- il y a 5 mois
François Ruffin, député de la Somme, lance ce samedi 28 juin son mouvement "Debout !" à Paris. Il affirme qu'il faut du "travaillisme climatique".
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00:00Chers amis, chers camarades,
00:05alors ça y est, c'est fait, vous êtes contents ?
00:31Parce que ça fait des années que vous me tânez dans les débats, dans les cinés.
00:40Alors, comment on peut t'aider ?
00:42Moi, je réponds Picardie debout.
00:44Ouais, mais tu comprends, là, à Rennes, en plein milieu de la Bretagne.
00:48Moi, je réponds Picardie debout.
00:49Je suis pour une grande Picardie socialiste.
00:52Je suis même, quand je vais en Wallonie, je suis même rattachiste.
00:55J'ai prévu nos camarades bruxellois, donc ça ne me pose pas de problème.
00:58Mais ça posait davantage de soucis en Alsace, en Corse ou en Bretagne.
01:03Donc ça y est, vous avez la Bretagne debout, vous avez la Lorraine debout,
01:06vous avez la Corse debout.
01:07Et je remercie tous les délégués qui ont été envoyés ici par le département.
01:13Merci à vous d'être présents.
01:14Merci aussi, quand on vient s'exprimer comme ça dans la lumière,
01:26quand la sono fonctionne, quand il y a de la déco,
01:29c'est pas arrivé par la main invisible du marché,
01:32c'est pas arrivé par la grâce de la Providence,
01:36c'est arrivé parce qu'il y a eu du travail,
01:39du travail bénévole, du travail salarié,
01:41et des gens qui sont arrivés à 5h du matin,
01:44des gens qui bossent là-dessus depuis des semaines.
01:47Et je veux le dire, nous sommes travaillistes.
01:50Nous sommes travaillistes.
01:53Nous ne sommes pas travaillistes à la Tony Blair,
01:55nous ne sommes pas travaillistes comme en Angleterre,
01:58mais nous avons la conviction profonde
02:01que la société repose sur du travail,
02:04du travail qui soit salarié ou bénévole,
02:07mais c'est du travail qui est mis en commun.
02:08Il n'y a pas de jus dans le micro si jamais il n'y a pas des salariés
02:11de chez Enedis qui sont devant l'écran d'ordinateur
02:13pour vérifier que ça passe bien.
02:16Il n'y a pas de jus s'il n'y a pas monsieur derrière
02:18qui a l'air de contrôler en train de contrôler,
02:20je ne sais pas trop quoi, mais voilà.
02:21La société, c'est du travail mis en commun.
02:24Nous sommes travaillistes, je dirais même,
02:26nous sommes des travaillistes climatiques.
02:29Notre conviction, c'est que le travail
02:32doit être orienté vers l'adaptation climatique en priorité.
02:37Ça veut dire quoi ?
02:38Ça veut dire que quand on demande à en finir
02:39avec les 5 millions de passoires thermiques,
02:41c'est du travail.
02:43Quand on veut que les marchandises passent moins sur la route
02:46et davantage sur le rail, c'est du travail.
02:48Quand on veut qu'il y ait un atelier de réparation
02:51par quartier, par canton, pour la mécanique,
02:53l'électronique et ainsi de suite, c'est du travail.
02:55Quand on veut changer l'industrie, l'énergie,
02:59les déplacements, les logements, la culture, l'agriculture,
03:01tout ça c'est du travail,
03:02c'est une immense masse de travail
03:04pour adapter notre société au choc climatique
03:07dans ce temps où on nous parle d'un dôme de chaleur
03:11qui s'étale sur la France.
03:12Il nous faut du travaillisme,
03:13il nous faut du travaillisme climatique.
03:15Tout ça donc pour remercier les maîtres d'oeuvre
03:18de cette journée.
03:19Je veux remercier en particulier
03:21Julien et Robin.
03:22Un grand merci à vous pour votre travail.
03:24Picardie debout passe à debout
03:36de l'échelon régional à l'échelon national
03:39mais on ne le fait pas en solitaire,
03:42on le fait avec nos partenaires
03:43et je veux ici remercier, saluer la présence de nos invités
03:47le député Laurent Baumel pour le Parti Socialiste,
03:51Thomas Dossu pour les écologistes,
03:53Julien Laillan et Marine David pour Génération,
03:56Hélène Bidard pour les communistes,
03:58Marine Lomane Liman pour GRS,
04:01mon camarade Alexis Provière,
04:02mon compagnon de route Gérard Filoche
04:04et Olivier Madol pour l'après,
04:08Roland Mérieux pour Ensemble
04:09et je salue aussi les compagnons de route intellectuels
04:12Hervé Kemp, Christophe Armeau, Pascal Boniface
04:14que j'ai vu dans la salle.
04:16Je vous salue, je vous appelle camarade,
04:19je vous appelle camarade parce que nous avons devant nous
04:22un long chemin, un long chemin pour l'unité,
04:25merci à vous.
04:26Il y a pour moi une part de mystère, vous savez, en l'homme, en la femme,
04:35quand je vous vois venu de Lorraine, de Touraine,
04:38quand je vous vois syndicaliste, cariste, soignant, enseignant,
04:42il y a une part de mystère quand il fait beau, quand il fait chaud
04:45et plutôt que d'aller à la mer alors qu'il y a mille choses à faire,
04:48de venir passer ici une journée entière à discuter d'un manifeste debout,
04:53d'un document d'orientation, de comment va fonctionner le Parlement debout
04:57et c'est d'autant plus mystérieux que vous avez signé pour en baver.
05:03Ah oui, pour en baver avec joie, mais pour en baver,
05:07c'est l'Everest en tongs plusieurs fois qu'on va devoir monter
05:12avec une fanfare, mais ça sera quand même l'Everest en tongs.
05:15Quand je croise des copains de gauche, en ce moment, ils me disent
05:20« Mais c'est dur en ce moment, non ? »
05:23Je me dis « Mais putain, j'ai une maladie, on ne me l'a pas dit ou quoi ? »
05:28Mais quand est-ce que ça a été facile ?
05:31Quand est-ce que c'est facile pour la gauche ?
05:33Quand est-ce que pour la gauche, ce n'est pas David contre Goliath ?
05:37C'est l'histoire de nos vies, David contre Goliath,
05:40et c'est l'histoire de ma vie.
05:43Il y a 25 ans, je lance Fakir, et quasiment aussitôt après,
05:46je me retrouve en procès.
05:50Et de bonne foi, de bon droit, je vais au tribunal pour diffamation.
05:56Il me semble que je vais l'emporter, que j'ai la justice avec moi,
05:59et finalement, me voilà en l'Oneson Cowboy, à la barre,
06:03condamné à 80 000 francs d'indemnité, de peine.
06:08Je ne comprends rien à ce qui me se passe,
06:10et je sors de là, je suis KO, je suis grogui, je suis prêt à abandonner.
06:15Et il y a Thérèse Courreau, une nonne défroquée,
06:19qui me dit « Non, non, non, François, tu ne vas pas lâcher. »
06:23Et là, alors que j'étais à genoux, avec les syndicats, avec les associations,
06:29elle m'a fait passer du jeu au nous, et ça a été un nous debout.
06:33Debout, aux côtés d'Hector Loubota, de sa famille,
06:44un jeune garçon congolais, mort sur le chantier de la citadelle,
06:48écrasé sous 600 kilos de pierre,
06:51et il n'y avait eu aucune enquête en matière de sécurité,
06:55menée par le maître d'oeuvre, la ville d'Amiens.
06:58Pendant 14 années, nous avons affronté le silence de la presse locale,
07:05nous avons affronté le mépris des élus locaux,
07:09et nous avons affronté une justice locale qui a enterré le dossier.
07:13Et après 14 années, c'est mon affaire Breffus,
07:16le maire d'Amiens, Gilles de Robien, a été condamné en appel,
07:18et nous avons obtenu une plaque en l'honneur d'Hector Loubota,
07:23sur la citadelle, aux côtés de la famille Loubota.
07:25Durant 14 années, nous nous sommes tenus debout.
07:34Debout évidemment avec les Goodyear, les Whirlpools, les Pariseaux, les Flodors,
07:37debout contre la mondialisation, debout pour des protections,
07:41debout avec l'éclure, de merci patron, eux qui risquaient de perdre leur maison,
07:46debout contre la première fortune française,
07:49debout contre le premier groupe de luxe au monde,
07:52debout contre le premier flic de France,
07:53et c'est nous, c'est nous qui l'avons apporté, debout.
08:00Debout, nuit debout contre la loi travail et son monde,
08:04de François Hollande et Emmanuel Valls, place de la République à Paris,
08:08debout, debout les femmes pendant la crise Covid,
08:11et puis Picardie debout.
08:13Nous gagnons trois fois, trois fois face à un rassemblement national arrivé largement en tête à l'élection précédente,
08:22avec Marine Le Pen ou Jordan Bardella,
08:2420 points de retard sur la ligne de départ,
08:27mais grâce à vous, grâce à vous mes camarades Picard,
08:30en bête de somme, en labourant la circo,
08:33et oui c'est dur, oui c'est dur,
08:35mais toujours nous avons vaincu, et nous avons vaincu debout.
08:38David contre Goliath, les petits contre les gros,
08:49c'est notre B à bas, c'est notre ligne, c'est notre colonne vertébrale,
08:53le bas contre le haut, le travail contre le capital.
08:56On nous accuse, et on nous accusera, d'être manichéens, archaïques, marxistes,
09:02nous répondons, non, nous sommes buffettistes,
09:05de Warren Buffett, première fortune mondiale à l'époque,
09:08qui déclarait, la guerre des classes existe, c'est un fait, mais c'est la mienne,
09:13la classe des riches qui mène cette guerre,
09:14et nous sommes en train de la rapporter.
09:16Nous répondons, non, nous sommes laggardistes,
09:19de Christine Lagarde, président de la Banque Centrale Européenne,
09:22qui nous dit, là maintenant, que ça fait 40 ans
09:25que le capital l'emporte sur le travail.
09:28Nous sommes même lombardistes, de Eric Lombard,
09:31qui, quand il était président de la Caisse des dépôts et consignations,
09:35nous disait, voilà, quand j'ai commencé comme banquier,
09:37la rentabilité exigée par le capital, c'était 7%,
09:40aujourd'hui, on est passé à 15%,
09:42comment vous voulez, avec 15% de rentabilité,
09:45que derrière, il y ait de quoi payer les salariés,
09:48que derrière, il y ait de quoi investir,
09:50investir dans la durée, investir sur la transition écologique.
09:54Nous sommes donc buffettistes, laggardistes, lombardistes,
09:57mais simplement, nous avons le souci de maintenir cette vérité.
10:01Et c'est dans toutes mes lettres de députés,
10:03vous connaissez, je le fais par cœur,
10:05avec vous, partout où je vais.
10:07Il y a 30 ans, à la naissance du Classement Challenge,
10:10les 500 fortunes françaises possédaient 5% du PIB.
10:16À l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir,
10:18c'était 20% du PIB,
10:21et aujourd'hui, c'est 45% du PIB.
10:25Très bien.
10:25C'est gros comme une vache au milieu du couloir,
10:28mais ils ne veulent pas l'avoir.
10:30Ils la contournent, ils passent par en dessous,
10:32mais où ça, il y a une vache, ils font comme s'il n'y avait rien.
10:35Nous, nous venons juste énoncer cette évidence,
10:37il y a une vache au milieu du couloir.
10:40Entre le capital et le travail,
10:41nous devons rétablir les plateaux de la balance,
10:44moins pour les rentiers,
10:45plus pour les salariés,
10:47moins pour les milliardaires,
10:48plus pour les familles ordinaires.
10:49Cette vérité, on doit la répéter,
10:58mais en cherchant à innover tout le temps.
11:00Est-ce que vous vous souvenez de Sergeï Boupka ?
11:02Un perchiste soviétique,
11:05et on se réveillait tous les lundis matins,
11:07et le gars, il avait battu le record du monde.
11:09Il a battu 38 fois le report du monde,
11:13mais plutôt que de le faire de 38 cm d'un seul coup,
11:15il le faisait 1 cm par un,
11:17parce qu'à chaque fois, on lui remettait un prix.
11:19D'accord ?
11:20Eh bien, on a l'impression que c'est pareil en ce moment
11:22avec les dividendes.
11:24En 2022, les échos de mon ami Bernard Arnault,
11:28titre,
11:29« La distribution de dividendes atteint un record en France ».
11:32Donc, on est là.
11:33En 2023, c'était « Les dividendes atteignent de nouveaux records ».
11:37En 2024, là, les échos étaient extatiques,
11:40toujours plus haut,
11:41des ailes aux bourses mondiales,
11:43le CAC 40 a pulvérisé son dernier record.
11:45Et en cette année 2025, je ne peux pas,
11:47mais le record des records est battu
11:48avec des sommets inédits.
11:51Et la France médaille d'or,
11:52en France, les entreprises tricolores
11:54ont une nouvelle fois été
11:56les premières contributrices
11:58à l'échelle européenne.
12:00Cocorico, nous sommes les champions.
12:03Nous sommes les champions,
12:04les champions du gavage.
12:06Pour eux, c'est champagne et confetti
12:08à tous les étages.
12:09Et nous, nous ne dirons pas le champagne.
12:12On veut le champagne pour tous.
12:14On de la veut de la veuve Clicquot pour les prolos.
12:17Nous sommes debout,
12:19debout partout.
12:20Est-ce qu'on est contre les élites en général ?
12:26Non.
12:27Non, on ne croit pas que toutes les élites
12:29nagent dans les eaux froides
12:32du calcul égoïste.
12:34Non, on est l'ami de Marbati,
12:36des 100 entrepreneurs qui signent avec lui une tribune
12:38« Taxez-nous, taxez-nous sur nos héritages ».
12:41Non, pas quand les élites remplissent leur mission
12:43partagée et protégée.
12:46Mais que voit-on ?
12:48Comme dirigeants économiques,
12:50nous avons des prédateurs
12:51mûs par la rapacité,
12:53mûs par la voracité
12:54qui dévorent la richesse et la planète.
12:59Vous avez aujourd'hui
13:00le mariage de Jeff Bezos.
13:04Amazon ne paye pas d'impôts
13:06sur les sociétés en France,
13:07ne paye pas d'impôts sur la société en Europe,
13:10passe par le luxeux Luxembourg
13:11et réussit même l'exploit
13:13de toucher du crédit d'impôt.
13:15Là, il vient de privatiser Venise.
13:19Il y a 95 jets qui sont venus
13:21pour 200 invités.
13:22Vous me direz, déjà,
13:23ils font du co-jetage,
13:24ils sont au moins deux par jet.
13:27Qu'est-ce qu'on dit, nous ?
13:29On ne dit pas seulement pas de jets.
13:31On ne dit pas seulement ça.
13:32On ne dit pas de Jeff Bezos.
13:34On dit qu'on l'interdit de séjour.
13:36On dit qu'il dégage.
13:37Il dit qu'on ne veut pas le voir chez nous.
13:38Mais bon, Jeff Bezos n'est pas élu.
13:47Mais nous avons des dirigeants politiques
13:48dont le rôle devrait être
13:52de nous protéger de ces prédateurs,
13:54de les modérer,
13:55de leur remettre les pieds sur terre.
13:56Il nous faut la démocratie
13:58pour contenir l'oligarchie.
14:00À la place que nous avons,
14:02nous avons des dirigeants politiques
14:03qui font la danse du ventre
14:05à Chous France
14:05devant Jeff Bezos et les GAFAM.
14:08Nous avons des dirigeants politiques
14:10qui les encouragent dans leur gavage.
14:13Je ne sais pas si vous avez vu
14:14Amélie de Montchalin
14:15qui nous parle d'austérité.
14:17Mais pour qui elle parle d'austérité,
14:19madame la ministre du Budget ?
14:21Est-ce qu'elle en parle pour Jeff Bezos ?
14:23Est-ce qu'elle en parle pour les actionnaires ?
14:25Est-ce qu'elle en parle pour les milliardaires ?
14:26Elle est là posant en photo
14:27avec ses petits doigts comme ça
14:29pour faire la très sévère
14:30comme si c'était une allégorie de l'austérité
14:33alors qu'en vérité,
14:34madame de Montchalin et ses amis
14:36sont une allégorie de la faillite française.
14:38Si la gauche avait fait 6% de déficit
14:43trois années d'affilée sans investissement,
14:46tous les jours,
14:47on aurait mille éditorialistes
14:48qui nous diraient que c'est le Titanic.
14:51Tous les jours.
14:53Ils ont fait ces 6% de déficit
14:54parce qu'ils ont fait des cadeaux
14:55à leurs amis, les riches.
14:57Mais elle nous dit là
14:57qu'il faut avoir du courage.
14:59On se doute que le courage
15:00ne sera toujours pas d'aller
15:01contre les actionnaires et les milliardaires,
15:03mais plutôt contre les caissières
15:04et les infirmières.
15:06Et elle ajoute
15:06qu'il va falloir se serrer la ceinture.
15:09Mais à qui elle va se serrer la ceinture ?
15:11Aux actionnaires, aux milliardaires,
15:12aux 500 fortunes ?
15:13Non, eux,
15:14ils vont même pouvoir
15:15la desserrer d'un cran.
15:17Parce que toujours dans le Parisien,
15:18on apprend quoi ?
15:19Que Bérou et ses amis
15:20viennent de supprimer
15:22la contribution exceptionnelle
15:23sur les hauts revenus.
15:24Dans le même temps,
15:26ça veut dire quoi ?
15:27Ils osent tout.
15:27C'est à ça qu'on les reconnaît quand même.
15:29Mais ils osent tout.
15:31Ça veut dire qu'ils nous parlent d'austérité
15:32et Michel Barnier était sans doute trop à gauche
15:34puisqu'il avait institué
15:36une contribution exceptionnelle
15:37qui devait durer deux ans
15:38sur les hauts revenus
15:39et une autre sur les sociétés,
15:41sur les grandes sociétés,
15:42qui devait rapporter
15:43deux fois deux milliards
15:44pendant deux ans.
15:45Et que là,
15:46Bérou,
15:47mon chalin et ses amis
15:48ont décidé de le supprimer
15:49au bout d'un an
15:49et ils font 4 milliards d'euros
15:51comme ça,
15:52discretos,
15:53de cadres fiscaux
15:53aux plus riches
15:54et aux grandes sociétés.
15:56Et dans le même temps,
15:57pour moi,
15:58on est au-delà de l'économique.
16:00On est dans le sadique.
16:01Il faut qu'on puisse rendre
16:02qu'il y a un ressort psychologique
16:04chez le dirigeant
16:04qu'ils ont envie
16:05de faire souffrir le pays.
16:07Ils ont envie
16:07de faire souffrir le peuple.
16:09Sur qui ils vont taper ?
16:11Alors,
16:11ça a été dit ce matin
16:12sur les services à domicile,
16:14sur les auto-entrepreneurs,
16:15sur les artisans,
16:16sur les travailleurs du bâtiment,
16:18sur les taxis,
16:18les ambulanciers
16:19qui sont sans doute
16:20les nouveaux privilégiés.
16:21Mais voilà,
16:22qu'ils ont le courage,
16:23comme ils disent.
16:24Ils ont le courage
16:25de s'en prendre aux diabétiques.
16:27Ils ont le courage
16:28de s'en prendre aux malades
16:28de longue durée
16:29qui s'ouvrent de sclérose en plaques,
16:31qui se remettent d'un cancer.
16:33Voilà leur courage.
16:35Eh bien, nous,
16:36nous sommes debout.
16:37Nous sommes debout
16:38contre les rapaces
16:39et les voraces.
16:40Nous sommes debout
16:41pour chasser Jeff Bezos.
16:43Nous sommes debout
16:43contre leurs complices trolisses,
16:45les petits marquis
16:46et marquises du budget.
16:47Debout contre les rois-telés
16:49l'austérité.
16:50Nous sommes debout.
16:54Mais je vous le dis,
16:55les millions,
16:56les milliards qu'on partage,
16:57le fric,
16:57l'oseille,
16:58le flou,
16:58le pognon,
16:58le grisby,
16:59la fraîche,
17:00ce n'est pas pour nous une fin.
17:02Ce sont seulement des moyens.
17:04Ça ne dit pas notre but.
17:06Quel est notre but à debout ?
17:08Ça a été dit aujourd'hui,
17:09évidemment,
17:09se déroule ce samedi 28 juin,
17:12la marche des fiertés.
17:13Elle est née en 1969
17:14après une descente de police
17:16à New York
17:17dans un bar gay
17:18et après des jours d'émeute.
17:21Et ça nous correspond bien
17:22à cette marche des fiertés.
17:24Que les homos,
17:25les lesbiennes,
17:26les trans,
17:26les billes revendiquent
17:27leur sexualité,
17:28leur genre comme une fierté
17:29plutôt que de le subir
17:30comme une honte.
17:32Qu'ils se rassemblent dans la rue
17:33plutôt que de s'isoler.
17:34qu'ils crient,
17:35qu'ils scantent des slogans
17:36plutôt que de faire silence.
17:37Qu'ils fassent la fête
17:38plutôt que de déprimer.
17:40Et qu'ensemble,
17:41par leurs forces communes,
17:42ils lèvent un obstacle
17:44à leur bonheur.
17:52Parce que c'est notre but à nous ici,
17:55le bonheur.
17:56Le bonheur commun.
17:58Non pas de faire le bonheur,
18:00mais de lever les obstacles bonheurs.
18:02Oui, nous sommes bonheuristes.
18:04Cette semaine,
18:05je passe dans la cour de l'Assemblée.
18:07Jour de canicule.
18:09Et il y avait tous les policiers,
18:11les agents de sécurité,
18:12les chauffeurs
18:12qui étaient à l'ombre.
18:14Dans un petit coin comme ça,
18:15je leur dis,
18:16fnaise,
18:17j'avais demandé à la présidente
18:18de l'Assemblée nationale,
18:19mais ça serait quand même mieux
18:20que vous auriez une salle.
18:21On pourrait mettre dedans
18:21un baby-foot.
18:22Moi, je suis d'accord
18:23pour jouer la primaire au baby-foot
18:24et pour jouer la présidentielle
18:26au baby-foot aussi.
18:28Mais, oui,
18:28il me dit,
18:29c'était un policier,
18:30il me dit,
18:30oui,
18:30vous avez bien raison,
18:32monsieur Ruffin.
18:32C'est vrai que dans les années 2000,
18:35on parlait de salon de masseur
18:36dans les entreprises,
18:37mais maintenant,
18:38c'est comme ça,
18:39il faut qu'on souffre,
18:40les laborieux,
18:41on les veut à la peine.
18:43Eh bien,
18:43nous,
18:43nous sommes pour le droit
18:44à la joie,
18:45le droit au repos,
18:46le droit à la tendresse,
18:48et pour tous,
18:49pour les chauffeurs des ministres
18:50et pour leurs agents de sécurité.
18:51La marche des fiertés,
18:59parce que c'est notre rôle
19:00à nous aussi
19:01de nous tenir debout partout
19:03quand des femmes et des hommes
19:04se relèvent,
19:05viennent clamer leur fierté.
19:08Évidemment,
19:09je songe
19:09au samedi 17 novembre 2018,
19:13premier jour des Gilets jaunes,
19:15premier samedi,
19:16où je me rends devant le carrefour
19:18à Amiens-Nord,
19:19qui est à l'époque,
19:20ce matin-là,
19:21rempli de caddie.
19:22Je suis sur la Harley Davidson
19:24de Didier,
19:26qui va nous permettre
19:27de franchir les obstacles
19:29et de se rendre à Flick Secours,
19:31puis à Abbeville,
19:32que mon petit cahier
19:33serve de carnet de doléances,
19:36comme ensuite on aura,
19:38on fera à travers la France
19:40avec la caméra de Gilles Perret.
19:42Cet instant, au fond,
19:44je l'attendais,
19:45nous l'attendions depuis 20 ans.
19:47Cet instant,
19:48où les invisibles
19:50se rendent visibles
19:51dans leurs chasubles fluorescents.
19:54Cet instant où les muets
19:55deviennent bavards
19:56et racontent leur histoire.
19:58Cet instant où la honte,
20:00la honte du frigo trop vide,
20:01la honte de ne pas pouvoir
20:02emmener ses gamins en vacances,
20:03cet instant où la honte
20:05devient fierté,
20:06c'est nous le peuple,
20:07le peuple imparfait,
20:08mais le peuple qui fait.
20:09Cet instant où les isolés
20:11se rassemblent,
20:12cet instant surtout
20:13où les résignés
20:14sont traversés d'une espérance.
20:16J'insiste sur cet instant,
20:19sur cet hiver à Arjone,
20:20parce que c'est nous, Debout.
20:22C'est nous.
20:23C'est nous quand,
20:23disons-le à gauche,
20:25la gauche comme il faut,
20:26se pincer le nez,
20:26n'y mettez pas les pieds,
20:28parfois pleines de préjugés.
20:30Le dé de Debout,
20:31pour nous,
20:31c'est le dé du démos,
20:33c'est le dé de la démocratie.
20:34Parce que nous sommes démocrates,
20:36profondément démocrates.
20:38Parce qu'il y a le risque,
20:39aujourd'hui,
20:39le danger,
20:40que peuple de gauche
20:42devienne presque un oxymore.
20:43Le peuple,
20:45pour nous,
20:45c'est comme l'arbitre
20:46contre-foot.
20:47C'est l'arbitre de la nation.
20:49Il a toujours raison.
20:51Notre peuple,
20:51notre peuple Debout,
20:53c'est le nom de 2005.
20:5680% des ouvriers,
20:5771% des employés,
20:5967% des chômeurs,
21:01qui disent non,
21:02non à la concurrence libre
21:03et non faussée,
21:05non à la libre circulation
21:06des capitaux et des marchandises.
21:08Notre peuple,
21:09notre peuple Debout,
21:10ce sont les manifestations
21:11contre le plan Juppé
21:12en décembre 1995.
21:14Les cheminots et les postiers,
21:16qui déjà,
21:17à l'époque,
21:18disent non à un mot compliqué
21:19qu'on ne comprend pas très bien,
21:20mais qui a maintenant
21:21mille réalités.
21:23Néolibéralisme,
21:23ils le disent,
21:24avec 10 ans,
21:2420 ans,
21:2530 ans d'avance.
21:26Merci à eux.
21:27Voilà notre peuple Debout.
21:32Mais avant,
21:33il y a nos ancêtres,
21:36ceux dont nous sommes
21:36les réséritiers,
21:38ceux de la grande révolution française,
21:40le peuple des villes
21:41qui prend la Bastille,
21:42le peuple des campagnes
21:43qui fait la grande peur
21:44et prend les châteaux.
21:46Voilà notre peuple Debout.
21:48Et je le dis,
21:49c'est toujours une chance pour nous.
21:50Et je regarde mon camarade
21:51Alexis Corbière,
21:52nous avons cette chance,
21:53la gauche en France
21:54a toujours cette chance.
21:56Même quand le divorce
21:56paraît consommé
21:57entre la gauche et le peuple.
22:00Même quand ça paraît acté.
22:02Nous avons une chance
22:02d'aller nous ressourcer
22:03à la révolution française,
22:05parce que c'est à la fois
22:06l'acte de naissance
22:07du peuple français
22:08et l'acte de naissance
22:09de la gauche française.
22:11Et donc ça nous fait
22:11un creuset commun.
22:14Et on le voit,
22:17les Gilets jaunes
22:18qui sans doute
22:19se défileraient pas de gauche
22:20dans une grande diversité politique,
22:23quel imaginaire
22:24ils ont aussitôt embrassé.
22:25Ils se sont définis
22:26comme les nouveaux sans culotte.
22:29Ils ont demandé
22:29la chute du roi Macron
22:30et de sa Brigitte Marie-Antoinette.
22:33Ils ont rempli
22:34les cahiers d'éléance.
22:35Ils ont fait
22:35des états généraux.
22:36Et c'est l'imaginaire
22:37de la révolution française
22:39qu'ils sont venus
22:39ranimer en soufflant dessus
22:41parce que ce souffle,
22:43cette braise
22:43ne sont pas éteints.
22:45Et nous sommes là, nous,
22:46pour les maintenir
22:46et pour les ranimer.
22:47J'ai dit le peuple des villes
23:00qui a fait la Bastille,
23:03le peuple des campagnes
23:04qui a fait la grande peur
23:05parce qu'il nous faut
23:06un peuple de rassemblés,
23:08le peuple des villes
23:09et des campagnes ensemble
23:10et non pas un peuple fragmenté,
23:12non pas un peuple divisé,
23:13d'autant plus que
23:14dans et hors des quartiers,
23:16qu'est-ce qu'on voit ?
23:17Il y a les mêmes priorités.
23:19Un sondage est paru.
23:20Les cinq premiers thèmes
23:21n'ont seulement été communs
23:23dans les quartiers
23:24et en dehors des quartiers,
23:25mais ils arrivaient
23:26dans le même ordre.
23:28Vous aviez, un,
23:29le logement,
23:29la santé,
23:30le travail,
23:30l'éducation,
23:31et c'est seulement
23:31sur le sixième thème
23:33qu'on se séparait
23:33avec, dans les quartiers,
23:35la police,
23:36avec, hors des quartiers,
23:37l'immigration.
23:39Et je ne dis pas
23:39que ces thèmes-là,
23:40il faut les mettre de côté.
23:41Je ne dis pas
23:42qu'il ne faut pas
23:42les traiter.
23:43la police dans les quartiers.
23:46On doit réclamer,
23:47et d'autant plus
23:47depuis la condamnation
23:48de la France
23:49pour délit de faciès
23:50cette semaine,
23:51nous devons réclamer
23:52un moratoire
23:52sur les contrôles d'identité.
23:59L'immigration,
24:00nous disons
24:01du travail,
24:02des papiers
24:03pour tous ceux
24:03qui sont sur le territoire,
24:04mais non,
24:05nous refusons
24:05l'immigration choisie.
24:07Nous ne voulons pas
24:07qu'on fasse
24:08avec les services
24:10ce qu'on a fait hier
24:11avec l'industrie,
24:12avec les mines
24:13ou la métallurgie.
24:14Voilà notre ligne.
24:16Donc,
24:16ces sujets,
24:17nous ne les mettons pas
24:18de côté.
24:19Mais ce n'est pas là-dessus
24:19que nous choisissons
24:20de centraliser.
24:22Et le thème numéro un,
24:22là,
24:23c'est le logement.
24:24Thème numéro un.
24:25Pourquoi le logement ?
24:27Parce que le pouvoir d'achat,
24:28le gros souci,
24:29c'est le logement.
24:30C'est là-dedans
24:30que part en loyer,
24:32en crédit,
24:34les revenus,
24:34les salaires.
24:35Parce que même
24:36la natalité,
24:37quand on regarde,
24:38on interroge
24:39les jeunes couples,
24:39pourquoi ils retardent
24:40le fait d'avoir un enfant ?
24:4240% de ceux
24:43qui retardent
24:44leur premier enfant
24:45répondent
24:45par souci de logement.
24:47Eh bien,
24:48voilà à quoi
24:49on doit s'attacher.
24:50Dans un moment,
24:51on n'a jamais
24:51aussi peu construit.
24:53Et écoute,
24:53quand on construit,
24:54on construit pour quoi ?
24:553 millions de logements
24:56vacants dans notre pays.
24:58Une explosion
24:59des résidences secondaires
25:00et du Airbnb.
25:01Et donc,
25:02qu'est-ce qu'on a besoin ?
25:03On a besoin d'une gauche
25:04qui porte,
25:05voilà un enjeu populaire,
25:07qui porte tout simplement
25:07un usage
25:08comme logement,
25:10des logements.
25:12Nous sommes debout
25:12pour ça.
25:13Nous sommes debout
25:14pour ça,
25:14tout simplement.
25:21Le peuple a toujours raison,
25:23je disais tout à l'heure,
25:24comme l'arbitre
25:24de la nation.
25:25Et même quand il a tort,
25:27il faut en comprendre
25:28les raisons.
25:29Nous sommes là pour ça,
25:30nous, à debout,
25:31nous sommes utiles à ça.
25:32Nous devons casser
25:33le « ça va de soi »
25:35de l'entre-soi.
25:36Notre rôle,
25:37c'est d'écouter,
25:38c'est de noter,
25:39même quand ça nous déplait.
25:40Quand des salariés répètent,
25:42assistent et disent
25:43« Nous, on n'a droit à rien,
25:45on doit noter. »
25:46Quand ils pointent l'écart
25:48entre le salaire brut
25:49et le salaire net,
25:50on doit le noter.
25:51Quand les agriculteurs,
25:52les maires,
25:53se plaignent des contrôles
25:54et des normes,
25:55d'ailleurs,
25:55tout comme les associations,
25:57on doit le noter.
25:58Quand le beau mot d'écologie,
26:00quand le beau mot d'écologie
26:01devient l'un des plus détestés
26:03du pays,
26:03on doit le noter.
26:04On doit le noter non pas
26:06comme un chien
26:07qui opinerait
26:08à l'arrière des voitures
26:08d'accord avec tout ça,
26:10mais pour se demander
26:10comment on fait du judo
26:11avec ça.
26:12On ne ferme pas les yeux,
26:13on ne se bouge pas les oreilles,
26:15on ne récite pas un catéchisme,
26:17on ne laisse pas tomber,
26:19on dialogue,
26:19on réfléchit,
26:20on cherche des solutions,
26:22on dépasse les contradictions.
26:23Parce que oui,
26:25notre peuple,
26:26notre pays
26:26est traversé
26:27par des contradictions.
26:29Et nous aussi,
26:30est-ce qu'on va arriver
26:31aux affaires
26:32comme des planeurs
26:33d'en haut,
26:34en sachant tout,
26:35en ayant tout prévu,
26:37en ayant toutes les réponses
26:38à la clé en main ?
26:40Non,
26:40ça ne doit pas être
26:41notre attitude,
26:42ni aujourd'hui,
26:43ni demain.
26:44Ces contradictions,
26:45il faudra les démêler
26:46avec le pays,
26:48avec son appui.
26:49Notre peuple,
26:50ce sont ces gilets jaunes
26:51qui écrivaient sur leur chasuble
26:53« Faire l'amour une fois
26:55tous les cinq ans,
26:55ce n'est pas une vie sexuelle.
26:57Voter une fois tous les cinq ans,
26:59ce n'est pas une vie démocratique. »
27:04Et nous,
27:05nous disons oui,
27:06nous disons oui
27:07à des nouveaux outils,
27:08oui au RIC,
27:09oui au jury populaire,
27:10oui aux conventions citoyennes,
27:11oui aux états généraux.
27:13Nous faisons le pari du peuple,
27:15qui est un pari politique.
27:17Le Front populaire,
27:17quand je le lançais l'année dernière,
27:19c'est avec l'espoir
27:21que le peuple s'en mêle.
27:22Si on laisse les partis,
27:23nous sommes fichus.
27:24Mais le peuple s'en mêle
27:25400 000 pétitions en 24 heures
27:26et qui force à dire aux partis
27:28« Soyez unis,
27:29arrêtez vos conneries »
27:30et ça se fait
27:31et on retrouve l'unité.
27:32Quand je parle de primaire aujourd'hui,
27:34c'est avec l'espoir
27:35que le peuple s'en mêle
27:36par millions
27:37et qu'ils viennent
27:38construire une unité,
27:40rouvrir un espace.
27:41Et nous faisons le pari
27:48que dans deux ans,
27:48nous aurons une majorité.
27:51Nous aurons un peuple debout,
27:53un peuple debout
27:54pour des choses simples,
27:55pour des évidences,
27:56pour que les Français,
27:56tous les habitants de notre pays,
27:58puissent vivre de leur travail,
27:59bien en vivre
27:59et pas en survivre.
28:01Un peuple debout
28:02pour qu'en matière d'impôt,
28:03les petits payent petits
28:04et que les gros payent gros.
28:05Un peuple debout
28:06pour l'égalité,
28:07l'égalité devant la santé,
28:09l'éducation,
28:09la police,
28:10la justice,
28:11qu'importe le lieu d'habitation,
28:12qu'importe la couleur de peau,
28:14qu'importe la religion,
28:15nous faisons le pari
28:16que dans deux ans,
28:17nous aurons pour tout ça
28:18un peuple debout.
28:28Hier,
28:29j'étais au village des aidants
28:30à Avil
28:32et c'est des barnum
28:34qui sont installés
28:34par des associations
28:35pour venir appuyer
28:38tous ceux qui,
28:40dans leur famille,
28:41s'occupent des personnes âgées,
28:42s'occupent d'une personne
28:44qui souffre de handicap
28:45et vous savez,
28:46c'est grosso modo
28:47un tiers des aidants
28:48qui, d'épuisement,
28:49meurent avant les aider.
28:52Il y avait là
28:53des tas de métiers,
28:55auxiliaires de vie,
28:55évidemment,
28:56des socio-esthéticiennes,
28:58des neuropsychologues,
29:00des ergothérapeutes,
29:01des relayeuses
29:02et ce que je leur disais,
29:05c'est
29:05quand on a l'impression
29:07partout dans le monde
29:08que la civilisation recule,
29:11vous êtes celles
29:12qui, discrètement,
29:13faites avancer la civilisation.
29:20Évidemment,
29:20ça avait l'air un peu décalé,
29:21un peu grandiloquent,
29:22mais venant de moi,
29:23elles n'en sont pas tellement surprises.
29:25Je leur disais,
29:25il y a 50 ans maintenant,
29:28un peu plus,
29:29on disait
29:30un petit pas pour l'homme,
29:31un grand pas pour l'humanité
29:32quand on marchait sur la lune
29:34et sans doute
29:35qu'aujourd'hui,
29:36le progrès,
29:36c'est ce que vous faites,
29:37c'est vous qui faites faire
29:38des grands pas à l'humanité.
29:45À l'entrée de la salle,
29:46quelqu'un m'a venu,
29:47je ne me souviens plus,
29:48en disant,
29:48oui, bien sûr,
29:49il y aura des auxiliaires de vie.
29:50Oui,
29:51parce que c'est notre projet politique.
29:53C'est le projet politique
29:54que nous portons.
29:56Auxiliaire de vie,
29:57accompagnante d'enfants,
29:57situation de handicap,
29:58assistante maternelle,
29:59assistante familiale,
30:01vous êtes l'incarnation
30:02du projet politique
30:03que nous portons.
30:11Comment ça se fait
30:12que cet immense continent,
30:145 millions de femmes,
30:16en comprenant les femmes de ménage,
30:17comment ça se fait
30:17que cet immense continent,
30:19on ne le voit pas
30:20comme un immense continent ?
30:21Comment ça se fait
30:22qu'on le voit juste
30:23comme des petits îlots ?
30:25Comment ça se fait
30:25qu'il n'y a pas
30:26une conscience de classe,
30:28pour ainsi dire ?
30:28Comment on a réussi
30:29à la construire
30:30au 19e siècle
30:31avec le mouvement ouvrier
30:32sur la figure plus masculine ?
30:35Comment ça se fait ?
30:36Je pense,
30:37je réfléchis,
30:38je me dis d'abord,
30:39il y a que c'est un salariat
30:41qui est plus éclaté.
30:42Il y a aussi qu'au fond,
30:45cet état social,
30:46et je vois Christophe Rameau
30:47qui a publié une somme
30:49sur l'état social
30:50et qui nous dit dans son livre,
30:51finalement,
30:52vous ne vous rendez pas compte,
30:53arrêtez-nous,
30:53nous embêtez avec l'état cassé
30:55et puis tout ça,
30:56je caricature évidemment,
30:57mais qui nous dit,
30:58mais regardez,
30:59en vérité,
30:59l'état social,
31:00il continue de progresser.
31:02Et de fait,
31:03ces métiers-là,
31:05ils continuent d'y en avoir
31:06toujours de plus en plus.
31:08Mais c'est comme si,
31:09à la place d'être voulu,
31:11à la place d'être organisé,
31:13c'était subi,
31:14c'était du malgré soi
31:15dans la société.
31:16Nous,
31:16nous sommes là pour le vouloir
31:18et pas pour le subir.
31:20Nous sommes là pour l'organiser
31:21et pas pour que ça soit
31:22du malgré soi.
31:24Parce que là,
31:25c'est du malgré soi.
31:25Je les interroge,
31:26il y a des prestataires,
31:27il y a des mandataires,
31:29il y a des auto-entrepreneurs,
31:31il y a des temps partiels,
31:32évidemment,
31:33beaucoup.
31:34Donc,
31:34c'est-à-dire,
31:35ça se construit par le petit
31:36sans que ça se voit,
31:38dans un coin,
31:38parce qu'il faut raccommoder
31:40des bouts de budget comme ça.
31:42Je pense que les gilets jaunes
31:45dont je parlais
31:45ont été un premier moment
31:46dans une conscience de classe.
31:48Vous savez,
31:48quand on allait sur les gilets jaunes,
31:50chez les hommes,
31:51c'était des charistes,
31:51c'était des camionneurs,
31:52c'était des métiers du flux
31:53et de la géologistique pour beaucoup.
31:55Et chez les femmes,
31:56c'était ces métiers,
31:57ce que j'appelle
31:57les métiers du lien.
31:58Deuxième grand moment
32:00de prise de conscience de classe,
32:03c'est évidemment la crise Covid,
32:05où ça perce jusqu'au sommet de l'État
32:07qui vient dire,
32:08président de la République,
32:09oui, je sais,
32:10je me radote,
32:10mais profitons des douze secondes
32:12où Emmanuel Macron a été de gauche.
32:15Il faudra se rappeler
32:16que notre pays tout entier
32:17repose aujourd'hui
32:17sur ces femmes et ces hommes
32:18que nos économies reconnaissent si mal
32:20et qui, ajouté,
32:21citant la déclaration
32:22des droits de l'homme
32:22de 1789,
32:23les distinctions sociales
32:27reposent sur l'utilité commune.
32:31Voilà notre projet.
32:33Parce que placer ça en notre cœur,
32:35et j'utilise le mot cœur à dessin,
32:37c'est le cœur de notre projet,
32:38c'est un projet du cœur.
32:40Placer ça en notre cœur,
32:41c'est à la fois
32:42une lutte populaire,
32:475 millions de femmes populaires,
32:49c'est une lutte sociale,
32:52des femmes qui s'agit
32:54de sortir de la pauvreté,
32:56c'est une lutte féministe
32:57parce qu'à 95%,
32:59ce sont des femmes,
33:00et enfin,
33:01c'est une lutte antiraciste
33:02aussi parce que très largement,
33:04dans les métropoles,
33:06ce sont des immigrés
33:07ou des enfants d'immigrés.
33:17Mais peut-être qu'avant tout,
33:19c'est un projet écologique.
33:20C'est un projet écologique
33:22parce que ça vient interroger
33:23ce qu'est le progrès.
33:25Est-ce que le progrès,
33:26c'est l'innovation technologique
33:29ou est-ce que le progrès,
33:30c'est du progrès humain ?
33:31Et dès les années 70,
33:33il y a une disjonction.
33:35Jusque-là, pendant un siècle,
33:37le plus a signifié du mieux.
33:39Jusque-là,
33:40il y avait une corrélation
33:41entre le PIB
33:42et les indices de bien-être.
33:43Et à partir de les années 70,
33:45vous avez une disjonction.
33:47Le PIB n'entraîne plus automatiquement
33:48une hausse des indices de bien-être.
33:50Ça veut dire qu'il y a pour nous
33:51un autre chemin de progrès humain
33:54que celui de la croissance,
33:56que celui du PIB,
33:57que celui de la technologie.
33:59Il ne s'agit pas de la refuser,
34:00mais peut-être que la modernité,
34:03il faut une bataille
34:04sur ce qui est l'imaginaire de la modernité.
34:06Peut-être que la modernité,
34:07c'est moins des nouvelles technologies
34:09et l'IA
34:09que ces héroïnes de la transition
34:12qui rendent notre société vivable.
34:14La modernité,
34:16c'est le professeur,
34:17ce n'est pas la téléconférence.
34:19Et je veux ajouter
34:20aux femmes que je cite
34:21d'autres visages
34:24qu'on ne voit pas non plus.
34:26Qu'on pense, bien sûr,
34:28aux soignants,
34:29aux enseignants,
34:30mais au ménage
34:32et à l'administratif.
34:34À l'administratif,
34:35vous savez,
34:36il y a des maires là.
34:37Qu'est-ce que vous feriez
34:38sans votre secrétaire de mairie ?
34:39C'est la secrétaire de mairie
34:41qui est là
34:42et qui tient tout en vérité.
34:43Et dans les petits villages en particulier.
34:46Mais c'est la même chose
34:47dans les hôpitaux,
34:48c'est la même chose dans les tribunaux,
34:49c'est la même chose dans les commissariats.
34:51C'est-à-dire que sur le plan administratif,
34:52sur le plan du ménage
34:53ou sur le plan du soin,
34:54c'est celle qui assure
34:56l'intendance derrière,
34:57c'est celle qui assure la base,
34:59qui permette la production de vent.
35:02Et bien, voilà
35:03ce qui, je crois,
35:04est au cœur de notre projet,
35:06est au cœur de notre projet politique
35:07et est au cœur d'un pari électoral.
35:09Un pari électoral
35:10de parler,
35:11de réussir à parler,
35:12de parler que
35:13les auxiliaires de vie dans le pays,
35:15les femmes de ménage,
35:16les secrétaires...
35:16Les secrétaires...
35:17Sous-titrage Société Radio-Canada
35:22...
35:52...
36:22...
36:23...
36:24...
36:25...
36:27...
37:55Notre France, c'est Laurent qui raconte les galères pour sa mère, grabataire, les EHPAD trop tristes, trop sinistres qu'il a visitées pour finir chez Orpéa, les économies avalées chaque mois, parce qu'après tant de promesses, il n'y a toujours pas de loi grand âge, rien pour vieillir dignement, à la fois à son domicile et en établissement.
38:15Et la dernière étape de la vie devient une angoisse, une incertitude, notre colère elle est là. Notre France, c'est Jean-Michel, dans sa ferme fabrique de yaourts à Blain, un patron, oui, avec ses 13 salariés.
38:28Jean-Michel, il est venu du côté obscur de la force, de la très grande multinationale américaine et qui s'est mis en repentie à l'artisanal et nous avons besoin à deux bouts, nous avons besoin d'entrepreneurs, de créateurs, d'innovateurs pour notre France,
38:41des entrepreneurs, des créateurs, des innovateurs, des start-upers même si vous voulez, qui ne feront pas ça pour des dividendes, qui ne feront pas ça pour les profits, mais pour l'humain, pour le pays, pour la vie, notre espoir il est là.
38:54Notre France, c'est Ahmed, cadre à la SNCF, trésorier d'un club de foot, lui qui est né et grandit en Picardie, passé comme il le dit par les écoles de la République,
39:08qui aime la France et qui, lassé d'écouter, se prépare à l'exil et confie à son fils, projette-toi dans l'avenir, projette-toi dans tes études,
39:18mais ne te projette pas en France, notre colère, elle est là. Notre France, c'est Sadia, ma coiffeuse au quartier Nord, sur la place Marivaux.
39:29Sur le parking devant chez elle, il y a bien sûr des jeunes qui traînent et elle sert de médiatrice pour sa clientèle.
39:34Elle me raconte, j'avais ma journée LGBT, tout est Nassau qui venait pour se faire coisser.
39:39On les repère à des kilomètres, j'ai prévenu les jeunes du quartier. Je leur ai dit, ils sont comme vous, ils souffrent du rejet, ils se sentent étrangers.
39:46Ils sont arrivés, mais LGBT, et tout s'est bien passé. Notre espoir, il est là.
39:55Notre France, c'est Jérémy, un ami, qui nous dit, avant, à l'étranger, j'étais fier d'être français. Maintenant, j'ai honte et je me tais.
40:03La honte, la honte naît du silence sur Gaza. Deux millions de personnes, de femmes, d'enfants bombardés, déplacés, affamés,
40:10et le président de notre France qui se tait. Le président de notre France qui n'a toujours pris aucune sanction.
40:15Oui, il nous faut un embargo, comme on l'a fait avec l'Afrique du Sud du temps de l'Apartheid.
40:20Oui, il nous faut privilégier tous les alliés politiques, culturels, sportifs de Benyamin Netanyahou.
40:25Oui, il nous faut reconnaître tout de suite et sans condition la Palestine comme État.
40:31Notre France, c'est Patrice Leclerc, maire de Jeunevilliers, et qui fait flotter sur sa mairie le drapeau palestinien.
40:38Lui, il se fait sermonner par le préfet qui lui demande en urgence de, je cite, « retirer sa décision de pavoisement ».
40:45Mais Patrice lui répond « courtoisement ».
40:48Vous ne m'avez rien dit quand, il y a quelques mois, nous avons fait flotter sur notre mairie le drapeau ukrainien.
40:53Parce que, pour lui comme pour nous, il n'y a pas de poids, de mesures.
40:57Pas un droit international à géométrie variable, pas d'hémiplégie dans l'humanité.
41:01Notre espoir, il est là.
41:08Nous éprouvons de la colère pour notre pays, un sentiment d'abaissement économique, industriel, écologique, diplomatique,
41:16mais par-dessus tout, sans doute, un sentiment d'abaissement moral.
41:20Heureusement, avec Laurent, Émilie, Claire, Jean-Michel, Ahmed, Sadia, Jérémy, Patrice,
41:24heureusement, nous sommes là, nous sommes là pour élever ça,
41:28nous sommes là pour la France qui nous a remis d'un genou, nous allons la remettre debout, avec vous.
41:33Notre espoir, il est là.
41:35Voilà le plan, et à la fin, c'est nous qu'on va ?
41:38Et à la fin, c'est nous qu'on va ?
41:40Merci à vous.
41:42Merci.
41:43Applaudissements
41:44Merci.
41:45Applaudissements
41:46Applaudissements
41:47Applaudissements
41:48Applaudissements
41:49Applaudissements
41:50Applaudissements
41:51Applaudissements
41:52Applaudissements
41:53Applaudissements
41:54Applaudissements
41:55Applaudissements
41:56Applaudissements
42:26Applaudissements
42:27Applaudissements
42:28Applaudissements
42:29Applaudissements
42:30Applaudissements
42:31Applaudissements
42:32Applaudissements
42:33Applaudissements
42:34Applaudissements
42:35Applaudissements
42:36Applaudissements
42:37Applaudissements
42:38Applaudissements
42:39Applaudissements
42:40Applaudissements
42:41Applaudissements
42:42Applaudissements
42:43Applaudissements
42:44Applaudissements
42:45Applaudissements
42:46Applaudissements
42:47Applaudissements
42:48Applaudissements
42:49Applaudissements
42:50Applaudissements
42:51Applaudissements
42:52Applaudissements
42:53Applaudissements
42:54Applaudissements
42:55Applaudissements
42:56Le monde va chanter
43:56L'alternationale
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