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  • il y a 5 mois
Le 12 juin dernier, le crash d'Air India a causé la mort de 260 personnes, dont 19 au sol. Selon les enregistrements de la boîte noire, le commandant de bord aurait lui-même coupé les moteurs. On en parle avec : Jean Serrat, ancien pilote de ligne, consultant aéronautique à BFMTV. Et Ulysse Gosset, éditorialiste politique internationale à BFMTV.

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Transcription
00:00Et maintenant on va revenir sur ce crash, souvenez-vous, d'Air India, c'était le 12 juin dernier.
00:05Crash qui a causé la mort de 260 personnes, dont 19 d'ailleurs au sol.
00:11On en sait plus sur les causes et semble-t-il c'est le commandant de bord qui aurait lui-même coupé les moteurs.
00:18Nous en parlons avec Jean Serra et Lys Gosset.
00:20Bonsoir Jean, ancien pilote de ligne, consultant aéronétique BFM TV.
00:23En fait c'est grâce à une conversation enregistrée entre le pilote et son copilote qu'on apprend que c'est le commandant de bord lui-même, 56 ans, pourtant un professionnel, qui a décidé volontairement de couper les moteurs.
00:36Oui, alors on sait quand même que c'est le copilote qui faisait le décollage.
00:41Donc lui il a les mains à la fois sur les gaz et sur le manche.
00:46Donc il n'a pas les mains libres pour aller couper les interrupteurs.
00:49C'est pour ça que dès le départ je m'étais dit c'est le commandant de bord qui a dû probablement couper les interrupteurs.
00:56Deuxième point très important, dans les boîtes qui enregistrent les paramètres, on sait que très exactement 3 secondes après que les roues aient quitté le sol,
01:07on sait qu'il y a quelqu'un qui met l'interrupteur carburant du moteur 1, le gauche, qui le met sur off.
01:15Une seconde après, on sait qu'il met l'interrupteur du réacteur 2, celui de droite, également sur off.
01:23Voilà pourquoi dès le départ j'avais dit ça ne peut être qu'une action volontaire, ça ne peut pas être un incident genre une main qui traîne
01:30et puis qui fait basculer les interrupteurs vers l'arrière.
01:33C'est là qu'on entend dans la boîte, dans le voice recorder qui enregistre les sons dans le poste, qu'on entend le copilote dire
01:41« mais pourquoi tu as coupé les… » et là le commandant de bord lui répond « non je n'ai rien fait ».
01:47Et d'après les informations que nous avons qui proviennent des Etats-Unis, de gens qui auraient, j'ai bien dit, auraient entendu la boîte, le voice recorder,
01:58le capitaine serait très calme alors que le copilote lui, il est en début de panique.
02:05Oui parce que le copilote a compris ce qui se passait.
02:07Le copilote a compris ce qui se passait.
02:08Et 5 secondes après, on sait que l'interrupteur du carburant du réacteur 1, celui de gauche, est remis sur « on ».
02:18On voit dans les paramètres que le moteur arrête de ralentir, commence à réaccélérer.
02:245 secondes après, l'interrupteur du réacteur droit est mis également sur « on ».
02:29Mais il n'a pas le temps de redémarrer parce que 5 secondes plus tard, il percute l'immeuble.
02:34On peut imaginer que c'est le copilote qui a redémarré les deux moteurs.
02:37Probablement.
02:37Mais trop tard.
02:39Trop tard.
02:39Et jusqu'à preuve du contraire, il n'y avait pas de troisième personne dans le poste.
02:44Donc c'est bien celui qui avait les mains libres, le commandant de bord,
02:47qui a coupé volontairement ces deux interrupteurs.
02:51C'est ce que j'avais dit il y a deux jours.
02:53Et malheureusement, les informations que nous avons reçues des États-Unis aujourd'hui,
02:58malheureusement, confirment cet acte.
03:01C'est un suicide ?
03:02C'est un suicide.
03:04Et c'est absolument dramatique.
03:05Alors on sait maintenant également que cette personne était dépressive, avait des problèmes.
03:10– Il y a plusieurs années, oui.
03:11– Voilà, avait des problèmes.
03:13– Oui, mais pardon, quand on est commandant de bord,
03:15qu'on a la responsabilité d'autant de personnes, il n'y a pas un suivi médical ?
03:20Parce que la dépression, si on la connaissait, on peut quand même confier les manches à cet homme ?
03:27– Jusqu'à ce jour, dans le monde entier, pas qu'en France,
03:31nous avons une visite médicale sur le cœur, le sang, ces choses-là,
03:37l'équilibre sur une jambe ou des choses comme ça.
03:40Mais on n'a pas d'enquête sur psychiatrique ou psychologique.
03:46Et justement, je sais que j'ai lu ce matin qu'aux États-Unis,
03:50ils demandent que maintenant, il y ait également une enquête qui soit faite sur la psychologie.
03:55– Sur la santé mentale ?
03:56– Il n'y a rien sur la santé mentale du pilote.
03:58– Il n'y a rien sur la santé mentale.
03:59Vous ne passez des tests de santé mentale que, par exemple,
04:03lorsque vous allez dire « je veux m'arrêter de voler ».
04:06Là, avant de vous dire « vous allez perdre votre licence »,
04:09on va d'abord vous demander d'aller voir un psychologue
04:12pour savoir si vous n'êtes pas en état dépressif ou des choses comme ça.
04:15C'est le seul cas.
04:16Ou sinon, il n'y a pas systématiquement d'analyse psychiatrique.
04:19– Ça rappelle ce qui s'est passé avec la Germanwings.
04:21– C'est exactement ce qui s'est passé avec la Germanwings.
04:24Dans le cas de la Germanwings, attention,
04:26on était avec un gars qui voulait se venger de Lufthansa,
04:30qui était le propriétaire de Germanwings,
04:32et qui a donc dit « non seulement je vais me tuer,
04:35mais en plus, je vais toucher cette compagnie-là ».
04:39– Ulysse Gosset, c'est un drame absolu,
04:42et les raisons de ce crash rajoutent du drame au drame, en quelque sorte.
04:45– Oui, je crois qu'il faut quand même préciser que dans les enregistrements,
04:49le commandant de bord dit « je n'ai pas coupé l'interruption ».
04:53Il dément.
04:54Est-ce que c'est un suicide ou pas ?
04:56Je pense que la question est toujours en suspens.
04:58– En tout cas, c'est un acte volontaire.
05:00On sait qu'il y a quelqu'un qui a éteint les interrupteurs.
05:01– Exactement.
05:02J'ai regardé avec attention comment ça fonctionnait,
05:04et effectivement, il y a deux manettes.
05:06Il faut non simplement la tirer vers l'arrière,
05:09et ensuite la tourner pour dire « on » ou « off ».
05:11Donc il y a deux gestes.
05:14Un en arrière, ensuite on tourne,
05:16et également pour le deuxième.
05:17Donc c'est deux manœuvres différentes.
05:20Donc c'est un acte volontaire, ça on le sait avec certitude.
05:22Pourquoi ?
05:25Et on comprend la panique du copilote.
05:27Alors la question qui est importante aussi ce soir,
05:29c'est que Air India, donc la compagnie touchée,
05:32a fait vérifier tous ces 787 Boeing
05:36pour voir s'il y avait des problèmes sur les interrupteurs.
05:39Et la réponse est non.
05:40Nos ingénieurs ont tout vérifié, tout va bien.
05:42Donc c'est un ouf de soulagement pour Boeing,
05:44vous savez, qui était évidemment une compagnie
05:46qui a eu beaucoup de soucis au cours des derniers mois,
05:48des dernières années.
05:49Donc selon Air India, ce n'est pas la responsabilité
05:52du constructeur qui est en cause.
05:54C'est vraiment un problème humain.
05:56Et la question reste quand même de déterminer
05:58pourquoi il a fait cela.
06:00En tout cas, ce qui est intéressant,
06:01c'est que l'appareil s'est craché à peu près
06:0330 secondes après le décollage.
06:0532 secondes, nous dit Jean, absolument.
06:0732 secondes, ils ont essayé de rétablir quelqu'un.
06:10Est-ce que c'est le copilote ou le commandant de bord ?
06:12On rétablit le carburant sur les deux manettes.
06:14Malheureusement, c'était trop tard et l'appareil s'est écrasé.
06:17Donc il y a eu effectivement 240 victimes,
06:21puisque vous vous souvenez qu'il y a eu un survivant.
06:23Un survivant, un miraculé.
06:24Par contre, il y avait des gens au sol
06:26qui ont péri dans l'accident.
06:28Un dernier mot sur la responsabilité,
06:30parce qu'il y a les assurances qui vont jouer.
06:31S'il est confirmé que le commandant de bord
06:35a voulu délibérément cracher cet avion,
06:40qui est responsable ?
06:41Qui paye ? Comment ça se passe ?
06:42Alors justement, les États-Unis sont demandeurs
06:45à ce qu'il y ait une procédure juridique
06:49pour homicide volontaire.
06:51C'est-à-dire qu'on veut savoir
06:54si c'est un homicide volontaire.
06:56À partir de là, il y a des assurances, effectivement.
06:59Est-ce que c'est la responsabilité de l'employeur ?
07:03Ça, c'est quand même difficile à dire.
07:05Et en ce qui concerne ce que disait Ulysse tout à l'heure
07:08sur la vérification des interrupteurs,
07:10il y avait eu effectivement une note de la FAA
07:14qui date de 2018 disant
07:17« Vérifiez tous les interrupteurs
07:19sur ces différents types de modèles ».
07:21Et là, ça a été fait en Inde.
07:24Rien n'a été décelé.
07:25Ça a été fait également en Australie.
07:28Ça a été fait à Singapour.
07:29Oui, il y a plein de compagnies qui l'ont fait.
07:30Il n'y a eu aucun souci sur ces problèmes.
07:33Un mot pour dire,
07:34beaucoup de frustration chez les familles
07:36et les passagers qui sont décédés
07:37parce qu'en fait,
07:38on ne connaît pas la vraie raison de l'accident.
07:40On y approche quand même.
07:41Le scénario semble quand même se préciser.
07:44Malheureusement.
07:44Merci à tous les deux.
07:45Merci à tous les deux.
07:46Merci à tous les deux.
07:48Merci à tous les deux.
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