00:00A 6 mois des municipales, le réseau ICI lance une grande consultation, ma commune, mon maire et moi.
00:07Premier volet aujourd'hui, le dérèglement climatique.
00:11Dans l'Hérault, 69% des habitants estiment que leur maire ne met pas assez d'action en place pour lutter contre ce dérèglement.
00:18Votre invité Sébastien Garnier, c'est le maire de Lunas, les châteaux près de l'Odeve, lieutenant-colonel chez les pompiers de l'Hérault.
00:24Aurélien Maninque, bonjour.
00:26Bonjour à l'équipe et bonjour à toutes les auditrices et auditeurs.
00:28Merci d'être avec nous. En Occitanie, c'est même 76% des habitants qui estiment que leur maire n'en fait pas assez.
00:3577% au niveau national, c'est donc un petit peu mieux chez nous dans l'Hérault, 69%.
00:40Vous, qui êtes le maire de Lunas, vous faites quoi dans votre commune pour lutter contre ce dérèglement ?
00:45C'est vrai que c'est un phénomène qu'on a pris de plein fouet dans les années 90 et pour lequel on s'est rapidement mobilisé.
00:51De notre côté, il y a trois points principaux que je citerai.
00:54Le premier, c'est la question de l'eau et l'accès à l'eau parce que dans nos montagnes héroltaises, on a souvent fait des captages faciles.
01:03Il y a des sources partout et donc on a pris l'eau facilement.
01:05Et on se rend compte qu'aujourd'hui avec les sécheresses l'été, elle est rare et difficile à capter.
01:11Contrairement à la plaine où il y a des forages profonds et on ne se rend pas compte qu'on pomme dans la nappe.
01:15Donc le premier axe de travail, c'est la sécurisation de cet accès à l'eau pour le public au sens large et également pour les activités économiques.
01:23Le deuxième volet qu'on peut aborder, c'est celui de la résilience du territoire.
01:27Je dirais même de la robustesse du territoire.
01:29C'est-à-dire comment on est capable aujourd'hui de traverser les phénomènes climatiques sans que ça change notre quotidien.
01:35Et comment on adapte notre territoire.
01:37Tout ça en lien avec les citoyens et la nécessité qu'ils ont eux aussi à s'approprier la gestion du risque.
01:42Que ce soit le risque d'inondation, le risque de feu de forêt ou tous les risques de canicule et de retrait des argiles par exemple.
01:48Donc ça c'est le gros axe de travail.
01:50Et puis le troisième, c'est tout ce qui relève de notre adaptation de l'économie.
01:54L'économie chez nous c'est l'agriculture d'abord, avec cette question de l'eau mais aussi le changement des cultures.
01:59La vigne qui évolue, la plantation de l'olivier, demain peut-être la pistache, la mande.
02:03Enfin comment on cultive autrement.
02:05C'est tout ce qui relève du tourisme, sur mon territoire en particulier.
02:07Lunas c'est une commune touristique, c'est une petite cité de caractère, une station verte de vacances.
02:11Donc cette activité économique elle est liée au patrimoine, patrimoine bâti mais aussi patrimoine naturel.
02:16Et donc là, le changement climatique il est important à prendre en compte.
02:19Donc comment on s'approprie ça ?
02:21Qu'est-ce qu'on fait ?
02:22En lien aussi avec les énergies renouvelables.
02:24Ce qu'on met en place depuis de nombreuses années.
02:26On a été labellisé territoire pour la croissance verte.
02:29Mais surtout ça, dans une petite commune, il y a moins de 1000 habitants à Lunas.
02:35Les Châteaux, vous arrivez à agir concrètement ?
02:37Oui, ce sont des petites actions.
02:40Sur l'eau c'est la réduction des fuites, c'est l'amélioration des captages je l'ai dit.
02:43Sur les risques, malheureusement la commune de Lunas-les-Châteaux fait partie des communes
02:46où on est fortement frappé par les épisodes Cévenol mais aussi la sécheresse et les incendies.
02:50Donc là ce sont des aménagements au long cours.
02:53Alors ça demande beaucoup de moyens et effectivement on n'a pas tout l'argent nécessaire.
02:57Mais c'est aménager les ruissellements, les cours d'eau, c'est expliquer aux habitants
03:02qu'ils doivent eux-mêmes se prémunir en n'équipant pas leur cave pour laisser passer l'eau, etc.
03:08Faire de l'éducation, de la pédagogie, c'est notamment sur la gestion des risques, complètement.
03:14Vous êtes pompier.
03:15Le risque incendie, après l'été qu'on a traversé, il y en aura certainement d'autres, des étés comme ça,
03:21c'est ce qui vous inquiète le plus ou pas ?
03:24Non, alors c'est global le changement, on se rend compte qu'il touche effectivement les risques naturels.
03:29Incendies, inondations principalement chez nous, mais je parlais tout à l'heure des retraits d'argile,
03:32donc les inondations ça fait déjà 20 ou 30 ans, mais la récurrence est beaucoup plus forte,
03:37c'est pour ça que je parle vraiment de robustesse du territoire.
03:40Et puis les incendies, effectivement, là aussi il y a une acculturation à faire,
03:43notamment sur les mesures de prévention qui font qu'on se préserve soi-même,
03:47avec du débroussaillement élargi autour des constructions, des habitations,
03:50pour que chacun puisse, si un incendie survient, le vivre sans dégâts.
03:55Et ça, les habitants, ils vous écoutent quand vous leur dites qu'il faut débroussailler,
03:59vous leur tapez sur les doigts, quels moyens vous avez pour agir ?
04:02Oui, alors il y a d'abord la question d'expliquer l'intérêt,
04:07et après c'est vrai que là aussi il y a les moyens qui sont parfois difficiles chez les personnes âgées, etc.
04:11Mais petit à petit on y arrive, et je crois que les incendies de Gironde en 2022,
04:16mais cette année aussi, font prendre conscience à tous qu'il est nécessaire de vraiment s'armer autour de son propre habitation.
04:21Là, ce qui s'est passé cet été, dans l'Aude notamment, ça va marquer les esprits selon vous ?
04:26Ça va marquer les esprits, mais surtout ça nous oblige tous,
04:29que ce soit les collectivités, l'État ou même le citoyen,
04:33à penser différemment le risque, parce qu'on se rend compte que l'élévation des températures,
04:37la déprise agricole, le changement aussi de végétation, c'est quelque chose qu'on n'avait pas,
04:42aujourd'hui il y a des périssements forestiers, va obliger à penser différemment,
04:46et donc forcément on va tous agir mieux pour lutter contre ce risque.
04:50Sur les constructions, la bétonisation, rapidement,
04:53beaucoup de personnes sondées disent que les mers n'en font pas assez,
04:58est-ce que c'est un problème aussi ? Est-ce qu'il y a une pression,
05:01j'imagine pas la même qu'à Montpellier dans votre village ?
05:03Ah oui, toute proportion gardée, c'est pas la même, mais la pression y est aussi,
05:07et donc là, grâce aussi à l'aide des services de l'État,
05:10on a des plans de prévention des risques, donc on sait les zones inondables,
05:13on sait qu'on ne construira plus dans ces zones-là,
05:15donc on s'adapte là où les maisons existent déjà,
05:17pour par exemple ne pas utiliser les niveaux les plus bas,
05:20et puis dans le reste, effectivement, on interdit les constructions.
05:23Pour terminer, il y a un sondé sur trois qui pense qu'il est déjà trop tard
05:26face au dérèglement climatique, visiblement vous n'êtes pas aussi pessimiste ?
05:30Non, je pense que chacun doit amener sa pierre à l'édifice,
05:33alors c'est vrai que ça peut sembler disproportionné,
05:35l'action du citoyen par rapport à la Chine, aux Etats-Unis,
05:37ou à tout ce qui s'est fait ailleurs dans le monde,
05:38mais je crois que chacun doit agir à son niveau.
05:41Tout à l'heure, je parlais des énergies renouvelables,
05:43par exemple, comme un passe sur le territoire,
05:44sur la réduction de la consommation des passoires thermiques,
05:48sur tout ce qu'on peut faire à chacun au quotidien,
05:49pour consommer moins d'énergie,
05:52et améliorer la manière dont on embrasse ce changement climatique.
05:55Chaque petit geste compte.
05:57Merci Aurélien Maninck, maire de Lunas-les-Châteaux,
06:01près de l'Odèv, et lieutenant-colonel chez les pompiers de l'Hérault.
06:04Bonne journée.
06:05Merci, bonne journée.
06:05Et dans le journal de 8h, on ira dans les rues de Montpellier
06:08pour savoir si vous êtes prêts à vous passer de la clim.
06:10Une bonne question ça, non ?
06:12Avec des températures qui frôlaient les 40 degrés cet été.
06:14C'est vrai que c'est bien pratique,
06:14c'est pas bon pour la planète,
06:15mais c'est quand même bien pratique l'été.
06:17Il est 7h54.