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  • il y a 3 jours
Quel bilan à l'issue de la deuxième journée de mobilisation partout en France ? Le dispositif de sécurité était-il excessif ? Y a-t-il en France un climat anti-flic ? L'ancien préfet de police de Paris Didier Lallement, connu pour avoir piloté les forces de l'ordre dans la capitale pendant les Gilets Jaunes, est l'invité de RTL Matin.
Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Thomas Sotto du 19 septembre 2025.

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Transcription
00:00Au lendemain de cette journée de manifestation, c'est l'ancien préfet de police de Paris, Didier Lallemand.
00:04Bonjour et bienvenue sur RTL, Didier Lallemand.
00:06Bonjour Thomas Soto.
00:07Quel regard vous portez sur le mouvement social d'hier ?
00:09Qu'est-ce que vous avez vu, vous, hier, avec vos yeux de préfet ?
00:13Ce que j'ai vu, c'est un mouvement social qui repart,
00:16et donc je pense aux policiers et aux gendarmes,
00:18qui vont à nouveau rentrer dans un cycle où il va falloir aider les manifestations,
00:23puisqu'aujourd'hui c'est ce que fait la police,
00:26et donc ils ne vont pas pouvoir se consacrer à ce qui devrait être l'essentiel de leur tâche,
00:31c'est-à-dire la lutte contre la délinquance et la criminalité.
00:34C'est dommage.
00:35Ça s'est quand même globalement plutôt bien passé.
00:37Il y a 309 interpellations à l'échelle du pays,
00:3926 policiers et gendarmes qui ont été légèrement blessés.
00:42C'est un bilan, somme toute, assez classique, non ?
00:44Ça s'est très bien passé.
00:45Ça s'est très bien passé, puisque la manifestation s'est déroulée
00:48et elle a été parfaitement maîtrisée,
00:51grâce à l'expertise de la préfecture de police,
00:53conduite par un Laurent Nunez, toujours aussi talentueux.
00:56Bon, est-ce qu'il fallait pour autant mobiliser 80 000 policiers, gendarmes, pour ça ?
01:00Je vous propose d'entendre ce qu'en disait dès hier matin Sophie Binet,
01:02c'est la secrétaire générale de la CGT,
01:04et c'était chez nos confrères de France Info.
01:0680 000 policiers pendant la mobilisation contre la réforme des retraites,
01:09c'était 10 à 15 000 par jour.
01:11Donc c'est inédit.
01:12Pourquoi un tel déploiement de force ?
01:14Je pense que c'est un problème pour les Françaises et les Français,
01:16parce qu'il y a besoin des policiers ailleurs.
01:18Le ministre de l'Intérieur, aujourd'hui, met de l'huile sur le feu.
01:21Qu'est-ce que vous lui répondez à Mme Binet ?
01:23Je vous dis que ce n'est pas inédit.
01:24À Paris, c'était 6 000 policiers.
01:27Au moment du mouvement des Gilets jaunes, on dépassait les 7 000.
01:30Donc non, c'est un bon étiage, mais il n'a rien d'exceptionnel.
01:34En même temps, elle dit un peu comme vous,
01:35elle dit qu'on a besoin des policiers ailleurs.
01:36Est-ce qu'à trop crier aux loups à sortir les centaures, les gros blindés,
01:40le gouvernement met de l'huile sur le feu ?
01:41Est-ce que le gouvernement fait de la politique avec le maintien de l'ordre ?
01:44Écoutez, qu'il y ait un message de la part du ministre de l'Intérieur
01:50pour maintenir la paix et la sécurité, ça me paraît le bon sens même.
01:54En tout cas, le dispositif ne vous paraît pas disproportionné à vous ?
01:56Non, il était au contraire bien proportionné.
01:59Je n'ai aucune critique à faire sur l'étiage des forces de sécurité intérieure.
02:03Si on élargit un peu le propos, Didier Lallement,
02:05le climat social d'aujourd'hui vous rappelle-t-il
02:08celui qui est régné du temps des gilets jaunes,
02:11époque où vous étiez préfet de police ?
02:13Non, pas du tout.
02:13Pas du tout dans le même type de climat social.
02:17Ce qui me paraît préoccupant, c'est la division du pays
02:19et le fait que dans les revendications des uns et des autres,
02:24il n'y a pas ce qui me semble essentiel.
02:26Ce qui me semble essentiel, c'est la lutte contre le narcotrafic.
02:30C'est deux choses qui sont un peu très différentes,
02:32très importantes l'une et l'autre, mais c'est très différent.
02:35Vous voudriez des manifs pour lutter contre le narcotrafic ?
02:37Non, je voudrais des manifs qui réclament des crédits
02:40pour le narcotrafic et pour la politique de défense de ce pays, oui.
02:43Et en quoi le climat est très différent par rapport aux gilets jaunes ?
02:46Parce que là, vous avez des mouvements qui sont dirigés et encadrés.
02:51Le mouvement des gilets jaunes est un mouvement un peu spontané
02:53qui avait comme spécialité d'éliminer successivement ses chefs
02:57et qui partait un peu dans tous les sens,
03:01sans capacité de s'insérer dans le débat politique.
03:03Alors que là, au contraire, on est complètement dans une logique inverse.
03:08Ce sont des manifestations contre un gouvernement
03:11qui, en fait, n'a pas été encore constitué.
03:13Donc, c'est véritablement un objectif très politique.
03:17Bon.
03:17Monsieur le préfet l'Allemand, une chose est sûre,
03:19il règne chez une partie de la population à climat antiflique.
03:22Aujourd'hui, en France, on l'a vu ces derniers jours à Tourcoing,
03:24un policier de la BAC a été tabassé le 11 septembre.
03:27On l'a vu à Reims, où sept policiers ont été quasi lynchés.
03:30Comment vous l'expliquez, ce climat antiflique ?
03:32À qui la faute ?
03:34À qui la faute ?
03:35Il est entretenu, ce climat antiflique.
03:37Et par qui ?
03:37Il ne tombe pas.
03:38Écoutez, je crois que les représentants de LFI sont tous en cœur
03:42pour expliquer que la police tue.
03:45Ils sont repris par un certain nombre de militants.
03:49Donc, effectivement, la police empêche un certain nombre de dysfonctionnements sociaux.
03:55Et ceux qui veulent, justement, perturber la société
03:57pensent que la police est un obstacle.
03:59Ils ont raison, la police est un obstacle.
04:01Mais la police ne tue pas.
04:03Après, tous les jeunes ne passent pas leur vie à regarder ce qui se passe
04:05ou ce qu'ils disent à l'Assemblée nationale.
04:06On dit qu'ils se désintéressent de la politique.
04:08Et pourtant, ils n'ont plus le respect de l'uniforme.
04:10Le policier ne fait plus peur.
04:12Ça, ce n'est pas forcément de la faute de LFI.
04:14Comment vous l'expliquez, ça ?
04:16Je crois que ça a été, comme on dit, largement documenté.
04:19Il n'y a pas de sens de l'autorité.
04:23On voit bien qu'à l'école, on ne respecte plus les professeurs.
04:26On ne respecte pas les médecins dans les services des urgences.
04:28Donc, c'est une approche globale de la société
04:33sur ce que devrait être le sens du respect.
04:36Dans les écoles américaines, on jure fidélité au drapeau tous les matins.
04:40Je ne crois pas qu'on le fasse dans les écoles françaises.
04:42Ça manque ? Ça pourrait changer des choses, à votre avis, ce genre de...
04:45C'est un rapport au pays, à la nécessité de l'engagement
04:49et au respect de l'autorité de ceux que le peuple a désignés.
04:52Car, en fait, ces manifestations visent à contester le résultat des élections.
04:59C'est quand même la République et la démocratie.
05:02Fondamentalement, c'est le respect de ceux que nous avons élus.
05:04Après, si le peuple n'est pas d'accord, mais qu'il change ses dirigeants.
05:07Mais qu'il ne les change pas par des actions dans la rue.
05:10Qu'il les change par les élections et par les urnes.
05:12Il y aura une manifestation de policiers devant le commissariat de Tourcoing.
05:15Tout à l'heure à midi, les policiers veulent protester.
05:17Car les cinq personnes mises en examen dans l'agression de leurs collègues
05:20ont toutes été remises en liberté.
05:21Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, dit comprendre l'incompréhension.
05:25Pour vous, la justice, aujourd'hui, très concrètement, au quotidien,
05:29est-elle un frein au travail de la police ?
05:31Non, puisque le garde des Sceaux s'est exprimé en justement disant
05:34qu'il fallait modifier la loi, dans des cas comme ça,
05:37de manière à ce que ça ne se reproduise pas.
05:39C'est-à-dire qu'on ne mette pas en liberté des agresseurs de policiers.
05:42Donc, je comprends l'émotion des policiers.
05:45Il faut les soutenir dans ce moment-là.
05:47Parce qu'on ne parle pas simplement d'irrespect.
05:50On ne théorise pas sur ce que l'on doit faire vis-à-vis de policiers.
05:55Il s'agit de gens qui se sont fait défoncer.
05:57À qui on a cassé les dents, des os, etc.
06:00Donc, ce n'est pas de la théorie, tout ça.
06:02C'est de la réalité.
06:03C'est de l'ensauvagement ?
06:04C'est ça, l'ensauvagement ?
06:05Terme qui revient souvent dans la bouche de...
06:07Oui, en sauvagement ou violence absolument généralisée.
06:10Où on règle ses comptes à coup de poing.
06:13Où, effectivement, on n'a pas envie de faire corde en tant que société, en tant que collectif.
06:20En 1914, Jules Gad est rentré dans le gouvernement d'Union Sacrée.
06:25Pourtant, c'était un opposant violent, néo-marxiste, à ce qu'était à l'époque la bourgeoisie.
06:31Mais quand il a fallu s'unir pour défendre le pays, il n'a pas hésité.
06:36J'espère que les politiques, aujourd'hui, n'hésiteront pas.
06:38Parce que bientôt, il va falloir défendre le pays.
06:40On a aussi assisté à quelques scènes intolérables de l'autre côté.
06:43Côté force de l'ordre, comme c'est CRS hier qui frappe et insulte une jeune femme à terre.
06:47Au moment où elle est filmée, elle est parfaitement inoffensive.
06:49C'était lors d'une tentative de blocage des terrasses du port de Marseille.
06:53Il y a quelques semaines, un policier en Seine-Saint-Denis avait craché et giflé un jeune homme.
06:57Est-ce que ces dérapages, qui sont très marquants aussi pour la population, sont assez sanctionnés aujourd'hui ?
07:02Je crois qu'ils le sont.
07:03La police et la gendarmerie sont des corps particulièrement contrôlés.
07:07Et de toute façon, ce sont des activités qui se passent tout le temps devant les caméras.
07:12Donc, dès lors qu'il y a une erreur et une faute, elle est sanctionnée.
07:14Je ne connais pas beaucoup de professions filmées 24 heures sur 24.
07:18Je ne crois pas que vous le soyez en totalité.
07:20Et donc, les erreurs qui peuvent être commises à certains moments,
07:23et qui sont tout à fait condamnables,
07:25peuvent passer inaperçues dans certaines professions, mais pas dans la police.
07:29Dans les commissariats, tout n'est pas filmé ?
07:31Tout n'est pas filmé, mais beaucoup de choses sont filmées.
07:33Et en tout état de cause, avec un téléphone portable aujourd'hui,
07:36tous nos concitoyens sont en capacité d'enregistrer ce qui se passe.
07:39Et ils ne s'en privent pas.
07:41Lier Allemand, on va parler un peu de vous.
07:43Vous êtes officiellement à la retraite, mais l'hebdomadaire Marianne nous a appris cet été
07:45que le secrétariat général de la Défense et de la Sécurité Nationale,
07:49vous avez demandé de rédiger un plan de défense et de sécurité.
07:51Est-ce que c'est vrai, déjà ?
07:52Non, je n'ai pas à commenter des informations qui n'ont pas à l'être.
07:55Non, mais ça, c'est deux choses, commenter et dire si c'est vrai.
07:57Vous avez cette mission ou pas ?
07:59J'ai une mission, mais je ne m'exprimerai pas sur cette mission.
08:02Elle a un caractère confidentiel.
08:04Ça nous concerne quand même.
08:05C'est important, la stratégie...
08:06Mais j'imagine que ceux qui l'ont commandée s'exprimeront lorsqu'elle aboutira.
08:11Ah, donc il y a bien une mission et elle aboutira.
08:13Mais bien sûr qu'il y a une mission.
08:14Mais encore une fois, je ne la commenterai pas.
08:16Elle fait partie, effectivement, de sujets qui tiennent à la défense du pays.
08:19Et vous comprendrez bien que ce n'est pas sur les ondes publiques que je vais m'exprimer en la matière.
08:24C'est une radio privée ici, mais bon.
08:26C'est une onde publique.
08:28Onde publique au sens où tout le monde écoute.
08:30J'avais compris, j'avais compris.
08:31Est-ce que ça a un petit goût de revanche quand même pour vous qui aviez été tellement critiqué à l'époque des Gilets jaunes au moment de votre sortie ?
08:38Est-ce que le fait qu'Emmanuel Macron vous refasse confiance comme ça, vous dites, bah tiens, petite réhabilitation ?
08:44Mais je suis parti à la retraite dans l'administration, mais j'ai repris des activités derrière.
08:52Je n'ai pas besoin de reconnaissance.
08:55Je remercie beaucoup ceux qui m'ont confié cette mission, mais je ne l'identifie pas comme étant une marque de favoritisme ou de reconnaissance.
09:02Je m'engage pour mon pays.
09:03Ça fait des années que je le fais et je continue à le faire de la façon qui m'a été confiée.
09:11En 2022, vous avez publié un livre sur vos années à la préfecture de police, L'ordre nécessaire, ça s'appelait.
09:15Avec le recul, est-ce que vous avez des regrets ? Est-ce qu'il y a des choses que vous auriez pu faire différemment ?
09:21On a toujours des regrets sur des choses qu'on aurait pu faire différemment.
09:24Oui, je pense en particulier au Stade de France, parce que je suis parti sur cet échec et ça m'a profondément affecté.
09:34Mais sinon, le reste, je ne le regrette pas.
09:36C'est quand même moi qui introduis la mobilité et la réactivité dans le fonctionnement des forces de police.
09:41Si aujourd'hui, les manifestations fonctionnent, c'est aussi grâce à la doctrine mise en place à l'époque.
09:47Donc c'est grâce à vous ?
09:48Non, ce n'est pas grâce à moi, parce que je n'étais pas tout seul, mais nous étions suffisamment nombreux pour laisser des traces.
09:53Didier Lallement, vous savez que vous avez l'image d'un type austère, très raide. De quand date votre dernier fou rire ?
09:59Je suis effectivement un austère qui ne se marre pas.
10:01Ah, qui ne se marre pas ? Jamais ?
10:02Jamais.
10:03On va souhaiter bonne chance à Exvizorec qui va nous rejoindre dans un instant.
10:05Je le prends comme un acquis.
10:06Je vais essayer de vous faire marrer.
10:08Je vais essayer de vous faire marrer.
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