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Une députée socialiste née en Iran dénonce les bombardement israéliens
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Avec Ayda Hadizadeh, député socialiste du Val-d'Oise, née à Téhéran (Iran)
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##C_EST_A_LA_UNE-2025-06-18##
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00:00
Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:03
Nous recevons, et j'en suis heureux, Aïda Adizadeh, qui est députée socialiste du Val-d'Oise et la circonscription,
00:10
le deuxième du Val-d'Oise, l'île Adam, enfin bon, députée socialiste donc, née à Téhéran, en Iran.
00:17
Vous êtes donc d'origine iranienne, bonjour madame, merci d'être avec nous.
00:20
Vous êtes d'origine iranienne, vous avez de la famille en Iran, j'imagine, beaucoup de familles en Iran.
00:25
Est-ce que vous arrivez à les joindre en ce moment ?
00:28
On échange par WhatsApp, on échange peu, parce qu'on ne veut pas non plus les mettre en difficulté.
00:32
On sait que le régime peut surveiller ces conversations-là.
00:37
Le Mossad ayant infiltré l'Iran, ce qui a permis de faire ses frappes, ses attaques,
00:42
le régime a déjà entrepris une série de répressions ciblées et aveugles de ceux qui s'y mettent les espions, les traîtres,
00:50
et on ne veut surtout pas les mettre en difficulté, donc on échange, pour l'instant ils vont bien, mais on est très inquiets.
00:55
Ils habitent à Téhéran ?
00:56
Certains habitent à Téhéran, d'autres habitent à Chiraz, et dans d'autres villes aussi.
01:00
Que vous disent-ils de la situation ? Comment la vivent-ils, cette situation ?
01:05
Ils sont angoissés. Ils sont angoissés, ils ne savent pas de quoi demain sera fait.
01:11
Ils aussi, entre fatalisme et angoisse et désespoir, ne voient pas d'issue heureuse à cette situation pour eux, pour les civils.
01:21
Bien sûr, je ne veux pas parler pour eux, parce que je ne veux pas les mettre en difficulté.
01:25
Vous savez, le régime n'est pas soutenu par les Iraniens.
01:28
Le régime n'est pas soutenu par les Iraniens.
01:31
On l'a vu d'ailleurs dans le mouvement Femme, Vie, Liberté, qui a été réprimé durement.
01:35
Je pense qu'il y a 95% des Iraniens qui, si on leur demandait demain de virer le régime, le frais des deux mains.
01:42
Oui.
01:42
Sans mauvais jeu de mots.
01:43
Mais ce n'est pas pour autant que les bombes sont souhaitées, sont souhaitables.
01:49
Et au contraire, elles provoquent beaucoup d'angoisse.
01:52
Il y a des précédents.
01:53
À côté, il y a eu l'Irak.
01:55
L'Irak, en 2003, c'est un million de morts pour un changement de régime.
01:58
Il y a eu la Libye, plus récemment.
02:01
C'est des situations extrêmement angoissantes.
02:04
Je vais revenir sur la situation militaire, la situation diplomatique et la géopolitique.
02:11
Mais je voulais vous demander.
02:13
Donc, ils sont anti-régime.
02:16
On est bien d'accord.
02:18
Difficile de s'exprimer, d'ailleurs, quand on est contre le régime, là-bas, en Iran.
02:23
On dit qu'il y a des mouvements de population importants.
02:25
On dit que beaucoup ont fui Téhéran.
02:27
C'est vrai ou c'est faux ?
02:29
Oui, on voit des images qui nous parviennent par les réseaux sociaux.
02:32
Pour ceux qui n'ont pas voulu, il y a des longues files de voitures sur les artères de Téhéran,
02:37
devant les stations à essence.
02:39
Les gens cherchent à fuir parce que c'est les consignes qu'on leur donne,
02:42
mais sans leur dire où aller.
02:44
Les Israéliens aussi, la population civile fuit,
02:47
se réfugie dans les abriers antimissiles, dans les bunkers, dans le métro.
02:51
Mais ils ont des consignes beaucoup plus précises.
02:52
Là, c'est fuyez, partez.
02:54
C'est un message du président Trump qui leur est directement parvenu.
02:58
Mais pour aller où ?
02:59
Et c'est là la grande angoisse.
03:01
Les Etats-Unis hésitent à entrer en guerre.
03:04
Doivent-ils éviter de le faire ?
03:06
Oui.
03:06
Qu'en pensez-vous ?
03:07
Oui, je pense que les guerres sont dévastatrices.
03:10
C'est bien pour ça que nous avons établi, nous, vieux continent, vieux pays,
03:14
après deux guerres meurtrières dont nous commémorons chaque année le souvenir,
03:19
nous avons établi des principes, ce qu'on appelle le droit,
03:21
et même le droit international, pour éviter d'entrer dans ces phases-là.
03:24
La guerre, c'est banal à dire, mais nous avons nos grands humanistes, Albert Camus,
03:29
enfin, des écrivains qui se sont exprimés là-dessus.
03:32
La guerre est toujours une tragédie.
03:33
Le président de la République dit, il a fait cette déclaration,
03:39
vouloir changer le régime en Iran par la force serait une erreur stratégique.
03:44
Vous êtes d'accord avec lui ou pas ?
03:46
Oui, et je rajouterais une erreur humaine et humanitaire.
03:49
Vous êtes contre ces bombardements, vous êtes contre l'action militaire israélienne,
03:52
vous êtes opposé.
03:54
L'action militaire israélienne a voulu faire croire qu'elle était ciblée.
03:58
Or, on voit déjà qu'il y a 400 civils qui sont morts,
04:01
et beaucoup de blessés, et beaucoup de personnes en détresse.
04:04
Il y a des hôpitaux qui ne fonctionnent plus,
04:06
il y a bientôt l'électricité qui va être de nouveau recoupée,
04:09
on n'a pas Internet, et je crains aussi la répression sanglante de ce régime.
04:12
Ce régime est détestable.
04:14
Il n'y a pas un jour depuis que nous sommes en France
04:17
où nous souhaitons la chute de ce régime.
04:19
Mais pas comme ça, pas avec les bombes, pas dans cette erreur généralisée.
04:23
Oui, mais le régime, pas comme ça.
04:24
Oui, d'accord, mais Frédéric Schmers, le chancelier allemand,
04:28
dit Israël fait le sale boulot pour nous tous.
04:32
Israël fait le sale boulot pour vous, la population iranienne ?
04:36
Je voudrais qu'on s'arrête sur ce thème.
04:37
Le sale boulot, ça renvoie à quoi ?
04:39
Ça renvoie à des civils qu'on tue, à des maires qu'on endeuille,
04:42
à des pères qu'on endeuille aussi, à des enfants qui perdent la vie.
04:45
C'est ça, le sale boulot ?
04:46
Enfin, on parle de vie humaine,
04:48
mais est-ce qu'il oserait parler comme ça pour son propre peuple ?
04:50
Non, je pense que c'est irresponsable.
04:52
Oui, mais comment faire tomber ce régime ?
04:55
Il y a eu toutes ces femmes iraniennes,
04:59
et les hommes aussi, qui se battent,
05:01
qui se sont battues ces dernières années, ces derniers mois,
05:04
sans résultat, sans succès ?
05:06
Alors, c'est faire changer un régime,
05:08
c'est souvent des processus de longue haleine,
05:10
et nous sommes bien placés, pour le savoir, en France.
05:12
Il y a eu plusieurs révolutions avant que nous ayons une république qui s'installe,
05:16
et il y en a eu cinq jusqu'à présent.
05:18
Il faut faire confiance au peuple iranien,
05:20
il faut être de son côté.
05:21
Le peuple iranien bouge, il a évolué.
05:23
Après le mouvement Femmes-Vie-Liberté,
05:25
en Iran, les voiles sont tombées.
05:27
Les femmes ont imposé cela au gouvernement.
05:29
Aujourd'hui, en Iran, les femmes se promènent tête nue.
05:34
C'est saisissant.
05:35
Saisissant.
05:35
Dès l'aéroport, alors qu'avant, elles s'attendaient un peu,
05:37
c'était dans les voitures, dans les soirées privées,
05:40
de manière un peu cachée, dans les cafés.
05:42
Là, de manière saisissante, dès l'aéroport,
05:44
les femmes, la majorité des femmes, collectivement,
05:47
c'est difficile à évaluer,
05:48
mais vous voyez beaucoup de femmes tête nue.
05:49
En fait, ensemble, elles ont bravé cet interdit,
05:52
avec le soutien des hommes.
05:53
Quand il y a un passe-d'avant qui s'en mêle,
05:56
il y a des hommes qui font corps autour d'elles,
05:57
en leur disant, laisse-la tranquille, laisse-la tranquille.
05:59
Vous voyez, il faut faire confiance au peuple iranien.
06:03
Je vais ajouter autre chose.
06:05
Qu'est-ce qui a marché avec l'Iran ?
06:07
Un accord.
06:08
Un accord en 2015,
06:09
qui a mis une fin malheureusement provisoire,
06:12
parce que cet accord a été dénoncé par Trump,
06:14
au mouvement d'enrichissement du nucléaire
06:17
pour se doter d'une arme.
06:19
Le droit, ça marche.
06:20
Encore faut-il y croire.
06:21
Encore faut-il ne pas croire en la seule loi
06:24
qui semble prévoir l'heure à l'heure actuelle,
06:25
c'est la loi du plus fort.
06:27
Je pense que la paix est fragile.
06:30
Oui, ce régime doit changer.
06:32
Oui, ce régime doit tomber.
06:33
Mais il faut le faire évoluer de l'intérieur
06:34
en soutenant les Iraniens.
06:36
Vous êtes iranienne d'origine.
06:38
Tout à fait.
06:38
Vous aimez ce pays,
06:39
qui est un pays magnifique.
06:40
Profondément.
06:41
Je n'ai pas eu la chance d'y aller,
06:42
mais c'est un pays magnifique de 90 millions d'habitants.
06:44
Dites-moi, lorsque vous voyez en France
06:46
des manifestations pro-palestiniennes
06:49
et dans ces manifestations,
06:50
de plus en plus de drapeaux iraniens,
06:53
mais de drapeaux soutenant la République islamique.
06:56
C'est une dérive totale.
06:57
Je pense que les gens qui font ça
06:58
n'ont aucune idée de ce qu'ils défendent,
07:01
de ce qu'ils soutiennent.
07:02
Ou peut-être même un peu trop.
07:04
Ils sont peut-être pour la charia.
07:05
C'est une dérive totale
07:07
et c'est un crachat au visage des Iraniens
07:11
qui ont subi ce régime depuis 40 ans.
07:15
D'ailleurs, certains le disent.
07:16
Pour l'instant, on a 400 morts,
07:18
mais il y a eu 800 pendaisons du régime iranien.
07:20
Donc, certains, avec ironie, disent
07:22
qu'on est encore loin du compte
07:23
de ce que le régime nous a fait subir
07:24
juste l'année précédente.
07:26
Donc, non, c'est tout à fait condamnable.
07:28
Et puis, j'ai une dernière chose
07:29
sur le terrain politique, purement politique.
07:32
Vous avez soutenu Boris Vallaud.
07:33
Tout à fait.
07:33
Dites-moi, est-ce qu'il faut passer des accords
07:37
des accords électoraux, oui ou non, avec LFI ?
07:41
Est-ce que le PS doit passer des accords électoraux
07:43
avec LFI ?
07:44
Je crois que si on passe des accords,
07:47
c'est pour éviter d'avoir le RN au second tour
07:51
si on parle législative,
07:52
dans tout un tas de circonscriptions.
07:54
C'est-à-dire que c'est presque un pacte de non-agression.
07:57
Nous ne présentons pas de candidats face à vous.
07:58
Vous n'en présentez pas face à nous
08:00
dans un cas où on est dans un scrutin uninominal à deux tours.
08:03
Je pense qu'il ne peut pas y avoir d'accord programmatique.
08:07
On est en divergence sur beaucoup de sujets.
08:08
On est en convergence aussi sur pas mal de sujets.
08:11
Moi, je rejoins beaucoup de leurs combats
08:13
et ils rejoignent beaucoup des miens sur, par exemple,
08:15
la protection de l'enfance.
08:17
Mais on pourrait mettre barrage républicain à gauche
08:20
et partir comme ça aux élections,
08:22
je pense que ça serait sain,
08:25
ça serait même salutaire,
08:26
si on veut éviter d'avoir davantage de députés RN.
08:29
Merci à vous.
08:30
Merci d'être venue nous voir.
08:31
Aïda Adizadeh, je rappelle, députée socialiste du Val d'Oise,
08:35
née à Téhéran.
08:36
Merci d'origine iranienne.
08:38
Donc, 7h20, merci beaucoup.
08:39
7h20, vous êtes sur l'antenne de Sud Radio.
08:42
Rappel des titres de l'actualité.
08:43
Laurie Leclerc.
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