Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • hier
Anne Fulda reçoit Patrice Franceschi pour son livre «Dernière lutte avant l’aube» dans #HDLivres

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Bienvenue à l'heure des livres, Patrice Franceschi.
00:03Bonsoir Anne.
00:04Alors on vous connaît, vous a reçu déjà plusieurs fois dans cette émission, vous écrivez, bien sûr, vous êtes également aviateur et marin, un aventurier des temps modernes, dirait-on.
00:12Vous avez écrit de nombreux essais parmi lesquels l'éthique du samouraï moderne, Le goût du risque également, un titre qui vous convient.
00:19Et vous venez de publier Dernière lutte avant l'aube, un livre qui est paru chez Grasset, un livre plus difficile à classer que vos précédents.
00:25Ah c'est bien, c'est un ovni effectivement.
00:27Oui, entre un récit philosophique, onirique.
00:33La question après l'avoir lu, il y a quelque chose d'une fable, est-ce que c'est le roman de quelqu'un qui est arrivé à chaque jeune, à une forme de sagesse,
00:44qui décide de faire un pas de côté sur ses expériences passées ?
00:50Alors oui et non, en fait c'est un conte philosophique qui utilise effectivement un récit onirique, mais qui est pour moi, mais c'est pas forcément à ce stade-là, ça l'a toujours été,
01:01une interrogation finalement sur le sens et la valeur de la vie surtout, et c'est le thème principal, même dans un roman très polymorphe,
01:08qui est plein d'entrées, de sorties et d'un labyrinthe, une question sur, au fond, est-ce que la vie vaut la peine vraiment d'être vécue si on ne poursuit pas des buts très élevés ?
01:18Mais comme le dit dès les premières phrases, parfois toute course en avant vers des buts trop élevés mène à l'abîme.
01:24Et donc c'est un conte philosophique pour ça, et qui interroge tout cela, et en dépit de la précarité des entreprises humaines.
01:31Et j'ai choisi de le faire de manière, aussi sous forme de conte fantastique, dans un voyage vers les pays où l'on n'arrive jamais,
01:38et d'y introduire un personnage très important pour moi qui est Pindard, le grand poète grec d'il y a 25 siècles,
01:43qui, dans sa troisième critique, et ça m'avait beaucoup frappé très jeune, disait
01:48« Oh mon âme n'aspire pas à la vie éternelle, mais épuise le champ du possible ».
01:52Donc épuiser le champ du possible, donc donner à la vie toute la puissance qu'elle peut avoir,
01:57à partir de buts que l'on poursuit, c'est quelque chose dans la vie qui peut être assez extraordinaire,
02:01mais où est-ce que ça mène, comment ça mène ?
02:03Et donc j'ai choisi de le faire sous forme d'un conte philosophique,
02:05un peu à part de mes précédents romans, mais pour moi qu'il est complète, de toute façon.
02:11– Oui, effectivement, on voit une forme de dialogue, peut-être même avec vous-même d'ailleurs,
02:17sur une interrogation.
02:19– Et puis j'ai entendu des personnages comme ce Captain A et son équipage,
02:24qui eux ne pensaient pas, voilà, et qui sont, avec ces personnages…
02:30– Il y a enquête du Graal, de la lance de Don Quichotte.
02:33– Il y a des fous furieux sur terre, ça peut arriver, c'est toute la folie qui traverse,
02:37tout Cervantes et Don Quichotte, que j'ai voulu mettre là-dedans à travers ces personnages,
02:42qui eux se prennent en fait pour les argonautes, c'est des fous furieux,
02:45qui se prennent pour les argonautes modernes,
02:47et qui eux, côtoient ceux qui partent à la recherche de la mer de toutes les mers de Panda,
02:51ces absolus-là, eux ils partent à la recherche de la lance de Don Quichotte pour réparer le monde.
02:56Et donc on a deux bandes de gens tout à fait improbables, dans un monde improbable.
03:00– Accompagnés d'une femme plus âgée, dont la course ne s'achève jamais, qui s'appelle Mathilde.
03:09– Mathilde qui cherche justement cette mer mythique, qu'aurait découverte Pindard,
03:13et où l'on pourrait vivre à tout le champ du possible.
03:16Et ces deux quêtes vont se côtoyer à un moment donné,
03:19elles se ressemblent, mais en même temps elles ne peuvent pas,
03:23quand elles se sont croisées, partir sur des routes parallèles,
03:25donc elles se décroisent à nouveau.
03:27Et il y a des gens qui auraient dû être faits pour être ensemble,
03:29finalement, la vie s'ouvre, c'est par ceux qui s'aiment,
03:31et les buts qu'ils poursuivent.
03:33Mais dans ces pays où l'on n'arrive jamais,
03:37ces terres extrêmement froides du Grand Nord,
03:40qui ne sont situées sur aucun cas…
03:41– Oui, vous décrivez des paysages,
03:42un mélange de fiction et de réalité,
03:45qui sont assez étonnants.
03:47– C'est un conte fantastique aussi,
03:49parce que j'aime cette idée des pays où l'on n'arrive jamais,
03:52dans les voyages que l'on entreprend,
03:53et les quêtes que l'on poursuit.
03:55– Vous le disiez tout à l'heure,
03:56il y avait cette phrase,
03:57« Toute course en avant, vers des buts trop élevés mènent à l'abîme ».
03:59Vous avez eu ce sentiment, parfois ?
04:01– Je pense que toute personne qui inscrit sa vie,
04:05pour lui donner du sens et de la valeur,
04:06dans des buts précis,
04:09et pourquoi ne pas le dire,
04:10des idéaux eux-mêmes très précis,
04:13et ils sont nombreux à le faire,
04:15ne peuvent pas, d'abord,
04:17comprennent que le sens et la valeur de leur vie
04:19peut être très grand, très intéressant,
04:21et on sait pourquoi on se lève le matin,
04:22mais en même temps, quand on les poursuit,
04:24si ces buts sont trop élevés,
04:26finalement, la plupart du temps,
04:28les rêves sont des rêves fracassés.
04:30C'est cette idée qu'il y a dans ce conte philosophique,
04:33mais peut-être pas,
04:34et donc la fin, je ne veux pas la raconter,
04:36parce qu'en fait, il ne faut jamais dire en vain.
04:39– Alors, ces rêves, ces combats,
04:42vous les avez menés souvent loin de la France,
04:44en Afghanistan, en Syrie, en Arménie,
04:47où ça les retourne est bientôt.
04:49– J'aime cette idée d'avoir des buts dans la vie.
04:51– Et vous avez côtoyé, à cette occasion,
04:53des résistants, des lâches,
04:56des belles âmes, des tortionnaires,
05:00l'humanité.
05:02Vous avez l'impression d'en avoir fait le tour ?
05:05Vous avez fait le tour de l'âme humaine ?
05:06– Non, je pense qu'elle est tellement profonde,
05:09insondable, indéfinissable et complexe,
05:11qu'on n'en fait jamais le tour.
05:13Mais en revanche, l'exploration de l'âme humaine,
05:16de la condition humaine en général,
05:18ou de la comédie humaine, telle qu'elle apparaît.
05:21Ensuite, c'est peut-être l'exploration intellectuelle
05:23la plus fascinante qui soit,
05:25même pour quelqu'un comme moi,
05:26qui a aussi tenté toutes les explorations éthologiques,
05:28les Pygmées, les Papous, les Indiens, tout le reste.
05:30Finalement, l'exploration de l'âme humaine
05:32et de tous ces ressorts reste passionnante
05:34et, je dirais, illimitée.
05:36Et dans les gens que j'ai croisés,
05:38je ne peux pas ne pas, évidemment,
05:40faire par ici des combattants de Kurdes en Syrie
05:42ou des Arméniens que je rencontre.
05:44– Lesquels vous avez créés en très beau roman.
05:46– Oui, s'il n'en reste qu'une,
05:47c'était pour moi un hommage à ces femmes.
05:49Évidemment, j'ai trouvé des gens qui me ressemblaient
05:51au sens où ils inscrivaient leur vie dans des buts précis.
05:55Des gens qui savaient pourquoi ils existaient,
05:57pourquoi ils combattaient, pourquoi ils souffraient
05:59ou pourquoi ils mouraient.
06:00Et pas simplement, finalement, je ne sais pas,
06:03j'entre chaque matin quand je me réveille
06:05dans la vacuité d'une existence
06:06qui n'a pas de but ou qui n'a pas de sens.
06:08Et c'est ça que ce roman veut essayer de démontrer,
06:10qu'on peut toujours en avoir un.
06:12Et ça ressemble effectivement à beaucoup de gens
06:13que j'ai rencontrés et que j'admire
06:15et qui sont souvent des gens que personne ne connaît,
06:18des anonymes, mais qui ont placé leur vie
06:20dans des choses qui en valaient vraiment la peine.
06:22– En tout cas, je vous conseille de lire.
06:24C'est vrai que c'est un très beau livre.
06:25Ce que je disais au début, ça change un peu
06:28de vos livres précédents.
06:30Enfin, un peu, ça change beaucoup.
06:31C'est effectivement des allures de contes, de fables.
06:34Ça s'appelle Dernière lutte avant l'aube.
06:36C'est donc paru chez Grasset.
06:37Merci beaucoup, Patrice Franceschi.
06:38– Merci, Anne.
06:39– Sous-titrage Société Radio-Canada
06:44– Sous-titrage Société Radio-Canada

Recommandations