- il y a 4 mois
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00:00Un podcast issu des archives d'Europe 1
00:02Savez-vous que plus d'un tiers des crimes et délits commis en France
00:09sont traités par la Gendarmerie Nationale ?
00:14Je m'appelle Yann Kermadek, je suis commandant de gendarmerie.
00:22Je dirige une section de recherche dont la mission essentielle
00:25est une mission de police judiciaire.
00:30L'histoire que je vais vous raconter est une histoire vraie.
00:41Tous les faits sont réels et se sont déroulés en France.
00:45Seuls, les noms des personnes et des lieux ont été changés.
00:55Jacques Régnier marchait d'un bon pas.
00:57Il respirait avec délice l'air du petit matin
01:01et guettait les premiers frémissements de la forêt qui s'éveillait.
01:06Il regrettait presque avec son fusil en bandoulière et tout son attirail de chasseur
01:09d'être venu pour tuer des chevreuils
01:12alors qu'il eût été si bon de flâner sans but et de laisser vagabonder ses pensées.
01:18Oh oui, oui, oublier les soucis de l'étude et ceux de la maison
01:23où Caroline était de plus en plus absente et indifférente.
01:29Jacques Régnier avait pris la succession de son père,
01:31maître Paul Régnier, le notaire de Blessonville,
01:34et ces dernières années, il avait travaillé d'arrache-pied
01:36pour se montrer à la hauteur de la tâche,
01:39pour être digne de son père.
01:41Il était loin le temps où, étudiant en droit,
01:44il vivait dans une petite chambre de bonne au centre de Strasbourg.
01:48C'est pourtant à cette époque de vaches maigres
01:50qu'il avait rencontré et séduit Caroline.
01:55Oui, tout cela lui semblait maintenant à des années-lumière.
02:01Caroline avait tellement changé.
02:03Elle était plus préoccupée par ses toilettes,
02:06par ses soirées chez la sous-préfète
02:07que par lui, son mari, qu'elle négligeait.
02:10De plus en plus.
02:13Elle avait toujours été coquette,
02:14mais depuis quelque temps, Jacques avait remarqué
02:17que sa femme semblait s'intéresser de très près
02:19au premier clair, Antoine Moulineau,
02:21et que celui-ci, brave garçon au demeurant,
02:24était complètement perturbé par les avances de Caroline.
02:27Il balbutiait, rougissait dès qu'elle apparaissait,
02:31et semblait en proie aux affres de la passion.
02:36Jacques Régnier se demandait si Antoine Moulineau
02:38était l'amant de sa femme,
02:40« Je suis peut-être le seul à ne rien savoir, »
02:44se disait-il.
02:47Il s'en voulu d'avoir pensé à tout cela,
02:50gâchant ainsi une belle matinée de chasse.
02:54Soudain, un coup de feu déchira le silence.
02:57Les autres chasseurs ne devaient pas être bien loin.
03:00Il y avait le maire, le médecin,
03:02et aussi Antoine Moulineau,
03:03qui, peu à peu, grâce à Caroline d'ailleurs,
03:06réussissaient à entrer dans le cercle fermé des notables.
03:12Jacques Régnier marchait toujours.
03:14Le soleil perçait timidement l'obscurité,
03:17et le petit monde de la forêt commençait à se faire entendre.
03:21Il y avait par terre une profusion de champignons sous les feuilles,
03:24et une forte odeur d'humus se répandait dans l'air.
03:30Il n'avait pas vu un seul chevreuil depuis ce matin,
03:32mais il n'était pas déçu.
03:35Le plaisir de se trouver en pleine nature lui suffisait,
03:38et dans cette solitude où il se trouvait,
03:40il éprouvait un merveilleux sentiment de liberté.
03:45Rarement, dans son existence de notaire de province,
03:48il avait ressenti une sensation aussi grisante.
03:51Un oiseau se mit à pépier tout en haut d'un arbre
03:55dont le soleil ne parvenait pas encore à percer la ramure,
03:58et Jacques vit l'oiseau.
04:01C'était un magnifique rouge-gorge.
04:05C'est à cet instant précis que la balle atteignit Jacques Régnier de plein fouet.
04:12Les gendarmes qui avaient organisé une battue
04:14après que ses compagnons eurent signalé sa disparition,
04:17retrouvèrent son corps dans l'après-midi.
04:19Quand j'arrive sur les lieux en compagnie du chef Beauvais,
04:23technicien des investigations criminelles
04:25et des gendarmes, la rue est noblée.
04:28Le corps du notaire est déjà froid.
04:31Il est allongé sur le flanc légèrement de biais par rapport au sentier.
04:34Les traits de son visage sont paisibles et détendus.
04:39On croirait qu'il dort.
04:42Une carabine de chasse Mauser,
04:43de calibre 7,5 mm,
04:44est un médecin qui se trouve à portée de sa main droite.
04:47Elle est aux grandes sûretés.
04:49Beauvais prend des photos
04:50et le médecin légiste qui vient d'arriver
04:52examine le corps.
04:54La balle l'a traversée de part en part au niveau de l'estomac.
04:58L'heure de la mort ne peut pour l'instant
05:00être déterminée avec précision.
05:03Il faudra attendre l'autopsie.
05:04Le relevé de l'état des lieux exécuté par Beauvais
05:07situe l'emplacement du cadavre de Jacques Régnier
05:09à 192 mètres du chemin carrossable
05:13et à 70 mètres de la clairière.
05:17L'ambulance emporte le corps du notaire
05:20au centre hospitalier régional.
05:23L'enquête commence.
05:26Ils étaient quatre.
05:28Quatre notables qui étaient partis aux Aurores
05:30vers 14 du matin
05:32pour une partie de chasse
05:34en ce jour d'ouverture.
05:37Il y avait Jacques Régnier, le notaire
05:39Antoine Moulineau, son premier clair
05:42Pierre Dailly, le maire
05:45et Luc Simon, le médecin.
05:49Ce qui m'intriguait
05:50dans cette affaire
05:52c'est que je n'arrivais pas à croire
05:54à l'hypothèse d'un accident de chasse
05:56car si tel avait été le cas
05:58pourquoi l'auteur du coup de feu
06:00ne serait-il pas fait connaître ?
06:03Et puis
06:04on n'avait pas retrouvé la balle
06:06qui avait tué le notaire
06:07puisqu'elle avait traversé le corps
06:09au niveau de l'estomac
06:10pour aller se perdre
06:11Dieu sait tout.
06:15Je devais tout d'abord interroger
06:16les trois chasseurs
06:17dernier compagnon de Jacques Régnier.
06:19À tout seigneur, tout honneur
06:20je commençais par rendre visite
06:22au maire
06:23Pierre Dailly.
06:26Avrez de vous déranger, monsieur le maire
06:27mais je suis dans l'obligation
06:28d'entendre votre témoignage
06:29dans l'affaire Régnier.
06:33Je suis bouleversé, mon commandant.
06:36Régnier était un ami
06:37un homme de grande valeur
06:38d'une grande intelligence
06:39et en même temps
06:40d'une extrême simplicité.
06:41Je suis triste
06:43pour cette pauvre Carole
06:44d'une sa femme
06:45qui, du jour au lendemain
06:47se retrouve seule.
06:50Monsieur le maire
06:51pouvez-vous me dire
06:51quand vous avez vu Jacques Régnier
06:53pour la dernière fois ?
06:55Eh bien, c'était ce matin.
06:56Nous avions décidé
06:57de partir très tôt
06:58pour chasser le chevreuil.
06:59Nous avions rendez-vous
07:00à 4h chez Luc Simon
07:02qui, avec sa méare
07:03nous a emmenés en forêt là.
07:05Nous avons formé deux groupes
07:08Jacques Régnier
07:08et Luc Simon
07:09allant vers le nord
07:10Moulinot et moi
07:11vers le sud.
07:14Au bout d'un quart d'heure
07:14de marche
07:15j'ai proposé à Moulinot
07:17d'entrer dans le bois
07:18tandis que je restais
07:19en lisière.
07:20Environ une heure plus tard
07:21alors que je venais
07:23de tuer un chevreuil
07:24mon premier chevreuil
07:25de l'année
07:25j'ai vu venir vers moi
07:28Luc Simon
07:28qui m'a aidé
07:29à porter le brocard
07:30dans la méare
07:30et peu de temps après
07:33Antoine Moulinot
07:34nous a rejoint
07:35et nous avons attendu
07:36Jacques.
07:38C'est vers 10h
07:39que nous sommes rentrés
07:41au village
07:42et que nous avons alerté
07:45la gendarmerie.
07:47Combien de coups de feu
07:48avez-vous tiré
07:48monsieur le maire ?
07:50Deux.
07:52Et vos compagnons ?
07:53Aucun
07:55mais sans doute
07:56vous le diront-ils eux-mêmes
07:58j'ajouterai que
07:59j'ai entendu
08:00plusieurs coups de feu
08:01dans la matinée
08:02mais c'était
08:03l'ouverture de la chasse
08:04n'est-ce pas
08:05et nous n'étions pas
08:06les seuls
08:07à traquer le gibier.
08:10Monsieur le maire
08:11à votre connaissance
08:13Jacques Régnet
08:14avait-il des ennemis ?
08:17Non, je ne le crois pas
08:18commandant
08:18vraiment pas.
08:20Je vous remercie
08:22monsieur le maire
08:22pardonnez-moi
08:23mais je suis dans
08:24l'obligation
08:24de saisir votre arme
08:25vous voudrez bien
08:27la remettre
08:27au gendarme
08:28la rue.
08:29Mais bien sûr
08:30commandant.
08:33Il était 16h
08:34je décidai
08:36de passer
08:36au cabinet
08:37du médecin.
08:39Luc Simon
08:40était un homme
08:40jeune
08:41ouvert
08:42sympathique
08:42je lui demandais
08:44de me parler
08:45de la victime
08:46Jacques Régnet
08:48était son ami
08:49et sa mort brutale
08:51le laissait
08:51sans voix.
08:54Docteur
08:54vous avez été
08:55le dernier
08:55à voir
08:55maître Régnet
08:56vivant.
08:58Vous étiez
08:58partis ensemble
08:59vers le nord
08:59et puis
09:00vous vous êtes
09:01séparés.
09:02Où êtes-vous
09:03allé ?
09:05Jacques est resté
09:06près de la lisière
09:06du bois.
09:08Je me suis enfoncé
09:08dans la forêt
09:09tant et si bien
09:10qu'une heure plus tard
09:11j'ai retrouvé
09:11le maire
09:12Pierre Dailly
09:13et je l'ai aidé
09:14à transporter
09:14un chevreuil
09:15qu'il venait
09:15de tuer.
09:18Docteur
09:18vous étiez
09:18un ami intime
09:19de Jacques Régnet.
09:21Oui mon commandant.
09:23Avaient-il
09:24des ennemis ?
09:25Oh non non non
09:26non je ne crois pas
09:27mon commandant.
09:28Combien avez-vous
09:29tiré de coups de feu
09:30ce matin docteur ?
09:32Je...
09:33j'ai tiré
09:33un coup de feu
09:34mais je n'ai pas
09:35tué de gibier.
09:37Je demandais
09:37au médecin
09:38de me remettre
09:38son fusil
09:39et tout comme
09:40le maire
09:41Pierre Dailly
09:41il s'exécuta
09:43volontiers.
09:44De retour
09:46à la gendarmerie
09:47quelqu'un
09:47m'attendait.
09:49La vieille bonne
09:50du notaire
09:50qui avait élevé
09:51Jacques Régnet
09:52me réclamait
09:52à corps
09:53et à cri.
09:54Elle avait
09:54des révélations
09:55à faire.
09:57Je la fis
09:57entrer dans mon bureau
09:58et la laissais
10:00donner libre cours
10:01à sa douleur
10:02et à sa révolte.
10:04Ils ont tué
10:05mon Jacques
10:06qui, je le savais.
10:07Je savais
10:08que tout ça
10:08finirait mal.
10:09Il était trop bon,
10:10trop généreux.
10:11En Dieu,
10:12il me l'a tué.
10:13Non mais calmez-vous
10:14madame, calmez-vous.
10:16Si j'ai bien compris,
10:17vous travaillez
10:18chez maître Régnet.
10:19Oui,
10:21j'étais sa nono,
10:22monsieur.
10:23Je m'appelle
10:24Armande Graf
10:25mais pour tout le monde
10:26ici, je suis
10:26Amma.
10:27Je l'ai vu naître
10:28et je me suis
10:29toujours occupée
10:30de lui.
10:31C'était un garçon
10:32merveilleux,
10:33simple,
10:34affectueux.
10:35Et vous soupçonnez
10:36quelqu'un d'avoir
10:37voulu le tuer,
10:38madame ?
10:38Je suis sûre
10:40qu'on l'a assassiné,
10:41monsieur.
10:41Et je sais pourquoi.
10:44Personne ne vous le dira
10:45parce que dans le grand monde
10:46ils se soutiennent
10:47entre eux.
10:48Ils ont perdu
10:48le scandale.
10:49Mais moi,
10:50j'ai vu les choses.
10:52Je vivais
10:52chez les Régnets
10:53et j'en ai vu,
10:55mon Dieu, oui.
10:57Qu'avez-vous vu,
10:58madame Graf ?
10:59J'ai vu.
11:01C'était mon pauvre
11:02qui ne savait pas
11:03que sa femme,
11:05Caroline,
11:06elle le trompait
11:07avec l'un,
11:08avec l'autre
11:09et depuis quelque temps
11:10avec cet hypocrite
11:12de Moulinot,
11:13le premier clair.
11:14Avec les autres,
11:15ça ne durait pas.
11:16Jamais bien longtemps,
11:17n'est-ce pas ?
11:18Mais avec Moulinot,
11:19c'est la passion.
11:21Ça se voit
11:22à l'œil nu.
11:23C'en est un descendant.
11:25Il vient jusque
11:26dans la maison
11:26pour la tripoter
11:27dans les coins.
11:28Et pas plus tard qu'hier.
11:29Alors qu'il ne me voyait pas.
11:31Je l'ai entendu,
11:31dire, lui,
11:33Moulinot,
11:34qu'il avait des envies
11:35de meurtre
11:36en regardant
11:36vers le bureau
11:37de mon Jacques.
11:39Je suis sûr
11:40que c'est lui
11:40qui l'a tué.
11:42Mais il était
11:42à la chasse.
11:43Ça lui fait
11:44une belle occasion.
11:46Une balle perdue,
11:47c'est vite fait,
11:47n'est-ce pas ?
11:49Je vous remercie
11:50de votre témoignage,
11:50madame Graf.
11:52Je vous promets
11:53de retrouver
11:54le coupable.
11:55et je raccompagnais
11:57la pauvre vieille femme
11:58jusqu'à la porte.
12:01Ainsi donc,
12:03Moulinot,
12:03le premier clair,
12:04était l'amant
12:05de Caroline Régnier,
12:06la femme de la victime.
12:08À qui allait profiter
12:11le crime ?
12:12À Caroline,
12:13bien sûr.
12:14Elle se retrouvait
12:15veuve,
12:15sans enfant,
12:16unique héritière
12:17de son mari
12:18et désormais libre
12:20de vivre
12:21ses passions
12:22avec Antoine Moulinot.
12:27C'est justement
12:28Antoine Moulinot
12:28que j'attendais
12:29à 18h dans mon bureau.
12:31Il était exact
12:32au rendez-vous
12:32et avant même
12:33que je l'invite
12:34à s'asseoir,
12:35il me regarda
12:35droit dans les yeux
12:36et entra dans
12:37le vif du sujet.
12:38Il était
12:38hors de lui.
12:41Mon commandant,
12:41je viens de rencontrer
12:42cette vieille folle d'Amma,
12:43la gouvernante des Régniers.
12:45Je sais qu'elle est venue
12:45me dénoncer.
12:46Croyez ce que vous voulez,
12:47mon commandant,
12:48mais je n'ai pas tué Jacques Régnier.
12:49Je suis l'amante Caroline,
12:50c'est vrai,
12:51mais jamais
12:51je n'aurai assassiné
12:52son mari.
12:53D'ailleurs,
12:54j'ai remis mon fusil
12:54à vos gendarmes.
12:55Ils verront bien
12:55que je n'ai pas tiré
12:56une seule balle
12:57de la matinée.
12:59Monsieur Moulinot,
13:00je ne vous ai convoqué
13:01que pour vous poser
13:02quelques questions
13:03relatives à cette partie
13:04de chasse
13:04à laquelle vous avez participé.
13:06Je répondrai
13:07à vos questions,
13:08mon commandant,
13:08mais avant tout,
13:09il faut que vous soyez
13:10au courant de ma situation.
13:12Je suis issu
13:13d'une famille modeste
13:14et cela ne plaît pas
13:15aux gens de mon milieu
13:16de voir que je côtoie
13:17les notables de la ville,
13:19que je dîne
13:19à leur table,
13:20bref,
13:21que je me crois
13:22être des leurs
13:23quant aux notables.
13:25Ils me font bien sentir
13:26que je ne suis
13:26qu'un clair de notaire
13:28trop ambitieux
13:29introduit dans leur cercle
13:30par la grâce
13:31de Caroline Régnier.
13:32Non, je sais,
13:33je sais qu'aujourd'hui
13:34personne ne me fera
13:35de cadeau
13:36et que je représente
13:37un parfait coupable.
13:40Mais je jure
13:40sur ma vie
13:41que je n'ai pas tué
13:42Jacques Régnier,
13:44même par accident.
13:46Antoine Moulinot
13:47paraissait sincère.
13:49Il y avait
13:50chez cet homme
13:50une sainte colère
13:52qui m'était
13:53plutôt sympathique.
13:56Je lui demandais
13:56de me raconter
13:57en détail
13:57sa partie de chasse
13:58et de me décrire
14:00l'itinéraire
14:00qu'il avait suivi
14:01dans la forêt.
14:03Comme ses deux autres
14:04compagnons,
14:06Antoine Moulinot
14:07semblait avoir
14:07chassé très loin
14:08de Jacques Régnier.
14:09Et lui aussi
14:10insistait sur le fait
14:11qu'il avait entendu
14:12quelques coups de feu
14:13tirés par des individus
14:14qui pouvaient être
14:15soupçonnés
14:16au même titre
14:16que lui.
14:19Et un autre détail
14:20qui est son importance,
14:20mon commandant.
14:22Je ne sais pas
14:22si vous avez déterminé
14:23l'ordre de la mort
14:24de ce pauvre Jacques Régnier,
14:25mais je peux vous dire
14:26qu'entre 4h du matin,
14:28heure à laquelle
14:29nous sommes partis
14:29en forêt,
14:30et 7h,
14:31on n'y voyait pas grand-chose.
14:33Il faisait très sombre
14:34et il est bien possible
14:35que dans ces conditions,
14:37un chasseur ait cru
14:38voir un gibier
14:39et un tir
14:40sur le notaire.
14:42En ce qui me concerne,
14:43si j'avais commis
14:44une telle erreur,
14:45je vous jure
14:46que je me serais dénoncé.
14:48Mais quoi qu'en dise
14:49la vieille Amma,
14:51je n'ai pas tué
14:52Maître Régnier.
14:52Je vous remercie,
14:55M. Moulineau.
14:56Voilà.
14:58J'avais rencontré
14:58les 3 suspects
15:00et je n'étais pas
15:02plus avancé.
15:04Qui avait tiré
15:05sur le notaire
15:06et pourquoi ?
15:11Vous le saurez
15:12dans quelques instants.
15:13Le jour de l'ouverture
15:22de la chasse,
15:24le notaire
15:24Jacques Régnier
15:25est tué.
15:29Il était accompagné
15:30de 3 chasseurs.
15:31Son premier clair,
15:33le médecin
15:34et le maire.
15:37Chacun prétend
15:38avoir chassé
15:38loin de la victime.
15:39Cependant,
15:40la gouvernante
15:42des Régniers
15:42qui a élevé
15:43le jeune notaire
15:44se présente
15:45à la gendarmerie
15:46pour dénoncer
15:47Antoine Moulineau,
15:48le premier clair
15:49qui est l'amant
15:49de Caroline,
15:50la femme de la victime.
15:52D'après la vieille nounou,
15:54Moulineau avait
15:55de fort bonnes raisons
15:56de tuer Jacques Régnier.
16:00Le rapport de top 6
16:01venait d'arriver
16:01sur mon bureau.
16:03La balle avait traversé
16:04le corps de la victime
16:05sans rencontrer
16:06d'obstacles osseux
16:06sur un trajet
16:07presque horizontal.
16:09La mensuration
16:10des orifices
16:11d'entrée
16:117 mm
16:13et de sortie
16:148 mm
16:15correspondrait en principe
16:18à une munition
16:19d'un calibre
16:19de 7,5 mm.
16:22Il ne me restait plus
16:23qu'à comparer
16:23les fusils
16:24des trois suspects.
16:27Je demandais
16:27au chef Beauvais,
16:28technicien
16:29des investigations criminelles,
16:30de m'apporter
16:31les trois armes saisies.
16:33Celle du maire,
16:34Pierre Dailly,
16:35était un fusil
16:36de calibre 16 mm.
16:37Celle du docteur Simon
16:40était une carabine
16:41Moser
16:41à lunettes
16:42calibre
16:436,5 mm.
16:45Et celle
16:46du premier clair,
16:47Antoine Moulinot,
16:48était une carabine
16:49Moser
16:49calibre
16:507,5 mm.
16:52Pour la deuxième fois
16:53de la journée,
16:55Antoine Moulinot
16:55apparaissait
16:56comme le suspect
16:57numéro un.
16:58Il était le seul,
16:59en effet,
16:59à posséder une arme
17:00de 7,5 mm de calibre.
17:03Pourtant,
17:05il prétendait
17:06avoir chassé
17:06dans une direction
17:07opposée
17:08et à plusieurs kilomètres
17:09de distance
17:09du lieu de l'accident.
17:11Et comme il l'avait fait remarquer,
17:13il était possible
17:14que le coupable
17:15fût un chasseur anonyme
17:16qui aurait pris la fuite
17:17après son coup de feu
17:19mortel.
17:22Je ne pouvais décemment
17:23pas accuser
17:23Antoine Moulinot
17:24d'après un détail
17:25aussi minime.
17:27Il n'était peut-être
17:28pas le seul chasseur
17:29ce jour-là
17:30à se servir
17:31d'une arme
17:32de calibre
17:327,5 mm.
17:34Je devais donc
17:36découvrir
17:36un autre indice.
17:39Si seulement
17:39on pouvait retrouver
17:40la balle meurtrière,
17:43il serait facile
17:43d'identifier
17:44l'auteur de l'accident,
17:46de l'accident
17:47ou du meurtre.
17:50Mais la balle
17:50est restée fichée
17:51en terre,
17:52en pleine forêt,
17:54à un endroit
17:54où la végétation
17:55est très dense.
17:57Elle tentait
17:57de la retrouver
17:58au milieu des forêts
17:59et des fougères,
18:00des feuilles mortes
18:00et des branchages
18:01est une gagère.
18:04Mais
18:04c'est ma seule chance
18:06d'avoir une vraie preuve.
18:08Je suis décidé
18:09à employer
18:09les grands moyens.
18:10Aussi,
18:10je téléphone
18:11à l'officier
18:11du matériel
18:12du 53e régiment
18:14du génie
18:14stationné
18:15à Montmort
18:16qui met aussitôt
18:17à ma disposition
18:18pour le lendemain
18:19deux sapeurs
18:21munis chacun
18:22d'un
18:22SCR-625.
18:26Le SCR-625
18:27est tout simplement
18:28un détecteur
18:30de mine
18:30appelé
18:31plus vulgairement
18:32poil à frire,
18:34n'est capable
18:34de déceler
18:35la présence
18:36de petits morceaux
18:37de ferraille
18:37enfouis dans le sol
18:38à quelques centimètres
18:39de profondeur.
18:41Dès le lendemain matin,
18:43nous nous rendons
18:43à l'endroit
18:44où a été découvert
18:45le cadavre
18:45du notaire
18:46et,
18:47partant dos à dos,
18:49les deux soldats
18:50promènent
18:51leur détecteur
18:51sur toute la largeur
18:53du sentier
18:53en avançant
18:54à pas lent,
18:55dans l'herbe haute
18:56et en extirpant
18:57du sol
18:58toutes les masses
18:59métalliques
19:00que l'appareil
19:00leur signale.
19:02Une boîte
19:02de conserve,
19:04couvercle,
19:05etc.
19:06Le temps passe
19:09et nous n'avons
19:10rien trouvé.
19:13Soudain,
19:14vers midi,
19:15le démineur
19:16opérant
19:16à la lisière
19:17Est
19:17lance un appel.
19:19Il a découvert
19:20une balle
19:20dans une souche
19:21peu profonde
19:22à 47 mètres
19:23de l'emplacement
19:24du corps
19:25du notaire.
19:27Un examen
19:28rapide
19:28nous renseigne.
19:29Il s'agit bien
19:30d'une munition
19:31de chasse
19:32de calibre
19:326,5 mm
19:33qui a été tirée
19:34récemment
19:35car elle n'est
19:36ni rouillée
19:36ni souillée.
19:40Nous rentrons
19:41immédiatement
19:41à la gendarmerie
19:42pour,
19:43encore une fois,
19:44vérifier les armes
19:45des compagnons
19:46de Jacques Régnier.
19:49Cette fois,
19:51nous tenons
19:51le coupable.
19:52La preuve
19:54est formelle.
19:55La balle
19:56que nous avons
19:56trouvée
19:56correspond
19:57au calibre
19:57du fusil
19:58et n'a pas
19:59été déformée.
20:01Elle s'adapte
20:01parfaitement
20:02aux rayures
20:03du canon
20:03à son extrémité.
20:05Et le fusil
20:06qui a servi
20:07à tuer
20:07Jacques Régnier
20:08est celui
20:10du docteur
20:12Luc Simon.
20:15Nous en aurons
20:15encore la confirmation
20:16peu de temps après
20:17avec les résultats
20:19de l'expertise
20:20confiée
20:20au laboratoire
20:21de la gendarmerie
20:22qui comparera
20:23les similitudes
20:24existantes
20:25entre la balle
20:26trouvée
20:26par le détecteur
20:27et une balle
20:29tirée par le fusil
20:30du docteur
20:31Luc Simon.
20:34Très vite,
20:35celui-ci avoue
20:36qu'il est bien
20:37l'auteur
20:37du coup de feu
20:38mortel.
20:40Nous avons
20:41marché vers le nord,
20:41Régnier et moi,
20:43et il a voulu
20:43rester en lisière
20:44du bois
20:44tandis que moi
20:45j'entrais dans la forêt.
20:48Mais il faisait
20:48très sombre
20:49et la végétation
20:50enchevêtrée
20:51m'empêchait
20:52de marcher
20:52et aussi
20:53je suis revenu
20:54en arrière
20:54pour trouver
20:55un chemin
20:55praticable
20:56et j'ai trouvé
20:57un sentier
20:58que j'ai suivi
20:58pendant environ
21:00trois quarts d'heure.
21:01Vers cinq heures
21:02et demie du matin
21:03en passant devant
21:03un blockhouse détruit,
21:05j'aperçus au loin
21:06une forme qui bougeait
21:07et j'ai sincèrement
21:09cru que c'était
21:09un chevreuil.
21:11J'ai épaulé
21:12et j'ai tiré
21:12et là
21:14j'ai entendu
21:14un cri
21:15un cri humain.
21:19Alors la peur
21:19s'est emparée de moi
21:20une peur panique
21:22je n'ai pas voulu
21:23voir ce que j'avais fait
21:24je me suis enfui
21:25j'ai couru
21:26couru
21:27jusqu'à ce que
21:27j'ai rejoint le maire
21:28Pierre Dailly
21:29et j'ai essayé
21:30de cacher mon émotion
21:31heureusement
21:32il était
21:32tout à la joie
21:33d'avoir tué
21:34son premier chevreuil
21:35et il ne s'est aperçu
21:37de rien.
21:39Jacques Rigny
21:40était mon meilleur ami
21:40je ne pourrais
21:42jamais oublier
21:43que c'est moi
21:43qui l'ai tué.
21:47Voilà
21:47c'était un accident
21:49mais grâce
21:51à la poêle à frire
21:52nous avions découvert
21:54le coupable
21:55mais trop souvent
21:57les chasseurs tirent
21:58sans avoir
21:59une bonne visibilité
22:00et sans avoir
22:02identifié
22:02le gibier
22:03leur insouciance
22:06est souvent
22:06fatale
22:07décidément
22:09je n'aime pas
22:11la chasse
22:11vous venez d'écouter
22:19Au coeur du crime
22:20un podcast
22:21issu des archives
22:22d'Europe 1
22:23réalisation
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22:25production
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