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00:00:00Saint Louis est un roi immense,
00:00:08un mur porteur de notre pays et de notre civilisation.
00:00:13Depuis des années, j'ai entrepris une quête personnelle
00:00:18afin de retrouver la trace et l'image d'un Saint Louis à l'humanité sensible.
00:00:24J'ai remonté le fil de sa vie.
00:00:27Je me suis rendu sur les lieux qui ont marqué son existence.
00:00:36J'en suis arrivé à cette conclusion.
00:00:38La vie de Saint Louis est un trésor.
00:00:41Les enseignements que j'en ai tirés sont des lumières pour aujourd'hui.
00:00:47Il incarne le beau, le grand, le bien.
00:00:50C'est un roi donné, offert.
00:00:55Il incarne notre civilisation qui est la civilisation chrétienne.
00:01:01Oui, il est l'architecte de la lumière.
00:01:04On lui doit la Sainte Chapelle et tant d'autres cathédrales.
00:01:10J'ai choisi aujourd'hui de vous emmener avec moi
00:01:13dans les pas de ce roi du XIIIe siècle, dans les pas de Saint Louis,
00:01:18un souverain qui avait troqué sa couronne de puissance contre une couronne de souffrance.
00:01:25Un roi qui n'abandonna jamais ni son Dieu, ni son peuple.
00:01:31Il n'y a pas de hasard.
00:01:38Blanche de Castille, la mère du futur roi, le savait et le disait.
00:01:43Le destin d'un nouveau-né est lié au jour de sa naissance,
00:01:48comme un mauvais présage.
00:01:50Le petit Louis est né à 25 avril, le 25 avril 1214.
00:01:55C'est le jour de la Saint-Marc.
00:01:57C'est le jour des croix noires.
00:01:59Où des foules, dans toutes les cités du royaume, cheminent en procession.
00:02:05Ce jour-là, on voile les hôtels et les crucifix,
00:02:11en souvenance des victimes d'une épidémie de peste.
00:02:20C'est ici que Saint Louis est né à Poissy, au cœur du royaume de France.
00:02:28Il y a à l'époque un château, l'église Notre-Dame, où il est baptisé.
00:02:33La forêt giboyeuse d'Yvelines attire les seigneurs
00:02:38et les rois qui y bâtissent des résidences.
00:02:41Le roi Robert II le Pieux, fils duc Capet,
00:02:44reconstruit le château royal et pose en 1016
00:02:48la première pierre d'une église dédiée à Sainte-Marie,
00:02:51où Saint Louis sera baptisé.
00:02:57Voici possède l'avantage de n'être pas loin de Paris,
00:03:01la capitale, ville populeuse d'au moins 100 000 âmes,
00:03:07où le jeune Louis vit, grandit.
00:03:13Paris, c'est pour lui la joie des animations
00:03:16au cœur des rues, des poètes, des troubadours,
00:03:23le tumulte heureux d'une cité bien vivante.
00:03:27C'est à Paris que jaillissent ses premiers rêves.
00:03:37Louis vit dans la fièvre de la quête du Graal,
00:03:43le calice, le vaisseau, le ciboire,
00:03:47dans lequel Joseph d'Arimaty a recueilli au pied de la croix
00:03:51le précieux sang.
00:03:57Un homme, un exemple, va inspirer Louis dans ses premières années.
00:04:03C'est le roi, Philippe Auguste, son grand-père.
00:04:11Louis est d'ailleurs le premier roi de France
00:04:14à avoir connu son grand-père.
00:04:17Philippe Auguste, de son vivant, est déjà une légende,
00:04:22cavalier émérite, et surtout, c'est le fameux vainqueur
00:04:25de la bataille de Bouvines, l'année même de la naissance de Louis,
00:04:30en 1214.
00:04:34Philippe Auguste prend sous son aile le jeune Louis.
00:04:38Il surnomme Petit Charlemagne
00:04:41et aime lui conter le récit de cette bataille mémorable de Bouvines.
00:04:48Le choc sera terrible, mais Dieu était avec moi.
00:04:52Moi, il m'envoya une troupe de laboureurs et de boutiquiers
00:04:56qui fut mon renfort.
00:05:00Battu, l'empereur s'enfuit.
00:05:03La bataille est gagnée.
00:05:07Le jeune Louis grandit.
00:05:09Il s'élance sur son destrier,
00:05:12galvanisé, emporté par les récits épiques de son grand-père.
00:05:16Lui aussi, il veut aller à Bouvines.
00:05:18Il est touché au plus profond de son cœur
00:05:19par les rires chaleureux,
00:05:22la tension de son aïeul.
00:05:27Nous sommes en juillet 1223.
00:05:30Le temps est à l'orage.
00:05:32Louis est dans la cour du Louvre.
00:05:35Il s'amuse avec son frère Robert,
00:05:37cadet de deux ans, son frère chéri.
00:05:39Sa mère, Blanche de Castille, interrompt brutalement la distraction.
00:05:50Elle regarde ses fils et leur dit,
00:05:53Le roi est mort.
00:05:55Le grand-père est mort.
00:05:57Quel choc.
00:05:58Ce grand-père si vaillant vient de succomber aux paluches.
00:06:08Louis n'arrive pas à y croire,
00:06:11jusqu'au moment où il se retrouve habillé tout de blanc,
00:06:15le blanc du deuil royal.
00:06:17Nous sommes à Saint-Denis, le cimetière des rois,
00:06:23la nécropole royale.
00:06:26C'est ici que tous les ancêtres sont ensépulturés.
00:06:30Le cortège fait face à la basilique.
00:06:36Sa mère lui fait signe.
00:06:42Louis s'avance vers ce grand-père.
00:06:47Le découvre, sceptre à la main,
00:06:51couronne sur la tête et l'embrasse sur le front.
00:06:55Il frissonne et est glacé.
00:07:00Louis pleure toutes les larmes de son corps.
00:07:06Son enfance est finie.
00:07:09Soudain, il se remémore cette phrase du défunt.
00:07:12Un enfant roi n'a pas d'enfance.
00:07:18Louis gardera toujours en mémoire
00:07:21les mises en garde de son grand-père.
00:07:24Méfie-toi, Louis, lui avait-il dit.
00:07:27La France est menacée à l'extérieur par trois forces au moins.
00:07:30D'abord par les Plantagenais
00:07:32qui rêvent de conquérir notre royaume.
00:07:34Ensuite, par l'empire mongol,
00:07:37du redoutable Genghis Khan
00:07:39qui a transformé un empire des steppes
00:07:41en un empire universel aux portes de l'Europe.
00:07:48Enfin, par les seigneurs féodaux,
00:07:51à l'intérieur même du royaume.
00:07:52Louis prend conscience de son devoir de protéger son royaume.
00:08:00Et bien au-delà de protéger sa civilisation, la chrétienté,
00:08:07et en particulier Jérusalem, où se trouve le tombeau du Christ,
00:08:11qu'il veut libérer des mains des mamelouks.
00:08:14« Oh, Yahouzalem ! » murmurent-ils. « Oh, Yahouzalem ! »
00:08:20murmurent-ils. « Oh, Yahouzalem ! »
00:08:22Nous sommes le 6 août 1223.
00:08:38Trois semaines après la mort de Philippe Auguste,
00:08:42les cloches sonnent à toutes volées.
00:08:46Des « Vive le roi » retentissent dans les rues de Reims.
00:08:50Un roi ne meurt donc jamais.
00:08:53Et ce nouveau roi, c'est son père, Louis VIII.
00:09:00Le petit Louis a 9 ans.
00:09:03Il voit ses deux parents se prosterner sous la lourde couronne,
00:09:07chargés de camées antiques et des mots orientaux.
00:09:10Ils ont tous les deux 35 ans.
00:09:14Le petit Louis se demande souvent ce que pouvait bien penser sa mère,
00:09:19loin de sa Castille natale.
00:09:22Sans doute, les envoûtements espagnols lui manquaient.
00:09:30Dans toutes les cités du royaume,
00:09:33on a appris à admirer cette reine, à l'aimer.
00:09:36Le peuple accourait aux fenêtres, à chacun de ses passages.
00:09:42Tous les gens lui faisaient grâce, à l'exception des barons.
00:09:47Ces grands vassaux qu'il appelait l'étrangère.
00:09:50Ceux-là même qui s'opposeront à elle, quelques années plus tard.
00:09:56Il y a une phrase que Louis entend souvent.
00:10:06Durant son enfance, Blanche de Castille lui dit,
00:10:10Mon fils, un roi illettré n'est qu'un âne couronné.
00:10:17Blanche veille à l'éducation, aux lectures de son fils.
00:10:21Il apprend le latin, la seconde langue du palais.
00:10:24Après la langue officielle, la langue d'Oil.
00:10:27Le matin, Louis s'exerce à cheval.
00:10:31On lui enseigne ensuite l'histoire de France.
00:10:35Mais la reine tient aussi et surtout à ce que son fils soit un catholique exemplaire.
00:10:41Elle lui dit, Louis, je préférerais vous voir mort que commettre un seul péché mortel.
00:10:48L'éducation religieuse tient une place dominante dans la vie de l'enfant.
00:10:54Crainte de Dieu, justice, sagesse et puissance sont les piliers de sa formation.
00:11:09Le deuil, une nouvelle fois, vient frapper à la porte de la maison royale.
00:11:18Trois ans après la mort de son grand-père, c'est au tour de son père de mourir.
00:11:26Louis VIII, emporté par la maladie, sur le retour d'une croisade contre les hérétiques, les cathares.
00:11:37Le roi est mort.
00:11:40Louis est depuis le décès de son frère aîné, l'héritier.
00:11:44Mais il n'a que 11 ans.
00:11:48Si jeune pour régner, si jeune pour prendre en main le destin de la France.
00:11:53Que faire ?
00:11:54Il faut se hâter, dit Michel de Arne, une figure, un compagnon fidèle de Philippe Auguste.
00:12:03Ne pas laisser de temps à la convoitise des seigneurs qui sont prêts à fondre sur leur proie.
00:12:10Comment faire ?
00:12:11Eh bien, aller à Reims, sacrer le roi, très vite.
00:12:16La décision est prise.
00:12:18Trois semaines après la mort du roi, le sacre est planifié.
00:12:22La réaction des barons ne se fait pas attendre.
00:12:28Quel dommage que le délai soit si bref. Nous serions venus, sinon.
00:12:33Les barons se défilent, les uns après les autres.
00:12:37Il décline l'invitation. Le comte de Bretagne, Pierre de Dreux, dit mot clair.
00:12:41Ce qui restait de son enfance est terminé pour le petit roi.
00:12:47Louis s'apprête à être sacré dans un courant d'hostilité.
00:12:5528 novembre 1226, Louis et sa mère entrent dans Reims.
00:13:01La ville du sacre des rois trans, depuis Louis le Pieux, fils de Charlemagne, en 816.
00:13:14La reine, en apercevant l'assistance, a immédiatement compris la gravité de la situation.
00:13:19Beaucoup de barons ont décliné l'invitation.
00:13:23Pierre de Bretagne, Hugues de la Marche, ont entraîné dans leur défaillance tous les seigneurs du Poitou.
00:13:31Le rite débute, minuté, chorégraphié.
00:13:38La solennité est là, mais pas la liesse.
00:13:43L'absence des barons inquiète.
00:13:46Louis entre, accompagné de sa mère, et s'avance vers l'échafaud.
00:13:54C'est ainsi qu'on appelle l'estrade, juste devant le cœur.
00:13:57Debout, devant l'autel, Louis se défait de ses vêtements.
00:14:04Monseigneur de Basoch, prélève alors du Saint Crème, avec une aiguille en or, et lui donne l'onction.
00:14:11Je te fais roi au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.
00:14:17Dieu te saint de la couronne de gloire et de justice, déclare l'évêque, en lui plaçant la couronne de Charlemagne sur la tête.
00:14:27« Vive le roi Louis ! Vive le roi Louis ! » s'exclame le peuple.
00:14:36Louis, au milieu des vivas, s'interroge alors sur sa vocation.
00:14:40Il est donc la mission d'un roi, le salut de son peuple dans l'au-delà, ou les bonheurs ici-bas.
00:14:53Vous savez, Louis lui répond sa mère,
00:14:57« Ce qu'on attend d'un roi, ce n'est point d'apporter les bonheurs privés, mais d'éloigner les malheurs publics. »
00:15:10L'absence des barons est de mauvaise augure.
00:15:14Elle annonce une période de trouble.
00:15:16La trahison, puisqu'il s'agit d'une trahison, elle est venue de l'Ouest.
00:15:24Le jeune roi anglais, Henri III, a scellé une alliance avec plusieurs barons.
00:15:30Le comte de Mauclair, Lusignan, le comte de Lamarche, le comte de Dreux et le fameux Thibaut de Champagne.
00:15:41Louis est roi, mais il est trop jeune.
00:15:44C'est donc Blanche qui règne.
00:15:47Et ses vassaux insolents ne supportent pas l'idée que le royaume de France soit en des mains féminines.
00:16:03Cette trahison donne lieu à la première situation de tension de son règne.
00:16:08Un face-à-face direct avec ses ennemis venus de l'Ouest.
00:16:20Le voilà qui fonce sur les bords de la Loire, aux côtés de Michel de Harnes.
00:16:25Et surtout, d'une femme tout de blanc vêtue, Blanche de Castille, sa mère.
00:16:33La troupe, vaillante, renforcée par les rescapés de Bouvines, arrive à Tours en quelques jours seulement.
00:16:40Les féodaux, inféodés, ne s'attendent pas à cette démonstration de force.
00:16:48Blanche, de son côté, parvient à entamer des discussions et à diviser les barons entre eux.
00:16:54Thibaut de Champagne retourne sa veste pour déclarer son amour et sa fidélité à la reine.
00:17:04Les félons n'ont d'autre choix que de faire soumission.
00:17:07Même si au fond de leur cœur, ils n'abandonnent aucun de leurs projets secrets.
00:17:13Ils veulent se venger.
00:17:17Et il faut attendre.
00:17:21Ils apprennent que Louis est parti en direction d'Orléans.
00:17:25Ils montrent en urgence une opération pour le capturer.
00:17:29Je dis bien pour le capturer.
00:17:34Louis doit se cacher au château de Montlhéry,
00:17:37tandis qu'un messager est envoyé pour prévenir la reine de rester à Paris.
00:17:41Elle fait immédiatement sonner les cloches de la ville pour envoyer le peuple sauver son fils.
00:17:55Et c'est le petit peuple qui vient à la rescousse du roi.
00:17:59Une nouvelle fois.
00:18:01Le peuple de Bouvines.
00:18:03Les paysans, les bouchers, les colonnes entières, les tisserands
00:18:07qui brandissent leurs outils de travail au-dessus de leur tête
00:18:10et qui scandent « Longue vie au roi Louis ».
00:18:14Ce petit peuple a sauvé la couronne.
00:18:18Nous sommes à la Noël 1228.
00:18:29Les barons n'ont pas dit leur dernier mot.
00:18:32La reine blanche est furieuse.
00:18:35De quoi se mêle l'église ?
00:18:38Elle fait référence à ce qui s'est déroulé le soir de la nativité à Oxford,
00:18:48alors qu'on y banquetait et qu'on y choquait le broc avec le vin de l'Aquitaine.
00:18:53Un prélat français, c'est levé.
00:18:59Un ver à la main, c'est l'archevêque de Bordeaux.
00:19:05Que fait-il en Angleterre ?
00:19:08Il est venu offrir à Henri III le plus beau des cadeaux de Noël
00:19:14qu'on puisse offrir à l'Angleterre.
00:19:16Le cadeau, c'est la France.
00:19:18Par une déclaration d'allégeance, il offre la France à l'Angleterre.
00:19:26Et voilà ce que dit cet archevêque de Bordeaux.
00:19:29Je cite.
00:19:31« Sire, quand vous voudrez bien le prendre, sachez-le,
00:19:36le pays de France sera à vous. Nous vous attendons.
00:19:40Au nom des barons de Normandie, de Guyenne, du Poitou et de Cascogne,
00:19:44je vous invite à venir promptement
00:19:48réclamer l'autorité sur ce pays qui vous revient de droit.
00:19:52À votre signal, nous semencerons nos vassaux,
00:19:58nous armerons nos sujets et ferons sonner nos cloches.
00:20:04Vous n'aurez plus qu'à hisser l'étendard d'Angleterre.
00:20:07Telle est la trahison.
00:20:11Blanche a eu vent de cette filonie.
00:20:14Elle a des oreilles un peu partout dans le royaume.
00:20:18Elle n'est pas surprise.
00:20:21Les barons ont inventé une ruse.
00:20:24Le comte de Bretagne doit être le premier à lever une armée
00:20:30contre le roi d'Angleterre pour que Blanche, dans son sillage,
00:20:34convoque l'oste royal.
00:20:36Les barons suivront, mobiliseront leurs troupes,
00:20:40mais n'enverront volontairement que de maigres effectifs,
00:20:45à vrai dire, leurs plus mauvaises troupes.
00:20:49Blanche le sait.
00:20:52L'affrontement est inéluctable.
00:20:56Chacun compte ses troupes, se prépare au choc.
00:21:00Le mauvais clerc, comme on l'appelle avec ses troupes de Bretagne,
00:21:05est le premier à entrer en terre de France
00:21:08et à semer le feu, la terreur dans les villages du royaume.
00:21:13Le péril est immense.
00:21:16La reine quitte Paris et demande au baron de la rejoindre
00:21:22en un point de rendez-vous fixé dans le perche
00:21:25pour marcher ensuite contre les troupes du comte de Bretagne.
00:21:33Sur le lieu de rendez-vous, conformément au plan,
00:21:37les seigneurs sont bien présents,
00:21:40mais avec leurs plus misérables soldats.
00:21:42La reine, saignant la surprise, leur dit,
00:21:48« Ce sont les seuls régiments que vous nous amenez. »
00:21:53Puis, elle ajoute avec son mépris castillant,
00:21:57« Messieurs, nous n'avons pas besoin de vous.
00:22:01Je vous donne congé.
00:22:02Retournez à vos petites briques dans vos taupinières. »
00:22:11Les régiments royaux n'ont que faire de vos renforts.
00:22:16Mais le péril demeure.
00:22:18Blanche se retourne vers le connétable de Montmorency et le maréchal Clément.
00:22:22Que faire ?
00:22:25Il faut frapper en premier.
00:22:26Elle abonde en ce sens.
00:22:29Elle est décidée à frapper en premier.
00:22:32Le cortège se met en route.
00:22:35D'abord les milices bourgeoises et les garnisons des communes,
00:22:40puis les machines de guerre qui sont plus lentes.
00:22:43Cet assaut, elle le prévoit à Belhem, en territoire ennemi.
00:22:49Soudain, à l'horizon, les éclaireurs aperçoivent ce château de Belhem,
00:22:54le poste avancé du Comte de Bretagne.
00:22:57Le temps est glacial.
00:23:01La forteresse semble imprenable.
00:23:05Les premières charges de projectiles sont vaines.
00:23:09Les premières lignes sont sous le feu nourries d'arbalettes.
00:23:13De flèches et même de rochers lancées depuis les murailles.
00:23:23Un nouveau plan est alors décidé.
00:23:27Creusé sous les murailles.
00:23:30Après des heures de labeur,
00:23:32beaucoup de pertes,
00:23:34le travail finit par payer.
00:23:37La muraille s'effondre.
00:23:40C'est la victoire.
00:23:44L'annonce se répand comme une traînée de poudre dans tout le royaume.
00:23:49Les anglais, à peine débarqués, sont pris de terreur
00:23:53et reprennent la mer.
00:23:55La reine-mère prend son fils dans ses bras.
00:23:59Elle le serre affecteusement et lui dit,
00:24:03« Mon fils, les barons y regarderont à deux fois maintenant,
00:24:08avant de s'approcher du roi. »
00:24:10Au contact de sa mère,
00:24:15Louis apprend beaucoup.
00:24:18Peu à peu, il s'émancipe et affirme son autorité.
00:24:22Il se prend maintenant à songer à trouver une reine.
00:24:26Il mandate l'un de ses proches, Gilles de Flagy,
00:24:29et l'envoie en Provence avec mission d'y trouver peut-être sa promise.
00:24:36Et puis, voici quinze jours, Gilles de Flagy est de retour à la cour.
00:24:42Louis l'aperçoit, s'approche à la hâte et lui demande,
00:24:46« Elle est belle ? »
00:24:51Une enluminure de lavande au milieu d'un concert de cigales.
00:24:57Et comment s'appelle-t-elle ?
00:25:01Marguerite.
00:25:05Le mariage est décidé.
00:25:07Il n'aura lieu ni à Paris, ni en Provence,
00:25:11mais à Sens,
00:25:13à la mi-mai 1234.
00:25:17Les deux futurs mariés ne se connaissent pas.
00:25:21Il faut imaginer leur appréhension.
00:25:29Le cortège royal, parti de Paris,
00:25:33grossit, remonte la Seine.
00:25:39L'arrivée est triomphale.
00:25:44Marguerite ne dévoile qu'au dernier moment le mystère de son visage
00:25:49et de sa voix.
00:25:52Louis la découvre.
00:25:55Enfin, au moment où elle apparaît,
00:25:59c'est un éblouissement.
00:26:01En quelques secondes, elle devient la reine du cœur du jeune roi.
00:26:11Le lendemain, le 27 mai 1234,
00:26:14Marguerite s'avance dans la nef,
00:26:18vêtue du manteau royal de France,
00:26:22bordée d'azur et ornée de fleurs de lys d'or.
00:26:27Elle pleure d'émotion.
00:26:29Elle sent que c'est la fin de l'enfance.
00:26:32L'adieu à la Provence.
00:26:39Vêtue de soie, la tête courbée,
00:26:43Marguerite reçoit sa couronne.
00:26:46Le royaume l'attendait.
00:26:55Après trois jours de fête,
00:26:58il est temps pour le couple royal de gagner Paris.
00:27:02Les affaires du royaume n'attendent plus.
00:27:05Alors, débute une drôle de cohabitation au palais.
00:27:13Deux reines, blanches, sévères et austères,
00:27:18la Castillane.
00:27:20Marguerite, vive et énergique.
00:27:24Cette dernière veut introduire au Louvre un nouvel esprit,
00:27:27un peu de sa couleur provençale.
00:27:29Blanche voit d'un mauvais œil
00:27:34cette bruit qui lui fait de l'ombre.
00:27:39Elle reproche très vite à son fils
00:27:42de ne plus écouter que sa femme.
00:27:45Et comme on dit à l'époque,
00:27:47deux marmites au feu font la fête,
00:27:51mais deux femmes font la tempête.
00:27:54Les tensions s'apaisent quand même, peu à peu.
00:27:56Elles se dissiperont réellement six ans après la noce,
00:28:00au moment où va naître le premier enfant,
00:28:04une fille prénommée Blanche.
00:28:06Jeune époux, père, roi, lui était un homme bien occupé.
00:28:22Mais c'était un homme avant tout tourné vers le ciel,
00:28:25vers la lumière.
00:28:26Chacun de ses voyages sur les routes de France est un émerveillement.
00:28:35Louis est né au siècle de l'embrasement des cathédrales.
00:28:45Ce sont les futurs trésors du royaume et il en a déjà parfaitement conscience.
00:28:51Il va lui-même donner son impulsion pour bâtir des indices religieux,
00:28:57comme à l'habille du royaume.
00:29:00Il faut l'imaginer ici avec le père abbé,
00:29:03une civière emplie de cravats,
00:29:06participant lui-même avec ses propres mains à la pose des fondations.
00:29:09Louis dort même dans le dortoir et il revêt une robe de bur dans la journée,
00:29:24une place y est réservée pour lui, une place au milieu de tous.
00:29:28Royaumont sera toujours pour lui ce lieu de ressourcement intérieur,
00:29:33où il aime avenir quand le dimanche s'approche.
00:29:38Il ôte sa vesture royale pour ne porter qu'une simple chape de laine.
00:29:43Il rejoint sa cellule, sa voix se mêle à celle des moines lors des matines.
00:29:51Il écoute les enseignements du père abbé.
00:29:54C'est en ces murs qu'il fait une rencontre fondatrice pour sa propre vie.
00:30:09Dans une petite maison isolée vit un frère qui s'appelle le frère Liger.
00:30:14Ce moine enseigne le roi sur la vertu de paix et de souffrance.
00:30:21La sienne est hors des forces humaines.
00:30:25Il est lépreux.
00:30:27Il souffre de cette maladie terrible.
00:30:30Elle lui a pris la moitié du visage, son apparence est impressionnante
00:30:34et on lit en permanence son immense et perpétuelle douleur physique.
00:30:40Louis est le seul à lui rendre visite.
00:30:48Louis rencontre la pauvreté.
00:30:50Cette pauvreté lui enseigne une nouvelle manière de gouverner.
00:30:53Il sera le roi mendiant.
00:30:56Il sera le roi des pauvres.
00:30:59Il sera le roi des écouels.
00:31:01Il veut nourrir les malades.
00:31:03Il veut les soigner lui-même.
00:31:05Il veut les élever même au rang de roi.
00:31:08Louis a conscience de n'être que de passage.
00:31:12Il va donc tourner son action au service de la lumière.
00:31:15Dédier sa vie à Dieu.
00:31:26Louis IX est un homme de Dieu, mais un souverain qui doit asseoir son autorité
00:31:30dans un royaume toujours en fusion, surtout à l'ouest.
00:31:35L'Angleterre n'a pas dit son dernier mot.
00:31:41Les anglais n'ont pas supporté cette provocation, cette nouvelle flèche de bouvines.
00:31:46Louis a choisi de célébrer l'adoubement de son frère Alphonse à Saumur.
00:31:50Une ville longtemps tenue par les anglais sous une halle hautement symbolique,
00:31:58construite par Henri II, roi d'Angleterre.
00:32:02Les barons, au premier rang desquels le comte de Lusignan,
00:32:07se sont une nouvelle fois alliés au Plantagenais.
00:32:10L'heure de la revanche a sonné.
00:32:14Le combat va avoir lieu à Taillebourg, puis à Sainte.
00:32:22La cavalie française charge et le choc est terrible.
00:32:30Le roi d'Angleterre prend la poudre d'escampette et file à l'anglaise.
00:32:35C'est de là que vient l'expression.
00:32:43Honteux, Lusignan et sa femme viennent se soumettre au roi.
00:32:48Louis, des bonheurs, leur pardonne.
00:32:52Dans la soirée, le roi apprend que la reine Isabelle se retire dans un couvent
00:32:57pour noyer sa rancœur et sa haine.
00:33:00L'autorité de la couronne sur cette terre est assurée, mais la couronne céleste est en péril.
00:33:11Louis a conforté son autorité, mais une couronne bien plus importante que la sienne est en danger.
00:33:17Sire, l'empire byzantin ne tient plus qu'à un fil, celui de la chrétienté, déclare devant lui l'empereur byzantin Baudouin II, suppliant.
00:33:36Au lieu de vous répandre en gémissement, pourquoi ne pas lever une armée, Baudouin ?
00:33:46Lui répond Saint Louis, je n'en ai plus les moyens.
00:33:49Son trésor est vide.
00:33:51Il avait mis en gage auprès des nobles vénitiens quelques dépouilles.
00:33:54Mais de quelle dépouille parlez-vous ?
00:33:59De la couronne d'épines.
00:34:06Cette annonce laisse un blanc glacial sacrilège.
00:34:12La couronne d'épines va être vendue de temps presse.
00:34:16Louis refuse que cette couronne d'épines se transforme en objet de commerce.
00:34:21Il veut absolument l'intercepter.
00:34:23Alors il faut trouver un accord et on trouve un accord.
00:34:27Le roi Louis fera un don à Byzance et en échange, il récupère la couronne.
00:34:34Quelques mois plus tard, le 10 août 1239, à cinq lieux de sens,
00:34:40Louis retrouve les envoyés royaux, gardiens du coffre scellés par les sceaux des barons byzantins.
00:34:48Louis d'un geste solennel ouvre la cassette d'or.
00:34:52Un stand de silence solennel face à ce trésor inestimable.
00:34:57Dans le cœur de Louis, déjà, s'entrelacent les deux couronnes.
00:35:02La sienne, la couronne de France et celle de Jérusalem.
00:35:05Dans l'intimidité de sa pensée naît une certitude.
00:35:11Il faut partir en croisade, libérer Jérusalem.
00:35:22De sens, pieds nus, le roi, accompagné de son frère, porte le trésor.
00:35:27Tout au long du chemin, villageois et citadins se pressent, des chants de louanges retentissent.
00:35:38Après 24 heures de marche, le cortège entre dans Paris.
00:35:42Le caisson se pose immédiatement, roi, où conserver des reliques d'une telle grandeur ?
00:35:57Imagine, plus beau des reliquaires, pour la plus grande des reliques.
00:36:10Un jour, Saint Louis convoque son architecte et lui dit,
00:36:14« Je veux que vous, Pierre de Montreuil, vous me dessiniez un tabernacle de lumière,
00:36:21une chasse translucide pour abriter le plus grand trésor,
00:36:26une arche lumineuse qui nous transporte vers les lumières brûlantes d'Orient.
00:36:32Jusqu'à présent, c'est toujours la pierre qui a tenu la lumière.
00:36:36Je veux que désormais, avec cette arche nouvelle, ce soit la lumière qui tienne la pierre.
00:36:43Sacrifiez, Pierre, je vous en supplie, sacrifiez tout à la lumière. »
00:36:48Sa construction, sur l'île de la cité, se fait en un temps record.
00:36:54La chapelle haute abritera les reliques de la Passion du Christ.
00:36:58670 mètres carrés de derrière.
00:37:00Un joyeux lumineux imblouissant grâce à 1300 vitraux.
00:37:08Le plus fascinant, la pierre qui semble avoir disparu au bénéfice de la lumière.
00:37:15Le pari est gagné.
00:37:19Le 26 avril 1248, le reliquaire est consacré.
00:37:24Au-dessus de cette chapelle se dresse une flèche en cèdre du Liban.
00:37:36L'arbre de Terre Sainte, comme un mât, un sillage et un appel.
00:37:41L'appel de Jérusalem.
00:37:42Oh, Jérusalem, murmure le roi.
00:37:49C'est une lumière d'Orient que le roi a voulu capter pour la mettre en haut de cette grande verrière d'Apocalypse.
00:37:56Une symphonie de vers où se rencontrent les lueurs de Méditerranée, d'Égypte et de Syrie.
00:38:02Une retranscription physique du royaume de Dieu.
00:38:06Mais l'Orient n'est pas uniquement porteur de trésors et de lumière.
00:38:22Une nouvelle menace pèse sur le royaume.
00:38:24Des hordes d'hommes venant d'Asie montés sur des petits chevaux, des ferles sur l'Europe.
00:38:33On les dit descendants des sorcières chinoises et des démons du désert.
00:38:38On n'y connaît pas bien. On sait simplement que le fléau est incarné par son chef, le fameux Gengis Khan.
00:38:46Gengis Khan, Krakowi, Breslo, Neustadt sont déjà tombés.
00:38:57Le royaume de France a peur, nourrit des légendes qui entourent ce peuple venu des steppes.
00:39:04Un événement va modifier la donne. La mort subite du grand Khan, blessé mortellement selon la légende par une flèche.
00:39:16Sa mort sonne le glas des conquêtes sanguinaires et impitoyables du chef mongol.
00:39:22Une menace en moins qui permet à lui de tourner délibérément ce regard vers l'Orient.
00:39:27Nous sommes en 1245, à peine une menace évanouie qu'un autre péril surgit.
00:39:44Marguerite vient de donner naissance dans la douleur à un héritier Louis.
00:39:50En action de grâce, le roi se rend en pèlerinage dans un lieu fascinant, Rocamadour.
00:40:03Dans ce village suspendu, à la falaise, la vierge noire, douce, triste, attend le roi.
00:40:09C'est en ce lieu magique, à la sortie de la grotte, que le roi apprend une terrible nouvelle.
00:40:17Les infidèles se sont emparés de Tibériade, Jérusalem, Ascalon et Damas.
00:40:26Femmes, vieillards et enfants ont été massacrés.
00:40:29La cité suspendue devient trouble.
00:40:37Louis titube, il a le cœur transpercé.
00:40:41Sur le retour, la nouvelle s'est répandue, en son corps comme un poison.
00:40:47Tombe, cramant malade.
00:40:50Une fièvre terrible.
00:40:55Le roi se meurt, c'est la fin.
00:41:00Alors, dans un jet de désespoir, la reine blanche dispose des saintes reliques sur le corps de son fils.
00:41:08Dans le murmure des prières des agonisants.
00:41:11Toute la famille royale est présente.
00:41:14Pleure ce roi, encore si jeune.
00:41:18Louis se voit lui-même partir.
00:41:23Il adresse une dernière prière.
00:41:26Le voilà entre les deux Jérusalem, la céleste et la terrestre.
00:41:32S'il a dit à un seigneur que je revienne de la première, j'irai de ce pas, délivrer la seconde.
00:41:45Et le miracle se produit.
00:41:51La main droite du roi tressaille.
00:41:55Le mouvement de son corps fait sursauter les évêques présents, dont le cœur était déjà en deuil.
00:42:00D'un signe, il leur demande de laisser la croix sur sa chemise.
00:42:06Cela a un sens pour lui.
00:42:08Blanche, pétrifiée, a compris.
00:42:10Son fils va survivre.
00:42:12Elle décide véritablement s'il se rétablit de se croiser.
00:42:15Sa mère lui demande, aussitôt, de renoncer à son projet.
00:42:24Les évêques le supplient également.
00:42:27N'y allez pas.
00:42:29Louis persiste.
00:42:31Le roi est décidé.
00:42:33À peine sauvé, il veut se mettre en marche.
00:42:36La chrétienté crie au secours, mais un homme reste à convaincre.
00:42:51Le pape Innocent IV, jusqu'à l'heure opposée à la croisade.
00:42:56Une rencontre est fixée.
00:42:58Elle aura lieu en novembre 1245, à Cluny.
00:43:07Le 30 novembre précisément, l'escorte royal entre à cheval sous le porche de l'abbaye de Cluny.
00:43:15Toute une armée accompagne le roi.
00:43:19Le pape Platon.
00:43:21Les cardinaux sont coiffés d'un nouveau chapeau écarlate,
00:43:26symbole qui signifie qu'ils sont prêts à verser leur sang pour l'Église.
00:43:32Le pape lui aussi a aligné son armée.
00:43:37Mais Louis obtient une chose, celle qu'il était venu chercher.
00:43:46L'autorisation du Saint-Père à partir en Terre Sainte et à se croiser.
00:43:51Louis est à Royaumont, jour de deuil.
00:44:01Il enterre un de ses enfants, Jean, mort quelques jours après sa naissance.
00:44:06Un nouveau malheur qui ne détourne pas le roi de son idée de Terre Sainte.
00:44:10Au contraire, il est justement en train de régler les derniers détails logistiques, à commencer par l'itinéraire à prendre.
00:44:18La terre ou la mer.
00:44:22La navigation a fait d'immenses progrès.
00:44:25Mais le Royaume de France ne possède pas de port.
00:44:29Il faut en construire un.
00:44:30Une terre de marécage, de sable et de sel est choisie.
00:44:40Aigues mortes.
00:44:42La baie des eaux mortes.
00:44:44Bientôt, on voit s'élever la tour de Constance et les murailles du fort.
00:44:52Mais cela ne suffit pas, il faut une aide humaine.
00:44:56Partout, ce n'est que refus.
00:44:58L'Allemagne et l'Italie recrutent leurs hommes pour leur propre croisade.
00:45:07Louis est seul.
00:45:09Il va avoir recours à une ruse.
00:45:14Ce soir de Noël, Louis offre, dans la pénombre de la nuit, au seigneur et au chevalier, un nouveau manteau.
00:45:22On s'empresse de le porter.
00:45:26Mais ce n'est qu'au petit matin, au premier rayon de lumière,
00:45:30que se révèlent les croix brodées d'or sur les épaules des soldats.
00:45:34La décence leur interdit de découdre cette croix.
00:45:41Et voilà enrôlés par surprise.
00:45:4825 août 1248.
00:45:52Jour du départ.
00:45:54Dans son palais, le roi fait une dernière prière avec sa famille auprès des saintes reliques.
00:45:58Le cortège se met en route.
00:46:12À Corbeil, le martèlement des pas, des pâles froids, dépouillés de leurs estriers, retentissent dans toute la ville.
00:46:21Blanche attend son fils, elle a le regard tragique d'une matière Dolorosa.
00:46:27Elle sait.
00:46:29Elle sent.
00:46:31Elle pressent.
00:46:32Adieu mon fils, que j'aime tant.
00:46:38Vous serez toujours mon petit Louis de Poissy.
00:46:40Adieu.
00:46:43Pourquoi dites-vous adieu ma mère ?
00:46:46Mais parce que mon instinct de mère m'enseigne,
00:46:50que je ne vous reverrai pas.
00:46:53Mais je reviendrai.
00:46:55Je ne serai plus là.
00:46:56Je ne serai plus là.
00:46:58Vous m'avez été le meilleur fils qui jamais fut à sa mère.
00:47:05Je garderai la France.
00:47:07Beau et tendre fils.
00:47:09Mais vous.
00:47:11Je vous perds aujourd'hui.
00:47:14Elle pleure.
00:47:16Louis aussi sait qu'il ne reverra pas sa mère.
00:47:20Louis se cache pour pleurer.
00:47:23Adieu ma mère.
00:47:3225 000 hommes et 8 000 chevaux l'attendent.
00:47:36Louis n'est plus qu'un simple pélin,
00:47:40marchant avec sa besace et son bourdon.
00:47:43Paris, Sens, Vézelay, Lyon, itinéraire,
00:47:47dans une France où on sort tous les trésors d'architecture.
00:47:50C'est le temps des cathédrales.
00:47:51Enfin, le cortège atteint.
00:47:54Aigues mortes.
00:47:57C'est l'heure d'embarquer.
00:47:59D'abord les chevaux,
00:48:01puis le clergé chantant un Véni-Creator Spiriti.
00:48:04Enfin les croisés.
00:48:06La flotte s'ébranle.
00:48:08La Montjoie transporte la famille royale.
00:48:11La Montjoie.
00:48:13Elle forme une étoile avec une quarantaine d'autres navires.
00:48:17La flotte fait tir, grandiose.
00:48:21Et met cap sur Chypre.
00:48:24La flotte fait escale à Chypre.
00:48:39Le temps d'attendre du renfort.
00:48:42Puis reprend la mer.
00:48:44Le roi a gardé le point d'arrivée secret.
00:48:52Le 4 juin 1249.
00:48:55La terre approche.
00:48:57Du bateau, on crie,
00:49:01Damiette en vue, Damiette en vue.
00:49:04C'est en Egypte,
00:49:06dans cette ville à l'embouchure est du Nil,
00:49:09que Louis a décidé de poser pied
00:49:12pour rejoindre ensuite Jérusalem.
00:49:15Louis a visé le delta du Nil.
00:49:18Son objectif est affaiblir
00:49:21les importantes forces sarragines
00:49:23qui y sont concentrées.
00:49:25Suivant le Nil,
00:49:27il foncera ensuite vers le Caire.
00:49:30Puis Jérusalem.
00:49:33Louis et ses soldats s'apprêtent déjà à combattre.
00:49:37Ils entendent les trompettes et les tambours
00:49:39mêlés au cri de Sarrazin
00:49:41et au chant du Mouezine.
00:49:45Louis revêt sa cote de satin bleu
00:49:49et s'adresse à son armée.
00:49:51Mes fidèles amis,
00:49:54nous serons invincibles
00:49:56si nous demeurons inséparables.
00:49:59Si nous sommes vaincus,
00:50:01nous montrons tous au ciel comme des martyrs.
00:50:04Si nous triomphons,
00:50:06au contraire,
00:50:07la gloire sera celle de toute la France,
00:50:09peut-être même de toute la chrétienté.
00:50:12Louis ne veut pas attendre,
00:50:14il est prêt à l'affrontement,
00:50:15mais deux tiers de la flotte
00:50:16dispersée par le voyage
00:50:17ne sont pas encore arrivés.
00:50:27La nuit, les croisés,
00:50:29faute de prêtres, se confessent entre eux
00:50:31et craignent le pire.
00:50:33Au point du jour,
00:50:34l'armée embarque
00:50:36dans des barques à fonds plats.
00:50:39L'oriflamme se dresse fièrement.
00:50:42Dès le débarquement,
00:50:44c'est le choc.
00:50:48Les troupes d'infidèles les attendent
00:50:50et ripostent.
00:50:52Les archers sarrasins
00:50:54répondent aux arbalétriers.
00:50:56Certains écuyers pressés,
00:50:58alourdis par leurs côtes de laine
00:51:00imprégnés d'eau,
00:51:02s'affaissent.
00:51:03Trop chargés.
00:51:04Et ils se noient.
00:51:10Sur le sable,
00:51:12Louis et ses frères,
00:51:13entourés de courageux barons
00:51:15et de leurs chevaliers,
00:51:16crient
00:51:17« Bon joie, Saint-Denis ! »
00:51:18Peu à peu,
00:51:19l'armée maomethane succombe
00:51:22sous cet essaim de guêpes
00:51:27et s'enfuit.
00:51:29La bataille tourne à l'avantage des croisés.
00:51:33Sur la plage,
00:51:37les tentes sont dressées.
00:51:40Celle de Saint-Louis est rouge.
00:51:43Il voit au loin la ville de Damiette.
00:51:48Et il s'inquiète.
00:51:50Il s'attend à une contre-attaque.
00:51:52Imminente.
00:51:56La nuit est calme.
00:51:57Pourtant, au petit matin,
00:51:59deux messagers, des chrétiens coptes,
00:52:01se présentent.
00:52:03Damiette a été abandonnée.
00:52:06La cour et l'armée se sont retirés à Mansoura.
00:52:09La voie vers Damiette
00:52:10et la terre de Promission semble libre.
00:52:20L'Egypte, il faut le savoir,
00:52:22est la clé de la Terre Sainte.
00:52:24Damiette, c'est la porte de l'Egypte.
00:52:28La nouvelle paraît difficile à croire,
00:52:30digne d'un conte des mille et une nuits.
00:52:33Pourtant, Damiette se dresse libre de toute occupation.
00:52:36Ce n'est pas avec l'appareil du guerrier que Louis entre dans la ville,
00:52:41mais sous l'apparence du pèlerin.
00:52:44Une tenue simple pour remercier le ciel
00:52:47de lui avoir livré cette ville sans combattre.
00:52:50La vie s'organise peu à peu, à Damiette.
00:52:55Juin arrive avec les terribles chaleurs.
00:53:02Seul le Nil rafraîchit et permet aux soldats de boire en quantité suffisante.
00:53:08Les températures freinent, Louis, dans son appétit de conquête.
00:53:16Il faudrait avancer vers Jérusalem.
00:53:18La Providence est avec lui.
00:53:24Des renforts arrivent.
00:53:26Chevaliers de Palestine, de Grèce, et même des Anglais.
00:53:31Le 24 octobre, Alphonse, le frère du roi, est aperçu
00:53:36avec l'arrière-banc venu de France.
00:53:37Les troupes se mettent en marche, longeant le fleuve.
00:53:52Cette interminable Nil.
00:53:59Le 21 décembre 1249, après 31 jours de marche, on atteint Mansoir.
00:54:04Mais un bras du Nil les sépare de la ville.
00:54:08Large comme la Marne, profond, le fleuve est infranchissable.
00:54:14Louis ordonne la construction d'un guet.
00:54:19En face, l'ennemi a compris la manœuvre.
00:54:24Ses troupes lancent d'abord de grosses pierres, puis des javelots,
00:54:29puis des flèches sur les terrassiers français.
00:54:31Enfin, il déclenche le feu.
00:54:35Le feu glisse sur le Nil.
00:54:38La terreur parcourt l'Iran.
00:54:41C'est la panique.
00:54:45Louis prend sa décision.
00:54:48Tentez la traversée en force.
00:54:50Robert, son frère, vient le solliciter.
00:54:56Louis, accordez-moi l'honneur de marcher le premier.
00:54:59Tu vous l'accordes, Robert, mais je connais votre trempe.
00:55:02Je vous recommande de rester prudent.
00:55:05Je vous promets sur les évangiles que je serai prudent, répond Robert.
00:55:13Mais Robert oublie vite son serment de prudence.
00:55:17Louis l'aperçoit au petit jour.
00:55:20Il charge les sarrasins sur l'autre rive.
00:55:22Repris par le démon des batailles, il s'engage dans la ville à la tête de son avant-garde et pénètre jusqu'au palais du sultan.
00:55:32Soudain, une grêle de projectiles et de flèches s'abat sur lui et sur ses hommes.
00:55:44Robert a payé de sa vie le prix du sacrifice.
00:55:49Dans son sillage, 300 chevaliers sont morts.
00:55:53Louis est dévasté.
00:55:55Il pleure la mort de son frère.
00:55:57Il s'en veut de l'avoir laissé partir combattre avec des éléments de tête.
00:56:06Le deuil rôde chez les croisés.
00:56:09Le doute aussi.
00:56:13Après une nuit de deuil, Louis franchit à son tour dès l'aube le fleuve.
00:56:19La grande bataille de Mansoura commence.
00:56:24Ce n'est plus qu'un choc de masse et d'épée.
00:56:27Il frappe au milieu de la mêlée.
00:56:30Il se bat avec ses frères d'armes. Il donne l'exemple.
00:56:36Une pluie de flèches s'abat.
00:56:38Les chevaux tombent, transpercés, criblés.
00:56:41Le Nil se couvre de lances et de boucliers ensanglantés, emportés à la dérive.
00:56:45À trois heures de l'après-midi, le destin hésite.
00:56:54Les sarrasins se retirent.
00:56:58Louis et ses hommes ont pris le dessus, mais à quel prix ?
00:57:07Les pertes en hommes et en chevaux sont irréparables.
00:57:17Les cadavres ont corrompu l'air et propagé des maladies.
00:57:24La fièvre s'installe dans les rangs.
00:57:28Louis lui-même tombe malade.
00:57:31Les croisés s'affaiblissent de jour en jour.
00:57:37À l'approche de Pâques, le 27 mars 1250, la famine commence à sévir.
00:57:42Louis offre de rendre Damiette à condition de restituer le royaume de Jérusalem.
00:57:50Le sultan répond avec cynisme.
00:57:53Les corps de bataille qui fondent sur vous portent trois noms.
00:57:58Mamluk, maladie et famine.
00:58:03Bientôt, nous négocierons avec vous au paradis d'Allah.
00:58:07Il n'en reste plus d'autre option que d'opérer un demi-tour.
00:58:12Retournez à Damiette.
00:58:16Dans cette retraite qui débute, vont les poursuivre encore.
00:58:32L'état du roi l'oblige à s'arrêter dans le village de Miné Abu Abdallah.
00:58:38On le défend vaillablement contre les Mamluk.
00:58:43Mais un huissier, qui a perdu la raison, crie à tort et à travers que le roi a donné l'ordre de se rendre.
00:58:52Des croisés et surpris lâchent leurs armes.
00:58:57Leur crédulité va les perdre.
00:59:00Alors le roi est fait prisonnier.
00:59:02Captif, la flotte s'arrasine escorte sa barque qui remonte le Nil en direction de Mansoura.
00:59:15C'est la fin.
00:59:16Louis repense à l'épisode douloureux qu'il vient de vivre.
00:59:23La mort de son frère, le massacre de ses troupes, l'épuisement, la maladie, la faim.
00:59:29Dans cette bataille, il vient de revêtir sa couronne de souffrance.
00:59:34Son calvaire commence.
00:59:37Oh, Yerusalem !
00:59:39Louis est seul coupé du monde dans sa minuscule cellule de 20 à 25 pieds de côté.
00:59:55Chaque jour, 300 ou 400 chevaliers sont amenés au bord d'une île.
01:00:00Ceux qui renoncent à leur foi sont fait esclaves.
01:00:03Les autres sont tués.
01:00:04Pendant sa captivité, le roi apprend que Marguerite, qui est venue en croisade avec lui, a donné naissance à un fils.
01:00:16Damiette ne tiendra plus longtemps.
01:00:19Marguerite et son nouveau-né Jean Tristan sont en danger.
01:00:25Les Pisans et les Génois, dernier rempart contre les Sarazins, veulent quitter la ville.
01:00:32Marguerite s'est comportée en dame de chevalerie.
01:00:37Elle a négocié avec les marchands, assurant la défense de la ville.
01:00:44Les négociations aboutissent.
01:00:45Le 6 mai 1250, après trois mois de captivité, Louis et certains de ses frères d'armes sont libérés, contre une importante rançon.
01:00:58En échange, ils doivent libérer Damiette et quitter immédiatement le territoire égyptien.
01:01:04La Montjoie reprend la mer, direction Acre, à 150 km de Jérusalem.
01:01:14Une terre encore aux mains des chrétiens.
01:01:18Louis veut défendre la chrétienté en terre sainte, fortifier ses derniers bastions, éviter à tout prix qu'il ne tombe aux mains des Turcs.
01:01:26D'Acre, il œuvrera pour continuer à négocier la libération de ses 12 000 compagnons encore captifs.
01:01:36Les cloches d'Acre carillonnent en signe de bienvenue.
01:01:43La foule acclame le roi dans toute la ville.
01:01:48On entend monter des tédéums.
01:01:50Louis, en regardant ses troupes, est envahi de chagrin sur les 2800 chevaliers qui l'entouraient à Chypre.
01:01:58Une petite centaine se trouve à ses côtés.
01:02:01Nous sommes en juin 1250.
01:02:08Déjà un an que la croisade a débuté, Louis convoque ses plus proches.
01:02:14Il leur demande conseil.
01:02:16Sire, vous ne pouvez pas demeurer en Orient, lui disent certains, alors que d'autres lui soufflent.
01:02:23Restez, sinon vos compagnons ne sortiront jamais de prison.
01:02:28J'ai choisi de rester.
01:02:33Madame la reine saura défendre le royaume.
01:02:36Je demeurerai ici jusqu'au dernier franc captif.
01:02:40Mais je laisse à chacun d'entre vous la liberté de partir ou de faire demeurance à mes côtés.
01:02:47Beaucoup décident de partir, dont ses deux frères, Charles et Alphonse.
01:02:55Ils informeront le royaume de l'échec de la croisade.
01:02:58Faute d'effectifs, Louis ne peut plus mener l'offensive.
01:03:12Alors, il va bâtir des fortifications pour protéger Acre, Jaffa, Césarée.
01:03:19Un jour arrive une lettre de sa mère, blanche.
01:03:33Louis remarque immédiatement l'écriture, celle d'une main mal assurée, faible.
01:03:38Les lettres de la reine se font de plus en plus rares, de plus en plus brèves.
01:03:51Ce que Louis craignait arrive au printemps de cette année 1253.
01:03:58On frappe à la porte.
01:04:12Geoffroy de Beaulieu, d'abord, confesseur du roi.
01:04:17Il est suivi d'Eudes, de Châteauroux, de l'archevêque de Tyr et de Joinville.
01:04:23Il entend cette phrase tomber comme un coup près.
01:04:28Madame votre mère n'est plus.
01:04:31Elle laisse le royaume de France inconsolée.
01:04:35Le roi est tombé à genoux.
01:04:38Tente de retenir ses larmes.
01:04:40Pardonnez-moi, Seigneur, de pleurer ma mère.
01:04:46Je vous rends grâce en cet instant,
01:04:48car avant qu'il ne vous plaise qu'elle trépasse de ce monde,
01:04:52cette mère reprise fut une mère douanée.
01:05:01Le deuil est interrompu par la situation en Terre Sainte.
01:05:08La ville de Sayet est attaquée par les Sarazins.
01:05:12Louis prend la direction de Sayet.
01:05:14En approchant, par les hauteurs, le spectacle est lugubre.
01:05:21Un amoncellement de corps inertes.
01:05:243 000 soldats chrétiens ont été massacrés.
01:05:31Il n'y a que des cadavres en décomposition.
01:05:38Louis s'avance, animé par une obsession.
01:05:52Mettre en terre ses corps,
01:05:54offrir à ses chevaliers une sépulture digne de ce nom.
01:05:59Louis ressent maintenant le retour comme une nécessité imminente.
01:06:11Il consulte ses barons et chevaliers.
01:06:14Leur réponse est unanime.
01:06:17Il faut rentrer.
01:06:19Dans son fort intérieur,
01:06:22Louis le sait.
01:06:24Il reviendra.
01:06:26Après six ans d'exil en Terre Sainte,
01:06:29la Montjoie accoste en Provence le 6 juillet 1254.
01:06:34La route de Louis sera encore longue
01:06:37avant de rejoindre la capitale.
01:06:39Mais il fait une halte à Aix-en-Provence.
01:06:43Elle sera décisive.
01:06:45Le roi interroge un moine nommé Hugues
01:06:48et lui demande
01:06:53Quel doit être mon premier acte après ces six années d'exil ?
01:06:57Votre premier acte.
01:06:59Rendre justice au peuple.
01:07:04À la Sainte-Baume, dans une prière secrète,
01:07:07à Marie-Madeleine,
01:07:09Louis cherche ses réponses.
01:07:12Pourquoi Dieu m'a-t-il privé du droit d'approcher
01:07:14le lieu sacré de la déposition ?
01:07:17Sa défaite est une honte.
01:07:19Une tache indélébile sur sa couronne.
01:07:29Partout, le peuple se porte en foule
01:07:33sur le passage du roi.
01:07:35Beaucaire, le Puy-en-Velay,
01:07:38Brioude, Clermont, Moulin,
01:07:40et enfin Saint-Denis.
01:07:42Paris est en fête partout,
01:07:44s'étalent les feux de joie et les danses.
01:07:47Louis met fin très vite à ces festivités,
01:07:51auxquelles son âme ne s'accorde pas.
01:07:54Sa quête du Graal a échoué.
01:07:57Il a vécu pour Jérusalem,
01:07:59mais il n'a pu ni la sauver,
01:08:01ni même l'approcher.
01:08:03En veille de tristesse,
01:08:04sa main tremble sur le sceptre trop lourd
01:08:07et paré de trop d'éclats.
01:08:09Il se défait de ses fourrures d'écarlate.
01:08:12Il supprime les ornements.
01:08:15Il devient affamé de sobriété.
01:08:18Louis, depuis son retour,
01:08:21est encore et toujours plus pieux.
01:08:24Sa conversion intérieure
01:08:27le pousse à devenir toujours plus juste.
01:08:30Et on le retrouve à Vincennes, sous un chêne,
01:08:48d'où il rend la justice.
01:08:53Il veut, sous les arcs de verdure,
01:08:56être accessible à tous les plaignants.
01:08:59La justice royale doit être à disposition de tous.
01:09:11Assoiffé de justice,
01:09:13réformateur,
01:09:15Louis IX devient un homme d'État.
01:09:18Il retire aux barons leurs droits de battre monnaie,
01:09:21ce qui compliquait les échanges commerciaux.
01:09:24Il crée l'écu,
01:09:26conscient d'une chose,
01:09:27il n'y a pas de nation sans monnaie,
01:09:31et pas de monnaie sans nation.
01:09:34Les QF rapées,
01:09:36c'est la première monnaie d'or capestienne.
01:09:39Louis retire aussi au baron le droit de déclarer la guerre.
01:09:45Seul le souverain peut désormais déclencher l'hoste royal.
01:09:48Cette réforme lui permet de se muer peu à peu en homme de paix,
01:09:59y compris à l'égard des ennemis héréditaires du royaume.
01:10:01En ce début d'année 1254,
01:10:12Louis reçoit une missive.
01:10:15Le roi Henri III souhaite traverser le royaume de France
01:10:18pour passer de la Gascogne, où il réside sur ses terres,
01:10:21à son pays.
01:10:25Il souhaite passer par l'abbaye de Fontevraud
01:10:28pour y enterrer les restes de sa mère, Isabelle d'Angleterre.
01:10:33Naturellement, Louis lui accorde un sauf-conduit royal
01:10:37et décide de chevaucher à ses côtés jusqu'à Paris.
01:10:41Henri III est émerveillé par la Sainte-Chapelle,
01:10:54puis par Notre-Lame.
01:10:56Il reçut en grande pompe.
01:10:58Le temps est venu d'établir la paix, même avec l'Angleterre.
01:11:03Un traité de paix est signé.
01:11:07Le roi d'Angleterre offre d'importantes concessions.
01:11:11Ces terres du Limousin, du Quersy, du Périgord
01:11:15passent désormais sous l'autorité du roi de France.
01:11:21Le roi d'Angleterre, à genoux devant le roi de France,
01:11:25prononce les mots solennels,
01:11:27« Sire, je deviens votre homme de bouche et de main.
01:11:30Je vous jure et promets fiancé et loyauté.
01:11:33Je m'engage à garder votre droit à mon pouvoir
01:11:37et à faire bonne justice à votre semence. »
01:11:41Les deux rois s'embrassent.
01:11:43L'histoire jugera.
01:11:45Il n'y a plus en France un seul pouce de terrain
01:11:49que le roi d'Angleterre occupe en qualité de souverain.
01:11:55Louis a désormais 46 ans.
01:11:58Il a décelé en son fils aîné, Louis, son successeur,
01:12:06de bonnes dispositions de caractère.
01:12:09On dirait aujourd'hui l'étoffe d'un dirigeant.
01:12:12Il règnera.
01:12:14Rien de tel pour le préparer que d'effectuer un grand tour de France.
01:12:17Un voyage à travers les contrées, les pays, les terroirs, et bien sûr, les cathédrales.
01:12:26Il souhaite que son fils approche ce mystère.
01:12:31C'est le beau qui éveille au bien et au vrai.
01:12:36Partout en France, les murailles s'envolent.
01:12:39Les flèches dentelées se dressent.
01:12:40C'est le temps des cathédrales.
01:12:50Roi.
01:12:52Amiens.
01:12:54Reims.
01:12:56Témoignages de lumière et de grandeur, ces cathédrales sont les portes d'un temps nouveau.
01:13:02Celui de l'harmonie entre Dieu, la nature et les Indes.
01:13:09C'est l'élan des croisés de France.
01:13:13Ceux qui n'ont pas pu partir en Terre Sainte ont construit des maisons de Dieu en forme de croix, de vaisseaux renversés.
01:13:20Amiens, la plus vaste des cathédrales françaises.
01:13:26Chartres avec ses reliques du voile de la Vierge.
01:13:32Reims, édifice carolingien datant de 820, cathédrale des rois, signe de l'intimité entre le roi de France et le roi du ciel.
01:13:45Le voyage s'achève à Notre-Dame de Paris.
01:14:01Un soir de janvier 1260, une terrible nouvelle tombe.
01:14:05Son jeune fils, Louis, a été emporté dans la nuit.
01:14:12On ne savait pas malade, stupeur, terrible épreuve.
01:14:17Cette croix est trop lourde à porter.
01:14:24Immense douleur du père, de la mère, Marguerite.
01:14:28Henri III, dans un geste d'affection, revient sur ses pas pour la sépulture.
01:14:38Louis est accablé, inconsolable.
01:14:41Les funérailles ont lieu à l'abbaye du royaume, le 13 janvier 1260.
01:14:47Meurtri, Louis continue à transformer son royaume.
01:15:05Sous l'impulsion de son ami Robert de Sorbon, Paris devient ce carrefour universitaire dont il rêvait.
01:15:12Une référence mondiale pour la dialectique, la théologie, la grammaire, la rhétorique.
01:15:20À la Sorbonne viennent les plus illustres professeurs.
01:15:27À l'époque, la plupart sont des hommes d'église, comme Thomas d'Aquin, illustre frère,
01:15:33qui un soir au cours d'un dîner, en une question ravivent la flamme du roi pour l'Orient.
01:15:45Une question me brûle les lèvres.
01:15:48Pensez-vous à repartir en Outre-mer ?
01:15:51Oui, oui, maître.
01:15:58J'y pense.
01:16:00Être croisé, c'est le passage de toute une vie.
01:16:04Il y a son cheminement intérieur et puis les nouvelles qui arrivent au palais,
01:16:13qui viennent justement de l'Orient.
01:16:15Les appels de la Terre Sainte se font de plus en plus pressants.
01:16:19Chaque jour, au Louvre, des Périns, des clercs, des chevaliers
01:16:25viennent en larmes dresser le lamentable tableau des désastres qui se succèdent.
01:16:30En mars 1263, la situation dégénère.
01:16:38Les églises de Nazareth sont rasées, idem au Mont Tabor.
01:16:45Jaffa est tombé en une heure, fait arrêt en deux jours.
01:16:53La Terre Sainte n'est plus qu'un petit chapelet de quelques grains
01:16:57disséminés au bord de la mer.
01:17:01Partout monte le cri.
01:17:04Sire, Sire, on vous attend.
01:17:09Venez.
01:17:12Louis a pris sa décision.
01:17:14Le 25 mars 1267, il convoque un parlement.
01:17:17Louis les appelle à se croiser.
01:17:18Beaucoup de barons se font porter pâles.
01:17:23Sous les yeux de l'Assemblée,
01:17:25Louis prend à nouveau l'insigne des croisés
01:17:29avec ses fils,
01:17:31Philippe, Jean Tristan et Pierre.
01:17:34C'est en pleine préparation de son expédition
01:17:39qu'une série de deuils vient frapper la famille royale.
01:17:43Marguerite pleure la mort de ses deux sœurs.
01:17:47Et maintenant, c'est la sœur du roi Isabelle qui vient de s'éteindre.
01:17:52Ses tristesses viennent charger la croix pèlerine du roi.
01:17:59Louis n'est pas encore parti.
01:18:01Il est accablé.
01:18:03Le départ est fixé au mois de mai 1270.
01:18:10Vient le temps des adieux à la reine.
01:18:13Marguerite ne viendra pas.
01:18:15Elle a maintenant 49 ans.
01:18:17Et les deuils l'ont rendu lasse.
01:18:22Elle craint de ne jamais revoir son époux.
01:18:27C'est un arrachement.
01:18:32Le convoi quitte Saint-Denis.
01:18:38S'arrête.
01:18:40Le temps d'une prière.
01:18:42Dans la majestueuse Notre-Dame.
01:18:44Pour placer le pèlerinage sous la garde de la Vierge.
01:18:47Au cerf.
01:18:49Puis un arrêt à sens.
01:18:51Face à la cathédrale où ils s'étaient mariés.
01:18:54Passage ensuite à Cluny.
01:18:56Louis se souvient des échanges houleux avec le pape.
01:18:59Le convoi royal atteint Egmort à la mi-mère.
01:19:10Le samedi 12 juillet 1270, le roi fait part à ses chevaliers de la destination.
01:19:18Tunis.
01:19:19Le roi de Tunis laisse entendre sa volonté de se chrétienner, comme on dit, de devenir chrétien.
01:19:28Louis se prend à rêver de voir revenir la foi catholique en terre d'Afrique.
01:19:32Les bonnes dispositions du roi de Tunis engagent le roi à faire du pays sa première étape.
01:19:37Charles d'Anjou, le frère du roi, le soutient.
01:19:42Tunis est un bon choix.
01:19:44Parce que c'est la porte d'entrée vers l'Egypte.
01:19:47Puis, vers la Terre Sainte.
01:19:49Deux jours plus tard, elle laisse tomber les encres devant le port de Tunis.
01:20:02L'amiral, Florent de Varenne, débarque en éclaireur pour repérer les lieux, voir si la ville est à l'accueil ou si une résistance se prépare.
01:20:13Louis et ses trente mille soldats débarquent à leur tour et installent sur leur rivage leur campement.
01:20:22Des sarrasins sont repérés aux alentours, sans hostilité au départ.
01:20:31Rapidement, l'armée manque d'eau.
01:20:35Les cavaliers morts passent au grand galop à proximité des soldats pour les empêcher d'accéder aux sources.
01:20:44On déplace le camp, en espérant trouver cette ressource en eau.
01:20:50Les choses se gâtent.
01:20:53Louis apprend que le roi de Tunis a fait prisonnier des soldats chrétiens.
01:21:00La conversion s'éloigne.
01:21:04La chaleur et l'humidité deviennent insupportables.
01:21:10La fébrilité et l'épuisement gagnent les rangs.
01:21:13Les maladies engendrées par le soleil d'Afrique affaiblissent les hommes.
01:21:19Les morts se comptent par centaines.
01:21:24Les sarrasins harcèlent.
01:21:29Mais il faut attendre.
01:21:31Attendre.
01:21:32Attendre.
01:21:33En espérant le débarquement de Charles.
01:21:37Sans renfort inutile d'aller plus loin.
01:21:39Bientôt c'est l'hécatombe.
01:21:41Les cadavres remplissent les fossés.
01:21:45Serve de remparts vivants.
01:21:48La maladie partout.
01:21:51Louis est devenu un roi des sables.
01:21:54Un roi nomade.
01:21:55Un roi qui ferme les paupières de ses proches.
01:22:03Louis fait appeler son fils.
01:22:06Jean Tristan.
01:22:08Impossible, on lui dit qu'il a quitté le camp.
01:22:11Louis s'inquiète.
01:22:13Se doute qu'on lui ment.
01:22:15Oui, Jean Tristan.
01:22:16Il veut savoir la vérité.
01:22:18Son fils, Jean Tristan, s'est éteint ce matin.
01:22:22Il venait de fêter ses vingt ans.
01:22:26Louis imagine le désespoir de Marguerite.
01:22:31Le ciel leur reprend ce prince.
01:22:35Né pendant la première croisade.
01:22:38Louis sent mourir de chagrin.
01:22:41Un roi de France a-t-il le droit de mourir de chagrin ?
01:22:45Ce même jour, le 3 août, un mal de vent terrible ronge ne peut plus bouger.
01:23:00Mais il faut que ces hommes tiennent.
01:23:03Et pour tenir, ils doivent voir le roi.
01:23:10Louis leur rend visite.
01:23:11Ses bras et son dos sont gagnés par la maladie.
01:23:17Sa peau se noircit.
01:23:22Allongé sur son lit de cendres, il ne peut plus bouger.
01:23:26Il a les yeux fixés sur le crucifix.
01:23:30On lui pose sur ses lèvres une hostie.
01:23:33Il se met à genoux.
01:23:36Il veut la recevoir à genoux.
01:23:37Isabelle, sa fille, le visage ravagé par les larmes, récite la litanie des saints.
01:23:46Juste avant son dernier souffle, Saint Louis prend la main de sa fille Isabelle et lui demande un service.
01:23:59Ma petite Isabelle, tu retrouveras mon psautier au palais.
01:24:05Ce psautier, il a été enluminé par des copistes tolédans.
01:24:12Ce psautier, c'est lui qui m'a donné la foi.
01:24:16C'est lui dont je tournais les pages chaque soir sous la férule de ma mère.
01:24:22Je souhaite, après ma mort, que tu ramènes ce psautier à Tolède.
01:24:30Louis s'abandonne et ne lutte plus.
01:24:40Paisiblement, il s'en va.
01:24:46On lui ferme les yeux.
01:24:48Adieu, ma France.
01:24:52Oh, Yahouzalem.
01:24:55Le roi meurt, allongé sur un lit de cendres,
01:24:59comme les moines cisterciens,
01:25:02configurés au roi des rois.
01:25:04Le roi est mort.
01:25:05Le roi est mort.
01:25:25Un saint est né.
01:25:27On parle très vite de canonisation.
01:25:34Des miracles reconnus sur le passage du corps du roi.
01:25:39Et de son vivant, il a soigné des personnes souffrant de maladies de peau.
01:25:50En 1297, le pape Boniface VIII décide la canonisation.
01:25:56Louis IX devient Saint Louis.
01:26:03Aujourd'hui, on trouve des reliques de Saint Louis dans différents pays.
01:26:08Considérés comme un cadeau d'une haute valeur,
01:26:12Philippe le Bel a distribué les restes de son aïeul au grand souverain.
01:26:19Avant tout, c'est l'esprit de Saint Louis qui a traversé les frontières et les temps.
01:26:26Son nom et son prestige ont inspiré.
01:26:32Aux Etats-Unis, on trouve la ville de Saint Louis, fondée par deux Français.
01:26:38Elle n'a jamais voulu abandonner son nom.
01:26:40Et son drapeau arbore toujours fièrement la fleur de lys en hommage au roi.
01:26:48Saint Louis a donné une basilique à Tunis, là où il est mort.
01:26:53A Rome, Saint Louis est l'église des Français.
01:27:00Si Saint Louis m'a touché au cœur dès l'enfance, un événement m'a poussé à écrire ce film.
01:27:13C'est en avril 2017.
01:27:17Avec mes amis du Puy-du-Fou, nous sommes à Tolède, en Castille, la patrie de Blanche.
01:27:24Sur le parvis de la cathédrale, le recteur nous attend.
01:27:27Nous comprenons qu'ils veulent nous montrer quelque chose.
01:27:33Nous voyons des diacres avec des gants blancs.
01:27:37Lui-même, le recteur de la cathédrale, met des gants blancs.
01:27:43Pourquoi ?
01:27:44Et là, il ouvre un coffre.
01:27:46Un coffre très ancien.
01:27:49Puis il sort du coffre,
01:27:52une grande boîte.
01:27:54Un moulu.
01:27:56Il ouvre la boîte.
01:27:58Et il sort de la boîte à linge.
01:28:00Et dans le linge,
01:28:04il sort le psautier.
01:28:13Et il nous dit voilà,
01:28:16mais le psautier désormais
01:28:20restera à jamais à la cathédrale de Tolède
01:28:22comme voulait Saint-Louis
01:28:24au moment de sa mort à Tunis.
01:28:27La petite Isabelle a tenu parole.
01:28:34Le psautier de Saint-Louis
01:28:37est à Tolède.
01:28:39Et puis du fou aussi.
01:28:42Et d'ailleurs, le premier arbre que nous avons planté là-bas,
01:28:48c'était un chêne.
01:28:51Un chêne Saint-Louis.
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