Y aura-t-il un « avant » et un « après » procès Pélicot ? Durant 4 mois, 51 hommes ont été jugés à Avignon pour avoir violé Gisèle Pélicot, droguée à son insu par son mari. S'ils ont tous été condamnés, la société française fait face à un enjeu historique. En refusant le huis-clos, Gisèle Pélicot a brisé le silence qui entoure les victimes de viol. Aujourd'hui, une victime sur dix seulement dépose plainte. Et 94% des plaintes pour viol sont classées sans suite. Alors y a-t-il des failles dans l'arsenal législatif ? A l'instar de nombreux pays européens, comme la Suède, l'Espagne, ou l'Allemagne, certains parlementaires veulent inscrire le consentement dans la loi à l'image de la sénatrice Mélanie Vogel. Le chef de l'Etat, y est favorable. Mais la question divise. Notamment chez les féministes. Année de Production :
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00:00Décembre 2024, après 4 mois de procès, Gisèle Pellicot est devenue une icône pour les femmes du monde entier.
00:22En refusant le huis clos, elle a brisé le silence qui entoure les victimes de viol.
00:26« J'ai voulu, en ouvrant les portes de ce procès, que la société puisse se saisir des débats qui s'y sont tenus. Je n'ai jamais regretté cette décision. »
00:42Au terme du procès, 51 hommes sont condamnés pour avoir violé Gisèle Pellicot, droguée à son insu par son mari.
00:50Il y aura-t-il un avant et un après-mazan ?
00:55Des parlementaires, comme la sénatrice Mélanie Vogel, souhaitent inscrire le consentement dans le code pénal pour mieux punir les agresseurs.
01:03« Si on viole en France, on a 99,4% de chances qu'il ne nous arriverait rien. »
01:10On me disait « En fait, vous n'avez pas dit oui, vous n'avez pas dit non, mais qui nous dit que vous n'avez pas dit oui ? »
01:19Les trois quarts des plaintes pour viol aboutissent à un classement sans suite.
01:23Il y aurait-il des failles dans l'arsenal législatif ?
01:27Le consentement, il est partout dans l'enquête, il est partout dans nos débats judiciaires, mais il n'est toujours pas dans la loi.
01:35Doit-on inscrire le consentement dans la loi, comme l'ont fait la Suède et d'autres pays d'Europe ?
01:41« La loi, elle est passée en 2018 en Suède et il y a eu un changement de société énorme. »
01:48J'ai confiance, à présent, en notre capacité à saisir collectivement un avenir dans lequel chacun, femmes et hommes, puissent vivre en harmonie, dans le respect et la compréhension mutuelles.
02:02Choquée par le calvaire enduré par Gisèle Pellicot, Lilou, 20 ans, a décidé d'agir.
02:20Membre du collectif féministe Les Amazones d'Avignon, elle participe à des actions dans les rues de la ville.
02:25« Elles sont en train de me poser la banderole et A4, avec les ficelles, elles vont l'accrocher entre les différents remparts. »
02:40« Là, du coup, il y a le palais de justice aussi à le procès tous les jours, juste ici. »
02:45« L'idée, c'est vraiment que la banderole soit visible 20 ans pour chacun, pour exiger cette peine-là pour tous les accusés. »
02:55« On a décidé de coller des phrases des accusés et certaines aussi de leurs avocats, pour qu'elles soient connues et visibles telles quelles du grand public,
03:09pour montrer vraiment l'absurdité, en considérant les crimes de viol comme insupportables.
03:14Et donc, la suite logique de notre pensée, c'est l'action, et donc l'action de rue, et donc de coller les phrases des accusés et d'exiger la peine maximale.
03:22Parce que c'est aussi en tant que citoyenne, en tant que militante féministe et aussi en tant que citoyenne,
03:26parce que finalement, derrière ça, c'est qu'est-ce qu'on veut construire comme société. »
03:3294% des plaintes pour viol sont classées sans suite.
03:36Alors, comment apporter une réponse judiciaire plus efficace ?
03:40Frappée par le retentissement international de l'affaire Pellico, Mélanie Vogel vient assister au procès.
03:47La sénatrice a rédigé une proposition de loi pour ajouter le consentement à la définition pénale du viol.
03:54Car actuellement, il est défini comme tout acte de pénétration,
03:58imposé par la violence, la contrainte, la menace ou la surprise.
04:02Pas un mot sur le consentement.
04:04Le fait de démontrer qu'il n'y avait pas de consentement ne suffit pas à qualifier un viol aujourd'hui.
04:14C'est la brèche dans laquelle peuvent s'engouffrer les avocats de la Défense et les accusés aujourd'hui.
04:18Mais si on leur demande « est-ce qu'à un moment donné, vous avez communiqué avec elle ?
04:22Est-ce qu'elle vous a dit qu'elle souhaitait ça ? »
04:25Personne ne dit oui.
04:26Et donc, en fait, on voit bien que, quelque part, de leur discours,
04:32ils admettent tout à fait qu'ils n'ont jamais reçu le consentement de Gisele Pellico.
04:36Face à une telle Défense, la société se rend compte de cette brèche qui existe et qu'on ne veut plus tolérer, en fait.
04:45Violeurs, on vous croit ! Victimes, on vous croit !
04:48Violeurs, on vous croit !
04:51Violeurs, on vous croit !
04:52Ajouter le consentement dans le code pénal permettrait aussi de lutter contre la culture du viol, selon Mélanie Vogel.
05:01La culture du viol, c'est un ensemble d'éléments dans une société permissifs sur le viol.
05:09Et si on n'était pas dans une société où la culture du viol est forte, on ne pourrait pas avoir ce genre d'affaires.
05:16Si ça a duré dix ans, s'il y a eu autant de viol, si ça a été fait avec, au fond, autant de facilité, c'est parce que la culture du viol existe.
05:25A Paris aussi, la culture du viol et la question du consentement sont devenues centrales, notamment chez les jeunes.
05:40Il y a beaucoup de gens qui jouent sur la limite, ce qu'il y a entre le oui et le non, pour justifier leurs actions, alors qu'en fait, quand il y a un non, il y a un non, et que c'est bien que cette définition soit très claire.
05:49Une définition plus précise, oui, on en a besoin. Même moi qui veux être juge, on en a besoin pour pouvoir juger.
05:55Pour répondre à ce besoin, la sénatrice Mélanie Vogel veut que l'absence de consentement devienne un élément constitutif du viol.
06:03Il n'est aujourd'hui pas défini comme étant ce qui met la limite entre un viol et un rapport sexuel, alors que pour le vol, les fractions de domicile, etc., ça va sans dire quelque part.
06:16Si je vous prends votre téléphone parce que vous l'avez laissé sur la table, aucun policier va vous demander ce que vous avez crié quand elle a pris votre téléphone, ce que vous êtes défendu.
06:28Tout le monde comprend bien qu'en fait, je n'ai aucune raison de prendre votre téléphone si vous ne me l'avez pas donné.
06:34Pourtant, la modification du code pénal ne fait pas consensus chez les parlementaires, y compris chez cette députée qui a elle-même été victime de viol.
06:43Le mot consentement, en fait, il est très ambigu.
06:47Ça dit aussi quelque chose de l'ordre du rapport de force.
06:51C'est-à-dire qu'à la fin, pour un faisceau de raison, on a choisi d'accepter une proposition qui vient de l'extérieur, mais elle peut être extrêmement contrainte.
07:02Cet acquiescement peut être extrêmement contraint.
07:05Reste le constat, accablant, 6% seulement des victimes portent plainte.
07:10Clémence est l'une d'entre elles.
07:18Violée par deux hommes après une sortie en boîte de nuit, elle n'a pas été en mesure de dire non.
07:23Ça va faire bientôt trois ans que, lors d'une sortie en boîte avec des amis, j'ai voulu sortir pour aller chercher un sandwich.
07:36Et j'ai fait la rencontre de deux personnes.
07:41Je me souviens d'avoir marché avec eux, ensuite d'être montée dans une voiture.
07:48Ils m'ont donné un verre.
07:54La voiture s'est mise à rouler.
07:57Et je me souviens d'un pont et trou noir après.
08:02Et je me réveille dans un appartement que je ne connais absolument pas, dans un lit.
08:08en train de subir une agression, sans vraiment réaliser sur le coup ce qui était en train de se passer.
08:22J'étais dans un état assez bizarre.
08:26Je voyais ce qui se passait sans pouvoir réagir, sans pouvoir ressentir.
08:30comme une poupée, un pantin, et on voit ce qui se passe, on voit son corps bouger, mais on ne peut pas réagir.
08:42On subit juste sans pouvoir réagir.
08:49Ensuite, je voulais absolument rentrer chez moi.
08:51Je n'arrêtais pas de leur dire de me ramener chez moi.
08:54Quand j'ai retrouvé mon amie, plus je marchais, en fait, elle m'attendait loin,
08:57et plus je marchais, et plus j'avais l'impression de retrouver mon corps.
09:04Plus je marchais, plus les larmes montaient, plus les douleurs arrivaient.
09:09Et plus je réalisais petit à petit ce qui m'était arrivé.
09:15Accompagnée de ses parents, Clémence part déposer plainte au commissariat.
09:22J'avais honte.
09:23Je me souviens avoir honte, honte de par les douleurs aussi.
09:27Je ne pouvais pas forcément m'asseoir.
09:30J'avais même mes parents qui pleuraient.
09:34Donc, un gros sentiment de honte, et même de raconter ça à des inconnus, ce n'était pas facile.
09:41J'ai été convoquée plusieurs fois là-bas.
09:44C'était très difficile, ça aussi, de voir tout le temps.
09:47Dès que j'y allais pour un rendez-vous, il fallait que je reprenne tout de A à Z.
09:50Il y a un jour, on me covoque.
09:55Lorsqu'on montait l'escalier, j'ai vu qu'il y avait une distance qu'il n'y avait pas eu les autres fois.
10:01Et ils m'ont du coup assise dans leur bureau, là où s'est passé tous les entretiens précédents.
10:06Ils m'ont... En fait, ils étaient persuadés que je mentais.
10:10Et ils faisaient en sorte de me faire craquer en me disant des choses vraiment horribles.
10:18Que j'étais une fille facile, que je sautais sur tout ce qui bougeait, que j'avais cherché ce qui m'était arrivé.
10:24Ils ont clairement dit que je n'assumais juste pas d'avoir pu faire un plan à trois et que vis-à-vis de mes parents, j'avais honte.
10:30Selon l'avocate de Clémence, le passé des victimes est encore trop souvent scruté à la loupe par les enquêteurs pour questionner leur récit.
10:41C'est le PV d'audition de Clémence.
10:45Donc c'est une policière, une enquêtrice qui l'a interrogée, notamment sur ses pratiques sexuelles, sur sa vie,
10:53de manière relativement détaillée et de manière intrusive et on peut dire aussi culpabilisante.
11:02Elle lui demande pour quelles raisons au Portugal couches-tu avec deux hommes différents ?
11:07Donc là encore, elle est très intrusive sur sa vie sexuelle qui est sans rapport avec les faits en l'occurrence.
11:14Ensuite, elle la culpabilise sur l'alcool.
11:18Elle lui demande si elle aime le sexe sauvage.
11:20Là encore, on est dans le jugement moral, le jugement de valeur, qui n'a pas lieu d'être avec une victime de violences sexuelles.
11:28C'est la loterie, c'est-à-dire qu'on peut avoir des policiers ou des magistrats qui sont parfaitement bien formés
11:33et qui interprètent justement les réponses de l'agresseur ou de la victime,
11:38mais parfois on voit bien que ça se retourne contre la victime.
11:41Et si on intégrait la notion de consentement dans la définition du viol,
11:47à ce moment-là, ça amènerait les enquêteurs à systématiquement poser la question à l'agresseur
11:54de savoir comment il s'est enquis du consentement de la victime.
11:59Et selon sa réponse, on pourra en tirer qu'en réalité,
12:03il ne s'est absolument pas soucié du consentement de celle-ci
12:07et qu'il ne peut pas y avoir de malentendu.
12:09Non, c'est non. Oui, c'est oui.
12:13Mais rien, c'est aussi parce qu'on ne dit rien.
12:17C'était mon cas à moi.
12:18Je n'étais pas dans la capacité de parler ou de dire quoi que ce soit.
12:22Quand on a quelqu'un qui est totalement bourré ou drouillé,
12:27ce n'est pas pour autant que la personne, elle veut, en fait.
12:30Donc je pense que oui, c'est bien de mettre cette notion de consentement.
12:34C'est important parce que je pense qu'il joue sur ça aussi,
12:37le parti adverse sur le fait qu'elle n'a pas dit oui,
12:41mais elle n'a pas dit non non plus.
12:48Alors, faut-il introduire le consentement dans le code pénal ?
12:52Réunis au Sénat pour débattre de la question,
12:55politiques et professionnels du droit sont divisés.
12:57Je suis un magistrat depuis plus de 20 ans.
13:02Il m'est souvent arrivé de dire aux victimes lorsque je présidais l'audience
13:04« Madame, je vous crois ».
13:06Mais je ne peux pas, avec les éléments de la procédure
13:08et avec les exigences de la loi, condamner l'auteur.
13:13S'agissant du viol et de l'agression sexuelle,
13:15je n'arrive pas à expliquer l'état actuel de notre droit français,
13:19si ce n'est en me référant à l'histoire
13:20et aux préjugés sexistes et patriarcaux qui continuent à prévaloir.
13:23Il faudrait, selon moi, définir le consentement.
13:26Un accord libre et volontaire, un acte particulier,
13:29qui doit être donné à l'instant T,
13:31qui peut être retiré pour les activités suivantes.
13:34Ce n'est pas parce que j'ai accepté des caresses,
13:37des attouchements, que je suis d'accord pour la pénétration qui suivra.
13:40Qu'est-ce que cela changerait dans la pratique des magistrats,
13:42dans la pratique de l'enquête ?
13:44Si nous changeons la loi et que nous posons comme principe fondamental
13:46la vérification de l'accord,
13:48les prévenus qui disent aujourd'hui
13:50« je croyais qu'elle était d'accord,
13:51elle ne s'est pas débattue, elle n'a pas réagi »,
13:53eh bien on pourrait les condamner.
13:55Je suis un peu en colère de ce que je viens d'entendre,
13:59je suis en colère de ce débat.
14:01Vous dites, M. Lavalière,
14:02et je vous crois volontiers que vous avez reçu des femmes
14:04pour leur expliquer « eh bien vous avez bien fait ».
14:08Parce qu'effectivement, dire à quelqu'un
14:09« je vous crois, mais je n'ai pas pu condamner l'auteur »,
14:13eh bien c'est hyper important.
14:15C'est ce que je faisais quand j'étais substitue.
14:16Et puis d'après moi, c'est ce qu'il faut continuer à faire
14:19plutôt que de changer la loi.
14:21Pardon, mais en plus, foutez-nous la paix avec les lois.
14:24On n'est pas du tout plus avancés
14:26en ajoutant la notion de consentement.
14:30Ils vont dire que, bien sûr,
14:33elle m'a dit que oui, elle était complètement d'accord.
14:36Et bien sûr, je me suis réassurée de son consentement.
14:39Elle me l'a dit.
14:40Elle m'a dit « mais oui, vas-y ».
14:42Et là, vous allez faire quoi ?
14:45On va se retrouver exactement dans la même situation.
14:50En France, la question du consentement
14:52suscite la controverse.
14:54Pourtant, à l'étranger,
14:55d'autres pays ont réécrit leurs lois.
15:00C'est le cas de la Suède.
15:02Depuis 2018,
15:03pour tout acte sexuel,
15:05un accord volontaire doit être clairement exprimé
15:07de manière verbale ou physique.
15:10Sans preuve du consentement,
15:11le viol peut enfin être caractérisé.
15:16Patrick Alm est juge au tribunal du district de Solna,
15:20près de Stockholm.
15:20« Avec cette définition du viol élargi,
15:27une victime n'a plus besoin de prouver
15:29qu'elle a subi des violences,
15:30qu'elle a été frappée.
15:33Quand la victime a peur de dire non
15:37ou qu'elle n'exprime pas suffisamment son opposition,
15:39la nouvelle loi prend désormais en compte
15:46ce genre de plaintes. »
15:53Un constat partagé par cette avocate.
15:55Avant de défendre des victimes de viol
15:57et d'agressions sexuelles,
15:59elle a été procureure pendant 20 ans.
16:04« Il y avait des affaires de viol
16:07où il n'était pas possible de prolonger les poursuites
16:10dans les cas de sidération, par exemple,
16:13où la victime ne réagit pas.
16:17Ce qui arrive assez souvent
16:18chez les victimes de viol.
16:20Vous ne pouviez pas poursuivre l'auteur
16:23parce qu'on ne pouvait pas établir la contrainte.
16:26Les procureurs étaient obligés
16:28de classer ces affaires
16:30et ça concernait un grand nombre de cas.
16:32Moi-même, j'ai fait ça quand j'étais procureure.
16:36À l'époque,
16:36intégrer le consentement à la loi
16:38ne lui semblait pas utile.
16:41« Je n'étais pas contre l'idée,
16:44mais j'étais sceptique.
16:46Je ne pensais pas que ça ferait
16:47une grande différence.
16:49Je pensais que notre législation,
16:50à l'époque, était plutôt efficace
16:52et j'étais une procureure assez offensive.
16:55Je craignais aussi que les gens soient déçus
16:57et je ne pensais pas
16:58qu'il y aurait plus de condamnations.
17:00Mais je réalise aujourd'hui
17:01que j'avais tort.
17:03J'avais tellement tort. »
17:05Selon une étude suédoise,
17:1070% des victimes de viol
17:11sont dans un état de sidération
17:13lors de l'agression.
17:15Comme paralysées,
17:16elles sont dans l'incapacité
17:17de se débattre
17:18ou d'exprimer leur opposition.
17:20La nouvelle législation suppose
17:28que le procureur doit montrer
17:29qu'il y a eu un accord explicite
17:31de la part de la victime.
17:35Ce qui suppose que si la victime
17:37est sous l'effet de la sidération
17:38ou est très ivre,
17:40il y a absence de consentement
17:41car la victime n'a pas pu l'exprimer.
17:43nathalie, 29 ans,
17:51a été violée en 2019
17:52chez son tatoueur.
17:56La nouvelle loi
17:57venait d'entrer en vigueur,
17:59ce qui l'a poussé
17:59à porter plainte.
18:01A aucun moment,
18:03nathalie n'a trouvé la force
18:04de repousser son tatoueur.
18:13Ça a commencé
18:14quand j'ai senti
18:15que sa main se rapprochait
18:16énormément de mes parties intimes.
18:18J'ai donc commencé
18:19à écrire par SMS
18:20à une amie
18:21pour lui dire
18:22que le tatoueur
18:23était très près
18:24de mes parties génitales
18:25et je trouvais
18:27que c'était très embarrassant
18:29qu'il ne se rende pas compte
18:30alors qu'il était concentré
18:32sur le tatouage.
18:33Du coup, j'ai écrit
18:34« Imagine,
18:35il ne se rend même pas
18:36compte lui-même
18:37qu'il a sa main posée là.
18:38Mais après,
18:39c'est allé crescendo
18:40jusqu'à ce qu'il me viole.
18:43J'avais vraiment honte
18:44jusqu'à ce que je porte plainte
18:45mais cette honte
18:46s'est dissipée
18:47pendant l'enquête
18:48petit à petit.
18:52On n'a absolument
18:53jamais remis en question
18:54mon récit.
18:55Évidemment qu'on m'a demandé
18:56si j'avais été claire
18:57dans mon langage corporel
18:58mais jamais je n'ai eu
19:00le sentiment
19:01que les enquêteurs
19:02remettaient en question
19:03ma parole.
19:04Ce qui m'a poussée
19:05à porter plainte,
19:06c'est que je savais
19:07que j'avais une chance
19:08de pouvoir être entendue.
19:10Je n'aurais jamais
19:11porté plainte
19:12s'il n'y avait pas eu
19:13la loi sur le consentement.
19:14Cindy Falquet est franco-suédoise.
19:26Elle a participé activement
19:27au changement de législation
19:29en tant que militante
19:30féministe.
19:30s'il n'y avait pas eu
19:46de la loi sur le consentement.
19:47Je suis un prince.
19:47Elle est princesse.
19:48On aurait pu...
19:49On aurait pu faire
19:50un contrat ou quelque chose ?
19:52Non, mais...
19:53Je veux dire,
19:54tu lui demandais
19:55si elle veut.
19:55Non, pas vraiment.
20:25La loi, elle est passée en 2018 en Suède et il y a eu un changement de société énorme.
20:36Il y a eu beaucoup plus de plaintes qui ont été déposées pour viol, non pas parce
20:39que les viols ont augmenté, parce qu'enfin la honte a changé de camp.
20:41En modifiant sa loi sur le viol, la Suède a vu le nombre de condamnations augmenter de
20:5375%. En France, à défaut d'avoir changé la loi, on mise sur un meilleur accueil des
21:01victimes lors du dépôt de plaintes.
21:03On a toujours tous ces exemples qui nous perturbent, qui nous hantent des fois, où on se dit
21:07j'aurais pu faire mieux.
21:09Donc moi je suis plus sur le terrain aujourd'hui, donc ma mission c'est un peu d'aider mes collègues
21:13à aller plus loin dans ces procédures et à être capable de mieux les traiter.
21:19Tout passe par la formation, c'est une évidence.
21:23Fabienne Boulard forme les policiers déjà en poste au recueil de la parole des victimes
21:40de violences sexuelles.
21:41Tout comme à l'accueil aussi.
21:42Cet après-midi, vous allez voir que c'est compliqué pour une victime de déposer plainte.
21:47L'idée c'est vraiment, mais vraiment qu'elle n'ait pas à raconter son histoire à l'accueil
21:52du commissariat parce que, encore une fois, c'est absolument pas confidentiel et l'accueil
21:57d'un commissariat n'est pas fait pour être confidentiel.
22:00Si c'est viol, agression sexuelle, violence conjugale ou intrafamiliale, elle montre le
22:04rond orange.
22:05Là, ça veut dire que pour les personnes qui sont à l'accueil, vous avez pour consigne
22:08de ne lui poser aucune question et de l'envoyer vers un collègue qui va la prendre en charge
22:15et elle pourra commencer à raconter son histoire de manière confidentielle.
22:21La formation met l'accent sur les stéréotypes de genre.
22:24La société met toujours le doute sur les victimes de violences sexuelles.
22:29Toujours.
22:30En première intention, il y a toujours le doute sur les victimes.
22:34Pourquoi elle est allée là ? À son âge quand même, elle est en boîte de nuit alors
22:39qu'elle a des enfants.
22:40Pourquoi elle est habillée comme ça ? Quand quelqu'un va dire « je me suis fait voler
22:44ma voiture », on va dire « oh mon pauvre », on ne va pas dire « tu l'avais garée
22:49où ? » Ah ouais, dans un endroit où… Ouais, d'accord, ok, tu voulais changer
22:54de bagnole, dis-le, quoi ! Mais jamais on dit ça ! Pourquoi on met toujours le doute
22:59sur les victimes de violences sexuelles ?
23:00Pour lutter contre les préjugés, les policiers sont invités à travailler avec la psychologue
23:06sur un cas pratique, celui d'une femme traumatisée par ce qui lui est arrivé à 18 ans avec un homme
23:12beaucoup plus âgé.
23:13Quand il arrive dans sa chambre et qu'il lui propose ça, Barbara est d'accord.
23:16Dans les faits, elle est d'accord. Donc, elle imagine une histoire d'amour plutôt
23:21belle, avec de l'attention, etc. Et en fait, quand il arrive dans sa chambre, il lui demande
23:28de se déshabiller, ce qu'elle fait automatiquement. Ils se déshabillent aussi et ils ont un rapport
23:33sexuel. Sauf que pendant ce rapport sexuel-là, il y a quand même beaucoup de brutalité, où
23:38Barbara va en sortir complètement traumatisée. Donc, on se demande pourquoi. Parce que finalement,
23:42elle était d'accord. Sauf que deux choses. Deux éléments sont importants pour nous.
23:46C'est-à-dire qu'après le rapport, Monsieur Srabi, il va partir et il lui dit deux choses.
23:50Je peux faire mieux et j'espère que tu n'iras pas déposer plainte. Et trop. Et évidemment, elle n'ira pas
24:00des plaintes. Pourquoi, à votre avis ?
24:02Finalement, pour moi, il n'y a rien. C'est mieux rapport consenti. Globalement, ce que je vois de votre histoire, je suis désolé de dire ça, je vois une petite bobo parisienne.
24:10Je vois une petite bobo parisienne qui a eu un cadre qui a fini à Sciences Po. Jusqu'ici, oui, peut-être qu'elle n'a pas eu beaucoup d'amour vis-à-vis de ses parents.
24:22Ok, il n'y a pas de souci. Derrière, elle commence sa vie. Elle fait des erreurs. Comme tout le monde. Tout le monde ici a fait des erreurs. Il n'y a pas de problème.
24:29Elle se rend compte qu'au final, oui, peut-être que je n'étais pas vraiment consentante. Mais en même temps, j'ai dit oui. Mais pénalement, moi, de mon côté, en tant que plaintier ou quelqu'un qui va faire une audition derrière.
24:40Bon, moi, j'accueille madame. Je prends sa plainte. Ok, oui, madame, vous êtes victime de viol. Il n'y a pas de souci. Bon, je vais auditionner monsieur. Monsieur va me dire quoi ? Il va me dire concrètement.
24:48Bah oui, mais moi, je lui ai posé la question. Elle m'a dit oui. Nous, nous sommes déshabillés tous les deux. On a eu un rapport sexuel. Pas de souci. Pénalement, moi.
24:59Moi, de mon côté, je ne peux rien faire, en fait.
25:02Mais en fait, même si elle était d'accord, je pense qu'elle n'était pas d'accord d'être brutalisée pendant un rapport sexuel et s'y attendait peut-être pas avant aussi d'avoir accepté le rapport.
25:09L'idée là, ce que je voudrais bien cet après-midi, c'est que vous sortez un peu de votre cadre. Et c'est un peu pour ça que physiquement, vous a sorti de votre cadre de police déjà.
25:18C'est pour ça qu'on voulait venir dans l'association. C'est élargi. Il n'y a pas de c'est toi qui a raison, c'est toi qui a tort. C'est pas ça.
25:27On confronte nos points de vue. C'est ça qui est intéressant, qui fait avancer les choses.
25:31Là, ils ressortent. Ils ont compris pour la plupart ce qui se passe dans la tête d'une victime. Pourquoi c'est compliqué ? Pourquoi c'est difficile ? Pourquoi ça demande autant de temps ?
25:39Et à partir de là, le policier va comprendre les hésitations, le temps, etc. Et du coup, quelque part, ils vont se comprendre.
25:47Donc, il va y avoir de la bienveillance par rapport à son attitude, de l'empathie. Et là, on aura des procédures qui, sûrement, arriveront à des condamnations des auteurs.
25:57Depuis le mouvement MeToo, les dépôts de plaintes augmentent. Pourtant, le nombre de condamnations ne progresse pas.
26:04Pour faire régresser un phénomène infractionnel aussi massif que les violences sexuelles, il faut pas seulement avoir une peine sévère.
26:11Ça, ça suffit pas. Ça n'a jamais dissuadé personne. Ce qu'il faut, c'est un taux de dissuadation très élevé, c'est-à-dire la certitude d'être pris.
26:18Si, quand vous commettez quelque chose, vous êtes sûr d'être pris, ça vous dissuade vraiment. Et à partir de là, il faut accepter d'ouvrir un peu plus la définition, d'ouvrir le nombre d'affaires de contentieux
26:29et d'inciter les femmes à les déposer plainte sans risquer d'être classées sans suite immédiatement. Et ce sera dur pendant la période d'ouverture.
26:36Mais ensuite, il y aura une régression du phénomène infractionnel et on aura tous gagné. La santé des femmes sera meilleure.
26:41Les rapports entre les hommes et les femmes seront meilleurs. Et surtout, on aura fait quelque chose d'essentiel pour la dignité des femmes.
26:48Emmanuel Macron lui-même s'est dit favorable à l'idée d'introduire le consentement dans la définition pénale du viol.
26:58Mais cela n'a pas abouti. En Europe, nombreux sont les pays qui ont adopté cette approche.
27:04Une approche pragmatique visant à lutter contre l'impunité des agresseurs.
27:09Lutter contre l'imperç depth !
27:12Lutter contre l'affaires des dé fraternés
27:14Lutter contre l'�影 cheesecake
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27:26Lutter contre l'assayette