"Le niveau d’inégalité et la pauvreté en France ont retrouvé les niveaux qu’on avait il y a 30 ans, on a fait un bond en arrière", dénonce la députée écologiste de Paris, Sandrine Rousseau, le 21 août 2025 sur franceinfo.
00:00Est-ce que vous savez ce que vous ferez le 10 septembre, Sandrine Rousseau ?
00:03Un jour d'appel à manifester, à tout bloquer dans le pays.
00:07Ces appels qui se multiplient, ces initiatives citoyennes, même sur les réseaux sociaux.
00:10Vous savez si vous participeriez au mouvement de blocage ?
00:13Je participerais. Je participerais à ma place, c'est-à-dire en arrière-plan,
00:17puisque c'est un mouvement citoyen, mais j'y participerais, bien sûr.
00:19Pourquoi ? Parce que ce n'est pas un peu de récupération politique.
00:22Pardon de mettre les pieds dans le plat, mais c'est un peu facile d'aller se mettre dans la route.
00:25En arrière-plan, c'est un soutien.
00:29Ce n'est pas une récupération.
00:31Et par ailleurs, là, j'alerte sur le fait que la souffrance dans le pays
00:37augmente d'une manière tout à fait significative.
00:40La souffrance économique, je rappelle que le niveau d'inégalité et la pauvreté en France
00:44a retrouvé les niveaux qu'on avait il y a 30 ans.
00:47Enfin, on a fait un bond en arrière de 30 ans.
00:50Ça, c'est le résultat des politiques menées par Emmanuel Macron et ses gouvernements successifs.
00:56Et aujourd'hui, il y a des gens qui n'ont plus de médecins, n'ont pas d'accès à des services publics,
01:03sont dans des lieux d'abandon, littéralement, de la puissance publique.
01:08Et puis, il y a vraiment des gens qui ne savent pas de quoi demain sera fait.
01:11Il y a des gens qui sont en mode survie permanent.
01:14Ça, ce n'est pas possible.
01:15Donc, moi, je trouve que ce mouvement, c'est un mouvement, quelque part, de révolte pour la dignité, pour vivre bien.
01:24Et vous ne lui reprochez pas un peu d'être cornaqué, visiblement, par rapport à l'extrême droite ?
01:27Il y a des figures de l'extrême droite.
01:28Mais là, vous ne dites pas récupérer, par exemple.
01:30Ça, c'est marrant parce que nous, on est accusés de récupération, mais par contre, l'extrême droite, jamais.
01:34Non, mais ça, c'est... Le sujet, c'est un peu...
01:37Mais ça ne vous dérange pas ?
01:38Non, mais ce n'est pas ça le sujet.
01:39Le sujet, c'est qu'il y a des gens qui souffrent, encore une fois.
01:42Ces gens sont allés manifester pour les retraites, ça n'a rien donné.
01:46Ces gens ont voté, ça n'a rien donné.
01:48En fait, quelle est l'action aujourd'hui ?
01:49Parce que moi, j'entends qu'on critique ce mode d'action qui est un mode d'action un peu spontané,
01:54comme ça, d'une révolte sans véritablement de colonne vertébrale et de structure qui organise.
02:04Mais quelles sont les possibilités aujourd'hui pour les personnes ?
02:08Ils ont tout essayé, tout.
02:09Il y a eu des mouvements de protestation le week-end, il y a eu les gilets jaunes, il y a eu les grèves pour les retraites.
02:16Il y a eu... Regardez tout ce qui s'est passé.
02:18Et tout cela, tout cela a été reçu par l'Elysée comme des agitations auxquelles il n'a pas été donné de réponse.
02:28Ou alors la seule réponse qui a été donnée, c'était de la violence.
02:32Parce que je rappelle que sur les gilets jaunes, il y a eu des violences policières qui étaient inadmissibles.
02:36Vous savez très bien qu'il y a eu aussi des millions et des milliards d'euros qui ont été investis dans la politique publique.
02:40On l'oublie beaucoup trop facilement.
02:41Sur les milliards d'euros, suite aux gilets jaunes, tous n'ont pas été mis en œuvre.
02:48Par ailleurs, il y a eu des annonces mais tous n'ont pas été mis en œuvre.
02:50Et en fait, il n'y a pas eu de modification de la ligne politique qui a été suivie.
02:55La seule chose, c'est qu'on continue parce qu'Emmanuel Macron n'entend pas pouvoir modifier sa politique.
02:59Il fait ça contre la démocratie, contre l'esprit de la démocratie.
03:03Dont je rappelle qu'après la dissolution qu'il a lui-même décidée, il n'a pas respecté le résultat des urnes.
03:10Donc évidemment que cette colère devient ingérable dans la société et doit exploser d'une manière.
03:15Je pense que le 10 septembre est la manifestation de cela.
03:17Quel but pour cette mobilisation ?
03:18Alors faire tomber le gouvernement Bayrou, le forcer, le président de la République à démissionner ?
03:22Cette manifestation me semble être vivre, vivre, vivre correctement, vivre dignement.
03:29Bien sûr mais ça passera comment politiquement ?
03:31Après, il y a un deuxième temps qui est politique.
03:34Mais je ne voudrais pas qu'on fusionne les deux.
03:36C'est-à-dire qu'il y a ce temps et il faut laisser cette colère s'exprimer.
03:40Il faut laisser cette révolte s'exprimer.
03:42Parce qu'elle est indispensable à la prise de conscience de ce qui est en train de se passer en France.
03:47Et vraiment, je le répète, de la souffrance.
03:49Aujourd'hui, il y a un salarié, il y a 4 salariés sur 10, près de la moitié des salariés qui sont en souffrance au travail.
03:56En souffrance au travail.
03:56D'accord, ça c'est le constat Sandrine Rousseau.
03:58Mais alors, quelle est la conséquence politique que vous espérez pour pouvoir justement lutter contre ça ?
04:01Après, dans le second temps, dans un second temps et à la rentrée politique, nous déposerons une motion de censure.
04:07Et j'appelle toutes les forces politiques à voter cette motion de censure de sorte qu'il y ait...
04:12Une dissolution ?
04:13Non pas la dissolution, mais le renversement du gouvernement.
04:18Et si ça se poursuivra par une dissolution, ça se poursuivra par une dissolution.
04:21Pour quelle solution derrière ?
04:22Forte chance, tout laisse à penser aujourd'hui qu'Emmanuel Macron renommera quelqu'un de sa famille politique.
04:27Et bien, s'il fait ça, il est responsable de la crispation politique.
04:30Enfin, ça suffit.
04:31Ça suffit qu'Emmanuel Macron ne comprenne pas ce qui est en train de se passer dans le pays.
04:36Ça suffit qu'il soit complètement fermé et complètement aveuglé et sourd à ce qui est en train de se passer.
04:44Moi, je me souviens de cette phrase qui m'avait énormément choquée d'Emmanuel Macron, où il a dit, je crois commencer à comprendre le peuple français.
04:51Mais enfin, ça va.
04:52Il est président de la République.
04:53Ça fait sept ans qu'il est président de la République.
04:55Il est totalement hermétique à ce qui est en train de se passer.
05:00Il veut continuer sa politique parce qu'il a raison tout seul.
05:02Il n'y a personne qui a raison tout seul.
05:04Personne.
05:05Et en l'occurrence, il y a une démocratie, il y a une constitution.
05:08Il l'a tordu.
05:09Il l'a modifié.
05:10Il a fait en sorte d'utiliser tous les articles les moins utilisés de la constitution pour empêcher le Parlement de travailler, pour empêcher les Français de s'exprimer.
05:20En fait, ça suffit.
05:22Et je pense que cette colère, elle vient aussi de cela.
05:24C'est-à-dire cette incapacité qu'a le président de la République à comprendre son peuple et à en être quelque part une forme de représentant.
05:39Il dirige la France comme il dirigerait un CA d'entreprise.
05:42Nous ne sommes pas une entreprise.
05:43Nous sommes un pays.
05:44Et aujourd'hui, ce pays se révolte.
05:46Eh bien, je voudrais dire que je soutiens ce mouvement et que j'y serai.
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