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  • il y a 3 mois
Comprendre ce qui a dysfonctionné. Recevoir des excuses. Obtenir des réponses. Et réparation. Qu’ils aient réussi à sauver - seuls - leur logement, ou qu’ils l’aient vu disparaître sous les flammes, les sinistrés de l’incendie du 8 juillet à l’Estaque tiennent quasiment tous les mêmes discours : "Pourquoi, alors qu’en 2001, les pompiers avaient réussi à sauver nos maisons, on nous a cette fois laissés seuls, prendre des risques pour s’enfuir malgré les consignes, sans que personne ne vienne protéger nos logements ?"

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Transcription
00:00On n'a jamais vu ça. Jamais une désolation pareille.
00:03Il y a quelqu'un qui a merdé quelque part.
00:05Ça c'était ce qui reste de ma maison.
00:08Quatre ans trois à faire.
00:12Le 8 juillet 2025, un incendie se déclarait aux portes de Marseille.
00:16En cause, une voiture en feu sur l'autoroute.
00:19La canicule suivie d'un fort mistral avait été des éléments extrêmement favorables à une progression rapide de cet incendie,
00:25qui avait ravagé 750 hectares, touché 91 habitations, dont 71 avaient été complètement détruites.
00:33Même si aucun mort ne t'a déploré, certains y ont laissé leur chair, comme Jean-Claude,
00:37qui a dû rester dans sa maison à cause de son handicap avec sa femme Marina,
00:41avant d'être secourue à 19h par les pompiers.
00:44Alors que les flammes léchaient la maison de certains marseillais,
00:46les consignes de la préfecture étaient encore de rester confinées.
00:49Mon mari est quand même resté un moment derrière, arrosé les oliviers au départ.
00:54Donc on s'est réfugiés au sous-sol de la villa.
00:57Heureusement que les vitres n'ont pas complètement explosé.
01:01Je voyais la faim, la mort, la mort, j'ai vu la mort.
01:06Un peu plus haut habitent Bernard et Viviane.
01:09Les quinquaginaires ont dû se battre contre les flammes à partir de 15h.
01:12Le couple compare cet incendie à celui de 2001,
01:15où selon eux, des moyens plus importants avaient été mis en place,
01:18ceux qui avaient arrêté l'incendie avant leur quartier.
01:20Et je voyais le feu arriver par la colline,
01:24et je me disais, bon, vu que c'était brûlé,
01:26ça a été brûlé plusieurs fois, il n'y avait pas grand-chose à manger,
01:29je me disais, franchement, je ne voyais pas trop le danger,
01:31parce que je me disais, il va venir deux ou trois canadaires,
01:34ça va être réglé.
01:35J'avais espoir, manque de peau, le feu, il est parti.
01:38Il est parti là-bas, il est parti là.
01:40Ça a sauté, et alors là, terminé, en très peu de temps, du feu partout.
01:46Mon mari et mon fils étaient là,
01:47ils sont restés avec des protections très aléatoires,
01:50mais enfin, voilà,
01:51et ils ont commencé à s'attaquer au feu avec notre voisin Mathieu,
01:55avec des petits sauts comme ça,
01:56et grâce au fait qu'on a la piscine,
01:58contrairement à mes voisins,
01:59alors eux, pêcheurs, le feu est rentré par le garage,
02:03et là, j'ai vu la maison brûler, mais carrément.
02:05J'ai le cartilage de mes oreilles qui ne me reviendra pas,
02:08et je n'ai pas encore récupéré la vue,
02:09alors j'ai bon espoir, ça va revenir.
02:1170 maisons brûlées, ça ne s'est jamais passé.
02:13Jamais, jamais, j'ai jamais vu ça, je suis née là,
02:16des feux j'en ai vu passer, jamais, jamais, jamais.
02:22Consigne floue, absence de pompiers jusqu'aux alentours de 18 heures,
02:25les habitants de ce quartier ont dû compter sur eux-mêmes pour s'en sortir.
02:28Indignés, ils se sont rassemblés en collectif,
02:30et certains ont porté plein de contrix,
02:32pour essayer de comprendre comment ils ont pu rester seuls,
02:34à regarder les flammes dévorer leur maison.
02:37Ça a brûlé l'intégralité du premier étage,
02:39donc toutes nos affaires, toutes nos affaires personnelles, tout.
02:43Et puis au deuxième, c'est-à-dire au rez-de-chaussée,
02:46en fait, il y a une dalle de béton qui sépare le premier étage du second,
02:50du coup, ça n'a pas brûlé, mais tout était à jeter,
02:53parce qu'en fait, tout a pris la fumée, la suie, etc.
02:56Donc on a encore le sol, on va dire, du rez-de-chaussée et les quatre murs,
03:00qu'on espère pouvoir sauver,
03:02mais ça, tant que le bureau d'études ne sera pas passé,
03:04on n'a aucune certitude par rapport à ça,
03:07et du coup, c'est très difficile de se projeter.
03:09En fait, on est en colère parce que nous, on ne peut que constater
03:12le fait qu'il y a une intervention extrêmement tardive
03:16des forces de secours, et on aimerait savoir pourquoi.
03:21Après, on a toujours dit qu'on ne remet absolument pas en cause
03:24le travail des pompiers.
03:26Les pompiers, c'est des gens qui donnent leur vie
03:27pour sauver les autres,
03:29donc ce n'est pas du tout eux qui sont remis en cause.
03:31Mais par contre, les pompiers répondent à des ordres,
03:34et on aimerait comprendre quels ordres ont été donnés.
03:37S'il n'y a pas eu de victime,
03:39ce n'est pas grâce aux instructions
03:41qui ont été données aux personnes,
03:44c'est parce que les gens se sont sauvés eux-mêmes,
03:46se sont évacués eux-mêmes,
03:47ont évacué leurs voisins,
03:49en ne sachant pas s'ils allaient trouver le feu
03:51au bout du chemin.
03:52Deux mois après l'incendie,
04:00les conséquences sont parfois désastreuses
04:02pour ces Marseillais qui ont tout perdu.
04:04Ici, au château Bovis,
04:06une barre d'habitation située au-dessus de la gare de l'Estac,
04:08une partie de ces logements sont totalement détruits.
04:12Relogés dans des mobilhomes sur un terrain prêté par la mairie,
04:14ces locataires se sentent abandonnés,
04:16notamment par leur propriétaire.
04:17Contacté, le propriétaire indique que l'immeuble
04:41a été déclaré inhabitable suite à l'incendie.
04:44S'il vient à reconstruire sur le terrain,
04:45il ne souhaite pas proposer aux locataires
04:47de revenir vivre ici
04:48et ne serait pas tenu de le faire.
04:51Ce jeudi, une délégation d'experts
04:53mandatée par différentes compagnies d'assurance
04:55se rende chez Nathalie,
04:56que nous avions interrogée au lendemain de l'incendie.
04:58Elle avait vu sa maison entièrement brûlée,
05:00tuant ses deux chiens enfermés à l'intérieur.
05:03Aujourd'hui, elle est obligée de vivre au crochet de ses proches
05:05en attendant la reconstruction de son habitation.
05:07Je me retrouve aujourd'hui
05:09avec une maison où il n'y a plus rien.
05:12Il n'y a plus rien, il n'y a tout qui a brûlé.
05:14Et je n'ai, au jour d'aujourd'hui,
05:16je n'ai aucun relogement.
05:19On me propose des logements
05:21qui se retrouvent sur la route de Cassis,
05:24des logements en résidence senior
05:27à 1050 euros par mois,
05:31en plein centre-ville.
05:32Ma vie depuis deux mois,
05:33je me suis retrouvée au chômage
05:34puisque je suis un peu déboussolée.
05:37Et ma vie, c'est de vivre à droite à gauche,
05:39de dormir chez Pierre-Paul-Jacques.
05:42Et je dors aussi dans ma voiture.
05:45Des aides ont été versées aux sinistrées
05:46par la ville de Marseille et le département.
05:48Mais ce que les habitants de l'Estac veulent,
05:50ce sont des réponses de la part de la préfecture
05:52qui dirigeait les opérations de secours
05:54l'après-midi du 8 juillet 2025.
05:55Sous-titrage Société Radio-Canada
06:00Sous-titrage Société Radio-Canada
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