00:00Votre club culture dans un instant, on en a tout de suite, Olivier Benkemoun, bonjour pour la sortie européenne de la semaine.
00:05Bonjour à tous, on est là au théâtre, voir Julie Dupardieu, plutôt rencontrer Julie Dupardieu dans un seul en scène,
00:09mais alors qu'il balance sur Victor Hugo des choses que vous n'avez jamais entendues.
00:12Mais d'abord, le livre du jour avec Nicolas Carreau, bonjour Nicolas.
00:15Bonjour Dimitri.
00:16Le jeudi, c'est format poche, lequel donc ?
00:18C'est de la non-fiction narrative aujourd'hui, c'est-à-dire une enquête, mais avec les techniques romanesques.
00:23Signé de Tiborès, c'était l'un de ceux qui avait écrit l'incroyable enquête de Society sur Dupont-de-Ligonnès.
00:27Là, rien à voir, c'est pas un roman, mais le roman d'une vie et d'une époque, ça sort chez Pocket, ça s'appelle Le Con de Minuit.
00:33Et il y a un sous-titre, l'histoire vraie d'un SDF devenu star de la radio.
00:37Ah oui, alors ça, si vous écoutiez la radio dans les années 90, ça doit vous dire quelque chose.
00:41Exactement, parce qu'au milieu des années 90, s'explose un animateur du soir culte sur Fun, Max.
00:46Max, le star system, à partir de 22h, libre antenne pour parler de tout et de rien, surtout de n'importe quoi.
00:51Beaucoup d'absurdes, beaucoup de provoques, beaucoup de rires, des jeux débiles, le kiki donc.
00:55Tous les matins au collège, des dizaines de milliers d'ados nés entre 1980 et 1984, dont moi, débriefait l'émission de la veille.
01:01Et il y avait dans cette émission certains auditeurs qui devenaient des mascottes, comme ce Gérard de Surenne qui un jour appelle pour lire des poèmes.
01:08Le gars est un ancien routier, mais a chuté gravement et se bat contre ses problèmes d'alcool.
01:12Ses poèmes sont maladroits, un peu ridicules, oui, mais touchants.
01:15Et ce mélange crée un personnage qui devient un auditeur récurrent, qui aura même sa propre émission.
01:19Il organisait des débats au thème idiot, et il faut bien le dire, on riait à ses dépens.
01:23Et à un moment, il y a un malaise qui s'est installé, ça faisait moins rire, c'était devenu un peu un grand dîner de cons.
01:27Et c'est donc l'histoire de Gérard de Surenne qui nous a raconté.
01:30Voilà, la vie de Gérard, mort en 2005, tombé dans une misère sans nom.
01:34Personne ne s'était jamais vraiment demandé d'où il venait, comment il en était arrivé là et comment il est devenu une star de la radio.
01:40Si Boris retrace toute sa vie, retrouve sa fille que Gérard n'a jamais connue.
01:43Alors ça résonne évidemment pour la génération de ceux nés au début des années 80, mais ça parle à mon avis à tout le monde d'écriture et d'une justesse de ton peu commune, comme tous les livres de Thibaurès.
01:53C'est dans la même page parfois hilarant et tragique.
01:55On referme le livre avec l'impression de connaître Gérard Cousin, c'est son vrai nom, et Roselyne, sa fille que l'on salue via les ondes, parce que c'est aussi un grand livre sur la radio.
02:04Ça m'a rappelé un peu, vous savez, l'histoire de Jean Portmanov, sur Kik, ça m'a rappelé un peu cette histoire de Gérard Cousin, je me suis souvenu que vous aviez chroniqué ce livre de Thibaurès l'année dernière.
02:14Voilà, le con de minuit, c'est le titre de ce livre qui paraît donc en poche, merci beaucoup Nicolas Carreau.
02:19La sortie de la semaine, Olivier Benkemoun, Julie Depardieu sur scène dans La Misérable.
02:24La Misérable, la Misérable c'est Juliette Drouet, pendant 12 ans, écoutez bien, cette femme est restée enfermée dans un appartement Place des Vosges, 12 ans, et son jolier, c'était Victor Hugo.
02:34Victor Hugo qui lui a interdit même de se promener seul, il était complètement amoureux, il venait la voir trois fois par jour, mais il était surtout jaloux, parfois violent, contre cette jeune fille, très belle, qui tentait sa chance comme comédienne,
02:47donc s'offrait à beaucoup d'hommes à Paris, et Hugo évidemment ne le supportait pas, Julie Depardieu.
02:52Les femmes, à cette époque, en 1830, n'ont aucun pouvoir, surtout quand elles n'ont pas d'argent, pas de mari, pas de dot, oui, oui, elle s'est beaucoup prostituée,
03:02bon bah Victor Hugo a fait ce qu'il a pu avec son époque, il reste un homme dominant, et elle dit, que vaut-il mieux ?
03:08Être enfermée par l'homme qu'on adore, ou bien faire le trottoir et coucher avec des gros bonhommes qui vous dégoûtent, c'est la vraie question ?
03:16Évidemment, ce n'est pas le Victor Hugo qu'on a pendant les manuels, une fois par an quand même, il l'a emmené en voyage, malheureusement,
03:22c'est au moment où ils étaient en Espagne qu'Hugo a appris la mort de Léopoldine, et il ne s'en est jamais remis.
03:28Ah oui, Juliette Drouet a travaillé avec Victor Hugo ?
03:31Elle a été sa secrétaire, l'a suivie dans tous ses exils, elle l'a aussi aidée à finir les misérables, d'ailleurs Cosette, c'est elle, c'est Juliette Drouet.
03:38Juliette était vraiment issue de la rue, élevée par son oncle et sa tante, dans un couvent.
03:44Elle a vraiment enduré des choses très dures, et c'est vrai que Victor s'est beaucoup inspiré de la condition de vie des femmes, et à la maison, c'était autre chose.
03:55En tout cas, ce texte qui est poignant et très fort s'appuie sur leur correspondance, ça représente des milliers de lettres,
04:00et ce qui va choquer, là encore, on apprend que Victor Hugo était un collectionneur de femmes, un sex-addict, plus de 300 détaillés dans des carnets secrets.
04:10C'est parce qu'il mange un homard tous les jours, c'est bon pour la vitalité, paraît-il, jusqu'à 80 ans, il n'arrête pas.
04:18Avec donc sa femme, Juliette, plus plein d'autres femmes, et peut-être, on le dit à un moment dans la pièce, que ça s'est vraiment décuplé après la mort de sa fille Léopoldine.
04:28Ça, ça m'étonnerait que vous étiez au courant de cette affaire de Victor Hugo.
04:33À la fin, c'est au spectateur de dire si les monstres méritent d'être aimés.
04:37Julie Depardieu, qui joue de ses femmes, sous emprise, répond sans hésiter.
04:41Eh ben oui, on peut les aimer, les monstres.
04:43C'est la misérable, donc, au Théâtre Marigny à Paris, à partir de demain soir.
04:48Vous l'avez vue, la pièce, en avant-première ?
04:49Eh oui, j'ai vu le filage.
04:50Oh, la chance. Merci beaucoup, Olivier Benquemou.
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