaurants.
34:11Et je vous dis,
34:11dès que les nuits rouges
34:12sont franchies,
34:12de toute façon,
34:13les personnes ne restent pas.
34:14On est très fermes là-dessus.
34:15D'accord.
34:15Parce qu'on parle
34:16de métier en tension,
34:17on parle souvent des horaires.
34:18Alors, effectivement,
34:18ils font partie
34:19de ce harcèlement un peu moral.
34:21On parle aussi des salaires,
34:22mais on ne parle pas
34:23de ces violences,
34:24de cet omerta
34:24qui décourage,
34:26notamment chez les jeunes femmes
34:28et les jeunes filles.
34:28Attendez,
34:29vous dites ça,
34:29milieu où ça crie.
34:31En plus,
34:31je vais être harcelée sexuellement.
34:34Enfin,
34:34je vais travailler le soir,
34:36je ne vais pas être assez payée.
34:37Qu'est-ce que vous voulez
34:38attirer les gens
34:39dans ces milieux-là ?
34:40Non, c'est pour ça
34:41qu'il faut vraiment
34:41faire différemment.
34:42Et alors,
34:43comment on fait
34:43pour changer l'image,
34:44justement,
34:45de cette cuisine
34:46et justement,
34:48passer à autre chose ?
34:49L'évolution de cette cuisine-là
34:51et de cette façon de faire ?
34:52Moi, je pense qu'on essaie
34:52d'en parler beaucoup,
34:53ne serait-ce même
34:54que sur les réseaux sociaux.
34:55Et souvent,
34:56la visibilité de notre marque
34:57de dément
34:57et même la reconnaissance
34:59qu'on a dans les médias,
35:00je dis souvent,
35:00ce n'est pas que pour les clients,
35:01en fait,
35:01c'est déjà pour créer
35:02une belle marque employeur
35:03et que les gens
35:04aient envie de venir
35:04travailler chez nous.
35:05Et là, même la reconnaissance
35:06des guides,
35:07tout ça,
35:07c'est pour vraiment
35:08attirer des talents
35:09dans nos cuisines
35:10une fois qu'ils sont passés
35:11chez nous.
35:11Le bouche-à-oreille va très vite,
35:12le milieu de la restauration
35:13est extrêmement petit
35:14et je pense que les gens
35:15ont un très bon critère,
35:17c'est de savoir
35:18en quel terme vous êtes
35:21avec les personnes
35:21qui sont parties
35:22de votre établissement.
35:24Et moi,
35:25on a des bonnes relations
35:26quasiment avec toutes les personnes
35:27qui sont passées
35:28par votre cuisine.
35:29Chez nous, exactement,
35:30c'était un moment de vie
35:31et ça, voilà,
35:33je vous le disais,
35:34c'est une grande fierté.
35:35Est-ce que vous êtes,
35:35pardon,
35:36est-ce que vous êtes confiante
35:37sur l'avenir ?
35:39Est-ce que vous vous dites,
35:40alors il y a mon expérience
35:41à moi,
35:42ce que j'essaye de donner
35:42à mon échelle,
35:43mais je vois bien
35:44que les choses avancent,
35:45que les choses bougent
35:45en France notamment ?
35:47Je pense que les choses
35:48bougeront obligatoirement
35:49parce que de toute façon,
35:50vous le disiez,
35:51c'est un métier en tension
35:52et à un moment donné,
35:52on ne trouvera plus
35:53une main-d'oeuvre.
35:55Donc ça va être marche
35:56ou crève,
35:59si on veut pouvoir continuer
36:00à faire de la restauration.
36:01Donc ça va bouger
36:03sans doute petit à petit.
36:05Et moi,
36:05la vraie question que j'ai,
36:06c'est que c'est possible
36:07dans des établissements
36:07de petite taille,
36:08vous avez un bistronomique
36:09de 30 couverts.
36:10Vous pouvez dire,
36:11ah, on va faire un système
36:12très sympathique,
36:13vertueux.
36:14Et quand on commence
36:14à grossir,
36:15quand on commence
36:15à avoir des plus grosses brigades,
36:17c'est là où en fait
36:18les moments de tension
36:19se créent
36:19et où l'exigence
36:21peut malheureusement
36:22être prise
36:24par le mauvais côté.
36:26Et ça va être ça
36:26le vrai challenge.
36:27C'est comment dans
36:27des grandes brasseries,
36:28dans des grands groupes
36:29et même nous,
36:30à notre échelle,
36:31de vouloir devenir
36:31un plus gros groupe,
36:32de savoir comment est-ce
36:33qu'on va continuer
36:34avec ce management
36:34beaucoup plus positif.
36:36Oui, parce que Nora dit,
36:37c'est le mythe
36:38de la gastronomie
36:39qui est au cœur
36:39de tout ça,
36:40cette espèce de graal
36:41qui justifie
36:42une espèce d'exigence
36:43complètement démesurée.
36:44Mais ce n'est pas évident
36:45de dire,
36:46on est un trois étoiles
36:46et on n'est pas exigeant.
36:48Comment vous pensez
36:50qu'on peut concilier
36:51une grande exigence
36:52mais sans tomber dans...
36:54Et bienveillance,
36:55exigence et bienveillance.
36:55On est tombé dans cette espèce
36:56de course effrénée
36:57au mythe
36:57de la gastronomie française.
36:59C'est fermeté et bienveillance.
37:01Moi, je reste très ferme
37:01aussi dans notre établissement.
37:02C'est pour ça que je vous dis,
37:03on ne verse pas non plus
37:04dans l'excès inverse.
37:06Oui, mais je trouve
37:07que malheureusement,
37:07parfois,
37:08ces questions-là
37:08sont abordées
37:09par des personnes
37:10qui vont justement
37:11vouloir mettre en place
37:11des systèmes
37:12qui sont complètement...
37:13où il n'y a plus d'hierarchie,
37:14où tout le monde est beau,
37:15tout le monde est gentil
37:16et on va travailler 35 heures
37:17dans un restaurant.
37:18Ça ne marche pas.
37:19Oui, il faut être honnête aussi.
37:20Il faut être honnête aussi,
37:21être très transparent.
37:22Et moi, je suis très transparent
37:23et je sais que le travail,
37:24il est dur et il est exigeant
37:24en termes d'intensité.
37:26Bien sûr,
37:27deux jours de repos consécutifs,
37:28deux jours et demi,
37:28on a limité les coupures,
37:29tout un tas de choses
37:30pour dire ça.
37:31Mais quand on est sur place,
37:32il y a un très haut degré
37:33d'exigence
37:34et ce n'est pas fait
37:35pour tout le monde.
37:36Et je pense que c'est
37:36très important aussi
37:37de le dire.
37:38Et en fait,
37:39on peut tenir
37:39ces deux vérités-là,
37:41l'une et l'autre,
37:42une très grande fermeté
37:43et en même temps
37:43une très grande bienveillance,
37:44une très grande correction.
37:46Et je tends
37:47et j'aspère à ça.
37:48Et très grande amplitude horaire aussi
37:51ou pas vraiment ?
37:52Est-ce que...
37:52Voilà,
37:52on entendait 80,
37:54plus de 80 heures
37:55dans le reportage.
37:56Moi,
37:56j'avais noté
37:57dans le livre notamment
37:58de Nora Boisonni
38:00entre 50 et 70 heures.
38:02Est-ce que c'est le cas aussi
38:03chez vous ?
38:03Est-ce que vous faites
38:03très attention à ça ?
38:04Non,
38:05c'est pas le cas chez nous
38:06et bien sûr,
38:06on fait très attention à ça.
38:08Et nous,
38:08on a mis un système en place
38:09qui est très transparent,
38:10qui peut passer
38:11pour déshumaniser.
38:12Mais en fait,
38:12pour moi,
38:12c'est le système le plus humain.
38:13Ça s'appelle une pointeuse.
38:14Ah oui ?
38:15Les gens arrivent,
38:15ils pointent,
38:16ils partent,
38:16ils pointent.
38:16Donc en fait,
38:17c'est complètement transparent
38:18comme système.
38:19Chacun sait où il en est
38:20sur ses heures.
38:21Les heures,
38:22elles sont rémunérées
38:23et en fait,
38:25moi,
38:25je trouve que c'est
38:25un super système.
38:27Et de toute façon,
38:27ça a envie que les gens
38:28viennent en restauration.
38:29Il faut gagner
38:30en transparence là-dessus
38:31parce qu'aussi,
38:31ça vivait beaucoup de
38:32vas-y,
38:32tu rajoutes une heure par-ci,
38:34une heure par-là,
38:34elles ne sont pas comptées,
38:35on te donne un peu de blague.
38:37C'est pas possible.
38:39Tout est déclaré chez nous
38:40et à commencer par les heures.
38:43Oui,
38:43OK.
38:43Alors,
38:44il y a eu un MeToo au cinéma
38:45qui a fait tomber
38:45pas mal de têtes prestigieuses,
38:47des superstars.
38:48Il y a eu un MeToo cuisine
38:49mais il n'a pas tout à fait
38:49les mêmes répercussions.
38:51On a l'impression
38:51que c'est plus...
38:51Est-ce que l'omerta
38:52dans la cuisine
38:53est encore plus forte
38:54que dans le milieu d'Hollywood
38:55dans d'autres milieux ?
38:56Je pense aussi
38:57que ça fait moins couler les dents
38:58parce que c'est un métier
38:58qui faisait moins rêver.
38:59Vous voyez les stars de cinéma
39:00quand on fait tomber
39:01des grandes idoles,
39:02c'est quand même une autre encleure.
39:03Aujourd'hui,
39:03les chefs sont des stars.
39:05Mais aujourd'hui,
39:05comme tous les milieux,
39:06je crois que la gastronomie
39:07s'est aussi démocratisée.
39:08Vous voyez,
39:09les jeunes,
39:09ça ne les fait même plus rêver,
39:10les trois étoiles.
39:11Très honnêtement,
39:11moi je les vois,
39:12les jeunes d'école de cuisine
39:13alors que c'était le cas
39:13il y a 20 ans
39:14où même moi je rêve.
39:16C'est ces grands établissements
39:17qui me font rêver.
39:18Aujourd'hui,
39:19les jeunes biberonnés
39:20avec les émissions culinaires,
39:22les réseaux sociaux
39:22et TikTok et du Instagram,
39:25c'est beaucoup moins
39:25ces grands chefs-là
39:26qui les font rêver
39:27ou les grands établissements,
39:28les grands palaces.
39:28On voit même l'économie
39:31et les business models
39:32de ces établissements changent.
39:33Aujourd'hui,
39:33ce n'est plus avoir un trois étoiles
39:34qui compte dans un palace à Paris.
39:35Pour beaucoup,
39:36ce n'est plus ça.
39:37C'est d'avoir un chef
39:37qui est très vu sur les réseaux sociaux.
39:39Et qui a une belle image
39:40et qui diffuse des belles valeurs.
39:42Donc en fait,
39:42si vous voulez,
39:43il y a quand même...
39:44Le milieu,
39:45je ne trouvais plus le même,
39:46ne fait pas rêver
39:46de la même manière.
39:48Mais aujourd'hui,
39:48moi, c'est vrai,
39:48j'aurais un palace.
39:50Je me dirais,
39:50est-ce que je mise vraiment
39:51sur un chef ?
39:52Parce qu'aujourd'hui,
39:52c'est compliqué
39:53de trouver des personnes
39:54qui ont un...
39:55On est sûr que le dossier
39:56est complètement clean.
39:57Oui, évidemment.
39:58Évidemment.
39:59Est-ce que...
39:59Dernière question
40:00sur ce sujet-là.
40:01Est-ce qu'on voit
40:02de plus en plus
40:02de cuisines ouvertes
40:04dans les restaurants ?
40:04Est-ce que ça participe aussi
40:05de cette amélioration,
40:07le fait que tout soit transparent ?
40:08On parlait de la transparence
40:09tout à l'heure.
40:10Cuisine ouverte,
40:11les clients voient
40:11un peu comment ça se passe.
40:12Du coup,
40:13on entend aussi
40:13peut-être moins crier.
40:15Ça fait partie
40:15de cette amélioration
40:17du système
40:17ou pas vraiment ?
40:18Complètement.
40:19Moi, je pense que
40:19cette nouvelle cuisine
40:20qui est...
40:21Cette nouvelle gastronomie
40:22décomplexée,
40:24plus accessible
40:24qui est arrivée
40:25dans les années 2000,
40:26c'est aussi beaucoup passé
40:26par les cuisines ouvertes.
40:28Et vous l'avez dit,
40:29ne serait-ce que le volume sonore,
40:30en fait, ça change tout.
40:31On ne peut pas crier
40:32quand il y a une cuisine ouverte.
40:33Et puis aussi,
40:34on a une cuisine...
40:35Ça, c'est de l'autre côté,
40:35je vous dis,
40:36côté restaurateur,
40:37on est sûr
40:37qu'il y a une cuisine impeccable
40:38et complètement clean.
40:39Donc, ça a plusieurs aspects
40:42positifs.
40:43Alors moi,
40:43j'ai aussi entendu
40:44que c'était une solution
40:44un peu en trompe-l'œil
40:45parce que tout ce qui se passe,
40:46ça se passe au-dessous
40:46de la ceinture
40:47et on peut très bien
40:48mettre la main
40:49à une jeune cuisinière
40:50et ça ne se voit pas.
40:51Elle est obligée de sourire
40:52parce que justement,
40:52elle a les clients devant elle
40:53et elle ne peut pas
40:54s'amuser à crier.
40:54Donc, ça apporte
40:55un peu de solution
40:56mais voilà,
40:56ce n'est pas la solution miracle.
40:57Vous l'avez raison.
40:58Alors, on l'a dit,
40:58la cuisine asiatique
40:59est l'une des préférées
41:00de l'Hexagone.
41:02Seulement, voilà,
41:02pour se régaler,
41:03il faut donc importer
41:04des aliments
41:05qui poussent
41:06à des milliers
41:07de kilomètres.
41:07Enfin, ça,
41:08c'était avant
41:09que des maraîchers français
41:10ne se lancent
41:11dans leur culture
41:12et avec eux,
41:13on met les pieds
41:13dans le plat.
41:20Oui,
41:20amateurs de cuisine exotique
41:21et asiatique,
41:22vous allez bientôt
41:23ne plus avoir
41:23mauvaise conscience
41:24en préparant
41:25vos rissotés,
41:26vos liserons d'eau
41:26ou autres aubergines
41:27chinoises à l'ail
41:28avec ces légumes
41:29qui viennent du bout du monde.
41:31Figurez-vous donc,
41:31Valéry,
41:32que désormais,
41:32il pousse chez nous
41:33à Blois,
41:34c'est pas très loin de Paris.
41:35Reportage dans ce potager
41:36exotique avec
41:37Mathéo Stéphan
41:38et Juliette Prunier.
41:40Dans le potager
41:41de Masato Fujisaki,
41:43quelques tomates
41:44et oignons,
41:45mais surtout,
41:46de nombreux légumes
41:47et aromates
41:48plus exotiques.
41:49Là, je suis en train
41:50de ramasser
41:50des aubergines asiatiques.
41:53Là, plus précisément,
41:54c'est les aubergines
41:54chinoises.
41:56C'est des variétés
41:57qui sont
41:58qui ont la particularité
42:00d'avoir une peau fine,
42:01une chair tendre.
42:03Autre plantation,
42:05le shizo,
42:06un basilic japonais
42:07aux arômes de cumin.
42:09Au total,
42:10Masato produit
42:11une cinquantaine
42:11de fruits et légumes,
42:13près de la moitié
42:14d'origine asiatique.
42:15En fait,
42:16il faut que tu les tenais
42:17bien par là,
42:18quoi.
42:18Ouais.
42:19Non, ça vient...
42:20Ça vient tout seul.
42:22Presque tout seul.
42:24Depuis 4 ans,
42:26ce maraîcher franco-japonais
42:27s'est spécialisé
42:28dans la récolte
42:29de ses cultures lointaines,
42:31découvertes,
42:32lors d'un stage
42:33de 6 mois
42:33dans une ferme nippone.
42:35Pour cultiver
42:35certains légumes
42:36tropicaux,
42:37peu habitués
42:38au climat tempéré
42:39des campagnes françaises,
42:41Masato
42:41a dû trouver
42:42quelques astuces.
42:43Alors là,
42:44on a du lison d'eau.
42:45Lison d'eau,
42:46c'est un épinard asiatique
42:47qui est très populaire
42:49en Asie du Sud-Est
42:50et qui du coup
42:50vient d'un climat
42:51un peu subtropical.
42:53Donc ça,
42:54pour s'adapter ici,
42:55on est obligé
42:56de le faire sous serre, quoi.
42:57Une partie de la production
42:59est vendue
42:59aux professionnels
43:00de la restauration.
43:02Pour le reste,
43:03direction le marché de bois
43:04deux fois par semaine.
43:06Bonjour.
43:07Bonjour.
43:07Bonjour.
43:07Bonjour.
43:08L'épinard, oui.
43:09C'était une évidence
43:10pour moi
43:10d'être en bio
43:11et puis,
43:13bien sûr,
43:13de pouvoir proposer
43:14ces légumes
43:15un peu atypiques,
43:17asiatiques,
43:18localement.
43:19Ça permet
43:19de limiter
43:21l'empreinte
43:21carbone des légumes.
43:23Donc ça permet
43:24d'éviter
43:24de les importer.
43:25Par exemple,
43:26la Sibou,
43:26souvent,
43:27c'est importé
43:27de Thaïlande.
43:28et c'est très rare
43:29d'en trouver
43:30le produit
43:30en Europe.
43:31Côté client,
43:32il y a les curieux
43:33et les habitués.
43:34Chaque année,
43:35j'attends
43:35les aubergines longues,
43:36parce que c'est vraiment
43:37un goût particulier.
43:38C'est pas du tout
43:39le goût d'aubergines.
43:40C'est très doux
43:41et à la plancha,
43:42c'est un régal
43:43que l'on les mange
43:44chaud ou froid.
43:45Le ciseau,
43:46je ne connaissais pas du tout.
43:47Je vais m'en servir
43:47sûrement pour faire
43:49du taboulé.
43:49En taboulé,
43:51à la plancha
43:52ou en sauce,
43:53les légumes
43:54et la cuisine asiatique
43:55ont la cote.
43:56Deux Français sur trois
43:57en consomment
43:58au moins une fois par mois.
44:00Alors, Alice,
44:00j'ai scanné attentivement
44:01vos menus,
44:02mais vous me proposez,
44:02à part peut-être
44:03les chicatés
44:03dont on vient de parler,
44:04pas de légumes
44:06et d'herbes asiatiques
44:07vraiment à proprement parler.
44:08Est-ce que je me trompe ?
44:08Non, c'est vrai.
44:09Je ne savais pas
44:10qu'il y en avait en France
44:11qui poussaient en France.
44:13Nous, c'est vrai
44:14que comme on propose
44:15sur du local,
44:16du durable,
44:17même notre guacamole
44:18n'est pas fait
44:18avec de l'avocat,
44:19il est fait avec du brocoli.
44:20C'est vraiment l'idée
44:21au-delà de proposer
44:22du 100% végétal,
44:23c'est du végétal
44:24qui a du sens,
44:24donc du végétal local
44:26et de saison.
44:26Donc, ça va vous faire
44:27changer d'avis.
44:27Vous allez courir à Blois,
44:28ramener des aubergines
44:29parce que là,
44:30pour le coup,
44:31ça peut être sympa
44:31de faire des aubergines chinoises
44:32ou des liserondos
44:34pour vous qui cherchez
44:35à magnifier le végétal
44:36avec des végétaux
44:37qui sont peu connus
44:37des Français.
44:38Là, ça va nous ouvrir
44:38d'autres horizons
44:39et puis c'est des produits
44:40très appréciés.
44:40On le voyait dans le reportage.
44:42Ce qui veut dire
44:42que, de manière générale,
44:44vous n'importez pas
44:45dans vos restaurants
44:45des aliments
44:47qui dépassent
44:4810, 20, 30 kilomètres,
44:50100 kilomètres.
44:50Non, on essaie plutôt
44:51dans les 200 kilomètres
44:52autour de Paris.
44:53Mais après,
44:54c'est vrai aussi
44:54qu'on va aller titiller
44:56le sud de la France
44:57pour avoir des légumes
44:58d'été un peu plus tôt
44:59que...
45:00Ou des bouteilles de vin.
45:01Ou en bouteille de vin,
45:02exactement.
45:03On est gâtés en France.
45:04On a quand même
45:05énormément de choses.
45:06Et alors, justement,
45:07le yuzu
45:08et la mandarine,
45:09Satsuma,
45:10je le dis bien,
45:11vous êtes le spécialiste,
45:12sont désormais adaptés
45:13au climat français.
45:14Est-ce que c'est une bonne nouvelle
45:15ou c'est plutôt inquiétant ?
45:18Encore une fois,
45:19de toute façon,
45:19soit on peut aller
45:20avec le changement,
45:21soit on peut aller contre.
45:21Donc autant aller avec.
45:22Et profitons-en.
45:23Donc vous dites
45:24que c'est plutôt
45:24une bonne nouvelle
45:25et voilà.
45:26Oui, exactement.
45:28Ça, des naturiens,
45:29ces agrumes ont été poussées
45:31notamment près de Perpignan,
45:32le sud de la France
45:33ou en Corse.
45:33Effectivement,
45:34on a la culture de l'agrume,
45:35on a réussi
45:35à faire pousser des yuzu
45:37alors qu'avant,
45:37c'était hors de prix,
45:38c'était n'importe quoi,
45:40ça venait du Japon.
45:41Si vous deviez
45:42exaucer un rêve
45:43et dire à ce type de blois
45:45qui cuisine,
45:46qui pousse,
45:46qui fait pousser ses légumes,
45:48qu'est-ce que vous aimeriez
45:48comme légumes asiatiques
45:50sur votre table ?
45:51Moi, je suis dingue
45:52de fruits exotiques.
45:54Donc alors,
45:55si on pouvait avoir des fruits,
45:56moi, j'en serais ravie
45:57parce que la saison...
45:58C'était un peu plus compliqué
45:59pour les fruits.
45:59C'était peut-être
46:00un peu plus compliqué
46:00mais j'ai un copain
46:01du côté de Saint-Vrin
46:02au Doyenay
46:02et j'ai vu
46:03qu'il faisait du fruit
46:07de la passion
46:07mi-cerre, mi-extérieur.
46:09Avec Valérie,
46:10on a parlé d'une expérience
46:10de vanille en Bretagne aussi.
46:12Absolument.
46:13Oui, j'avais vu ça également.
46:14Avec la Réunion ?
46:15Oui.
46:16Alors les légumes,
46:17vous n'avez pas répondu
46:17à ma question.
46:18Parce qu'au Vietnam,
46:19désert, des légumes,
46:20il y en a partout.
46:21J'étais pénible.
46:22Oui, si,
46:23vous savez,
46:24tout ce qui est épinards
46:26vietnamien
46:27entre l'isondo
46:28et l'épinard,
46:29toutes ces variétés-là,
46:30c'est sûr,
46:30ça serait super.
46:31Il y a beaucoup
46:31de légumes feuillus
46:32qu'on ne connaît pas,
46:33même ici,
46:34des feuilles vertes
46:36qui sont fabuleuses
46:37pour apporter de la fraîcheur
46:38dans la cuisine.
46:39Ces initiatives,
46:40elles sont fantastiques,
46:42sympathiques,
46:42mais est-ce qu'elles ne sont pas
46:43un peu trop rares ?
46:44Il n'y a pas de quoi faire trembler
46:45finalement les géants
46:45de l'agroalimentaire ?
46:48Oui,
46:48je pense que ça reste quand même
46:49des choses qui sont assez limitées
46:51et pour une niche,
46:52mais il faut regarder aussi
46:53ce qui se vend.
46:54Aujourd'hui,
46:54en fruits et légumes,
46:56ça va être carottes,
46:58pommes de terre,
46:58tomates,
46:59et c'est quand même à l'année,
47:00donc il y a des vraies questions
47:01là-dessus.
47:02Mais malgré tout,
47:04ça reste bien
47:05et toutes les initiatives
47:05qui vont dans le bon sens
47:07participent.
47:08Et comme ici,
47:09on ne finit jamais un repas
47:10sans une note sucrée,
47:11on passe maintenant
47:11au dessert
47:12avec le péché mignon.
47:13Mais avec pas un dessert,
47:18mais deux,
47:19grâce à Alice.
47:20Deux desserts.
47:21Deux desserts.
47:21D'abord,
47:22le sneaker,
47:23qui est sans doute
47:23une extrapolation
47:24d'une barre chocolatée
47:26qu'on a mangée
47:27quand on était jeune
47:28et qu'on mange toujours.
47:28Ça, c'est pour vous
47:29parce que je l'ai déjà goûté
47:29dans le restaurant.
47:30C'est très gentil.
47:30Et là, il y a trois jolies
47:31mousses végétales.
47:32Une mousse avec,
47:33je parle sous le contrôle
47:34d'Alice,
47:35avec un peu de chocolat au lait.
47:37Une mousse au chocolat blanc
47:39et une mousse au chocolat noir
47:41avec un cru
47:42qui vient,
47:43puisqu'on parle de cru
47:44avec le chocolat,
47:44qui vient de Colombie.
47:45Exactement, 70%.
47:4770%.
47:48On va goûter ça.
47:48Alors ça,
47:49il faut vous expliquer,
47:50il n'y a pas d'œuf
47:51à l'intérieur de cette mousse.
47:52Rien du tout.
47:53Ni de blanc, ni de jaune,
47:54bien entendu.
47:54Ni de jaune, ni de blanc,
47:55ni de beurre.
47:56Donc, on va aller travailler
47:57les textures en mélangeant
47:58différentes protéines végétales
48:00et aussi la farine de riz
48:02qui va apporter de la souplesse.
48:03Un peu de souris.
48:04Voilà, un peu de riz aussi.
48:06J'y reviens.
48:07Mais alors, vous utilisez
48:08ce qu'on utilise
48:09et ce que certaines ménages
48:10utilisent,
48:11c'est cette eau de pois chiche,
48:12par exemple ?
48:12On en utilise aussi, ouais.
48:14La fameuse aquafaba
48:15qui permet en effet
48:17qu'il va,
48:18parce que comme c'est
48:18très protéiné,
48:20une fois émulsionné,
48:20il va vraiment gonfler
48:21comme du blanc d'oeuf.
48:22Vous en avez un petit peu
48:23aussi dans les mousses.
48:25Vous allez voir.
48:25Alors, expliquez-nous
48:26ce Snickers.
48:28Là, concrètement.
48:29Il est gourmand.
48:30Vous avez un biscuit cacao
48:31très dense
48:33avec une crème cacahuète
48:34qui va être au contraire
48:35désucrée, assez légère,
48:36de la fleur de sel
48:37des cacahuètes chouchous
48:38copeaux de chocolat
48:39et on a fait un petit caramel
48:40de miso
48:41pour avoir un peu
48:42des parfums fruités
48:43sur le caramel.
48:44C'est incroyable.
48:45Non, non, mais c'est incroyable.
48:45C'est vraiment tout ce que j'aime.
48:47Pourquoi ?
48:47C'est tout ce que j'aime,
48:48mais pourquoi ?
48:49Jean-Pierre rigole
48:49parce que moi,
48:50je suis très adepte
48:51de ce qu'on appelle
48:51la malbouve.
48:52Donc moi,
48:52les Snickers,
48:53les vrais,
48:54j'en ai mangé beaucoup.
48:55Je les apprécie.
48:57Pourquoi vous avez décidé
48:58de donner ce nom-là,
48:59ce nom un peu
49:00qui fait fast-food américain
49:02à justement
49:03ce dessert ?
49:05Dans chacune de nos adresses,
49:06on a une forme
49:07de déclinaison du Snickers.
49:08C'est resté aussi
49:09que moi,
49:09j'aime bien aussi
49:10les côtés un peu plus trash.
49:12Ok.
49:12Voilà, junk food.
49:13Junk food, fast-food,
49:14donc tout ce pétri
49:15de contradictions.
49:17Et c'est vrai
49:18que ce moment
49:19de petit réconfort,
49:20de shot de sucre,
49:21de câlin,
49:21on peut en avoir besoin
49:22dans la journée.
49:23Et c'est comment
49:24est-ce qu'on le fait
49:24d'une manière
49:25un petit peu meilleure.
49:27Mais aussi,
49:27ça parle à tout le monde
49:27en fait comme produit.
49:29Ah bah oui,
49:29c'est ce que j'allais dire.
49:30C'est délicieux,
49:31c'est meilleur.
49:31Et vous parliez
49:32de ce shot de sucre,
49:33pourtant,
49:34c'est désucré.
49:34Vous avez même
49:35utilisé ce terme.
49:36C'est important pour vous
49:37de désucrer ?
49:38Un petit peu,
49:38mais pas non plus à l'excès
49:39parce qu'en fait,
49:40le sucre,
49:41il serait important
49:41dans la structure
49:42d'un dessert
49:42parce qu'on peut
49:43désucrer,
49:43désucrer,
49:44désucrer,
49:44mais ça fait partie
49:45des composantes chimiques
49:46qui vont vous donner
49:46la structure.
49:47À un moment,
49:49c'est pas possible.
49:50C'est vraiment...
49:50Donc, il faut aussi
49:51accepter de manger du sucre,
49:52mais est-ce qu'on en mangeait
49:53autant que ce qu'on faisait,
49:55ça vaut le coup ?
49:55Pas forcément.
49:56Mais le faire encore une fois
49:57dans la nuance.
49:58Tout ce que je vous raconte
49:59aussi tout à l'heure,
50:00ça pouvait être
50:00sur les violences en cuisine,
50:01enfin la structure
50:02d'une brigade,
50:02tout est toujours
50:03dans la nuance
50:03et je ne crois pas
50:04beaucoup au discours
50:05noir et blanc
50:05ou sans sucre complet
50:08mais entre les deux,
50:10il y a quelque chose
50:10à trouver.
50:11Ou alors utiliser
50:11des ersatz de sucre
50:12qui peuvent exister.
50:13Le miel, par exemple,
50:14fonctionne beaucoup
50:14en patristique.
50:15Ça reste du sucre.
50:15Alors dans la lignée
50:16des sneakers,
50:17parce que nous,
50:17on a connu
50:18toutes ces barres chocolatées,
50:19c'est mon enfance.
50:20Est-ce que vous allez
50:20en faire une déclinaison
50:21avec un petit goût de paradis
50:23comme disait la pub
50:28au prix exotique ?
50:30Mais peut-être,
50:32peut-être.
50:32C'est peut-être dans les bacs.
50:33Il y a peut-être
50:33quelque chose aussi
50:34avec de la menthe.
50:35La menthe ?
50:36Oui, menthe chocolat,
50:37il paraît.
50:39Alors, ça j'imagine
50:41parce que c'est un best-seller.
50:42On vient manger
50:42une mousse au chocolat végétale.
50:44Exactement.
50:44Là, vraiment,
50:45vous êtes un restaurant
50:46où on vient pour ça, non ?
50:47On vient pour ça
50:48parce qu'en plus,
50:49on le sert en bar à mousse
50:50où les gens voient
50:51les grands pots de mousse
50:54comme ça avec les mousses au choix.
50:56Il y a des petits toppings
50:56qu'on peut avoir en plus.
50:58Là, je vous les ai apportés
50:59pour le clin d'œil
51:00et voir qu'on pouvait faire
51:00aussi des textures crémeuses
51:01sur du végétal.
51:03Et c'est vrai
51:05que ça marche très bien
51:05parce que ça parle à tout le monde
51:07des mousses au chocolat.
51:09Et je vous disais déjà,
51:10dans la cuisine,
51:10on essaye de rappeler
51:11un imaginaire
51:12mais encore plus pour le salé,
51:13je trouve que c'est très très fort
51:14sur le sucré.
51:16Qu'est-ce qui entoure là
51:17ce sneaker ?
51:18Expliquez-moi ça, c'est quoi ?
51:20Cette crème végétale
51:20que vous allez avoir,
51:21celle-là,
51:22c'est une crème qui est faite
51:23notamment à base de protéines de pois.
51:25Vous voyez ?
51:26Et en fait,
51:26on va réussir à retrouver
51:27une émulsion
51:28avec de la crème de soja
51:31qui est très protéinée.
51:32Je n'aurais pas parié
51:33une seconde sur ça,
51:34c'est incroyable.
51:35Donc du coup,
51:35est-ce que vous travaillez quand même ?
51:37Parce que tout à l'heure,
51:38en tout,
51:39je fais un lien
51:39avec le début de l'émission,
51:40vous disiez,
51:40voilà,
51:41le but,
51:41ce n'est pas de donner du faux
51:42ou en tout cas
51:43de faire un air de zats,
51:44on veut vraiment proposer
51:45autre chose
51:45et montrer à nos clients
51:47que ça peut plaire.
51:48Là, concrètement,
51:49j'ai cru que c'était...
51:50Enfin,
51:50je n'aurais jamais dit
51:51que c'était du poids, quoi.
51:53Mais c'est vrai
51:54que sur les desserts,
51:55quand même,
51:56on va essayer
51:56d'aller vers des choses
51:58qui vont être réconfortantes
52:00et qui vont nous rappeler.
52:02Mais pour autant,
52:03je ne vais pas les faire
52:03par exemple
52:03avec un flan parisien
52:04parce que ça n'aurait pas de sens.
52:06Un flan va avoir tellement
52:07le goût d'œuf,
52:08le goût de beurre,
52:10de la pâte.
52:10Ce n'est vraiment pas
52:11ce que je vais aller chercher.
52:12Je vais chercher des choses
52:13où là,
52:13de toute façon,
52:14il va y avoir aussi
52:14de la cacahuète.
52:15La cacahuète va apporter
52:16du gras, naturellement,
52:17et de la structure au dessert.
52:19On ne cherche pas
52:21avant que chez moi,
52:22je pense que vous ne mangerez jamais,
52:23il ne faut pas dire jamais,
52:24mais un Saint-Honoré.
52:26Ce n'est pas le genre de choses
52:27où j'ai envie
52:28qu'en fait,
52:28ce soit comme le vrai
52:29mais en moins bon.
52:30Non, au contraire,
52:31on va faire un petit peu différent
52:32mais là où ça s'adapte.
52:34Vous pouvez aller
52:35encore dans le répertoire asiatique.
52:37Ça serait pas mal
52:39parce qu'il y a plein de desserts
52:40avec des bananes,
52:40avec des aryéco rouges,
52:41avec du tapioca,
52:42avec du lait de coco,
52:43tout ça est végétal.
52:45Végétal ?
52:45Moi, j'adore les desserts asiatiques.
52:46Mais ça vient de très loin.
52:47Donc là,
52:48je revends dans mon truc.
52:49Le lait de coco.
52:51Et vous voyez même,
52:52par exemple,
52:52on travaille aussi
52:53beaucoup sur les laits d'avoine
52:55parce que justement
52:55l'avoine pousse
52:56très près de chez nous
52:57dans des grandes quantités
52:58et c'est beaucoup moins
52:59consommateur en eau
53:00que l'amande.
53:02Et l'amande,
53:02c'est où ?
53:03Ça vient de Turquie ?
53:04Enfin bref,
53:04il y a tout un tas de questions
53:05et vous comprenez
53:06pourquoi je dois un peu
53:07faire travailler mon jus de cerveau
53:09pour trouver une solution.
53:10Oui, mais le résultat
53:11est délicieux.
53:12Voilà, gourmand et délicieux,
53:14c'est très fort
53:14et on termine évidemment
53:15ce magnifique repas en musique
53:17avec ce titre
53:18et cette voix surtout
53:19que tout le monde reconnaîtra.
53:20La vie ne vaut rien, rien
53:24La vie ne vaut rien
53:27Mais moi quand je tiens, tiens
53:31Mais moi quand je tiens
53:33Là dans mes deux mains
53:35éblouies
53:36Les deux jolis petits seins
53:38de mon amie
53:40Là je dis
53:41Rien, rien, rien
53:44Rien ne vaut la vie
53:47Ça a été bien cette chanson
53:48Il a vu l'espace qui passe
53:54Entre la jet set, les faces, les palaces
53:57Et puis les techniciens de surface
53:58Alors pourquoi ce choix ?
54:00Pourquoi cette chanson ?
54:02J'adore
54:03Souchon me réconforte toujours
54:04Je l'écoute souvent
54:06Je le mets dans les restaurants
54:07Et puis c'est en fait
54:09Ce qu'il raconte dans cette chanson
54:11C'est que la vie ne vaut rien
54:12Mais rien ne vaut la vie
54:13Et en fait
54:14Quand c'est pas forcément facile
54:15Je sais pas
54:17On se réengage dans un service
54:18On mange quelque chose qui est bon
54:20On profite des jouissances de la vie
54:21Et c'est reparti
54:22Super
54:23Je vous remercie infiniment
54:25Alice Thuyet
54:26Merci Alice
54:27D'avoir partagé vos émotions
54:28Vos sentiments
54:30Et puis cette formidable cuisine
54:31C'était incroyable n'est-ce pas ?
54:33Oui, cuisine avec
54:34Et non pas une cuisine sans
54:35On retiendra ça
54:36Merci beaucoup Alice Thuyet
54:37Merci d'avoir partagé ce repas avec nous
54:39Et puis nous on se retrouve évidemment
54:40Très vite pour un prochain numéro
54:41De Politique à table
54:42Rien, rien, rien
54:51Rien ne vaut la vie
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