00:00Étienne Loire, pour bien commencer la journée, ici Matins.
00:05Elle était hier soir à Matignon, au cœur des négociations.
00:08Ce matin, elle est dans les studios d'ici Saint-Étienne-Loire.
00:11Elle se téléporte trissant.
00:12Vous recevez la sénatrice communiste de la loi, présidente du groupe communiste au Sénat.
00:16Bonjour Cécile Cuckermann.
00:18Merci d'être avec nous ce matin.
00:19On doit avoir un Premier ministre d'ici demain soir selon l'Elysée.
00:23Vous êtes revenue à Saint-Étienne avec l'espoir d'un Premier ministre de gauche ?
00:27Écoutez, je crois que c'est plus qu'un espoir.
00:28C'est une nécessité démocratique.
00:30Les Français ont voté.
00:31Il y a eu une dissolution il y a un peu plus d'un an maintenant.
00:34La gauche est arrivée en tête en nombre de députés, la coalition de gauche.
00:40Et les macronistes, comme la droite, ont été battus aux élections.
00:43Ce n'est pas une appréciation.
00:45C'est une réalité, j'aurais presque envie de dire, mathématique.
00:48Et en démocratie, mais c'est ainsi, en démocratie, ce n'est pas le perdant qui dirige.
00:53Sinon, ça ne marche pas.
00:54Et on nous avait d'ailleurs annoncé beaucoup de stabilité pour l'année qui vient de s'écouler.
00:59Je pense que chacune et chacun d'entre nous peut convenir que nous ne sommes pas du tout dans la stabilité politique.
01:04Mais est-ce que c'est probable que vous a répondu Sébastien Lecornu hier ?
01:07Sébastien Lecornu n'avait pas pour mission de nous dire, il avait pour mission d'écouter et de faire synthèse.
01:13Alors je ne sais pas, bien évidemment, la teneur exacte de la synthèse,
01:17mais je crois qu'il a oublié quelques mots dans ce que d'ailleurs les uns et les autres nous lui avons dit.
01:22Nous lui avons dit effectivement que la dissolution en soi n'est pas une bonne solution.
01:27Dès lors que le processus démocratique est respecté et qu'un Premier ministre issu des rangs de la gauche
01:32puisse être nommé et mettre en débat des propositions qui d'ailleurs sont majoritaires dans le pays,
01:39l'abrogation de la réforme des retraites et une véritable justice fiscale
01:41qui permet à celles et ceux qui souffrent d'être moins imposés
01:46et à celles et ceux qui gagnent le plus, nous parlons de 1500 à 2000 ménages en tout dans notre pays,
01:51eux puissent contribuer à hauteur de ce qu'ils gagnent.
01:55Voilà, s'il ne le souhaite pas, il ne le fera pas.
01:59Nous n'avons pas les pouvoirs de contraindre le président de la République,
02:01mais s'il ne le fait pas, ça ne marchera pas.
02:04Et donc je réaffirme que la dissolution n'est toujours pas la bonne solution,
02:07mais elle va finir par être la seule solution si le président de la République s'entête.
02:12Comment vous sentez les choses ? Vous avez une intuition ?
02:14Écoutez, je crois que j'ai arrêté de sentir les choses, vous savez,
02:16je crois que l'année qui vient de s'écouler a amené à beaucoup d'humilité de toutes les femmes et les hommes politiques.
02:21Celui qui a la solution, d'ailleurs, il faut, je crois, s'en méfier.
02:24En revanche, je sens les choses avec inquiétude, non pas pour moi,
02:28je sens les choses avec inquiétude pour le devenir du quotidien des Françaises et des Français,
02:33parce que je ne crois pas, malheureusement, au regard de ce qui a été annoncé par Sébastien Lecornu hier soir,
02:39que nous allons vers un peu plus de justice sociale et fiscale dans notre pays,
02:43ce dont ont terriblement besoin les Françaises et les Français.
02:46Au fond, est-ce que ces négociations ont servi à quelque chose ?
02:49Ce que vous nous dites, c'est que ça va être retour à la case départ ?
02:52Écoutez, ça, nous le serons demain, après les propos du président de la République.
02:55Si, effectivement, c'est retour à la case départ, il faudra même, je crois, nous interroger
02:58sur à quoi servent, finalement, toutes ces négociations.
03:02Je n'ai aucun souci pour aller à Matigne autant qu'il le faut,
03:04mais je suis comme tout un chacun, j'aime bien faire des choses d'utile dans ma vie.
03:08Et si ce que nous disons, ce que nous posons est systématiquement tronqué et n'est pas entendu,
03:13eh bien, nous irons nous exprimer ailleurs et nous organiserons les choses différemment dans ce pays, oui.
03:18Allez, dans le bureau d'Emmanuel Macron, par exemple, plutôt, c'est lui qui a le dernier mot.
03:21Encore faut-il qu'il souhaite nous inviter.
03:23Et comme par hasard, c'est marrant, de cela, il n'en veut pas.
03:25Il continue de s'isoler un peu plus tout seul chaque jour, de décider tout seul.
03:29Et je crois que, comme dans la vie du quotidien,
03:31quand on décide tout seul, on ne prend jamais les bonnes décisions.
03:34Le scénario d'une dissolution, ça vous fait peur ?
03:37Non, et nous y sommes prêts, et nous l'avons dit, là encore.
03:41Mais nous pensons que des élections précipitées n'est jamais une bonne chose.
03:45Pour le coup, démocratiquement, des élections, nous l'avons connue déjà,
03:49dans un temps très resserré, qui ne permet pas, bien évidemment,
03:53de déployer les idées et de faire nourrir la réflexion de nos concitoyens et de nos concitoyennes.
03:58En revanche, si c'est, comme je le disais, la seule solution aujourd'hui,
04:02nous irons, et nous irons de manière offensive,
04:05pour porter des exigences qui, à nos yeux, et nous l'entendons chaque jour,
04:09sont tout de même majoritaires dans, en tout cas, l'exigence de nos concitoyens.
04:15On risque d'avoir une assemblée qui ressemble beaucoup à celle d'aujourd'hui.
04:19Oui, je crois d'ailleurs qu'il faut que nous apprenions collectivement
04:22à sortir de ces idées d'une seule majorité, d'une seule opposition.
04:26Je crois que le tripartisme va maintenant s'installer.
04:28Cela invite à réfléchir, là encore, collectivement, différemment.
04:33Je crois qu'en tout cas, nous aurons un objectif, et nous ne devons pas le perdre,
04:37et les Français, d'ailleurs, en grande partie, y ont répondu présent,
04:40c'est de réduire la montée du Rassemblement National et de l'extrême droite,
04:45dont nous voyons d'ailleurs quelques contradictions,
04:47et nous l'avons vu hier à l'Assemblée Nationale.
04:51Vous savez, depuis quelques jours, le Rassemblement National s'excite
04:54sur toutes les chaînes info et dans tous les journaux
04:57pour exprimer la démission du Président de la République.
05:01Et pour autant, hier matin, il n'a pas soutenu la motion de destitution du Président de la République.
05:05Donc, comment vous dire ?
05:07Je crois qu'il faut sortir de l'hypocrisie, il faut faire tomber les masques.
05:10Et très certainement, pour faire tomber les masques,
05:12le retour aux urnes va devenir très rapidement une exigence.
05:15Quel regard vous portez sur ce spectacle politique, médiatique,
05:20pour les Ligériens, les Ligériennes, plus largement les Français ?
05:22Je crois malheureusement, comme tout un chacun,
05:25et comme le pensent certainement la plupart de vos auditeurs,
05:27c'est une situation dramatique.
05:30Vous savez, la politique est quelque chose de noble.
05:32Si nous nous engageons, c'est pour transformer la vie,
05:35ce n'est pas pour faire le cirque en permanence.
05:38Et je crains malheureusement que ce qui a été dit hier
05:41et ce qui a été décidé par l'Elysée
05:43nous amène encore 48 heures de commentaires en tout genre,
05:47parce qu'à la fin, je crois que tout a été dit.
05:48Donc, comme plus personne n'a rien à dire,
05:50tout le monde parle pour le plaisir.
05:53Encore un bon week-end à faire ceci.
05:55Et vous voyez, finalement, ça renforce le tous pourri
05:59et ça renforce l'Assemblée nationale.
06:00Aujourd'hui, Emmanuel Macron a une responsabilité énorme
06:03sur ce qu'il va dire ou ne pas dire demain.
06:05Mais il a la responsabilité aussi de l'avenir démocratique de notre pays.
06:09Et de cela, nous en sommes très vigilants.
06:11Merci beaucoup, Sophie Kermann, d'avoir été l'invité d'ici Saint-Etienne-Loire.
06:17Vous êtes la sénatrice communiste de la Loire
06:19et présidente du groupe communiste au Sénat.