"Ils sont arrivés, ils sont entrés et ils ont tiré": Michel Unik, bijoutier dans les Alpes-Maritimes, raconte comment son frère jumeau, Thierry, a été tué lors d'un braquage en 2011

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Michel Unik, bijoutier dans les Alpes-Maritimes et dont le frère jumeau a été tué lors d'un braquage en 2011, était l'invité du forum BFMTV de ce lundi 9 juin: "La France est-elle en panne d'autorité?".

Transcript

00:00Michel Unique, merci encore d'être avec nous ce soir.

00:03Vous êtes bijouti, il y en a une photo qui va s'afficher derrière moi ce soir.

00:08La photo où on vous voit avec votre frère jumeau Thierry,

00:12qui est mort en un braquage 2011.

00:15Est-ce que vous pouvez nous raconter tout simplement ce qui s'est passé à ce moment-là ?

00:18Avec le micro.

00:18C'est tout simple, oui, je peux vous raconter, et là c'est une mauvaise histoire.

00:22Mais bon, il faut savoir qu'aujourd'hui on a une racaille,

00:26des tarés, ils n'ont pas eu les couilles de venir,

00:31ils ont essayé de passer à midi et demi à la bijouterie,

00:34mais ils ont eu peur.

00:36Donc ils sont revenus à 18h30, mais bien chargés.

00:41Et alcool.

00:42Donc voilà, ils sont arrivés, ils sont rentrés, ils ont tiré.

00:47C'est gratuit, avec mon frère, on a tout le temps dit,

00:50quand il y a un braquage, on laissera partir le stock, on s'en fout.

00:52Mais quand vous avez des cas qui deviennent catastrophiques

00:56et qui sont complètement bourrés et drogués,

00:59ce n'est plus des humains, c'est des bêtes.

01:01Donc voilà, le résultat est là.

01:03Et je voulais simplement dire, le 1er décembre,

01:05je me suis fait cambrioler à ma bijouterie.

01:07– Où est-ce que j'allais dire ?

01:07Ça c'était 2011, vous perdez votre frère dans cette attaque-là,

01:09mais il y en a eu d'autres, des attaques.

01:11– Le 1er décembre, j'adore mon métier,

01:13mais j'en ai ras-le-bol de la bijouterie.

01:16J'en ai strict, parce qu'il faut savoir que le métier

01:18le plus dangereux aujourd'hui en France, c'est bijoutier.

01:19Après c'est le bar et tabac, et après c'est les pharmaciens.

01:24Donc aujourd'hui, être bijoutier, il y a une vingtaine d'années,

01:27on était 10 000, aujourd'hui on est 2 000 bijoutiers qui restent en France.

01:31Dans quelques années, il n'y aura plus un seul bijoutier.

01:33Et puis voilà, et donc là…

01:36– Donc pour vous, c'est terminé ?

01:37– La bijouterie, j'en ai ras-le-bol.

01:38J'adore mon métier, je suis 3 générations de bijoutier,

01:42plus que 3 générations.

01:43Mais bon, qu'est-ce que je dois attendre ?

01:45Mon frère, il s'est fait tuer quand l'or était à 30 000.

01:47Aujourd'hui, on est à 93 000.

01:49C'est quand ma fête ?

01:50Ils m'ont suivi tout le mois de décembre.

01:52Je vais vous dire, c'est là, les flics, bravo à la police.

01:56Le travail est toujours bien fait.

01:58C'est carré, c'est droit.

02:00La justice, je suis désolé monsieur, je ne la supporte plus.

02:03– Pourquoi vous dites ça ?

02:04Je ne supporte plus la justice, excusez-moi moi.

02:07Tous les ans, je veux aller au tribunal défendre pour que j'empêche

02:10que ces narvalos sortent de prison.

02:15Le tueur demande tous les ans ou tous les 3 mois sa liberté.

02:20– En 2011, le braquage, il y a les condamnations en 2015.

02:24Celui qui a tiré, condamné à 22 ans.

02:26– Non, non, il n'était pas à 22 ans, il demande sa liberté.

02:28– Non, mais il a été condamné à 22 ans.

02:29– Oui, 22 ans, oui, oui, un nom incompressible.

02:33Donc les condamnations, ça ne voit rien aujourd'hui.

02:35Moi, si je fais une connerie, comme le boulanger qui a pris 7 500 euros

02:39parce qu'il est ouvert le 1er mai, il est condamné.

02:42Mais excusez-moi, la justice, les voleurs, ils n'ont pas la même peine.

02:46– Mais ce que vous dites, c'est que d'ores et déjà,

02:47celui qui a tué votre frère, qui a été condamné pour ça,

02:50demande à sortir de prison.

02:51– Tout le temps.

02:52Et moi, mon frère aussi, il peut sortir.

02:55Il ne peut plus sortir, mon frère.

02:58Donc il faut arrêter de dire que la justice est bien.

03:01Moi, je ne supporte plus la justice française.

03:03C'est vraiment une chose que je ne peux plus voir

03:04parce qu'il ne faut plus m'emmerder, moi.

03:07J'y respecte la police, bravo la police.

03:10Toutes mes enquêtes, elles ont été carrées.

03:12Mais à la suite, elles n'ont plus rien, la police.

03:14Elles ont une deux chevaux, elles n'ont rien d'autre.

03:17Et derrière, il n'y a plus rien.

03:18Et là, je ne supporte plus.

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