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  • il y a 2 jours
Jean-Vincent Holeindre

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Transcription
00:00La crise politique ouverte par la démission de Sébastien Lecornu
00:03enfonce un peu plus la France dans l'incertitude politique.
00:07Et pour en parler ce matin, nous sommes avec Jean-Vincent Hollindre,
00:10politologue au Serrois et professeur de sciences politiques à Paris-Panthéon,
00:14en Assas-Thierry Boulan.
00:15Bonjour Jean-Vincent Hollindre.
00:17Bonjour.
00:18La France a connu des périodes politiques instables,
00:21notamment avec la Quatrième République.
00:23En quoi ce que nous vivons en ce moment est inédit dans l'histoire politique française ?
00:29Déjà, parce que le gouvernement qui vient de démissionner,
00:33à peine arrivé, et je crois le plus court de l'histoire contemporaine française,
00:40c'est vrai que la France est coutumière dans son histoire longue
00:44de ce type de crise institutionnelle.
00:47Si on parle d'une Cinquième République, il y en a eu quatre qui ont précédé
00:50et d'autres régimes avant.
00:53Ce qui est inédit, c'est le fait que la Cinquième République
00:57n'a sans doute jamais vécu de crise aussi profonde,
01:00qui donne le sentiment que ce n'est pas simplement une crise politique parmi d'autres,
01:04mais une crise de régime.
01:06C'est-à-dire le sentiment, au fond,
01:08qu'on est revenu à la Quatrième République,
01:10dans le sens où c'est le régime des partis politiques,
01:13chaque parti voit son intérêt,
01:16mais avec les institutions de la Cinquième,
01:18c'est-à-dire où c'est le Premier ministre qui compose son gouvernement,
01:22avec l'assentiment du Président de la République,
01:26et donc le pouvoir exécutif qui est en quelque sorte à la main dans la Cinquième République.
01:32Donc on a un fonctionnement un petit peu bâtard,
01:35où on est revenu à la Quatrième République avec les institutions de la Cinquième.
01:39Donc ça fonctionne manifestement.
01:41Le pouvoir est au Parlement,
01:42mais le Président s'acharne à vouloir garder la main,
01:45comme ça a été dit par Gabriel Attal hier,
01:48et c'est le simple constat d'une réalité de blocage,
01:52au fond, institutionnel,
01:53qui fait craindre une crise de régime,
01:56d'autant que le Président de la République a exclu sa démission.
02:02La démission du Président de la République
02:04pourrait permettre de relancer un cycle électoral présidentiel,
02:07mais ce n'est pas ce qui est prévu.
02:08Donc la seule chose qui pourrait avoir lieu aujourd'hui,
02:11c'est une dissolution,
02:13mais dans ce cas-là, dont on mesure mal aujourd'hui les conséquences.
02:16Trouver un compromis en 48 heures,
02:18comme l'a demandé Emmanuel Macron à Sébastien Lecornu,
02:24c'est possible ça, ou c'est pour gagner du temps ?
02:27C'est les deux sans doute,
02:29c'est-à-dire gagner du temps comme le Président le fait déjà depuis plusieurs mois,
02:34voire plusieurs années,
02:36depuis en tout cas la dissolution et l'absence de majorité,
02:40qui l'empêche en réalité de gouverner.
02:44C'est aussi étrange,
02:45parce qu'on a un Premier ministre qui fait un aveu d'échec
02:47et à qui on demande de négocier,
02:51alors qu'il n'est pas forcément le mieux placé pour le faire,
02:53compte tenu de cet échec.
02:55Cela étant, les partis, disons, au centre de l'échiquier politique,
03:04c'est-à-dire, je parle ici du Parti Socialiste,
03:06donc gauche, centre-gauche,
03:07et puis les LR n'ont pas intérêt à une dissolution.
03:12Donc la question qui peut se poser,
03:14c'est de savoir en effet si un accord est possible,
03:17disons, pour essayer de temporiser,
03:20et d'aller jusqu'au bout de la mandature,
03:23et jusqu'en 2027,
03:24jusqu'à la prochaine élection présidentielle.
03:26Et dans la mesure où le PS et les LR
03:30n'ont pas intérêt à une dissolution,
03:32parce que clairement,
03:33ça se ferait sans doute en faveur du RN,
03:37et donc un engloutissement des LR,
03:39et puis probablement aussi en faveur de LFI,
03:44en faveur des partis les plus radicaux,
03:46entre guillemets,
03:48donc de ce point de vue,
03:49on peut estimer que cette négociation
03:51pourrait aboutir dans l'intérêt de ces partis politiques.
03:57Mais là encore, ça ne réglerait pas la situation de fond,
04:00qui est que le pays ne peut pas être véritablement gouverné
04:03avec un cap,
04:04ce qui a des effets considérables
04:06sur la situation des Français,
04:08et puis sur les indicateurs économiques,
04:12à la bourse, etc.
04:13Et ça, c'est extrêmement inquiétant.
04:15Est-ce que la dissolution pourrait régler une partie du problème ?
04:19On entend certains politiques dire
04:21de toute façon,
04:22si c'est pour nous remettre une Assemblée nationale
04:25dans les mêmes proportions,
04:26ça ne réglera rien,
04:27parce qu'il n'y aura toujours pas de majorité ?
04:29Oui, en effet.
04:30Le problème, c'est la constitution de trois blocs
04:33à peu près équivalents.
04:35Le bloc RN, le bloc central,
04:38et dont il reste justement à définir les contours.
04:42C'est un peu l'enjeu de la discussion en ce moment,
04:44à savoir si le PS, au fond, accepte de temporiser.
04:48Et puis, la gauche,
04:50le nouveau front populaire,
04:52où il y avait le PS à l'origine,
04:55et où la question se pose de savoir
04:56si le PS accepte, en quelque sorte,
04:59de gouverner dans une sorte de cohabitation
05:00et de pacte de non-agression
05:02avec le bloc central.
05:04C'est ça, le problème, finalement.
05:06C'est qu'effectivement, s'il y a une dissolution,
05:08est-ce qu'il y aura une reconduction du bloc central ?
05:10Enfin, une reconduction des trois blocs.
05:12Ce n'est pas absolument certain,
05:14dans la mesure où on peut estimer
05:17qu'aujourd'hui, le RN, elle va en poupe.
05:19Et donc, sans forcément obtenir une majorité absolue
05:22à l'Assemblée nationale,
05:24il serait en situation de constituer un pôle
05:29beaucoup plus important,
05:30et au point de réclamer le pouvoir.
05:33Et donc, là, c'est évidemment une inquiétude
05:36pour les LR, naturellement,
05:37qui ont peur d'être engloutis.
05:39Et c'est une inquiétude pour la gauche,
05:42parce que ce serait une situation
05:43où l'extrême droite serait au pouvoir.
05:46Et c'est évidemment une inquiétude
05:47aussi pour le pouvoir actuel.
05:49C'est pour ça qu'Emmanuel Macron
05:52fait pression sur le PS, notamment,
05:55pour dire, bon, essayons de trouver un accord.
05:57Et de trouver une autre solution.
05:59Merci Jean-Vincent Hollindre,
06:01politologue au Serrois,
06:02professeur de sciences politiques
06:03à Paris, Panthéon, Assas.
06:06Merci, bonne journée.
06:07Merci, au revoir.
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