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  • il y a 2 mois

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Musique
Transcription
00:00...
00:00On va accueillir nos invités pour lui rendre hommage ce soir.
00:12Jean-Michel Jarre, bonsoir, bienvenue.
00:14Vous êtes auteur, compositeur, producteur.
00:16Vous avez rencontré Johnny Hallyday avec notamment la folie de vos concerts.
00:21Ça l'a aussi inspiré.
00:22Vous allez nous raconter ça dans un petit instant.
00:24On se souvient de concerts extraordinaires de Johnny Hallyday.
00:28Vous, il y a eu bien sûr Houston, il y a eu bien sûr la Défense, il y a eu Moscou, il y a eu Pékin.
00:32Vous avez été le précurseur en la matière de Johnny Hallyday.
00:34Ça a été évidemment la Tour Eiffel, le Stade de France.
00:36Et encore, je ne cite que cela, mais on pourra y revenir très largement.
00:39Et j'avais envie de vous entendre là-dessus parce que vous avez vraiment ça en commun ?
00:44Vous l'avez un petit peu initié ? Comment ça s'est passé ?
00:47D'abord, moi, je voudrais dire que les gens qu'on aime, on pense toujours qu'ils sont éternels.
00:51Et en fait, ils le sont.
00:52Et je pense que bien après que les unes des journaux soient passées à autre chose,
00:58on continuera à ce que la tendresse qu'on a pour Johnny demeure intacte.
01:02Et je pense que ça, c'est assez rare.
01:04Parce que souvent, il y a un artiste, il y a quelqu'un d'une célébrité,
01:07quelqu'un qui meurt, on en parle pendant une semaine, et puis finalement, ça s'efface.
01:11Je pense que dans le cas de Johnny, je suis absolument convaincu
01:14que la tendresse que nous avons tous pour lui, au-delà de la voix, au-delà de l'artiste,
01:19de l'être humain tout simplement, demeurera.
01:22Et c'est vrai que moi, j'ai eu beaucoup de contacts avec Johnny à travers le temps,
01:28comme beaucoup, et c'était vraiment devenu quelqu'un de...
01:31Il est venu beaucoup à la maison, beaucoup au studio.
01:33Il était fasciné, il me disait.
01:35Parce qu'il était...
01:36Là, on voit une photo, on était aux Victoires de la Musique,
01:39pour notamment justement le concert de Houston,
01:41et lui, je crois que pour une chanson de l'année, une de ses chansons de l'année.
01:44Et en fait, c'est vrai qu'il avait toujours cette envie aussi d'aller au-delà des frontières,
01:51de s'exporter.
01:52Il me disait, tu comprends toi, c'est plus facile,
01:54parce que dans l'électronique, il n'y a personne, dans le rock quand même, il y a du lourd.
01:58Et il me dit, moi, tu comprends, je suis l'Elvis français,
02:01mais aux Etats-Unis, il y a Elvis Presley.
02:04Mais c'est quelqu'un qui a, effectivement, mon agent de Los Angeles m'a appelé il y a une heure
02:10pour me dire qu'il avait vu, justement, la nouvelle à Los Angeles, aux Etats-Unis,
02:15et que c'est évidemment quelqu'un qui, au-delà des frontières,
02:19marque pas seulement le rock français, mais marque le pays.
02:21Le pays, bien entendu.
02:22Bien sûr, il était très fier.
02:25Il a des doubles cordes vocales.
02:26Il me disait toujours, j'ai des doubles cordes vocales comme Elvis.
02:29Et c'est vrai qu'on n'a jamais pris, n'ailleurs, ni Elvis, ni Johnny en panne de voix dans sa vie.
02:35Vous vous rendez compte qu'il avait cette caractéristique très, très particulière.
02:41Et c'est ce qui lui donnait cette voix claironante dont Philippe parlait.
02:45Mais ça n'aura pas dépassé nos frontières, j'allais dire.
02:48Est-ce que ça lui faisait mal à Johnny, est-ce qu'il en souffrait ?
02:51Parce que vous nous l'avez dit, Jean-Michel Jarre, l'électro, ça lui aurait permis.
02:54Et c'est pour ça que vous...
02:55Il y a eu un moment où il m'avait demandé, enfin plusieurs fois, on a travaillé ensemble.
03:00Et puis moi, j'étais à l'étranger, ça ne s'est pas passé.
03:03Et puis à un moment, il était obsédé par le fait de faire un disque électro.
03:05À l'époque où Madonna avait fait Ray of Light, c'était vraiment une...
03:09Et puis après, il s'est aperçu que...
03:11Il dit non, mais finalement, je crois que ce n'est pas pour moi.
03:13Moi, je vais rester dans le rock.
03:14Et puis, il avait ce rêve.
03:16Il avait à la fois le rêve américain de Johnny.
03:18Il y a eu plusieurs périodes.
03:20Il y a eu la période du fantasme.
03:21Il y a eu la période du fait qu'il a réussi à s'installer aux Etats-Unis.
03:26Et finalement, d'une certaine manière, en étant...
03:28Il se disait, finalement, je suis un peu peinard, je suis un peu tranquille.
03:31Parce que je ne peux sortir dans la rue, pas être...
03:33Et finalement, c'était un peu une sorte de retraite.
03:35Mais qui était une retraite, pas au sens de se retirer du boulot qu'il faisait.
03:41Mais en même temps, une façon, finalement, de prendre respiration.
03:47Dans un univers qu'il adorait et qu'il aimait.
03:50Et puis, les grandes balades en moto, tout ça.
03:52Quand on parle effectivement d'une chanson préférée, moi, j'aurais envie de dire 100%.
03:57Parce qu'au-delà de la chanson, il y a aussi le symbole.
03:59La tribu validée.
04:01Il y a le sens de la famille.
04:02Il y a l'émotion dans cette chanson.
04:03Et puis l'émotion.
04:04Et puis le très beau texte.
04:05C'est une très, très belle chanson.
04:06Il y avait quand même une proximité, Jean-Michel Jarre, avec les gens, avec son public.
04:11Parce que quoi ? Parce qu'il avait une vraie sensibilité de Johnny Hallyday ?
04:14Comment vous le décririez ?
04:15Je pense que c'était aussi un caméléon.
04:17C'est-à-dire que c'était quelqu'un qui pouvait être rocker à un moment donné.
04:21Extrêmement rocker.
04:22Il pouvait être dans un état second ou tertiaire, comme disait Philippe à l'instant.
04:28Et se retrouver instantanément sur scène et totalement en contrôle.
04:33Et puis être aussi le personnage extrêmement humble et gentil et tendre et sensible et fragile aussi.
04:40Qu'on connaissait quand on le voyait de manière intime.
04:44Et moi, j'ai passé des moments extrêmement touchants avec lui.
04:47Ce qui n'était pas seulement des moments de solitude aussi ou de désespoir qu'il avait aussi.
04:51Et je pense que ce côté caméléon a fait justement qu'il a été aimé aussi bien par la droite que par la gauche en politique.
04:58Que par les jeunes, que par les vieux, que par n'importe qui.
05:02Parce que justement, il avait cette espèce d'instinct, de générosité affective.
05:08Un mot sur l'absence du père.
05:11C'est quelque chose qui nous a aussi beaucoup rapprochés.
05:12Parce que moi, j'ai aussi été séparé de mon père très jeune.
05:16Et c'est quelque chose qu'il savait.
05:17Et on s'est beaucoup rapprochés par rapport à ça.
05:20C'est quelque chose dont il me parlait beaucoup.
05:22Il n'en parlait pas énormément aux gens autour de lui.
05:24Mais on a beaucoup échangé là-dessus.
05:26Il est arrivé un jour à Bercy, où il devait évidemment pas mal d'argent comme d'habitude.
05:31Et il dit, bon écoutez, comment on peut s'arranger ?
05:33Je suis Johnny Hallyday.
05:34Je vous chante trois chansons.
05:35Et vous me faites un rabais de 30-40%.
05:37C'est bon ?
05:38Mais là, tu parlais de Bercy.
05:40Les impôts, pas la salle.
05:42L'autre Bercy.
05:43L'autre Bercy.
05:44Je pense que le fait que tout le monde se réunisse autour de Johnny aujourd'hui,
05:48à une époque où justement les gens sont inquiets, sont isolés.
05:53Je pense que Johnny, il a aussi cette vocation-là.
05:55C'est-à-dire le fait d'un seul coup que tout le monde peut se réunir autour de quelqu'un
06:00et autour d'un personnage qui fait l'unanimité et qui rassure d'une certaine manière.
06:04Et c'est drôle qu'un rockeur qui commence sa vie rebelle d'ailleurs,
06:08en général, la termine, si je puis dire, en rassurant.
06:11Puisque c'est aussi la longévité qui fait que finalement,
06:15il plaît à toutes les générations dans la même famille.
06:17Donc tout le monde se réunit autour de Johnny.
06:18Il n'y a pas de discussion.
06:20Il n'y a pas de discussion.
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