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Trois jours ne lui suffisent pas toujours pour visiter un cimetière. Passionné d'art funéraire et d'histoires méconnus, Thierry Le Roi nous fait découvrir le Père Lachaise sous un nouvel angle. Les visites avec lui sont à réserver sur son site : necro-romantiques.fr

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Transcription
00:00Tu es tout bleu aujourd'hui ?
00:01Je suis tout bleu.
00:02Oui, même la veste.
00:04Tu le mets sur toutes tes vestes ?
00:05Oui, ça fait partie de l'uniforme,
00:08ainsi que ma tête de mort que je n'arrête pas de toucher.
00:11Et vous ne voyez pas tout.
00:15Hahnemann, l'inventeur de l'homéopathie,
00:17est-ce que vous avez besoin de deviner qui repose ici ?
00:21On a la famille Patate.
00:23La passion des cimetières, je l'ai eue quand je suis arrivé à Paris,
00:26mais le déclic, après, pour faire le job, entre guillemets,
00:31ça s'est passé en Égypte.
00:33On tombe sur des yin qui sont très compétents,
00:36mais quand on vous réveille à 5h du matin
00:38et que 2-3h après, on vous parle de dynastie, de dieu,
00:42à un moment, ça lâche.
00:43Jusqu'au jour, je suis tombé sur un yin, il s'appelait Youssef.
00:46Alors lui, il avait compris que,
00:48bon, bien sûr qu'il avait affaire à des touristes,
00:51mais pas des égyptologues, quoi.
00:53Et là, j'ai eu le déclic.
00:54C'est raconter la vie des défunts,
00:57mais au travers des histoires,
00:59d'une manière ludique,
01:00et c'est ce que je fais depuis maintenant 25 ans.
01:06Alors nous voici devant une pyramide.
01:09Elle est vide.
01:09Le propriétaire est toujours vivant.
01:12Toutes les fresques de la pyramide
01:15et qui sont aussi dans la chambre,
01:17c'est lui qui les a exécutées.
01:19L'escalier descend, hop,
01:21on arrive ici
01:24et après, on a la chambre qui est là
01:27et sur la droite, il y a le sarcophage
01:29qui est stocké dans,
01:31comme dans un chantier, quoi,
01:32les pots de peinture.
01:34On est promulgués qui se baladent
01:35et qui, tout d'un coup,
01:36voient une porte s'ouvrir
01:38et un type qui sort.
01:40Croyez-moi que ça a flirté la crise cardiaque.
01:42Je suis un peu étonné
01:51que des Italiens ne demandent pas
01:54Modigliani, il est là.
01:57On a aussi Bellini, il était là.
02:00Rossini, il était là.
02:01Je suis content de voir ces touristes
02:02qui viennent découvrir le cimetière
02:04mais qui demandent toujours
02:06le fameux Jim Morrison.
02:09J'essaye de conjuguer
02:10ce que le public attend,
02:12Pierre, Jim Morrison,
02:14mais ma passion qui est l'art funéraire.
02:17C'est-à-dire que moi,
02:17montrer des tombales
02:19toutes plates
02:20où il n'y a rien à voir,
02:21ça ne m'intéresse pas.
02:23Michel fait partie
02:24des dernières entrées.
02:26Bon, là, on est dans une situation
02:27qui est tout à fait normale,
02:28c'est-à-dire la date de béton
02:30qui est posée le jour de l'enterrement
02:32et les monuments sont posés par la famille
02:34quand ils le veulent.
02:36Combien de fois j'entends
02:38des visiteurs
02:40« Oh, regarde, il n'y a rien,
02:42ils ont du fric,
02:44c'est pas non. »
02:46On se calme, hein.
02:48Et au niveau du prix ?
02:49Ah !
02:50La 10 ans est à 1 000 euros,
02:53la 50 ans dans les 4 700
02:55et la perpétuelle est passée
02:57à 16 000 euros.
02:59Tu trouves ça cher, toi, ou pas ?
03:00Ce n'est pas le cimetière
03:02le plus cher d'Europe.
03:03En Italie, les places
03:04sont encore plus chères.
03:06Et toi, tu aimerais être enterré ?
03:07Ah !
03:08Pour avoir une concession
03:09dans le cimetière parisien,
03:11il faut mourir.
03:12J'aurais tellement aimé
03:13montrer aux visiteurs
03:16que ma future
03:17demeure pour l'éternité,
03:20mais aujourd'hui,
03:21ce n'est plus possible.
03:22Donc, ce ne sont pas
03:24les idées qui me manquent,
03:25mais on en parlera tout à l'heure.
03:27Là, il y a une épitaphe
03:29qui est intéressante
03:30et qui m'a toujours intrigué.
03:33Victime de la libération de Paris.
03:35Je n'arrivais pas à comprendre
03:36comment on pouvait être victime
03:38d'un moment de liesse.
03:40Le 20 août 1944,
03:43elle est toute seule à la maison.
03:45Mais elle entend des pas,
03:46elle entend des bruits chenillés,
03:49et dans sa tête, ça fait tilt.
03:51Ça y est, le libérateur est là.
03:53Sauf que le 20 août 1944,
03:56le libérateur n'est pas dans Paris,
03:59il est toujours dans le sud.
04:01Paris ne va pas être libérée en un jour.
04:03Et là, c'est une brigade allemande
04:04qui passe.
04:06Et donc, elle sera tuée
04:07sur son balcon,
04:08le drapeau à la main.
04:11Regardez, si vous êtes discrètes,
04:12on va voir un jet.
04:13Ils sont en train de s'amuser.
04:14Ah, ils sont trois.
04:20Depuis maintenant plusieurs années,
04:22c'est zéro phyto.
04:23Ça a permis surtout à la nature
04:25de revenir.
04:26Et les renards, alors,
04:27ce n'est pas un mythe ?
04:28Il y en a vraiment un.
04:29Non, non, ce n'est pas un mythe.
04:30On est rendu à la quatrième génération.
04:32Alors moi, je ne les ai jamais vus
04:34de mes yeux,
04:35parce que ce sont des animaux nocturnes.
04:36Ils sortent dès que les portes
04:38du cimetière se ferment.
04:40Ça me fait rire beaucoup,
04:41mes amis, mon entourage.
04:43C'est que mon objectif de voyage,
04:46c'est le cimetière.
04:47Je me souviens de Gênes, en Italie,
04:50où il y a le fameux cimetière
04:51de Staglienno.
04:52Et j'ai passé trois journées entières
04:54dans le cimetière.
04:55Et je suis même très colère,
04:57parce que je n'ai pas tout vu.
04:59Alors, je vous ai promis
05:00une petite note sucrée.
05:02Hop, hop, hop.
05:05Ça vous dit ?
05:06C'est mes préférés.
05:07Pas qu'on en dise.
05:09Oui, je sais, il y a des détracteurs.
05:11Moi, c'est la durée.
05:14Et si possible, pistache.
05:17Mais ça serait bien de lancer un petit SOS, là,
05:19parce que le Viltrail est magnifique.
05:23Ça mériterait un petit coup.
05:25Ben voilà, je pense à nos amis de Tom Care.
05:29Franchement, vous faites un boulot remarquable.
05:32Et ben voilà,
05:34vous pourriez venir discrètement nettoyer.
05:36Il le mérite, hein.
05:37Il fait tellement le bonheur de millions,
05:40on va dire, de millions de gens.
05:45Alors, l'idée, bon, bien sûr,
05:47malheureusement, je ne peux pas la réaliser
05:48de mon vivant.
05:50Il doit falloir que je laisse des consignes
05:53à mes ayants droit.
05:54Puis des sous, aussi.
05:57Donc, moi, je ne suis pas très mégalo.
05:59Un peu comme là-bas, vous voyez ?
06:00Très 19e, mais il y a la double stèle arrondie.
06:04Moi, une seule, ça me suffit.
06:05J'aimerais bien qu'on grave un passeur de mémoire,
06:09puisque c'est un peu l'esprit de ce que je fais.
06:12Et puis, sous la dalle,
06:14une esquisse du plan du cimetière dans les grandes lignes,
06:17avec un point, vous êtes ici.
06:20Et en épitaphe, important.
06:23À tout de suite.

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