Documentaire sur la disparition de Philippe de Dieuleveult
Biographie de Philippe de Dieuleveult Philippe de Dieuleveult, né le 4 juillet 1951 à Versailles et disparu le 6 août 1985 aux abords des chutes d'Inga au Zaïre, est un journaliste reporter d'images et animateur de télévision français. De 1981 à 1984, il coanime sur Antenne 2 le célèbre jeu télévisé La Chasse aux trésors dans lequel, chaque semaine, il incarne le rôle du journaliste-aventurier prêt à tous les exploits aux quatre coins du monde. Il disparaît au Zaïre en 1985, probablement par noyade lors de la descente en rafting du fleuve Zaïre. Certains de ses proches remettent en doute cette version.
00:00C'est très difficile ce que je vais vous dire parce que je vais vous dire quelque chose que je n'aurais pas dit juste après, mais je pense qu'ils s'y sont assez mal pris.
00:12Ces images, les toutes dernières, ont été tournées la veille du jour où les sept hommes ont disparu.
00:19Et donc il n'y a plus d'images après.
00:21Laurenceau prend quelques photos des bateaux qui partent, qui sont aspirés dans cette zone absolument infernale, et c'est fini.
00:28C'était le 6 août 1985, il y a 40 ans.
00:32Philippe de Dieuleveux, l'ancien animateur de télé de la chasse au trésor, et six autres personnes disparaissent dans le fleuve Zahir en Afrique, lors de l'opération Africa Raft.
00:43Que s'est-il passé ? Retour deux mois en arrière, le 9 juin 1985.
00:48Nous partons tout début juin, dans quelques jours, pour traverser de l'océan Indien à l'océan Atlantique par les fleuves, 5000 kilomètres par les fleuves, en traversant la Tanzanie, le Burundi et le Zahir, avec Gérard Davauville et une équipe de 12 personnes en opération survie.
01:02Ça va être une belle aventure.
01:03Philippe de Dieuleveux annonce l'opération Africa Raft.
01:06Il est alors une immense vedette de la télé française.
01:10Pendant trois ans, de 1981 à 1984, il a parcouru le monde pour présenter l'émission La chasse au trésor.
01:18Mais ce 4 juillet 1985, l'animateur Casco se lance un nouveau défi.
01:23Face à lui et son équipe, le fleuve Zahir et ses redoutables rapides.
01:27André Hérault, ancien pilote qui avait beaucoup vécu en Afrique, qui avait une carrière assez mouvementée, André Hérault avait eu cette idée, et il avait exposé à Philippe, cette idée de traverser l'Afrique d'est en ouest par les fleuves.
01:44Et c'était assez intéressant parce que ça amenait à passer dans toute une partie de l'Afrique qui était finalement assez méconnue, qui avait été visitée, explorée, puis un peu abandonnée, instable aussi au niveau politique, notamment aux Zahir.
02:01Le navigateur Gérard Davauville connaissait Philippe de Dieuleveux et a participé à l'expédition Africa Raft.
02:08Pour l'INA, il revient sur cette affaire.
02:10On se connaissait depuis longtemps. Il se trouve que Philippe avait fait comme moi, il avait été officier dans le même régiment de parachutistes que moi, on avait donc un peu des relations et des histoires en commun.
02:21Quand Philippe m'en a parlé, évidemment moi d'abord ça m'intéressait, ça me plaisait au niveau de l'aventure, de la découverte.
02:29Et puis c'était quelques années après ma traversée de l'Atlantique à l'Aviron, etc. J'ai toujours été branché, on va dire, dans le dessin et la construction de bateaux.
02:38Et Philippe m'a dit, on a besoin de quelqu'un pour concevoir des rafts particuliers pour cette aventure.
02:44Et ces rafts, je les ai conçus de façon assez particulière.
02:50D'abord, ils étaient grands, ils avaient une flottabilité considérable puisque ce sont deux boudins, on va dire, qui faisaient 8 mètres de long ou 8 mètres et quelques, au moins 80 centimètres de diamètre.
03:02Il fallait qu'ils soient transportables en avion pour les amener relativement facilement, donc démontables, vite montés, vite démontés, et qu'ils aient cette portée, cette flottabilité énorme.
03:15Et finalement, après montage, essai des bateaux, et quand tout a été prêt, moi j'ai dû rentrer en France parce que j'avais donc un programme chargé.
03:22Et donc, à mon grand regret, je leur ai dit au revoir, je suis parti.
03:26Je dis à mon grand regret, mais ça m'a sans doute sauvé la vie.
03:30Voici une photo d'un des deux rafts lors d'un test sur la Seine à Paris.
03:34Philippe de Dieuleveux se trouve ici, à droite du bateau.
03:38Pendant un mois, l'expédition se passe correctement.
03:41Ces images datent du 5 août 1985.
03:43Ce sont les dernières connues de l'opération, car le 10 août, le journal télévisé s'ouvre avec cette annonce.
03:51Philippe de Dieuleveux, qui n'a jamais hésité à prendre de gros risques dans la chasse au trésor, participait à une expédition sur le fleuve Zahir, un fleuve dangereux, à cause des cascades nombreuses et des chutes.
04:01L'équipe avait une liaison radio quotidienne avec la France, mais elle n'a donné aucune nouvelle depuis 48 heures.
04:07Philippe de Dieuleveux et les 6 autres membres de l'expédition disparaissent à l'ouest du Zahir.
04:12Ils tentent de franchir les rapides d'Inga avec leurs deux rafts, juste après ces deux barrages, mais disparaissent dans les flots.
04:21Le 6 août 1985, je suis en Bretagne.
04:26J'écoute la radio comme tout le monde.
04:29J'apprends qu'on n'a pas de nouvelles d'abord.
04:31Et puis qu'on n'a toujours pas de nouvelles, et puis qu'on est inquiet, et puis qu'ils ont disparu.
04:35J'appelle évidemment quelques autres anciens de l'expédition, on va dire.
04:40Thierry Sadoun, Marc Gurneau.
04:41Et on décide d'y aller, très vite, pour comprendre.
04:44Moi j'ai envie de voir ces bateaux, que s'est-il passé.
04:48Je vous avoue que je me sentais même un petit peu inquiet en me disant, pourvu que les bateaux aient tenus.
04:54Deux autres membres de l'expédition sont indemnes.
04:57Il s'agit de François Laurenceau et Jean-Louis Amblard.
05:00Face au danger, ils avaient refusé de descendre les rapides.
05:03Les autorités aéroises lancent les recherches.
05:07La première hypothèse est celle de la noyade.
05:09Quand vous voyez l'endroit, personne ne peut tenir.
05:15Et après, avec votre jet de sauvetage, vous êtes noyé tout pareil.
05:20Moi je venais de la mer.
05:22Pour moi le réflexe c'est de s'attacher au bateau.
05:25Ils ont dû partir très stressés par la mauvaise nuit.
05:27Ils sont partis parce qu'il fallait, on se jette dans le vide.
05:30Mais, enfin quoi, ils n'auraient pas dû faire partir les deux bateaux.
05:35Et on faisait partir un.
05:37Puis ils attendaient le résultat.
05:39Puis après ils faisaient partir l'autre.
05:41Quelques jours après le drame, un ingénieur zaïrois donne ce témoignage.
05:45J'ai vu quelqu'un sortir de l'embarcation, aller vers la rive, revenir dans l'embarcation, prendre un sac et retourner sur la rive.
05:54En faisant attention, après alors j'ai vu deux personnes debout dans l'embarcation qui rangeaient des sacs, des sacs jaunes.
06:01Il se trouve que du haut du site du barrage, on voit la rive d'en face qui est loin.
06:07Et qu'un ingénieur zaïrois a vu un bateau avec un t-shirt noir.
06:12Philippe avait un t-shirt noir.
06:15Le type qui débarquait du bateau un peu groggy.
06:19Donc tout ça, ça laisse quand même penser qu'ils étaient passés de l'autre côté.
06:24Et puis ensuite quelque chose est arrivé.
06:25Le 9 août 1985, le matériel et les bagages du raft dénommé Godelive sont retrouvés.
06:32L'embarcation, elle, est disloquée.
06:34Aucune trace des membres de l'expédition.
06:37Gérard Dabeauville est sur place pour enquêter.
06:39Le 10 août, c'est au tour du raft Françoise d'être identifié.
06:44Le bateau est intact, mais là aussi, aucune trace des occupants.
06:48Le 12 août, le corps d'un membre de l'expédition est repêché, celui de Guy Collette.
06:53Mais que sont devenus les autres ?
06:55Noyades, accidents ou bavures militaires ?
06:59Cette dernière hypothèse prend de l'ampleur.
07:01Car la zone du barrage d'Inga est très sensible.
07:04Elle est proche de l'Angola et ce pays connaît des tensions avec le Zahir.
07:08L'équipe des 7 français disparus au Zahir a-t-elle été victime d'une tragique méprise
07:13de la part d'une patrouille de l'armée zaïroise ?
07:16Et quand on dit que c'est l'armée zaïroise qui leur a tiré dessus parce que c'était une zone sensible avec le barrage ?
07:23Ah non, ça c'est très faux. Ce n'est pas vrai. Vous voyez vous-même, il n'y a pas de zone interdite.
07:28Si les 7 membres de l'expédition sont morts, il faut retrouver les corps pour savoir.
07:33Mais le fleuve ne les rend pas toujours. La légende veut ici que le Zahir garde les corps de ceux qui ont voulu le défier.
07:40Tout est dit. Je n'avais pas vu ça. Je ne connaissais pas.
07:44On a découvert que le Télex, je crois que c'était un Télex qui annonçait leur passage aux autorités du barrage,
07:51il était resté sur le bureau sous une pile de Télex du gars chargé de la communication qui était parti en vacances ou je ne sais pas où.
07:58Et voilà, donc les militaires n'avaient pas été prévenus.
08:01Selon moi, le premier bateau, ils se sont noyés. On peut parler d'un accident.
08:07Et le second, on peut parler d'une méprise dramatique.
08:12On est en Afrique, dans une zone stratégique, et là-bas, tout ce qui est inconnu apparaît comme hostile.
08:20Voilà, donc d'où des réactions qui peuvent être évidemment terribles.
08:28En 1994, 9 ans après les faits, un ancien responsable des services secrets Zahirois fait une révélation en direct à la télé française.
08:37J'ai assisté à leur capture.
08:44Il y a M. Hérolt et Janel qui sont morts pendant leur capture.
08:50Et M. Bloquement s'est mort en prison de suite de ses blessures puisqu'il n'a pas été soigné.
08:56Et les quatre autres ont été purement et simplement exécutés.
08:59Et vous avez assisté à la scène ?
09:01Oui, j'ai assisté à leur capture, à l'interrogatoire et à l'exécution.
09:04Et ils ont été fusillés ?
09:05Okito Bene Bene était un ancien membre des services Zahirois qui avait eu des problèmes avec son gouvernement, qui était exilé en Belgique.
09:19Selon lui, il n'y aurait pas eu d'accident même du tout.
09:22C'est-à-dire que tout le monde serait passé et tout le monde aurait été fait prisonnier et fusillé.
09:26Bon, encore une fois, voilà, peut-être, peut-être.
09:31Aujourd'hui, 40 ans après les faits, la noyade reste la thèse officielle sur la disparition des sept membres de l'expédition Africa Raft.
09:40Thèse rejetée par la famille de Philippe de Dieuleveux.
09:43Le lieu se prête vraiment à l'accident, le lieu se prête à la noyade.
09:48Malheureusement, il s'est passé autre chose.
09:50C'est vraiment terrible, non seulement la perte de quelqu'un, mais ensuite, pendant des mois, ils sont vivants, ils ne sont pas vivants, ils sont prisonniers, ils ne sont pas prisonniers.
09:59Et ensuite, de ne jamais savoir, je comprends que ce soit un drame épouvantable.
10:03Je pense que cette affaire suscite, 40 ans après, encore beaucoup d'interrogations.
10:10C'est comme tout ce qui est mystérieux.
10:12Et la médiatisation, Philippe était quelqu'un d'extrêmement médiatisé, extrêmement connu.
10:18Tous les Français le connaissaient.
10:20Il était très populaire, très aimé.
10:23Et donc, évidemment, ça fait un bruit considérable à l'époque, mais même pour des gens qui n'étaient pas nés,
10:30ils en ont entendu parler, ils en ont entendu parler comme d'un mystère.
10:33Et évidemment, tous les mystères, c'est impressionnant, ça dure.
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