00:00C'est d'ici que tout est parti.
00:09C'est ici qu'est né Louis Zambobet, dans cette maison, le fils du boulanger.
00:15Et plus tard d'ailleurs, boulanger lui-même.
00:18Il livrait le pain à l'aide d'une vieille bicyclette.
00:21Cela ne l'empêchait pas d'adorer le cyclisme.
00:25Lorsque le Tour de France passait dans la région, il s'installait dans la côte de Saint-Jouan-de-Lille.
00:32En 1946, il est champion de France amateur.
00:35Puis en 1947, remporte son premier succès professionnel au boucle de la Seine.
00:42Au Tour de France, hélas, il échoue, mais ce n'est que partie remise.
00:47Déjà, il a fait connaissance d'un soigneur de Saint-Brieuc, Raymond Lebert, dont il suit aveuglément les conseils.
00:54Louis Zambobet ne demandait qu'à apprendre.
00:57En plus, il s'était déjà battu pas mal comme débutant, comme tous les jeunes coureurs.
01:02Et il y avait des parents qui disaient à Louis Zambobet, vas-y Louis Zambobet, tu vas gagner des Louis Zambobet.
01:06Et puis voilà, à côté de ça, on avait oublié d'en faire un athlète.
01:10Et quand j'ai connu Louis Zambobet, d'abord, quand il est venu me voir au Stade Ranais, là, bon, il était bien gentil comme petit gars.
01:18J'ai dit, écoute, tu iras voir à Saint-Brieuc, on te fera une fiche, on verra un peu ce que tu as dans le ventre.
01:22Et puis s'il y a des conseils à te donner, on te les donnera.
01:25Et il y avait des conseils à lui donner ?
01:26Ah oui, normalement, à tout point de vue, déjà point de vue physique, sans parler de faire un corps cycliste.
01:31Il y a après à respirer, il y a après à faire des abdominaux, il y a après à se battre, et puis à vouloir gagner aussi.
01:39En 1948, il a déjà porté le maillot jaune dans le Tour de France.
01:43En 1950, il échoue pour la victoire finale face à un cublaire déchaîné qui le passe en hennissant dans le col de la République.
01:52Le Suisse remporte le Tour de France.
01:55Mais l'Isoar contribuera à la grandeur de Louison Bobet cette même année.
02:01Trois ans plus tard, sous le regard de Coppy, Louison remporte enfin le Tour de France.
02:10Après une très belle victoire à Briançon.
02:14Louison a 28 ans, c'est le vrai grand départ de sa fabuleuse carrière.
02:18Il renouvelle ce succès en 1954 d'abord, puis en 1955 ensuite.
02:29La France entière le salue comme un héros.
02:32Mais le point d'orgue de sa carrière, c'est le championnat du monde à Solingen, en Allemagne, devant les chupots au garde-à-vous.
02:51S'il s'était battu, il était fort, il était fort.
03:00J'ai dit, Louison, tu peux gagner ce championnat.
03:02Je veux te voir tout le temps en tête, planque-toi le plus que tu pourras, mais, mon vieux, tu ne quittes pas les premières places.
03:07Il n'y a rien à faire.
03:09Tu as une grande chance, Louison, de être champion du monde et ça ne se manque pas.
03:12Vous savez, c'était mon truc à moi, ça.
03:14Puis j'y croyais, en plus.
03:16Et ma foi, en effet, au dernier tour, il est échappé avec Chahère.
03:22Chahère, c'est un monsieur considéré comme probable vainqueur.
03:26Et puis au dernier tour, alors je lui dis, Louison, alors là, ça passe, il passe, oui, oui, mais ça va.
03:31Il me fait, puis peut-être même pas une minute après, qu'est-ce que je vois, là, mon Louison qui revient,
03:36avec son vélo, en trainant son vélo, crevé, il dit, elle est morte, il dit, quoi ?
03:41Ah là là, vite, je l'appelle le mécano, un vélo, allez, hop, tu vas le chercher, tu gagnes.
03:471955, troisième succès au Tour de France.
03:49Sous un soleil accablant, les géants de la route vont escalader le Mont Ventoux qui culmine à 1912 mètres.
03:55Louison Bobet, bien décidé à frapper un grand coup, s'est déjà dégagé du peloton
03:58et arrive seul dans le paysage lunaire des derniers lacets du Mont Chauve,
04:02comme il sera seul et le premier sur la ligne d'arrivée à Navignon.
04:06Il gagnera aussi Paris-Roubaix et sur la fin de sa carrière,
04:11retrouvera son vieux complice Pierre Barbotin autour d'Italie.
04:14Un sacré bonhomme, Pierrot.
04:15Mais Louison Bobet, vous avez donné des consignes à ce moment-là,
04:17vous avez dit, même si je crie, t'arrêtes pas, Pierrot.
04:21Ah oui, bien sûr, oui, oui.
04:23Même si je crie, même si je gueule, même il m'avait dit,
04:27tu continues, tu t'occupes pas de moi, tu continues à accélérer.
04:31Et c'est ce que j'ai fait.
04:33Louison a crié, j'entendais pas, je ne voulais pas en parlant.
04:39Je suivais les consignes et c'est tout.
04:431959, sa blessure à la selle s'est réveillée.
04:46Il abandonne ici dans l'Isran, le Tour de France ne le reverra plus.
04:50Il fonde le centre de thalassothérapie de Quiberon,
04:52devenu plus tard la proie des financiers,
04:55se livre à sa passion l'aviation et continue le combat à Biarritz.
04:58La maladie ne l'arrête pas dans ses ambitions, mais la mort le surprend.
05:02On a dit de lui, Bobet ne disputait pas une course, il la célébrait.
05:07Un merveilleux exemple.
05:08Sous-titrage Société Radio-Canada
