00:00Supprimer deux jours fériés, est-ce une piste efficace ? On va en débattre.
00:03Cela rapporterait 4 milliards d'euros au budget de l'État, c'est ce qu'assure François Béroud.
00:08Un Premier ministre ouvert à toutes les idées en a proposé deux jours en particulier. Écoutez-le.
00:14Je propose donc que deux jours fériés soient supprimés pour tout le pays.
00:18Je cite comme exemple le lundi de Pâques qui n'a aucune signification religieuse et le 8 mai.
00:24Voilà, et la suppression de ces jours fériés qui avaient fuité dans la journée, avant le discours même du Premier ministre, a fait réagir l'opposition.
00:32Certains ne veulent pas y croire, comme le député RN de la Somme, Jean-Philippe Tanguy.
00:36Il ne propose rien, sinon la purge sociale et fiscale contre les Français.
00:41Mais alors j'avoue que supprimer deux jours fériés, qu'on a appris cette rumeur dans la journée, je n'y croyais pas.
00:46Parce que c'est tellement le niveau zéro de la politique.
00:49C'est tellement faire payer tout le monde, y compris ceux qui travaillent dur, sans aucun résultat, que je suis, je dois dire, bien consterné.
00:56Et en plus s'attaquer à l'identité de la France en disant le lundi de Pâques, on s'en fiche.
01:00On célébrait la victoire contre le nazisme avec le 8 mai, on s'en fiche.
01:03Mais qui sont ces gens ? Ils auront vraiment tout saccagé, l'économie, l'argent des Français et même la mémoire collective.
01:10Bon, supprimer deux jours fériés, bonne ou mauvaise pioche, Jules Torres.
01:12Moi je n'y vois aucun inconvénient, je pense qu'il faut mettre tout sur la table quand il s'agit de faire des économies.
01:20On a une situation qui est cataclysmique, on a, François Bayrou l'a bien dit, évidemment il a essayé de dramatiser cette situation.
01:27Mais quand chaque seconde qui passe, et c'est le cas aussi quand on est dans cette émission, il y a 5000 euros par seconde de dette en plus.
01:34Bon, ça dit beaucoup de la faillite aujourd'hui de l'État et de l'impératif de réduire notre dépense publique.
01:41Le seul problème, et c'est pour ça que, si vous me le permettez, je vais essayer d'être extrêmement clair,
01:48si on avait un plan global de réduction des déficits publics, si l'émetteur n'était pas François Bayrou.
01:55Parce qu'en réalité, il a quand même contribué à l'élection d'Emmanuel Macron, le Mozart de la finance,
02:00qui a aggravé la dette de 1200 milliards de dettes au jour où on vous parle.
02:06Donc François Bayrou a quand même une responsabilité là-dedans.
02:08Donc c'est vrai qu'il vienne, après 8 ans, après avoir soutenu tous les gouvernements successifs,
02:12après avoir été dans la majorité présidentielle et fait voter tous les textes de loi qu'Emmanuel Macron a voulu faire voter depuis 8 ans,
02:20qu'il vienne nous faire la morale là-dessus, c'est vrai que ça peut paraître un petit peu curieux.
02:23Le problème, c'est qu'on a une situation budgétaire qui est la suivante,
02:27donc il faut tout mettre sur la table.
02:29Et le problème, et on va y venir je crois dans le reste de votre émission,
02:34c'est qu'il omet un certain nombre de sujets, la contribution de la France à l'Union Européenne,
02:38l'immigration, qui permettrait d'éviter d'aller sur les questions de calendrier,
02:43et un choix des jours qui peut être un petit peu contestable.
02:46On se demande par exemple pourquoi le Premier ministre n'a pas choisi de cibler le 1er mai, par exemple.
02:50Oui, qui est la fête du travail, voilà.
02:52Il a choisi le 8 mai, vous l'avez dit, le lundi de Pâques.
02:55Votre sentiment, Nathan Devers, on rappelle en France, on est à 11 jours aujourd'hui de jours fériés, comme l'Italie,
03:01mais l'Irlande par exemple est à 10 et l'Allemagne est à 9,
03:03donc on arriverait à 9 au niveau de l'Allemagne si jamais cette proposition était validée.
03:07Ce qui est, sauf erreur de ma part, le plus petit nombre de jours fériés qui existent en Union Européenne.
03:14Chypre est à 15 et l'Espagne à 14.
03:15Exactement, et la France était déjà dans la moitié inférieure des pays avec le plus de jours fériés par an.
03:21Le problème, je crois, de cette mesure, même si elle répond à une forme d'impératif,
03:26c'est qu'on voit que ceux qui payent l'addition de cette situation budgétaire catastrophique
03:31n'en sont pas les responsables.
03:33Des gens qui travaillent, parfois dans des conditions, comme vous l'avez dit, très dures,
03:37n'ont jamais été responsables du fait que l'État ait fait des dépenses complètement disproportionnées
03:44ces dernières années, ces dernières décennies, mais notamment ces dernières années,
03:47et ce sont eux qui vont en payer l'addition.
03:49Alors, sur la valeur symbolique de ces jours fériés, sur le 8 mai notamment,
03:53il faut quand même peut-être relativiser sur un point,
03:55c'est que quand on voit les commémorations du 8 mai,
03:57on ne peut pas dire qu'il y ait des millions de personnes dans les rues.
04:01Et quand on pose la question, vous avez vu aux jeunes,
04:02qu'est-ce qui se passe le 8 mai 45, qu'est-ce que le 14 juillet, c'est catastrophique.
04:06Il y a peut-être un travail de connaissance de l'histoire,
04:11plus que de se poser la question, c'est lui tout le premier.
04:14Et il faudrait avoir une forme d'indignation sincère,
04:16et ne pas dire que c'est une forme de mutilation de la mémoire historique,
04:20comme le disait Jean-Philippe Tanguy,
04:22je ne suis pas d'accord avec ça, parce que ça ne représente pas ça aujourd'hui pour la population française.
04:25Et saviez-vous qu'entre 59 et 81, le 8 mai n'était pas férié ?
04:29Je vous le rappelle.
04:30Et alors, pourquoi les jours fériés et pas la fin des 35 heures ?
04:33Écoutez ce qu'en pense Christian Saint-Etienne, il est économiste,
04:36il était l'invité de Pierre de Villeneau dans Repinsoir hier soir.
04:39François Bayrou a proposé de supprimer deux jours fériés.
04:44Je trouve que ce n'est pas la bonne façon d'aborder les choses.
04:47J'aurais préféré laisser au terrain la possibilité de prendre les mesures les plus adaptées.
04:53L'erreur initiale, ça a quand même été les 35 heures.
04:56Si on proposait une transformation complète du modèle,
05:01je pense qu'il faudrait passer des 35 heures payées 35 heures,
05:04à 37 heures payées 37,
05:05ce qui représente une augmentation de 5% du pouvoir d'achat,
05:09et qu'au passage, alors ça va faire hurler,
05:11c'est de faire une augmentation de la CSG de 2%
05:14en contrepartie du vote d'une règle d'or constitutionnelle
05:19interdisant le déficit de la protection sociale.
05:22Simple comme bonjour, quand c'est un économiste comme Christian Saint-Etienne
05:25qui l'explique, les 35 heures, voilà !
05:28C'est aussi un problème de ces deux jours fériés,
05:31c'est qu'on a l'impression que c'est des petites rustines
05:32pour une situation budgétaire,
05:35qui est une grosse crevaison,
05:37mais je pense que, je vais répondre à votre question,
05:40mais sur les jours fériés, c'est intéressant,
05:41si on les cumule au RTT et au congé payé qu'on a,
05:45et quand on fait le calcul des jours fériés auxquels les Français ont droit,
05:48les congés payés et les RTT,
05:49là pour le coup, on est les champions d'Europe.
05:51Donc c'est peut-être pas...
05:52Le mois de mai est un mois gruyère,
05:54c'est absolument un mois gruyère,
05:58mais en réalité, et c'est là où c'est intéressant votre question,
06:01c'est que ce qu'on va faire,
06:03c'est qu'on va rajouter 14 heures de travail en plus par an aux Français
06:06pour la même contribution,
06:08puisque quand il y avait des jours fériés, ils étaient payés,
06:10donc en réalité, le débat, c'est sur la productivité,
06:13c'est sur le fait que l'on ne travaille pas assez,
06:15et c'est sans doute ça le débat qu'on aurait dû avoir,
06:18et je m'étonne que François Bayrou n'ait pas lancé ce débat,
06:21puisqu'on a assez dit qu'il s'y prenait en amont,
06:24sur cette question du budget,
06:25normalement les orientations, on ne les a pas le 15 juillet,
06:26on les a à la mi-septembre,
06:28il nous prépare, il nous met en état d'esprit.
06:31Quitte, c'est ce que je dis depuis hier,
06:32quitte à renverser la table,
06:34quitte à être censuré, à risquer une censure,
06:37mais autant renverser la table, autant franchir ce mur,
06:39autant lancer des vrais débats,
06:40un débat sur le travail, un débat sur la productivité,
06:43un débat sur nos entreprises,
06:44moi je pense qu'il ne va pas assez fort,
06:46et c'est sans doute ce qui provoquera sa perte.
06:47On reviendra évidemment sur le risque de censure et sa stratégie,
06:50en attendant, en attendant de verre,
06:51sur l'idée de 35 heures plutôt que des jours fériés.
06:54En fait, ce qui est frappant,
06:55c'est que, quelles que soient ces idées,
06:57les 35 heures, les jours fériés,
06:59les sujets qu'on va probablement aborder dans une minute,
07:02ce sont évidemment toutes des idées qui sont impopulaires,
07:05et qui sont au contraire,
07:06on pourrait dire, à la dynamique sociale
07:08de l'histoire moderne de la France,
07:10qui est plutôt d'aller dans le sens d'une réduction du temps de travail,
07:12de l'acquisition d'un temps de, entre guillemets,
07:15de paresse ou de liberté ou de loisir,
07:17d'épanouissement personnel.
07:18Donc c'est ça qui est frappant.
07:20Sur les 35 heures, comme sur les jours fériés,
07:22comme sur la question des retraites,
07:23comme sur tous ces enjeux-là,
07:24on est en train là d'être contraints
07:26à une régression sociale de l'état du pays.
07:30Est-ce que ce n'est pas inévitable,
07:31finalement, de casser le logiciel
07:32pour repartir sur, entre guillemets,
07:34avec des balles neuves, quelque part ?
07:35Moi, il me semble que ce qui est inévitable,
07:37ce qui aurait dû être inévitable,
07:40c'est de se dire qu'avec une situation sociale
07:43comme la France,
07:44il était irresponsable et fou
07:46quand l'État a été confronté
07:48à des crises et à des menaces
07:49de dépenser autant d'argent
07:51et d'avoir la culture du quoi qu'il en coûte.