- il y a 6 semaines
Divertissement : Tibo Inshape Elle tue son mari violent et proxénète, la terrible histoire de Valérie Bacot (Affaire criminelle de 2016)
Biographie de Tibo Inshape
Thibaud Delapart, plus connu sous le pseudonyme de Tibo InShape (prononcé : [ɪnʃeɪp]), est un vidéaste web et entrepreneur français, né le 19 janvier 1992 à Toulouse.
Il se fait connaître en tant que vidéaste spécialisé dans le domaine de la musculation.
Depuis mai 2024, il est le youtubeur francophone le plus suivi, comptabilisant plus de 26,8 millions d'abonnés en début juin 2025.
Facebook : https://www.facebook.com/tiboinshape
Chaine Youtube : https://www.youtube.com/@TiboInShape
Biographie de Tibo Inshape
Thibaud Delapart, plus connu sous le pseudonyme de Tibo InShape (prononcé : [ɪnʃeɪp]), est un vidéaste web et entrepreneur français, né le 19 janvier 1992 à Toulouse.
Il se fait connaître en tant que vidéaste spécialisé dans le domaine de la musculation.
Depuis mai 2024, il est le youtubeur francophone le plus suivi, comptabilisant plus de 26,8 millions d'abonnés en début juin 2025.
Facebook : https://www.facebook.com/tiboinshape
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AmusantTranscription
00:00Et du coup, tu tues Daniel.
00:01Je pense tous les jours, ma place, elle est en prison.
00:04Le procès de Valérie Bacot s'ouvre aujourd'hui.
00:06Une femme française, une mère de 4, elle a été traité à l'âge de 12 par son stepfather.
00:10Il jouait la roulette russe ?
00:11Il aimait me menacer en mettant le pistolet...
00:14Sur la tempe ?
00:15Juger aux assises pour avoir tué son mari violent et proxénète.
00:18Il me disait quelle position faire, comment et tout.
00:21Une femme qui a vécu l'enfer.
00:23Tu ne l'as pas méritée ?
00:24Pour moi, je n'ai pas été assez forte.
00:25Mais tu ne peux pas battre quelqu'un de 40 ans ?
00:28Un mec qui a 40 ans ?
00:29Aujourd'hui, on est en compagnie de Valérie Bacot.
00:31Merci d'être là.
00:32Merci.
00:32Qui est là pour nous raconter toute son histoire.
00:34Qui a co-écrit un livre avec Clémence De Blasie.
00:37Tout le monde savait, aux éditions Fayard.
00:39Et aujourd'hui, Valérie va nous raconter son témoignage.
00:41Valérie, enchantée.
00:43Enchantée.
00:44Merci d'être présente aujourd'hui, merci de ta confiance.
00:46Merci à vous de m'avoir invitée.
00:48Avec plaisir.
00:49Je pourrais faire écouter ce que j'ai à dire.
00:52Exactement, tu pourras raconter son histoire.
00:54Valérie, je te propose qu'on rentre direct dans le vif du sujet.
00:56Comment se passe ton enfance à la maison avec ta maman ?
00:58Pour moi, ça me paraissait normal.
01:00C'est en grandissant et tout ça.
01:02Et avec le procès et tout, que j'ai compris qu'entre mes frères et moi, il y avait un gros décalage.
01:09On le rappelle, tu as deux frères ?
01:10Un grand et un petit.
01:11Ils étaient traités comment, eux, à la maison par rapport à toi ?
01:14L'aîné comme le roi.
01:16Moi, c'était vraiment une haine.
01:18Quand il y avait quelque chose, c'était pour moi.
01:20C'était à cause de moi.
01:21Et mon petit frère, j'ai tout fait pour lui.
01:24Est-ce qu'ils ne voient pas des choses ?
01:25Est-ce qu'ils ne subissent rien ?
01:27C'était vraiment...
01:29Tu voulais qu'ils soient témoins d'aucun sévice que tu subissais ?
01:33Par ma mère ou par l'autre.
01:36Tu as écrit dans ton histoire que ta mère est alcoolique.
01:38Et ta mère, qu'est-ce qu'elle fait ?
01:39Elle te bat ? Elle te humilie ?
01:40Elle passe son temps à boire.
01:42Et quand elle rentrait du travail, elle avait toujours un bonbon à la main.
01:46Je pense que c'était pour cacher l'odeur, mais je vous rassure, ça ne marche pas, cette histoire.
01:49Elle passait son temps à boire.
01:52Elle était toujours agressive ou méchante.
01:55Elle adorait le martinet.
01:56Elle te frappait beaucoup avec le martinet ?
01:57Oui, oui, oui.
01:57Tu avais quel âge à ce moment-là ?
01:58Ça a toujours été, donc je n'ai pas beaucoup de souvenirs.
02:02Après, je fais tout pour ne pas en avoir, parce que le peu que j'ai, ce n'est pas des trucs qu'il faut se rappeler.
02:08Tu expliques aussi que ta maman courait avec un couteau dans la maison ?
02:11C'est une scène que je me souviens.
02:12Elle était bourrée.
02:14Elle était après préparée à manger.
02:15Je ne sais même pas la raison.
02:16Elle s'est mise à prendre le couteau, à me gueuler dessus, à me courir après.
02:20Je n'ai jamais compris la raison ni rien.
02:22C'est quelque chose que je pense que j'ai besoin de savoir, même si ça ne change rien.
02:26Mais j'ai encore une petite part de gamin qui a besoin de savoir ce que je lui ai fait pour qu'elle me déteste comme ça depuis toujours.
02:34Tu as toujours connu la violence de la part de ta mère ?
02:37Oui, même avec mon père.
02:38C'était toujours elle qui lui criait dessus.
02:40Elle a toujours été comme ça.
02:41Et du coup, à ce moment-là, il y a ton père qui vit avec vous, ton vrai père qui vit avec vous à la maison.
02:46Et à un moment, il se sépare, c'est ça ?
02:48Donc toi, tu restes avec ta mère et ton petit frère Jérôme.
02:50Vous restez tous les trois à la maison.
02:52Et l'aîné part avec le père.
02:53Oui.
02:54À ce moment-là, ta maman, elle fréquente d'autres hommes ?
02:56Oui, mais ça, ça a toujours été.
02:59Régulièrement, tu avais des nouvelles personnes à la maison.
03:01Tu ne savais pas forcément qui c'était.
03:02On avait la réputation, je veux dire, quand on allait à l'école ou quoi, d'avoir une mère...
03:08Facile.
03:09Oui.
03:09Une nuit, du coup, tu surprends ta mère avec un autre homme dans son lit.
03:13Et cet homme, c'est Daniel, c'est ça ?
03:14Oui.
03:15J'entendais du bruit et je ne savais pas ce que c'était.
03:17J'ai été voir ce qu'elle avait.
03:19Et c'est là où je les ai surpris.
03:21C'était la première fois que je le voyais.
03:23Et là, du coup, tu t'es fait gronder le fait d'avoir surpris ?
03:26Oui.
03:26L'instinct que j'ai eu, c'est de retourner vite dans ma chambre.
03:30Te cacher.
03:31J'ai fait une connerie.
03:32Puis après, elle m'avait engueulée et tout.
03:34Je ne comprenais même pas.
03:35Ce qui se passait, ouais.
03:36Oui, je comprenais.
03:37Et le lendemain, j'étais revenue à l'école.
03:40On allait chez elle, au magasin.
03:42Ok.
03:43Elle m'a dit, il va arriver, tu vas aller avec lui et tu vas apprendre à le connaître.
03:47Ah, cet homme-là qui était dans le lit avec ta mère.
03:49Et en peu de temps, il est venu vivre à la maison.
03:52Il a fallu vraiment que du jour au lendemain, vous vous habituez à sa présence.
03:55C'est ton nouveau beau-père.
03:55Oui, voilà.
03:56De prime abord, il est comment, Daniel ?
03:59Qu'est-ce qui t'inspire ?
04:00La peur.
04:01Un regard, on ne va pas se rebiffer, quoi.
04:04Même là, encore, dans la rue, il y en a encore qui m'accostent en disant,
04:08ah oui, je le connaissais, mais tu sais, il ne fallait pas se mouiller à lui.
04:13Même les gendarmes, ils en avaient peur.
04:15Et moi, ces gens-là, je les rembarque direct en disant, mais pourquoi tu l'ouvres maintenant ?
04:19C'est trop tard, quoi.
04:21Voilà.
04:22Moi, j'ai remarqué une chose, c'est quand la personne n'est plus là et tout, que tout le monde ouvre sa bouche.
04:26Et je me dis, mais ces gens-là, ils n'ont pas honte de me dire ça ?
04:31Après tout ce que tu as vécu, on ne va pas aller trop trop loin.
04:34On va y aller progressivement dans l'histoire pour que les gens comprennent bien.
04:38Du coup, Daniel, qui est ton nouveau beau-père et dominateur, autoritaire, tu as même dit pervers dans ton livre.
04:44Est-ce que tu l'as déjà considéré comme ton vrai père ?
04:47Oui, parce que notre père, il ne s'occupait pas de nous.
04:50Et le peu qu'on allait en week-end chez lui, on ne le voyait pas.
04:53Donc, on a besoin, comme tout le monde, d'avoir un père et une mère.
04:57Je me disais, il va s'occuper de nous et peut-être que notre mère sera moins agressive, moins méchante.
05:03Voilà, qu'on sera comme une famille normale, quoi.
05:06Ouais, c'est ça.
05:06Au début, tu pensais qu'il allait amener cette stabilité ?
05:10Voilà, parce qu'il s'occupait de nous, il nous faisait faire notre voir.
05:12Mais voilà, ça ne s'est pas passé comme ça.
05:14Je ne savais pas ce qu'était une vraie famille et comment ça se passait non plus.
05:18Tout ce que je voyais, c'était comment ça se passait et que c'était comme ça chez tout le monde, quoi.
05:24Donc là, petit à petit, Daniel, ton beau-père, commence à avoir un comportement un peu étrange.
05:28Tu expliques qu'il va te voir dans la salle de bain, par exemple, quand tu te laves.
05:32Ouais, et puis passer de la crème.
05:33Donc, ça veut dire quoi, passer de la crème ?
05:35Il me disait toujours, oui, ta mère, elle est sale, il ne faut pas que tu sois comme ça.
05:39Donc, il faut te laver comme si il prenait de la crème et ça finissait toujours en ***.
05:46Voilà.
05:47C'était une façon, en fait, déguisée pour lui de te toucher, d'accord.
05:52Les *** commencent dès le début où il rentre dans la famille ou ça s'est fait progressivement ?
05:57Dès qu'il est arrivé, ça a commencé, mais au départ, ce n'était pas les ***.
06:00C'était les attouchements, les choses comme ça.
06:03Et en quelques mois, c'est passé aux ***, quoi.
06:05Ta mère était au courant ?
06:06C'est sûr qu'elle était au courant parce qu'elle a fait des choses qui me prouvent qu'elle le savait.
06:12J'avais un livre où j'écrivais ce qu'il me faisait.
06:15Un journal intime ?
06:16Oui, voilà.
06:17Surtout quand j'avais eu les brûlures et tout.
06:19Et curieusement, quand les gendarmes sont venus pour le chercher et tout,
06:23quand je suis revenue à la maison, les pages, elles étaient arrachées.
06:26Ah !
06:27Ta maman était au courant.
06:28Ta maman était au courant.
06:30Dans quelle étape psychologique tu es, toi, de par les attouchements qu'il te fait,
06:34de par les *** répétées ?
06:35Dans ta tête, qu'est-ce qui se passe ?
06:37Au début, vous avez peur, vous ne comprenez rien.
06:39Après, c'est con ce que je veux dire, mais on apprend tellement que si on se débat,
06:43on a encore plus mal et on souffre plus, qu'on fait comme si on n'était pas là, quoi.
06:48Je me suis toujours dit, en fait, je préfère que ça soit rapide que de souffrir longtemps, quoi.
06:54Tu es arrivée, du coup, quelque part, à te dissocier ?
06:56Je n'étais pas, oui, voilà.
06:57Tu étais présente, mais psychologiquement, tu étais ailleurs.
07:00Oui.
07:00Le jour où je me suis vraiment débattue, c'était dans le salon, sur le tapis,
07:05mais j'avais des brûlures de partout, donc...
07:07C'est quoi ces sortes de brûlures ?
07:08Sur le tapis, quand on force et qu'on essaie de se débattre et tout, ça...
07:13Ah oui, ton corps, il crame.
07:14Enfin, sur le tapis, ça brûle, ok.
07:15Et du coup, franchement, c'est vraiment à ce moment-là où je préfère que ce soit rapide
07:19et que je n'ai pas mal que...
07:21C'est des trucs comme ça que, du coup, en étant grand, je me dis, mais je déconne, quoi.
07:26Tu étais sous l'emprise complètement, tu ne savais pas quoi faire,
07:28tu ne savais pas comment réagir et il y a plein de gens qui vont se reconnaître dans tes paroles
07:32et qui vivent certainement ce genre, malheureusement, ce genre d'acte actuellement chez eux.
07:37C'est pour ça qu'on fait cette vidéo-là, pour justement montrer que ça t'est arrivé.
07:40Parce qu'on entend beaucoup des gens dire, tu aurais dû te défendre
07:44ou pourquoi tu n'as pas crié.
07:46Tu avais quel âge ? Tu avais 10 ans, 12 ans ?
07:47Je me rappelle que quelqu'un, même au jugement, disant que vous n'étiez pas attaché.
07:52Non, mais face à un homme de 40 ans qui ne peut rien faire.
07:54J'ai même arrêté de parler et j'ai dit, mais ce n'est même pas la peine.
07:58Je vous parle, mais vous ne comprendrez jamais rien, quoi.
08:01Entre ceux qui ont vécu, qui comprennent parce qu'ils l'ont vécu,
08:04et les gens qui n'ont jamais rien vécu, on n'a pas la même façon de...
08:08Non, mais un ***, tu subis le ***, il n'y a pas de choix.
08:11Donc, tu expliques qu'à tes 12 ans, les ***, c'est tous les jours, c'est quotidiennement.
08:14À chaque fois que je rentre de l'école.
08:16Dès que tu rentres de l'école, tu sais que...
08:17Sauf le week-end et le lundi.
08:19Putain.
08:20Le dimanche, parce que le samedi, elle travaillait, donc...
08:23D'accord, ça veut dire qu'ils ne te *** pas quand il y avait ta maman dans la maison ?
08:26Comment tu te sentais à l'école ?
08:27Tu étais concentrée en classe ? Tu étais bonne élève ?
08:30Non, je n'ai jamais été...
08:31Enfin, je n'ai jamais été bonne élève.
08:32J'ai toujours été timide et renfermée.
08:35J'avais quelques copines, mais pas...
08:37Tu n'étais pas la fille populaire de l'école ?
08:38Non, non, non, non.
08:40Renfermée et dans mon coin.
08:42On n'avait pas envie que l'école se finisse, quoi.
08:44Est-ce que Daniel, il te battait à ce moment-là ?
08:46Il ne m'a jamais battue, à part...
08:48J'avais dit un truc qui ne lui avait pas plu et il m'avait mis une grosse gifle, quoi.
08:52Ok, mais lui, il ne te battait pas...
08:54Il ne t'agressait, il te ***, mais il ne te battait pas à coups de...
08:57Oui, c'était plus un peu comme si j'étais sa chouchoute, quoi.
09:01Tu étais son jouet ?
09:03Oui, voilà.
09:03C'est que par contre, quand il disait quelque chose, j'avais intérêt de le faire.
09:07Ok.
09:07Puis c'est là où je me rends compte qu'en fait, il avait déjà l'emprise.
09:12Après, c'est normal, c'est un adulte de 40 ans, imposant, face à une enfant de 12 ans.
09:16C'est facile d'avoir une emprise, il ne faut pas être...
09:18C'est facile, hein ?
09:19Voilà, c'est maintenant que je me rends compte de ces trucs-là.
09:22De l'emprise qu'il avait sur toi, ouais.
09:23À ce moment-là, est-ce que les voisins, les proches, ils se doutent de ce que te fait Daniel ?
09:28Je pense que non, puis on voyait pas grand monde non plus, donc...
09:31Parce qu'on apprendra plus tard qu'il avait sa sœur aussi...
09:34Voilà, puis qu'il frappait ses parents...
09:37Ça, on l'apprendra plus tard.
09:38Je l'ai appris, moi, en prison.
09:39Un jour, il y a un signalement anonyme, c'est une de ses sœurs, apparemment, qui dit quoi ?
09:43Je suis en danger et qu'il doit me p*** comme il l'a fait avec sa sœur.
09:48D'accord, ok.
09:49Donc ça, c'est la première.
09:50La gendarmerie reçoit une alerte comme quoi t'es en danger.
09:53Apparemment, il y avait un de ses frères qui était venu et qui m'avait entendu crier.
09:56Il a raconté à ses sœurs.
09:58Enfin, il n'y en a qu'une qui a voulu faire quelque chose et qui en a parlé à une assistante sociale.
10:03L'assistante sociale, elle m'avait dit, faut être vraiment sûre, faut pas raconter des bêtises et tout ça.
10:08Et elle a eu le courage et le culot avec une autre de ses sœurs de faire quand même les démarches et tout.
10:14Et elles avaient raison.
10:16Toi, du coup, tu vas chez le médecin pour te faire analyser.
10:18Qu'est-ce qu'il te dit, le médecin ?
10:19J'y allais pour prouver si j'avais eu...
10:22Une f***, une depression, etc.
10:24Voilà.
10:24Et le médecin légiste, il avait dit à ce moment-là à ma mère, oui, il y avait eu des f***, mais depuis longtemps.
10:30Et elle n'a pas...
10:31Enfin, je veux dire, moi, mon enfant, on me dit ça, je suis dans tous mes états et elle est...
10:36Elle n'a pas réagi.
10:37Elle s'en fichait complètement.
10:39Et tout ce qu'elle m'a dit au retour, c'était, on va retourner à la gendarmerie, on va lui apporter ses affaires, il faut lui dire au revoir et tout.
10:47Elle était plus tracassée par lui que par moi-même, quoi.
10:49Même quand il y a eu la garde à vue et tout, elle était plus tracassée à lui apporter ses affaires et tout ça, à ce que je lui dise au revoir avant qu'il parte et tout.
10:58Les gendarmes, ils ont tellement été choqués par ça qu'ils l'ont mis dans leur dossier.
11:02Elle s'en foutait complètement de ce qu'il t'avait fait, de ce que tu pouvais ressentir.
11:06C'était plus un abandon parce qu'à cause de moi, il partait et qu'elle était...
11:10Horrible.
11:10Il finit par aller en prison.
11:12Pendant combien de temps il va rester en prison ?
11:13Deux ans, deux ans et demi, quelque chose comme ça.
11:15D'accord.
11:16Il va aller en prison que pour les actes qu'il t'a fait subir ou pour d'autres actes de vie ?
11:21À ce moment-là, il n'y a été que pour ça.
11:24Il a été pour toi.
11:25Quand il avait été jeune, il avait fait quelques mois pour violence.
11:29D'accord, il avait déjà fait un peu de prison avant.
11:30Donc là, il ne reste que deux ans et quelques en prison.
11:32C'est que dalle.
11:33À ce moment-là, ta maman est triste.
11:35Quand il est parti en prison, ça a été vraiment comme si j'avais fait exploser la famille.
11:42Elle buvait encore plus, elle pleurait tout le temps.
11:44Mais c'est dingue qu'elle réagisse comme ça.
11:46À aucun moment, elle a pensé à toi.
11:48Mince, il vit ma fille, la pauvre.
11:50Non, mais non.
11:50Quand on allait le voir au parloir...
11:52Donc elle t'obligeait à aller au parloir en plus ?
11:53Tu ne voulais pas y aller ?
11:54Avec mon petit frère.
11:55Je faisais ce qu'elle me disait pour qu'elle soit moins triste.
11:58C'est comme pour l'écrire.
11:59Quand il écrivait, il fallait que je lui réponde.
12:01Allez, réponds-lui.
12:03Il n'a pas de tes nouvelles.
12:05C'est dingue.
12:05Comme je lui avais fait du mal parce qu'à cause de moi, il n'était plus là et qu'elle était malheureuse,
12:10je faisais ce qu'elle me disait pour qu'elle soit un petit peu mieux.
12:13Les seuls moments où elle était bien, c'est quand elle allait le voir au parloir.
12:16Donc en fait, tu expliquais tout à l'heure que tu étais sous l'emprise de Daniel,
12:20mais ta mère, elle était aussi complètement fan sous l'emprise de lui aussi.
12:25Elle pensait qu'à lui, elle était complètement focus sur lui.
12:27Quand il est sorti de prison, il lui fallait un travail.
12:30Elle lui a trouvé un travail.
12:31Il lui fallait un hébergement.
12:33Il est revenu à la maison.
12:35Il est revenu à la maison après ce qu'il t'avait fait ?
12:36Oui.
12:37Ça n'a choqué personne ?
12:38Non.
12:38Ils m'ont promis qu'il ne recommencerait plus ni rien.
12:41Et là, j'espère que tu vas m'annoncer une bonne nouvelle
12:43et que tu vas me dire qu'il a changé en prison
12:45et qu'il n'a pas reproduit ce qu'il faisait avant.
12:47Ben, direct, quelques mois après, ça recommençait.
12:50C'est reparti pour les *** alors qu'il était en prison pour ça
12:52et c'est reparti sur les vieux.
12:54C'est ouf.
12:55À ce moment-là, tu as quel âge ?
12:5616 ans, quelque chose comme ça.
12:57Les *** recommencent comme avant ou c'est plus brutal ?
13:01Plus brutal.
13:02Encore plus méchant et comme s'il avait encore plus de force
13:05et plus hargneux, quoi.
13:07Enfin, je ne sais pas comment dire ça.
13:08Ils étaient encore plus flippés, quoi.
13:10Ouais, ouais.
13:10Non, tu le dis très, très bien.
13:11Tu le dis très, très bien.
13:12Au passage, là, si on fait un flashback,
13:14tu as subi aussi un *** de ton grand frère.
13:17Fais la *** en forcée, c'est un ***.
13:18Pourquoi, selon toi, il agit comme ça ?
13:20Je ne sais pas.
13:21Il a toujours été violent.
13:23Enfin, je veux dire, il y avait des trous dans les portes.
13:25À ce moment-là, il ne connaissait pas Daniel, non ?
13:27Non.
13:27Il n'était pas là, donc ça veut dire que ton frère avait...
13:30Non, parce que j'étais au CP.
13:32Ça, c'était avant, ouais.
13:33C'est quelque chose, j'ai toujours eu peur de mon grand frère.
13:35Je n'ai jamais compris pourquoi.
13:37Et quand l'autre m'a forcé à faire...
13:40T'as eu des flashbacks.
13:41Ça a été...
13:42C'est ce truc-là qui fait que ça m'a...
13:44Déclenchée des souvenirs.
13:46Ouais.
13:46D'accord.
13:46Et que je me suis dit que...
13:48C'est pas normal.
13:49Ouais, voilà.
13:49Ouais, c'était pas normal, bien sûr.
13:50Tu racontes à Daniel ce souvenir de ton frère.
13:53Et là, qu'est-ce qu'il te dit ?
13:54Il ne me dit rien.
13:55Par contre, il le balance à ma mère.
13:58Ah.
13:58Et quand il lui dit, c'est là où elle dit,
14:01ah ben, je m'en doutais, mais c'est pas grave.
14:04C'est en famille, c'est rien, quoi.
14:05Ils étaient gamins.
14:06Bizarre comme réaction un peu...
14:07J'en sais rien, parce qu'à cette époque-là...
14:08Je te le dis, je te le dis.
14:10Je me permets de te le dire.
14:12C'est pas normal comme réaction.
14:13Je sais pas.
14:14Maintenant, je m'en rends compte,
14:16mais quand je le raconte,
14:18ça fait un peu comme si...
14:19Cette façon de penser comme quand j'étais gamine.
14:21Ça fait un peu quand je le dis,
14:23c'est comme si je revivais le truc.
14:25Tu finis par tomber enceinte
14:26de ton beau-père à l'âge de 17 ans.
14:29Comment ça se passe dans la maison à ce moment-là ?
14:31Ben, je sais pas.
14:32Déjà que je suis enceinte,
14:33ma mère, elle me dit,
14:35fais un test de grossesse.
14:37J'ai flippé parce que je savais pas pourquoi.
14:39Je comprenais pas trop.
14:40Je me dis, je vais refaire éclater la famille.
14:43Enfin, je veux dire là...
14:44Tu culpabilises, alors que c'est pas ta faute.
14:46Et du coup, le test, il était pas positif,
14:49mais elle était sûre pour elle que j'étais enceinte, quoi.
14:52Ben, elle avait pas tort.
14:53Je pense que c'était, je sais pas...
14:54Un déni de grossesse.
14:55Je sais pas, j'en sais rien.
14:57Je sais pas.
14:57Et puis du coup, lui, il m'a dit,
14:59on va déménager.
15:00L'autre, mon beau-père.
15:03D'accord, ok.
15:04T'arrives pas à prononcer son prénom ?
15:05Non, c'est...
15:06Oui.
15:06Ben, je comprends, hein.
15:07Je te justifie pas.
15:09Je comprends complètement.
15:09Voilà, et ma mère, elle a préparé mes bagages, vraiment,
15:13avec un air...
15:15Enjoué.
15:16Trop contente, quoi.
15:17Elle a fait des coussins, elle a pris, elle a mis de la lavande et tout,
15:20en disant, comme ça, tu m'y traînes.
15:22Enfin, vraiment super contente, quoi.
15:24Et quand on a mis les affaires pour partir,
15:27je me rappellerai toujours, elle était dans son transat,
15:30en maillot de bain, au milieu de la cour.
15:31Elle était détendue.
15:33Tranquille.
15:33C'est bizarre, quand même, comme situation.
15:35Un jour, je l'avais entendu lui dire,
15:37du moment qu'elle tombe pas enceinte, je m'en fous, quoi.
15:40Et au bout de quelques mois, on a eu une convocation au juge.
15:44Il m'avait fait faire des papiers pour être émancipée.
15:47Ah oui, parce que tu partais de l'autorité de ta mère.
15:49Ouais, voilà.
15:50D'accord.
15:50On y a été, parce que j'étais encore mineure.
15:52Tu avais 17 ans.
15:53Voilà.
15:54On y a été, et elle, elle était là.
15:56Et là, ma mère, elle commence à lui dire,
15:58« Oui, elle est partie de la maison sans mon accord.
16:02Elle m'a mis un couteau sous la gorge pour partir et tout. »
16:05Et là, mon Dieu, je me retourne et je lui dis,
16:08« Mais t'as pas honte de dire ça ? »
16:10Je lui dis, « C'est toi qui me fous de... »
16:11Et on s'est engueulé.
16:13Et après, le juge a dit à l'autre qu'il était un proxénète.
16:19C'est parti en cacahuètes, quoi, et tout.
16:21Ok, le juge, il a dû aller ici, il ne devait pas comprendre le juge.
16:23Je ne comprenais rien, quoi.
16:24Tout le monde s'est engueulé.
16:26Moi, je gueulais aussi, et du coup, le juge, il me dit,
16:30« Oui, si vous continuez, je vous mets outrage. »
16:32Je ne comprenais même pas ce que ça voulait dire, quoi.
16:34Je veux dire...
16:35Et puis, c'était fini, on est repartis.
16:37Mais j'étais énervée comme tout, quoi.
16:39Je ne comprenais pas ce qu'elle me faisait, quoi.
16:40Pourtant, je la connaissais, donc je savais qu'elle était sournoise et tout.
16:45Et le juge a tamponné ?
16:46Il m'a laissée partir.
16:49Je ne sais même pas s'il y avait eu un résultat ou quoi.
16:51Après, j'avais eu 18 ans, je ne sais pas.
16:53Ok, ouais.
16:53Moi, j'étais focalisée sur ce que ma mère avait sorti comme connerie, quoi.
16:58Et dehors, elle fait, « Bon, mais j'espère que tout se passera bien pour toi et tout.
17:03Tu veux qu'on boive un petit café ensemble avant qu'on parte ? »
17:06Ah ouais, elle était complètement perché.
17:07Je me dis, « Mais c'est pas net. »
17:09Elle était ailleurs.
17:10Elle était complètement ailleurs.
17:10C'est pas net.
17:11Par contre, je lui ai dit, jamais de toute ma vie, tu verras une seule fois mes enfants.
17:16Aucun contact avec toi.
17:18Du coup, tu arrives dans cette nouvelle maison dans laquelle tu vis avec ton beau-père.
17:22C'est lui qui décide du prénom de ton enfant, de l'aîné ?
17:25De tous, de toute façon.
17:26Tu n'as pas ton mot à dire sur le prénom des enfants ?
17:28Je ne me suis même jamais posé la question à donner mon mot.
17:32Il n'y a pas de moi, quoi.
17:33Je veux dire...
17:33Tu n'existes pas, en fait.
17:35Non.
17:35Je ne me suis même jamais posé la question à...
17:38J'étais plus tracassée à faire ce qu'il faut pour qu'il ne me réprimande pas que...
17:43Pour toi, tu n'avais pas ton mot à dire.
17:45Pour toi, c'était évident qu'il allait choisir le prénom de tes enfants.
17:47Ce n'était pas évident.
17:48C'est que c'était comme ça qu'il n'y avait pas intérêt de...
17:50Ah, c'est ouf.
17:51C'est intéressant ce que tu dis.
17:52C'est vraiment le max de l'emprise, quoi.
17:55Il ne fallait pas que je réfléchisse.
17:56Le seul truc où il fallait que je réfléchisse, c'est comment faire pour ne pas qu'il se mette en colère.
18:00C'est pire qu'une relation toxique, quoi.
18:02Je ne sais pas.
18:03En fait, tu dis je ne sais pas parce que ça, c'est encore aujourd'hui.
18:05Tu ne t'en rends pas compte, c'est ça ?
18:06Non, je m'en rends compte parce qu'on y travaille et tout, mais...
18:10Aujourd'hui encore.
18:12Ma façon de voir et d'expliquer, de comprendre, c'est encore comme si j'y étais.
18:18D'accord.
18:19Et là, ce truc-là, encore...
18:20Alors qu'on en parlera plus tard, il est mort aujourd'hui.
18:24Il a encore cette emprise sur toi.
18:25Oui.
18:25C'est incroyable.
18:26Donc lui, ton beau-père, qui à la base, tu n'avais jamais frappé, commence à te frapper.
18:30Oui, ça commence à...
18:32Une claque, tu as fait une connerie, quoi.
18:35Des trucs cons.
18:37Directement, excuse-moi, mais c'est toi qui as cherché.
18:41Tu sais très bien que tu n'aurais pas dû faire comme ci, comme ça.
18:44Ça part comme ça.
18:45Ok, il commence à donner des petits coups comme ça, ouais.
18:48Oui, comme si c'était pour réprimander un gamin.
18:51Après, il y a toujours le truc...
18:53Il t'explique pourquoi.
18:55Tu as fait ça, tu n'aurais pas dû faire ça.
18:57C'est ta faute.
18:57C'est toi qui n'as pas fait comme il faut, donc...
19:01D'accord.
19:02Donc, il te frappe, mais il te dit que c'est ta faute, quoi.
19:04Ouais.
19:05Après, on y croit.
19:06Enfin, je veux dire...
19:07Ouais, quand il te le dit, tu te dis, bah oui, il a raison.
19:10Non, il n'a pas raison de te frapper.
19:12Ce n'est pas normal, entre être humain, de frapper quelqu'un.
19:15Ce n'est juste pas normal.
19:16Je ne sais pas, pour moi, ouais.
19:18Et c'est quand je le dis, que je me rends compte que quand je parle du passé, je vais encore lui donner raison.
19:25Ouais, mais il n'a pas raison.
19:26Que les gens comprennent bien chez eux, tu es encore en train aujourd'hui de travailler sur tout ça.
19:30Pourtant, je suis la première à dire aux gamins et tout, faites comme si, il ne faut pas que ce soit comme ça et tout.
19:36Mais quand je vais reparler de mon passé, je vais repenser encore comme lui, il voulait que je pense.
19:40Ça va prendre son temps, mais ok, pas de souci, ne t'inquiète pas, on va y aller étape par étape.
19:44Du coup, là, tu as accouche de ton deuxième enfant, ça sera Kevin.
19:47Lui, tu l'as à quel âge ? Vers les 18-19 ans ?
19:50J'ai eu 18 ans, j'ai eu Dylan juste après mes 18 ans, donc Kevin, 19.
19:56Là, bien sûr, les insultes, humiliations, ça continue de la part du beau-père.
20:01Plus le temps passe et le plus il y a d'enfants et le pire, c'est quoi.
20:06Parce qu'en fait, il se rend compte que tu n'as plus de temps à lui accorder.
20:09Il ne supportait pas qu'il y ait du bruit, il ne supportait pas qu'il y ait des jouets, des trucs comme ça.
20:15En fait, il ne supportait rien.
20:17Donc en fait, il voulait des enfants, mais quand ils étaient là, il ne supportait plus les cris.
20:21Ouais.
20:21C'était un pauvre gars.
20:22Dans ton livre, tu expliques qu'il devient de plus en plus violent, il te casse le nez et il te tape avec un marteau.
20:28Ouais, ça c'était pour Noël, c'est quand on mettait les guirlandes, ça le saoulait.
20:32Il te tape avec un marteau.
20:33Ouais.
20:33Et à ce moment-là, toi, comment t'es ?
20:35Bah rien du tout, quoi. On y sent, on a mal, mais on est plus focalisé à ce que les gamins ne se rendent compte de rien.
20:42Et si on se défend ou on montre qu'on a encore plus mal, c'est encore pire.
20:48J'étais arrivée à un stade où quand il frappait, je préférais qu'il frappe parce que je savais que c'était fini après et qu'il n'y avait plus les cris.
20:56Moi, ce qui m'a plus vraiment fait du mal, c'est vraiment tout ce qui est avant les coups.
21:02Les insultes, les maltraitances verbales ou les menaces avec l'arme ou tout comme ça.
21:08Pour moi, c'était pire. Les coups, des fois, je lui disais, je préfère que tu frappes direct et qu'après, je sais que tu te calmes, c'est fini.
21:18Tu t'étais complètement oubliée et tu pensais qu'à tes enfants.
21:21Je ne sais pas que je m'étais oubliée, c'est qu'il n'y a jamais eu de moi, quoi.
21:25Mais ça, je ne m'en rends pas compte.
21:26Non, tu ne t'en rends pas compte à ce moment-là.
21:27Là, du coup, tu as un autre enfant avec lui.
21:30C'est une fille qui va s'appeler Carly, c'est ça ?
21:32Carline.
21:33Carline.
21:34Lui, Daniel, de son côté, il t'explique qu'il fréquente d'autres femmes ?
21:37Ça a toujours été, quoi.
21:38Il aime bien montrer des photos, dire, tiens, voilà, j'ai trouvé une autostopeuse ou n'importe qui.
21:44D'accord, donc il te racontait les ébats qu'il avait avec les autres femmes ?
21:48Oui.
21:48Et toi, tu étais jalouse ou pas ?
21:49Je m'en foutais, quoi.
21:50Tu t'en foutais ? Tu ne l'as jamais aimé ?
21:52Non.
21:53J'ai eu mes enfants.
21:54C'est la seule chose de bien, quoi.
21:57Je veux dire...
21:57Ouais, c'était en fait, tu vivais avec ton bourreau, tu ne ressentais pas de sentiments pour lui ?
22:02Non, je n'ai jamais ressenti quoi que ce soit, quoi.
22:05Tu racontes aussi dans ton livre qu'il regardait des films pornographiques sans se cacher.
22:10Oui, il était accro aux sites de rencontres, aux films X et tout ça sur Internet.
22:16Si, il ne faisait que ça, quoi.
22:18Et du coup, il faisait juste attention, de temps en temps, quand les gamins passaient, de changer de page ou des trucs comme ça, quoi.
22:25Mais après, ils y voyaient bien...
22:27Ok, tout le monde comprenait quand même ce qu'ils faisaient, quoi.
22:29Oui.
22:29À ce moment-là, est-ce que toi, tu as un travail ? T'as 19, 20 ans ?
22:33J'avais un BEPA à service à la personne, mais je n'ai jamais travaillé.
22:38J'ai essayé une fois.
22:39C'était la voisine qui partait en retraite.
22:41Donc, elle m'a dit, c'est juste quelques heures de ménage après l'école.
22:44J'ai tenté.
22:45Il m'avait dit oui.
22:46Le premier jour, les gars tournaient autour de l'école pour lui dire ce que je faisais et tout.
22:53Et je suis rentrée, quoi, après le boulot.
22:56Et là, c'est là où j'ai trouvé Carline, enfin, le bordel à la maison.
23:00Et que j'ai trouvé Carline qui pleurait sur le canapé.
23:03Et qu'elle m'a dit qu'il ne fallait surtout pas que je retourne au boulot.
23:06Parce que sinon, ils allaient tous nous tuer.
23:08Et du coup, je lui ai promis que je ne retournerai pas.
23:11D'accord.
23:11Est-ce qu'il avait essayé des attouchements sur elle ou pas ?
23:14Ça, c'est quand tu étais beaucoup plus grande, quoi.
23:16C'était plus tard ?
23:17Oui.
23:17Je ne sais pas ce qui s'était passé quand je n'étais pas là ou quoi.
23:20Mais tu sentais dans tous les cas, il fallait que tu sois à la maison pour protéger tout le monde.
23:24On sent que ça te touche beaucoup plus quand tu parles de tes enfants.
23:27Je pense qu'on peut me faire n'importe quoi, mais...
23:30Mais tes enfants, non ?
23:31Oui.
23:32Est-ce qu'ils frappaient tes enfants ?
23:34Carline, peu, mais les gars, oui.
23:36Et puis humiliés parce qu'ils ont des problèmes dyslexiques et tout ça.
23:40Mais la...
23:41Carline, par contre, tirée par les cheveux.
23:44Jeter contre le mur et tout ça.
23:45Oui, elle y a eu aussi, Carline.
23:47Ok, donc ce n'était pas que sur toi, c'était aussi sur tes et ses enfants, en l'occurrence, quand même.
23:52Des insultes comme tes débiles, tes moins que rien.
23:56Mais Rowan, ça lui a fait beaucoup de mal.
23:58Quand il était petit, il a essayé de se pendre avec sa ceinture de zoro.
24:02Et il nous a dit, j'en ai marre.
24:03Oh, tu as un de tes enfants qui avait une directive de *** parce qu'il n'en pouvait plus.
24:06C'est le plus petit, on fait toujours attention à comment on lui dit les choses pour pas que...
24:10Bien sûr, mais je l'ai vu tout à l'heure et c'est une future machine de guerre.
24:13Moi, je dis, il va commencer la muscu, tu vas voir.
24:15Je mets beaucoup d'avenir en lui, tu vas voir.
24:17Ensuite, on est en 2004 et toujours dans sa démarche de continuer à t'humilier, il te propose de te prostituer.
24:24Oui, ça a commencé parce que pour lui, je ne servais à rien parce que je ne ramenais pas d'argent, que j'étais moins que rien.
24:34Et qu'il fallait que je travaille.
24:37Mais du coup, je lui disais, mais si je travaille, tu ne veux pas du coup.
24:40Et c'est là où il me montrait sur Internet les sites, les films X et il me mettait sur ses genoux comme quand j'étais petite.
24:50Il m'expliquait petit à petit, voilà, il faut que tu fasses ça, ça rapportera et tout.
24:54Et je disais non, je disais non.
24:56Et puis après, il était violent, il était encore plus méchant.
24:59Il était en train d'essayer de te convaincre que c'était une bonne idée que tu deviennes prostituée.
25:03Et après, je n'ai pas cédé.
25:05Et après, il est devenu encore plus méchant et plus violent.
25:08Et après, tu ne dis plus non parce que tu fais ce qu'il se dit.
25:12Sinon, tu vas mourir.
25:14Et qui prendra soin de tes enfants si tu n'es plus là.
25:16Là, à cette époque-là, je ne pensais pas qu'il allait me faire du mal ou quoi.
25:20C'était plus pour ne pas qu'il me tabasse.
25:22Quelle merde.
25:23Donc, il t'incite à devenir prostituée.
25:25Il aménage même une voiture avec un système d'oreillette.
25:29Il te fait des cartes de visite.
25:30Il réalisait à la fois un fantasme, c'est ça ?
25:32Oui, parce qu'il avait fait un trou exprès pour voir tout ce qui se passait du début à la fin.
25:38Et il aimait ça.
25:40Et les oreillettes, il me disait quelle position faire, comment et tout pour que lui, ça le...
25:45Que ça se satisfasse indirectement.
25:47Ok, c'était vraiment un niveau de perversité extrême.
25:49Tu vois, c'est un truc con.
25:50Mais même ça, je dis, je ne sais pas.
25:51Tu penses que c'est normal de dire à sa femme d'aller faire la prostituée ?
25:55Tu vois, j'ai une copine, moi.
25:56Et je pense que si je l'appelle et que je lui dis, Justine, va faire la prostituée dans un camion,
26:01je pense que sa réaction, elle ne va pas être...
26:03Mais du coup, je ne comprends pas, parce que ce n'était pas pour l'argent.
26:06Non, c'est du voyeurisme.
26:08Il était d'amour comme tout.
26:08En fait, avec toi, il avait atteint tous ses fantasmes.
26:12Il avait tout réalisé.
26:13Et du coup, dans la suite des d'autres fantasmes à réaliser, il y avait deux regardés en train de faire l'amour avec d'autres hommes.
26:18C'est des fantasmes.
26:19Ça, c'est un truc aussi au tribunal où sa sœur qui l'avait vu, il lui a toujours dit, quand tu seras adulte, je te ferai faire la prostitution.
26:28Pour continuer dans l'humiliation, tu expliques qu'il a gravé son nom à côté de ton sexe ?
26:33Au-dessus.
26:34Tu as réussi à le faire enlever ça avec des tatouages aujourd'hui ?
26:37Compliqué de trouver qui veut le faire.
26:39Tu n'as trouvé personne pour l'enlever ?
26:41Au rayon, ça coûte très cher.
26:43Il en faut beaucoup et ça fait très mal.
26:45Et un tatoueur qui veut recouvrir, très compliqué à trouver.
26:49Ce que personne ne veut faire ici.
26:51Je pense que si on fait un appel dans les commentaires pour trouver un tatoueur qui te tatoue un papillon ou ce que tu veux pour rappeler son nom, il y en a plein.
26:59Une femme, pas...
27:01Bien sûr, oui.
27:01Donc, s'il y a une femme...
27:03C'est vrai que j'ai beaucoup d'exigences et...
27:05Oui, bien sûr, tu as raison.
27:06Donc, s'il y a une femme qui est capable et qui saurait recouvrir ton tatouage et qu'elle se manifeste,
27:12on mettra tous tes liens de toute façon dans la description, une adresse mail.
27:15Et je suis sûre que dans notre communauté, il y en a plein qui vont se porter volontaire.
27:19Comme si les coups ne suffisaient pas, tu te fais tirer dessus avec une carabine à plomb.
27:23Il avait la carabine et il a tiré...
27:26Ça a été dans le meuble de la cuisine.
27:27Il t'a tiré dessus ?
27:28Oui.
27:29Oui ?
27:29Oui.
27:30Moi, ce n'est pas ça qui m'a plus perturbée.
27:33C'était plus quand il jouait avec son pistolet et que je ne savais pas s'il y avait quelque chose dedans.
27:38Il jouait la roulette russe ?
27:39Il aimait me menacer en mettant le pistolet sur la tempe et me crier dessus et tirer.
27:47Des fois, je ne savais jamais s'il y avait quelque chose dedans ou pas.
27:50Et des fois, j'avoue, j'avais envie qu'il y ait quelque chose et que ça s'arrête.
27:53Ça, c'est sûr.
27:54Mais c'est plus ça que le coup de la carabine.
27:58Oui.
27:58C'est choquant le coup de la carabine, mais après tout ce qu'il te faisait à côté, ce n'était pas grand-chose.
28:02C'est vrai que...
28:02Non, mais par contre, le pistolet, oui, c'est ce qui faisait vraiment le plus peur, quoi.
28:07Et puis quand il disait « je vais tuer tous tes enfants », ça, oui.
28:09C'était plus des menaces, quoi.
28:11C'était au-dessus des menaces, quoi.
28:12C'était au-dessus.
28:12Il allait presque passer à l'acte, quoi.
28:14Je l'ai toujours cru, quoi.
28:15Est-ce que tu as pensé à en finir avec ta vie ?
28:18Oui, j'étais par la fenêtre, oui.
28:20C'est pour ça que je comprends ceux qui passent à l'acte ou qui le pensent.
28:23C'est que c'est vraiment une délivrance pour nous, mais on ne pense pas aux...
28:27Aux conséquences des personnes qu'on laisse derrière.
28:29Oui, ce n'est pas être égoïste ou quoi.
28:32C'est un soulagement pour nous, quoi, en fait.
28:34Et du coup, au dernier moment, j'ai toujours pensé aux gamins.
28:38Et je me dis « c'est à cause de moi qu'ils sont ici ».
28:40Il faut que tu les sortes de là.
28:41Je ne peux pas les laisser avec lui parce que sinon ils sont foutus, quoi.
28:46Que j'assume jusqu'au bout, quoi.
28:47Je m'étais toujours dit « tant qu'ils sont à la maison, les gamins, je ne me sauve pas ».
28:51C'était « il fallait que j'arrive à tenir jusqu'à ce que les enfants ne soient plus à la maison, quoi ».
28:56C'était un peu ce qui te tenait, quoi.
28:58En 2006, c'est la naissance de ton dernier enfant, le dernier, Erwan,
29:01qui fait sa muscu à côté, d'ailleurs.
29:04Les enfants à l'école, pour eux, comment ça se passe ?
29:06C'est difficile, l'école ?
29:07Pour les gars, c'est compliqué à la maison et à l'école.
29:10Il y a du harcèlement à l'école ?
29:12Dylan a subi pas mal à l'école.
29:15Il s'est laissé faire, tapé par tout le monde et il ne disait rien, quoi.
29:18En même temps, il ne disait rien à la maison.
29:20Donc, en fait, c'était une continuité.
29:22Après, ils n'ont jamais eu d'amis.
29:24Enfin, je veux dire, Kevin, il dit toujours « on n'a pas des amis, on a des connaissances ».
29:27Quand on ait vécu de gros traumatismes ou pas de gros traumatismes,
29:29c'est dur de se faire des amis aussi.
29:31On en parlera après de ce que sont devenus tes enfants aujourd'hui.
29:33En tout cas, c'est compliqué pour tes enfants à l'école.
29:36Par contre, j'ai su, enfin, j'ai su au moment du procès,
29:39il y avait une des profs qui avait envoyé un petit mot au Gentil et tout ça, en me soutenant.
29:45Et au moment du procès, j'ai entendu comme quoi elle disait « non, ils sortaient, ils allaient au bowling ».
29:51Et Florian, il peut le prouver, jamais on n'a été en bowling, en famille, ni rien du tout.
29:57Elle mentait déjà.
29:58Et j'ai su après, justement par le tribunal et tout,
30:04que Erwann, ça a été un des seuls qui a parlé à l'école.
30:08Pour dire que ça n'allait pas.
30:09En disant que ça n'allait pas, que ça criait et tout.
30:11Chose que je ne savais pas, que j'ai appris au procès.
30:13Et l'école n'a rien fait.
30:15Et l'école n'a rien fait.
30:15S'il y a des directeurs aussi qui regardent la vidéo aujourd'hui,
30:19on vous invite à vraiment prendre en considération les élèves qui viennent vous voir pour ce genre de sujet grave.
30:24L'école n'est pas responsable de tout, mais elle a un rôle à jouer aussi.
30:26Pour prévenir les autorités, etc.
30:29Ensuite, Daniel se marie avec toi ?
30:31Vous faites un mariage, alliance, etc.
30:33Comment tu le vis, ça, de te marier avec lui ?
30:35Ça, c'est parce que les gamins à l'école, ils étaient tout le temps embêtés par les autres.
30:39Pourquoi ils n'ont pas le même nom ?
30:41C'est juste pour ça, en fait.
30:43Donc les enfants étaient emmerdés à la maison et à l'école.
30:46Du coup, j'ai dit qu'on le fait, ok, pour qu'ils ne soient pas embêtés par ça.
30:52Tu pensais à eux à ce moment-là ?
30:54J'ai toujours fait en fonction d'eux.
30:57Est-ce que tu as gardé espoir que Daniel change un jour de comportement ?
31:01Je n'ai jamais eu d'espoir de rien du tout.
31:03On ne sait même pas ce que c'est l'espoir.
31:06On ne pense à rien du tout à part faire attention.
31:09À rester en vie ?
31:10Oui, c'est tout.
31:11Plus le temps passait, plus on se posait la question à la fin, est-ce qu'il y a un lendemain ?
31:16Tu comptais chaque jour ?
31:17Ah oui, mais quand le week-end arrivait, c'était une angoisse pas possible.
31:21Parce qu'il était là tout le temps.
31:23Il avait un travail, lui ?
31:24Oui, il était chauffeur.
31:26Ma fille, un coup son copain lui dit, qu'est-ce que tu pensais que tu allais faire comme métier plus tard et tout ?
31:32Et ma fille lui a répondu, on ne pensait pas.
31:35On ne savait pas s'il y avait un lendemain, donc on n'allait pas penser à ce qu'on allait avoir comme métier.
31:40Lui, ça l'a complètement choqué qu'elle dise ça.
31:44Est-ce que tu as déjà pensé à aller à la gendarmerie pour expliquer tout ça ?
31:48Oui, mais trop peur.
31:49Déjà, il fallait que je trouve quand y aller sans qu'ils s'en rendent compte.
31:53Et du coup, comme je ne sortais jamais toute seule ou alors juste l'aller-retour pour les enfants,
31:58donc du coup je l'appelais avant et après que je sois rentrée,
32:01donc j'ai un temps imparti.
32:03Et les courses, je les faisais quand ils rentraient du boulot et il fallait toujours gérer un des gamins.
32:07Un moment, tu arrives à y aller et tu envoies tes enfants et là ils se font refouler ?
32:11Oui, la première fois, c'était appareil.
32:14Ils ne se sont pas fait refouler, mais par contre, il a pris la plaque d'immatriculation
32:18et il a dit, il a fait de la prison et cette voiture, elle est au nom de votre mère, son nom est lui.
32:24Ils m'ont dit et tout, qu'il fallait aller à la gendarmerie de chez nous.
32:27Quelques temps après, ils sont allés à la gendarmerie de chez nous et c'est là où ils se sont fait refouler.
32:32Ces enfants sont allés à la gendarmerie pour expliquer la situation.
32:36Qu'est-ce qu'ils pouvaient faire ?
32:38Et les gendarmes, ils ne l'ont pas pris au sérieux ?
32:40Ils se sont fait envoyer pêtre comme quoi c'était des gamins.
32:43Ça fait chier, hein ? En plus, il y a beaucoup de gendarmes, on les aime beaucoup, on fait beaucoup de vidéos avec eux.
32:48C'est bête, moi je ne les aime pas.
32:49C'est vrai ! En même temps, comme on dit, c'est personnel parce que toi, tu as vécu quelque chose de pas cool en rapport avec les gendarmes.
32:55Donc, s'il y a des amis gendarmes qui regardent la vidéo, il y en a plein, j'en suis sûre.
32:58Écoutez les gamins.
32:59Écoutez les gamins.
33:00C'est peut-être des gamins, mais ils ne gagnent pas pour rien non plus.
33:04Ils ont répondu aux gamins, vous êtes des enfants, on n'a pas que ça à faire avec vous, s'il y a quoi que ce soit, elle n'a qu'à venir.
33:11Écoutez les gamins, voilà.
33:13Chaque personne qui vient déposer plainte, il faut prendre...
33:17Pour des renseignements, ce n'est pas pour rien.
33:18Ouais, ce n'est pas pour rien.
33:19Tu abandonnes la gendarmerie et là, Daniel commence à avoir un comportement bizarre avec tes enfants.
33:25Il est en train de reproduire le même schéma qui t'a fait subir à l'époque.
33:28Il se rapproche de tes enfants, c'est ça ? Dans le lit, etc.
33:31Carline, elle doit te dire bonne nuit dans le lit quand il est couché.
33:35Elle commençait à avoir l'âge que j'avais, il commençait à...
33:38A reproduire ce qu'il avait fait sur toi.
33:40Ouais.
33:40Même, il tient des propos un peu bizarres, il lui demande comment ça se passe sexuellement, c'est ça ?
33:44Ouais.
33:44Donc, il est vraiment, ouais, il est en train de vriller encore une fois.
33:47Là, tu décides de mettre des somnifères dans son café ?
33:50C'était un week-end encore et les week-ends, c'était horrible, quoi.
33:54Je voulais...
33:55Qui dorme ?
33:55Ouais, du calme, quoi.
33:57Et ça a marché le coup des somnifères ?
33:59Non, parce qu'il a...
34:01Il a cramé ?
34:02Ouais.
34:02Du coup, c'est moi qui m'a fait boire, donc...
34:05Daniel continue avec ses délires un peu bizarres de te prostituer, etc.
34:10Et un jour, il t'oblige à aller voir un client, un client pas cool, qui veut le faire par derrière.
34:15Toi, comment tu réagis à ce moment-là ?
34:17Oui, je ne le sais pas.
34:18C'est comme l'histoire de comment aller sexuellement, le somnifère et le client, c'est le même...
34:23C'est la même journée, quoi.
34:24C'est la même journée, tout ça ?
34:25Le même week-end.
34:26Ok, c'est le même week-end.
34:27Oui.
34:28Donc là, il te force à aller voir ce client-là.
34:30Toi, tu n'as pas envie.
34:30Qu'est-ce qui se passe ?
34:32Je ne savais pas ce qu'il allait avoir, ni rien.
34:35Je savais juste que c'était un client, que lui, il avait peur et que moi, j'avais peur aussi.
34:39Donc là, tu refuses de faire ce que le client veut que tu fasses ?
34:43Et du coup, à ce moment-là, oui, je ne me laisse pas faire.
34:46Je pleure.
34:47Lui, il me force.
34:48Lui, il me crie dans les oreilles.
34:49Et du coup, j'ai saigné et ça s'est passé.
34:54Le client est parti.
34:55Tu remontes dans la voiture ?
34:56Non, je suis tout le temps dans la voiture.
34:58Ok.
34:59Et lui, il m'a dit qu'il allait me le faire payer parce que c'est un client qui était régulier.
35:04Et du coup, il y avait tout, ce que Caroline m'avait dit, ce qui venait de se passer, ce qu'il me disait.
35:12C'était un trop-plein.
35:12Je croyais que c'est...
35:13Il y avait tout en même temps.
35:14J'entendais tout comme si je revivais toute ma vie.
35:17Ouais, t'as un trop-plein d'informations avec tout ce qui s'est passé le week-end.
35:21Et là, du coup, t'attrapes le revolver et du coup, tu tues Daniel.
35:25Et je me rappelle juste de l'odeur, du bruit du coup de feu, la lumière.
35:30Et je me rappelle que je me suis sauvée et que j'étais toute nue, mais que j'étais voir quelqu'un, que j'étais perdue.
35:37Et qu'il m'a dit, ne t'inquiète pas, on va aller voir, il va se calmer et tout.
35:41Et quand on est arrivés, c'est là où il m'a dit que je l'avais tué.
35:44Ouais, t'avais pas conscience de ce que t'avais fait ?
35:46En fait, c'est comme tu dis, c'est de la survie ce que t'as fait.
35:49J'en sais rien.
35:50Je comprends pas.
35:52T'as été forte de faire ce que t'as fait ?
35:54Non, j'étais la pire merde possible.
35:59De tuer ton mari ?
36:00Mais bien sûr, c'est une honte.
36:01T'as protégé ta famille ?
36:02T'as protégé tes enfants ?
36:03Non, c'est pitoyable.
36:05Ma vie, elle devrait être derrière les barreaux.
36:07On ne me fera pas changer d'avis.
36:08Mais aujourd'hui, tes enfants sont en vie peut-être grâce à toi ?
36:11Non, pour moi, la justice n'a pas fait son boulot quand j'étais petite parce qu'elle ne m'a pas protégée.
36:17C'est vrai.
36:17Pour moi, la justice n'a pas fait son boulot maintenant parce qu'elle aurait dû m'emmener en prison toute ma vie.
36:23T'as fait justice toi-même ?
36:25Mais c'est une honte.
36:26Personne ne devrait avoir à le faire, mais toi, t'as été obligée de le faire pour protéger les enfants.
36:30Je ne suis pas d'accord.
36:31Ma place, elle n'est pas dehors.
36:33Même si je suis contente d'être dehors avec eux, j'y pense tous les jours.
36:37Ma place, elle est en prison.
36:39Je pense qu'il y a plein de gens qui réagiront dans les commentaires et qui essaieront d'expliquer un petit peu tout ce comportement.
36:45Mais en fait, effectivement, ce n'est pas normal de se faire justice soi-même.
36:49C'est interdit, c'est illégal, c'est puni par la loi.
36:51Mais c'était tellement un cas de force majeure.
36:55Et avec tout ce que t'as vécu depuis tes 7-8 ans, ce mec-là, il ne méritait pas de vivre en fait.
37:01C'est ce qu'on me dit, mais moi, je ne le pense pas comme ça.
37:05La justice n'a pas fait son boulot.
37:06Même si la juge, elle me dit, vous avez été jugé, vous avez été condamné, il faut l'accepter.
37:11La justice a rendu son verdict.
37:12Ben, pour moi, pas comme il faut.
37:14Après, ma psy, elle me dit que c'est pour me punir de ce que j'ai fait que je pense comme ça, je bloque.
37:22Ce n'est pas que je me fais du mal, mais intérieurement, je veux dire, j'avance normal.
37:27Mais il n'y a pas une journée où je ne pense pas.
37:30S'il était à côté de nous, et des fois, tu m'as dit que tu le percevais un petit peu comme ça,
37:33je pense que ça l'énerverait de te voir heureuse, épanouie.
37:37Je ne sais pas, je suis déjà soulagée d'une chose, c'est de ne plus le voir, le sentir et l'entendre.
37:42C'était en 2006, c'est ça ?
37:442016.
37:44D'accord, donc ça reste assez frais, c'est il y a moins de 10 ans.
37:48Pour moi, je trouve que c'est loin et que j'ai avancé, mais pas...
37:52Moi, je pense que tu as très bien avancé, tu as fait un gros parcours, mais il te reste encore du chemin à faire.
37:58Son emprise a duré plus de 10 ans, donc c'est normal que ta reconstruction prenne aussi plus de 10 ans.
38:03Mais tu vas y arriver, tu vas y arriver.
38:05J'ai confiance en toi, Valérie.
38:06En plus, tu portes le même nom que ma mère, on lui fait des bisous.
38:08Tu enterres le corps du coup de ton mari dans une forêt, avec l'aide de tes enfants.
38:14Comment tes enfants, ils vont à ce moment-là ?
38:16Est-ce que vous êtes en mode robot ?
38:17Rien, on sait même pas réellement ce qu'on fait.
38:20On fait un truc, mais sans...
38:22C'est bizarre de dire ça, c'est...
38:24Je leur ai dit ce que j'ai fait.
38:25L'instinct qu'ils ont eu, c'est...
38:27T'inquiète pas, on va t'aider, mais c'est plus peur qu'ils reviennent, quoi.
38:31Enfin, je veux dire, on a passé 18 mois dehors avant que je parte en prison.
38:36Pendant ces 18 mois, pour nous, c'était horrible parce qu'on a vécu comme s'il allait débarquer du jour au lendemain et nous tuer.
38:42Alors qu'il était mort.
38:43C'est dingue, ça montre que l'emprise, elle était vraiment à un stade...
38:47Le moindre bruit, le moindre truc, on a...
38:49Comme s'il allait débarquer et nous tuer, je veux dire, voilà.
38:52Quand on l'a enterré, la seule chose qu'on pensait, c'est recouvrir pour pas qu'il nous coure après et nous tue, quoi.
38:59Je veux dire, c'est...
38:59Bah, t'as passé 15 ans à être dans la peur, donc c'est normal que...
39:03Ouais, c'est normal.
39:04Pendant 18 mois, personne va être au courant, du coup, de ce que vous avez fait.
39:08Ensuite, il y a des recherches qui sont faites et le corps est découvert, c'est ça ?
39:10Oui, il y avait une de ses sœurs qui m'avait appelée et qui m'avait dit pourquoi c'est fermé et tout ça depuis des mois.
39:17Et je lui ai dit, mais t'inquiète pas, je suis avec les enfants.
39:20Je lui ai dit, il est parti.
39:21Et elle m'a dit, j'espère que t'es loin parce qu'il faut surtout pas qu'il te retrouve.
39:25Il faisait peur à tout le monde.
39:25Quand elle m'a dit ça, je me suis dit, mais ça veut dire qu'elle savait ?
39:29Enfin, je me suis posé la question, ça veut dire qu'elle savait ce qu'on vivait, elle savait comment il était ?
39:33Tout le monde savait.
39:34Ça, c'est une des sœurs qui n'a jamais rien voulu, qui a dit qu'il était bien,
39:39et qu'il n'y a jamais rien dit de méchant contre lui.
39:41Au bout d'un certain temps, elle m'a dit, je vais quand même appeler la gendarmerie en disant qu'il est parti et tout.
39:47J'ai dit, fais ce que tu veux.
39:49C'est comme ça qu'il a été découvert.
39:51Parce que sinon, les autres personnes ne voulaient, personne n'avait envie de savoir où il était ou quoi.
39:55Du coup, t'as fait de la prison.
39:57Un an.
39:57Un an de prison ferme.
39:59Tes enfants, ils sont condamnés pour quelque chose ?
40:01Ils ont eu du sursis et d'aller voir un psychologue.
40:05C'était pour celle de cadavre.
40:06Ton procès a été hyper médiatisé.
40:09Il y avait plein de chaînes de télé, de radio, etc.
40:12Comment tu l'as vécu, ça, cette popularité soudaine ?
40:14Je n'ai jamais calculé.
40:16Je suis focalisée sur profiter des gamins.
40:20C'est tout.
40:21Parce que toi, dans ta tête, tu vas prendre perpète.
40:23Pour moi, je partais pour 15 ans.
40:25J'avais déjà fait ma valise et tout.
40:27Oui, dans ta tête, tu étais...
40:28Et pourtant, le tribunal va te donner un an ferme que tu avais déjà fait et trois ans avec sursis.
40:36Donc, tu sors libre du tribunal.
40:39C'est une victoire pour toi ?
40:40Non.
40:41Parce que les gens, ils t'applaudissent dans la rue.
40:43Je ne comprends pas cette façon de penser.
40:45Je reste dans mon objectif que ce n'est pas à ma place.
40:48Je pense que les gens qui t'applaudissent, ils te voient vraiment comme l'exemple de la personne qui a réussi à sortir de l'emprise de son mari.
40:57Pour moi, je ne suis aucun moment victime.
41:00Je suis juste une coupable qu'il faut condamner.
41:04Alors que pour moi et que pour beaucoup d'entre nous, depuis l'arrivée de cet homme dans la maison, c'est toi qui es la victime.
41:13Moi, je ne me vois pas comme ça.
41:14On dit toujours que tout ce qui nous arrive, c'est qu'on l'a mérité.
41:20Je veux dire, j'ai toujours entendu ça.
41:21Si un mec à 18 ans, il ne bosse pas, il ne travaille pas le soir, il rate son bac, oui, c'est mérité, c'est sa faute.
41:27Mais te faire attoucher, subir des violences, etc., tu ne l'as pas mérité.
41:33Pour moi, je n'ai pas été assez forte.
41:35Mais tu ne peux pas battre quelqu'un de 40 ans, un mec qui a 40 ans.
41:38Le seul truc, c'est que j'aurais été mieux en foyer quand j'étais petite.
41:41Quand ils ont dit que j'étais en danger chez ma mère.
41:44Ça aurait dû être comme ça.
41:46J'aurais dû aller en foyer.
41:47L'éducateur l'a dit que j'étais en danger chez elle.
41:50Il l'a dit, c'est le seul juge qui m'a laissé là-bas.
41:53Pour ma part, c'est aussi lui le fautif.
41:55Je pense que ton cas n'est pas un cas isolé.
41:58Je pense qu'il y a beaucoup d'enfants dans ce cas-là, même, qui vont regarder la vidéo aujourd'hui,
42:02et qui sont chez eux, qui subissent les coups, les sévices, les ***.
42:06Il y en a beaucoup, ça doit arriver chez eux.
42:08Qu'est-ce que tu dirais à ces enfants et qui vivent ce que tu as vécu ?
42:12Je sais que c'est très compliqué de se rendre compte de ce qu'ils vivent,
42:16de comprendre que ce n'est pas normal et que c'est très compliqué d'oser le dire.
42:21Ils vont mettre du temps, mais il faut arriver à parler à n'importe qui,
42:25mais pas de le garder pour soi.
42:27Et face à des femmes qui sont sous l'emprise d'un mari violent,
42:30qu'est-ce que tu aimerais leur dire à ces femmes aussi ?
42:32Qu'elles soient courageuses parce que c'est encore plus dur pour elles,
42:36parce que déjà, il faut qu'elles comprennent que ce n'est pas normal et que ce n'est pas de leur faute.
42:40Et là, je comprends que là, je dis une autre façon que moi, je pense, moi-même.
42:46Mais que je sais que c'est très compliqué d'arriver à comprendre que ce n'est pas de leur faute.
42:52D'arriver à le dire à quelqu'un d'autre, c'est encore plus dur.
42:56Mais il faut qu'elles arrivent à passer ce cap.
42:59Et à garder espoir.
43:00Oui, mais le problème, c'est qu'on ne va pas aller vers quelqu'un le dire si on n'est pas en sécurité.
43:06C'est ça, le problème.
43:07Les gendarmes qui disent « Ah, vous venez, et après, on aura une enquête, on l'interrogera. »
43:12Ben non, personne ne va porter plainte ou dire ce qu'elle subit si elle n'est pas mise en sécurité, protégée de lui.
43:19D'abord, il faut mettre les femmes en sécurité et après, elles parleront.
43:23C'est logique.
43:23Bien sûr.
43:23C'est logique.
43:24Bien sûr.
43:24Ils savent comment nous manipuler.
43:26Ils savent que notre vie, en tant que mère, c'est nos enfants.
43:29Et ils savent qu'ils jouent sur les enfants pour nous faire du mal.
43:32J'ai un collègue, un ancien collègue qui me disait comme ça « Oh, j'ai aidé ma belle-sœur, mais elle y retourne toujours, c'est qu'elle y aime. »
43:39Mais c'est ridicule de dire ça.
43:40C'est pitoyable.
43:42C'est parce qu'il y a les enfants et qu'ils jouent sur les enfants pour qu'elles reviennent.
43:46Elle ne revient pas parce qu'elle l'aime, comme tu dis.
43:48C'est pour ses enfants.
43:50Voilà, c'est ça qui est très compliqué.
43:51Je pense que tes enfants, ils sont aussi très fiers de toi.
43:53C'est ce qu'ils me disent, mais je déteste quand ils disent ça.
43:56Je n'ai rien fait de bien.
43:58Ils ont eu une vie pourrie à cause de moi.
44:00Je suis fière de ce qu'ils sont maintenant, mais ce n'est pas grâce à moi, c'est grâce à eux.
44:04Tu les as protégés.
44:05Tu as aussi fait en sorte de les mettre à l'écart quand toi, tu subissais les insultes, les coups.
44:11Je leur ai toujours dit, quand je m'enfermais dans la salle de bain, je m'arrangeais pour ne pas qu'ils voient.
44:18Ils me disaient toujours quand je sors, tout va bien.
44:21Je dis, t'occupe.
44:22C'était mon truc.
44:22Ils savaient que t'occupe, ça veut dire tout va bien.
44:25Tu les as protégés.
44:26T'occupe.
44:26Tu les as protégés comme tu as pu le faire à ce moment-là.
44:28Et aujourd'hui, comment ils vont tes enfants d'ailleurs ?
44:30Ils vont tous très bien.
44:31Je suis deux fois grand-mère, bientôt trois fois.
44:34Trop bien.
44:35Félicitations.
44:35Ils ont tous acheté leur maison.
44:38Ils ont un boulot, une famille.
44:39Voilà, tu as réussi ta vie.
44:41Tout va bien.
44:41Ce n'est pas parce que les enfants ont été ou abusés, ou maltraités, ou humiliés, ou violents, ou quoi que ce soit d'une certaine façon,
44:53qu'ils vont reporter la même chose sur leurs enfants.
44:56Ça, je tiens à le préciser parce qu'il y a quand même pas mal de gens qui croient que, voilà, vous avez été traité comme ça, vous allez traiter...
45:04On va reproduire le même schéma.
45:06C'est ridicule de penser ça.
45:07Merci beaucoup Valérie.
45:09Encore bravo.
45:10Merci à vous.
45:10À toi, à toi, on se tuto, on a dit qu'on se tutoyait quand même.
45:13Merci beaucoup pour ton témoignage.
45:15Je vous laisse écrire en commentaire plein de messages de soutien pour Valérie.
45:19Je pense que tu auras la lecture après la vidéo.
45:21Moi, je suis très fier de toi et je pense que tu vas inspirer beaucoup de femmes.
45:26Oui, mais je le dis.
45:26Oui, mais il ne faut pas.
45:28Faites tout le contraire de ce que j'ai fait.
45:29Ayez le courage de parler et de vous confier aux autres.
45:33On le reprécise, Valérie, tu as co-écrit un livre avec Clémence, tout le monde savait.
45:37Donc, pour ceux qui veulent en savoir plus sur ta vie, on mettra les liens dans la description ainsi que tes comptes Instagram, TikTok, chaîne YouTube.
45:44On mettra tous tes liens, on mettra l'adresse mail.
45:46S'il y en a qui veulent contacter directement Valérie, que ce soit pour des écoles, des conférences, pour quoi que ce soit, aura pour plaisir de vous répondre.
45:54Trop bien.
45:55Merci beaucoup.
45:57Merci.
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