«J’ai pris un coup sur la tête par derrière (...) Il faut faire en sorte qu’un tel évènement ne puisse plus se reproduire». Elie Lemmel, le rabbin agressé à Neuilly-sur-Seine ce matin s’est exprimé sur CNEWS.
00:00Tout à fait, je suis venu les remercier parce que c'est normal, quand vous avez des gens qui interviennent pour vous, il est normal de les remercier.
00:06Je suis assis tout simplement à la terrasse du café, j'avais un rendez-vous avec une personne qui a besoin de me parler d'une problématique personnelle,
00:12et puis d'un seul coup, je reçois un coup par derrière, très violent.
00:16Je pensais d'ailleurs qu'il y avait quelque chose qui était tombé du toit, et puis j'entends crier « arrêtez-le, arrêtez-le »,
00:20donc j'ai compris que c'était une agression, et puis les personnes, et je les remercie, et bravo parce que c'est rare.
00:25Et donc ça soulignait, on coursait mon assaillant, puisqu'il faut l'appeler comme ça, et l'ont ramené.
00:30Bon, j'ai saigné, bon c'est, voilà.
00:35Au moment des faits, au moment de cette agression, est-ce qu'il a prononcé des mots à votre encontre,
00:40ou immédiatement il s'est saisi de cette chaise, et il vous a frappé au visage ?
00:45Alors, je n'ai pas entendu de mots, mais il y a le marché le matin, donc il y a beaucoup de bruit, il y avait du monde autour,
00:50j'étais concentré sur mon échange, il a peut-être dit des mots, en tout cas je ne les ai pas entendus.
00:53Moi, d'un seul coup, je me retrouve avec un coup sur la tête, je ne l'ai pas du tout vu arriver, puisque c'était par derrière.
00:59Et cette agression est due au fait que vous portiez une kippa, selon vous, au fait que vous soyez de confession juive, il n'y a pas d'autre motif apparent ?
01:07Écoutez, a priori, je pense que, voilà, je n'ai pas de barbe amovible, ma kippa, généralement, est toujours même sur ma tête,
01:13donc voilà, c'est bouleversant d'imaginer, de penser qu'en effet, c'est malheureusement pour cela, et c'est vrai que ça fait beaucoup, beaucoup de peine.
01:19– Dans quel état vous vous trouvez actuellement, de revenir ici, sur le lieu des faits, de vous asseoir à nouveau sur cette terrasse où vous étiez ce midi ?
01:26J'imagine qu'il y a des images qui vous reviennent de cette agression ?
01:31– Oui, mais bon, vous savez, dans la vie, il faut avancer, donc le but, c'est de continuer à avancer,
01:37et de faire en telle sorte qu'un événement pareil, surtout, ne puisse plus jamais se reproduire,
01:41parce qu'au fond, c'est là où est l'essentiel.
01:42Vous savez, j'ai grandi en France, mes parents ont grandi en France, c'est la France qui a sauvé des paysans français
01:48qui ont sauvé mes grands-parents pendant la guerre, donc quelque part, c'est encore plus bouleversant de voir que dans cette France
01:54qui vraiment a tellement donné, a sauvé, eh bien, on se retrouve aujourd'hui avec des mots, qui génèrent des mots M-A-U-X,
02:02et je crois que c'est ça qui bouleverse le plus. On a le droit de ne pas être d'accord, mais il faut savoir se respecter.
02:06– Ce qui est terrible, qui plus est, c'est que vous avez été agressé il y a quelques jours à Deauville, dans une autre ville,
02:13là encore, visiblement pour le fait que vous soyez de confession juive. C'est terrible, aujourd'hui, on ne peut plus être juif en France ?
02:21– Alors sur ça, je suis incapable de vous répondre, c'est vrai que c'est assez surprenant, en tout cas pour moi, ça me donne à réfléchir par rapport à moi-même.
02:26Dans la tradition juive, vous savez, quand il arrive quelque chose, on réfléchit, on fait un petit bilan,
02:31mais c'est vrai que là-bas aussi, c'était manifestement lié à cela, et c'est vrai que c'est quand même curieux,
02:36surtout que ce sont des personnes de nationalités différentes, on est, je pense, ici vraiment face à ce que j'appellerais un délit de faciès.
02:42Et le délit de faciès, c'est un délit, quel que soit le faciès, et c'est un peu dommage qu'on en soit là.
02:48– Au moment où ces gens, ces passants, ces commerçants ont saisi cet agresseur pour faciliter aussi le travail de la police,
02:55et il faut les remercier aussi, qui sont arrivés par la suite, et qui ont pu effectivement interpeller cet individu,
03:01est-ce qu'il a échangé avec vous ? Est-ce qu'il a expliqué le motif de son agression ?
03:07– Non, il m'a jeté un regard qui n'était pas très tendre, et puis bon, ça ne m'intéressait pas de le regarder, parce que c'est dommage.
03:13Voilà, donc après, ce n'est plus mon problème.
03:15– Le maire de Neuilly a communiqué sur sa nationalité, il serait allemand, d'origine palestinienne, c'est ce que dit le maire de Neuilly.
03:22Est-ce que vous avez eu vent de cette information ?
03:25– Écoutez, ce n'est pas un sujet qui me concerne, je pense qu'il y a des personnes qui font bien leur travail,
03:30qui vont faire le travail qui est nécessaire, et surtout pour qu'on comprenne qu'au fond,
03:34il ne faut pas que de la violence soit présente, quelles que soient les religions, quels que soient les cadres,
03:41c'est quelque chose sur lequel quand même il faut faire extrêmement attention,
03:44et c'est ça surtout qui est fondamental pour moi.
03:46– Une dernière question, M. le Rabat, on a vu que Constance Legrippe, la députée Constance Legrippe était sur place,
03:50est-ce que vous avez reçu le soutien d'autres femmes et hommes politiques,
03:56et le soutien aussi, j'imagine, de Français et de la communauté juive ?
03:59– Complètement, complètement, j'ai plusieurs personnes qui ont appelé,
04:02qui m'ont déjà envoyé des messages, des sénateurs et tout,
04:05et je leur suis très très reconnaissant parce que ça fait du bien
04:08de voir que les personnes sont sensibles à ce qui peut se passer,
04:12et j'ose espérer que ça fait partie des dernières fois,
04:15on aura besoin d'envoyer des messages de soutien pour des personnes qui sont agressées.