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  • 03/06/2025
Mardi 3 juin 2025, retrouvez Michaël Herskovich (Directeur de l'engagement et politique de votes, BNPP AM) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.

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Transcription
00:00Et nous enchaînons comme d'habitude avec Marché à thème, le dernier quart d'heure thématique de Smart Bourse
00:14où nous allons revenir sur la saison des assemblées générales d'actionnaires et plus particulièrement l'engagement actionnarial.
00:23Pour en parler, nous avons le plaisir de recevoir sur le plateau de Smart Bourse Michael Herskovitch.
00:26Bonjour Michael Herskovitch.
00:28Bonjour Nicolas.
00:28Vous êtes responsable politique de vote et engagement chez BNP Paribas Asset Management.
00:33Alors on va essayer de dresser un bilan ensemble de cette saison des votes et potentiellement des tendances observées
00:38puisque sur les trois mois d'avril-mai-juin, on peut avoir une bonne vision globalement quand même
00:44de ce qui se dessine dans les assemblées générales d'actionnaires, Michael Herskovitch.
00:48Oui, oui, tout à fait, parce que là on arrive au bout du tunnel pour l'activité,
00:51les personnes comme moi qui travaillons sur ces sujets d'assemblées générales
00:54parce qu'on a vraiment 75% de l'activité qui se déroule au printemps.
00:58D'accord.
00:59Donc on arrive à la fin, les dernières assemblées générales, si on prend le CAC 40, il en reste plus que deux
01:05et donc on arrive plutôt vers la fin, donc on peut déjà voir quelques tendances qui se dessinent.
01:10Qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce que vous retenez de ces assemblées générales d'actionnaires,
01:16celles auxquelles vous avez participé ou que vous avez suivi ?
01:19Alors, il y a une forme de continuité sur certains sujets, forme de continuité parce que l'assemblée générale,
01:24c'est d'abord des sujets relatifs à la gouvernance, faire écrire des administrateurs,
01:30parler de la rémunération des dirigeants et voter sur la rémunération des dirigeants,
01:33les opérations financières, l'approbation des comptes, donc on a des résolutions classiques plutôt de gouvernance
01:38et en fait qui représentent historiquement la grande majorité, quand je dis la grande majorité,
01:43c'est 99% des résolutions sont sur ces sujets-là.
01:47Donc là, il y a une forme de continuité, très peu de résolutions sont rejetées,
01:51là aussi une forme de continuité, c'est-à-dire qu'une assemblée générale qui dit non à la majorité sur une résolution,
01:57c'est extrêmement rare, il n'y en a pas eu sur le CAC 40 cette année, donc ça reste quand même extrêmement rare.
02:04Et pourtant, on imagine qu'il y a peut-être différents courants aux certaines assemblées générales,
02:07mais pour autant, à chaque fois, il y a peu de rejet effectivement sur les résolutions.
02:13Il y a peu de rejet, alors ça s'explique naturellement par rapport au fait que les sociétés et les investisseurs
02:18n'ont aucun intérêt à avoir une résolution rejetée et qu'on a un dialogue, un engagement en amont des assemblées générales,
02:25des échanges pour éviter d'arriver à un système de blocage et que la résolution se retrouve à être rejetée.
02:31Donc tout ce dialogue, il s'opère, ça ne veut pas dire que les investisseurs votent pour tout.
02:36Alors nous, on est le meilleur exemple, on s'oppose à près d'une résolution sur trois.
02:40D'accord.
02:40Parce qu'on pense que c'est aussi un moyen d'envoyer des messages, d'essayer d'améliorer les pratiques,
02:46mais in fine, en fait, le but n'est pas que la résolution soit rejetée, le but c'est de faire évoluer les choses.
02:53Et quand les sociétés voient qu'il y a un risque, souvent, elles font les ajustements nécessaires pour que la résolution ne soit pas rejetée.
02:58Et alors vous, quand vous dites que vous vous opposez à une résolution sur trois, ça concerne quel type de sujet ?
03:03Ça concerne, alors le principal sujet en termes d'opposition, c'est les rémunérations.
03:07D'accord.
03:07On s'oppose à plus d'une résolution sur deux.
03:09Il y a une forme de constance, il n'y a pas de grande variation depuis plusieurs années sur ces thématiques-là.
03:15Aussi parce que les exigences changent, évoluent.
03:20Et après, il y a les questions plutôt d'élections d'administrateurs, d'opérations financières,
03:24où il y a un petit peu moins d'opposition, mais il y a de l'opposition quand même assez importante.
03:27Si on va aussi, alors les assemblées générales d'actionnaires,
03:31c'est aussi un moment où on peut suivre les stratégies sur les sujets d'écologie,
03:36sur les sujets de société, sur les sujets sociaux.
03:39Quelles sont les tendances que vous avez observées en 2025 ?
03:42Alors, si on prend la partie vraiment vote en assemblée générale,
03:45donc comme je disais, 99%, c'est sur les sujets que j'ai évoqués,
03:48donc il reste le 1%.
03:49Bien sûr.
03:51En volume, c'est les résolutions environnementales et sociales.
03:53Donc, en volume de vote, c'est très peu.
03:55D'accord.
03:56Ça ne veut pas dire que c'est un point qui n'est pas important,
03:59mais pourquoi ? Parce que je reviens, c'est que l'assemblée générale,
04:02c'est l'organe de gouvernance à la base.
04:04Il y a des résolutions environnementales qui sont proposées par les actionnaires.
04:09C'est principalement sur le marché nord-américain, historiquement.
04:12Il y a un régime qui est plus souple pour permettre ce type de résolution.
04:16Et là, ce qu'on voit, c'est qu'il y a une tendance qui s'observe cette année,
04:19qui est assez impressionnante, qui a commencé en 2024,
04:22c'est qu'il y a de moins en moins de résolutions.
04:24Le contexte nord-américain explique aussi cela.
04:27Donc, moins de résolutions.
04:28On a une baisse de 30% des résolutions environnementales et sociales
04:32d'actionnaires aux États-Unis.
04:33Donc, même si dans le volume global, c'est très peu de résolutions,
04:37on voit que sur cette catégorie, il y a de moins en moins de résolutions.
04:41Les actionnaires en proposent moins.
04:4230% moins 2025 par rapport à 2024.
04:45Et ensuite, les résolutions, elles peuvent être retirées aussi,
04:49en amont des assemblées générales.
04:51Et là, on voit aussi de plus en plus de résolutions qui sont retirées.
04:55Alors, pour plusieurs considérations, on peut avoir un cadre réglementaire,
04:59ce qui est le cas aux États-Unis, où des résolutions sont bloquées.
05:01Il y en a de plus en plus.
05:02Bien sûr.
05:03Et on peut avoir un cadre d'engagement où les actionnaires décident
05:06de retirer ces résolutions.
05:08Et donc, en 2024, on avait à peu près deux tiers des résolutions
05:12qui allaient au vote, les résolutions d'actionnaires.
05:14Là, on en a moins de 50%.
05:16Toujours sur les sujets environnementaux et sociaux.
05:19Donc, moins de résolutions et moins qui vont au vote sur le marché nord-américain.
05:24Mais Mikhail Erskowicz, l'année dernière, en 2024, en 2023,
05:27on avait les fameuses « say on climate » des entreprises.
05:30Là, on en a eu moins sur 2025 ?
05:32Alors, oui.
05:33Donc, ça, c'est sur les États-Unis.
05:35Il n'y a jamais eu de « say on climate ».
05:36C'est plutôt des résolutions ciblées sur des thématiques précises.
05:39En Europe, très peu de résolutions d'actionnaires.
05:41Mais en effet, plutôt des « say on climate »,
05:42donc des stratégies climatiques proposées par les sociétés.
05:46Et là, en volume, alors le pic, il était en 2022.
05:48D'accord.
05:49On a eu 40 résolutions.
05:5140 résolutions.
05:51Donc, c'est vraiment un niveau de 0,1% des résolutions qu'on peut voir.
05:58Mais c'était quand même des choses assez significatives.
06:01Depuis 2022, on a vu une baisse et c'est confirmé aussi en 2025.
06:06Donc, en 2024, on avait voté à 19 résolutions.
06:09Là, jusqu'à présent, on n'en a voté qu'à 15 résolutions.
06:13D'accord.
06:13Alors, l'année n'est pas finie.
06:14Mais ça veut dire qu'on reste sur des volumes inférieurs à ce qu'on a pu voir en 2022.
06:19Et le CAC 40, encore, est un bon exemple.
06:21Il n'y a eu que Engie cette année qui a proposé sa stratégie climat.
06:25Alors, c'est assez logique sur ce type de vote
06:27parce que les sociétés ne présentent pas nécessairement tous les ans leur stratégie climat.
06:31Ça ne veut pas dire qu'il n'y en a pas ?
06:32Ça veut juste dire que ce n'est pas présenté cette année ?
06:33Ça veut dire que ce n'est pas forcément présenté.
06:35Toutes les sociétés ne le présentent pas.
06:36Certaines, comme Engie, prennent des cycles plutôt pluriannuels.
06:40Donc, la dernière était il y a trois ans.
06:41Ça ne veut, là encore, pas dire que les sujets ne sont pas évoqués.
06:46Et dans les engagements avec les investisseurs, à l'Assemblée Générale,
06:50c'est des sujets, et c'est des sujets liés notamment à la stratégie,
06:52qui sont bien sûr évoqués.
06:54Ils ne déclenchent pas nécessairement un vote en Assemblée Générale.
06:57On a beaucoup suivi la directive CSRD, son entrée en application cette année.
07:04On a suivi aussi, effectivement, les allers-retours à la Commission européenne
07:09avec le sujet Omnibus, toujours sur ces données que les entreprises doivent fournir
07:15vis-à-vis de leur stratégie et des pratiques ESG.
07:19Ça, ça a été un sujet dans les Assemblées Générales cette année ?
07:21Alors, forcément, sujet d'Assemblée Générale, sujet d'engagement, sujet dans les rapports annuels,
07:25parce que du coup, les entreprises françaises qui ont été soumises pour la première année à CSRD
07:30ont publié pour la première fois leur rapport de durabilité.
07:33Ça a été le cas de beaucoup d'entreprises européennes.
07:37Donc, ça a été nécessairement un sujet pour les conseils, pour les engagements,
07:40en Assemblée Générale, en présentation.
07:43On voit que le bilan, alors il y a des choses intéressantes,
07:46il y a des choses aussi, on voit les limites de cette réglementation
07:49et on comprend pourquoi il y a cette discussion avec le plan Omnibus.
07:52À la base, la réglementation, c'est près de 1 200 indicateurs
07:56soumis à un régime de matérialité.
07:58Et les entreprises, quand on prend le CAC 40, en moyenne,
08:01elles ont communiqué près de 600 indicateurs.
08:03Donc, elles ont exclu la moitié en jugeant comme non matériel ces indicateurs-là.
08:10Et on voit bien que côté investisseur, quand on analyse une entreprise,
08:13on ne regarde pas 600 indicateurs.
08:14Même sur les sujets extra-financiers, nous, de notre côté,
08:18on essaye de se concentrer sur ce qui est le plus matériel,
08:20on regarde une cinquantaine d'indicateurs.
08:23Donc, il y a eu du bon parce que ça a permis de structurer des choses,
08:26mais on a vu aussi les limites.
08:28Et on essaie clairement d'aller sur un périmètre qui est certainement beaucoup trop large.
08:33Donc, l'Omnibus a un côté intéressant de simplifier,
08:39de réduire notamment les indicateurs.
08:40Il y a eu une proposition française qui a été poussée il y a quelques jours
08:44de revenir sur 200 indicateurs, sur lesquels c'est une proposition de place.
08:48Les investisseurs ont participé.
08:50On a participé à ces débats qui semblent beaucoup plus sains,
08:53notamment se concentrer sur les indicateurs plutôt quantitatifs.
08:57Il y avait aussi beaucoup de qualitatifs dans CSRD.
09:01Et donc, je pense qu'on aboutira certainement à une directive
09:05qui aura certainement plus de sens en termes de volume.
09:08Il y a la discussion du périmètre qui est en débat sur combien d'entreprises seront concernées.
09:15Il y a des réductions assez importantes sur lesquelles, en tant qu'investisseur,
09:19on a un intérêt à avoir beaucoup d'entreprises concernées.
09:22Donc, on a peut-être un peu plus de réserve.
09:23Mais globalement, il y a du sens à aller vers la simplification de cette...
09:27Parce que la CSRD, sous sa forme première, rendait trop complexe, si je comprends bien,
09:32le suivi même pour des investisseurs aguerris, habitués à gérer les données.
09:36C'est ce que vous dites ?
09:37Oui, en tout cas, amenait une quantité de données qui, en fait, ne sont pas regardées.
09:42Il n'y a qu'un niveau réduit de ces indicateurs qui sont vraiment pertinents.
09:47Donc, tout l'exercice était de juger sur les 1200 indicateurs et d'expliquer pourquoi ils ne sont pas matériels.
09:54Donc, tout le processus est quand même un processus extrêmement lourd qui a mis beaucoup de temps
09:59et sur lesquels, derrière, il ressort des parties qui sont intéressantes, mais beaucoup de parties qui le sont moins.
10:06Et après, des rapports qui ne sont pas forcément d'une lisibilité très intéressante pour un lecteur.
10:11Quand on fait de l'engagement, ça s'arrête aux assemblées générales sur les trois mois du printemps
10:16ou, effectivement, on va aussi sur ces sujets réglementaires, voire peut-être d'échanges avec les régulateurs ou autre ?
10:22Donc, c'est en effet les volets de l'équipe et de l'approche.
10:26C'est qu'il y a le vote en assemblée générale, il y a l'engagement avec les émetteurs sur les sujets gouvernance,
10:31mais aussi environnementaux, sociaux.
10:33Ça, c'est du dialogue continu tout au long de l'année.
10:36Et en effet, on voit l'importance de cette discussion avec les régulateurs.
10:41On vient de parler d'Omnibus, on fait partie des discussions et de s'assurer qu'on a un cadre
10:45qui est le bon cadre pour les investisseurs, pour les entreprises, pour le monde.
10:51On a après une partie plus discussion avec les différentes parties prenantes.
10:58Donc, la semaine prochaine, on a un sommet extrêmement important en France qui s'ouvre,
11:02l'UNOC, le sommet des Nations Unies sur les océans à Nice.
11:06Donc, on sera parti de cette discussion, j'y serai personnellement.
11:13Et c'est aussi un aspect extrêmement important de s'assurer qu'on a le bon cadre réglementaire
11:18et sur l'océan, on espère arriver à ce que l'accord de Paris a pu arriver sur le climat
11:24il y a une dizaine d'années et d'avoir vraiment un cadre et une déclaration de politique finale
11:32qui donnera une feuille de route claire sur le sujet de l'océan.
11:36Merci beaucoup, Mickaël Erskowicz, de nous avoir accompagné dans Smart Bourse,
11:39dans Marché à thème dans Smart Bourse.
11:41Je rappelle que vous êtes responsable politique de vote et engagement
11:44chez BNP Paribas Asset Management.
11:47Merci beaucoup.
11:47Merci.
11:48Et quant à vous, merci également de nous avoir suivis
11:52et je vous donne rendez-vous demain pour un nouveau numéro de Smart Bourse
11:56sur Be Smart for Change.
11:58Sous-titrage Société Radio-Canada
12:07Sous-titrage Société Radio-Canada

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