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Que se passe-t-il réellement lors d'une expérience de mort imminente (EMI) ? Le neurologue Steven Laureys explore ce phénomène subjectif et unique, rapporté des personnes ayant survécu à un arrêt cardiaque, un traumatisme crânien ou une hémorragie cérébrale. Souvent décrite comme une émotion pure de bien-être intense, accompagnée de la vision d'une lumière ou d'un tunnel, et parfois d'une sensation de décorporation, l'EMI peut profondément modifier la perception de la vie. Des recherches scientifiques tentent de percer ce mystère, notamment en étudiant l'activité cérébrale.
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Transcription
00:00L'expérience de mort imminente, c'est quelque part une émotion pure.
00:04Comme ce n'est pas comparable avec tout ce qu'on a vécu avant,
00:08quand ça arrive, le cerveau doit donner un sens à cela.
00:13Ma passion, c'est ce grand mystère qui est notre conscience humaine,
00:17notre univers intérieur.
00:19On a étudié depuis longtemps ce qui se passe pendant le coma,
00:23et ici j'ai fait un livre sur les expériences de mort imminente.
00:28C'est une expérience subjective, personnelle, unique,
00:32qui se passe quand on est proche de la mort, mais pas mort.
00:35On a étudié et publié qu'à peu près 15% des personnes qui survivent les soins intensifs,
00:42après un arrêt cardiaque, mais aussi un trauma crânien, une hémorragie cérébrale,
00:46vont vivre cette expérience, qui est caractérisée par tout d'abord un état émotionnel très intense.
00:52Souvent un bien-être, on n'a même pas les mots.
00:54Deux, une notion de lumière, souvent interprétée comme un tunnel.
00:59Et puis cette fameuse décorporation.
01:02Je me vois là-haut du plafond et j'observe mon corps, l'opération, la réanimation.
01:10Cette expérience tellement riche et intense,
01:14qui d'ailleurs va souvent changer la perception de la vie, de la mort,
01:18les valeurs des personnes qui l'ont vécu.
01:20L'hémisphère gauche avec les réseaux du langage essayent de reconstruire cette intense émotion.
01:29Il y a là déjà une sorte de transformation.
01:33En plus, quand on va le partager avec d'autres,
01:36ce souvenir va être impacté par toute une série de biais.
01:41Cela se passe très souvent aux soins intensifs,
01:44où on donne aussi des médicaments qui peuvent faire halluciner.
01:47Il y a de la fièvre, des délires.
01:49On a du mal à savoir quand est-ce que l'EMI arrive exactement.
01:53Au moment où on perd conscience, lors de la récupération,
01:58ou entre ces deux moments, et ça peut être des durées prolongées aux soins intensifs.
02:03Donc là, il y a encore toute une série de recherches qui sont nécessaires
02:06pour mieux décrire le phénomène.
02:09Ce qu'on a fait avec l'équipe, c'est de reproduire,
02:13dans des conditions contrôlées, chez des volontaires,
02:16on a induit une hypoxie transitoire, un manque d'oxygène,
02:21pendant un bref moment, qui fait perdre connaissance.
02:25Et en même temps, on mesure avec 256 électrodes
02:29ce qui se passe au niveau de l'activité électrique du cerveau.
02:32Et on a pu prédire, quand il y a des structures justement profondes dans le cerveau,
02:37important pour les émotions, qu'il y avait une activité anormale.
02:41Cette intensité corrélait avec l'intensité de l'EMI qui était partagée par après.
02:47De manière prospective, je vais cacher des objets proches du plafond,
02:52dans des salles où je sais qu'il va y avoir des arrêts cardiaques, des réanimations.
02:56Et puis, quand on demande chez ceux qui l'ont vécu,
03:01dites-moi qu'est-ce qui était caché là-haut,
03:03jusqu'à présent, il n'y a aucun témoignage qui s'est avéré correct.
03:08Pour le moment, on n'a pas d'épreuve pour dire
03:11qu'il peut y avoir une pensée, une perception, une émotion
03:14complètement indépendamment de l'activité cérébrale.

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