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  • il y a 5 mois
S'agit-il d'un rebondissement dans l'affaire Jubillar ? A deux mois de son procès pour le meurtre de Delphine, son épouse disparue en décembre 2020, on apprend que Cédric Jubillar aurait reconnu l'avoir tuée. Des propos rapportés par une nouvelle compagne, rencontrée en prison. Des déclarations à prendre avec précaution, car ce n'est pas la première fois que l'on prête à Cédric Jubillar de prétendus aveux. Alors que celui-ci clame son innocence, nous avons enquêté sur les éléments qui accusent l'ex-mari de la jeune infirmière et le mobile qui aurait pu pousser Cédric Jubillar à faire disparaitre son épouse. Un long format Ligne Rouge signé Fanny Regnault, Nicolas de Labareyre, Fanny Morel, Simon Terrassier et Manuela Braun.

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Transcription
00:00C'est l'histoire d'une improbable amitié.
00:06D'un côté, cet ancien policier.
00:10De l'autre, un homme au cœur d'une très mystérieuse et retentissante affaire de disparition.
00:16Au volant, Cyril Mardincker.
00:20Il y a 8 ans, alors qu'il joue en ligne sur son téléphone,
00:23il est contacté par hasard par un autre joueur.
00:25Un Français, un certain Cédric Jubilat.
00:30Au fur et à mesure que nous avons joué ensemble, on a sympathisé via les réseaux.
00:37Et puis ensuite, on a commencé à s'appeler, hors téléphone, puis en visio.
00:44Et petit à petit, il a pris l'habitude de me raconter sa vie.
00:48C'était quelqu'un qui était assez seul, au fond.
00:54Au fil des années, Cédric Jubilat se confie.
00:57Raconte ses déceptions, décrit le couple qu'il forme avec Delphine.
01:03Une relation de confiance se noue entre les deux hommes, mais en décembre 2020, tout bascule.
01:11Je suis dans mon salon, on est en train de manger.
01:15J'ai BFM TV en fond.
01:17Et là, je vois apparaître disparition d'une femme, Delphine Jubilat.
01:21Et je vois la photo de Delphine à l'écran.
01:24Donc, dans la foulée, bien évidemment, je prends contact avec Cédric.
01:29D'abord, j'essaye de l'appeler, il ne répond pas.
01:30Ensuite, je lui fais un message par Messenger.
01:35Et là, il me répond.
01:36Il me répond un truc du genre, oui, c'est horrible.
01:41Cyril et Cédric continuent leurs échanges jusqu'à l'incarcération de ce dernier, deux mois plus tard.
01:47En prison, Cédric Jubilat aurait raconté à un co-détenu avoir tué sa femme.
01:53Mais pour l'ancien policier, son ami est incapable de commettre le crime parfait dont il se vante.
01:59Il n'aurait fait que se construire un personnage, celui d'un tueur à l'intelligence hors normes, capable de tromper les enquêteurs.
02:08Je me dis qu'il n'est pas capable matériellement d'avoir pu monter toute cette affaire et de ne pas se faire prendre.
02:16Comme il était mis sous le feu des projecteurs et que c'est ce qu'il a toujours voulu en soi, depuis qu'il est enfant,
02:23il s'est retrouvé grisé par cette notoriété nouvellement acquise, tombé du ciel.
02:28Il a un comportement qui est surtout revanchard.
02:29J'étais Cédric Jubilat que personne ne connaissait, que personne ne voyait.
02:33Aujourd'hui, je suis Cédric Jubilat. Je suis la personne que toute la France connaît.
02:38Cette version, celle d'un homme en mal de notoriété empêtré dans ses mensonges,
02:43se heurte frontalement à un autre récit.
02:46Celui de Justine, dernière compagne de Cédric Jubilat, avec qui il a entretenu au parloir une relation de plusieurs mois, à partir de l'automne 2024.
02:58Voici ce qu'elle raconte dans les colonnes du Parisien.
03:02Il m'a dit avoir étranglé Delphine et a même imité sur moi le geste.
03:09Il s'est placé dans mon dos, il a posé une main sur mon front et fait une clé de coude avec l'autre bras disponible.
03:16Il m'a expliqué avoir caché le corps sur une exploitation agricole.
03:20Il connaissait ce lieu depuis un mois.
03:22Il m'a fait comprendre qu'il avait eu le temps de préparer le lieu où il l'a enterré
03:25et qu'il s'était servi pour cela d'une pioche.
03:28Pas le soir même, mais bien avant.
03:35Qui est vraiment Cédric Jubilat ?
03:38Un homme accusé à tort ?
03:41Un affabulateur ou un dangereux tueur ?
03:44Les enquêteurs ont tout tenté pour obtenir des aveux.
03:48En vain.
03:48Une chose est certaine, dès le début de l'affaire en décembre 2020,
03:55il a été le suspect numéro un.
04:00Toujours aucune trace ce matin de cette mère de famille de 33 ans
04:04disparue il y a pratiquement une semaine à Cagnac-les-Mines dans le Tarn.
04:10De nouvelles perquisitions aujourd'hui au domicile de Delphine Jubilat.
04:14Perquisitions en présence du mari de la jeune femme
04:16et pour l'occasion la gendarmerie avait fait appel à l'IRCGN,
04:20l'Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale.
04:23Les hélicos qui tournent et les gendarmes qui tournent,
04:25on ne sait rien, il n'y a rien qui filtre,
04:28mais on les voit en permanence.
04:31Delphine ne serait jamais partie sans ses enfants.
04:33Jamais.
04:36Ce coup de théâtre dans l'affaire Delphine Jubilat.
04:39Son mari a été interpellé ce matin.
04:41Les enquêteurs auraient mis en évidence des incohérences
04:44dans le récit du drame ainsi qu'un possible mobile.
04:47Monsieur Cédric Jubilat a été mis en examen
04:49pour un homicide volontaire par conjoint.
04:53A chaque fois que la justice a trouvé un coupable
04:55avant de le chercher, elle a commis une erreur judiciaire.
04:58Il s'est mentiré, il s'est très bien mentiré.
05:00S'il était capable de faire ça, il est capable de jouer avec les flics.
05:03Ils n'ont toujours pas de traces de sang,
05:05ils n'ont toujours pas de scènes de crime,
05:06ils n'ont toujours pas de corps.
05:08Ils n'ont rien.
05:09Cagnac-les-mines, 2500 habitants.
05:23Une commune rurale sur les hauteurs d'Albi.
05:26Ce 15 décembre 2020, Delphine Jubilat est en congé.
05:45Cette infirmière de nuit peut enfin souffler un peu
05:48alors que le pays sort avec précaution
05:51de la deuxième vague du Covid.
05:52Les mesures de confinement laissent place au couvre-feu.
06:00Un Noël presque normal approche.
06:03Delphine Jubilat avait déjà programmé les fêtes de fin d'année.
06:07Tout était calé avec sa famille.
06:08Elle avait des rendez-vous un peu plus tard aussi,
06:12notamment à la banque.
06:15Un Noël comme les autres.
06:16Un Noël auprès de ses bébés, à la maison.
06:20Elle avait acheté les cadeaux ?
06:24Oui, elle a vint ça.
06:26Elle a tout calculé déjà.
06:32Aucun signe d'un comportement étrange.
06:37Avec Amy, elles étaient très proches.
06:40Elles se sont rencontrées il y a quelques années
06:42à l'école de la commune
06:43où leurs enfants sont scolarisés.
06:45La jeune femme a accepté pour la première fois
06:49de nous raconter ce qu'elle sait sur l'affaire.
06:53Du jour précédant la disparition,
06:55un mardi,
06:56elle se souvient des messages
06:57qu'elles ont échangés
06:58à propos de leur petit rituel entre copines.
07:00Il y a eu le texto du café
07:04où j'ai dit que ça serait bien
07:06qu'on se fasse un petit café
07:07pour qu'on puisse discuter.
07:09Et sur le groupe,
07:11elle a dit oui,
07:13elle était contente.
07:14Donc c'était le café du matin
07:16qui était prévu pour le jeudi.
07:21Mais Delphine disparaît
07:22dans la nuit du mardi au mercredi.
07:24Pour retracer ce qui s'est passé ce soir-là,
07:29les enquêteurs disposent des déclarations
07:31de Cédric Jubilard,
07:32le mari de Delphine,
07:34et de celle de leur fils aîné,
07:35Louis, alors âgé de 6 ans.
07:41Cédric Jubilard dit que c'était une soirée
07:43tout à fait normale,
07:44cool, bien passé, un petit repas.
07:49Il explique que Delphine et leur fils
07:51vont regarder la télévision
07:52pendant que lui va jouer à des jeux
07:54sur son téléphone.
07:56Il explique qu'il va aller promener
07:58les chiens,
07:59qu'il va fumer à l'extérieur de la maison
08:01et puis qu'il va aller se coucher
08:02vers 22h30 à peu près,
08:03dans la mesure où il doit se lever
08:05le lendemain à 6h ou 6h30
08:06pour aller travailler.
08:11Le petit garçon va au lit
08:12un peu plus tard.
08:14Il décrit avec précision
08:16le dernier numéro de l'émission
08:18de Télé Crochet,
08:19La France a un incroyable talent,
08:21qu'il a regardé avec sa mère
08:23ce soir-là.
08:25Il se termine
08:26à 22h59.
08:30Tout se joue donc
08:32dans un créneau de 5h.
08:34Car à 4h pile,
08:36en pleine nuit,
08:37le mari de Delphine envoie
08:39un message groupé
08:39aux copines de sa femme.
08:42Delphine a disparu.
08:43Je l'ai appris par Cédric
08:46sur le groupe
08:47qu'il avait créé
08:47pour son anniversaire.
08:49Surprise.
08:50Il nous dit tout simplement
08:51qu'elle n'est plus à la maison.
08:53Si elle est chez l'une d'entre nous,
08:55qu'on le lui dise.
08:56« Coucou.
09:00Quelqu'un a vu Delphes ?
09:02Je la cherche partout.
09:05Je veux juste savoir
09:06si tout va bien.
09:07Elle est chez toi ? »
09:10Deux amis lisent alors
09:11ce message.
09:14Elles lui répondent en privé
09:16que Delphine n'est pas chez elle.
09:19Neuf minutes
09:20après cette première alerte,
09:22Cédric Jubilard
09:23téléphone au gendarme.
09:24Il pleure.
09:27C'est un homme en panique.
09:30C'est un homme en panique
09:31qui appelle la gendarmerie.
09:33Alors il dit
09:33qu'il vient de faire
09:34le tour de la maison
09:35et qu'elle n'est plus là.
09:36Qu'il a essayé
09:37de la joindre
09:38à plusieurs reprises.
09:39C'est une conversation
09:40assez rapide.
09:43Il signale que sa femme
09:44a disparu.
09:45Ce n'est pas habituel.
09:47Il signale également
09:48qu'ils sont en instance
09:49de divorce.
09:50Mais d'après lui,
09:51ça se passe bien.
09:51Deux gendarmes
09:54se présentent
09:55à leur domicile
09:56à 4h50.
09:59Cédric Jubilard
10:00les reçoit
10:00en pyjama panda.
10:03Premier coup d'œil,
10:05succès dans la maison.
10:06Tout se passe bien.
10:07Pas de scène de lutte.
10:10Sur Cédric Jubilard,
10:11il n'y a pas de traces
10:12de blessures non plus.
10:13Tout paraît en ordre finalement.
10:14Les gendarmes inspectent
10:19les environs.
10:23Au petit matin,
10:25aucune trace de Delphine.
10:27Son mari a tenté
10:29de la joindre
10:29près de 200 fois.
10:32Vers 8h,
10:33il se rend à la gendarmerie
10:35pour faire sa déclaration
10:36de disparition inquiétante.
10:39C'est sa première audition.
10:40Cédric Jubilard
10:44va expliquer
10:45qu'il se réveille
10:46aux environs
10:46de 3h30 du matin
10:48parce que sa petite-fille
10:50est en train de crier
10:52parce qu'elle aurait perdu
10:53la tétine.
10:54Donc, elle pleure.
10:55Delphine n'est pas
10:56dans le lit avec lui.
10:57Donc, il va aller
10:58dans le salon.
10:58Il va constater
10:59qu'elle ne s'est pas endormie
11:00comme elle le fait parfois
11:01sur le canapé
11:02en regardant la télévision.
11:04Il explique
11:05avoir fait le tour
11:06de la maison,
11:07avoir regardé dehors,
11:08avoir constaté
11:09que les chiens sont
11:10à l'extérieur,
11:11ce qui n'est pas habituel
11:12puisque la nuit,
11:13ils étaient placés
11:14dans le garage,
11:15surtout l'hiver.
11:17Donc, tout de suite,
11:18ce détail
11:19ouvre une piste.
11:21C'est-à-dire
11:21que peut-être,
11:22Delphine serait allée
11:24promener les chiens
11:25à l'extérieur
11:26et puis elle aurait
11:28peut-être fait
11:29une mauvaise rencontre.
11:32Une hypothèse
11:33qui intrigue
11:34les gendarmes.
11:35Car leur enquête
11:36de voisinage
11:37leur apprend vite
11:38que dans le quartier,
11:39on ne voyait jamais
11:40Delphine promener
11:41les chiens.
11:45Michel peut en témoigner.
11:48Sa maison
11:48est la plus proche
11:49de celle des Jubilards.
11:52Moi, ça me surprend
11:53beaucoup
11:53parce qu'elle
11:55ne s'en occupait pas
11:55des chiens.
11:56C'était Cédric
11:57qui s'en occupait.
11:59On ne l'a jamais vue
12:00sortir les chiens
12:00seuls le jour
12:02et ça m'étonnerait
12:03qu'elles sortent
12:04la nuit.
12:06Tout en plus
12:07depuis que
12:08la chienne
12:09avait fait des petits,
12:10je pense que
12:12les chiens
12:13n'en avaient
12:13par-dessus la tête.
12:17Pourquoi cette piste
12:18improbable ?
12:20Les enquêteurs
12:20se méfient très vite
12:21des déclarations
12:22de Cédric Jubilard.
12:24Ils essaient
12:25d'en savoir plus
12:26sur le couple.
12:26Les gendarmes
12:28nous ont questionné
12:29peut-être
12:304 ou 5 heures
12:31mais
12:32on ne sait rien.
12:35Le soir,
12:36quand les portes
12:38sont fermées,
12:38ce qui se passe
12:39derrière,
12:39on ne sait pas.
12:42Les gendarmes
12:43gardent à l'œil
12:44le mari de Delphine.
12:47Mais dans l'urgence,
12:49ils fouillent
12:49cagnac les mines,
12:51les jardins,
12:52les puits,
12:53les fossés.
12:55Chaque habitant
12:55ont presque
12:56à droit
12:57à sa petite visite.
13:05Pendant ce temps,
13:07l'inquiétude
13:07monte petit à petit
13:08chez les amis
13:09de la disparue.
13:12Un procès retentissant
13:13vient alors
13:14de s'achever
13:15à l'autre bout
13:15de la France.
13:17Il est dans
13:17toutes les têtes.
13:19Une d'entre nous
13:19m'appelle
13:20en me parlant
13:21de l'affaire Daval.
13:23Oula, ouais !
13:24Là, je commence
13:25un peu à paniquer.
13:25et à me dire
13:26que ça ne se passe
13:28qu'à la télé.
13:29Ça ne peut pas
13:30se passer chez nous.
13:33Pour nous,
13:34elle était sortie.
13:34Elle s'était fait mal.
13:36Il fallait aller
13:36la sortir.
13:38Peut-être qu'elle
13:38était dans un ravin.
13:39Je ne sais pas.
13:42Après le travail,
13:43on a dit
13:44que la lampe frontale
13:45est là.
13:45On y va.
13:46On va la chercher.
13:47C'est en arrivant
13:48devant chez elle
13:49que les gendarmes
13:51nous ont dit
13:51que vous allez
13:53être vous aussi
13:54auditionnés.
13:57Delphine Jubilard
13:58est-elle partie
13:59volontairement ?
14:00A-t-elle été enlevée ?
14:02A-t-elle eu un accident ?
14:04Les gendarmes
14:05vont envisager
14:06toutes les pistes,
14:07mais celle
14:08qu'ils privilégient,
14:09c'est celle
14:10de son mari,
14:11car ils savent
14:12que Delphine
14:12s'apprêtait
14:13à refaire sa vie.
14:29Cédric et Delphine Jubilard,
14:32c'est l'histoire
14:33d'un couple ordinaire.
14:38Une rencontre
14:39au sortir de l'adolescence
14:40lors d'une soirée
14:42d'anniversaire.
14:43Elle est encore
14:44au lycée,
14:45lui est apprenti
14:46dans le bâtiment.
14:47C'est un amour
14:48très jeune,
14:49presque un premier
14:50amour pour les deux
14:51et aussi une vie
14:54qui va assez vite.
14:56Ils s'installent
14:56assez vite ensemble,
14:57il y a aussi
14:58ce mariage
14:58très classique
14:59où clairement
15:00on sent
15:01qu'ils ont envie
15:02de montrer
15:02leur bonheur
15:03à tout le monde.
15:06Je crois
15:07que Cédric Jubilard
15:08est assez
15:09fière d'être
15:09avec une jeune femme
15:11comme Delphine
15:12qui est jolie,
15:13qui a un métier sérieux,
15:15qui est très douce.
15:17Lui a une personnalité
15:18un peu plus débordante,
15:20il est un peu plus exubérant,
15:22beaucoup dans la provocation.
15:23Et c'est vrai
15:24que pour beaucoup
15:24c'était un couple
15:25un peu détonnant
15:26mais qui semblait fonctionner.
15:31Pour les enquêteurs
15:32qui découvrent le profil
15:34de Cédric Jubilard,
15:35c'est une évidence.
15:38Le jeune homme a l'art
15:39de se faire remarquer.
15:40Il consomme beaucoup
15:47de cannabis
15:48et ne s'en cache pas.
15:50Il se brouille aussi
15:51régulièrement
15:52avec ses voisins.
15:53Dans ce quartier
15:54où le couple
15:55a vécu
15:55les premières années,
15:57plusieurs d'entre eux
15:57témoignent
15:58hors caméra
15:59de son tempérament
16:00bien trempé.
16:01Pour l'anecdote,
16:02selon eux,
16:03il a même laissé
16:04ses traces de main
16:05du cambouis
16:06étalé sur le mur
16:07de sa voisine
16:08avec qui il était
16:09en conflit.
16:11Une réputation
16:12de forte tête
16:13que confirme
16:14un ancien collègue
16:15que nous avons joint
16:16par téléphone.
16:20Oui.
16:21Oui, bonjour, monsieur.
16:23Oui.
16:24Cet homme
16:25a travaillé
16:26sur des chantiers
16:26avec Cédric Jubilard
16:28tous les jours
16:29pendant plusieurs années.
16:31C'est un gros fanfaron.
16:32C'est quelqu'un
16:33qui a un bordu
16:34quelque part.
16:35Il a un sale caractère.
16:37Je trouve adorable
16:38après, franchement.
16:40Je crois que j'en ai
16:40besoin.
16:41Il était là aussi.
16:42Il n'a pas que
16:43des mauvais côtés.
16:44En fait, c'est quelqu'un
16:45qui est gentil
16:46avec les amis
16:46qui le respectent.
16:47Si on ne le respecte pas,
16:48il peut être très mauvais.
16:49Même un client,
16:50il était capable
16:51de l'insulter.
16:53Au fil du temps,
16:55Cédric Jubilard
16:55s'est confié
16:56à son collègue
16:57sur son passé.
16:59Sa mère l'a eu très jeune.
17:00Il a été placé
17:01en famille d'accueil
17:02une partie de son enfance.
17:04C'était quelqu'un
17:05qui avait souffert
17:05dans sa jeunesse,
17:06qui avait appris
17:06à se débrouiller tout seul.
17:08Il voulait montrer
17:08à sa mère
17:08qu'il pouvait réussir
17:09sa vie sans elle.
17:10C'était un peu
17:11une romance de la vie.
17:13Il voulait montrer
17:13aux gens
17:13qu'il était loin
17:14d'être bête.
17:16Ce besoin de reconnaissance,
17:18il le comble
17:19en fondant sa famille.
17:27Le mariage des Jubilards
17:28en 2013
17:29a d'ailleurs laissé
17:31un souvenir particulier
17:32à Béatrice.
17:34Elle a travaillé
17:35en binôme
17:36avec Delphine
17:36pendant 10 ans,
17:38deux nuits
17:38à la clinique d'Albi.
17:42On était quatre collègues
17:44à avoir été invités.
17:46Elle était belle,
17:47elle était épanouie,
17:49elle était jolie
17:50comme un cœur.
17:53Et son mari,
17:54comment vous l'avez trouvé ?
17:55Normal.
18:03C'est quelqu'un,
18:04il faut que je me montre,
18:05il faut que, voilà.
18:06Je suis là,
18:07j'existe.
18:09Arrivée à son mariage
18:10avec une Ferrari,
18:13sachant que vous faites
18:14un mariage
18:14avec 25 personnes.
18:19Le couple a deux enfants.
18:21Delphine s'épanouit
18:25dans son rôle de mère.
18:26C'était une maman
18:29formidable,
18:30c'était quelqu'un
18:32qui aimait ses enfants,
18:35qui adorait ses enfants,
18:36qui aurait tout fait
18:37pour ses enfants.
18:38Elle faisait des gâteaux,
18:39elle nous disait
18:40j'ai fait ci,
18:41j'ai fait là.
18:43Ses enfants,
18:44c'était sa vie.
18:47La jeune infirmière
18:48fait l'unanimité
18:49dans son entourage.
18:53C'était un amour,
18:54j'ai passé des nuits
18:55avec elle,
18:56à rire,
18:57et pourtant le travail
18:59était dur parfois,
19:01mais on a vécu
19:02beaucoup de choses ensemble.
19:07C'est une personne
19:08qui a la joie de vivre,
19:09elle aime ses bébés,
19:10elle aime ses copines,
19:11elle aime son boulot
19:13plus que tout aussi.
19:13une personnalité
19:24à la fois lumineuse
19:26et secrète.
19:28Elle évoque très peu
19:29sa vie de couple
19:30avec ses amis.
19:30sa cousine Malorie
19:34est l'une des rares
19:35à qui elle se confiait
19:36parfois.
19:37En 2018,
19:38j'ai passé une soirée
19:39avec elle,
19:40on était partis
19:41dans un bar-café,
19:42dans un café-club,
19:43quoi,
19:44et puis à un moment,
19:45je lui ai posé la question,
19:46je disais,
19:46et toi,
19:47ça va toi dans ton couple
19:48en ce moment ?
19:49Et elle me dit
19:50non,
19:50ça va pas,
19:51j'ai envie de divorcer.
19:56Au cœur des frictions,
19:58cette maison
19:59que Cédric Jubilard,
20:01artisan plaquiste,
20:02avait promis
20:03de construire lui-même.
20:05Cela fait presque 10 ans
20:06que les travaux traînent.
20:09La piscine dont il parlait,
20:11plus personne n'y croit.
20:14À la place,
20:14dans le jardin,
20:15de la ferraille,
20:17des jouets abandonnés,
20:19un chantier jamais achevé.
20:23Delphine est exaspérée.
20:26C'est vrai que cette maison
20:27détonne complètement
20:28dans le lotissement
20:29de Cagnac-les-Mines
20:30et semble avoir cristallisé
20:33beaucoup de tensions
20:34dans le couple.
20:35À l'évidence,
20:35ça n'est pas le seul motif
20:37de la séparation,
20:38mais en tout cas,
20:39c'est la partie émergée,
20:40je dirais,
20:41de l'iceberg.
20:44Elle en avait marre,
20:44tout simplement,
20:46de la maison
20:46qui n'avançait pas
20:47et de son mari,
20:48c'est elle qui rapportait
20:50l'argent,
20:50c'est elle qui habillait
20:52les enfants,
20:53c'est elle qui payait
20:54le crédit de la maison,
20:56qui payait tout, quoi.
20:57En plus,
20:57elle s'occupait des enfants,
20:59je me rappelle
20:59qu'elle le disait souvent.
21:00Elle disait,
21:01à la maison,
21:02j'ai trois enfants.
21:03Delphine lui reproche
21:04de ne pas tenir ses engagements
21:06au niveau professionnel,
21:07de ne pas avoir de CDI.
21:08Le couple vacille un petit peu
21:09et c'est à ce moment-là
21:11que Delphine rencontre
21:12celui qui va devenir
21:13son amoureux
21:14à partir de l'été 2020.
21:18Car Delphine a un amant
21:19au moment de sa disparition.
21:22Cette relation s'est nouée
21:23sur un site de rencontre
21:24sur lequel la jeune femme
21:26s'est inscrite.
21:27C'est d'abord
21:29une relation épistolaire
21:30qu'ils installent.
21:31Ils échangent des messages
21:32pour apprendre un peu
21:33à se connaître
21:34et puis des rencontres
21:34ont lieu.
21:36Puis cette relation sentimentale
21:37gagne en intensité.
21:38Ils s'écrivent matin,
21:40midi, soir,
21:41même la nuit.
21:43C'est une sorte de fièvre amoureuse
21:44qui s'est emparée d'eux.
21:48Vous aviez remarqué
21:49un changement de comportement ?
21:50Est-ce qu'elle faisait
21:52plus attention à son apparence ?
21:53Ah oui, ça par contre, oui.
21:55C'est à dire ?
21:56Ça, c'était la petite poupée.
21:59Je lui dis, t'as maigri.
22:00Oui, oui, je lui dis, sport.
22:02Vous voyez,
22:02un petit changement quand même
22:04de la femme qui était
22:07que je suis juste bien dans ma vie.
22:09Et voilà, à la femme,
22:10ça y est, déterminée.
22:11Ça y est, là, je suis bien.
22:12Je reprends ma vie en main, quoi.
22:15Delphine dit à son mari
22:16qu'elle veut qu'il se sépare
22:18au cours de l'été 2020.
22:20Et il n'est pas d'accord.
22:24Il n'arrêtait pas
22:24de lui crier son amour
22:26par message interposé.
22:27Il a essayé par tous les moyens
22:28de la récupérer.
22:28Il a jusqu'à la surveiller,
22:30à la géolocaliser.
22:33Un homme jaloux,
22:35mais ce qui inquiète
22:36les enquêteurs,
22:37ce sont ces auditions
22:38de plusieurs témoins.
22:40Au moins cinq personnes
22:41rapportent avoir entendu
22:42Cédric proférer
22:44des menaces de mort
22:45à l'encontre de sa femme.
22:48Un membre de la famille
22:49Jubilard décrit
22:50sur France Bleue
22:51ce climat très pesant.
22:55Déjà, avant la disparition,
22:57vu les tensions et tout,
22:58plusieurs fois,
22:59on l'a entendu dire lui
23:00à sa mère,
23:01oui, je vais la tuer,
23:02je vais l'enterrer,
23:03personne n'y va la retrouver.
23:04Elle veut me quitter,
23:05elle veut demander le divorce.
23:07Donc, déjà,
23:08il savait qu'il allait tout perdre,
23:10il savait qu'il allait devoir
23:10recommencer de tout le début.
23:12Pour lui, Delphine,
23:13c'était elle le pilier,
23:15c'était elle qui faisait tout,
23:16il avait tout grâce à elle.
23:17Donc, du jour au lendemain,
23:19se voir perdre tout,
23:20ça peut rendre fou un homme.
23:25Delphine avait prévu
23:26de partir après les fêtes.
23:30Le 15 décembre,
23:32elle décide d'ailleurs
23:33de clore le compte commun.
23:36Cette séparation éminente
23:38aurait-elle poussé
23:39Cédric Jubilard
23:40à s'en prendre à sa femme ?
23:42Dans l'immédiat,
23:44les gendarmes
23:45n'ont aucun élément matériel
23:46qui leur permettrait
23:47de l'interpeller.
23:49Ils vont le surveiller de près
23:51pendant plusieurs mois.
24:05Ce 23 décembre 2020,
24:08huit jours après la disparition,
24:12les gendarmes organisent
24:13une battue citoyenne.
24:16Cédric Jubilard
24:17se fait discret.
24:22Il est engoncé
24:24dans sa parka
24:25avec son bonnet,
24:26la tête baissée,
24:28il se refuse
24:28à tout commentaire,
24:29il parlera aux comédiats.
24:31Il a de suite
24:32une attitude
24:33très renfermée.
24:38L'affaire commence
24:39à prendre de l'ampleur.
24:41plus de 1 000 personnes
24:43convergent des environs
24:44à Cagnac-Lémine.
24:45C'est dur de réaliser
25:021 000 personnes,
25:04mais pourquoi ?
25:05On cherche quoi ?
25:06Là, on n'est plus dans le
25:07« elle s'est fait mal »,
25:09il faut chercher d'elle
25:10parce qu'elle s'est fait mal
25:11en courant.
25:13On ne la cherche peut-être
25:14plus,
25:14juste blessée.
25:17Amy accompagne Cédric
25:19pendant une partie
25:20de la journée.
25:21Non, pour moi,
25:23je ne vais pas vous mentir
25:24qu'au début,
25:25c'était vraiment poli.
25:26La battue et tout ça,
25:27c'était pour moi,
25:29il me faisait de la peine.
25:30Je me suis dit
25:32« elle n'est pas là ».
25:33Maintenant,
25:34toi, en tant qu'amie
25:35de Del,
25:35c'est à toi de l'épauler,
25:36c'est à toi de...
25:38Il te faut être là
25:38pour lui et tout ça.
25:42Autour d'eux,
25:43l'ambiance est particulière.
25:46Comme s'il y avait
25:47deux clans.
25:49D'un côté,
25:49il y a les amis,
25:50la famille de Delphine
25:51et de l'autre,
25:51il y a les proches de Cédric.
25:53On sent que les gens
25:55ne se mélangent pas,
25:56on ne sait pas
25:56l'entente joviale.
25:58Cédric et une partie
26:00de ses proches
26:01vont arrêter
26:02les recherches
26:02à l'après-midi.
26:03Visiblement,
26:04la tension est trop lourde,
26:07il y a des regards
26:07qui ne plaisent pas.
26:13Ces soupçons
26:14autour du mari de Delphine,
26:17les enquêteurs
26:18les renforcent
26:19les jours suivants.
26:20en revenant fouiller
26:22de fond en comble
26:23le domicile
26:24des Jubilards,
26:26placé sous scellé.
26:32Il passe la maison
26:33au Blue Star,
26:35ce produit qui permet
26:36de détecter
26:37les plus infimes
26:38traces de sang.
26:40Il scanne les murs
26:41et le sol.
26:42Cagna Clémine observe,
26:46sidérée,
26:47les va-et-vient
26:48des experts
26:48de la gendarmerie.
26:51Il y a un vrai bruit
26:52de fond autour
26:53de la personne
26:54de Cédric Jubilard.
26:55Ça va très vite
26:56sur les doutes
26:57autour de son tempérament
26:59explosif,
27:00de son portrait.
27:01Fumeur de joint,
27:02pas très travailleur.
27:02Tous ces regards
27:07qui se tournent vers lui,
27:09il semble les fuir
27:10pendant les premières semaines.
27:14Mi-janvier,
27:15ce journaliste
27:16tente de l'approcher.
27:17Il ne parle presque pas
27:32à la presse,
27:33mais quand il s'adresse
27:34à nous,
27:34journalistes,
27:35c'est assez maladroit.
27:37C'est à la prochaine,
27:38à la revoyure.
27:39Il y a quelque chose
27:40d'assez étonnant
27:41dans ce personnage.
27:47Fin janvier,
27:50quand il réintègre
27:51son domicile,
27:52il construit à la hâte
27:53ce mur devant chez lui.
27:57Ce mur de parpaing,
27:57c'est la carapace
27:58de Cédric Jubilard.
27:59C'est sa manière de dire
28:00ne rentrez pas chez moi,
28:02ne me regardez pas chez moi.
28:04C'est Cédric qui dit
28:05non, je ne vous parlerai pas.
28:09Un homme sous pression
28:10qui se sait suspect numéro 1,
28:13surveillé de près
28:13par les gendarmes.
28:17Dès le premier jour,
28:23un tracker est placé
28:24sur le véhicule
28:25de Cédric Jubilard.
28:27C'est-à-dire qu'à partir
28:27du 16 décembre 2020,
28:29on connaît
28:30le moindre
28:31de ses déplacements.
28:33Son téléphone
28:33est surveillé H24
28:35et pendant six mois,
28:37aucun déplacement
28:38n'a été suspect.
28:40Il a six mois
28:41pour faire disparaître
28:42des preuves,
28:43remettre une scène
28:44de crime en ordre
28:45ou que sais-je.
28:47il ne fait rien.
28:50Ce qui apparaît
28:51en revanche,
28:52c'est qu'il se fait vite
28:53à sa nouvelle notoriété.
28:56Ronan Folgoas
28:57l'a rencontré
28:58à plusieurs reprises
28:59alors que l'enquête
29:00semblait patiner.
29:03Quelque part,
29:04il devient
29:04le centre du monde.
29:07Ça lui plaît
29:07d'une certaine manière.
29:08C'est peut-être après ça
29:09qu'il a toujours couru.
29:11En tout cas,
29:12il s'amuse de ça.
29:13Il dit qu'il est devenu
29:14le mec le plus connu
29:15du Tarn.
29:18Pour prouver son innocence,
29:21Cédric Jubilard
29:22joue plus que jamais
29:23de son goût
29:24pour la provocation.
29:24quand les gens
29:26demandent s'il y est
29:28pour quelque chose
29:29dans la disparition
29:30de sa femme,
29:31il dit
29:31« Oui, évidemment,
29:32c'est moi.
29:32Évidemment que je l'ai tué. »
29:34Mais d'une telle manière
29:35qu'on comprend
29:36exactement l'inverse.
29:37Donc,
29:38il retourne comme ça.
29:39Il paraît
29:40sans filtre.
29:42Il paraît
29:42complètement décomplexé.
29:44Et du coup,
29:45quand on sort
29:47d'une discussion
29:47avec lui,
29:48on se dit
29:50« Non,
29:50c'est pas lui. »
29:52ou alors si c'est lui,
29:53il est extrêmement fort,
29:55extrêmement solide.
29:57Cédric Jubilard
29:58va souvent très loin.
30:00Grâce à une écoute téléphonique,
30:02les gendarmes
30:03surprennent
30:03une étrange conversation
30:05avec sa demi-sœur.
30:06Ils se vantent
30:07sur le ton
30:07de la plaisanterie
30:08de pouvoir lui expliquer
30:10comment se défendre
30:11au lycée
30:11si elle a besoin.
30:14« Et Nona,
30:14de toi à moi,
30:15je suis le meurtrier parfait
30:16pour l'instant.
30:18N'oublie pas
30:19que j'ai commis
30:19le crime parfait.
30:22si tu as besoin
30:24de conseils. »
30:28Cet aplomb,
30:34ce détachement,
30:36plusieurs femmes
30:36peuvent en témoigner.
30:38Car Cédric Jubilard
30:39fait des rencontres
30:40dans les mois
30:41qui suivent
30:41la disparition
30:42de Delphine.
30:45Sur les réseaux sociaux,
30:47des internautes
30:48le contactent
30:48pour le soutenir,
30:50dont cette femme
30:50que nous appellerons
30:51Sandra.
30:53Elle est l'une
30:54de celles
30:54qui ont noué
30:55une relation virtuelle
30:56avec lui.
30:58« Il avait des femmes
30:59en ligne
30:59tous les soirs
31:00et il rigolait
31:01avec elles,
31:02il les appelait
31:03et après,
31:05il se vantait
31:06que pour lui,
31:07c'était un peu
31:07comme ses prétendantes,
31:08c'était son harem.
31:10Chez lui,
31:10c'était techno
31:11à fond ou rap US.
31:13Il recevait des potes,
31:14il prenait l'apéro,
31:15il vivait sa meilleure vie.
31:16Il disait qu'il s'était
31:18senti bridé
31:19par une femme
31:19pendant des années
31:20et il ne voulait pas
31:22que ça recommence.
31:24Selon Sandra,
31:25il prête
31:25beaucoup d'attention
31:26à ce qui se dit
31:27sur Internet
31:28autour de l'affaire.
31:31Il disait
31:31qu'il envoyait
31:32des gens
31:32sur les réseaux sociaux
31:33en sous-marin
31:34pour recueillir
31:37tous les propos
31:37à son encontre.
31:39Il disait
31:39qu'il allait pouvoir
31:41porter plainte
31:41pour diffamation
31:42et qu'avec ça,
31:43il finirait
31:44de payer sa maison.
31:45Les gens
31:45qui parlaient sur lui,
31:47pour lui,
31:47c'était des jaloux.
31:49Moi,
31:50je me suis posé
31:50la question,
31:51jaloux de quoi ?
31:53Tu viens de perdre
31:53ta femme,
31:54tu ne sais pas
31:54où elle est ?
31:55Enfin,
31:55bon,
31:55franchement...
31:59Un comportement
32:00déconcertant
32:01en privé
32:02comme en public.
32:06Que ce soit
32:07lors de la battue
32:08organisée
32:08pour les 5 mois
32:09de la disparition
32:10de Delphine
32:11ou lors
32:12de la marche blanche
32:13à l'initiative
32:14des collègues
32:14de la clinique,
32:17Cédric Jubilard
32:18semble en retrait,
32:19peu concerné.
32:21Il envoie même
32:22des messages moqueurs
32:23à certaines amies
32:24de Delphine.
32:26Ce qui m'a fait rire,
32:27c'est votre façon
32:28de parler,
32:29de rire ou de pleurer
32:30avec vos t-shirts
32:31et banderoles.
32:33Vous n'êtes qu'une bande
32:33de dindes
32:34gloussant devant les caméras.
32:36Vous faites pitié.
32:38Il nous a...
32:39Oui, il faut dire,
32:40nargués
32:40alors qu'on cherche ça.
32:42c'est pas logique.
32:45Il publie aussi
32:46une photo de Profil
32:47qui les choque.
32:49Lui et sa nouvelle compagne.
32:52Bien sûr
32:52que faire Profil-Bas
32:53était une autre solution,
32:54mais chacun réagit comme il peut.
32:55Mais moi,
32:55je n'ai pas envie
32:56de vous parler
32:56de ce qui s'est passé après.
32:58Que s'est-il passé
32:59dans la nuit
32:59du 15 au 16 décembre 2020 ?
33:01C'est ça qu'il faut
33:02qu'on nous démontre.
33:03Pas qu'ensuite,
33:03il a publié une photo
33:04de sa compagne
33:05sur Facebook.
33:05Ça, on le sait.
33:06Je n'ai pas besoin
33:06qu'on me le démontre.
33:07C'est maladroit.
33:08Oui, c'est maladroit.
33:09Ça fait de lui un coupable ?
33:10Non.
33:10C'est un élément de preuve ?
33:12Non.
33:12Il s'est chamaillé,
33:13il s'est échangé
33:14des messages désagréables
33:15avec les amis
33:16et l'entourage
33:16du Delphine Jubilard.
33:18C'est un élément à charge ?
33:19Non.
33:19C'est un élément
33:20de culpabilité ?
33:21Non.
33:22Que s'est-il passé
33:23du 15 au 16
33:24dans cette nuit-là ?
33:25C'est la seule chose
33:26qui doit nous animer.
33:27Moi, j'ai toujours du beau.
33:30Il a le seul caractère,
33:31mais quand même,
33:32même si lui et moi,
33:33on n'était pas
33:34les meilleurs amis du monde,
33:37en fait,
33:37je ne voulais pas me dire
33:39qu'il pouvait faire du mal
33:40réellement à Delphine.
33:42Et ça a changé
33:42à quel moment ?
33:45Vraiment,
33:47quand le procureur
33:47il a parlé.
33:48Palais de justice
34:02de Toulouse,
34:03le 18 juin 2021.
34:06Le procureur
34:07de la République
34:08s'exprime
34:08pour la première fois
34:09sur l'affaire.
34:11Une conférence
34:12de presse retransmise
34:13en direct.
34:14Cédric Jubilard
34:15sort de garde à vue.
34:16Monsieur Cédric Jubilard
34:19a donc été présenté
34:21aujourd'hui
34:21devant les deux juges
34:22d'instruction
34:23qu'on saisit.
34:24Il a été mis
34:25à un examen
34:25de homicide volontaire
34:27par conjoint
34:28et il vient
34:30d'être placé
34:31sous mandat de détour.
34:34Il est incarcéré
34:36à la maison d'arrêt
34:37de Cesse
34:38au sud de Toulouse
34:39en détention provisoire.
34:44L'artisan plaquiste
34:46a beau clamé
34:47son innocence,
34:48ses explications
34:49n'ont pas convaincu
34:50les magistrats instructeurs.
34:55Deux jours plus tôt,
34:57il a été interpellé
34:58à la pause déjeuner
34:59sur un chantier
35:00sur lequel il travaillait
35:01à la sortie d'Albi.
35:04D'après le colonel
35:05qui dirigeait l'opération,
35:07il a accueilli
35:07les gendarmes
35:08avec le sourire.
35:09cette garde à vue
35:11intervient
35:12après six mois
35:12d'enquête.
35:13Toutes les autres pistes
35:14avaient été clairement étudiées.
35:15Le rôdeur,
35:17l'accident,
35:18le départ volontaire,
35:20le suicide,
35:21tout ça avait été
35:22méticuleusement écarté
35:23et il ne restait
35:24plus qu'une seule piste,
35:26c'était celle
35:26de Cédric Jubilard.
35:27Donc à ce moment-là,
35:28on passe à l'action.
35:29Je suis contacté
35:43aux alentours de 13h
35:44ce 16 juin 2021
35:46pour le placement
35:47en garde à vue
35:47de Cédric Jubilard.
35:49Il faut imaginer
35:50donc que la gendarmerie
35:51de Gaillac
35:52a été intégralement
35:54réquisitionnée
35:54et toute activité
35:56était reportée
35:57sur les gendarmeries voisines.
35:59Il y a trois ailes.
36:02Une pour chacun
36:03des gardés à vue,
36:04Cédric Jubilard,
36:05sa mère, son beau-père.
36:08Et au centre de tout cela,
36:10il y a une bonne dizaine
36:11de gendarmes
36:12qui visionnent
36:14en temps réel
36:15ce qui se dit
36:16dans chacune
36:16des pièces d'audition.
36:18C'est un centre opérationnel
36:19et qui coordonne
36:21les questions
36:22qui sont posées
36:22aux uns et aux autres.
36:25Le numéro de cirque
36:26était parfait.
36:27C'est-à-dire
36:28qu'il n'y a pas
36:28un trapèze qui a bougé,
36:29il n'y a pas un éléphant
36:30qui a mis une oreille
36:31de travers.
36:32Tout était parfaitement
36:33organisé.
36:34La parade était
36:35parfaite.
36:40Pendant près de 48 heures,
36:42les enquêteurs
36:42soumettent Cédric Jubilard
36:44à un feu roulant
36:45de questions.
36:45La nuit du 15 au 16 décembre,
36:50est-il sûr
36:51qu'il n'y a pas eu
36:51de dispute
36:52entre lui et sa femme ?
36:54Car certains témoignages
36:55laissent supposer
36:56le contraire.
36:57Pourquoi a-t-il appelé
36:58si vite la gendarmerie ?
37:00Pourquoi son téléphone
37:01semble-t-il éteint
37:02entre 22h08
37:03et 3h53 ?
37:04Pourquoi a-t-il assuré
37:18que le divorce
37:19se passait bien
37:20alors que l'entourage
37:21dit l'inverse ?
37:23Que savait-il réellement
37:24des projets
37:25de sa femme ?
37:27Ils ont mis tout
37:28en oeuvre
37:29pour essayer
37:29de casser l'armure.
37:31Au fur et à mesure
37:31de ces incohérences-là,
37:33ils s'adaptent.
37:33Ils trouvent toujours
37:34un élément de réponse
37:35pour recoller les morceaux.
37:38Et il faiblit pas.
37:40Il faiblit pas.
37:42Lorsqu'on a construit
37:44un dossier
37:45suffisamment solide,
37:47lorsque l'on a recueilli
37:48suffisamment de preuves
37:49pour accuser quelqu'un,
37:51on n'a pas besoin
37:52qu'il avoue.
37:52sa culpabilité,
37:54on l'a.
37:55Lorsque tout un dossier
37:56repose sur l'aveu
37:58de mise en cause,
38:00c'est que le dossier est vide.
38:05Les juges d'instruction
38:06voient les choses autrement.
38:08Selon elles,
38:09il existe suffisamment
38:11d'indices graves
38:11et concordants
38:12à l'encontre
38:13de Cédric Jubilard.
38:16Elles vont le mettre
38:17en examen
38:18pour le meurtre
38:18de son épouse.
38:22Cagnac-Lémine retient son souffle.
38:28L'après-midi même,
38:30le procureur dévoile
38:31certains de ses indices.
38:32Cédric Jubilard a-t-il cherché
38:57à effacer des preuves ?
38:58Des traces de sang
39:00ont été retrouvées
39:01sur son pyjama
39:02ainsi que sur la couette du lit
39:04et dans l'eau présente
39:06au fond du siphon de l'évier.
39:07Les enquêteurs ont déterminé
39:09de manière formelle
39:10que deux voisins,
39:12le maire et sa fille,
39:13à 23h07 très précisément,
39:15vont entendre
39:16en direction
39:16du domicile
39:18de la famille Jubilard
39:20des cris stridents
39:21et de détresse
39:23d'une femme
39:24qui vont effectivement
39:26les interpeller
39:27et qui vont progressivement
39:28disparaître
39:29et s'arrêter
39:30dans la nuit.
39:31Outre ces cris de détresse,
39:36les enquêteurs
39:37ont retrouvé
39:37les lunettes cassées
39:39de Delphine.
39:41Autant d'éléments
39:42pouvant attester
39:43d'une dispute
39:43le soir de sa disparition.
39:45Cédric Jubilard
40:03a désormais trois avocats.
40:05Il n'a pas les moyens
40:06de les payer
40:07mais ce dossier médiatique
40:08les intéresse.
40:10Ils ont épluché
40:11la procédure,
40:12des milliers de pages
40:13de procès verbaux
40:14qui détaillent
40:17les recherches
40:18des gendarmes,
40:19les échanges de SMS,
40:21les auditions des témoins.
40:23Ils se réunissent
40:24pour affûter
40:24leurs arguments.
40:28La conférence
40:29de presse
40:29du procureur
40:30leur est restée
40:31en travers de la gorge.
40:33Le mensonge
40:33c'est de dire
40:34qu'il est en train
40:36de s'affairer
40:37à mettre en marche
40:39la machine à laver.
40:41C'est 34 heures après
40:42qu'il constate
40:43que la couette
40:43n'est plus
40:44sur le canapé
40:44donc à un moment donné...
40:46Non mais en plus
40:47surtout les gendarmes
40:48sont quand même interrogés
40:49très précisément
40:50là-dessus.
40:51On leur demande
40:51est-ce que vous avez
40:52entendu une machine
40:53à laver
40:53pendant tout le temps
40:54que vous étiez là
40:55donc de 4h50
40:56à 8h du matin
40:58fonctionner
40:59et les trois disent
41:00non
41:01parce que vu qu'elle est
41:02juste à côté
41:03de là où on se situe
41:04on l'aurait entendu.
41:05Dans le séjour
41:06c'est une pièce unique.
41:07C'est une pièce unique, ouais.
41:08Donc si une machine
41:09nous tourne à ce moment-là
41:10c'est un peu
41:10parce qu'on entend.
41:12Leur méthode
41:13décortiquer point par point
41:15les éléments à charge
41:16présentés par les enquêteurs.
41:19Selon eux
41:19ils font fausse route
41:21depuis le départ.
41:22parce que dans leur thèse
41:25si la voiture
41:25elle a bougé
41:26c'est qu'ils auraient
41:26dépassé le corps
41:27ils ont tout analysé
41:28il n'y a rien.
41:29Il n'y a rien.
41:29Il n'y a rien.
41:30Pas le moins d'éléments.
41:31Elle a intéré
41:32au fin fond d'une forêt
41:33il n'y a pas de traces
41:35de boue sur les pneus
41:35il n'y a pas de traces
41:36de boue sur le tapis de sol
41:38il n'y a pas de traces
41:40de boue sur ses chaussures
41:41et il n'y a pas de traces
41:41de nettoyage non plus
41:42parce que s'il avait nettoyé
41:43de ses vêtements
41:45ou des chaussures
41:46ou des vêtements
41:46de la voiture
41:47la voiture
41:47elle n'était pas propre
41:48ça serait étonnant
41:50de morder des pneus
41:50absolument impeccables
41:51donc c'est vraiment pas vrai.
41:54Il n'y a absolument rien
41:55contre Cédric Jubilard
41:56le contexte
41:57il est ce qu'il est
41:58Cédric Jubilard
42:00est également ce qu'il est
42:01le problème
42:02c'est que
42:03ça n'en fait
42:04qu'un coupable idéal
42:05à défaut d'autre chose
42:06et c'est pas un concours
42:08de popularité
42:08la justice
42:09ça n'est pas ça
42:10et ça n'est pas suffisant
42:11pour maintenir
42:12quelqu'un en détention.
42:17A la maison d'arrêt de Cesse
42:19Cédric Jubilard
42:20est à l'isolement
42:21en raison du caractère
42:23médiatique de l'affaire
42:24A plusieurs reprises
42:30ils ont demandé
42:31sa remise en liberté
42:32sans succès
42:33comme ce jour-là
42:36en appel
42:37devant la chambre
42:38de l'instruction
42:39Présent à l'audience
42:43mais très discret
42:44l'un des frères
42:45de Delphine
42:46La famille de l'infirmière
42:49reste en retrait
42:49concentrée
42:50sur la protection
42:51des enfants du couple
42:52Leur avocat
42:55traduit leurs sentiments
42:56On n'a pas à prendre position
42:59sur la détention
43:01de Cédric Jubilard
43:02maintenant
43:03il y a plusieurs indices
43:05qui s'enchevêtent
43:06les uns aux autres
43:06et qui
43:07agglomérés
43:08font qu'il existe
43:10des indices graves
43:10et concordants
43:11à l'encontre de Cédric
43:12Il faut laisser la justice
43:14suivre son cours
43:16et que l'instruction
43:17puisse se dérouler
43:18de manière sereine
43:19Après trois ans d'enquête
43:26les deux juges
43:27d'instruction
43:27ont acquis la conviction
43:28que Delphine Jubilard
43:30n'était pas partie
43:31volontairement
43:31de chez elle
43:32Elle n'avait
43:33aucune raison de partir
43:35sans en informer personne
43:36Sa disparition
43:38ne peut être
43:39que le résultat
43:39de l'action d'un tiers
43:40Logiquement
43:45les magistrats instructeurs
43:47ont demandé
43:47leur envoi
43:48aux assises
43:49de Cédric Jubilard
43:50Je connais le comportement
43:53de Cédric
43:53Je sais comment il est
43:54et il restera
43:56dans son silence
43:57s'il a fait quelque chose
43:58et il ne dévoilera pas
43:59Le corps de Delphine
44:13n'a jamais été retrouvé
44:15Il se trouve probablement
44:17dans les environs
44:18de Cagnac-les-Mines
44:19Mais la zone
44:21est accidentée
44:22C'est pourquoi
44:25pendant des mois
44:26les amis de la disparue
44:28ont ratissé la campagne
44:29Chaque semaine
44:33ils ont examiné
44:34la moindre piste
44:35Amy était là
44:38tous les jeudis
44:38Elle a mobilisé
44:41les volontaires
44:41qui parfois
44:42venaient leur prêter
44:43main forte
44:43dans les forêts
44:44ou au bord du Tarn
44:45Savoir ce qu'est
44:50devenu son ami
44:51a tourné
44:52à l'obsession
44:53On ne pense qu'à ça
44:56C'est tout
44:58Franchement
44:59il n'y a même plus
44:59de...
45:00C'est même plus une vie
45:01C'est se lever le matin
45:04à penser tout en elle
45:05se coucher
45:06dormir
45:07t'en rêves la nuit
45:07La chercher
45:10c'est tout ce qu'on peut faire
45:11quoi donc
45:11Mais oui
45:14c'est démoralisant
45:15à force
45:16Mais ça n'empêche
45:19qu'on ne lâchera pas
45:19non plus
45:20Ouais
45:20Non non
45:23Ses recherches
45:30c'est aussi
45:31ce qui leur a permis
45:31de tenir
45:32en attendant la tenue du procès
45:34de la fin
45:39m'a permis à jouer
45:39de la fin
45:40de la fin
45:42D'après
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