00:03Europe 1 Info se poursuit sur Europe 1 avec vous, Clélie Mathias et vos deux chroniqueurs, Gilles-William-Gonadel et Raphaël Stainville.
00:10Faisons de la politique politicienne, mais quelle mouche a donc piqué Laurent Wauquiez ? Écoutez ce qu'il a dit.
00:16On a pris un engagement, nous. On ne censure pas. C'est-à-dire qu'on ne censurera pas un gouvernement socialiste, on ne censurerait pas un gouvernement du Rennes. Pourquoi ?
00:22J'essaie d'être cohérent avec ce que je vous dis. Je vous dis que je suis pour la stabilité politique.
00:25Nous ne faisons pas partie de ceux qui font tomber des gouvernements dans ce pays. Tout simplement parce que, quel qu'il soit, je pense que l'instabilité, c'est catastrophique pour le pays.
00:34Alors Raphaël Stainville, expliquez-nous qu'est-ce qui s'est passé ? Parce qu'évidemment, le reste du Parti des Républicains, notamment Bruno Retailleau, a très mal pris cette phrase.
00:43Mais j'avoue que cette sortie, ce développement de Laurent Wauquiez est assez incompréhensible.
00:50C'est totalement hasardeux, politiquement ruineux, de vouloir finalement ne pas censurer, sans même connaître le programme avancé par le Parti Socialiste.
01:04Le fait est qu'on le connaît déjà suffisamment pour avoir quelques doutes et quelques raisons que la droite censure et empêche ce gouvernement d'arriver, d'advenir.
01:18Cette sortie, elle est absolument ruineuse, incompréhensible.
01:22On comprend que Bruno Retailleau ait immédiatement réagi.
01:25On comprend le trouble, je pense, d'un certain nombre de sympathisants et d'électeurs de droite qui ne comprennent pas que les efforts déployés par la droite
01:35pour empêcher qu'un gouvernement socialo-communiste puisse voir le jour il y a un an.
01:45D'un coup, d'un seul, se range à l'idée que ce serait une bonne idée pour la France, dans le contexte que l'on connaît,
01:50d'avoir un Olivier Faure à la tête de la France, bien sûr, il y a cette question du budget,
01:59mais avec un programme immigrationniste, avec un certain nombre de mesures qui vont à l'encontre de ce que les Français veulent pour leur pays.
02:11Non, je pense que c'est absolument incompréhensible.
02:13Et puis, les LR ont quand même une carte à jouer, là, quand même.
02:16Et c'est celle de l'unité, justement, pour s'en sortir, pour avoir une ligne claire,
02:20et pour gagner ce qu'il est possible de gagner, peut-être, en tout cas, en cette période.
02:25Moi, je pense qu'il est légitime que les LR puissent se poser la question de leur participation à un gouvernement,
02:36compte tenu des incertitudes qui pèsent sur ce gouvernement.
02:39Mais il ne s'agit pas, et je pense que ça fait partie des réflexions des cadres des Républicains,
02:47d'être la béquille qui permettrait à la Macronie agonisante de continuer à marcher d'un pied clodiquant,
02:55au risque, justement, de s'affaiblir en retour.
03:01Pour autant, c'est vrai que le danger, le péril rouge qui s'annonce,
03:06doit faire réfléchir un certain nombre de Républicains à faire en sorte que cette participation puisse permettre le barrage,
03:15finalement, à cette gauche radicalisée.
03:19Et en plus, on aurait aimé un peu d'unité, quand même,
03:24savoir un peu ce qu'il en a, et pas une division ou une guerre d'égo,
03:28c'est ce qui semble se jouer, là, parce que Laurent Wauquiez dit un peu l'inverse de ce qu'avait dit Bruno Retailleau.
03:33C'est quoi ? Il n'a pas accepté, il n'a pas avalé la pilule de ne pas avoir été chef de parti ?
03:37On ne peut pas exclure, et vous avez raison, malheureusement, j'ai envie de dire,
03:42parce que c'est déplorable de le souligner,
03:44on ne peut pas exclure chez Laurent Wauquiez l'idée que cette sortie,
03:49cette position, cette stratégie, vise à affaiblir, à semer un peu le désordre au sein de LR,
03:57et finalement souligner, peut-être, les faiblesses de Bruno Retailleau en tant que chef de parti.
04:04Gilles-William-Gonaldel, on a l'impression que c'est une balle contre son camp, finalement,
04:09ce qu'a fait Laurent Wauquiez, vous en pensez quoi ?
04:12J'ai du mal à expliquer l'inexplicable.
04:15Pardon de vous le dire, c'est une balle contre son camp, c'est une balle contre le pays, contre l'intérêt,
04:22parce que vouloir accepter, je veux dire, un gouvernement à tout prix, ce n'est pas terrible.
04:28Moi, je ne préfère pas de gouvernement qu'un gouvernement socialo-communiste, à tout prendre.
04:34Ça, c'est votre préférence ?
04:36Oui, oui, absolument, je vous le dis.
04:39Et je doute, alors, il tire contre son camp, mais je vais vous dire quelque chose.
04:45Il se tire une balle dans le pied, si j'ose dire, parce que ça ne peut pas plaire.
04:50Ça ne peut pas plaire à 99% des membres des Républicains.
04:56Et au-delà, donc, c'est sans doute que vouloir se poser en s'opposant peut expliquer l'inexplicable.
05:07Mais j'ai du mal, j'ai du mal.
05:09Raphaël Staville.
05:10Il y a une chose qui n'a pas été suffisamment relevée, je pense,
05:14c'est que si les socialistes ont quelques raisons de se réjouir d'entendre Laurent Wauquiez dire que les députés LR ne censuraient pas un gouvernement socialiste,
05:25il dit la même chose d'un gouvernement du Rassemblement National.
05:29Et d'une certaine manière, c'est quelque chose qui participe de la normalisation d'un Rassemblement National dont l'hypothèse d'une arrivée à Matignon avait été écartée,
05:43mais qui soudainement se voit crédibilisée par Laurent Wauquiez.
05:48Enfin, Nicolas Sarkozy reconnaissait lui-même hier, je crois, que le RN faisait maintenant partie de l'arc républicain.
05:59Oui, mais de là à l'imaginer Matignon, c'est autre chose.
06:01D'accord, mais enfin, je veux dire que, enfin, ça c'est mon point de vue personnel,
06:07c'est que je pense qu'il n'y aura plus maintenant de cercle contre le... comment on...
06:14Quelle a été l'expression ?
06:15Le barrage républicain.
06:17Le barrage républicain.
06:18Le barrage républicain contre le Rassemblement National,
06:21mais je prône, et je ne suis pas le seul maintenant,
06:24à prôner un barrage républicain contre l'extrême-gauche.
06:28Et pour moi, l'extrême-gauche, ce n'est pas seulement la France Insoumise,
06:33ce sont les alliés de la France Insoumise,
06:35c'est le parti communiste, ce sont les écologistes,
06:38et c'est une très grande partie du parti socialiste qui se sont alliés à lui.
06:43Donc, pardon, mais je sens assez bien monter l'idée d'un barrage contre l'extrême-gauche radicalisé.
06:52Alors, vous parliez des écologistes, écoutez, Marine Tondelier, qui était sur Sud Radio,
06:58elle estime qu'un gouvernement socialo-wauquiste,
07:02si on peut utiliser cette expression,
07:05n'aurait aucun sens.
07:07On l'écoute.
07:08Ne pas censurer un gouvernement, ce que dit Laurent Wauquiez,
07:11à mon avis, plus pour embêter Bruno Retailleau
07:14que pour faire plaisir aux socialistes,
07:16ou même pour l'intérêt de la France,
07:17comme il le dit de manière très grandilo de compte,
07:20ça ne veut pas dire rentrer dans un gouvernement non plus.
07:23Et pour moi, un gouvernement doit être homogène,
07:28il doit être compact.
07:29C'est-à-dire que l'intérêt de la France,
07:30ce n'est pas de faire un truc de,
07:31déjà, le en même temps macroniste, c'était compliqué,
07:34mais du en même temps socialo-wauquiste jusqu'à Laurent Wauquiez,
07:39ça n'a quand même aucun sens,
07:40et Bruno Retailleau, même combat en fait.
07:43Votre réaction, Raphaël Staville ?
07:45En fait, moi je trouve que les politiques de gauche,
07:49notamment, sont absolument insensées.
07:54Ils ne pèsent pas grand-chose dans les unions.
07:56Sans leur accord avec LFI,
07:59nombre d'entre eux n'auraient jamais été élus,
08:02et ils s'imaginent pouvoir gouverner
08:04avec un programme très radical,
08:08sans le soutien et l'appui de LFI.
08:11Ils sont condamnés avant même
08:13d'avoir mis un pied à Matignon.
08:16Ils sont d'une arrogance folle.
08:18Ils s'imaginent ne pas pouvoir faire de concessions.
08:23Ça n'a pas marché avec François Béroux,
08:25et ils s'imaginent que ça ne va pas s'écrême
08:27parce qu'Olivier Faure,
08:30en fils spirituel de François Hollande,
08:34habile au compromis et au consensus,
08:38parviendrait à obtenir l'assentiment général.
08:43Je n'y crois pas, une seconde.
08:44Oui, j'ai William Golnadel.
08:46Oui, fils spirituel de François Mitterrand.
08:52Non, j'ai dit de François Hollande.
08:53Ah, de François Hollande, ah bon.
08:56Mais même, le compliment,
08:58je trouve que le compliment est un peu excessif,
09:00parce que je changeais.
09:01Si on veut regarder un peu plus haut ce qui nous arrive aussi,
09:08c'est l'état lamentable sur le plan intellectuel et moral
09:12du monde politique.
09:15Et on pourrait aller au-delà d'ailleurs du monde politique.
09:18Ce qui nous arrive aussi, c'est un peu ça quand même.
09:21Le niveau n'est quand même pas terrible.
09:23On terminera sur cette note qui est loin d'être réjouissante.
09:26Merci en tout cas à tous les deux,
09:27Raphaël Stainville et Gilles William Golnadel,
09:29d'avoir débattu avec nous.
09:31Place à la santé avec le docteur Brigitte Miliot.
09:33Insuffisance cardiaque au programme aujourd'hui.
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