Une stèle a été inaugurée vendredi 11 juillet à Pérols en mémoire de Si Ali Benhamida, ancien bachaga et figure marquante de la communauté harkie. Installé dans l’Hérault après l’exil de 1962, il fut un médiateur respecté entre les autorités françaises et les familles harkies rapatriées.
00:00Est-ce que vous pouvez expliquer pourquoi c'est important aujourd'hui d'honorer le Bachaga Ben Amina ?
00:05D'abord pour dire que la mémoire, ça concerne beaucoup de choses, beaucoup d'histoires.
00:12Aujourd'hui, en France, on a des personnes qui viennent, des Européens, qui viennent vivre en France.
00:19On peut parler d'espagnol, de portugais, d'italien, d'allemand.
00:25Bachaga, ça ne veut rien dire pour eux.
00:26Et donc, quand on travaille sur la mémoire, il faut systématiquement expliquer tous les pans de l'histoire.
00:34Vous savez, c'est comme le jeu Tetrix.
00:36On remplit les cases et on fait en sorte que tout le monde puisse s'enraciner dans cette histoire, je dirais, liée à la France et à l'Algérie.
00:47Et de dire aussi à cette jeunesse qui va passer, qui va comprendre qu'il a été élu, qu'il s'est engagé pour une chose.
00:55C'est le drapeau qui flotte au-dessus de moi, le blanc-rouge.
00:59Et donc, il a fait un choix.
01:01Et je dis souvent à la jeunesse, il faut faire un choix.
01:03Et donc, c'était important pour moi de venir, évidemment, inaugurer cette stèle, mais surtout de remercier la famille, puisque vous le savez, j'avais porté la loi Harky en tant que rapporteur.
01:14Et aujourd'hui, j'ai, je dirais, cette chance en tant que ministre de la mettre en pratique.
01:19Des Harky, il y en a un peu partout en France.
01:22Et là où il y en a le plus, vous seriez étonné, mais c'est plutôt dans le Nord.
01:26Et donc, il faut, parce qu'on les a envoyés pour aller travailler à la mine.
01:30Donc, c'est une histoire que nous, on raconte.
01:33Parce qu'ici, on a accueilli, évidemment, beaucoup de rapatriés d'Algérie.
01:37Et il y a eu ce lien fort avec les rapatriés d'Algérie et l'histoire de Montpellier, puisque, je vous rappelle que Georges Frèche, qui a été élu pendant 40 ans, a toujours associé.
01:49Il n'a jamais fait de différence entre les rapatriés et les Harky.
01:52Et donc, moi, j'ai baigné dans cette histoire.
01:54Et c'est important de montrer aux jeunes qu'un Harky, c'est surtout pas un traître.
01:59Et qu'on n'a pas le droit de dire ce mot.
02:01D'ailleurs, c'est répréhensible par la loi.
02:04Mais c'est quelqu'un qui a fait un choix.
02:06Et donc, on doit respecter les choix des uns et des autres.
02:09Est-ce que la France les a bien traités, ces Harky ?
02:13Ben non, forcément.
02:15Puisque quand le président de la République nous demande de travailler sur l'histoire et la mémoire des Harky, et la reconnaissance et sa réparation,
02:23je vous rappelle que c'est le seul président de la République à avoir demandé pardon au nom de l'État français.
02:29On n'accuse personne en particulier.
02:32Mais l'État français a fauté.
02:33On ne peut pas recevoir des anciens combattants.
02:37Parce que les Harky sont des anciens combattants.
02:39On ne peut pas les recevoir dans des prisons, dans des camps.
02:42Et donc, il y avait un acte fort à faire.
02:45Alors, évidemment, on ne réparera jamais tout.
02:48Mais je pense qu'aujourd'hui, ce qui est important, c'est réparer cette mémoire.
02:54Parce que c'est celle qui amènera, je dirais, les jeunes à être plus forts, à s'enraciner dans leur culture,
03:01qu'elle soit méditerranéenne ou dans les autres régions de France.
03:05Parce que nous sommes aussi dans un tournant où nous perdons les derniers.