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  • il y a 4 mois

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00:00Vous écoutez Clélie Mathias, c'est avec vous pour décrypter l'actualité.
00:02Clélie Philippe-Bilger, ancien juge d'instruction et fondateur de l'Institut de la Parole,
00:06et l'écrivain et essayiste Joseph Massescaro.
00:09C'était à la rentrée lundi dernier sur Europe 1, et c'est la rentrée pour 12 millions d'élèves.
00:14Ça, c'est lundi prochain, dernier jour de vacances.
00:17Et je voudrais vous poser cette question, comment expliquer le succès de l'école privée ?
00:22Un élève sur 6, il est scolarisé, ça fait à peu près 2 millions d'élèves.
00:2717%, c'est un chiffre qui est stable, voire qui augmente légèrement quand on regarde un peu.
00:31En tout cas, le succès est consolidé.
00:34Philippe-Bilger, comment vous le comprenez ? Qu'est-ce que vous lisez derrière ce chiffre ?
00:37Alors, je peux m'abriquer derrière une expérience,
00:43puisque j'ai mis mes enfants dans le public et dans le privé.
00:48Je me demande si aujourd'hui je réponds directement à votre question, Clélie.
00:52Aujourd'hui, les gens ont une vision très irénique, très positive de l'enseignement privé,
01:01parce qu'ils y voient d'abord une qualité d'enseignement, une exigence d'autorité,
01:08et je dirais presque une tentative d'éducation qu'à tort ou à raison,
01:14ils estiment ne plus trouver dans l'enseignement public.
01:17Oui, à tort ou à raison, parce que le privé, quand même, il faut le dire, attention, n'est pas exempte de l'effet du réel aussi.
01:22Non, mais là, Clélie, je réponds simplement à votre question.
01:26Oui, bien sûr, et je vous en remercie.
01:28Si je pouvais donner mon sentiment profond, je serais plus nuancé.
01:33Je dirais que le public, comme le privé aujourd'hui, les événements récents l'ont démontré,
01:40ont des failles et des carences, et que ce n'est pas si facile d'arbitrer entre les deux.
01:46Joseph Masses-Caron, même question.
01:48Alors, même début de réponse que Philippe a l'air pour mes enfants.
01:52Ils ont connu à la fois le public et le privé, pour des raisons totalement différentes,
01:56qui étaient des raisons de déménagement, mais cet élément de déménagement n'est pas neutre,
02:00parce qu'au début, c'est vrai que le privé a eu les faveurs d'un certain nombre de personnes,
02:06parce qu'en raison de la carte scolaire.
02:08Il y a des années et des années de ça, mais c'était un élément extrêmement important.
02:12C'est-à-dire que les enfants, pardon, les parents, pardon, rechignaient parfois
02:17à placer leurs enfants dans des établissements scolaires qu'ils savaient difficiles.
02:21Et voilà.
02:21Et donc, ils n'avaient pas les moyens, disons, d'une certaine élite,
02:27d'avoir des passe-droits et de pouvoir, il faut le dire avec force,
02:30parce que ça, ça s'est fait pendant des années.
02:32Et ça se fait toujours, hein.
02:33Bon, voilà.
02:33Donc, il faut le dire avec force, voilà.
02:34Donc, très souvent, le privé, contrairement à ce qu'on peut penser,
02:38était pour des gens modestes, de la bourgeoisie moyenne,
02:41des commerçants, des petits commerçants,
02:43l'assurance que leur enfant allait avoir une scolarité normale,
02:47normale, traditionnelle.
02:48Et à présent, est-ce que les raisons ont changé ?
02:50Les raisons ont un petit peu changé.
02:52Alors, il y a aussi un autre élément, c'est que,
02:55évidemment, on disait autrefois que, pardon,
02:58les enseignants étaient plus diplômés dans le public
03:02qu'ils n'étaient dans le privé.
03:03Pendant longtemps, ça a été un peu le cas.
03:05Maintenant, aujourd'hui, c'est différent,
03:06parce que, oui, aussi, il y a beaucoup d'enseignants
03:08qui sont autant diplômés et qui choisissent le privé.
03:11Donc, il y a un élément qui, à mon avis, est fort,
03:16c'est que, vous savez, je vais prendre juste le cas du lycée.
03:19Le lycée, c'est deux choses.
03:21C'est une communauté pédagogique et un projet éducatif.
03:24C'est deux éléments.
03:24Ça marche sur ses deux pieds.
03:26Très souvent, la communauté pédagogique, dans le privé,
03:28elle est forte parce qu'il y a quand même parfois des valeurs
03:31qui sont données, qui sous-tendent.
03:32Pas simplement catholiques, etc., mais qui sous-tendent.
03:35Le projet pédagogique, on le voit aussi,
03:37parce qu'évidemment, il est donné.
03:39Le projet pédagogique, parfois,
03:40dans un certain nombre d'établissements publics,
03:43ce sont soit les professeurs qui le décident,
03:46une caste de professeurs qui le décident,
03:48c'est comme ça concrètement que ça se passe,
03:50ou parfois aussi, ce sont les parents.
03:53Et là, je voudrais dire aussi, la pression des parents dans le public
03:56est parfois terrible.
03:57Pourquoi ?
03:58Elle est moins en privé ?
03:59Elle est moins, oui, parce qu'ils ont moins le droit,
04:02pardonnez-moi, ils ont moins le droit au chapitre.
04:03Pourquoi c'est terrible ?
04:05Tout simplement parce que ces parents-là
04:07se considèrent comme des clients.
04:10Et ça aussi, c'est un des problèmes de l'éducation nationale,
04:12aujourd'hui, que beaucoup de parents d'enfants
04:14se considèrent comme des clients, etc.
04:16Ils ne sont pas des clients !
04:17Ils ne sont pas des clients !
04:18Il n'y a pas des droits à.
04:20Ce n'est pas vrai.
04:21Ce n'est pas comme ça que ça se passe.
04:22Donc, tous ces éléments, en mise ensemble,
04:26expliquent, évidemment, alors que, vous l'avez rappelé,
04:29Philippe l'a rappelé aussi,
04:31dans le privé, il y a les mêmes problèmes,
04:33les mêmes problèmes de sécurité, bien sûr,
04:35qu'il y a dans le public.
04:36Alors, je vous ai posé la question,
04:37plutôt public ou plutôt privé,
04:39pourquoi ce choix ?
04:40Écoutez ce reportage d'Alexis Delaflécher,
04:43qui est allé interroger des parents d'élèves,
04:45justement, de parents qui étaient attachés à l'école publique
04:49et qui, maintenant, ont fait le choix du privé.
04:52Juliette, la quarantaine a ses trois enfants,
04:54scolarisés dans un collège catholique privé.
04:56Et le privé, pourtant, ce n'était pas son premier choix.
04:59Nous, on voulait l'école de la République.
05:01J'ai mis ma fille aînée dans le public,
05:02elle a fait sa maternelle dans le public.
05:04Première année, c'est bien passé.
05:05Deuxième année, surprise,
05:06on vous annonce une classe à double niveau
05:08lorsque ce n'était pas prévu.
05:09Puis après, il y a eu le Covid.
05:11Avec le Covid, pas de suivi, en fait.
05:13C'est clair, c'est stop.
05:14Une déception partagée aussi quelques mètres plus loin
05:17par Ludovic, attaché à l'école publique.
05:20Il a fini, lui aussi, par lui tourner le dos.
05:22Moi, j'ai fait toute ma scolarité dans le public.
05:24D'ailleurs, on a voulu les mettre dans le public au démarrage.
05:26On est venus, on a regardé, ça ne nous a pas plu.
05:28C'est surtout le niveau scolaire, en fait, qui n'est pas bon.
05:31Niveau qui varie, il faut le dire,
05:32en fonction des quartiers où l'on habite.
05:34Certains sont mieux pourvus que d'autres,
05:36m'indique aussi ce père de famille
05:38qui, désormais, trouve son compte dans le privé.
05:40C'est cadré, les profs sont toujours là,
05:43c'est toujours remplacé.
05:44Il y a un soutien aussi scolaire après l'école
05:47qui est fait par les parents, et le niveau est bon.
05:49Plus d'offres aussi sur le parascolaire, m'explique-t-il,
05:53et le privé reste un bon tremplin pour les grandes écoles,
05:56m'ont confié plusieurs parents d'élèves.
05:58On comprend évidemment les raisons qui ont été énumérées,
06:01mais on a l'impression quand même, on a le sentiment
06:02que ce choix, en tout cas en les écoutant
06:04ou en écoutant ce reportage,
06:06ce choix s'est fait plutôt par déception,
06:08et qu'ensuite ils ont été plutôt contents,
06:12que par adhésion préalable.
06:15Philippe Bilger.
06:15C'est vrai sur les témoignages qui viennent d'être donnés,
06:19mais j'ai été le témoin de beaucoup de gens
06:23d'origine modeste,
06:26et qui vivaient très difficilement,
06:29et qui, comment dirais-je,
06:32se saignaient aux 80,
06:34pour mettre leurs enfants dans le privé,
06:36parce qu'ils étaient assurés,
06:38à tort ou à raison, encore une fois,
06:41d'y voir une éducation,
06:43quelque chose qui les détournerait
06:45des vices, selon eux,
06:48de l'enseignement public.
06:49J'en vois beaucoup,
06:50et ça devient une propension
06:52tout à fait significative.
06:54Ce qui revient généralement aussi,
06:55c'est de se plaindre,
06:57dans le public en tout cas,
06:58de l'absentéisme.
06:59Absolument.
07:00Bien sûr, des jours de grève par exemple,
07:02ou alors de profs qui ne sont pas remplacés.
07:04Joseph Massescaron.
07:05Il y a une administration, pardon,
07:07dans le public,
07:09qui est vraiment déficiente,
07:11ça va de soi,
07:13qui est déficiente,
07:14qui est baroque,
07:15qui est incompréhensible,
07:17oui,
07:18et qui n'existe pas dans le privé,
07:20parce que le secrétaire général,
07:21par exemple,
07:22de l'enseignement catholique,
07:23je peux vous assurer
07:24que c'est un enseignement
07:25qui est tenu.
07:26Bon, alors,
07:27on peut faire toutes les critiques possibles,
07:29mais c'est la réalité.
07:31J'ajouterai aussi un élément
07:33qui est important,
07:34parce que je parlais
07:35de communauté pédagogique,
07:37c'est l'encadrement.
07:38Il y a un encadrement
07:39dans le privé,
07:40vos témoignages l'ont dit,
07:41et c'est un élément important
07:43dans le public,
07:45par exemple,
07:45il y a de moins en moins
07:47de pions
07:49dans les établissements publics,
07:51dans les lycées.
07:51Il y en a de moins en moins.
07:52Et ça, c'est un vrai problème,
07:54parce que les pions,
07:56c'était une sorte de tampon
07:58entre les élèves
07:59et l'administration du lycée.
08:02Et ils sont en train,
08:02progressivement,
08:04d'abord,
08:05ils ne sont pas protégés
08:06par l'administration du lycée.
08:08On n'en parle jamais,
08:09les pions.
08:10C'est vrai,
08:10alors qu'ils sont essentiels.
08:11Pardonnez-moi,
08:11on a tous des souvenirs de pions.
08:13Mes deux enfants ont été pions,
08:15donc, voilà,
08:16dans les lycées,
08:17ce qu'il m'a raconté,
08:18et ils étaient tous les deux
08:19dans le public,
08:21c'était totalement fou.
08:22Alors, il y a l'école privée
08:24sous contrat,
08:25et il y a l'école privée
08:26hors contrat.
08:27Et là aussi,
08:28il y a de plus en plus
08:28d'écoles privées
08:29hors contrat
08:30qui s'ouvrent.
08:32Là encore,
08:32même question,
08:33qu'est-ce que ça veut dire ?
08:34Souvent, là,
08:35les parents sont au contraire
08:36très très impliqués
08:37dans ces écoles privées
08:38en dehors des contrats,
08:40hors contrat.
08:41Il faut aussi rappeler
08:42le coût,
08:43elles sont extrêmement chères.
08:44Donc là,
08:44c'est encore un autre choix,
08:46Philippe Bilger.
08:47Oui, absolument.
08:48Alors,
08:48je ne suis pas non plus,
08:51maintenant,
08:51mes enfants,
08:52sont sortis
08:53de cette période-là.
08:54Vous avez des petits-enfants ?
08:55Un spécialiste de l'univers...
08:56Oui,
08:57mais ils sont...
08:58Il y a des petits-enfants,
09:00évidemment,
09:01mais je ne...
09:03Donc,
09:03je ne suis pas très au fait...
09:04Vous gérez moins
09:05les problèmes de scolarité.
09:06En revanche,
09:07il est évident
09:08que je souhaiterais,
09:09si ça n'est pas le cas
09:11à l'heure actuelle,
09:12que des règles
09:13élémentaires minimales
09:15d'homogénéité scolaire
09:18et de qualité
09:19soient respectées
09:20par tous les établissements.
09:23Autre question
09:23à vous poser aujourd'hui
09:24dans Europe 1 Info,
09:25faut-il féminiser
09:26la formule inscrite
09:27sur le panthéo
09:28aux grands hommes,
09:29la patrie reconnaissante ?
09:31On verra votre réponse,
09:32mais je la connais déjà,
09:33je crois.
09:33Proposition lancée
09:34par Elisabeth Borne
09:35cette semaine,
09:36ça devrait vous faire réagir.
09:38Restez bien avec nous.
09:39Restez bien avec nous,
09:4013h57,
09:41la suite de Europe 1 Info,
09:42c'est dans un instant
09:43sur Europe 1.
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