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Grégory Allione est député européen Renew, ancien patron du Sdis des Bouches-du-Rhône, ancien président de la Fédération Nationale des Sapeurs Pompiers.

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00:00Bonjour Grégory Allionne.
00:02Oui, bonjour.
00:03Vous êtes député européen Renew, ancien patron des pompiers des Bouches-du-Rhône,
00:06ancien président de la Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers,
00:09Marseille, qui a été menacée par les flammes cette semaine.
00:13On a entendu des témoignages sur RTL encore ce matin sur l'absence des Canadaires
00:18dans les premières heures de l'incendie.
00:21Comment vous l'expliquez ?
00:24Premièrement, je ne pense pas que les Canadaires aient mis autant de temps que ce que vous évoquez.
00:29Je pense que les Canadaires étaient assez rapidement sur les lieux.
00:33Après, vous savez, il y a toujours ce sentiment des populations,
00:36lorsqu'il y a un accident, lorsqu'il y a un événement,
00:39que les pompiers arrivent avec du temps.
00:43J'ai été, moi, parfois témoin d'événements où j'attendais mes collègues,
00:46et c'est toujours très longtemps, trop longtemps.
00:49En revanche, il y a peut-être eu des éléments qui manquent à la population en termes d'éclairage
00:52et à la direction générale d'expliquer ses choix et ses engagements,
00:56parce que c'est une journée où, il faut le rappeler quand même,
00:58les sapeurs-pompiers des Bouches-du-Rhône ont eu à affronter plus de 60 départs de feu quasiment simultanés.
01:04Et parmi ces 60 départs de feu, il y en a 59 qui ont été éteints dans les premières minutes,
01:08évitant des catastrophes aussi.
01:10Et c'est la stratégie française qui dit qu'il faut engager le maximum dans les meilleurs délais,
01:15faire des priorités aux feux naissants,
01:17qui ont permis, ces éléments ont permis d'avoir des résultats.
01:20Et même si j'ai de la compassion pour les gens qui ont perdu leur bien,
01:24qui ont perdu leur maison, et je les comprends,
01:26parce que j'ai eu à vivre ces moments de rencontre avec des gens en détresse qui n'avaient plus rien,
01:32aujourd'hui, il n'y a pas de victimes, il n'y a pas de morts.
01:34C'est un feu qui a été d'une intensité rare,
01:36contre lesquels j'ai eu à lutter.
01:38Ce sont des mégawatts de puissance qui arrivent,
01:41et donc aujourd'hui, c'est dur de dire cela,
01:44mais il faut peut-être aussi relativiser,
01:47certainement tirer des enseignements,
01:48mais surtout relativiser, il n'y a pas eu de morts sur cet incendie
01:51qui était d'une puissance rare.
01:53Évidemment, on vous entend,
01:55mais est-ce que vous pouvez nous éclairer sur la prise de décision ?
01:59Qui décide ? Comment on décide d'envoyer des Canadaires sur le front des flammes ?
02:05Non, aujourd'hui, vous essayez de revenir à ce coup de gueule
02:08que j'ai poussé il y a quelques jours sur Ici Provence.
02:12Moi, aujourd'hui, ce que je pense, c'est qu'il faut revenir à la réalité.
02:15Vous savez, lorsque vous êtes militaire, lorsque vous êtes pompier,
02:18lorsque vous êtes agriculteur, lorsque vous êtes soignant,
02:21vous faites partie de celles et ceux qui ont les mains,
02:23finalement, dans le cambouis, qui sont confrontés à la réalité.
02:25Moi, j'en appelle à cette règle du bon sens paysan,
02:29de revenir au pragmatisme.
02:30Et oui, aujourd'hui, et cela fait des années que je le dis,
02:33notre direction générale devrait être une direction générale
02:35de métier, c'est-à-dire avec des gens qui ont vécu le feu,
02:38qui ont connu le feu, qui ont géré des crises,
02:40qui font d'eux-mêmes l'ensemble des éléments
02:43qui font que vous êtes gestionnaire de crise.
02:45Ça fait partie des éléments que je dis.
02:47Donc, aujourd'hui, je pense qu'on est avec des éléments de décision,
02:52parfois, qui sont déconnectés de la réalité.
02:54Il faudrait plus de pompiers dans les services, justement, de décision ?
02:57Oui, parce que je pense que les sapeurs-pompiers,
03:02quels qu'ils soient, de tous leurs grades,
03:04vivent des événements qui font qu'ils structurent un mode de pensée.
03:09Je fais partie de ceux qui pensent que,
03:13dans des éléments de décision,
03:14il faut des gens qui ont vécu les choses
03:17pour bien les appréhender, bien les connaître,
03:19mieux les mesurer.
03:20Parce que, vous savez, il est toujours très difficile.
03:23Il y en a souvent discuté avec d'autres corps de métier,
03:26avec notamment les gens qui servent la justice.
03:29Le temps de la décision sur une opération,
03:32c'est quelques minutes,
03:33avec des éléments conjoncturels
03:35qui sont des éléments d'analyse, d'une part,
03:38des fondements d'expérience, par ailleurs,
03:41mais aussi, vous avez le bruit,
03:42vous avez les odeurs,
03:44vous avez les gens autour de vous,
03:45et vous prenez une décision dans des minutes
03:48qui sont consacrantes pour le restant de l'opération.
03:50Et tant que vous n'avez pas vécu ça,
03:51c'est complexe de pouvoir finalement appréhender
03:55les situations opérationnelles que l'on a à vivre en ce moment
03:57face au défi du dérèglement climatique
03:59et face à la puissance des éléments que l'on a à vivre.
04:02Oui, on a entendu aussi votre prise de parole
04:05au Parlement européen,
04:06car on le rappelle, vous êtes député européen,
04:09et vous en êtes pris à tous ceux
04:10qui nient le dérèglement climatique,
04:14qui nient ces canicules à répétition,
04:18ce réchauffement climatique.
04:20Ça aussi, ça vous agace qu'on ne prenne pas conscience
04:23de l'urgence ?
04:26Oui, j'en ai assez de ce double discours.
04:27Vous savez, moi, ça fait un an,
04:29maintenant que je suis en politique,
04:31je suis plutôt quelqu'un de pragmatique et d'opérationnel,
04:34et ce n'est pas ma carrière.
04:35Je dis les choses telles que je les perçois et les sens,
04:38comme je l'ai toujours fait.
04:39Et moi, aujourd'hui, j'en ai assez de ce double langage
04:42qui consiste à dire un jour,
04:44je suis contre, finalement,
04:45lutter contre les causes du dérèglement climatique,
04:48et le lendemain, venir sur le front des incendies,
04:50saluer l'action des sauveteurs, des secouristes,
04:53des forces de sécurité,
04:54de dire, il faut plus de moyens, etc.
04:57C'est finalement un double langage,
04:58parce que si on veut lutter contre les dérèglements climatiques,
05:01il faut lutter contre les causes,
05:02mais aussi mettre les moyens pour lutter contre les conséquences.
05:06Et les conséquences, ce sont nos concitoyens
05:07qui les vivent au quotidien,
05:08ce sont les gens qui perdent tout lorsqu'il y a des inondations,
05:11ce sont des gens qui perdent tout lorsqu'il y a des tempêtes,
05:13et on l'a connu sur notre territoire,
05:14et ce sont des gens qui perdent tout lorsqu'il y a des incendies.
05:17Donc il ne faut pas avoir ce double langage,
05:18il faut avoir une action politique,
05:20je dirais, complémentaire,
05:22mesurée, c'est certain,
05:23et donc ça appelle forcément un discours de responsabilité,
05:26et pas nécessairement de populisme.
05:27Vous savez, dernièrement,
05:28j'ai encore entendu des gens qui trouvaient des solutions,
05:31Marine Le Pen qui trouve une solution
05:32pour le déficit, comment s'appelle, de notre pays,
05:35pour trouver 40 milliards,
05:36qui dit qu'il ne faut plus contribuer à l'Union Européenne.
05:39Et c'est le premier parti
05:40qui bénéficie finalement d'argent européen,
05:42et qui en plus le détourne.
05:43Donc vous voyez, ce double langage,
05:44il est perturbant pour moi.
05:46Revenons au moyen, si vous le voulez bien,
05:47parce que je voulais qu'on aborde tout de même la question.
05:49Est-ce qu'on est assez équipé, nous, en France ?
05:51On a donc 12 Canadair,
05:538 avions Dash et 3 Beechcraft,
05:55pour être précis, Grégory Aion.
05:57Est-ce que c'est une flotte suffisante ?
05:59Aujourd'hui,
06:02soyons finalement dans les faits,
06:04ce qui s'est passé,
06:05c'est que depuis 2017,
06:06il y a eu un renforcement de la flotte de nos appareils.
06:09Il y a eu l'acquisition de 6 avions Dash
06:11avec une capacité de 10 000 litres.
06:14Aujourd'hui,
06:15et grâce à la présence française de l'Union Européenne en 2022,
06:17on a des avions qui peuvent arriver
06:19avec une difficulté technique.
06:21C'est qu'aujourd'hui,
06:22il y a un monopole sur la fabrication
06:24de l'avion bombardier d'eau amphibie,
06:26que l'on appelle le Canadair,
06:28qui est une marque.
06:29Et aujourd'hui,
06:30cette difficulté technique
06:32nous empêche d'avoir ce renforcement
06:34avec les deux appareils qui pourraient arriver.
06:35Donc,
06:36si on devait renforcer notre flotte,
06:39il s'agit à minima
06:40d'avoir 3 noriats de 4 Canadair
06:43pour assumer ce que l'on a assumé.
06:46Ces Canadair-là,
06:47il faut les fabriquer.
06:49Outre-Atlantique,
06:50je pense que,
06:51et j'ai une inquiétude personnelle,
06:52technique,
06:53c'est qu'au regard du dérèglement climatique,
06:55le Canada,
06:55comme les Etats-Unis,
06:56sont soumis à des feux régulièrement.
06:58Ils vous en font la chronique
06:59tout au long de l'année.
07:01Donc,
07:01si je devais reprendre
07:02ce que nous avons vécu
07:03avec la crise du Covid,
07:04lorsque nous avons eu la crise du Covid,
07:06les masques,
07:07ils ne sont pas arrivés en Europe au début.
07:09Ils sont arrivés en Europe
07:10une fois que la Chine
07:11avait été servie par ses propres masques.
07:13Donc,
07:13j'ai le même raisonnement
07:14sur les Canadair,
07:15ce qui veut dire que je promeux
07:16et le gouvernement a pris
07:18des décisions importantes
07:19avec également,
07:20avec France 2030,
07:22avec la région Sud
07:22et il y a d'autres projets
07:23que ce soit en France,
07:25en Italie ou ailleurs,
07:26on a capacité
07:27à fabriquer des avions bombardiers d'eau
07:30soit avec des projets,
07:31des start-up
07:31qui ont des projets innovants
07:33et qui nous permettront
07:34de faire face,
07:35soit avec des avions
07:36qui pourraient être,
07:37je dirais,
07:37redestinés,
07:38c'est-à-dire qu'on a des avions
07:39de type ATR
07:40qui font du transport
07:41de passagers en ce moment,
07:42par exemple,
07:42entre le continent
07:43et la Corse
07:44qui pourraient être transformés
07:45en avions bombardiers d'eau
07:46amphibie
07:47ou en avions bombardiers d'eau
07:48terrestres
07:49pour larguer
07:497500 litres d'eau
07:51sur nos feux.
07:52On a des capacités
07:53de travailler cela
07:54très rapidement
07:55et je ne vous parle pas
07:56d'échéances
07:57à 2030
07:58ou à 2035,
07:59je vous parle d'échéances
08:00à 2027,
08:012028
08:01et avec des projets aussi
08:02qui pourraient arriver
08:03dans les années 2030.
08:04Donc,
08:04c'est des choses
08:05que l'on pourrait faire
08:06très rapidement
08:06et on a une solution aussi
08:08qui s'est déployée
08:09en 2022,
08:09je n'en étais pas
08:10totalement convaincu
08:11mais aujourd'hui,
08:12l'A400M
08:13pourrait utiliser son kit
08:15qu'il a expérimenté
08:16cet hiver
08:17à Madrid
08:18et très récemment encore
08:19sur la base aérienne
08:20de la sécurité civile.
08:21Les largages de l'A400M
08:22avec du produit retardant
08:24sont efficaces
08:24dorénavant.
08:25C'est plus de 20 tonnes
08:26de retardant,
08:27on pourrait le tester
08:28cet été
08:29avec un avion
08:30soit des forces armées
08:31françaises,
08:31soit un appareil
08:33qui appartient
08:34aux forces armées
08:34européennes
08:35et tester cet appareil-là
08:37pour renforcer ponctuellement
08:38les forces de sécurité civile.
08:40On l'entend bien,
08:41il y a des solutions.
08:42Merci Grégory Allion,
08:44député européen
08:45Renew,
08:46ancien patron
08:46des pompiers
08:47des Bouches-du-Rhône,
08:48ancien président
08:49de la Fédération Nationale
08:51des Sapeurs-Pompiers.
08:52Merci d'être venu témoigner
08:54dans RTL Matin Week-end.
08:55Sous-titrage Société Radio-Canada

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