00:00Et nous sommes donc avec nos chroniqueurs de la deuxième heure, Vincent Roy et Louise Ossalter.
00:08Et voilà, pour les petits jingles qui partent un petit peu de manière sauvage ce soir, c'est un petit peu l'été sur Europe 1 soir, ce n'est pas bien grave.
00:17Bon, les propos évidemment de Bruno Retailleau ont été jugés inacceptables par le parti présidentiel Renaissance qui réagit par un tweet assez acerbe.
00:28Enfin, des propos vraiment d'une responsabilité particulièrement lourde qui ne tolère ni les provocations ni les petits calculs politiques.
00:37Vous les avez jugés comment, vous, ces propos de Bruno Retailleau dans Valeurs Actuelles, la fin du macronisme ?
00:43Bon, en même temps, il a toujours été cohérent.
00:46Oui, c'est ça, ce n'est pas très nouveau dans sa bouche.
00:48Il l'a rappelé cet après-midi en disant que c'est ce qu'il a toujours pensé, ou demeurant ce qu'il a toujours dit.
00:53Alors, peut-être que certains n'avaient pas bien entendu, mais avant d'être ministre, il n'a jamais cru au macronisme.
00:58C'est le moins qu'on puisse dire.
01:00Il a toujours critiqué ce lieu en même temps, cette manière de ne pas choisir, de mêler un petit peu de droite et un peu de gauche en pensant qu'on pouvait gouverner.
01:09Donc, ça n'est pas surprenant dans sa bouche.
01:12Évidemment, ce qui remue les macronistes, en tout cas ceux qui restent, c'est qu'ils sont des propos tenus par un ministre de l'Intérieur,
01:17qui est plutôt en position de force dans un gouvernement assez faible, qui ne dispose pas de majorité,
01:23avec un premier ministre lui-même assez faible et menacé de censure,
01:26un président de la République qui, depuis la dissolution, est voué au gémonie par une bonne partie de l'opinion et lâché par une partie de ses troupes.
01:33Donc, non, rien de très nouveau sous le soleil.
01:37Ce qui est certain, c'est que Bruno Rotaio confirme, en tout cas, qu'il prépare l'élection présidentielle.
01:42C'est-à-dire que le fait qu'il se détache du macronisme, ce n'est pas uniquement dire du mal de Macron pour dire du mal de Macron.
01:48Il veut construire une alternance.
01:50C'est-à-dire que lui, il considère que le projet qu'il va construire, c'est une alternance à Emmanuel Macron.
01:53Ce n'est pas de la continuité.
01:55Et quand on est ministre de l'Intérieur d'un gouvernement, quand même nommé par Emmanuel Macron,
01:59que toutes les semaines, on est à la même table du Conseil des ministres qu'Emmanuel Macron,
02:03il faut quand même envoyer de temps en temps des signaux pour dire qu'il n'est pas macroniste.
02:08Il n'a jamais été, il ne le sera visiblement jamais.
02:10Donc, il crante ça, comme on dit en communication, il envoie ces signaux-là.
02:14Mais pourquoi le rappeler à ce moment-là, Louis Osseter ?
02:15C'est vrai qu'on peut s'interroger parce qu'on est loin de 2027.
02:19C'est normal qu'il s'affranchisse et qu'il fasse un nouvel acte de dissidence.
02:22Mais pourquoi maintenant ?
02:24Mais dites-moi, chère madame, il ne veut pas être comptable du bilan de M. Macron.
02:31Donc, il y a un moment où il faut se détacher.
02:33Ça, c'est pas une nouveauté, effectivement.
02:35Mais pourquoi maintenant ? Quelle est l'arrière-pensée ? Est-ce qu'il y en a une ?
02:38Pourquoi maintenant ? Je ne sais pas pourquoi maintenant.
02:42De toute façon, moi, je lis ça comme un acte de candidature pour 2027.
02:46C'est pour ça, je trouve que c'est un petit peu lointain, 2027.
02:49Oui, le timing peut interroger.
02:51Oui, le timing peut interroger.
02:52Mais dans le même temps, est-ce qu'il ne fait pas le calcul suivant ?
02:55C'est-à-dire qu'à la rentrée, le gouvernement tombe.
02:59Et oui, il peut se dire, tiens, je prends le pari que M. Bayrou va disparaître.
03:09Et par conséquent, politiquement...
03:10M. Bayrou, mais est-ce que M. Macron va s'autodissoudre ?
03:13Ah ben, c'est toute la difficulté, de toute façon.
03:15Si M. Bayrou quitte son poste, ça devient de plus en plus délicat pour Emmanuel Macron, quand même.
03:23Oui.
03:23Ça devient extrêmement délicat.
03:25Il n'y a plus vraiment de plan C, quoi.
03:26Il n'y a plus vraiment de plan C.
03:28Il y a des conditions économiques extrêmement difficiles.
03:34Ça, ça pèse énormément.
03:35Il lui reste Sébastien Lecornu, peut-être ?
03:37Oui, il est à 19 points dans les sondages, ce qui n'est quand même pas beaucoup.
03:44Et la France, ça n'aura échappé à personne, ne va pas très bien.
03:49Ce qui est intéressant dans l'interview, en revanche, c'est qu'il parle de la fin du macronisme,
03:56à condition que le macronisme ait déjà débuté.
03:58Pour moi, c'est très difficile de savoir ce qu'est le macronisme.
04:02De quoi on parle, bien sûr.
04:03D'ailleurs, il le dit.
04:05Il dit, dans l'interview même, ça n'est pas une idéologie, ça n'est pas...
04:09C'est tellement difficile de savoir de quoi l'on parle, que même le nom du parti,
04:14il y a eu trois noms dans le parti d'En Marche, Ensemble pour la République,
04:18enfin, ils n'arrivent même pas à se fixer sur un nom.
04:21Mais le macronisme, ce n'est pas un projet.
04:24C'est là où c'est délicat à définir.
04:26Et donc, il veut absolument se placer en rupture.
04:28Vous êtes d'accord, oui, en effet, avec Bruno Retailleau, ce n'est pas une idéologie.
04:31Il n'en restera rien quand Emmanuel Macron sera parti.
04:35Non, c'est incarné.
04:36Et le macronisme, c'est Emmanuel Macron.
04:38C'est d'abord un homme, bien sûr.
04:39Voilà, mais ce n'est pas autre chose.
04:41Donc, effectivement, il s'inscrit en rupture et il dit surtout, avec moi, ce sera tout sauf du macronisme.
04:49Est-ce que c'est une bonne stratégie, effectivement, cette rupture ?
04:57Peut-être aussitôt, risquer peut-être de s'épuiser, justement, avant l'échéance ?
05:03À partir du moment où il n'a pas de majorité, il veut lancer des choses,
05:08il est très souvent désavoué.
05:10Sur la position algérienne, par exemple, il n'arrête pas d'essayer de peser de tout son poids.
05:15Pourquoi ? Parce que c'est la seule, avec peut-être M. Darmanin, mais surtout lui, c'est lui qui incarne ce gouvernement.
05:21La plupart des ministres n'existent pas.
05:23La plupart des ministres n'existent pas.
05:25Donc, il se dit, c'est maintenant, alors que je ne peux pas lancer toutes les actions que je voudrais n'ayant pas de majorité,
05:34c'est le moment de dire, écoutez, moi je vais proposer autre chose, si je suis bloqué tout le temps, peut-être qu'il prépare sa sortie.
05:39Oui, c'est ça. Est-ce que c'est pas justement, c'était ça le fond de mes questions ?
05:44Moi aussi, mon arrière-pensée, est-ce qu'il n'est pas en train de préparer, justement, son départ ?
05:47Mais rappelez-vous d'Emmanuel Macron, quittant François Hollande l'été 2016, avant de se présenter à l'élection présidentielle.
05:53C'est ça, en fait, c'est exactement ce calendrier, c'est la question de ce calendrier-là qui va se poser à Bruno Retailleau.
05:57Et n'oublions pas aussi qu'il est chef de parti, maintenant.
05:59Donc, un chef de parti, qu'est-ce qu'il a dans son scope actuellement ?
06:02Il va devoir préparer sa rentrée, puisqu'elle est rentrée politique, préparer des élections municipales qui interviendront en mars 2026.
06:09Peut-être l'espace-temps, évidemment, je ne parle pas des risques de censure et de tout ce qui pourrait se passer à l'automne,
06:14mais si jamais ça tient, si jamais Bruno Retailleau est toujours ministre au moment des municipales,
06:18peut-être que là, après ces élections-là, importantes pour lui, s'ouvrira un espace-temps dans lequel il va pouvoir préparer, en effet, une sortie,
06:26un an ou un petit peu moins avant l'élection présidentielle de 2027.
06:30La difficulté pour lui, je pense, en revanche, c'est qu'il est quand même ministre de l'Intérieur,
06:35et ce matin, en conseil des ministres, Emmanuel Macron a essayé de le piéger en lui demandant,
06:39au fait, les violences à Béziers, à Limoges, à Compiègne ce week-end, est-ce que vous pouvez nous faire un point ?
06:45Bon, évidemment qu'il y a une arrière-pensée là-dessus, mais il y a une réalité.
06:48En effet, Bruno Retailleau, sa promesse en arrivant à Beauvau, c'était de rétablir l'ordre.
06:52Bon, l'ordre n'est pas rétabli, évidemment, ça ne sera pas par la magie d'un seul homme,
06:56mais je crois que le seul danger qui pourrait le guetter, dans cette stratégie-là,
07:00c'est la tentation de délaisser son périmètre ministériel avec les résultats,
07:04en sachant que lui-même ne peut pas aboutir à tout.
07:06Comme il dit, si on ne change pas la constitution,
07:08eh bien, l'immigration, on ne changera pas vraiment grand-chose en France.
07:10Il ne faut pas qu'il cesse piéger par ça, dans cette stratégie.
07:12C'est peut-être la raison pour laquelle il est en train de fourbir ses armes,
07:15et que peut-être, à un moment, il peut remettre sa démission,
07:18en disant, je n'ai pas les moyens de ma politique.
07:21Et là, il lâchera tout, vous voyez, je suis en contradiction avec le président de la République,
07:27sur l'affaire algérienne, il y a tout ça.
07:29Mais est-ce qu'il choisit où il subit ?
07:30Si Bayrou est censuré à l'automne, Retailleau tombe avec lui,
07:33et il subira, alors qu'il pourrait vouloir choisir ce moment.