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  • il y a 1 jour
L'animateur télé Arthur, de son vrai nom Jacques Essebag, publie "J'ai perdu un bédouin dans Paris", chez Grasset le 7 octobre.

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Transcription
00:00Le journal inattendu d'Arthur
00:03Avec Stéphane Boutsoc sur RTL
00:06J'ai perdu un bédouin dans Paris, c'est le titre du livre que vous publiez chez Grasset.
00:11Arthur S. Bag, il débute ce terrible 7 octobre 2023 quand le Hamas attaque Israël,
00:17tue près de 1200 personnes et en enlève 251.
00:21On lit dès le début votre effarement, votre stupeur hébété, votre douleur.
00:26Et puis immédiatement, vous, les juifs français, vous pensez à vos enfants.
00:30Samuel, Manava, Aaron.
00:32Le 9 octobre, on est donc deux jours après le massacre,
00:35vous vous joignez à une marche, c'est au Trocadéro à Paris, pas très très loin de chez vous.
00:39Et là, il y a une nouvelle stupeur.
00:41C'est qu'il y a 5000 personnes seulement et on vous interpelle dans les cortèges, Arthur,
00:46et on vous pose cette question, ils sont où tes amis du showbiz ?
00:50On sent ce double choc pour vous aussi.
00:53D'abord, il y a la stupéfaction et la sidération du 7 octobre que j'explique,
00:59mais je parle avec mon cœur, avec mes tripes, avec ce que j'ai dans le ventre dans ce livre,
01:03qui n'est pas un livre sur le 7 octobre,
01:06c'est qui est un livre sur la traversée des deux années qui ont suivi cet événement.
01:12Et puis, il y a cette manifestation où on espère toujours,
01:15quand on participe à une manifestation, que tout le monde va être là.
01:18Et on pensait être 10 000, 20 000, 30 000 et on n'était même pas 5000.
01:21Et les gens m'interpellent en me disant, mais où sont-ils, ceux pour qui nous sommes toujours,
01:27ceux qui nous ont demandé de manifester pour les Ouïghours, pour Georges Floyd,
01:30pour les LGBT, pour toutes les causes.
01:32Où vous êtes allé ?
01:32Où je suis toujours allé et c'est normal d'y aller.
01:35Parce que moi, alors on ne peut pas être de toutes les causes,
01:37mais j'ai toujours été là, j'ai toujours répondu présent et tant mieux,
01:40c'est aussi, c'est dans mon ADN.
01:42Et c'est vrai qu'on s'est senti un petit peu seul, étonnamment.
01:48Je pensais, alors je ne reproche pas aux gens de ne pas s'être exprimé suite au 7,
01:54parce que tout le monde a été horrifié, donc la question ne se pose même pas.
01:58Mais dans ce froid et dans cette manifestation glaciale,
02:00on avait besoin d'un peu de chaleur.
02:02Et on aurait aimé qu'on nous prenne dans nos bras et qu'on nous dise,
02:05on est là, on va vous aider, on va s'en sortir tous ensemble.
02:09Et là, il y a eu une espèce d'abandon que j'explique dans mon livre,
02:13une espèce d'abandon qui s'est généralisé dans la communauté juive de France,
02:17c'est-à-dire que nos téléphones ont arrêté un petit peu de sonner,
02:20les gens nous souriaient un petit peu moins,
02:23et on s'est retrouvés à vivre dans un monde un peu parallèle,
02:27où la vie continuait parce qu'elle doit continuer,
02:29et nous, nous étions bloqués au 7 octobre.
02:31Encore aujourd'hui, nous sommes bloqués au 7 octobre,
02:33et nous passerons au 8 octobre, le jour où tous les otages seront rentrés à la maison.
02:37Mais ce livre, c'est aussi la première fois,
02:39ce que ça fait, vous le disiez, 35 ans que je fais ce métier,
02:41c'est la première fois que j'embarque les gens qui m'ont accompagné dans ma carrière avec moi.
02:46Je les prends en caméra embarquée,
02:48et quitte à vous raconter un peu qui je suis,
02:51ce que j'ai toujours caché et toujours préservé depuis 35 ans,
02:54là, je vais vous prendre avec moi,
02:55je vous amène dans des endroits que vous n'auriez jamais imaginé,
02:57y compris sous ma douche à poil.
03:00C'est dire le programme.
03:01Vous prenez la parole, je reviens à cette...
03:03à cette première manifestation, Arthur.
03:06Les micros tendent, évidemment, vous êtes une personnalité.
03:09Ça va déclencher une sorte de vague totalement irréelle de haine sur les réseaux sociaux.
03:15Vous la racontez, vous l'écrivez jusqu'à 1000 messages d'insultes par minute.
03:19Et depuis, d'ailleurs, vous et vos proches, vous vivez sous protection.
03:24Oui.
03:24Oui, oui, oui, puisque j'ai...
03:26Je pense que passé un certain nombre de menaces de mort,
03:29il faut se dire qu'il faut faire attention et on m'a recommandé chaleureusement
03:33de protéger mes biens, ma famille et moi-même.
03:38Donc oui, je vis accompagné.
03:39Ce n'est pas un privilège, ce n'est pas un luxe, c'est comme ça.
03:43C'est un enfer, voilà.
03:47C'est un enfer de ne pas pouvoir venir vous voir sans avoir quelqu'un qui repère les lieux avant,
03:52sans être accompagné de gens 24h sur 24,
03:55de ne pas pouvoir descendre pour aller prendre un café avec des copains à l'improviste.
03:58Mais je n'ai pas le choix et j'espère que tout ceci va s'arrêter très vite.
04:02C'est l'espoir que je formule pour ma famille et moi-même.
04:06Mais n'oubliez pas que des gens qui se font tabasser parce que juif,
04:09il y en a tous les jours en France,
04:11et eux n'ont pas la chance d'être protégés comme moi.
04:14Et c'est à eux que je pense.
04:16Parce que moi, je suis chez vous, RTL,
04:19mais encore il y a deux jours, il y a une personnalité qui s'est fait défoncer le visage.
04:22Hier, il y a un jeune homme qui s'est fait tabasser à l'école.
04:25Il y a quelques temps, une jeune fille de 12 ans s'est faite violer juste parce que juive.
04:28Donc là, on est dans un très mauvais épisode de Black Mirror.
04:32Et c'est vrai que moi, j'ai la chance d'être accompagné d'agents de sécurité.
04:35Mais tout le monde n'a pas cette chance-là.
04:37Dans cette douleur qui est la vôtre et celle des Juifs de France, Arthur,
04:40et d'ailleurs, vous écrivez des mots qu'on entend assez peu
04:43pour décrire ce déferlement de haine, des idiots utiles.
04:47Je vous cite, incapable d'accepter que l'on puisse dans un même souffle
04:51défendre le droit d'Israël à exister et la liberté du peuple palestinien pris en otage,
04:56incapable d'imaginer que l'on puisse pleurer à égalité un enfant juif et un enfant palestinien.
05:02Je pense que c'était très important aussi que ces mots-là,
05:05parce que vous les pensez, tout simplement, figurent dans le livre.
05:08Parce qu'aujourd'hui, nous sommes dans une espèce de dictature de l'émotion
05:11et qu'il y a une génération entière qui est totalement fascinée par les réseaux sociaux
05:16et qui n'écoute pas le journal inattendu,
05:19qui ne regarde pas les infos comme nous.
05:20On a eu l'habitude de regarder le journal Le 20h à notre époque
05:23et qui se contente de regarder ce qu'il y a sur les réseaux sociaux.
05:27Et aujourd'hui, l'algorithme fait que vous vous retrouvez presque malgré vous
05:32à choisir un camp et donc on a perdu la nuance.
05:34C'est-à-dire que j'aurais aimé, quand on parlait de cette manifestation,
05:37j'aurais tellement aimé que des artistes ou des personnalités, des intellectuels disent
05:41« Rendez les otages et cessez le feu à Gaza ».
05:45Mais ils n'ont pu dire que « cessez le feu à Gaza ».
05:47Pourquoi ? Je ne sais pas.
05:49Ça restera un des grands mystères.
05:51Et on peut, et je le dis toujours,
05:53on peut aimer Israël, ce qui est mon cas,
05:56et ne pas être en accord avec le gouvernement de Benjamin Netanyahou,
05:59comme on peut avoir énormément d'empathie pour le peuple palestinien
06:04et critiquer le fait qu'il soit dirigé par un mouvement terroriste barbare.
06:08Je veux dire, l'un n'empêche pas l'autre.
06:09Je veux dire, l'empathie n'a pas de drapeau.
06:11Moi, quand je vois un enfant, un enfant qui pleure ou un enfant qui est mort,
06:14je m'en fous de voir sa nationalité.
06:17Je vois un drame.
06:18Je vois du malheur.
06:19Voilà.
06:19Et donc, aujourd'hui, on se retrouve dans un truc un peu binaire.
06:23On est dans un camp, on est dans un autre.
06:24Il n'y a pas de camp.
06:25C'est le camp de la vie.
06:26Voilà, c'est tout.
06:27Et c'est ce qui m'a perturbé.
06:29Il y a eu tellement de choses perturbantes.
06:31Je me souviens, j'en parle dans mon livre, c'est quelque chose qui m'a blessé.
06:34Ce sont les affiches des petits-enfants bibas,
06:36ces petits-enfants qui ont été enlevés, qui étaient roux,
06:39qui étaient collés un peu partout dans Paris.
06:41Et ces gens qui allaient les arracher.
06:43Mais qu'est-ce qui se passe dans votre cerveau, j'en veux dire ?
06:45Quelle est la démarche, quoi ?
06:46Quelle est la démarche ?
06:48Ok, vous êtes contre la guerre ?
06:49Qui n'est pas contre la guerre ?
06:50Vous êtes contre les morts ?
06:51Qui n'est pas contre les morts ?
06:52Mais qui va aller arracher le visage d'un bébé otage
06:56qu'est-ce qui se passe dans votre cerveau tordu ?
06:59Et je pense qu'il y a ce truc qu'on avait étudié à l'école
07:02et je pense qu'on est de la même génération quand je vois votre t-shirt.
07:06C'était la convergence des luttes.
07:08Et je pense qu'aujourd'hui, on est dans un monde où on a réussi,
07:12je ne sais pas comment,
07:13à faire cohabiter des extrêmes que tout oppose.
07:17Des LGBT qui se retrouvent à des manifestations islamistes.
07:20C'est-à-dire qu'un LGBT, il rentre à Gaza,
07:23vous comptez 10 minutes, il le jette d'un toit,
07:25il le traîne à l'arrière d'une voiture.
07:26On a vu des féministes manifester avec des pro-palestiniens et des islamistes.
07:33Donc on a une espèce de fourre-tout en ce moment,
07:36de gens qui, comme je le disais,
07:39nous font vivre une époque assez particulière
07:42et que j'ai du mal à m'expliquer.
07:44Je me dis, tout s'est inversé depuis deux ans.
07:48C'est-à-dire que l'oppressé devient l'oppresseur,
07:51l'oppresseur devient l'oppresseur,
07:52c'est n'importe quoi.
07:54Je ne sais pas si vous avez cette sensation, vous qui êtes journaliste,
07:57les boussoles se mettent à tourner dans tous les sens.
07:59Les aiguilles sont un peu folles.
08:00Et les aiguilles sont complètement folles.
08:02Le 7 octobre, il y avait un pays qui vivait un pogrom,
08:07qui est un vrai génocide, ce qui s'est passé en Israël le 7 octobre.
08:10Le 8 octobre, alors que les Israéliens a compté leur mort
08:13et cherchait encore les cadavres,
08:16le monde entier criait au génocide.
08:19C'était fou !
08:20C'est-à-dire que j'ai l'impression qu'on vit dans une manipulation médiatique
08:24complètement folle.
08:25Complètement folle.
08:26Liée aux algorithmes des réseaux sociaux.
08:28Pour moi, c'est l'une des raisons principales.
08:30Et on lit tout ça dans
08:31J'ai perdu un Bédouin dans Paris,
08:33le livre d'Arthur.
08:35Aux éditions Grasset, il est 12h58.
08:37On marque une pause, rappel des titres.
08:40Et ensuite, on accueille l'invité de l'invité.
08:43A tout de suite.
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