- il y a 3 mois
Dominique Schelcher, PDG de Système U, était l'invité du Face à Face sur BFMTV et RMC ce vendredi 29 août.
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00:008h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Dominique Schelcher.
00:04Bonjour Apolline de Malherbe.
00:05Merci d'être mon invité ce matin. Vous êtes le PDG de Coopérative U.
00:09Ce sont tous ces magasins U, 1700 magasins parmi lesquels les Hyper U, les Super U.
00:14Vous avez 73 000 collaborateurs. Vous êtes d'ailleurs vous-même à la tête de votre propre magasin.
00:19Il est à Fessenheim et vous y serez dans quelques heures puisque vous y êtes le vendredi.
00:25Merci. Dominique Schelcher, j'ai beaucoup de questions à vous poser ce matin parce que l'incertitude qui règne sur le plan politique
00:32mais qui aura forcément des conséquences économiques, la plupart des patrons le disent.
00:36Ils étaient réunis pour l'université des trés du MEDEF. Cette incertitude, elle pèse et ils ont du mal à se projeter.
00:42Est-ce que c'est le cas aussi des consommateurs et des Français ? Est-ce que vous le constatez ?
00:45Non et c'est une bonne nouvelle. La consommation tient. On l'avait partagé au printemps avec vous.
00:50Il y avait les premiers signes. Elle a tenu cet été et on espère qu'elle tiendra encore à la rentrée.
00:55Donc ça, c'est une excellente nouvelle. Mais pour autant, puisque c'était votre introduction,
00:59ils n'ont pas le moral les Français. Ils sont inquiets. Ils sont préoccupés par la situation.
01:06Ils sont incapables de se projeter dans l'avenir. Et ça, ils le disent très facilement quand on discute.
01:11Ils sont inquiets pour eux, pour leurs enfants. Qu'est-ce qui va se passer demain ?
01:15Comment on va traiter les problèmes actuels ? Mais pour autant, ils consomment.
01:18Il y a eu des moments, et vous nous l'aviez expliqué à ce même micro, de déconsommation où tout le monde se serrait la ceinture,
01:26où ils renonçaient à un certain nombre de produits. Aujourd'hui, vous avez quand même le sentiment que les Français ont dépassé ce moment-là ?
01:32Pas encore. Je m'explique. Ils consomment, donc c'est un tout petit peu.
01:36Ce n'est pas non plus l'explosion, mais c'est meilleur que l'année dernière.
01:40Mais toujours avec des...
01:40Meilleur que l'année dernière à la même époque ?
01:42On progresse. On progresse par rapport à l'année dernière, qui était difficile l'année 2024.
01:46Mais toujours avec des arbitrages. Un arbitrage de cet été, dont on parlait beaucoup de collègues,
01:52c'est malheureusement au détriment de la restauration.
01:56La restauration sur les côtes, par exemple, c'est moins 20 à moins 30% de fréquentation.
02:01Et à contrario, les gens sont venus dans nos magasins pour acheter le pique-nique qu'on est allé faire sur la plage,
02:05beaucoup, pour le repas dans la location. Ça s'est plutôt passé comme ça.
02:10Donc les arbitrages continuent et le non-alimentaire restent de toute façon très difficiles.
02:13La déconsommation, pour vous, c'est un mot du passé ?
02:17C'est une consommation lucide, avec encore des choix.
02:23Et les gens restent dans le choc inflationniste, dans leur tête, en province, dans les campagnes.
02:29Quand vous discutez avec les gens, ils n'ont pas passé le cap.
02:32La vie est aujourd'hui malheureusement plus chère.
02:34Bien qu'il y ait des prix qui baissent, la vie est plus chère.
02:36Et donc pour beaucoup de gens, c'est difficile.
02:38Je vous redonne ce chiffre. Pour un quart des Français, c'est difficile.
02:42Le 16 du mois, n'oublions pas ces réalités.
02:45N'oublions pas ces réalités. Continuons à parler du pouvoir d'achat qui reste le sujet d'attention numéro 1 des Français.
02:51Le pouvoir d'achat, la question aussi de la manière de se projeter,
02:56et la rentrée, notamment la rentrée scolaire, la rentrée tout court, où on doit remplir le frigidaire.
03:02Il y a aujourd'hui des prix qui baissent.
03:05C'est-à-dire, je vous ai tant reçu dans des périodes où on scrutait la hausse des prix.
03:10Vous vous affirmez, chiffre à la clé, que les produits et les fournitures scolaires ont baissé de 2% ?
03:17Les fournitures scolaires étaient montées au plus haut en 2023, au cœur de la crise inflationniste,
03:22quand il était difficile d'importer des produits.
03:25Par exemple, depuis sa baisse, et cette année, c'est d'au moins 2% dans les rayons.
03:30Et sans compter les différentes opérations chez U, notre tradition maintenant, bien installée depuis plusieurs années,
03:36ce sont les prix coûtants, une série de produits du quotidien sur lesquels on ne prend plus de marge,
03:40et qui ont un grand succès.
03:42Donc, des prix en baisse, plus des opérations commerciales, les Français ne s'y trompent pas,
03:46et on fait des bons achats de rentrée des classes.
03:48Il y a certains de vos concurrents, hier c'était Leclerc, mais désormais c'est Lidl ou Aldi
03:55qui vendent des baguettes à 29 centimes.
03:57Vous faites ça, vous ?
03:59Non, on ne va pas rentrer dans la guerre de la baguette, c'est un faux combat,
04:03c'est un coup de com' pour la rentrée, je m'explique.
04:07Bien sûr qu'on a dans nos magasins une offre de baguettes à prix bas accessible pour une partie de la clientèle.
04:14On en a besoin, ça fait partie de l'offre, mais ce n'est pas là-dessus qu'on se bat.
04:17Nous, on se bat sur la baguette de tradition d'origine française, par exemple chez moi l'alsacienne,
04:23mais dans d'autres coins de la France à base de farine alsacienne, à base de farine des régions de France.
04:28On a dix filières comme ça partout en France et ce sont ces baguettes-là qui marchent,
04:32des produits fabriqués dans nos magasins de qualité que les gens apprécient, c'est ce qu'on vend le plus.
04:38On nous parle d'une pénurie de beurre, est-ce que vous le constatez ?
04:42Non, pas de pénurie de beurre, pas nécessaire ce matin de faire peur aux Français et les professionnels se sont exprimés cette semaine pour rassurer.
04:50Ils ont dit quoi ? Ils ont dit c'est vrai, les stocks à la production sont un peu moindres, mais c'est un peu plus, il n'y a pas de problème sur la plaquette de beurre.
04:58Il n'y a pas de manquer de beurre.
04:59Sur la plaquette de beurre, ce sera peut-être un peu plus difficile pour ce qui part en restauration ou pour les préparations industrielles, peut-être.
05:07Mais pas d'inquiétude, en magasin, il y aura du beurre.
05:10Là encore, il y a quand même parfois des bonnes nouvelles sur la question du prix du carburant.
05:15Il y a longtemps, je vous ai reçu, chacun là aussi scrutait la hausse du prix du carburant à la pompe.
05:23Il y avait ces moments de grande inquiétude pour les Français et d'ailleurs de grande colère.
05:27Ça fait partie aussi de ce qui a alimenté une forme de grand découragement et de colère.
05:31Aujourd'hui, les carburants restent stables et plutôt bas.
05:34Et plutôt bas, on est au plus bas depuis janvier 2023, donc c'est un bon signe.
05:40Je pense que ça va se maintenir.
05:41Pourquoi ? Pour deux raisons.
05:42Un, l'économie est quand même globalement ralentie, donc la demande est moindre.
05:46Et les pays producteurs produisent plus qu'ils ne le faisaient un certain temps.
05:50Donc, sauf rebondissement de géopolitique, je pense que cette tendance peut tenir.
05:54Votre concurrent, Leclerc, fait une opération à prix coûtant là ce week-end, pour les week-ends de rentrée.
05:59De nombreux magasins en face répondront à prix coûtant bien sûr également.
06:04Il y aura donc des opérations prix coûtant dans des magasins pour le retour.
06:08On en a fait cet été et puis un certain nombre de collègues seront au rendez-vous ce week-end.
06:11Je parlais à l'instant de la colère qui avait pu gronder, et notamment les Gilets jaunes, c'était au départ aussi sur les questions des carburants.
06:18Il y a ce mouvement, bloquons tout, le 10 septembre prochain.
06:22Est-ce que vous le redoutez ? Est-ce que vous redoutez que certains de vos magasins puissent même être pris pour cible ?
06:27Écoutez, moi je comprends la colère de certains, même un certain nombre d'arguments que je peux partager.
06:35Lesquels ?
06:35Que je peux partager sur le coût de la dette, quelles mesures on prend pour réduire cette dette, les dépenses publiques, bien sûr.
06:43Mais est-ce que ça veut dire que vous, Dominique Schellcher, la question de la suppression de deux jours fériés, de ce que vous observez avec vos 73 000 collaborateurs, vous auriez été pour ou contre ?
06:57Mais c'est un chiffon rouge.
06:58Et les conditions d'acceptabilité de la suppression de ces deux jours ne sont pas réunies du tout.
07:04J'en ai beaucoup parlé cet été sur le terrain, avec des collaborateurs, avec des clients.
07:09Les gens ne sont pas prêts à accepter cela.
07:11Pourquoi ? Parce qu'ils ont le sentiment que c'est un symbole, mais qu'il n'y a pas d'autre symbole en face.
07:18Les gens disent quoi ? On comprend que la situation est difficile.
07:20On comprend que tout le monde doit faire des efforts.
07:23Mais là, on a l'impression, dans les mesures proposées pour l'instant et qu'il faut retravailler, qu'il faut que ce soit plus équilibré.
07:29Et donc, dans ce contexte-là, ils disent non.
07:31Et je vais rajouter un autre argument.
07:32En France, depuis des années, il y a une phrase que les gens ont en tête.
07:37Travaillez plus pour gagner plus.
07:39Et là, on leur dit, vous allez travailler plus, deux jours en plus, mais vous ne gagnerez pas plus.
07:44Mais les gens ne comprennent pas.
07:45Donc, pour l'instant, ça, il n'y a pas l'acceptabilité pour.
07:49Dominique Schellcher, cette question d'une forme de colère qui pourrait s'exprimer, notamment à l'occasion de la journée du 10 septembre.
07:55Vous avez été mandaté par le ministère de la Ville et le ministère du Commerce pour faire une étude, un rapport sur le commerce dans les centres-villes, sur la question du dynamisme et des commerces de proximité dans les quartiers prioritaires.
08:10Vous avez commencé ce rapport.
08:11Qu'est-ce que vous observez ?
08:13Alors, tout d'abord, il y a en France ce que j'appelle une décommercialisation.
08:17Elle est très importante.
08:18Ça veut dire quoi ?
08:19Il y a 10% de vacances des locaux en centre-ville.
08:22On le voit quand on circule.
08:24Des bails à CD.
08:25Des bails à CD, voilà.
08:27C'est horrible pour un cœur de ville.
08:29C'est 10% moyenne.
08:30C'est 15% dans les quartiers prioritaires de la ville.
08:34Les quartiers, on va dire, les plus difficiles, c'est 15%.
08:36Ça, c'est un premier phénomène.
08:38Mais il y a un deuxième phénomène dans la décommercialisation.
08:41C'est que, même dans notre métier, il y a aujourd'hui quelques magasins qui ferment.
08:46Il y a des mètres carrés que certains de mes confrères ferment parce que les magasins sont parfois trop grands.
08:50On les réduit.
08:51Donc, aujourd'hui, il y a une décommercialisation.
08:54Par contre, j'étais hier en déplacement avec mes deux co-rapporteurs que j'étais incitoyé à citer.
08:59Frédéric Macarez, la maire de Saint-Quentin, dans le Nord, et Antoine Saint-Toyan, le directeur de la Banque des Territoires.
09:05On est trois à travailler sur ce...
09:06C'est chacun des profils très différents.
09:07C'est ça que je trouve très intéressant dans l'observation que vous allez faire de la situation.
09:10Voilà, et complémentaire.
09:11Et c'est ce qu'ont voulu les ministres Méadelle et Louvaji.
09:15Et hier, on était à Toulon.
09:16On était à hier, où la vacance est moindre, où il y a un travail considérable qui a été fait cette année.
09:22Comment ils ont fait ?
09:22Comment ils ont fait ?
09:23Une volonté politique locale incroyable.
09:26Une détermination pour sortir le centre de Toulon de l'image de Chicago qu'elle avait il y a 25 ans, 30 ans.
09:33Ils ont réussi.
09:35Le cœur de ville était magnifique hier, avec une offre commerciale variée.
09:39Mais c'est-à-dire quoi ? Ils ont mis la main à la poche ?
09:41Une volonté.
09:42Deux, un acteur public, une société d'aménagement, qui a racheté des immeubles entiers, qui les a restructurés, qui a fait des beaux logements aux étages,
09:52et réhabiliter des locaux au rez-de-chaussée, et ensuite avec des acteurs privés qui ensuite louent, commercialisent, etc.
10:00Quand il y a une volonté, quand tout le monde se parle dans une bonne entente, comme c'était le cas hier, ça marche.
10:07Pardon, c'est quand même un petit peu cocasse de demander à un patron de super, hyper, très grande surface de s'intéresser au cœur de ville.
10:18Est-ce que vous n'estimez pas, vous, les patrons de ces très grandes surfaces d'extérieur de ville, pour le coup de périphérie de ville,
10:25d'avoir une responsabilité sur la mort des quartiers centraux ?
10:29Mais probablement, pourquoi j'ai été sollicité ? Parce que U est multiformat, on est capable effectivement de faire des hypermarchés de taille moyenne de 6000 mètres carrés,
10:37mais aussi des petits magasins. J'étais hier à Yer, centre-ville de Yer, dans un petit utile, notre enseigne, de 110 mètres carrés, 550 clients par jour.
10:47Donc, on est capable de tout faire. Et Apolline Demarra, j'aurais quand même rappelé quelque chose.
10:52Ce n'est pas la grande distribution qui a décidé du jour au lendemain d'implanter des magasins en périphérie comme ça.
10:58On a suivi les clients. À un moment, les gens sont équipés de voitures. Ils ont eu envie de pavillons.
11:04Ils ont quitté le centre-ville. Même les administrations ont quitté. Et nous, on a suivi le mouvement.
11:09Et est-ce qu'aujourd'hui, le mouvement est en train de s'inverser ?
11:11Absolument, il est en train de s'inverser. Et avant-hier, mercredi, j'ai inauguré à Nice, avec Christian Estrosi et mes collègues du Sud,
11:22un superbe magasin de 2300 mètres carrés dans un quartier de Nice.
11:27Au cœur de la ville ?
11:27Au cœur de la ville, près de l'aéroport.
11:29Est-ce que ça veut dire, et vous le disiez à l'instant, il y a certains de mes collègues qui ferment des mètres carrés.
11:33Est-ce que ça veut dire que l'ère des hypermarchés est révolue ?
11:37Absolument. Les clients ne sont plus fans.
11:41Alors, ils marchent encore, mais ils ne sont plus fans de ces grandes surfaces.
11:44Effectivement, il y a chez un certain nombre des confrères des remises en cause à juste titre, que je comprends parfaitement.
11:5073 000 collaborateurs. Combien en arrêt maladie ?
11:54Alors, je n'ai pas le taux là, mais je sais que c'est meilleur. L'absentéisme est meilleur que ces derniers temps, mais c'est un sujet, effectivement, pour tout employeur.
12:03Est-ce que c'est un sujet pour tout employeur ? Vous avez peut-être entendu cette campagne qui a été lancée à la fois à la télévision, à la radio, dans les journaux, par le ministère de la Santé,
12:12avec deux Français qui se parlent et l'un qui dit « Ah ben là, je suis crevé, je vais me mettre en arrêt ».
12:17Et l'autre qui lui dit « Tu vas te mettre en arrêt, mais ce n'est pas toi qui décides de te mettre en arrêt, c'est le médecin ».
12:21Est-ce que cette campagne vous frappe ? Et est-ce qu'effectivement, c'est une problématique à laquelle vous êtes confronté dans vos magasins ?
12:28Se mettre en arrêt, est-ce que ça vous paraît stigmatiser certains Français ou au contraire pointer du doigt une réalité ?
12:35Alors, le problème précis qu'il peut y avoir, et nous avons été alertés par la CPM, c'est la fraude aux arrêts maladie.
12:42Raison pour laquelle la CPM met en place au 1er septembre un nouveau bulletin d'arrêt de travail.
12:48Il y avait des facilités à distance, il y a des fraudes sur Internet, vous pouvez acheter des arrêts de travail.
12:53Donc c'est ça qu'il faut montrer du doigt. Mais il n'y a pas de phénomène massif d'arrêt de travail, pas du tout.
13:00Par contre, il faut lutter contre les fraudes, ça c'est sûr.
13:02Dominique Schellcher, est-ce que vous vous considérez comme un boomer ou comme un post-boomer ?
13:08Est-ce que les boomers ont eu une vie trop confortable ?
13:11Alors, moi je ne me considère pas comme un boomer, c'est plutôt mes...
13:14Vous êtes plus jeunes que les boomers, qui sont donc ceux du baby-boom.
13:19C'était plutôt mes parents. Écoutez, moi je pense que ce qui est important,
13:24et ce que les gens disent très facilement quand on leur parle,
13:26c'est que tout le monde doit prendre sa juste part à la situation.
13:31Et j'illustre ça par un fait avec lequel je ne suis pas toujours d'accord.
13:35Très facilement, ici et souvent à Paris, on me dit,
13:37oui Dominique Schellcher, vous parlez de difficultés dans la consommation,
13:41mais regardez le taux d'épargne des Français.
13:43Chiffre INSEE, ce ne sont que 4 Français sur 10 qui épargnent,
13:48et sur ces 4 Français sur 10, 2 tiers, ce sont des plus de 65 ans.
13:52Donc on y est.
13:54Donc ça veut dire qu'ils ont les moyens d'épargner ?
13:56Que peut-être certains d'entre eux, oui, alors oui, ils ont les moyens d'épargner.
14:00Et que donc, dans la prise en charge des difficultés qu'on a actuellement,
14:05on trouve des solutions comme ça, en tenant compte des moyens de chacun,
14:10ça me paraît logique.
14:11Mais Apolline de Malherbe, là aussi, plutôt que de parler tout de suite de
14:15« il faut qu'eux payent plus, eux payent plus ».
14:17Vous avez bien compris que je faisais référence aux expressions de ces derniers jours
14:21de François Bayrou, qui a estimé que si l'on avait tant laissé couler la dette
14:26qui va reposer sur les plus jeunes, c'était, dit-il, pour une forme de confort des boomers.
14:32Le plus important pour moi aujourd'hui, avant de parler de taxes supplémentaires
14:35ou d'impôts supplémentaires ou d'efforts supplémentaires,
14:38parlons de la réduction des dépenses, c'est ça le sujet.
14:40Je trouve qu'on ne parle pas assez de ça.
14:42Et il y a, par exemple, une mesure dont on a déjà parlé ici aussi,
14:46c'est la ministre du Commerce qui disait « il y a 90 milliards d'euros
14:49de coûts liés à la suradministration, à la complexité administrative ».
14:55Ça fait consensus.
14:57Pourquoi on ne s'attaque pas tout de suite à des dépenses qui sont sous nos pieds ?
15:00Ça fait des années que tous les hommes politiques qui passent à mon micro
15:03nous parlent de la simplification, du choc de simplification.
15:07Je crois que concrètement, on n'en a pratiquement pas vu la couleur.
15:10Et pourtant, ça ne coûte rien.
15:12Il y a une loi qui est en préparation.
15:14J'espère qu'elle sera ambitieuse, dynamique et qu'on va chercher, par exemple, des économies.
15:18Vous savez que côté politique, il n'y a pas grand-chose qui va pouvoir passer, là.
15:23Malheureusement, c'est la difficulté du moment.
15:25Je vous repose juste d'ailleurs cette question-là en tant pas seulement de consommateur.
15:28Je vous demandais si les Français, si leur inquiétude se manifestait peut-être par moins de consommation.
15:34Vous nous dites non et vous nous dites que c'est une bonne nouvelle.
15:37Vous-même, avec votre autre casquette, c'est-à-dire de chef d'entreprise,
15:40est-ce que cette incertitude vous pèse ?
15:42Est-ce que vous vous retrouvez parfois à devoir prendre des décisions ?
15:45Vous pensiez ouvrir un magasin, par exemple, et vous allez vous dire
15:48on ne va peut-être pas le faire tout de suite.
15:50Eh bien, pas chez eux, non.
15:51Pourquoi ? Parce que cette incertitude, elle est là depuis un certain temps.
15:55Ça n'est pas nouveau pour vous.
15:56Ça n'est pas juste cette décision du 8 septembre.
15:57Et qu'est-ce que je dis à mes patrons ? Je dis adaptons-nous.
16:00Faisons preuve d'optimisme, de combat.
16:02Soyez positifs.
16:03Ne rejetons pas les investissements prévus et allons-y.
16:06Et on va même partager ça avec les clients.
16:08Au mois de septembre, c'est les 50 ans de l'enseigne supérieure.
16:11On va essayer de sortir de la morosité et de faire du positif aussi dans les temps.
16:16Donc, on s'adapte à cette difficulté.
16:19Nos entreprises, nos collaborateurs, nos clients sont là.
16:23Battons-nous tous les jours pour eux tous.
16:25La question des tarifs douaniers, ces tarifs douaniers qui ont fini par être négociés,
16:30mais qui ne sont pas très favorables à la France et à l'Europe.
16:34Dominique Schellcher, est-ce que ça aura un impact sur les prix dans les rayons ?
16:38Je ne pense pas à court terme.
16:40Il y a des filières qui vont être effectivement en difficulté.
16:42Ce sont les vins qui sont très exportateurs.
16:45On exporte beaucoup de produits laitiers.
16:48Et dans les produits qu'on importe des États-Unis, il n'y en a pas tant dans la consommation quotidienne ?
16:52Il n'y en a pas tant dans la consommation française.
16:55Donc, je ne suis pas inquiet sur un impact sur les prix à ce stade.
16:58En revanche, ce qui vous inquiète, vous particulièrement, c'est la question de ces cargos qui, chaque nuit, apportent des colis.
17:04Des colis qui sont donc achetés, des colis de produits très peu chers, achetés un peu frénétiquement sur Internet et sur les ventes en ligne.
17:13Ça, c'est pour vous une véritable menace ?
17:16Une des conséquences, c'est la décommercialisation dont on parlait il y a un instant.
17:22Je rappelle un peu les chiffres.
17:23600 avions qui arrivent toutes les nuits en Europe.
17:2690% des contrôles sont non conformes.
17:2960% sont dangereux pour la sécurité.
17:31Et là, on revient à la situation actuelle.
17:33La ministre du Commerce a parfaitement compris la situation.
17:36Et une taxe va être mise en place prochainement sur les petits colis de moins 150 euros.
17:41C'est urgent.
17:42Plus renforcer les contrôles.
17:44Si on n'a plus de gouvernement dans quelques jours, qu'est-ce qu'il va falloir faire sur ce sujet ?
17:48Il va falloir tout recommencer à zéro, tout réexpliquer.
17:51Et c'est là qu'on perd du temps, on perd de la stabilité.
17:54C'est un exemple concret.
17:54Qu'est-ce que vous dites aux Français qui nous écoutent ?
17:57Je dis qu'il faut absolument agir, ne pas perdre de temps.
18:02Il y a tellement de sujets importants, il faut pouvoir les traiter.
18:06Et donc, sans équipe gouvernementale ou changement, c'est évidemment plus compliqué.
18:10C'est ça qui est difficile.
18:12Dominique Schellcher, je regarde aussi votre compte Twitter.
18:14Vous vous passionnez pour plein de choses.
18:16Vous donnez même des conseils de lecture.
18:18Et puis, il y a eu ce tweet que vous avez publié pendant l'été.
18:22Votre inquiétude sur le déclin de la population française,
18:25le désir d'enfants en Berne, en France,
18:27la norme de la famille à deux enfants est de plus en plus perçue
18:29comme un maximum, non comme un minimum.
18:31Notre population est proche du déclin.
18:33Ça vous inquiète ?
18:33Ça, ça m'inquiète beaucoup.
18:35Et ma responsabilité de chef d'entreprise,
18:37c'est de sensibiliser mes équipes, mes patrons de magasins,
18:41à ce vieillissement de la population,
18:43ce non-renouvellement qui va nous remettre en cause dans l'offre,
18:47dans les services qu'on va rendre,
18:48et qui va complexifier, par exemple, le recrutement demain.
18:52Moins une population qui vieillit
18:53et moins une population qui baisse.
18:55C'est des difficultés accrues de recrutement, par exemple.
18:58Il faut qu'on se prépare à tout ça.
19:00Donc, c'est un sujet très inquiétant.
19:01Et je rappelle, les courbes des naissances et des décès
19:05se sont rapprochées pour la première fois depuis...
19:08se sont même croisées cet été pour la première fois.
19:10Tout à fait.
19:11Il y a eu plus de décès que de naissances.
19:14Et c'est la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale.
19:16Merci, Dominique Schellcher, d'avoir répondu à mes questions ce matin.
19:20Dominique Schellcher, vous êtes à la tête des magasins U,
19:24président directeur général des magasins coopératives U.
19:27Merci à vous.
19:28Et d'ailleurs, vous êtes aussi écrivain,
19:29puisque vous avez écrit Le Bonheur.
19:30Et dans l'action, c'est aux éditions de l'Aube.
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